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[Event] Assaut sur la tour hantée

[Event] Assaut sur la tour hantée Brandw10
Sam 14 Oct - 15:49

Assaut sur la tour hantée

La Tour des Ases - RP de trame


Voilà à présent plus d'une dizaine de minutes que le dirigeable survole la zone enneigée, à la recherche d'une piste d'atterrissage. A son bord, Amir inspecte, à travers un hublot, la Brume en contrebas, que les hélices soulèvent en volutes telles des bras cherchant à les atteindre. Pas l'ombre d'une chance.

Soudain, depuis son poste de pilotage, l'aéronaute beugle quelque chose à l'aramilan, qui n'a visiblement aucun mal à comprendre ses propos. Sous vos regards inquisiteurs, il déverrouille la grande porte à l'arrière de l'appareil en plein vol, bien que planant désormais à basse altitude, et tire dans sa direction un étrange dispositif à proximité. Peut-être certains d'entre vous auront-ils reconnu une balise électrogène et anticipé ce que votre commandant a l'intention de faire. Par quelques manipulations habiles, la Sentinelle amorce l'engin et le fait passer par-dessus bord. Après que ce-dernier a touché le sol dans un bruit mat, c'est au tour de l'aéronef d'entamer sa descente... plus doucement, heureusement.

« - Allons-y, » vous indique le commandant en sautant le premier hors de l'habitacle.

Les uns après les autres, vous débarquez et constatez l'absence de Brume dans un rayon assez large permettant au dirigeable de stationner sans risque... ou presque. Dans votre dos, la porte arrière du véhicule se referme lentement, vous laissant ainsi dans une noirceur palpable, à peine éclairée par les quelques rayons parvenant de la lune, incomplète et partiellement dissimulée derrière les nuages. Peut-être la première sensation à vous assaillir est le froid mordant des Sept Glaciers, à qui vous tournez le dos pour mieux constater l'édifice se dressant devant vous et vous séparant de la côte, bien plus loin.

Mais surtout, avant la fondation de la construction, vous pouvez voir une masse sombre laissée à l'abandon par ses précédents occupants : le zeppelin du Régent.

« - Selon mes sources, cet endroit aurait jadis appartenu à l’Église. Une sorte de prison, en somme ; rien qui ne permette d'indiquer ce que le Régent est venu faire ici... Je pourrai vous en dire plus en chemin, ne tardons pas trop et commençons par inspecter son transport. »

Sous le commandement du portebrume, le groupe rejoint prestement l'aéronef abandonné et y fait la découverte macabre de son unique résident : le cadavre du pilote, mort aux commandes de son vaisseau. Si dans un autre contexte son état pourrait laisser présager une mort naturelle, il ne fait aucun doute pour la plupart d'entre vous que la Brume est ici l'unique responsable d'un vieillissement soudain et prématuré de la victime, qui n'est aujourd'hui plus qu'un squelette rachitique avec la peau sur les os.

Pourtant, comme si Amir avait déjà vu ce genre de spectacle des centaines de fois, ce dernier ne bronche pas une seconde et, après plusieurs minutes de recherches dans le cockpit du zeppelin, revient les mains vides. Son regard ne reste pas rivé dans le vide bien longtemps, pour au lieu de cela suivre des traces de pas dans la neige confirmant ses soupçons. Certains d'entre vous doivent être surpris de l'assurance que montre la Sentinelle, ne tenant absolument pas compte de la présence pratiquement suffocante de la Brume, ne cessant de s'épaissir à mesure que ses pas l'amènent vers l'entrée d'une sorte de... jardin ?

« - Moi qui espérais que l'on n'aurait pas à entrer dans cette vieille bâtisse... Il semblerait que le Régent et ses hommes se soient aventurés par ici. Toutefois cet endroit ne me dit rien qui vaille. » Le commandant émet une pause en retirant son sac pour en sortir un bâton et un bout de tissu, qu'il imbibe d'huile et enroule autour de l’extrémité du flambeau, avant d'y mettre le feu ; comme certains pouvaient s'y attendre, Amir ne prendra aucun risque avec de l'électronique. « Normalement on ne devrait pas prêter attention aux rumeurs, mais celles qui circulent à propos de cette tour doivent nous alerter. Nous sommes dans la Brume, en terrain hostile, et beaucoup ont connu des tourments inimaginables avant de perdre la vie ici. On dit que leur âme hante encore ces lieux. »

Comme pour ponctuer ce discours terrifiant, que votre commandant a déblatéré sans desserrer les dents et en ouvrant la marche à l'intérieur du labyrinthe, une bise glaciale vous secoue, pénétrant à travers les couches de vos vêtements, jusque dans vos os.

Vous venez d'entrer dans le Jardin des Plantes. Et ça l'a senti.

HRP:
Dim 15 Oct - 8:11
La nebula se secoua dans tous les sens, griffa les bords de son crâne et se diffusa dans son corps comme si elle était prise au piège. La main posée sur le contre-plaqué, le Patrouilleur se tint l’œil gauche, en proie à une migraine aussi fulgurante que fugace. Il serra les dents. Ce dispositif était epistopolien à n’en pas douter et la Brume l’abhorrait. Son pouvoir se comportait comme une furie, tentait de plus en plus de reprendre le dessus depuis qu’il avait … usé du cadeau de Réno. Ryker bascula la tête en arrière et secoua la tête. Le champ électromagnétique – ou machinchose c’était pareil pour lui – se déploya en contrebas et il reprit peut à peu maîtrise de l’accès de colère de la part de Brume qui vivait en lui. Et il n’était pas en reste niveau bizarreries. Il y avait tous les techniciens nécessaires pour faire fonctionner le zeppelin, bien sûr, mais aussi quelques personnes triées sur le volet en vue de cette mission. Réno n’avait pas pu lui en apprendre plus sur eux tant la mission s’était constituée dans l’urgence. Sur la petite troupe, il n’en connaissait que deux, et que dire, sinon qu’il ne se sentait pas tant en sécurité que cela. Il ne restait qu’Amir qui avait une grande expérience dans la Brume. Les autres étaient … étranges.

Il avait déjà frayé avec Lewën quelques semaines auparavant et cela ne le surprenait pas qu’il soit de nouveau mandaté pour pareille occasion. Il était médecin, après tout, et bien d’autres choses. Leurs rapports étaient plutôt bons, et il maîtrisait assez son environnement pour leur apporter des éclairages sur ce qu’ils pourraient trouver dans cette aventure. La raison pour laquelle il avait été choisie était mystérieuse mais peut-être que Réno voyait encore plus loin que la Guilde dans cette aventure. Par contre, quelle idée d’embarquer une musaboise dans un tel périple ? Il espérait retrouver le Régent à l’odeur ? Ah, c’était pas une si mauvaise idée au final …

Le second était Artémis. Ils s’étaient côtoyés durant une mission périlleuse et Ryker n’en gardait pas un si bon souvenir, principalement par jalousie. C’était un homme puissant et pour qui la Brume n’avait pas de mystère. Une réelle connaissance de cette Engeance, ainsi que des pouvoirs forts utiles dans le cadre d’une traque. Il avait fait partie de la Guilde auparavant, et le Maître l’avait toujours en bonne estime. Donc Réno avait dépêché un érudit et un traqueur. Intéressant.

Restait l’étrangeté mécanique, ou Jeremiah comme elle se faisait appeler. Quelque chose issu de la ville et par la ville. Dépêché par le Magistère, et donc avec des objectifs politiques qui dépassaient le cadre de la mission. Cette créature était une insulte à la Brume, et tous le ressentaient ici : elle devait avoir plus d’un tour dans son sac pour avoir été mandatée ici. Mais méfiance, il était une des raisons pour lesquelles Réno voulait garder un temps d’avance sur les autres factions d'Uhr… Sans compter l’étrange canidé qui le suivait partout … il sentait … horriblement mauvais.

Mais il n’était pas le seul issu d’Epistopoli. Un jeune éphèbe qui avait l’air trop bien perdu pour que ce soit pleinement sincère. Il était pourtant bien à sa place le bougre, avec des pouvoirs sacrément utiles : télépathie par exemple. Encore une fois, le Patrouilleur se sentait faire pâle figure avec ses dons modérés. Mais à part être d’une beauté singulière, il n’aurait sur quoi trouver à celui-ci. A part s’en méfier, comme tout ce qui venait de cette nation …

Quant aux deux autres … il n’en avait aucune idée. Une jolie jeune demoiselle qui faisait office de chroniqueuse mais que Lestat n’appréciait pas. Sa part de Brume grognait, pareille à un chien affamé lorsqu’il la contemplait. Peut-être était-ce parce qu’elle n’avait que peu d’affinité avec la Brume ? A vrai dire, Lestat grognait sur beaucoup de choses … et encore plus depuis que Ryler avait utilisé sa corne pour la vivifier. Il se sentait ... plus puissant mais aussi plus instable. Nemeth, ainsi s’appelait cette fragile donzelle. Enfin, fragile … il n’en croyait pas un mot. Il avait vu des bleus partir pour une première mission dans la Brume. Mais pas à ce niveau de responsabilité et de dangerosité : il était persuadé qu’il y avait un hic avec elle. Un homme à la peau mate la suivait partout, mais tout aussi discret qu’elle … Le Patrouilleur avait refusé toute tentative de portrait de leur part. Il n’avait pas été un très bon compagnon durant ce périple, suite à la vivification de Lestat.

Restait enfin la dernière et la plus … incongrue des passagères de cette aventure morbide : une mutante. Et elle n’était certainement pas au goût des epistopoliens. Envoyée par Réno ? Peut-être. Mais il n’était pas assez sot pour la prendre pour une consœur pour autant. A vrai dire, il se méfiait de tout et tout le monde. Elle était une messagère, voilà tout. Enfin, selon ce qu’il avait compris. C’était bizarre, pourquoi une messagère ici ? Hm. Il le découvrirait peut-être plus tard.

Enfin, restait lui. Patrouilleur bien loin de sa zone d’action. Une furie qui lui vrillait le crâne et dont il taisait sciemment l’existence, tout comme il se faisait passer pour ce qu’il était : le relai officiel de Réno dans le cadre de cette mission, le seul représentant de la Guilde et qui portait son insigne avec fierté. Il tut ses ambitions quant à la découverte de ces secrets convoités. Que pouvait bien foutre le Régent ici, et qu’est-ce qui l’avait attiré ici ? La Tour d’Yfe avait mauvaise réputation et il avait reconnu l’édifice au loin même sous les rayons de la Lune qui se reflétaient sur la Brume. L’aéronef s’agita lorsqu’il toucha le sol et Amir leur fit signe de descendre. Le Patrouilleur expira pour calmer ses nerfs et posa sa main sur le pommeau de son arme avant de descendre. Il posa le pied sur un sol dépourvu de Brume mais il aurait, quelque part, préféré qu’elle soit là. Tout lui semblait surnaturel dans ce paysage. La terre maculée d’une neige qu’ils furent les premiers à souiller, la tour au loin qui perçait la Lune et les nuages. Les volutes brumeuses qui tentaient de parcourir les limites de cette bulle technologique. Mais, encore plus étrange, ce froid qui vint s’emparer d’eux d’un coup. Ryker resserra sa cape et sa cape en fourrure. Il verrouilla les boutons de son armure et vénéra le gambison qu’il avait pris le soin de rembourrer en vue de ce périple. Mais même ainsi, ses os se crispèrent.

- Au moins on n’a pas le choix … soit on bouge, soit on devient le huitième glacier … murmura-t-il tout en resserrant les lanières de son sac.

Il en profita pour vérifier que tout était en place, en attendant que l’intégralité de la troupe de choc soit descendue. Ils attendaient les ordres d’Amir mais tous les regards s’étaient rivés sur l’évidence : au loin le zeppelin du Régent était arrimé en bas de l’édifice. La Brume y reprenait ses droits non loin de là, et seule la large armature du véhicule en dépassait. La destination était évidente mais ils attendirent le commandement du mestre des sentinelles avant de se mettre en route. La Brume ne fut pas avare de contacts, pour montrer son plaisir de les accueillir. Elle se glissa sous leurs vêtements et leur fit profiter un peu plus du froid mordant. Ryker serra les dents, sachant pertinemment qu’elle ne lui ferait rien. Mais il en était moins sûr pour les epistopoliens. Il ferma donc la marche, comme à son habitude : Amir ouvrait les hostilités et lui couvrait les arrières. Comme il avait l’habitude de procéder lors de ses missions en binôme.

Ainsi s’engouffra-t-il en dernier dans le zeppelin et ne tarda pas à rejoindre Amir pour lui aussi fouiller l’endroit. Face au vieillissement du pilote, il douta quelques secondes que ce fut le zeppelin du Régent mais ils durent se rendre à l’évidence : qui d’autre ? La Brume avait finement joué ici, il palpa le cadavre pour essayer de déterminer de quoi il était mort mais sans succès. Le temps avait transformé sa peau en parchemin et il ne peut qu’émettre l’hypothèse que ce n’était pas une épée ou un trauma quelconque. Peut-être Lewën pourrait-il en dire plus ? Il l’appela à la rescousse mais déjà Amir avait tranché et se dirigeait vers la suite de leur aventure. Ryker, cependant, s’attarda un peu pour essayer de trouver le carnet de bord du Zeppelin où devraient être renseignés les détails du trajet et des précédents trajets. Du moins, il l’espérait : pourrait-il trouver des indices supplémentaires sur ce qu’il s’était passé ici ? Des dates, des vivres, des mouvements … Tout était bon à prendre …

Ryker avait beau être inconscient, explorer cette partie de la Mer de Brume rimait avec mort lente et douloureuse. Ainsi grogna-t-il entre ses dents lorsqu’Amir leur révéla les pas qui se dirigeaient vers la tour. Il imita le Mestre et sortit une torche de son sac à dos et entreprit de l’allumer avec son silex et son amorce. La flamme s’éleva puis vacilla lorsqu’Amir posa un premier pied dans le jardin. Un froid encore plus pernicieux que celui qui les avait secoués jusqu’à présent s’empara de leurs membres et vint les mettre en garde. Folie et mort les attendait.

- Je connais quelques rumeurs sur ce labyrinthe qui nous attend … entama le Patrouilleur d’une voix qui se voulait assurée. Toute personne avec suffisamment d’instinct de survie essaiera de trouver un autre chemin que par ici. Plantes, pièges mortels … et beaucoup ont été condamnés à errer ici pour l’éternité. Je … Hm. Une corde pourra déjà nous aider à savoir si nous parvenons à nous suivre et à déjouer quelques pièges.

A mesure qu’il prononçait ces paroles, la Brume devenait de plus en plus opaque. Il avait une vingtaine de mètres de corde en soie sur lui. Ils ne seraient pas beaucoup espacés mais cela suffirait vu leur nombre.

- Et puis la dernière fois, ça m’a aussi aidé à repousser des miroitants. Gardez juste une dague à portée de main s’il faut la couper. Je ne vous ferai pas l’affront de penser aux petits cailloux : la Brume s’amusera à les déplacer pour nous perdre … Tout comme elle s'amusera à tirer sur la corde. Ce sera juste un peu moins subtil. proposa-t-il, tout en révélant un petit détail destiné à leur faire comprendre qu’il n’en était pas à sa première expédition dans la Brume. Et histoire de se donner un peu plus confiance en lui-même, de se rappeler qu’il avait déjà survécu à pire. Lui, mais pas Aelys. Il serra les dents et garda son sourire.

Il sentait que Lestat s’était profondément installée en lui, il percevait ses pouvoirs latents qui ne demandaient qu’à s’exprimer et il se fit violence pour les contenir et ne pas les laisser transparaître. Ils ne seraient d’aucune utilité dans la Brume. S’ils retrouvaient le chemin des hommes du Régent, en revanche …

- Amir, vous pensez qu’on les trouvera au milieu du labyrinthe ? Si jamais quelqu'un pouvait avoir une vue en hauteur ... cela nous aiderait grandement. J’ai peur que peu aient survécu … si jamais quelqu’un a le pouvoir de parler aux cadavres, c’est ce qui nous sera le plus utile ici, hé hé … se mit-il à ricaner. Hm, pardon, humour de Patrouilleur.

Il avait pourtant regardé la Banshee du coin de l'oeil. Au cas où elle accepterait de prendre ce risque fou ...

HRP:
Dim 15 Oct - 13:50



Assaut sur la tour hantée

La tour des Ases


La gravité des événements précipitait les choses. Avant qu’il ait eu le temps de comprendre ce qui se passait, Keshâ s’était retrouvé sous le faisceau dardé des yeux du Grand Sapiarque et sa présence à la fois désinvolte et écrasante. Puis, on avait essayé de le tuer, ou plutôt de le mettre à l’épreuve. A peine remis du choc, il s’était retrouvé à empiler des ustensiles et vêtements pour préparer un paquetage serré, dans lequel il avait inclus quelques potions, deux dagues, une corde longue, un grappin, des vêtements fourrés.

On avait été des plus laconiques quant à leur ordre de mission et leur destination. Mais sauf à faire voile vers le pic sud d’Aramila par les airs, le Zeppelin ne pourrait que se diriger par le nord. En cas d’erreur, il serait toujours plus facile d’abandonner ses fourrures que l’inverse. Son torse était recouvert d’une armure légère de cuir qui n’enlevait rien à sa souplesse et sa mobilité, ses principaux attraits dans le cadre d’une course, d’une mission d’éclaireur ou d’un combat. Ses avant-bras étaient parés de vambraces de cuir plus épais, ou se glissait un couteau. Un revolver avait été glissé dans l’une de ses bottes.

Tout ce barda ne se voyait pas une fois saucissonné dans les bretelles de son sac et de son manteau d’hiver. A l’évidence, il se sentait plutôt harnaché en combattant qu'à la hauteur. Ses armes visaient plus à ne pas le laisser complètement démuni dans l’éventualité critique où il serait la dernière ligne ou en désespoir de cause contre un coup fatal.

Arrivé tôt sur le quai de l’aérogare, une ambiance pesante régnait parmi les gardes. Gaciale, solennelle et parsemée d’une pointe d’énervement. Ils contrôlèrent deux fois ses papiers et son faciès avant de le laisser passer une fois assurés que tout était en règle. Il commença alors à faire le pied de grue. Mais point de Seraphah, ni de Maëlstrom. Alors que les hommes s’affairaient déjà à charger l’astronef et que des membres de l’équipage semblaient déjà monter à bord. L’inquiétude peignit ses traits plongés dans la solitude. Quelque chose ne se passait pas comme prévu. Il ne savait pas quoi, ce qui était pire.

Le temps d’attente lui parut interminable.
Il reconnut enfin la silhouette de Maëlstrom arriver au petit trot et s’arrêter au barrage des officiers sans pouvoir le franchir. Abandonnant son sac sous un lampadaire forgé, il se rapprocha avec scepticisme. Peut-être qu’en fin de compte Seraphah ne voulait plus qu’ils aillent à la suite du Régent ? Mais ce que Maëlstrom annonça le surprit complètement. Seraphah était appelé par son devoir à Opale, Maëlstrom à sa suite. Et lui ? Lui partait. Tout seul. Seraphah l’assurait de sa pleine confiance, un sentiment dont il ne se sentait malheureusement pas très investi dans l’immédiat. Par quel absurde coïncidence l’avait-on jugé plus utile et plus aguerri qu’un élémentaire expéditionnaire âgé de plusieurs siècles connaissant la Brume comme sa poche et qu’une Sentinelle aguerrie par deux décennies de combats et de traque ?

Le temps n’était pas à la philosophie. On les laissait terminer leur échange entre deux portes avant d’embarquer instamment, sous le regard vague des soldats braqué au-dessus d’eux. Maëlstrom lui attrapa les mains pour l’encourager une dernière fois, le conjurant de leur revenir entier et valide. Puis il lui confia un sabre aramilan. L’arme était lourde dans son fourreau. Jusqu’ici, ses entraînements n’avaient porté que sur le bâton et une copie du sabre faite de bois. Selon Maëlstrom, l’usage commandait d’attendre plus d'un an avant de le laisser embrasser le métal. Il savait qu’il n’était pas prêt à brandir une arme. Une part de lui était à présent convaincue qu’il s’agissait du cadeau du dernier adieu. Le Grand Sapiarque n'avait pu se résoudre à risquer un de ses appuis au Comité. Quant à Maëlstrom, il était trop précieux pour être perdu par Seraphah.

Alors qu’une corne de brume sonnait le glas de l’embarquement, la main de Keshâ retint le poignet Maëlstrom. Sans réfléchir, il leva le visage vers lui et l’embrassa avec fermeté, de sa main empoignant ses cheveux. Puis il disparut, comme en fuite à bord du Zeppelin.

La traversée se fit dans un état second, comme hors du temps, au-dessus des paysages magnifiques des prairies dégagées d’Epistopoli. Puis, au-dessus des volutes nuageuses tout aussi magnifiques qu’impénétrables des brumes septentrionales.

Seul représentant de son clan, oserait-on dire, même, de sa famille, Keshâ se sentait à nu au milieu d’étrangers chevronnés et peut-être suspicieux vis-à-vis de sa faction d’origine.

Il les observa prudemment en répondant sporadiquement aux quelques questions avec politesse, sans en faire trop. Sa langue ne parla que de télépathie et pas de ses autres menus trésors. Il repéra à bord le médecin. Et cet homme inquiétant portant un masque venu de la cruelle Opale qui avait fait tellement de mal à Seraphah. Puis, il y avait aussi cette femme blonde et discrète, Nemeth, qui proposa de le dessiner. Il accepte sans trop s’en formaliser. Les autres ont l’air globalement assez taciturnes et effrayants.

Amir attirait une part importante de son attention. C’était une légende, mais aussi une des rares personnes auxquelles il était à peu près sûr de pouvoir se fier selon Maëlstrom. Il marcherait dans ses talons.

Leur arrivée dans l’ombre menaçante de cette tour mystérieuse lui donna l’impression de plonger dans une gueule infernale, que seule la balise jetée comme un tonneau en contrebas semblait empêcher de se refermer sur eux pour les avaler. Malgré sa peur, il fut l’un des premiers à emboîter le pas du mestre des Sentinelles et du patrouilleur pour se diriger vers le Zeppelin du Régent. Son allure parut vacillante alors qu’il s’enfonçait dans la neige, ses sens triplement aux aguets.

Le jeune homme écoute chaque mot livré par Amir sur la sombre histoire de la tour. Les âmes damnées des condamnées hantent-elles les lieux qui ont l’air inexplicablement sinistres et désolés ? Jusqu’ici, il ne servait pas à grand-chose et assimilait seulement ce qui se passait sans déranger ceux qui savaient quoi faire, face à l’horrible mort du pilote. Pourvu qu’ils ne subissent pas le même sort.

Justement, la Sentinelle confirme ce scénario. Quitte à mourir, autant ne pas s’arrêter au pied de la tour après avoir parcouru tout ce chemin. C’est un peu comme écrire l’Histoire que de pénétrer dans cette antique construction.

Rapidement, Amir se lance vers le mur opaque et disparaît, les laissant en proie à ce froid polaire qui n’avait cure de leurs épaisses protections. Tout son être commençait à frissonner violemment. Certains se rassurent d’un commentaire ou commencent à réfléchir ensemble. Lui se fait avare de mot face au froid et à la présence oppressante de la brume.

Il se tient devant l’endroit où la brume semble s’épaissir brutalement, immobile, comme face au néant. Un bras de brume semble chatouiller sa jambe en tournant autour. Il se souvient que Seraphah considère cette immensité comme sa mère ou comme un dieu vivant. Une créature sentiente et intelligente, qui l’a par ailleurs déjà épargnée par le passé. A l'époque, il s’était engouffré sur son territoire en étant poursuivi, sans trop penser à son acte.

Aujourd’hui, une main tendue devant lui, les yeux fermés, le cœur battant, il tente de diffuser de bonnes intentions à l’entité en espérant qu’elle les percevra, avant de sentir la corde nouée à sa taille le tirer vers l’avant…

Sa lampe électrique semble déconseillée. Aussi les seules lueurs perceptibles viennent d’une lune timide et de la torche crépitante d’Amir au devant.

Spoiler:
Lun 16 Oct - 15:59

La tour des Ases

Event



On ne lui avait pas laissé beaucoup de temps pour se préparer. Tout juste celui de retourner à l'appartement de Lyanna, sa jumelle qui l'hébergeait, pour récupérer son matériel, les quelques achats effectués durant son séjour Épistote, et Curie. Il laissa un mot à sa sœur alors partie à l'usine. Il savait qu'elle n'apprécierait pas son départ sur le pouce, elle aurait tout loisir d'en découdre avec leur paternel qui avait envoyé le médecin dans cette mission - suicide ? Il laissa une autre lettre, à l'attention d'Elizawelle restée sur Opale, demandant à sa frangine de la lui envoyer.

A bord de l'aéronef, la petite équipe se découvrit sous l'oeil vigilant de leur commandant de mission, Amir. Lewën reconnu Ryker avec qui il avait eu la chance de traverser la Brume il y avait des semaines de là. Ce n'était pas déplaisant de reconnaître un visage pour une mission de cette envergure, un allié sur qui il pouvait compter. D'autres se saluèrent avec ce même "je te connais toi" que le médecin eut l'agréable surprise de découvrir.
Ce n'était pas comme ses expéditions Epistotes qu'il avait réalisées jadis. Non, cette fois les participants venaient de différentes régions avec son lot de tension et d'appréhension. Ils n'étaient pas tous unis sous la bannière du patriotisme de la cité des Sciences, loin de là. Pourtant chacun mis de côté les jeux politiques pour se présenter et faire un état des lieux des possessions et de l'état d'esprit des uns et des autres.

Un certain Jeremiah se montra particulièrement curieux et Lewën essaya de se montrer le plus exhaustif possible. Il garda pour lui quelques possessions dont l'utilité ne lui semblait que peu pertinente à dévoiler. N'oublions pas que les cristaux étaient source de convoitise et qu'il avait la chance d'en détenir un petit chapelet. Autant éviter de susciter trop d'intérêt. Curie fit la connaissance de Max à son grand damne. L'animal lui courut après semant pendant quelques minutes le désordre sur le pont et animant le petit groupe.
Lewën se fit plus discret pour le reste du voyage, observant ses nouveaux compagnons cherchant à appréhender leur caractère pour la suite de l'aventure. Il accorda quelques minutes à Nemeth qui voulut dessiner son portrait. Pas très à l'aise avec cette attention il ne refusa pas pour autant, peut-être la jeune femme souhaitait-elle laisser une trace de leur passage au cas où…

Lorsque leur destination approcha, l'Epistote se trouvait à la proue du Zeppelin. Sa dextre quitta la rambarde pour caresser la Brume qui encerclait le véhicule volant. Très vite le chef de groupe prit les dispositions pour disperser l'envahisseuse et permettre à l'équipe d'atterrir. Amir maîtrisait chaque ordre qu'il donnait, chaque geste qu'il effectuait. Émanait de cet homme une assurance et une expérience à toute épreuve.

Posant un pied à terre Lewën sentit une inquiétante excitation l'animer, sa Nebula n'était pas en reste, s'étirant en lui telle une marionnettiste agitant des fils invisibles pour le faire bouger. Il se figea quelques secondes pour respirer profondément et s'assurer d'être le seul en pleine possession de son corps, refluant cette amie parfois trop invasive.
Il est bien trop tôt pour que mon corps t'appartienne s'adresse-t-il intérieurement à son parasite brumeux.

Comme ses équipiers, il ne prononça pas un mot lorsque le froid se glissa sous ses couches de vêtements censées le tenir au chaud. Suivant la troupe, il pénétra dans le Zeppelin abandonné à la demande de Ryker qui l'interpella devant le pilote mort. Lewën lança un regard au Patrouilleur : cet homme n'était sûrement pas parti aussi âgé d'Epistopoli.
Le Portebrume profita des quelques minutes de fouille pour enlever son gant et toucher le cadavre au cou, non pas pour prendre son pouls, il ne faisait aucun doute qu'il ne battait plus depuis un moment.
Sous l'oeil vigilant de son acolyte il ouvrit une dimension de poche de laquelle il sortit son cristal de cognition. Quelques secondes suffirent à se connecter au minéral pour que son pouvoir l'envahisse.

La peur lui tordait les entrailles, la Brume l'avait forcé à atterrir ici. La scène était floue, l'angoisse troublant les perceptions du pilote. La surprise était présente, quelque chose lui était tombée dessus avant qu'il ne la voit venir. Quelque chose ou … quelqu'un ? Quel qu'il fut, il sentit son énergie changée, ses os se décalcifier, sa peau sécher et flétrir jusqu'à son dernier souffle.

Lewën reprit une grande inspiration en revenant à lui. Amir suivait les traces au dehors, Ryker l'observait, il avait déjà assisté à l'une de ses "prestations". Rangeant son cristal dans la dimension spatiokinesique, il remit son gant en annonçant la nouvelle à son partenaire.

- Ce n'est pas la Brume qui a causé ça. Je ne sais pas ce que c'est, il a été pris par surprise. Son intention par contre semblait claire. Ne pas laisser de trace …

Il quittèrent le cockpit pour retrouver l'explorateur déjà sur les traces du reste de l'équipage. Ce qu'il annonça ne laissa rien présager de bon.
Lewën eut tout juste le temps d'informer le reste du groupe de ce qu'il avait ressenti, choisissant de dévoiler son cristal de cognition. Tous devaient savoir que quelque chose avait fait ça, et chacun devait se tenir sur le qui-vive si ce n'était pas déjà le cas. Peut-être que ça rôdait encore.

S'arnachant avec la corde de Ryker, il s'assura d'avoir à portée de main le couteau laissé par son père. Lewën sentit la Brume s'intéresser à sa jambe en titane. Fausse alerte, rien de technologique dans ce pied artificiel. L'emprise de celle-ci se fit plus pressante sur le groupe lorsqu'ils passèrent l'entrée des jardins. Était-ce son imagination ou la réalité ? Il avait l'impression de se sentir épié, il lui semblait entendre le bruissement des feuilles plus intense à chaque pas. La corde se tendait et se détendait au rythme des pas. Soudain, il se sentit attiré en avant.
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Résumé :


Dernière édition par Lewën Digo le Mar 17 Oct - 5:04, édité 3 fois
Lun 16 Oct - 17:37
Le Conseil t'a gâté, Jerry. Pas tous les jours qu'on est l'élu d'Opale. Le porte-étendard, le bras vengeur. Pétri d'assurance tu es. Tes bottes écrasent la neige sans trembler, tu snobes cette Brume épaisse qui vient racler agressivement ce qui te reste de peau. C'est pas commun de voir autant de Brume en liberté, on la préfère domptée dans les machines du Magistère ça c'est sûr. Tu seras pas le bienvenue ici, probablement, et tu n'en as cure. Prudence est de mise, bien sûr, mais la vitesse et l'efficacité sont prioritaires, comme toujours. Chaque seconde perdue est généreusement léguée au Régent et à ses manigances. Tu es impatient de le voir prostré sous tes mains tandis que tu lui déclameras ton protocole d'arrestation, après une poursuite rondement menée.

La mission passe avant vos vies, même s'il serait préférable que ton corps nourrisse les fermes d'Opale plutôt que la broussaille d'un labyrinthe à la con.

Flingues dans ton barda, ceinture de munitions, cristaux, nascents de support prêts à être dégainés, masque d'acier camouflant ta gueule reptilienne, un lourd gilet blindé enfilé sous ton grand manteau, costume et cravate toujours impeccablement ajustée par-dessus l'armure, comme à ton habitude quelle machine à tuer élégante tu fais ! Tu ne crains pas le combat en terrain physique, répandre le sang des ennemis de l'Humanité est davantage une passion qu'un simple métier. Et en terrain occulte ? Ayons confiance en nos vingt années d'experience à chevaucher les cauchemars !

Peut-être cette assurance est-elle mal placée. C'est parce que ta chérie, Opale, reste en permanence dans ton coeur alors même que tu es si loin de ses lumières. Ce phare lointain te galvanise tandis que tu vogues calmement, dans cet océan de neige et de ténèbres. Ainsi doit être le Jérémiah, paisible et mortel.

Max suit, excité par la présence de la musaboise du toubib, il la mate grand sourire comme s'il voulait la boulotter. " Il est gentil " a tenté de rassurer Jerry durant le voyage. Ce petit clebs mort-vivant, même s'il prend sa mission très à coeur, reste un simple chiot claqué trop tôt qui n'a jamais perdu l'amour du jeu. On note qu'il n'est pas incommodé par la Brume, surement trop con pour la trouver inquiétante comme il le devrait. Il suit joyeusement son maître en direction de l'abattoir. Flanqué d'un odorat puissant, il trainaisse dans l'épave, reniflant quelques bricoles, mémorisant des odeurs. Max reste l'atout de taille de Jerry, ce qu'il a de plus proche d'un allié ici. Les autres, on verra.

Les autres. C'est problématique qu'il y ait deux epistotes, qui sait si l'un d'entre eux n'est pas un nouveau dégénéré. Durant le trajet, tu les a mitraillés de question, mais bien entendu, tu n'as pas pu les soumettre à un interrogatoire standard qui les aurait tirés de tout soupçon. Donc, tu restes vigilant.

En dehors de ces deux zozos malingres et bien propres sur eux, tu apprécies le fait de ne pas être le seul opalin, même si l'autre est un vétéran crasseux ; bien que tu ne doute pas de ses compétences et que tu respectes grandement ses faits d'armes ; Artemis c'est pas un patriote, c'est un ermite, un marginal ; si bien qu'il ne représente que piteusement la glorieuse civilisation opaline.

Tu as sommairement présenté tes qualifications à ses partenaires, a bord. Ils déduiront aisément le reste de ta gueule et de ta carrure. Tu n'as pas caché ton affiliation au Magistère, cela t'a permis de détecter quelques réactions suspectes de rejet d'Opale et de sa culture. C'était clair et net, dans les yeux de cette camarade mutante, qu'elle ne porte pas la capitale du monde civilisé dans son coeur. Mais y a pas de raison de se méfier des non-epistotes. On est tous embarqués dans le même bateau et si naufrage il y a alors il sera collectif. Les gars dénichés par l'Alliance ont de la bouteille et parfois d'impressionnants passés, et c'est plaisant de ne pas bosser avec des amateurs.

Tu es resté attentif aux commentaires des camarades durant l'investigation de l'aéronef. Au final, malheureusement, rien de concret à se mettre sous les crocs. Au Magistère, voler l'âme des gens ou accélérer leur vieillissement sont des processus sommes toutes triviaux. Le sort de ce pilote ne t'impressionne guère.

- Y a plein de manières différentes d'obtenir un tel résultat, tu as commenté. Son attaquant l'a réduit en momie.
On pouvait déjà s'en douter, mais les gars du Régent ont probablement des pouvoirs.


Utiliser une corde pour explorer le labyrinthe était l'idée la plus logique ; et elle aurait aussi été la plus sûre, si ce jardin n'était pas envahi par la Brume. Cette corde est une garantie fragile, qui peut se retourner contre vous à tout instant. Symboliquement, lier ton destin à celui d'étrangers par une corde est une épreuve pour ton esprit solitaire et méfiant, Jerry, mais tant pis. Isolé en un tel endroit, tu ne vaudrais pas plus tripette que n'importe lequel de tes compagnons, de toute façon.

Le Conseil n'avait rien exagéré. La mission sera périlleuse. Tu risques très souvent ta vie, la différence majeure ici c'est qu'aujourd'hui, il n'y a pas de plan. Peu habituel, de se sentir à ce point vulnérable. Pas de procédure, pas de plan de repli. Vous êtes nus, équipés uniquement de vos faibles armes, de vos esprits et de votre courage ; et le critère principal de sélection pour construite cette escouade devient évident, voilà pourquoi certains camarades ne semblent pas tant que ça être ici à leur place. Il suffit pas d'être compétent ou expérimenté. Il faut avoir le cerveau calibré sur la mission et être prêt à mourir pour elle.

Juste un plongeon dans la nuit en recherche du cerveau dérangé qui y rôde.

Placé devant Ryker, ta carrure donne un solide ancrage au groupe si la corde venait à se faire malmener. L'autre avantage est que, si la Brume te prend en grippe et te cherche des noises, elle se déversera sur la fin du convoi plutôt que sur le début ou le milieu, facilitant une riposte de tes alliés. Tu as déjà dégainé l'un de tes fusils à pompe, t'attendant à rencontrer n'importe quoi au détour de l'un de ces bosquets. Il est évident que quelque chose vous surveille et que c'est malveillant, et il est trop tôt pour savoir si cela aura une forme physique ou non.

Sera-t-il possible de se frayer un chemin à travers cette broussaille ? Comment la Brume réagira-t-elle si nous creusons quelques trous dans ces murs de plante ? Mauvaise idée probablement. Mais si la situation tourne au vinaigre, tu n'auras aucun scrupule à saccager ce joli jardin pour vous faciliter la tâche, Jerry.

Quand tu sens la corde tirer autour de ta taille, tu n'es même pas surpris. "C'est" déjà là ?

- Vous voyez quelque chose, là-devant ? Aux aguets, tu relèves ton fusil.
- OUAF répond Max.

Il est con ce chien. Ce tas de viande morte s'est pété la gueule là-devant et s'est emmêlé dans la corde. Il regarde Jerry arriver vers lui avec de grands yeux implorants, de petits ruissellements de pus lui sortant des oreilles.

- Il est con ce chien. Grand sourire, qui reste dissimulé derrière son masque. Tandis que tu aides Max à sortir de son pétrin, tu remarques que là-devant, voilà le premier croisement.
- Connaissant la Brume, ce serait dangereux de supposer qu'on est dans un labyrinthe bien sage, qui ne se reconfigurera pas quand on aura le dos tourné. Si on commence à dessiner un plan de cet endroit, c'est là qu'il pourra s'amuser à nous embrouiller.

Faudrait qu'on se donne une direction, un cap et qu'on s'y tienne. Trouver un repère qui ne nous trahira pas.


Résumos:
Mar 17 Oct - 13:16
Pendant tout le trajet, Jessamy est restée assise, les mains sur le pommeau de sa canne. Elle s'est même laissée capturer par le crayon de Nemeth, presque trop docile. La créature aime à se dire qu'il s'agit de son portrait le plus authentique, le plus beau — bien plus que l'image horrible qui illustre son avis de recherche.

Pendant que la jeune femme immortalisait ses traits au fusain, elle n'a pas pu s'empêcher de toiser avec curiosité leurs compagnons. Parmi eux, qui savait ? Qui serait prêt à profiter d'un temps d'inattention pour l'attraper ? Sans doute pas le Patrouilleur, qui n'a pour adversaire que ce qui rampe dans la Brume. Ni l'éphèbe aux traits polaires, dont la geste trahit l'inexpérience. Elle se méfie des médecins — après tout, on affuble bien ceux qui l'ont créée d'un « Docteur » sur une blouse blanche. Il reste Nemeth, qui se donne pour mission de consigner leurs épreuves dans son carnet — pour qui donc ? Ou Jeremiah, dont l'allégeance dévoilée lui a arraché un frisson de dégoût mêlé de fureur — et il lui a fallu se retenir de lui adresser des œillades flamboyantes durant tout le transfert. Le plus à même de saisir l'occasion de la ramener par la peau du cou au Magistère. Même lui devrait trouver l'idée stupide. Et Artémis ? Sa simple présence, robuste et placide, l'a quelque peu rassurée. Elle ne voit pas le loup solitaire la trahir. Et Amir, pourrait-il l'aider ?

Cybèle l'avait prévenue.
Peu importe.
Elle ne peut être cible privilégiée, en ces temps si périlleux. Ici, le passé et les accointances de chacun ne comptent plus. Ici, il n'y a qu'eux et la Brume.

Jessamy suit le petit groupe pour s'engouffrer elle aussi dans l'aéronef. Son regard trébuche sur le cadavre du pilote, sa peau fripée tombant en linceul sur  le squelette apparent. Elle déglutit. La Brume, coupable idéale, s'efface derrière les allusions de ses camarades. Un homme du Régent ? Pourquoi tuer le pilote ?

« Bah, j'espère qu'ils ont un pilote de rechange. Ce serait ballot de pas pouvoir rentrer. », fait-elle en haussant les épaules.

À moins que l'envol du Régent soit un aller simple.
Le cortège s'en va aussi vite qu'il est venu, laissant le macchabée dans son tombeau de ferraille. Son regard se porte au loin, vers la bâtisse où le patriarche de la cité savante s'est tapi. La Tour d'Yfe s'élève en pal grotesque, tranchant la Brume. Jessamy plisse un peu les paupières. Cette légende est donc bien réelle. Il a fallu la voir de ses propres yeux pour y croire, en plus de la lugubre diatribe de leur meneur.

Elle hoche la tête lorsque Ryker propose une corde pour les lier tous dans le brouillard. Mais attrape son regard au vol, un sourire froid lui fendant le visage.

« Mes ailes ne seront d'aucune utilité ici. Elles sont là pour la déco. Désolée. Par contre, le nascent sur ma canne pourra prendre le relai si la torche s'éteint. »

Au moins, elle pourra tout de même se rendre utile. Elle soulève ses bras pour se laisser attacher par la taille ; derrière la stature imposante d'Amir, elle fait figure de petit insecte. La chaleur du cristal divin sur sa poitrine se fait ressentir. Difficile de voir la bosse de son deuxième cœur pointer, tant elle s'est emmitouflée après l'avoir fermement harnaché contre elle. Bien décidée à ne pas mourir, elle espère pourtant ne pas en avoir besoin.

Le convoi se laisse engloutir par la Brume. Pas de retour en arrière. La mutante manque même de basculer vers l'avant dès le premier croisement du labyrinthe, comme la chose fétide et macabre qui leur sert de mâtin. Hideuse et pathétique, comme toute chimère née du ventre d'Opale. Même si son odeur lui pique le museau, Jessamy ne peut pas s'empêcher d'avoir un peu de tendresse pour le corniaud.

« Vaut mieux que ce soit le clebs, pas vrai ? », lance-t-elle d'un timbre presque trop enjoué pour la situation.

À son grand dam, Jessamy ne peut qu'être d'accord avec le propriétaire du chien. Un petit nuage se forme entre ses lèvres glacées, alors qu'elle soupire.

« C'est vrai. Je ne vois que la tour pour nous aider. Vous avez une idée, les autres ? »

Résumé:


Dernière édition par Jessamy le Jeu 19 Oct - 19:08, édité 1 fois
Mar 17 Oct - 14:52

La tour des Ases

Event



Tout s’était déroulé bien trop vite. Un passage plus qu’inattendu de Réno, un ordre de mission qu’il n’était pas obligé d’accepter et le voici finalement à bord d’un zeppelin avec des inconnus. Ou presque. Ryker, par exemple, ne lui était pas inconnu. Ils avaient coopéré dans une mission de sauvetage dans les landes submergées. Une aventure suicidaire durant laquelle les deux hommes apprirent à se supporter, à se faire confiance. Pour une raison qu’il ignorait encore, son collègue ne semblait pas le porter dans son cœur. Pourtant, de son côté, Artémis le trouvait compétent et avait une totale confiance en lui. Peut-être l’avait-il vexé ? Le vagabond, rustre de nature, pouvait se montrer maladroit en certaines circonstances. En tous les cas, selon le Portebrume, Ryker avait incontestablement sa place au sein de cette équipe.

Une autre tête lui rappela une sordide aventure dans les ruines du Dainsbourg : Jessamy. Une mutante, une banshee à l’apparence effrayante pour le commun des mortels, mais l’homme aux cheveux d’albâtre lui faisait relativement confiance. Les aventures rapprochaient souvent et ce n’était pas une légende. Frêle, blanchâtre, rendant visible le flux sanguin en elle, on pourrait la croire inutile et bientôt morte. Ce que les autres passagers ignoraient probablement, c’était qu’elle détenait un cristal divin qui la rendait maintenant immortelle. Que penser de cela ? Artémis lui souhaitait naturellement de connaître les doux plaisirs de la vie, ce qui est plus ou moins possible grâce à ce cristal, sauf qu’il la condamnait également à un jour souhaiter sa propre mort. Elle semblait pour l’heure apaisée, dessinant on ne savait quoi. Personne aussi dangereuse qu’effrayante, qui avait inévitable sa place dans cette aventure. Elle serait utile au groupe.

Quant aux autres, ils lui étaient tous inconnus. Peut-être avait-il entendu des rumeurs sur certains sans pouvoir y mettre de visage. Sa Nebula s’excita en la présence de ce beau monde. Ce n’était pas uniquement l’approche du cortège vers sa Brume chérie, mais bien la présence de quelques Nebula au sein de ce zeppelin. Intéressant, songea le Portebrume. Il resta adossé à un mur tout le long du voyage, silencieux et observateur, comme à son habitude. Jeremiah, un agent du Magistère lourdement armé et à l’apparence peu commode, ne semblait pas être là pour faire dans la dentelle. Par ailleurs, de l’extérieur, Artémis avait l’impression de le voir un peu trop s’intéresser aux camarades épistotes. Le loup solitaire espérait réellement qu’il n’y aurait pas de conflit politique au cours de cette expédition. Malheureusement, les nations aimaient plus que tout montrer qu’ils avaient les meilleurs agents. Jeremiah en était la preuve vivante. Le Portebrume n’appartenait à aucune catégorie, aucun camp. Tous étaient méfiants et s’attendaient à agir en conséquence si nécessaire.

Artémis vivait constamment en étant sur ses gardes.

Quand l’aventure commença, personne ne pouvait réellement prétendre être à l’aise. Amir lui-même devait ressentir un frisson. Le froid, l’obscurité, la Brume. S’il pouvait se vanter de s’y être aventuré de nombreuses fois, ce n’était pas vraiment une partie de plaisir. La mort l’avait caressée bien trop de fois. Une sensation bien trop désagréable. De plus, s’il devait se méfier de ses partenaires, leurs chances de survie dans cet enfer s’amenuisaient. Pour l’instant, il décida de leur faire confiance. Ils étaient plusieurs à entrer dans le cockpit, donc il préféra les attendre, sauf que le canidé en lui insistait pour voir le cadavre de plus près. En effet, Artémis était également un Change-Peau. Entrant dans le cockpit et écoutant attentivement les analyses des uns et des autres. Il s’aperçut ainsi que le dénommé Lewën détenait un cristal de Cognition. Comme lui. Le Change-Peau fronça les sourcils, une forte odeur sur le cadavre piqua ses narines. Et ce n’était pas la mort. Et la Brume, comme sous-entendu par certains, était pour une fois innocente. Pour l’heure, il préféra ne rien dire et garder l’information pour un moment plus opportun.

L’entrée dans ce lugubre labyrinthe, ce moment tant attendu par tout le groupe. Amir avait parfaitement bien résumé la situation. Quelques écrits décrivaient partiellement cet endroit. La faible quantité de documentation à son sujet provenait du fait que peu de personnes étaient revenues vivantes de cette balade. Presque personne pour un peu plus précis. Alors, s’attacher les uns aux autres à l’aide d’une corde, pourquoi pas, mais elle sera une gêne en cas d’attaque ennemie. Et il y en aura. Pour ne pas paraître désagréable, le vagabond accepta de se laisser au jeu et ferma le cortège en se plaçant en dernière position. Il écouta les différentes remarques et questionnements en observant Max, le clébard de Jeremiah qui semblait assez empoté.

Ça ira pour lui ? demanda Œil-De-Nuit.
- Je l’espère pour lui, rétorqua le Portebrume.
- On s’en contrefiche, abrutis. Vous vivez vos derniers instants dans ce monde et vous prenez le temps de vous inquiéter un déchet pareil. Déplorables. Mourrez et laissez-moi prendre possession de ce corps, pesta la Nebula, de plus en plus impatiente.


L’homme aux cheveux d’albâtre sourit. Cette saloperie avait toujours le don de lui rappeler qu’elle n’attendait qu’une chose : s’emparer de lui. Il revint à lui quand il entendit ses compagnons discuter de la direction à suivre. Il renifla rapidement.

« La mort. Suivons la mort. C’est l’unique direction à suivre. », fit-il en pointant du doigt la tour décrite par Jessamy. Ce furent ses premières paroles.


Résumé :
Ven 20 Oct - 13:56



Assaut sur la tour hantée

Event



zk6q.jpgFaire profil bas. Ne pas être une gêne et devenir un élément du décors, naturellement là sans être remarquable. Nemeth se réfugie derrière son carnet, elle arpente le zeppelin, engage timidement la conversation, discrète et polie. Elle est curieuse de connaître ses camarades mais la méfiance que certains montrent plus ou moins ostensiblement semble suffisante pour la repousser. Elle ne veut pas s'imposer, seulement graver leurs noms et leurs traits, en quelques lignes sur son carnet. Garder une trace de leur aventure, de leur existence. Avant que la brume ne les emporte, avant qu'elle ne les change. Peut-être ne reviendraient-ils pas, ou pas tous. Le croquis qu'elle dessinait d'eux, serait alors le dernier témoignage de leur passage dans cette vie.

Ses prunelles cuivre passent de l'un à l'autre de ses compagnons avant de s'attarder sur le paysage brumeux qu'ils survolent. Elle se ferait une opinion plus précise d’eux lorsqu’ils seraient obligés de se révéler, dans l’action. Elle se savait tout aussi épiée, jaugée et jugée. Elle devrait, elle aussi, faire ses preuves et gagner des bribes de confiance sur la route. Entrer dans la peau de Nemeth n’était pas compliqué, son anxiété sous-jacente n’était pas feinte. Elle craignait la brume et ses malices. Pieuse ou simplement lucide, la jeune femme n’avait aucune envie de se frotter à ça. Ce qui n’était pas le cas de tous ses camarades.

Dessiné en trois traits précis et vaporeux, le dos d’un homme dressé à la proue, face à l’inconnu et la brume qui file entre ses doigts tendus.

Ses pieds touchent le sol et elle suit docilement la direction prise par leur commandant. Certains entrent dans le zeppelin abandonné, le loup gris marque un temps d’arrêt et derrière lui la frêle silhouette de Nemeth semble partager son hésitation. Son regard explore fébrilement les environs. Était-il judicieux de tous entrer dans un espace étroit qui sentait déjà la mort ? Lorsque finalement Artémis s’engoufre dans l’habitacle, la jeune femme reste en arrière, montant la garde en tâchant d’éloigner ses bottes de la brume rampante. Elle échange un bref regard avec son compatriote avant que ce dernier rejoigne le reste du groupe et Amir.

zk6q.jpg Aharon n’était pas bavard mais, personne dans leur groupe ne l’était particulièrement, il semblait pourtant davantage tailler pour cette mission que sa comparse. Imitant leur commandant, il ne semblait pas dérouté par la présence de la brume et ne cherchait pas à l’éviter.

Un bref instant seule, Nemeth levait son regard sur la tour. “Cet endroit aurait jadis appartenu à l’Église. Une sorte de prison, en somme…”, dans un geste inconscient, sa main se levait jusqu’à sa poitrine, à l’emplacement d’un pendentif qu’elle ne pourrait atteindre à travers l’épais tissu qui peinait à la protéger du froid mordant. L’amulette représentait Demephor, Esprit de la Connaissance sur une face et Lugrilen, Esprit de la Volonté sur la seconde. Il faudrait bien deux esprits sages pour guider les explorateurs en quête de vérité qu’ils étaient tous. Tous ?

L’or de son regard s’abaisse, de la tour à la neige et de l’immaculée poudreuse aux empreintes qui se dirigeaient vers ce qui semblait être l’oeuvre d’un jardinier en overdose de colafée. Amir est le premier à sortir de l'aéronef, il ne tarde pas à remarquer et suivre les traces laissées au sol, menant le groupe vers ce que le Patrouilleur désignerait comme labyrinthe mortel dans lequel certains furent condamnés à errer pour l’éternité. Nemeth frissonne mais regarde droit devant elle. Curieuse de savoir comment l’homme en savait autant sur l’endroit, la caravanière se gardait de le questionner, pour le moment son expérience avec la brume lui était plus vitale que ses connaissances sur la tour. Chaque chose en son temps. Elle acquiesçait donc bien docilement lorsque la corde lui fut tendu, se pliant à suivre les consignes données. Ses lèvres s’ouvrent pourtant sur une innocente question lorsqu’il évoque ses précédentes aventures.

- Comment avez-vous fait.. pour repousser des miroitants avec une simple corde ?

La voix fluette s’élève à peine au-dessus de la brume alors qu’elle redresse le menton pour observer le visage de Ryker. Elle avait déjà remarqué les ombres qui striaient son faciès lorsqu’elle lui avait demandé si elle pouvait le dessiner, des cernes anciennes et répétées avaient laissé leur empreinte sous l’éclat pourtant vif d’un regard aux aguets. Il s’était méfié, refusant son approche et sa proposition, elle n’avait plus osé l’importuner pour le reste du voyage. Elle détournait finalement le regard, après avoir écouté sa réponse s’il en donnait une ou sans insister s’il préférait l’ignorer.

Dans un coin de son champ de vision, se dessine la silhouette fluide et délicate d’un homme discret, une ombre soucieuse qui ne pouvait jamais vraiment disparaître, trahie par l’éclat d’une beauté atypique. Il tendait une main devant lui, paupières closes. Adressait-il une sorte de prière à la brume ? Pouvait-on considérer la malice comme une sorte de déité ? Les épistotes étaient fou mais l’étaient-ils à ce point ?

Aharon se dirigeait vers l’arrière du convoi, approchant de l’étrange et inquiétante créature qui s’était présentée sous le nom de Jérémiah. Il formait, avec son chien, un étrange duo, partageant le parfum âcre de ces choses qui portent ou donnent la mort.

Nemeth se plaçait à l’avant, se glissant dans l’ombre d’une autre créature, tout aussi étrange et inquiétante que l’opalien, elle ne partageait pourtant rien d’autre avec ce-dernier. L'antipathie avait été aisée à lire sur son visage lorsque Jérémiah s’était présenté mais les hostilités n’avaient jamais éclatées. Ce n’est que lorsqu’elle dessina les traits fins et anguleux de son anatomie que Nemeth parvint à saisir l’origine de cette inextricable sensation de déjà-vu. Elle avait déjà vu ce visage, lu sa description, appris son nom. Un nom bien différent de celui que donna la mutante.

Sa voix rocailleuse se brisait sur des dents aiguisées, sa peau ne couvrait que d’un bien trop mince voile les réseaux tortueux et torturés de son système sanguin, ses ailes drapées d’obscurité ne s’ouvriraient pas. Il émanait de sa frêle silhouette et des brisures de son anatomie une fragilité redoutable, tranchante et féroce. La blonde disparaissait dans le sillage de la banshee. Parmi tous ces grands gaillards et ces érudits, Chaya choisissait la criminelle recherchée comme point d’ancrage. Peut-être parce qu’elle connaissait désormais une partie de son passé et qu’elle pensait, bien prétentieusement, deviner sa psychologie ou peut-être… parce qu’elle partageait quelques-unes de ces cicatrices.

La corde tirée brusquement trouve rapidement un coupable et on questionne le point de repère à prendre dans un labyrinthe noyé et manipulé par la Brume. La réponse fuse depuis l’arrière, portée par une voix lourde et grave. Suivre la mort, l’unique direction à suivre. Un sourire glisse sur les lèvres de la caravanière. Il fallait bien admettre que cette réponse était véridique et ce qu’importe la situation. Au bout du chemin, Elle serait la seule à les attendre.

Mais se trouvait-elle vraiment dans cette tour ? Était-elle la princesse prisonnière de son sinistre donjon, attendant que ses preux chevaliers viennent l’enlacer et l’enlever ? La dague tournait habilement entre les doigts de Nemeth alors qu’ils avançaient d’un pas déterminé et pourtant ô combien incertain dans les entrailles végétales qui ne tarderont sans doute pas à vouloir les ingérer. Entre ses lèvres couraient de biens pieuses conjurations.

- Pointant la lumière des étoiles dans le ciel, il inspira les hommes, les guida à travers le continent et étendit leur royaume à travers les terres sauvages.

Ainsi débutait la prière à Lugrilen, esprit de la Volonté et protecteur des explorateurs. Que l’esprit clairvoyant accorde un peu de sa lueur à ceux qui avançaient dans l’obscurité vers ce glaive dressé vers les cieux. Une prison, si proche des étoiles.


Résumé:
Sam 21 Oct - 17:41

Maître du Jeu

Amir n'a pas rechigné face à la proposition d'utiliser une corde, restant toutefois aussi placide qu'à l'accoutumée. Comme pressé d'atteindre la tour, il n'a pas attendu longtemps que tout le monde soit arrimé pour progresser et possédait déjà son arme au poing, prêt à frapper, lorsque Max s'est enroulé dans la corde. Votre commandant étant aramilan avant tout, il n'a pu réprimer un regard noir en direction de Jeremiah le temps d'une seconde. Jessamy et Chaya, peut-être est-ce votre vision qui vous a joué des tours, mais vous avez pu apercevoir la Brume s'enrouler légèrement autour des bras de votre compagnon, vous rappelant son haut degré d'affinité avec la Malice.

Quoi qu'il en soit, vous vous êtes aventurés sans encombre dans le labyrinthe. Il ne vous a fallu qu'une dizaine de minutes à travers des embranchements chaque fois similaires pour découvrir les restes morbides d'un corps pressé comme un agrume, dont les vêtements déchirés ne laissent aucune ambiguïté sur son origine. Dans un espoir vain de découvrir des indices, Amir s'est longuement intéressé à la dépouille avant de rendre son jugement.

« - L'arrière-garde du Régent, probablement. Peut-être s'est-il perdu et la Brume l'a comprimé au point de le réduire en bouillie... mais mon instinct me dit le contraire. »

Ponctuant ses paroles, un murmure. Ceux d'entre vous ayant une Nebula reconnaissent un dialogue intérieur, probablement le moyen que le Mestre a trouvé pour échanger avec la Brume. Vous le voyez alors hocher la tête, comme pour confirmer ses propos, mais il ne dit rien et vous tourne le dos. Reprenant la marche.

A nouveau le temps passe tandis que vous parcourez les corridors de feuilles et de branches. Et après dix minutes à peine vous vous retrouvez face à face avec la carcasse. Avez-vous pris un mauvais chemin pour revenir sur vos pas ? Amir réfléchit un instant, le temps de revoir intérieurement son itinéraire. S'il a des doutes quant au fait que la Brume pourrait lui jouer des tours, il n'en montre rien, comme certain que ce n'est pas le cas. Alors autre chose ? Plutôt que de tirer des conclusions hâtives, l'aramilan reprend son rythme de marche, tendant la corde dans la foulée pour réveiller les quelques endormis. Il faut dire qu'il commence à se faire tard et que l'opacité grise vous entourant a tendance à rendre certains d'entre vous légèrement somnolents. Potentiellement un effet secondaire de la Mer de Brume...

Lorsque Amir redécouvre le macchabée pour la troisième fois, il comprend que quelque chose est en train de jouer avec le groupe et se retourne. Mais il est déjà trop tard...

Max, Jerry, Aharon, Ryker, Artémis

Jusqu'ici vous avez suivi le reste du groupe en tirant vos propres conclusions. Voilà deux fois que vous avez croisé le cadavre et peut-être certains redoutent déjà de le voir une troisième fois. Jerry, tu suis Max qui lui-même va dans la direction de la corde et la Brume t'empêche de voir plus loin. Cependant ton instinct t'indique que quelque chose cloche au moment où tu ne perçois plus aucun bruit devant toi. Or quelque chose continue à tirer la corde dans une direction qui n'est pas celle du reste du groupe.

Comme si l'absence de son n'était pas suffisamment inquiétant, tu peux soudainement entendre le bruit des feuilles, bien plus fort qu'avant. Cela vient de devant, comme si quelque chose venait dans votre direction en écartant les haies sur son chemin. Quelque chose d'ancien que les aventuriers parmi vous ont peut-être déjà croisé ou redouté. Et cette chose s'approche tandis que vous êtes tirés dans sa direction. Finalement tu peux apercevoir une ombre imposante marcher d'un pas assuré, sa silhouette se découpant de plus en plus dans la Brume, indiquant des ramures, un torse squelettique et des bras noueux. Un Liechi ! Et pas un tout jeune, ce qui ne le rend que plus redoutable encore.

Que faites-vous ?

Amir, Jess, Chaya, Lewen, Kesha

Légèrement paniqué, Amir se rend compte qu'il a grandement sous-estimé le labyrinthe. Il est le premier à couper la corde et à revenir sur vos pas pour constater que derrière Kesha, il n'y a effectivement plus personne. L'autre bout du lien vous renvoie à une haie épaisse qui, c'est certain, n'était pas là auparavant. Le jardin joue avec vous.

Soudain, la corde est violemment tirée vers la haie. Heureusement que le regard reptilien d'Amir l'a averti à temps ; son sabre a frôlé ton dos Kesha, coupant la ligne de vie avant qu'elle ne t'emporte avec elle dans les fourrés. A peine le temps de constater que tu es sain et sauf qu'il beugle en direction des autres :

« - Détachez-vous ! Vite ! »

Seulement, alors que vous dénouiez vos liens, le labyrinthe lui a déjà bougé. Jessamy, en te retournant après avoir entendu le bruit du vent soufflant à travers un entrelacs de feuilles, tu vois devant toi les branches des deux haies parallèles se nouer pour former un mur compact, vous emprisonnant avec la carcasse dans un enclos de végétation.

La suite, vous vous en doutez probablement. Car même si c'est quasiment imperceptible, les murs se sont rapprochés. Et ils se rapprochent encore. Sous vos yeux ébahis, vous voyez alors la Sentinelle se recouvrir d'écailles, ses os devenir plus protubérants tandis que sa silhouette change de forme pour devenir celle d'un reptile à taille humaine, aux griffes et crocs d'une longueur impressionnante. Non seulement cela, mais la Brume elle-même est temporairement votre alliée à travers Amir, tourbillonnant autour de ses ongles aiguisés comme des lames, leur donnant une teinte irisée lui permettant de faire fondre les branches à mesure qu'il les tranche pour tenter de tailler un tunnel vers une autre portion du labyrinthe...

Mais comme si cela ne suffisait pas, Chaya et Lewen, vous voyez les premières apparaître près de vous les silhouettes d'ectoplasmes opportunistes, passant librement à travers les murs de plantes pour se repaître des vies piégées. Et vous pouvez deviner que cela fait longtemps que ces trois Incubes n'ont pas eu de repas aussi royal...
HRP:
Dim 22 Oct - 2:26



Assaut sur la tour hantée

La tour des Ases


La troupe évolue vers son but dans un silence cuisant. Personne ne doute que des embûches pernicieuses les attendent au premier tournant derrière un buisson. Le paysage est onirique, fait de vapeur, de neige et de branchages sous un clair de lune estompé ; quoique plusieurs éléments tiennent du cauchemar.

A commencer par cette affreux chien démoniaque à l’odeur fétide, dont le tempérament enjoué ne fait que tartiner une couche bien épaisse à l’anormalité de la situation. Keshâ le surveille de manière aigüe, se figurant qu’il pourrait le croquer à tout moment. Finalement non. Mais il lui vaut une belle frayeur en manquant de le faire tomber.

- « Il est con ce chien » . répond son propriétaire. La plupart des monstres de l’équipe sont réunis dernière lui, ce qui le maintient en vigilance permanente. Toutefois, il faut des monstres pour effrayer des monstres. Peut-être que cela tiendra les atrocités de la brume à l’écart ? Au moins, la personne qui lui semble la plus affable est devant lui.

« On ne voit pas à plus de quelques pas. Les parois du labyrinthe sont trop hautes pour nous permettre de prendre des points de repères extérieurs. » dit-il avec précaution, comme s’il craignait de révéler son existence à cet univers inhospitalier en élevant la voix.

C’est la première fois qu’il émet un son depuis qu’il a pénétré dans le monde de la Malice. Ses doigts gourds resserrent les pans de son manteau autour de son corps transi de froid.

Les mots de Jeremiah n’ont rien de rassurants. Ils concordent toutefois avec les tours facétieux qu’il a pu lire dans les journaux des aventuriers de la Brume. La représentante de la race Banshee confirme qu’elle ne saurait pas voler pour les aider à se repérer. Dans l’obscurité, sa pâleur lui donne une aura spectrale. Et pour ne rien arranger, la voix caverneuse d’Artemis devient morbide dans sa réponse.

Keshâ s’adresse à la Banshee, d’une voix sèche de givre : « comme aucun instrument de mesure ne voudra fonctionner et que nous sommes aveugles, l’idéal serait de progresser toujours tout droit vers la tour en taillant les haies sans jamais diverger. » Ce serait hélas ralentir de beaucoup, s’épuiser. Et s’exposer plus longtemps au risque des Jardins.

Les minutes s’écoulent dans une vigilance haletante avant de rencontrer un deuxième macchabée abandonné aux griffes féroces du labyrinthe. La tension monte d’un cran dans sa gorge et devient plus palpable. Il laisse à nouveau les professionnels émettre leurs hypothèses et poser des actions. Continuer. Rester en mouvement.

En marchant, il se questionne sur les motivations réelles du Régent. Pour se tenir occupé et ne pas laisser le froid ou la peur le grignoter. La puissance de feu et l’expérience vont aux autres. Il n’a que son intelligence pour tenter de prendre l’avantage. Les ouvrages de Seraphah mentionnent que beaucoup de bâtiments préexistent à leur civilisation. Cette tour a sans doute un autre attrait que celui d’une prison délabrée. Le lieu en lui-même renferme peut-être quelque chose qui dépasse toutes les conséquences de l’absence du Régent à Opale…

Le retour face à la dépouille resserre le goulet autour de leurs esprits. Même Amir, si placide et résolu semble manifester des signes de folie et grommelle des phrases incompréhensibles. Sans qu’il le veuille, son esprit commence à glisser mollement dans un état modifié de conscience. La Brume caresse doucement son visage. Il inhale sa tendresse. Et ses pieds crissent régulièrement dans la neige bleutée, quand le groupe tire brusquement sur la corde pour le tirer de ses songes.

La réaction paniquée d’Amir le réchauffe immédiatement.  Keshâ se sent soudain propulsé en arrière. Il a juste le temps de percevoir le Portebrume fondre sur lui sabre au clair et l’abattre dans un sifflement derrière son sac-à-dos. Le jeune homme s’étale en désordre au sol, en proie à l’adrénaline.

Jeremiah et son horrible cabot ne sont plus derrière lui. D’ailleurs, plus personne n’est derrière lui, ni Aharon, ni Ryker, ni Artemis. Seulement une impasse foisonnante, qui menace en silence.

-« Détachez-vous! Vite! » Il se surprend à tirer en un clin d’œil une dague d’un étui de son avant-bras et à trancher net le lien de soie. Il irait bien le remercier, mais n’en a pas le temps. Tout va tellement vite.

Un piège végétal est en passe de les étrangler. La transformation éclair du légendaire Amir laisse Keshâ médusé. Il perçoit la situation avec une terrible intensité pour chaque détail et le voit attaquer les rameaux, armé de brume scintillante, sous forme de reptile. Il se ressaisit pour dégainer son sabre aramilan et prêter main-forte à Amir. L’urgence immédiate est d’abattre la cloison et de les libérer.

Le jeune homme ne peut rivaliser avec la rage destructrice de la Sentinelle. Il veille à rester hors de portée d’un coup de griffe accidentel et à ne pas porter lui-même par accident de coup mortel à ses acolytes. Sa lame tranche à la verticale, portée par des cris et des mouvements de hanches. Il se démène, tenant en respect une éventuelle repousse des végétaux derrière l’ouverture, qui s’agrandit.

Passé cet élan frénétique, il se souvient qu’il est supposé coordonner l’action des expédionnaires et tente d’effleurer les esprits des disparus à travers la Brume. Il les connait si peu, leur lien est si ténu.
~° Artémis ?°~ invoque-t-il dans un murmure spirituel, comme effrayé de tomber en embuscade.
~°Jeremiah ! Ryker ?° ~

Un écho sépulcral le toise. Seul le bruissement des feuillages givrés daigne lui faire l’hommage d’une réponse. Ce n’est pas aussi facile que sur le terrain à Aramila. La Brume disperse ses ondes et les réplique en fractales, comme autant d’éclats de miroir dans son esprit.

-« Je ne les sens plus. » tonne-t-il à l’attention des présents. Il y a comme de la friture sur la ligne.

~° Nous allons bien. Où êtes-vous ? Criez pour que je vous trouve. °~

Sans discrimination pour ses destinataires, il tente d’étendre son contact à un périmètre restreint, qu’il accroît peu à peu, pour toucher qui passera au plus près à la ronde. En premier lieu Amir, puis… quelqu’un. Il n’est pas sûr, quelque chose. C’est comme si l’œil de la nuit se posait sur lui et le dardait d’une lance brûlante à fendre l’âme.

Des mots déformés lui parviennent. Où n’est-ce que le souffle tortueux du vent qui mugit dans les branchages vivants en s’esclaffant. Des sons gutturaux presque inaudible. ~° … Liechi… °~

-« Liechi ?! »répète-t-il avec perplexité sans en comprendre le sens.

Sur quoi, il se retourne, pour sombrer dans l’effroi à la vision de Nemeth et Lewen aux prises avec trois incubes. A la fois totalement anéanti et monté à bloc, il se sent étranger à lui-même. Il n’est même pas sûr d’analyser correctement la situation. Ses alliés sont-ils blessés ou à l’initiative ? Le danger s’étend-il déjà à son périmètre ? Il aurait pu s'effondrer en position fœtale et prier pour sa vie, mais c'est le coup de sang qui emporte sa raison. Toute en instinct, sa main libre a attrapé une potion de vélocité dans la bandoulière de cuir sur son torse et l’a planté gaillardement dans sa cuisse. Le poison fuse dans ses veines électrisées alors qu’il fond sur l’un des incubes dans une vrille avec sa lame.

Résumé:
Dim 22 Oct - 7:02
Bon. Tout ça ne semblait pas aussi facile qu’il aurait aimé que ça le soit. La Brume se jouait d’eux, le labyrinthe était une plaie. Comme prévu, malheureusement. Sans compter que dans le journal de bord de ce foutu Zeppelin, il n’avait pu trouver aucune information viable : pas d’arrêt, pas d’équipage enregistré. Cela indiquait deux possibilités : soit ils n’avaient pas eu le temps de l’inscrire, ce dont il doutait vu le temps de trajet, soit ils n’avaient jamais eu l’intention de le faire. D’autant plus qu’aucun ravitaillement n’avait été prévu selon ce qu’il avait compris et que le voyage de retour de l’aéronef du Régent était compromis. Que venaient-ils foutre là sans prévoir de retour ? Que savaient-ils ? Avec les informations de Lewën et le mystère qui rôdait autour de cela, Ryker commençait à avoir un mauvais pressentiment de plus en plus marqué. Il n’y avait pas de réservoirs de rechange : pourquoi ne pas avoir prévu de retour ? Cela l’inquiétait et bien qu’il en ait fait part à ses camarades, il n’arrivait à pas y trouver de logique. A moins de compter sur une équipe qui viendrait à leur rescousse et de profiter de ces derniers pour repartir avec eux … ou leur piller leurs ressources.

Son esprit distrait, il répondit à peine à Nemeth lorsqu’elle lui demanda pour les miroitants. Il éluda un peu la question, et lui raconta que décapiter une de ces créatures ne servait à rien et qu’il valait mieux fuir. Il restait bloqué sur ce qu’avait dit le médecin, sur la créature ou personne qui avait tué ainsi le pilote. Cela ressemblait aux pouvoirs de Lewën, non ? Se pourrait-il qu’un autre détenteur de ce type de pouvoir soit présent ? Ce n’était pas la Brume … du moins pas en apparence. S’ils n’avaient aucune intention de repartir, à en croire ses déductions, alors ils avaient dû vouloir tuer le pilote pour couvrir leurs traces. Mais pourquoi ? Que manigançait le Régent ? Ce fut le chien de Jérémiah qui le tira de ses pensées et qui aiguisa ses sens déjà aux aguets. Son épée courte était tirée et son autre main montrait le chemin avec la torche. Artémis avait insisté pour s’attacher en arrière, n’ayant pour argument que le silence et son intensité. Ryker ne réagit pas, bien qu’il trouvât assez culotté de vouloir lui piquer son travail, encore une fois. Mais si le loup solitaire se faisait croquer, au moins lui ça repousserait. En cela, il le remercia.

- Je n’ai pas beaucoup ça. Je préfère quand c’est un peu moins calme. murmura-t-il lorsqu’ils s'arrêtèrent devant le cadavre. Au moins c'était certain : ils étaient passés par là et avaient dû se confronter à ces difficultés eux aussi.

Il avait encore demandé à Artémis ou Lewën de voir ce qu’ils pouvaient en tirer. La femme mi-chouette n’avait pu se montrer aussi utile qu’il le pensait et il se demandait pourquoi une personne en apparence blessée s’était jointe à eux. Mais elle devait avoir d’autres ressources. Ou s’être méprise sur la dangerosité de l’expédition. Or, ici, tout le monde semblait être plutôt rompu pour les arts de l’expédition. Mis à part elle, la jeune Nemeth et Keshâ qui n’en finissait pas d’angoisser. La présence de ces personnes l’avaient fait plusieurs fois tiquer mais il devait y avoir une sacrée raison à leur présence.

- Ouais, la tour. Même expérience avec le fort Valeek : ça n’a pas suffit. Le suivre ça revenait à se perdre. La Brume joue avec nos sens et prendre un repère ne nous permettra pas de mieux nous en tirer que lui. fit-il en désignant le cadavre d’un geste. Ce n’est pas la première fois que je vois des macchabées de cette forme. On dirait que la Brume l’a réduit de taille … ou que quelque chose l’a écrasé avec une force inouïe.

Il frissonna en prononçant ces paroles, se rappela quelques légendes sur les créatures mythiques de la Brume. Des histoires entre Patrouilleurs mais qui avaient toutes une part de vérité. Il chercha dans son esprit tout ce qui pouvait se rapporter à ces dires, mais Amir en savait plus que lui. Il s’en remit à sa jugeote et s’appliqua à surveiller les lieux, étudier les replis dangereux des haies du labyrinthe. Il sentait la Brume peser sur ses épaules comme jamais, percevait des milliers d’yeux aveugles tournés dans leur direction. La Malice jouait avec ses pas mais se révulsait au contact de l’envoyé du Magistère. Artémis ne semblait pas avoir de problème avec cette dernière mais ce n’était vraisemblablement pas le cas de tous. Le Patrouilleur jouait de se torche et constatait avec horreur que, à chaque fois, les épines et feuilles semblaient se recroqueviller à l’approche du feu. Une illusion provoquée par la cuticule des végétaux, se rassura-t-il, car une haie carnassière était la dernière chose à laquelle il désirait se confronter.

Le Patrouilleur resta cependant songeur face à l’attitude d’Amir. Il le savait Portebrume mais avec une affinité et une maîtrise de la Brume qu’il trouvait étrange. Il l’avait perçu établir un dialogue, une discussion. Il connaissait le phénomène, tant il était occupé à museler sa part de Brume intérieure. Mais le caravanier semblait … en paix. Non sans surprise, leurs pas les ramenèrent vers le corps et Ryker pesta bien que Lestat ricana à l’intérieur de lui. En effet, comme Valeek.

- Tu pourrais être utile et être bien plus … conciliante, Lestat. lui répondit-il en pensée, ce qui eut pour effet de la faire frémir. Depuis quand ne lui avait-il pas parlé ?
- Meurs, meurs et rejoint la Brume. Libère-moi de ta caboche mal aérée, Patrouilleur impotent. se gaussa-t-elle, avant de sortir ses griffes et d’essayer de se déployer dans tout son corps.
- Patrouilleur ? Donc tu me reconnais en tant que tel. lui susurra-t-il, ce qui décupla la rage de sa nebula. Elle tenta de prendre le contrôle de toutes ses forces mais Ryker la musela avec une violence rare. Il l’enfonça au fond de sa psyché et chassa par la même occasion sa céphalée.
- Je suis plus fort que toi, nuage de malheur. J’espère pour toi que tu sais ce que tu deviens si je meurs. Peut-être que tu auras intérêt à coopérer avant la fin. grinça-t-il, avec ce qui pouvait ressembler à une prise à la gorge mentale.

Un frisson le fit sortir de son bras de fer mental. Il tourna sa torche autour de lui. La Brume frémit. Il la touche du bout de l’épée et l’enroula autour de sa lame avant qu’elle ne se dissipe. Il n’avait pas l’affinité d’Amir pour cette dernière, mais après dix ans, avait appris à connaître ses caprices et surtout, à faire confiance à son instinct de survie. Il se sentait de moins en moins bien et la somnolence cédait face à l’inquiétude et la peur. Les murs frétillaient sous le passage de sa torche.  Quelque chose le taraudait, quelque chose qui l’inquiétait depuis qu’ils avaient croisé pour la seconde fois le cadavre. Cela ne pouvait être la même chose que la dernière fois, mais … mais … Ah ! Cela le gênait et il ne pouvait pas mettre le doigt dessus.

- On va voir qui est le plus fort maintenant …
lui susurra une voix malicieuse à l’oreille.
- Qu’est-ce que tu sais de plus que m… commença à répondre Ryker à voix haute lorsque la corde se tendit et faillit lui faire lâcher son épée.

Il grommela et le sol trembla sous ses pieds. Il perçut une sorte de contact effleurer son esprit, une voix différente et éloignée. Cela ressemblait à celle du jeune éphèbe de devant qui répétait son nom. Il fronça les sourcils. Sentit la corde à nouveau tirer.

- Hé, devant, est-ce que … s’interrompit-il lorsque le son du vent déformé lui parvint.

Ryker se retourna. Il était à quelques pas d’Artémis qu’il distinguait à peine mais au-dessus de la Brume il perçut une silhouette efflanquée et couronnée de bois distordus. La créature, bien plus grande qu’eux, donnait l’impression d’un totem cadavérique décorés d’un massacre de cerf. Ses épaules garnies de mousse craquaient dans le vent et l’odeur putride de décomposition porta le cœur du Patrouilleur au bord de ses lèvres. Sa corde le tira vers Aharon mais il n’attendit pas et tira sur le nœud qu’il avait faire et celui-ci céda en une traction. La créature sembla boîter vers eux mais la voix portée de Keshâ, par télépathie comme il leur avait révélé, vint nouer cette présentation.

- Liechi. répéta le Patrouilleur, sachant que cela allait certainement faire le même écho dans l’esprit d’Artémis.

Le légendaire Liechi de Dainsbourg. Que foutait-il … Non, un autre. Son cœur manqua un battement. Il n’en avait jamais rencontré, ni personne qui ait survécu. Ryker sentit son esprit vaciller mais transforma sa peur et prit racine dans ses années de vie dans la Brume. Il se mit en garde, recula sa torche pour ne pas être ciblé par la chose. Artémis était meilleur combattant que lui et, surtout, il pouvait se régénérer. Le temps qu’il trouve une solution, une solution …

- Les combattants, libérez-vous de la corde ! On est pris à revers ! Aharon, Jeremiah on va … Putain mais c’est quoi cette haie au milieu ? ordonna-t-il alors qu’il revenait vers ses alliés.

Un mur végétal leur barrait le chemin, le labyrinthe avait commencé à se jouer d’eux. Parfait, au moins les jeux étaient déclarés. Avec leur meilleure chance de survie de l’autre côté. Putain de saloperie de bordel de …

- Amir ?! Amir ! Bon sang, coupez cette corde ! On est piégés ! Faut défoncer cette haie, saloperie de Brume … Notre seule chance de survie est dans notre unité, et dans Amir : c’est lui qui sait se repérer le mieux dans cette merde. Et moi, bordel … je vais tenter de trouver une solution … grogna le Patrouilleur avant de revenir en arrière, sa torche en avant.

Il se rapprocha d’Artémis en courant et agita sa torche pour essayer de trouver une idée et de se sentir moins inutile. D’un geste il laissa tomber son sac à dos à terre afin de gagner en mobilité. Le monstre sembla réagir. Ses bras se dénouèrent et ses griffes claquèrent la Brume qui s’enroula autour de lui. La flamme se refléta dans ses yeux brillant de vilénie. Ses mâchoires claquèrent et, avec une vitesse qu’on ne lui soupçonnait pas, il frappa l’endroit où se trouvait Ryker une fraction de seconde plus tôt. La lame du Patrouilleur s’abattit sur son bras mais ne parvint qu’à l’entailler. Il avança de nouveau avec la torche et la créature recula. A nouveau le Patrouilleur sauta en arrière pour éviter une attaque qui l’aurait laissé sous forme de pulpe sanguinolente à terre.

- Je … je gagne du temps ! Ce truc est censé commander la Brume selon les légendes de Dainsbourg. Y’a de grandes chances que ça soit que le début. Artémis ?! Artémis ! Envoie-moi un sac de balles et occupe-le ! Attire son attention. Fais-gaffe : ce truc est intelligent ! cria Ryker avant de sauter en arrière pour esquiver un autre coup qui ne passa pas loin de lui arracher un bras.

Le Patrouilleur reprit son souffle et parvint à reculer. Il aurait du mal à donner longtemps le change à cette créature qui semblait devenir de plus en plus rapide à chaque coup. Il rengaina son épée courte à sa taille et attrapa le sac que lui envoya Artémis et entreprit d’attraper sa dague avant de piétiner et fracasser le petit sac à l’aide du pommeau. Il garda sa torche non loin, puis s’empara du sac qu’il avait tant bien que mal malmené. Si son pouvoir était inutile, au moins il pourrait mettre son expérience au service du petit groupe. Il secoua le petit sac en toile et fut satisfait de voir un peu de poudre noire en sortir.

- Artémis ! Enfonce-lui ça quelque part !
hurla le Patrouilleur, avant de lui remettre le sac dans la main. Jérémiah ! Peux-tu l’approcher et lui enfoncer la torche ou quoi que ce soit en feu là où Artémis lui aura enfoncé le sac ? Je vais attirer son attention ! commanda le Patrouilleur, même si ne rôle lui était pas échu. L’envoyé du magistère était peut-être le seul à pouvoir résister à un coup direct : Ryker n’était pas fou au point de mettre sa vie en danger inutilement. Il savait que le moindre contact signifierait sa fin. Mais Artémis pouvait se régénérer et Jérémiah était solide, avec certitude.

- Hé, saloperie ! hurla le Patrouilleur, tout en ramassant une pierre à terre qu’il expédia sur le crâne de la créature. Viens-ici, je vais te donner des nouvelles de Dainsbourg ! Hé, viens là et dis-moi ce que t’es allé foutre là-bas ou si c’était ta femme !

Ouais, niveau narguer on avait vu bien mieux. Mais si cette chose était intelligente peut-être que ça la surprendrait assez pour donner à ses camarades une ouverture. Après tout si cette chose était unique et qu'elle était vraiment responsable du chaos de Dainsbourg, le Patrouilleur était tout à fait réceptif à l'idée d'en apprendre plus sur la disparition de ses parents au travers des menaces de la légendaire créature. Ou alors les pierres et les insultes suffiraient. Si Amir avait aussi envie d’intervenir et de surgir des cieux pour les sauver, c’était le moment idéal. Car il ne pensait pas qu'ils feraient le poids et leur chance résidait en leur capacité en rejoindre le caravanier et réussir à rester ensemble. Dès qu'ils se sépareraient, cela signerait leur arrêt de mort.

HRP:
Dim 22 Oct - 17:46
Le cadavre rencontré avait aiguisé ta méfiance (et aussi l'appétit de Max, qu'il a fallu rappeler à l'ordre avant qu'il ne commence à dévorer la pièce à conviction). Un pauvre diable semblant être passé par un compacteur d'ordure avant d'être abandonné ici au détour d'un couloir. C'est de bien mauvaise augure de rencontrer de telles "anomalies" -en dehors du Magistère, évidemment. Ça renforce l'idée que des forces occultes jouent dans le camp du Régent. Ce qui est tout aussi inquiétant qu'étrange. Ne parle-t-on pas d'un simple politicien et de son escorte ? Comment a-t-il survécu en un tel enfer ?

- J'aimerais comprendre comment le Régent a lui-même réussi à traverser ce labyrinthe. Je ne l'imaginais pas aventurier.

C'est ce que tu as fais remarquer peu de temps avant que ça ne commence.
Le groupe, séparé, subitement. Surprenant ? Non, prévisible. Cette foutue corde n'aura été d'aucune utilité, finalement. Tu te permets de jeter quelques jurons en constatant le phénomène, mais tu reviens vite à tes esprits. La Brume vous met à l'épreuve, dirait-on.

Tu en avais entendu parler il y a fort longtemps, à l'académie du Magistère. Étudier des gravures et des schémas était bien différent que de voir, sentir et entendre la bête se déployer devant toi, émergeant des ombres. Sa stature imposante d'abord vient occuper tes yeux, suivent ensuite l'odeur rance et les grognements sauvages. Ça habite les légendes des humains ainsi que leurs cauchemars. Oh oui, tu t'attendais à beaucoup de choses : mais pas à ça, pas si tôt, et pas comme ça. Soi-disant un esprit de la nature, présumé responsable du cataclysme qui a frappé Dainsbourg. Toi au fait des théories du Magistère, tu sais faire la différence entre légende et réalité, Jerry. Esprit de la nature ? Oh, mon cul. Commandant de la Brume ? A prouver. Ça n'est avant tout qu'un enfant dégénéré de la Brume, qui a un pied dans chaque monde.

Tout en armant ton fusil à pompe, tu déclares un rassurant mantra :

- Si cette chose a un corps, alors elle peut mourir.

La vilaine bête est apparue bien trop proche de toi, tu arraches d'un coup sec la corde, puis te repositionnes en urgence tandis que Ryker sonne le branle-bas de combat derrière toi. Il est possible que tes armures puissent absorber ces déchaînements de violence, mais tu ne tiens pas particulièrement à les éprouver. La créature balaie de larges coups de griffe devant elle, te forçant à reculer continuellement, et empêchant toute riposte. Malgré son apparence animale, c'est effectivement intelligent, capable de réagir à vos décisions et de punir vos bourdes. Une engeance occulte voulant vous déchiqueter. Jusque là, rien de dépaysant.

... Parmi tes collègues habituels, il y a des télépathes, et ce n'est pas gênant de se faire pénétrer le cerveau lorsque c'est dans un cadre sécurisé et professionnel. Par contre c'est nettement moins rassurant lorsque c'est un epistote qui rentre chez toi, alors que la situation est déjà dangereuse ! Tu ressens l'intrusion du dénommé Kesha, qui cherche à s'enquérir de votre situation. Sans savoir si tes pensées arriveront à bon port, tu te contentes de regarder le leichi et de le laisser imprégner tes neurones. Peut-être que son image arrivera telle quelle à Kesha.

- Trouve une sortie, tu glisses à Max, tout en reculant. Il ne devrait pas peiner à se repérer, le clebs, tout le monde dans la compagnie dégage de fortes odeurs (certaines plus agréables que d'autres). Tandis que les quatre larrons s'occuperont de rendre cette abomination à la Brume, Max leur dévoilera la direction du reste du groupe. Le chien se jette sous tes jambes puis se carapate en jappant. Un large sourire dessiné sur sa gueule de clébard mort, il est toujours inconscient du danger qui est pourtant devenu subitement plus évident ! Ben oui Max est totalement attardé mais loyal, donc bon chien.

Bon. Maintenant. Tant que cette saloperie cherchera à vous éventrer, il est hors de question de prendre le risque de la recroiser plus tard et de mettre en péril la mission. Il faut la neutraliser.

Lui foutre le feu est une riche idée ! Si ça ne suffit pas à la détruire ça aura au moins le mérite de l'occuper grandement et de permettre une retraite stratégique. Il est réactif et il a de bonnes idées, le Ryker, c'est pas comme Artémis qui semblait jusque là plus occupé à se regarder le nombril et à dire des bêtises démoralisantes qu'à réfléchir sur comment neutraliser et éradiquer les ennemis d'Opale, comme n'importe quel opalin sain d'esprit le fait.

Quant à Aharon, l'explorateur aramilien, que prévoit-t-il ? D'autres prières pour ses dieux idiots ? A l'heure actuelle, Jérémiah, tu pries surtout en tes flingues, tu pries qu'ils ne te lâchent pas en cours de route.

Ryker, donc, offre une opportunité en faisant le guignol devant la bête. Il captera pas bien longtemps son attention, bien sûr ; mais comme souvent, l'issue d'un affrontement se décide sur une brèche, une pincée de secondes qui fait la différence.

Profitant de ce moment d'inattention, tu te glisses sur le côté du leichi. Tu y déploies ta force colossale dans un unique coup de poing, à l'arrière de sa guibole. Ton poing vient se fracasser contre une surface formidablement dure et rugueuse, semblable à l'écorce d'un arbre centenaire ; sous tes gants épais, tu sens tes phalanges craquer. Mais ta force est ce qu'elle est, inexorable, et malgré les fourmis douloureuses qui te courent sous le poing, tu es ravi de voir le monstre s'effondrer lourdement sur son dos.

Ça inonde les oreilles des aventuriers d'un lourd cri de haine. Profitant de l'instant de battement qui s'ensuit, le fusil te revient mécaniquement dans les mains, pointé vers le torse de la bestiole, puis crache toutes ses cartouches dans ses côtes. Les douilles s'entassent à tes pieds, chaque tir intensifie encore davantage ses hurlements enragés, tu passes outre autant que possible malgré la douleur vive qui s'installe dans tes tympans.

Sans grand étonnement, mais tout de même déçu, cette saloperie étant foutrement solide, tu constates que vider ton chargeur dedans n'a pas creusé un si grand trou.

- Y a un trou ici les gars, tu préviens, en espérant que le trou soit assez large pour y enfoncer un sac rempli d'une surprise explosive. L'animal hystérique se débat brutalement, jetant ses membres blessés dans tout les sens, émettant des sons stridents résonnant jusqu'aux limbes. On a gagné quelques secondes, mais elles restent précieuses. Quand ce truc se relèvera, il sera sans aucun doute très énervé. Si la tactique de Ryker ne le tue pas, il ne restera qu'à se tirer d'ici, vite, loin.

Pendant ce temps, Max a achevé son boulot de repérage. Il désigne une direction. Il a surement trouvé la piste des copains ! ... ou celle d'un autre cadavre qui lui donne faim.

Résumongle:
Lun 23 Oct - 11:24

La tour des Ases

Event



Une fois n’était pas coutume. Depuis les débuts de sa longue carrière de vagabond explorant la Brûlé, Artémis n’avait jamais passé une aventure sans encombre. Il y avait toujours des aléas quand on se trouvait dans la partie submergée. Cette fois-ci, par exemple, la malicieuse s’amusait à séparer le groupe au sein de ce labyrinthe mouvant, le tout en le saupoudrant de monstres aussi dangereux que repoussants. Passer plusieurs fois devant le même élément, ici, n’avait rien d’un hasard. Dès le début, il trouva ridicule le fait de s’attacher en ce lieu où la raison n’avait pas sa place. Alors, il se détacha d’un coup de dague.

Bien trop tard, pauvre idiot. Vous êtes tombés dans le piège de mes sœurs. L’étau se resserre Artémis. Tu ne pourras pas sauver tout le monde. , lui chuchota sa Nebula de manière hautaine.

Le vagabond ne s’en soucia guère. Sa Nebula prenait régulièrement la parole pour le démoraliser. Si cela fonctionnait au début, elle était maintenant devenue qu’un simple bruit de fond qui encourageait davantage l’homme aux cheveux d’albâtre. Quand le mur végétal s’interposa et sépara le groupe en deux, l’aventure commençait à sentir très sérieusement mauvais. Mais Artémis aperçut cette créature légendaire dont il n’avait vu le nom que dans les écrits des rares survivants du Dainsbourg. Le Liechi. Jamais personne ne s’était vanté d’en avoir neutralisé un. Les seuls survivants étaient des fuyards. Du moins, aucun écrit, aucun témoignage ne prouvait le contraire. Ceux qui s’étaient essayés à cette ambition hantait probablement ce labyrinthe.

En pleine réflexion sur la marche à suivre, Ryker semblait avoir envie de coordonner le groupe réduit. Un peu trop à son goût. Il faisait trop de bruit et brailler sans arrêt des autres. Que voulait-il ? Des balles ? Saisissant son petit sac dans lequel se trouvaient ses recharges, le vagabond lui envoya sans le moindre regret. Il devait bien avoir une idée en tête pour le demander avec une telle véhémence. Ryker était un patrouilleur expérimenté, on pouvait lui faire confiance. Mais il devenait pénible à beugler des ordres. Quant à attirer l'attention de la chose, c’était une autre paire de manche. Artémis savait pertinemment que le patrouilleur avait confiance en sa capacité de guérison et qu’il n’était pas inquiet si l’ermite se faisait toucher. Pour autant, se prendre le coup d’un Liechi ne le rassurait pas des masses. Il dégaina ses deux lames et les entrechoqua pour attirer la bête vers lui. Lorsque ce fut le cas, le légendaire se jeta sur lui avec une hargne assez surprenante.

Sombre idiot. Tes bouquins ne t’ont-ils jamais dit qu’on ne provoquait pas un Liechi ? pesta la Nebula.

Le vagabond plongea sur la droite pour esquiver le coup, se releva après une belle roulade pour tenter de l’entailler. Mais c’était inutile contre cette chose. Elle se regénérait presque instantanément. S’il parvenait à lui trancher un membre entier, Artémis était persuadé que ce dernier repousserait. Ce qui l’intéressait, c’était la durée que cela prendrait. Et d’où tirait-il sa force pour récupérer ? Observant d’un bref regard les alentours, on pouvait aisément comprendre d’où le Liechi pouvait potentiellement puiser son énergie presque illimitée : le labyrinthe dans son entièreté. Et ce qui surprit le plus le vagabond, au-delà des différents éléments retrouvés depuis le début de l’expédition, c’était notamment la capacité de ce Régent à s’en sortir. Deux possibilités : il était mort ou on ignorait tout de lui.

Et tout s’enchaîna ensuite. Trois hommes qui ne se connaissaient pas vraiment se synchronisèrent. Jeremiah concentra toutes ses attaques sur la jambe de l’ennemi commun, tandis que Ryker balança le sac rempli de poudre et attira toute l’attention sur lui. Artémis, lui, se changea en un magnifique et terrifiant loup blanc qui récupéra le sac entre ses crocs acérés. Le Change-Peau jugea plus judicieux de se déplacer dans sa forme bestiale pour atteindre un point aussi étroit. En plein déséquilibre avec un trou au niveau de la jambe, la cible était toute trouvée. Cependant, durant sa course, le canidé observa la régénération qui débutait son processus de guérison. Pas de temps à perdre. Il décida de faire confiance à ses partenaires et d’y aller franco, sans crainte de recevoir un coup.

Lorsqu’il estima être suffisamment proche, il pivota dans la direction opposée et fit un excellent lancer, avec sa nuque, le tout sans ne jamais s’arrêter. Prenant la tangente en passant sous les jambes du colosse, il utilisa son flair aiguisé pour suivre les traces du chien. D’autres odeurs lui parvinrent aussitôt. Le Change-Peau retrouva son apparence humaine et fit signe d’envoyer la sauce. Beau travail d'équipe.

« Flambez-moi cette saloperie et tirons-nous ! Avec mon odorat et celle de Max, on pourra probablement retrouver les autres. »

Penses-tu que mes sœurs vous laisseront faire ? Exceptés la mutante, peut-être Amir et toi, l’autre Portebrume, les autres périront.

Artémis ne souhaitait pas parier dessus et préféra ne pas répondre.



Résumé :


Dernière édition par Artémis De Goya le Dim 29 Oct - 15:34, édité 2 fois
Mar 24 Oct - 12:26
De sa griffe acérée elle a désigné la tour, mais son seul guide est désormais le dos large du belligérant, le seul à décider de la cadence du cortège. Son regard vermeil ausculte le corps qui repose contre la haie. Un garde du Régent, observe Amir. Elle ne voit qu’une carcasse malmenée, les récifs de son ossature pointant à travers la peau réduite en écume. Elle se voit mal accuser la Brume, pour le moment ; comme le malheureux pilote, ce soldat pourrait avoir été trahi par l’un des siens. À se demander si des sacrifices sont nécessaires pour un passage sans encombre.

Un pli soucieux se creuse sur son front lorsque leur chemin croise à nouveau le sinistre témoin. Ça n’avait rien de cohérent. à moins qu’ils aient juste pris le mauvais tournant… Elle n’est pas sûre. Ses pensées s’emmêlent dans cette purée de poix qui lui assèche la bouche.
Le cadavre vient à nouveau à leur rencontre. Ses plumes frémissent. Non, cette fois, ce n’est pas possible. Jessamy jette des œillades anxieuses autour d’elle. Devant elle, la corde tombe ; et elle manque de basculer à nouveau, tirée par l’autre extrémité. Appuyée sur sa canne, elle sent le poids soulagé par la main tranchante d’Amir. Sans se faire prier, elle déchire le nœud qui entrave ses reins à coups de griffes. Le labyrinthe lui murmure quelque chose, par la voix du vent sylvestre. L’attention happée par le murmure, les lambeaux de la corde encore entre les mains, Jessamy se fige face à l’alliance qui se noue sous ses yeux. Les murs s’entrelacent. Les murs se rapprochent.

« Le labyrinthe. Il bouge tout seul ! », glapit-elle.

Ses phalanges blanchissent alors qu’elle maintient sa prise sur le pommeau de sa canne. La cage de branches se referme. Pendant un instant, elle reste comme enracinée, la lèvre inférieure tremblante. Des murs. Encore des murs. Toujours plus hauts et toujours plus proches. Malgré ses couches de vêtements, la Brume refroidit le filet de sueur qui s’écoule entre ses omoplates. Ou peut-être est-ce sa propre terreur.

Un craquement du côté d’Amir déchiquette sa torpeur. La chair étendue de la Sentinelle se couvre d’une cuirasse d’écailles impressionnante. À côté de ses griffes, les siennes ressemblent à de faibles dagues. Elle ne peut s’empêcher de penser à la métamorphose colossale de Réno Callaghn, à la façon dont la Brume jouait avec lui. C’est sans hésitation qu’elle se jette à ses côtés pour l’imiter, écorchant la haie avec force. Mais les branchages sont plus épais que la viande, et il lui faut davantage d’énergie pour les faire tomber.

Elle est surprise par le trio de borborygmes, porté par trois gueules spectrales dégoulinantes d’ectoplasme. Un frisson de dégoût lui hérisse les plumes. Elle n’avait jamais rien vu de tel. Pas le temps de s’en inquiéter : ceux qui sont menacés ne devraient pas être en première ligne. La mutante jette sa canne près de la dépouille, puis s’adresse au médecin :

« Restez en arrière et aidez-le ! On s’en charge ! »

À sa grande surprise, la beauté froide qui suggérait de creuser des plaies dans le labyrinthe s’élance en premier. Elle-même se fait lame tranchante, éclair de rouge et de blanc : sa main plonge dans la chair gluante d’un incube, ses griffes épousant la tendreté macabre. La matière glacée et poisseuse gicle sur ses vêtements, sur sa peau, dans ses cheveux ; Jessamy n’en a cure. Elle a été créée pour cela. Seulement, les cupides Opaliens n’en profiteront pas.

L’étirement de ses muscles font naître dans le bas de son dos une douleur cuisante. Un grognement sombre fait vibrer ses cordes vocales, et ses traits se déforment de rage férale, alors que son regard flamboyant darde tour à tour ses proies.

Un hurlement strident, étouffé par la Brume, parvient à ses tympans. Ses babines se retroussent, dévoilant ses crocs luisants.
Prête à mordre.

Résumé:
Mer 25 Oct - 17:42

La tour des Ases

Event




A peine franchirent-ils les feuillages que la faible luminosité s'assombrit encore, obligeant le médecin à quelques secondes d'adaptation. La Brume semblait les jauger, palpant leurs vêtements, s'insinuant sous chaque interstice des couches de tissus. Une pickpocket qui apprenait à s'exercer. Pour leur voler quoi ? La vie ? Non, pas déjà, pas encore…

Lorsqu'ils passèrent devant le cadavre, ils prirent quelques instants, Amir observa, Lewën toucha. Pas besoin de prendre le pouls du malheureux. Non. À la demande de Ryker le médecin utilisa à nouveau son cristal pour comprendre ce qu'il s'était passé.

A peine eut-il touché la peau glacée rigidifiée que la douleur fusa dans tout le squelette de l'homme. Des milliers de doigts s'enfonçaient dans son corps, broyant tout ce qui se trouvait sur leur passage. Les muscles se déchiraient, les ligaments claquaient, les os craquaient … la douleur était atroce, l'air était chassé des poumons sans jamais y revenir. La bile remontait telle la lave d'un volcan en éruption …

Lewën ne put retenir un râle en lâchant prestement le mort. Un goût amer remontait le long de son oesophage qu'il réprima d'une grande inspiration. Il n'avait pas pu remonter plus loin dans le temps, la souffrance avait eu raison de sa détermination. Amir n'avait eu besoin que de son observation pour arriver aux mêmes conclusions que le blafard. Cet homme avait été broyé. La Nebula du médecin s'agita, était-ce à cause de ce qu'il venait de voir à travers la souffrance du mort ou à la discussion interne de leur guide avec son symbiote ?

- Je doute aussi que la Brume soit fautive, souffla l'Epistote, peinant à retrouver contenance. J'ai senti un étau de milliers de doigts rigides opérer sur chaque parcelle de son corps.

Ils ne tardèrent davantage, personne n'avait l'envie de finir comme le pauvre type. Le temps de se remettre de ses émotions Lewën observa les femmes devant lui. Le blond pâle de Nemeth jurait avec la terne ambiance brumeuse. Frêle dame, Lewën ne se fia pas à ce que son image renvoyait. Il se souvenait encore de son interrogatoire pour être envoyé ici et ne doutait pas un seul instant que chacun d'eux y avait sa place pour une raison ou une autre. Son regard se posa plus longuement sur la banchee mutante. Il n'osait pas imaginer les expériences qui avaient découlé de ce résultat final. De dos il ne percevait plus sa peau diaphane striée de veines azur. Seules quelques mèches de cheveux rappelaient l'albinisme de l'être, tranché par la couleur carmin de ses plumes jaillissant sur les flancs de ce crâne. Ce qui avait retenu son attention plus tôt étaient les griffes de l'être dont il appréciait à présent la présence. Il ne doutait pas de leur efficacité le moment venu. Les ailes en revanche …

La corde se tendit, rappelant Lewën à leur présent. Ils se retrouvèrent de nouveau devant le cadavre quitté une dizaine de minutes plus tôt. Cette fois, l'albâtre se concentra et resta attentif au trajet avant de se retrouver à nouveau devant le corps. Amir ne cacha pas son inquiétude ce qui ne fit qu'accroître la tension du groupe. D'autant plus lorsqu'ils s'aperçurent ne plus être au complet. Plus encore lorsqu'ils furent déstabilisés par quelque chose les happant dans les buissons. Ce n'est que grâce à un réflexe de leur mentor qu'ils purent retrouver l'équilibre, se débarrassant prestement du lien qui les unissait.

L'on pouvait penser que la tension était à son comble, c'était sans compter sur la haie qui se mis à s'avancer sur eux, implacable. Des milliers de doigts rigides … des branches !

La transformation d'Amir fut la première action, chacun comprit qu'il en allait de leur vie. Lewën ôta ses gants pour plonger ses mains dans les noueux branchages, sa Nebula en renfort pour aspirer l'essence vitale de la malédiction feuillue. Il se rétracta aussitôt qu'une sensation gluante colla ses doigts, laissant apparaître là d'effroyables ectoplasmes à la gueule affamée. Lewën recula vivement entraînant Nemeth avec lui. Attrapant d'un vif mouvement le coeur d'Exulo il le brandit en espérant repousser les incubes. Il fut surpris de constater leur absence de réaction, passant à son côté sans même le flairer. Malheureusement pour Nemeth qui se retrouvait comme proie unique. Une chance à saisir pour les prendre à revers. Oui, mais avec quelle arme ?

La redoutable Jessamy mit un terme bien rapide au choix qui se présentait, sommant le médecin de prêter main forte à Amir. Comme pour corroborer ses dires une masse explosa l'un des incubes. Il reconnut son homologue Epistote, Keshâ, étalé dans l'agglomérat visqueux. Laissant le combat aux plus expérimentés, Lewën se recula pour reprendre son entreprise initiale : vider la haie broyeuse de sa vitalité, aux côtés d'un Amir reptilien et féroce.

Résumé:
Jeu 26 Oct - 12:51



Assaut sur la tour hantée

Event



Une réponse évasive, produit d’un secret à ne pas éventer, de la méfiance ou de l’indifférence, Nemeth acquiesce pourtant doucement, comme honorée que le Patrouilleur ait daigné lui confier des bribes de son savoir. Elle quitte son côté sans plus exposer sa curiosité, rejoignant le convoi linéaire qui ne s'enfoncerait pas bien loin dans le labyrinthe s’il fallait en croire les cadavres un peu trop identiques qui formaient les seuls points de repères de leur piètre avancée.

Ils innocentent la brume, si aisément. La Malice est pourtant à l'œuvre où que se porte le regard de la pieuse demoiselle. Des milliers de doigts rigides ont compressé ce corps. Des milliers d’épines, celles-là même qui les entourent, formant les buissons épais et mortels qui constituent le labyrinthe. Les haies sont coupables, pour ce cadavre-ci. Des végétaux qui prennent vie pour en broyer d’autres, cela n’était-il pas, explicitement, le fait de la Brume ?

L’aramilanne garde sagement le silence, elle est là pour écouter et retranscrire, pourtant, son carnet reste dans sa sacoche et sa dague dans sa main. Elle dessinerait plus tard. Une sueur froide gagne son échine alors qu’ils croisent pour la troisième fois ce fichu cadavre. Elle se sent observée, épiée, une paranoïa grandissante qui affûte ses sens dans la mauvaise direction. Lorsqu’elle comprend que la Malice joue avec ses nerfs il est trop tard, le labyrinthe se referme sur eux, les isolant du reste du groupe et de la moitié de leurs forces vives. La corde est promptement tranchée et son coeur s’emballe, l’adrénaline fuse dans ses veines et un bref instant, elle oublie qu’elle est Nemeth.

~*~

zk6q.jpg  À un autre bout du labyrinthe, Aharon s’est tenu en retrait, préparant visiblement un carreau d'arbalète alors que ses compagnons prenaient les devants avec le Liechi. Il ne siffla pas mot de toute l’opération, jusqu’à ce que l’ordre fuse des lèvres d’Artémis. Son arbalète pointée vers le torse de l’être végétal, une voix caverneuse finissait par trahir son mutisme.

- Ecartez-vous.

L’avertissement était aussi bref que le temps laissé aux compagnons pour s’exécuter. Le carreau siffla, laissant à peine le temps aux plus alertes de discerner le petit pochon accroché à sa pointe. Si le feu avait un effet sur cette créature alors elle ferait l'expérience du supplice des flammes aramilannes. Quant à la dangerosité d’allumer un feu de joie au milieu d’un labyrinthe végétal… Aramila était un pays de dunes et de déserts, ce n’était peut-être pas sans raison ?

~*~

Un éclat argenté trace une courbe pure. Un arc de cercle qui scintille dans les yeux de la mutante comme un croissant de lune sur un océan carmin, chassant la brume dans un souffle précis, net, avant que des corolles verdâtres éclaboussent le sol. Des fils d’or pâle retombent docilement, soie discrète encadrant le visage paisible de la caravanière. Aux pieds de Jessamy, roule la tête du canidé ectoplasmique sur lequel elle s’acharnait.

- Ne perdons pas notre sang froid, dit la voix fluette et calme de Nemeth alors qu’elle bondit souplement sur le côté pour attirer l’attention du deuxième incube, c’est sans doute ce qu’attend la Brume.

D’un mouvement sec et précis du poignet, elle débarrasse le fil de son épée de la gelée verte qui l’imprégnait et attend, patiemment, un éclat alerte dans le regard, que le chien mort-vivant face le premier mouvement. Ses épaules basses, son pas léger, la jeune femme semble d’un calme olympien. Qu’importe si c’est là une trompeuse apparence de plus, tant qu’elle a l’effet escompté.

- Je couperai l’élan de sa prochaine attaque, profitez-en pour sectionner ses pattes arrières.

Une fois handicapé, il serait plus simple à achever. Aussi effrayantes puissent-elles être, ces créatures ne semblaient pas plus intelligentes que des chiens, redoutables si elles agissaient en meute, une fois isolées, leurs attaques semblaient bien plus prévisibles. Encore fallait-il qu’elles meurent bien une fois la tête séparée du reste..

Résumé:
Jeu 26 Oct - 19:58

Maître du Jeu

Max, Jerry, Aharon, Ryker, Artémis

Votre coordination a réussi à mettre le Liechi à terre. Non seulement cela, mais la bête gesticule à l'aveugle tandis que sa chaire est consumée par le feu qui l'embrase. Vous vous pensez peut-être sortis d'affaire... mais vous remarquez rapidement que, comme par magie, le feu s'éteint progressivement laissant des morceaux d'os, de plantes et de « chaire » calcinés en guise de membres autour de la carcasse centrale inerte.

Avez-vous réussi à vaincre le Liechi ? Non. Les plus alertes d'entre vous peuvent déjà discerner des mouvements presque imperceptibles : des tendons qui se résorbent, des plantes alentours qui viennent se lier avec les restes pour les rattacher ensemble. Et petit à petit la dépouille qui reprend vie. A moins de trouver ce qui anime le Boss des Jardins, il n'y a visiblement aucune chance de l'abattre définitivement.

Deux choix s'offrent à vous :
- Si vous décidez de rester le combattre, la mort vous attend au tournant. Car le Liechi sait à présent ce dont vous êtes capable et ne laissera aucune ouverture ;
- Si vous suivez Max, vous arriverez à retrouver la piste d'Amir dont l'odeur de dragon de commodo semble étrangement faire saliver votre limier...

Amir, Jess, Chaya, Lewen, Kesha

Tandis que Kesha est parvenu à lui seul à éliminer l'un des incubes en le heurtant à très grande vitesse, Jessamy a suffisamment meurtri un second avec ses griffes pour permettre à Chaya de lui porter le coup de grâce. En utilisant son Coeur d'Exulo, Lewen de son côté n'a pas servi à grand chose, mais est toutefois indemne si ce n'est qu'une odeur putride, insoutenable, l'enveloppe à présent. Il en sera ainsi jusqu'à la fin du RP, ce qui le rend littéralement invisible auprès de tous les monstres sauf des boss. Kesha et Jessamy, par la force des choses vous êtes tous les deux verts et gluants d'ectoplasme, mais c'est tout. Vous vous en êtes tous les deux sortis sans la moindre blessure en apparence.

Face à la détermination du groupe, le troisième incube vous a regardé à tour de rôle quelques secondes avant d'aviser la haie la plus proche pour y disparaître en troisième vitesse. Pendant ce temps, Amir lui n'a pas chômé et est parvenu à couper à travers champ, si l'on peut dire les choses ainsi, vous frayant un passage vers la suite du labyrinthe. Même s'il serait sage de patienter sur place pour attendre le reste du groupe, Amir ne l'entend pas de ce nom, convaincu qu'il faut continuer à avancer.

« - Si un Liechi est ici, nous ferions mieux de poursuivre dans l'intérêt de la mission. S'ils s'en sont sortis, ils nous rattraperont en chemin. »

Vous vous rendez compte que votre commandant n'est pas du genre à pleurer les morts. Toutefois c'est aussi pour cela que vous avez signé. Libre à vous de le suivre ou de chercher vos compagnons, mais il ne reviendra pas vous chercher s'il vous arrive quoi que ce soit.
HRP:
Dim 29 Oct - 15:30

La tour des Ases

Event




Des effets certes intéressants, mais ils étaient encore loin du compte. Si une partie de cette chose avait bien flambé, elle récupéra assez rapidement. Une attaque pourtant si bien coordonnée et qui n’a eu pour résultat qu’une petite brûlure rapidement cicatrisée. Rien d’étonnant venant du mythique Liechi. Si la déception pouvait se lire sur certains visages, tous ceux connaissant la légende de cette monstruosité pouvait s’estimer heureux de s’en sortir en un seul morceau. Rencontrer un Liechi était souvent synonyme d’une morte certaine. La reconstitution de ses tendons furent impressionnants de rapidité. Le danger était imminent. Il fallait maintenant prendre la fuite.

Décidé à s’enfuir, des murmures vinrent embrumer la tête du Portebrume. La Brume communiquait avec lui. Rieuse, comme toujours, elle l’informa de la présence, au centre du labyrinthe, d’une source d’énergie. Une incroyable source d’énergie. Naturellement, cette source d’énergie alimentait quelque chose. Un dernier regard en direction du Liechi qui récupérait provoqua un sourire du côté du vagabond. En d’autres termes, dans un combat régulier, il était quasiment impossible d’en venir à bout. Dans d’autres circonstances, il aurait été judicieux d’aller à la recherche de ce cœur pendant que d’autres prenaient le risque de contenir le démon mythologique.

« Ne restons pas ici. Faites-moi confiance, nous ne pourrons rien faire de plus. Max a pris de l’avance, mais je peux encore le suivre à la trace. Allons-y. », lança Artémis en se tournant maintenant en direction de la Tour. »

A la tête du cortège, le vagabond pistait le chien de Jeremiah qui, étonnamment, se déplaçait remarquablement bien dans la Brume. Ce n’était pas un clébard ordinaire. Le groupe d’Amir continue d’avancer, signala Œil-De-Nuit qui suivait le groupe à l’odorat, notamment Jessamy qu’il connaissait déjà. Si l’on pouvait trouver cela dégueulasse, Artémis ne pouvait que comprendre cette décision. Si Amir n’était pas réputé pour être le commandant le plus sentimental de l’histoire, son choix était de loin le plus judicieux. Tous les participants à cette expédition s’étaient engagés en sachant pertinemment qu’ils pourraient périr à tout moment. La réussite de cette mission étant la priorité, on se moquait de savoir si tous les aventuriers y parviendraient ou non.

La tour d’Yfe se rapprochait. Rapidement, le cortège se retrouva en-dehors de ce maudit labyrinthe. Une grande terrasse, aux pieds de la tour, donnait une véritable bouffée d’air malgré le niveau de délabrement. Autrefois, ce lieu devait d’une éclatante splendeur mais n’était plus que l’ombre d’elle-même à présent. Amir et tout le reste de la bande se trouvait également sur place. Jessamy, qu’il connaissait, et probablement celle en qui il avait le plus confiance, semblait bien se porter. Un regard vers l’arrière pour vérifier que le Liechi avait renoncé à les poursuivre. Tout le monde était là. Pour l’instant du moins.

Le Portebrume leva la tête. La tour était si grande qu’on ne pouvait en voir le sommet de sa position. Si le Régent était encore de ce monde, il se trouvait forcément à l’intérieur. Mais la Brume s’amusait de ces réflexions et l’invitait à entrer sans tarder. Ne résiste pas, mon petit Artémis. Ecoute nos sœurs t’appeler. Laisse-toi guider, insista sa Nebula en son intérieur. Par expérience, le vagabond savait que sa Nebula s’impatientait et s’excitait au cœur de la Brume. Elle le poussait souvent vers des dangers mortels. Comme pour confirmer un doute, il avait maintenant la ferme certitude que les galères ne faisaient que commencer.



Résumé :


Dernière édition par Artémis De Goya le Dim 29 Oct - 17:09, édité 1 fois
Dim 29 Oct - 17:01



Assaut sur la tour hantée

La tour des Ases


La vision du buisson d’épines se brouille sous ses yeux ; même la brume n’est pas aussi nébuleuse. Un halo s’imprime sur sa rétine. Son corps amorce un vif mouvement de recul en voyant l’atrocité prendre forme dans son réseau neuronal par ricochet. Cornu, faite de roches et de racines, la figure du Liechi s’impose et semble le regarder nez-à-nez.

Il se ressaisit, juste le temps de s’écrier mentalement « Eurêka ! ». Il ignorait qu’il était seulement possible de communiquer autre chose que des mots par télépathie et se sentirait quelque peu honteux - s’ils n’étaient pas attaqués - qu’une personne sans pouvoirs mentaux tienne la dragée haute dans ce domaine où il est supposé se distinguer… Saurait-il le refaire par mimétisme ?

S’ils survivent jusque-là, peut-être trouvera-t-il l’audace de demander ce Jeremiah d’Opale des astuces. Pour l’heure, il déporte sa jambe avant vers l’intérieur et pivote en tournoyant pour abattre son sabre sur le poitrail de la créature ectoplasmique, qui éclate littéralement sous sa lame sifflante en gelée nauséabonde. Keshâ a le réflexe de refermer les yeux, la bouche et, d’une manière ou d’une autre, les narines. Mais il semble recouvert d’une substance épaisse et verdâtre. L’odeur met du temps à lui parvenir.

Il reste hébété une seconde, alors que Jessamy achève une des créatures mystiques et que Nemeth surprend autant que lui en estropiant le dernier des trois monstres, qui fuit en boitillant. D’un coup de sabre vers le sol, il débarrasse la lame des restes de l’incube et frotte grossièrement son visage de l’intérieur de son avant-bras, resté par miracle indemne de souillure.

En état de choc, et toujours sous l’adrénaline de la potion, il ne pense pas encore sa propreté, mais seulement à respirer, au moment où le hurlement suraigu du Liechi leur perce les tympans de loin. Son cri résonne à travers tout le labyrinthe. On entend comme un vol de corneilles fuyardes ébranler les feuillages et percer le ciel en un tourbillon grégaire. Quoiqu’aient fait les autres, cela va certainement mal tourner s’ils ne s’échappent pas rapidement.

C’est un cauchemar vivant qui les encercle et les fait valser. Les mots oppressés du docteur touchant le cadavre se répercutent en fragments dans sa mémoire « un étau de milliers de doigts rigides… ». Et son expression de frayeur. Il ressent lui aussi le vertige de cet étau sur son esprit qui tourne de plus en plus vite avec sa célérité tandis que sa lame se joint à Amir pour venir tailler le plus possible de cette haie maléfique avant que l’effet de la potion ne s’estompe.

Il n’arrive plus à réfléchir. Lui qui ne se pensait pas capable de porter un coup létal à une créature vivante. Il vient de prendre une vie salement et ne s’est même pas arrêté pour y penser alors qu’il plonge dans l’horreur à nouveau. Les copeaux volent comme une tempête autour de son visage alors que son sabre s’abat aux côtés des griffes de Jessamy et Amir.  Ils forment une broyeuse dont les rejets lui éraflent parfois le cou.

Il sait que ce n’est pas vrai. Il a déjà tué, sur le Zeppelin pirate. Comment oublier. Oui, mais c’était par accident. Il a l’impression de sentir un mouvement vif au-dessus de lui, quelqu’un penché sur son épaule, ou peut-être dans son esprit à la dérive, quelque chose qui prend trop de place et qui s’esclaffe… Ses forces l’abandonnent alors que tout reliquât de célérité s’évanouit.

« - Si un Liechi est ici, nous ferions mieux de poursuivre dans l'intérêt de la mission. S'ils s'en sont sortis, ils nous rattraperont en chemin. »
-« Très bien, commandant. »

Si son visage semble déterminé, il est avant tout absence d’expression et de personnalité. En repli complet face aux multiples chocs qui viennent de lui tomber dessus et que son cerveau refuse catégoriquement de considérer pour le moment.

Ce n’est même pas par lâcheté que Keshâ emboîte le pas d’Amir sans s’ouvrir à tout l’empathie. La pensée sombre qu'il aurait pu se trouver parmi ceux qu’Amir laisse en arrière ne l'effleure même pas. Le bourdonnement qui occupe son esprit ne laisse d’espace qu’à l’action.

Il adresse cependant un avertissement mental au second groupe en essayant de concentrer ses efforts sur Jeremiah qui avait l’air d’être plus en mesure de canaliser ses transmissions en dépit des perturbations :

~° Jeremiah. Regroupement ! Avertissez le reste de l’unité. Amir amorce le repli stratégique vers la tour. Nous avançons. Rejoignez-nous au plus vite. Le Liechi ne peut être arrêté si facilement. °~

Bien évidemment, les autres ne savent pas forcément dans quelle direction aller. Il espère qu’ils en trouveront la ressource, sinon, ils sont fichus.

Ses pas le conduisent vers la brusque ouverture des cloisons végétales, sur un escalier aux marches éclatées par d’épaisses racines et parsemées de gravats. Il se hisse avec Amir et les premiers suivants de l’expédition sur une large esplanade. L’énigmatique tour d’Yfe les toise de ses hauteurs menaçantes, comme un monde inaccessible qui pourrait à tout moment jeter son effroi sur eux, misérables intrus ayant la prétention de foulée son parvis millénaire. Sa blancheur immaculée tranche sur le fond de ténèbres bleu sombre.

Un poids semble disparaître de ses épaules. Le simple fait d’échapper à la claustrophobie du labyrinthe et de ses lianes menaçantes l’aide à respirer ; Keshâ chancelle contre le muret surplombant le jardin des plantes. La tête lui tourne. C’est seulement alors qu’il sent l’épuisement, la panique, la violence, la saleté et le froid le cueillir. Il s’autorise quelques lampées d’eau et une ration de survie. Agenouillé, il tente de se laver le visage, les mains et les cheveux dans la neige et sursaute quand de nouvelles silhouettes percent la densité de la brume au pieds de l’escalier. Ce sont d’autres équipiers. Le soulagement est grand, car, si cela avait été des monstres, il n’aurait pas eu la force de courir dans l’immédiat.

Il prie fort pour que chacun des égarés soit assez sage pour les rejoindre au plus vite tant qu'il est encore temps.

Il garde une partie de ses prières pour lui, ne sachant pas combien de temps il aura la force de continuer avant de sombrer dans la démence. La tour d'Yfe et son labyrinthe semblent tisser une toile invisible autour de leurs esprits et prendre le temps d'observer avant de resserrer leurs fils autour de leurs consciences.

Récap :
Mar 31 Oct - 11:50
La créature vacilla sous les coups de ses camarades et Ryker fut soulagé une fraction de seconde, jusqu’à ce que les flammes ne se mettent à diminuer et les branches à frétiller. Alors que la créature était encore en train de dodeliner et que ses compagnons restaient effarés, le Patrouilleur se posa une question sur la nature de ses pouvoirs. Il avança d’un pas et toucha la jambe sectionnée de la créature, laissa Lestat déplier son pouvoir dans sa main et inonder le fragment qu’il venait de toucher. Il replia ses doigts après ce contact contre nature et le cri d’Artémis le tira de sa rêverie. Pouvait-il altérer les créatures issues de la Brume ? Il n’en savait rien. Son pouvoir s’était toujours manifesté dans les moments les plus inopportuns. Mais avec le cadeau de Réno, il ne savait plus quelles étaient les limites accordées à sa Nebula. Cette dernière ricana : cette corne l’avait aussi renforcée …

- Allons-y, en espérant que ce délai nous permette de survivre.
grimaça Ryker en esquivant une sorte de liane qui se tendait vers le Liechi pour le recomposer.

Il se baissa pendant que le groupe se mit en marche. Il laissa ses doigts glisser sur un fragment de bois, ainsi sur ce qu’il restait d’un bout de de sa corde encore assez long. Il serra les dents, secoua la tête. C’était une mauvaise idée. Il s’empara des deux éléments puis se mit à courir derrière ses camarades. Ces enfoirés avaient directement coupé sa précieuse corde, sans penser à faire des nœuds faciles à défaire en cas d’urgence. Bon, il leur avait dit de prendre une dague, il était à moitié fautif. Le Patrouilleur fit passer ses camarades devant lui afin de les couvrir puis entreprit de suivre la petite troupe qui se fiait au mufle du loup solitaire. Max semblait avoir trouvé une voie, ce chien semblait après tout doué pour quelque chose, mis à part leur ficher une peur bleue.

- Dès que cette bête sera sur pieds, elle nous pourchassera. J’ai peur que la Tour ne suffise pas à l’arrêter si nous l’avons énervée … murmura-t-il, à mesure qu’ils couraient dans le dédale.

Le Patrouilleur ne parvint pas à mesurer mentalement le chemin qu’ils prenaient, tant ils tournaient de gauche et de droite en courant. Une fuite un peu pathétique, mais nécessaire face à cette créature qui avait occis tant de guerriers reconnus – elle ou autre chose, certes, mais son compte de morts était plutôt haut à Dainsbourg. Les chances de survie s’amenuisaient. Rencontrer le Liechi était une chose, mais cette chose était aussi un signe de très mauvais augure. Il avait eu le nez creux en suggérant le feu. Il fallait à présent espérer que cette créature ne lui en tienne pas rigueur directement mais plutôt envers Aharon. Ryker ne demandait qu’à évoluer en harmonie dans la Brume afin de mieux la combattre. Se la mettre à dos était la pire idée qui soit. A l’occasion, il demanderait bien à Amir comment il avait fait pour que celle-ci l’accueille avec autant d’affection. En émettant le postulat que celui-ci daigne lui parler avec plus d’une onomatopée.

Penser à la suite donnait un semblant d’espoir à Ryker, comme si les événements allaient les épargner. Fuir vers l’avant pour éviter l’inévitable. Pourtant, ils finirent par se rapprocher de la tour petit à petit, puis émerger dans une zone où la Brume était un peu moins épaisse, comme s’ils s’éloignaient d’une force écrasante. Le cliquetis guttural du Liechi perça le silence et fit frissonner leur petit groupe alors qu’ils débouchaient sur une esplanade un peu large, bordée de haies moins oppressantes. L’autre moitié de leur groupe se trouvait là, les ayant à peine devancés. Ils étaient essoufflés et le jeune éphèbe était maculé d’un fluide étrange. Les autres avaient des brindilles un peu partout, avaient-ils batifolé dans les fourrés ? Ryker s’amusa de cette pensée, ne sachant que trop bien ce qu’ils avaient dû traverser. Max tournait autour d’Amir qui reprenait peu à peu silhouette avenante. Ses pupilles furent les dernières à changer, et dardèrent sur eux un regard à la fois satisfait et surpris. Il ne pipa mot. Il avait continué sa mission, il n’en éprouverait aucun remords. Tous auraient agi ainsi dans cette situation : c’était ce pourquoi ils avaient signé, non ?

- Ravi de voir que vous vous en êtes sorti les amis. Je crois qu’on a un petit problème qui ne va pas tarder à se rappliquer … leur fit-il tout en adressant un salut de la main un peu bancal. En tout cas, ton chien a un sacré flair, Jeremiah. Merci.

Leur moitié de groupe devait avoir l’air tout aussi fraîche, rougeauds d’avoir couru et des éclats de bois un peu partout lorsque Jeremiah avait plombé le Liechi. Les flammes avaient dû en roussir quelques-uns, mais il n’y avait pas plus de mal. De nouveau le cri de la créature mythique retentit dans le Labyrinthe, une sorte de feulement rauque qui vit vibrer la Brume de nouveau. La Nebula du Patrouilleur en frémit d’excitation. Elle se délectait de la colère du monstre et de ce qui attendrait ce petit groupe s’il parvenait à mettre sa patte griffue dessus. Mais plus encore, elle était attirée par ce qui se tramait devant eux. Ryker sentit ses pieds avancer malgré lui, ses pas le menant vers la porte de la tour. Ses armes toujours dégainées, il vint se placer à hauteur d’Artémis, il perçut chez lui un trouble similaire. Il n’était plus très utile de garder façade, la mort les guettait au tournant. Il ne révèlerait pas ses pouvoirs, certes, mais ne tairait pas ses doutes. Affronter un Liechi, faire preuve d’une telle coordination … Ce groupe était tout ce qui les séparait de la mort. Oh, certes, il se méfiait de la majorité d’entre eux et les consignes du maître de la Guilde résonnaient en lui. Mais cela viendrait après. Pour l’heure, chacun révélait peu à peu les cartes en sa possession. Lui observait les lieux avec grande attention, cherchait la trace de pièges ou la moindre goutte d’hémoglobine trahissant le destin funeste de leurs prédécesseurs en ces lieux. La moindre trace de pas était une information cruciale. Il se tourna vers Artémis.

- Tu le sens toi aussi, n’est-ce pas ? Il y a … quelque chose de dangereux plus loin. Plus encore que le Liechi. Qu’est-ce que le Régent est allé foutre là-bas … grommela Ryker avant de toucher la Porte du bout de son épée. Amir. C’est lié à ce que vous avez découvert à Dainsbourg, n’est-ce pas ? Cette tour ressemble beaucoup trop à une prison pour moi … Je … perçois un grand danger. En savez-vous plus ? J’ai un mauvais pressentiment.

Le Patrouilleur rengaina sa dague puis posa sa main sur la porte ouvragée, leva la tête vers l’immense tour et son sommet censé briller de mille feux. Les barreaux, l’architecture gothique de cet édifice. Il fallait s’enfuir avant que le Liechi ne parvienne jusqu’à eux. Si ce qu’ils venaient de vivre n’était que le comité d’accueil, la suite le faisait frémir d’avance. Sa Nebula ricana. Pris au piège, il n’avait pas d’autre choix que de suivre son envie folle d’affronter la Tour. Un mélange de peur et d’excitation commença à faire tambouriner son cœur. Un signe de tête du caravanier et il ouvrait ce foutu édifice. Bon sang, Régent, qu’étiez-vous aller faire là ? Et, surtout, comment un vieux croulant pouvait espérer survivre ici ? Un mort dans le cockpit, un mort dans le labyrinthe et aucune entrée sur le journal.

- Artémis, sens-tu la piste des hommes du Régent ? Peut-être pouvons nous estimer combien étaient-ils … et s’ils transportaient quelque chose ou quelqu’un. fit-il en se tournant et essayant d’inspecter les traces dans la poussière.

Les zoanthropes avaient peut-être leur flair pour les aider, mais lui avait son expérience, du moins il espérait que cela suffise. Combien étaient passés par-là ? Pourquoi avaient-ils refermé la porte derrière eux ? Toute trace sur le sol était importante. Déjà, à savoir si cette porte s’ouvrait en tirant ou en poussant afin de ne pas avoir l’air d’un parfait imbécile lorsqu’Amir donnerait, et il le donnerait assurément, l’ordre d’entrer se mettre à l’abri dans la Tour. Ce serait comme tomber de Charybde en Liechi … quoi qu’il faudrait veiller à remettre à jour cette expression. Les carreaux de la tour étaient épais et poussiéreux mais il ne pouvait s'empêcher d'avoir le sentiment d'y voir des formes se manifester derrière eux. Des ombres les observaient et se mouvaient : prisonnières de la Tour ? Les âmes des pauvres imprudents qui avaient tenté d'explorer la Tour d'Yfe et ses secrets ? Alors à eux de faire en sorte de ne pas les rejoindre ...


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