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[Requête] Coeur d'Uhr

[Requête] Coeur d'Uhr - Page 2 Brandw10
Mer 22 Mai - 12:10

Cœur d'Urh

L'inconscient mouton noir en compagnie d'Artémis, Seraphah, Duscisio, Ryker et Ellendrine

La nuit, dans le camp de fortune, avant l'apparition de l'aéronef, un homme était venu à sa rencontre. Un proche de Séraphah, propriétaire d'un Félistaak bien dressé, qui avait eu un peu de mal à trouver le sommeil du fait des enquiquinants moustiques. Un aramilan plutôt sympathique avec qui elle avait échangé quelques mots. Nostell en avait profité pour faire dévier la conversation sur son curieux animal de compagnie, au sujet de ses habitudes notamment, de son régiment alimentaire et de tout un tas de petites choses qui méritaient d'être communiquées. La conversation n'avait pas duré plus de dix minutes, certes, mais la strigoi en était ressortie plus instruite vis-à-vis de cette créature qui la fascinait, et de son maître qui vivait depuis plus longtemps qu'elle en terre aride.
La veille, le pauvre Maëlstrom, bien qu'il n'ait sans doute pas regretté son approche, s'était réveillé avec une tête de déterré. Preuve comme quoi il existait en Urh des suceurs de sang beaucoup plus cléments que ces maudits insectes...


Le jour levé, tous semblaient partager les doutes de la mercenaire vis-à-vis de l'Agent Exerus. Venant d'Artémis, Nostell ne trouvait pas cela étonnant ; elle le savait méfiant - souvent à juste titre. Mais le plus important relevait de ce que lui avait révélé son employeuse : il serait proprement insensé d'accorder confiance à un Tartare, un agent par définition soumis aux lois du Magistère.
Ce qui signifie que cette collaboration n'est justifiée que par l'idée que nos intérêts sont plus ou moins les mêmes.
Nostell hocha sombrement la tête.
"Plus ou moins". La bât blessait à cet endroit-là. Cette zone sombre susceptible d'abriter un danger en territoire suffisamment hospitalier tel qu'il était.
Séraphah jouait très bien les entremetteurs. Ce fut lui qui prit la décision du groupe en acceptant de faire un crochet, si c'était chose vraiment possible, vers le campement opalien. Sa prise de parole permit en outre d'apaiser les tensions qui régnaient dans l'équipe, la plus importante étant celle de l'élémentaire végétal qui, comme de juste, n'appréciait pas du tout l'idée que quiconque prenne possession d'un arbre aussi gigantesque qu'unique en son genre.
Une opinion manquant quelque peu de finesse mais qui, de toute évidence, brûlait d'une froide envie de sortir.
Ne ressentant guère le besoin de surenchérir, la strigoi suivit le mouvement, toujours en queue de file, légèrement en retrait par rapport aux autres. En bonne pionnière, Lady Brightwidge se réjouissait d'avoir l'opportunité de se rapprocher des cénotaphes et des mystères qu'ils renfermaient. Elle avait été la seule à s'exprimer dans l'instant, ce qui, après un blanc sonore, laissa largement à Nostell le temps de rebondir dessus :

- Votre curiosité pourrait bien virer contagieuse.

Quand bien même s'en méfiait-elle, la mercenaire ne répugnait pas le danger ; elle gagnait sa vie de cette manière-là et avait appris à s'en contenter. Pour une ex-assassine, c'était un grand pas en avant, loin des morts à la pelle et des effusions de sang justifiés uniquement par le gain et l'avarice.
A sa manière, elle vit bien qu'Ellendrine gérait la troupe. L'archéologue calait sa marche en fonction de ce qu'elle avait à souffler à chacun de ses équipiers. Artémis, Farouk et sa chère mercenaire eurent droit à leurs consignes : en cas de pépin, user de leur environnement pour aller aux renseignements.
Nostell approuva d'une secousse de la tête. Point de mot en ce cas : les autres n'ayant point besoin d'être mis au courant.
Durant cette même marche, Duscisio, en parfait défenseur du corps expéditionnaire, s'était lancé dans la distribution de roses blanches. Une pour chaque tête. Ce qui voulait dire dans le langage de l'élémentaire...
Plus de corde à tenir. Une sécurité plus légère à l'image d'une alarme qu'il est le seul à pouvoir entendre.
La strigoi trouvait cette initiative beaucoup plus maligne que la précédente. Aussi, si Nostell constata une certaine méfiance vis-à-vis d'elle chez le donneur mutique, elle n'en fit rien, se contentant simplement d'accrocher la fleur à son vêtement avant de remuer la tête en un geste de remerciement parfaitement silencieux.
C'est à la suite de cet intermède que la vigilante mercenaire s'aperçut de l'absence d'un des membres de l'expédition. Un scientifique, qui s'était volatilisé alors qu'ils étaient sur le point de rejoindre le campement. Attiré par une présence qui ne pouvait pas lui vouloir du bien, Edmond Bartès en avait profité pour s'écarter du groupe à pas feutrés.
Nostell finit par le repérer à une distance déjà plus qu'honorable de leur position.

- Il manque quelqu'un à l'appel, déclara-t-elle en réajustant ses lunettes polarisantes.

L'homme de science était même parvenu à passer outre le périmètre de sécurité de Duscisio. Gardien sylvestre qui, soudainement, dénonça bruyamment la présence du monstre appelé "Nagora".
Tout n'était pas encore dit.

- Gardez vos lunettes sur le nez. Je vais assurer le retour de la victime.

Epaulé par la végétation, Duscisio était déjà sur le coup. Une aide de plus ne pouvait néanmoins pas lui faire de mal. Dague au poing, Nostell s'était enveloppée dans sa cape d'invisibilité en vue de rejoindre le spécialiste de la flore. En cas d'attaque en traître pendant qu'il opérait "manu militari", la mercenaire s'apprêtait à intervenir dans la seconde.


Résumé:
Ven 24 Mai - 23:49

Maître de Jeu


L’agent opina du chef face aux diverses réactions des membres de l’expédition. Son masque ne trahissait aucune émotion et il se contentait d’une stature protocolaire. Il observa avec mutisme les mécontentements et diverses remarques. A vrai dire, toutes les questions revenaient à la même chose. Une menace à peine voilée et un timide sous-entendu qu’ils avaient intérêt à être dans le même camp. Depuis quand le Magistère oeuvrait-il contre ses propres intérêts ? Le Tartare n’était visiblement pas là pour leur donner un change philosophique sur la position de sa nation dans le conflit, mais les sévices récemment infligés à Opale en témoignaient bien assez.

- Merci de votre coopération. Je suis satisfait que nous ayons pu trouver un terrain d’entente profitable à nous tous. Comme vous l’avez souligné : nous visons tous à secourir Opale. conclut-il avant d’indiquer le chemin d’un geste du bras.

Il prit la tête du groupe, avança d’un pas preste et assuré. Il paraissait glisser sur la surface du sol, ses enjambées ne faisaient pas le moindre bruit. Il laissa l’élémentaire le toiser et ne répondit pas. Sa remarque n’était-elle pas une évidence ? Puis la petite troupe se mit en route jusqu’à ce qu’un alerte au Nagora ne soit hurlée. L’agent Exerus poussa un soupir et observa la cohue se mettre en place. Branle-bas de combat de la troupe hétéroclite.

L’agent frôla son masque puis porta la main à son arc. Il observa la course de Nostell qui parut disparaître au regard des autres en revêtant une étrange cape. L’élémentaire s’agita et commença à faire pleuvoir des ronces. Le Tartare fit glisser une flèche hors de son carquois puis parut changer d’avis. Il la laissa retomber.

- Dépêchez-vous de le récupérer et d’avancer. Les Nagoras risquent de nous poursuivre après cela, nous avons dérangé leur territoire. Accélérez le mouvement, surveillez les moins aguerris de votre groupe. Il reste encore du chemin jusqu’au camp et il n’y aura de sécurité que là-bas. lâcha-t-il d’une voix sèche et qui ne souffrait pas de réelle répartie.

Il attendit tout de même que l’étourdi fut saucissonné puis indiqua au premier à le suivre la direction. Il commença à trottiner et, avec une aisance déconcertante, entama de faire lui-même la reconnaissance sur la route à venir. Plusieurs fois, ceux du peloton de tête purent le voir s’éloigner et revenir, comme s’il cherchait à prévenir les maux que le groupe pourraient rencontrer sur la route. Bien entendu, cela n’engageait pas un voyage sans encombre, mais l’agent semblait se border à n’intervenir qu’en cas de danger avéré … ou que l’expédition ne fut pas en mesure de gérer par elle-même. Vu les membres de ce convoi, c’était peu probable.

Quoi qu’il en fût, il ne fallut pas plus de deux heures avant que l’agent ne revienne à eux et ne se fige, un poing en l’air. Le signal international de l’arrêt. Son rythme avait dû mettre à mal le groupe mais pas un souffle n’émergea de son masque lorsqu’il proféra d’une voix posée une nouvelle rassurante.

- Nous sommes sur la bonne voie. Nous approchons la première couronne de Cénotaphes. Cela reste encore une longue route pour votre destination, mais le camp du Magistère vous permettra de vous reposer.

Le Tartare laissa un petit silence s’écouler, puis fit volte-face. Il inspecta les environs de son masque impavide. De nouveau il posa la main sur son arc puis se ravisa. Plus ils s’enfonçaient, plus les dangers devenaient mortels. Et ils n’étaient qu’au début de leur périple.

- Dépêchons-nous. Toute cette agitation a, en effet, attiré une faune hostile.

Perçant l’orée des bois, le groupe déboucha dans une clairière. Le vent chaud les cueillit aux premiers pas et leur apporta les effluves piquants de la forêt ainsi que le vrombissement des milliers d’insectes occupés à butiner un tapis multicolore de fleurs. Le spectacle était magnifique mais la sente qui longeait les arbres ne trompait pas : rien n’osait déranger ce parterre. Plus au nord, on devinait le ballon dégonflé du dirigeable du Magistère qui émergeait à peine des arbres. Mais l’agent Exerus pointa du doigt un reflet de l’autre côté de la trouée fleurie lorsque le fracas d’une explosion retentit dans cette direction. Il fit signe au groupe de le suivre par le sud sans donner la moindre explication. Il activa la paire de nascents disposée sur ses bottes et commença à prendre de larges enjambées.

Il ne fallut pas très longtemps pour qu’ils arrivent face à ce qui ressemblait à un avant-poste opalien. Des pylônes frappés de Nascents de barrière énergétique fermaient l’entrée du camp qui s’étalait au sein des bois. Exerus toucha cette dernière du bout des doigts. Une défense très coûteuse. Le Tartare soupira et appela. Au bout de quelques secondes, un Tartare en armure verte et dorée se présenta. Il salua Exerus puis mit fin au champ énergétique pour les laisser passer.

- Agent Exerus.
- Agents Ceros.


Les aventuriers purent alors découvrir que des palissades avaient été construites tout le long de ce camp de fortune qui s’étalait tout droit jusqu’à entourer une curieuse stèle de plusieurs mètres de haut. Abîmée par le temps, on la devinait à peine depuis l’entrée mais à en juger par les tentes déployées autour arborant l’or et le rouge du Magistère, ainsi que les ustensiles déployés autour qui ronronnaient aux piles de Myste, il était important. Des tentes de fortunes avaient été déployées tout le long de la palissade et le Magistère semblait s’être organisé autour de la structure qu’ils étaient en train d’étudier. Il devait y avoir une bonne dizaine de personnes dans ce camp mais mis à part Ceros et Exerus, pas d’autres Tartares en vue. Ce dernier fit signe aux explorateurs de le suivre.

- Prenez vos aises, déposez votre fardeau. Je vais vous faire mander ma responsable. Elle pourra répondre à vos nombreuses questions si elle le souhaite. Suite à quoi, je me plierai à ses ordres.

L’endroit semblait protégé et il y régnait une sorte de tension palpable. Vous n’étiez pas les seuls sur qui la forêt pesait. Les scientifiques du Magistère se retournèrent pour vous contempler. Des hommes et femmes fatigués, usés, mais dont votre vue sembla raviver un peu d’espoir. Ils chuchotèrent sur votre passage comme s’ils n’en croyaient pas leurs yeux. Exerus avait réussi sa mission. Comme toujours.
Dim 26 Mai - 18:42
L’avis semblait se plier à suivre le Tartare mais avec un brin de méfiance bien placée. Il acquiesça avec les propos d’Ellendrine même s’il avait une aversion toute particulière pour Opale et sa façon de traiter la Brume. Il y avait quelque chose qui lui était désagréable au regard et au contact de ces Nascents. Quelque chose qui ne cessait de s’intensifier à mesure qu’il marchait à proximité d’Exerus. A partir du moment où ils étaient dans le territoire d’Opale, cet endroit n’était pas vierge de danger. A vrai dire, c’était plutôt un manque de foi envers l’humanité dans son ensemble qui lui donnait ce sentiment. Depuis qu’il avait découvert ce que l’Eglise avait fait à Demephor.

- Merci.
répondit-il à l’attention de Duscisio lorsque ce dernier lui offrit une fleur.

Il ne fallait pas être devin pour comprendre qu’il y avait là un autre dessein que de décorer Ryker avec ses belles lunettes roses. Il la boutonna à sa poitrine et continua de surveiller le Tartare. Opale n’avait pas d’intérêt à leur nuire, c’était vrai. Opale avait toute latitude pour les aider, c’était vrai aussi.

- Méfiez-vous tout de même des Cénotaphes, Ellendrine. Je n’ai jamais entendu du bon sur l’état mental de ceux qui s’en sont approché trop près … murmura Ryker au gré des échanges, lorsqu’un cri à l’arrière de la troupe les alerta.

Cela faisait un petit moment qu’il avait arrêté d’user de ses cristaux pour se préserver en vue d’une échauffourée avec le Magistère. Pas paranoïaque du tout, le Patrouilleur s’était focalisé sur l’avant du groupe. Ainsi, il sursauta lorsqu’il se retourna et vit Duscisio se ruer dans les broussailles en hurlant le nom fatidique du Nagora. Le Patrouilleur jura mais se retint d’avancer lorsqu’il aperçut Nostell s’élancer à sa suite. Mieux valait rester sur ses gardes ici. Au cas où … quelque chose d’autre se passe. Les deux parvinrent à ramener sans trop d’affres le scientifique qui avait laissé tomber sa paire de lunettes. Après une bonne paire, de claques, ses esprits lui revinrent bien que passablement chamboulé. On lui remit les lunettes sur le nez en espérant que les séquelles ne seraient pas trop … durables. Les scientifiques étaient le cœur de l’expédition : ils étaient là pour répondre aux questions sur les racines de l’Arbre-Dieu. Leur disparition viendrait mettre fin à tout espoir.

- Collez-les, on peut pas se permettre d’en perdre un seul. chuchota Ryker à l’un des gardes censés escorter le groupe. Vous ou moi, c’est notre seul rôle : s’assurer qu’ils arrivent en vie à destination.

Il s’assura que les soldats eussent compris ce qu’il entendait par là. Ils opinèrent du chef, bien qu’encore chamboulés par la mort de leur camarade. Ryker en profita pour vérifier la présence de ses cristaux. On s’assura que le pauvre Edmond ne cède pas à nouveau en l’attachant puis la marche repris. Le Tartare semblait avoir quelques informations sur les lieux : après-tout il avait dû faire le chemin inverse pour les retrouver … mais les branches s’agitaient autour d’eux et il avait raison. Ces créatures étaient territoriales. Le Patrouilleur soupira. L’expédition reprenait.

Ils rencontrèrent quelques tracas sur la route, entre ronces et agitation de la faune. Ils avaient pressé le pas pour fuir les Nagoras mais la biodiversité de cet endroit était hostile. Le Tartare semblait glisser sur le sol, impavide face aux dangers de la forêt. Mais le reste d’entre eux était en danger à chacun de leurs pas. Toujours engoncé dans son tissus, le Patrouilleur évitait les moustiques et les autres inconvénients de la forêt. Les autres ne pouvaient pas tout à fait en dire autant. Il dû ralentir plusieurs fois pour aider le groupe à passer, ou lorsqu’Artémis remarqua le passage d’un imposant prédateur qui les obligea à faire un détour. L’humidité était pesante et chacun de leurs pas commençait à peser lorsque le Tartare les arrêta pour la première fois. Deux heures qui semblaient en avoir duré huit. Le petit groupe commença à marquer une pause. Or, l’impudent ne les laissa même pas prendre le temps de se reposer.

- L’idée est d’y arriver entiers … bougonna Ryker en se relevant.

Les expéditions n’étaient pas à même de le mettre en difficulté, sa vie en était une après tout. Mais ce n’était pas le cas de tous. Ils ne pouvaient demander à des scientifiques ou citadins la rigueur d’une vie sur les routes. Le Tartare s’arrêta une fraction de seconde avant de continuer la route.

- Nous ne sommes vraiment plus loin. répondit l’agent Exerus au Patrouilleur.

En effet, car ils débouchèrent dans une immense clairière dont on pouvait apercevoir un semblant de technologie de l’autre côté. Une explosion s’en suivit mais cela ne sembla pas … tracasser le Tartare le moins du monde. Ryker leva un sourcil et accrocha sa main au pommeau de son épée pour ne plus l’en décrocher. Il s’assura ensuite que tous empruntent la sente et se faufilent sur les pas du Tartare. Cet endroit semblait dangereux et éloignait les créatures : cette clairière était beaucoup trop calme. Et belle. Tout ce qui était beau était dangereux dans la nature. Ce qui était moche aussi, d’ailleurs. Il s’assura que les scientifiques ne manquent pas à l’appel, qu’ils suivent bien les consignes et que pas un pied ne dépasserait du chemin mené par le Tartare. Il exagéra peut-être un peu les dangers de la flore et des conséquences de ceux qui manqueraient le chemin puis reprit la route derrière le Tartare après être certains que les consignes étaient comprises et seraient respectées. Au bout d’un temps trop long, ils finirent par arriver aux abords du camp.

- On ne peut plus reculer maintenant … murmura-t-il à l’attention d’Ellendrine. Quoi qu’ils nous veuillent … je vous conseille de ne pas les croire et de ne rien leur révéler. Même si leur nation est en danger, il y aura toujours une chance que je choisisse d’aider le Mandebrume plutôt que le Magistère …

Ce n’était pas tout à fait vrai, surtout depuis qu’il avait appris la véritable identité de ce dernier. Mais la révéler n’était pas l’objet de cette expédition. Ils croisèrent un autre Tartare, plus lourdement armé qu’Exerus. Ryker lui offrit un sourire aussi peu sincère qu’il était de bonne humeur. Le camp s’étendait sur une longue surface et s’ouvrait directement sur un Cénotaphe. Les engins du Magistère, auxquels il ne comprenait rien, semblait s’affairer autour de celui-ci. Il se dégageait une impression de puissance de cette sculpture qui faisait froid dans le dos. Il semblait ancien et curieusement préservé. Le Patrouilleur marqua un léger temps d’arrêt dessus et reprit ses esprits lorsque ses camarades le dépassèrent. Il chercha Artémis du regard, avec la sensation très nette que quelque chose de louche se tramait ici.

Le groupe s’avança vers le centre du camp et en usant de son cristal d’écholocalisation, le Patrouilleur put très distinctement entendre ce que murmuraient les scientifiques sur leur chemin. Etonnés, effarés. Soulagés, aussi. Ils n’étaient plus seuls et l’alliance d’autres forces d’Uhr était un gage de réussite. Réussite pour quoi, il n’aurait su le dire. Peut-être à sauver leur nation de la Brume et de ses ravages. S’ils savaient, les pauvres … Zénobie serait le lieu de la prochaine guerre et il frémissait rien qu’en y pensant.

- Ils sont … curieusement soulagés. murmura-t-il à Seraphah lorsque ce dernier passa à sa hauteur. Je ne sais pas pourquoi, mais le Magistère a posé quelques espoirs sur nous.

Exerus les abandonna aux abords d’une sorte de cantine avant de les laisser là. Le petit groupe commença à déposer ses effets les plus lourds mais le Patrouilleur ne quitta pas ses armes. Il observa autour de lui, attendit de voir comment les choses évoluaient. Jusqu’à ce que, au bout d’une dizaine de minutes, l’agent revienne. Accompagné d’une autre silhouette.
Ven 7 Juin - 16:04


Coeur d'Urh


Conquête Sacrée

Artémis, Ellendrine, Nostell, Ryker






Maelström a vraiment mal dormi. Malgré tout, il sait qu'il peut compter sur la présence de Valerio à ses côtés pour être ses oreilles vu que de son côté, il prend soin à ne pas trébucher en raison de paupières qui se fermeraient malgré lui. La présence du Magistère il n'aimait pas. Il connaissait le passé de Seraphah en lien à ce dernier et depuis dix ans qu'il se connaissait il avait fait en sorte de les éviter le plus possible. Mais vu l'ampleur de leur mission, il aurait été fou de croire qu'il aurait pu continuer sur cette joie de ne pas les croiser.

La conversation avec Nostell avait été agréable. Bien sûr, cela portait avant tout sur son compagnon de voyage, mais au-delà de ça, il était réellement admiratif face à qui elle semblait être. Notamment cette loyauté qu'elle déployait envers Madame Brightwidge, qui lui rappelait sa propre loyauté envers Seraphah.

Pendant ce temps, ce dernier était attentif aux paroles d'Ellendrine. «Vous dîtes bien très chère. Restons attentifs, notamment à ce qu'ils ne voudraient pas que nous fassions.» Peu de paroles, mais il restait sur ses gardes autant que son bras droit.

C'est avec un hochement de tête qu'il accepta la rose de Duscisio. Ce dernier se montrait à ses yeux beaucoup plus alerte que lorsqu'il se trouvait dans sa tanière. À croire qu'être en compagnie de personnes ayant les mêmes valeurs venait rehausser ses valeurs de soutien envers le groupe. Il se doutait que ces roses qu'il distribuait à chacun, était une façon de rester en contact. Il voyait là toute la différence avec son propre élément qui était beaucoup plus égoïste quelque part.

Le temps avançait au rythme de leurs pas, quand Valerio vint prévenir Maelström d'un mal qui sévissait. Il allait se mettre à la poursuite du scientifique, mais l'élémentaire végétal fut beaucoup plus rapide que lui. C'est ainsi que ce coup d'adrénaline lui permit de garder son attention au haut fixe durant le reste du trajet. Exerus n'arrêtait pas de faire des allers et venues, signe qu'il captait lui aussi - bien entendu - les dangers qui se tramaient dans les fourrés.

Après un chemin qui parut bien long pour la majorité des marcheurs, le camp du Magistère se dévoila à eux. Seraphah perçut immédiatement ce qui maintenait hors de cette clairière les éventuels prédateurs. Le myste était précieux et le Magistère en avait à revendre. Il en allait bien entendu de la survie d'Opale elle-même, mais à voir tous ces scientifiques s'affairer autour des cenotaphes et revêtir un visage de soulagement, le fit tressaillir. Quelque chose n'allait pas. Pourquoi étaient-ils attendus?

Il observa tout le matériel affiché et vint glisser à Ellendrine: «Même si vous ne pouvez vous approcher des cenotaphes, je présume qu'il existe des rapports si vous savez faire usage de vos charmes.» Un sourire en coin, attentif à Exerus qui venait de saluer un certain Ceros, et qui parait en quête de l'investigatrice d tout cela. Il se doutait de qui elle était...

Aux paroles de Ryker, il opina simplement avant d'ajouter: «C'est ce que j'ai moi-même remarqué. Le tout reste à découvrir pourquoi le sont-ils? Que voient-ils en nous?» De façon plus basse: «Le Magistère a toujours un agenda secret. Mais je pense que vous le savez déjà. Leurs paroles ne sont jamais dénuées d'intérêts au-delà des apparences.»

Maelström alla aider certains scientifiques afin qu'ils fassent en sorte de déposer leurs outillages au même endroit. Bien qu'aucun animal ne pouvait pénétrer en ces lieux, il avait moins confiance en l'humain.

Quand Exerus revint accompagné, Seraphah, toujours aussi digne dans sa posture était prêt à saluer dignement celle qui avait besoin d'eux?

Cette dernière semblait souriante à priori, et en écho il lui sourit, attendant qu'elle se présente pour ne pas risquer d'impair.




Spoiler:


Ven 7 Juin - 18:40

Malgré les dangers rencontrés, le groupe ne reculait devant rien, pour le plus grand désespoir du l’ermite, habitant de cette forêt des plus hostiles. Ils acceptèrent l’aide du Tartare sur lequel on ne pouvait absolument pas faire compter. Exerus était un larbin du Magistère, voué à donner sa vie pour son employeur. Et son employeur lui demandait d’escorter ce groupe vers leur campement. Leurs intentions ? Si Artémis n’était du genre à proférer des conclusions hâtives, une idée des manigances du Magistère trottait dans sa tête. Le groupe avait cependant décidé d’y aller et, ayant accepté de les suivre, il devait lui aussi s’y plier. S’il pouvait éviter d’affronter ces monstres suréquipés, ça l’arrangerait.

Durant le trajet, le Change-Peau utilisa les sens de son canidé pour flairer et anticiper les dangers, réadapter la direction pour contourner les mésaventures. Le Tartare, lui aussi, semblait peu rassuré à l’idée de trainer dans les parages. Amateur, songea le vagabond avec amusement. Ils eurent quelques passages techniques à passer, mais ils furent relativement attentifs aux consignes des plus expérimentés. Peu de temps après, ils atteignirent une clairière, au-delà de laquelle se trouvait le campement tant recherché. L’ensemble était protégé d’une sorte de barrière énergétique, semblable à celles que le vagabond pouvait créer. Comme à leur habitude, le Magistère ne lésinait pas sur les moyens mis en œuvre.

Ils entrèrent à la suite d’Exerus. Des scientifiques, au départ apeurés, puis presque soulagés à la vue du nouveau groupe. Artémis ne comprenait pas d’où venait ce soulagement. Il observa quelques Tartares qui se baladaient dans le campement, l’un d’entre eux salua Exerus, avant que ce dernier ne retourne à l’intérieur d’une cantine. L’atmosphère était assez étrange. Elle empestait le danger. Ryker échange un regard avec son partenaire d’infortune, lourd de sens. L’homme aux cheveux d’albâtre profita de ce moment pour s’échapper et visiter le campement. Il n’espérait pas y trouver quoi que ce soit, mais il n’aimait pas attendre sans rien faire. Ceux qui croisèrent son regard ne virent aucune émotion. Simplement une paire d’yeux brillants, à la fois chauds et froids, qui pouvaient s’enfoncer dans les profondeurs des ténèbres.

Et lorsqu’il revint de son tour, une nouvelle silhouette se trouvait aux côtés d’Exerus, revenu également. Qui était cette personne ? On l’ignorait. Artémis s’assit sur une caisse, probablement remplie de technologie, et observa la situation en retrait. Ses sens éveillés, il était prêt à dégainer à tout moment. Palpable est le danger, se dit-il soucieusement. Travailler autour de l’Arbre-Dieu était une chose, mais un plus gros danger se préparait du côté de Zénobie. Ryker le savait aussi. Inutile d’inquiéter tout le monde avec cette histoire, cette expédition avait aussi une utilité. Peut-être plus exploitable que la destination finale. A la fois songeur et vigilant, une petite tension s’instillait en lui. Il préféra ainsi éviter les discussions avec le reste de son groupe. Simplement écouter ce qu'il se disait, anticiper les danger, obtenir des vérités.


Résumé:


Sam 22 Juin - 7:10


Coeur d'Urh


L'enclos du Magistère

Artémis, Seraphah, Nostell, Ryker





La rose blanche offerte par Duscisio trouve sa place derrière son oreille au milieu de sa chevelure ondulée. Son doux parfum exhale le calme et la modération. Ensemble, elle forme avec la paire de lunettes roses une association poétique qui siérait aux mouvements les plus pacifistes. Pourquoi tant de réticences à un style si décontracté ? se dit-elle.

De la paix et de la modération, il en faudra bien pour frayer avec ceux qui piétinent la terre quadrillée par des nascent forteresse dans le camp du Magistère. Au fond, l’archéologue peine à comprendre pourquoi tous redoutent à ce point la faune. A ce degré de profondeur dans la forêt, peu de vie se maintient en dehors du règne végétal. Pour qu’il y ait des prédateurs, il faut des proies. Donc la virulence et la densité de ces derniers ne peut être très affirmée en traversant les invisibles cercles concentriques menant vers l’intérieur de la forêt. Sans doute ont-ils déjà passé le pire, à part les Nagora, les poisons, la folie et les Drys.

Après tout, même si Opale est sa patrie d’origine, elle aura pris le soin de faire trois fois le tour des factions étrangères et de petits bouts hors de l’Enclave avant de creuser les mystères de sa terre de naissance . Un soupçon d’insouciance coupable est imputé à son cristal de domptage, lequel suffit la plupart du temps à pacifier les tigres les plus maussades.

Un sourire à Nostell.
-« J’espère que vous ne regrettez pas d’être venue, Nostell. Je ne sais pas vers quoi nous allons, mais je vous promets qu’on risque de tout y trouver sauf l’ennui. »
Pour des aventuriers, que demander de mieux qu’un bon bol d’air frais loin des grandes villes et un possible rang de héros à leur retour?
-« Je sais que je vous en demande beaucoup avec toutes ces missions de dernière minute. Mais je commence à avoir du mal à me passer de votre bon sens. »

Rien ne parvenait à entamer l’enthousiasme de l’archéologue, pas même la perdition de l’un des scientifiques Epistopolitains sous l’attaque de nagora. L’équipe savait gérer ce revers, comme elle en fit la preuve. Seul son œil s’arma d’un éclair quand elle détecta le Tartare en train d’encocher une flèche. Le sort qui leur serait réservé s’ils osaient échapper aux balises du Magistère ?

L’agent Exerus les menait au pas de charge vers le campement. Ellendrine devait bien admettre pour elle-même que ses forces commençaient à l’abandonner. D’un œil oblique, elle toisa le magnifique parterre de fleurs butinées par des insectes, dont la délicieuse mélodie ne lui échappa pas… qui sait, ces petits amis pourraient servir.

Dans le camp, elle eut l’impression qu’un clapier à lapin se refermait sur eux lorsqu’ils se mirent «  à l’abri » derrière les nascent de barrière. Farouk inspecta succinctement le camp de ses yeux laser, envisageant déjà quelques possibilités de guet-apens, esquives et répliques. Quant à Ellendrine, elle était rassurée de constater que la démographie de leur groupe avait un poids considérable en face de celle du Magistère.

Tout en haletant pour reprendre son souffle, elle rigola à la remarque du Mort-Gris. « C’est ce que l’on appelle aller de Charybde en Chronophage ! Comptez sur moi comme un agent des douanes de l’information.»

D’un hochement de tête, elle gratifia Ryker pour son conseil :
« Merci, Patrouilleur. J’aurais aimé que nous ayons le temps de nous étendre sur ce sujet en particulier avant d’arriver ici. » Courir sur les ronciers n’avait pas vraiment permis d’évoquer les légendes populaires sur les cénotaphes.

Il avait suffi d’un mot doux glissé par Seraphah à son oreille pour l’encourager à partir à la cueillette d’informations. Sans attendre que la supérieure d’Exérus n’arrive, elle s’approcha d’un pas glissant vers le cénotaphe avant d’être intercéptée par une remarque désobligeante.

-« Je vous déconseille d’approcher plus près, Lady Brightwidge ! C’est dangereux ! »

Loin d’apprécier l’admonestation du vieux scientifique au crâne dégarni -mais couronné d’une touffe blanche circulaire d’une tempe à l’autre – elle fit volteface, sur lui. Silence. Elle l’inspectait.

-« Vous n’avez pas la mine victorieuse on dirait. Les antiquités font de la résistance ?... je ne suis peut-être pas mathématicienne ou physicienne, mais mon cerveau et mon intelligence sont particulièrement affûtés. Si vous vous exprimez clairement, je pourrais certainement comprendre ce que vous essayer d’analyser et les raisons de toutes ces précautions autour des cénotaphes. »

Comme elle se rappelait l’avertissement de Ryker, elle accepta de coopérer mais exigea de voir les notes et relevés des scientifiques. Son respect était évident, cependant sa curiosité avide  -à peine contenue - pouvait donner l’impression qu’elle évoluait au milieu de ses stagiaires. Contaminés par son zèle, comme l’avait prédit Nostell, l’essaim de scientifiques Epistotes migra vers sa position. Ils étaient toujours strictement encadrés par les soldats qui ne les quittaient plus d’une semelle.

Une discussion d’experts transis s’en suivit. Charabia incompréhensible et théories frivoles s’échangeaient, devant les yeux en point d’interrogation d’Ellendrine.

Elle toussa.

-« Messieurs… Madame… il se trouve que je peux plus ou moins m’exprimer dans huit langues différentes. Mais ici, auriez-vous l’amabilité de traduire pour les humbles profanes que nous sommes ? »

Elle recueillit au mieux ce qu’on avait bien voulu lui présenter dans le temps imparti, avant de couper le discours d’une main levée : elle ne voulait pas manquer les justifications officielles de la supérieure de l’agent Exerus et revint vers le groupe. Son sac s’échoua enfin à ses pieds dans un soupir de soulagement, profitant que d’autres parlent pour se désaltérer. Comme toujours, ménager sa monture était une stratégie sensée, il faudrait bien de l’énergie pour prêter main forte à Seraphah si cette Magistérienne lui donnait trop de fil à retordre.
Spoiler:
Sam 22 Juin - 11:14



Devant la barrière / Forêt de l'Arbre-dieu

Demephor 1901




Tout revient à la normale lorsque le scientifique est remis avec le groupe. Ses lunettes sont foutues, mais tout le monde est sauvé. La sérénité n’a pas sa place, alors le rythme leur est imposé suite à l’avertissement d’un territoire Nagoras souillé de leur présence. Il ne manque donc pas de donner une fleur au reste des membres de l’expédition. Nostell a beau se cacher sous sa cape, il a tout de même l’impression de la sentir. Il ne se l’explique pas. Préférant se soustraire de cette sensation, il ira jusqu’à suivre la vitesse accélérée de la marche, du moins jusqu’à l’arrivée au camp.

Alors qu’il arrive devant la barrière, Duscisio n’est pas très à l’aise et s’arrête brusquement. Il est naturellement repoussé, ou plutôt qu’il ne veut pas s’en approcher. Il a l’air malade. Chose encore plus étrange, chacune de ses roses, même celle partagée avec ses collègues, se sont refermées brutalement à l’approche de la barrière de Nascent comme d’un danger imminent. Peut-il seulement se l’expliquer ? Peut-il expliquer pourquoi cet arrêt si soudain ?
Il fait un ou deux pas en arrière pour réduire la pression que lui donne la barrière devant lui tout en attirant quelques regards.

— Je vous attends à l’extérieur du camp. Dit-il maladroitement. Je vais continuer d’étudier la forêt et…

Il cherche ses mots, une excuse, n’importe quoi qui pourrait faire l’affaire afin de trouver une bonne raison de rester à l’extérieur du camp.

— Je n’arrive pas à sentir mes roses… La barrière coupe toute communication avec elle.

Ça, on l’aurait remarqué à cause des roses qui se sont recroquevillées en simple bouton de roses. Elles agissent un peu comme une antenne dont l’élémentaire détecte les signaux radios. En restant à l’intérieur, il ne pourra pas travailler correctement en communiquant avec la végétation ou sentir que l’on continue le voyage par la réouverture des roses quand ils sortiront de la barrière. En s’éloignant, quelques roses se sont rouvertes, mais l’élémentaire reste très mal à l’aise.

— Je ne serai pas loin. Dès que vous en sortirez, je pourrais vous suivre. Inutile de vous en faire pour ma sécurité… Je suis comme chez moi dans cette forêt, je n’ai rien à craindre. Et de toute façon, je sais me défendre…

Il regarde Nostell, qui pourrait très bien le suivre sous la cape. C’est d’elle dont il se méfie le plus. Il ne la verra pas, mais peut faire en sorte de sentir si elle entre dans son périmètre. Il a déjà montré comment. Et pour travailler correctement, il a besoin de se sentir en sécurité, surtout s’il ne bouge pas alors qu’il se lit avec les végétaux alentour. Le groupe ne sait pas forcément pourquoi il a été missionné ici par Ellendrine, il va au moins expliquer ce qu’il fera avec un minimum de précision.

— En communiquant avec la flore locale, j’en apprendrai plus sur l’arbre-dieu qui influe directement sur la forêt. J’ai eu quelques informations intéressantes la première nuit, j’espère en apprendre plus pendant que vous vous trouvez dans le camp.

Il commence à tourner les talons et répète.

— J’insiste sur le fait de devoir rester seul… Votre présence me gênerait…

Il regarde principalement Nostell et Artémis avant de se rappeler un détail.

— Avant que j’oublie… Si la rose commence à faner, brûlez-la. Cela devrait arriver dans quelques jours, mais je préfère vous prévenir.

Il ne donne aucune précision sur ce détail. Il se contentera de faire demi-tour et de se perdre volontairement dans la forêt.
À partir de là, Duscisio retrouve la solitude et l’ornement de roses blanches dans ses cheveux. En effet, il ne sent plus la présence des roses qu’il a passées une fois que chacun d’entre eux a pénétré la barrière. Il gardera cette détection encore un temps avant de se concentrer sur la forêt. Comme pour la nuit dernière, il a besoin d’un coin tranquille et bien placé. La circulation d’énergie végétale est plus intense au fur et à mesure qu’il approche de l’arbre, mais moindre par rapport à ce qu’il devrait être. En recommençant à se lier à un arbre par exemple, il devrait apprendre pourquoi…


Résumé:

Dim 23 Juin - 11:28

Cœur d'Urh

Un soupçon de civilisation en compagnie d'Artémis, Seraphah, Duscisio, Ryker et Ellendrine

Nostell vivait avant tout pour l'action. Son job de mercenaire ne lui servait pas qu'à assurer sa maigre subsistance. En ces termes, elle ne se sentait point capable de nier le fait qu'avec son employeuse, éprouver de l'ennui n'était pas chose courante. C'était tant mieux ! Elle préférait de loin vivre une aventure aussi mouvementée que celle-ci, en territoire hostile, si proche du Cœur du monde, plutôt que servir de simple force de dissuasion à côté de l'étal d'un riche marchand.

- Vous n'avez pas à vous soucier de mes états d'âme, Lady Brightwidge, lui avait-elle dit. Vous m'avez engagée en urgence. J'ai accepté d'endosser ce rôle en échange d'une coquette somme et d'un voyage que je ne suis pas près d'oublier de sitôt. Tant qu'aucune d'entre nous ne pousse son dernir soupir en chemin, je n'y vois que des bénéfices.

Plus tard, un scientifique s'était fait la malle. Par bonheur, bien qu'à moitié fou, il ne put pas aller bien loin. Duscisio l'avait rattrapé, avec la mercenaire invisible en couverture. Comme l'élémentaire à crinière blanche n'avait essuyé aucun attaque de la part de la faune, elle n'avait pas eu besoin d'intervenir pour l'aider. Tout était rentré dans l'ordre si l'on mettait de côté, bien sûr, les potentielles séquelles mentales infligées au scientifique par les Nagora.

La suite de l'expédition parut longue pour tout le monde. Nostell n'avait rien dit tout au long du trajet à travers le néant de la sylve. Elle n'était pas une grande bavarde par nature, et n'allait certainement pas engager la conversation au détriment de leur commune avancée. En un sens, qu'on ne vienne pas la déranger l'arrangeait dans sa surveillance de l'Agent Exerus. A chaque fois qu'il s'écartait du groupe pour mieux revenir, elle se préparait au pire.
Deux de plus comme lui et nous pourrions rencontrer de sérieux problèmes.
Rien qu'à sa façon de se mouvoir, l'ex-assassine savait qu'ils avaient affaire à un professionnel. Son équipement de pointe n'était pas là que pour impressionner son monde. En cas de conflit, ce n'était pas un ou deux scientifiques qui tomberaient sous le feu de l'ennemi...
Peut-être que nous nous dirigeons tous gentiment dans la gueule du loup ?
La confiance ne régnait pas, dans ce cortège. Ça, Nostell ne pouvait le reprocher à personne. Elle était sans nul doute la première à se méfier de tout le monde. Ce qui, étant donné son passé fort douteux, n'avait rien d'étonnant.

Ce camp ne ressemblait à aucun autre qu'elle ait jamais vu jusqu'ici. Il était, en l'occurrence, admirablement bien protégé. Une barrière l'englobait en entier, protégeant l'ensemble de ses occupants des mauvais tours de leur environnement sauvage.
C'est à ce moment que Duscisio décida de se détacher provisoirement du groupe, d'aller rôder à l'orée des bois au lieu de trouver refuge à l'intérieur du camp. Il avait ses propres convictions, des choses qui le préoccupaient, une mission dont il était investi...
Ses multiples œillades à l'attention de la mercenaire trahissaient le doute et la suspicion. Il ne lui faisait pas confiance, et c'était très bien ainsi.
Qui suis-je pour lui en tenir rigueur ? Nul ne peut le voir mais mes mains sont couvertes de sang. Et elles le seront toujours, d'une certaine manière. Difficile d'aller à l'encontre de ce que l'on est réellement, ou de ce que l'on inspire aux autres.
Elle n'allait pas le retenir, et encore moins le suivre comme tout à l'heure. Tout ceci ne figurait point dans le cadre de sa mission. Dans sa logique de mercenaire, Nostell donnait priorité absolue à celle qui la rémunérait.
Entre-temps, un autre Tartare était venu à la rencontre de celui qui les escortait toujours. Il portait une armure verte et dorée un peu plus voyante que celle de son homologue.
Agent Ceros. Visiblement, ils ne plaisantent pas avec les apparences.
De nombreuses tentes avaient été érigées un peu partout autour d'une impressionnante stèle qui les surplombait. En avançant avec les autres membres de l'équipe, Nostell ne vit aucun autre individu en armure se manifester. Ici, seuls deux Tartares veillaient à la sûreté des scientifiques du Magistère. La mercenaire n'aurait su dire si l'espoir qu'elle discernait dans le regard de l'assistance résidait principalement dans le fait qu'on leur avait envoyé des renforts inopinés.
Qu'attendent-ils de nous, exactement ? Ne sont-il pas supposés incarner les gros cerveaux de la bande ?
Elle les sentait épuisés, presque à bout...
Fidèle à son poste, Nostell gardait un œil sur leur corps expéditionnaire, et plus particulièrement sur la férue d'archéologie. Ellendrine ne mit guère longtemps à se laisser appâter par le cénotaphe. Avec le temps, la mercenaire avait appris à la connaître et à anticiper ses réactions les plus prévisibles. Alors elle l'accompagna, tout simplement, en compagnie des soldats, puis des scientifiques de leur groupe qui les rejoignirent en un temps record.
Nous y sommes. Le virus s'est insinué dans nos rangs.
La strigoi ne chercha pas à comprendre les échanges entre grosses têtes. Elle n'écoutait que le strict nécessaire tout en veillant à ce que rien de fâcheux ne se produisisse à l'intérieur du camp. Vu qu'elle ne connaissait aucun scientifique du Magistère, elle s'imaginait très bien qu'un de ses membres pourrait tout à fait nourrir de sombres intentions à l'égard des nouveaux venus.
Un regard peut mentir. En ce qui concerne les gestes, c'est moins sûr.
En tant qu'ombre silencieuse qui épouse le courant, elle ne lâcha pas son employeuse d'une semelle jusqu'à ce que cette dernière décide de retrouver Séraphah et, à priori, son interlocutrice de valeur.


Résumé:


Dernière édition par Nostell An'mbeidh le Jeu 4 Juil - 15:09, édité 1 fois
Lun 24 Juin - 22:48

MJ - Coeur d'Uhr

Le bon Docteur



Une petite toux polie chercha à détourner les scientifiques en ébullition de leur nouvelle attraction. Entre conjectures sur les Cénotaphes, les datations qui ne cessaient de changer selon les mesures, et l’influx de Myste assemblé et géré à l’initiative de ces érudits. Une science toute opaline, qui combinait divers champs disciplinaires pour arriver à une conclusion inhabituelle, sauf quand cela concernait la Brume : c’était incompréhensible. Ils parlaient à la fois de théologie, sur les cultes ancestraux ayant vénéré l’Arbre-Dieu comme une divinité. Ils parlaient aussi des intrifications mystiques et néobulées du quadrum de basse densité. Ahem. C’était incroyable : le Myste pulsait selon un rythme régulier et une sorte d’écho énergétique se déployait dans la forêt. Quelque chose de puissant vivait ici, quelque chose dont le … cœur battait ? Non, c’était un écho, sourd et lointain. Mieux ! Un Dieu vivant ! Ah, et non, mon bon môsieur, c’était tout simplement le Mandrebrume qui avait marqué le nexus paramphystique de ..

- Si voulez bien m’excusez, mes chers amis … nos invités aimeraient très certainement savoir pourquoi Exerus les a conduits ici. les interrompit une voix claire et gorgée de chaleur.

Une femme d’âge moyen se tenait les mains pleines de tâches d’encre. Elle s’en essuyait encore les doigts, maculant le torchon sale qui pendait à sa ceinture. Sa robe blanche, devenue grise avec la saleté, laissait entrevoir une tenue de cuir souple et usée. Sur son plastron trônait le sceau du Magistère, d’or et de carmin, sur lequel venait gigoter une boucle d’argent qui tenait les deux pans d’une cape verdâtre. A ses gestes raisonnaient les tintements de sa besace et de ses fioles pendues à sa ceinture, garnies d’échantillons de plantes la forêt – dont certains du parterre fleuri jouxtant le camp. La femme leur offrit un sourire qui creusa ses rides d’expression et réhaussa le pétillant de ses yeux verts derrière des lunettes salies par l’aventure. Ses cheveux auburn auraient dû être coupés au carré, mais ils filaient en mèches au gré du vent et de leur rébellion. Elle aurait pu être une belle femme, si cela ne l’avait que serait-ce intéressé.

- Excusez-moi, Docteur Muridas. balbutia un des scientifiques couronné d’une diaphane couronne capillaire. Bien sûr ! Ah, mais … dame Brightwidge, c’est ça ? Dame Brightwidge avait des théories intéressantes sur les Cénotaphes …

La scientifique le gratifia d’un sourire plein de compassion.

- Je comprends, mon cher Bielrno, merci à toi. Dame Brightwidge, merci à vous d’avoir suivi l’agent Exerus. Sire Von Arendt.
marqua-t-elle à destination de Seraphah, sans la moindre amertume, sinon un peu de gêne. Et vous des autres nations. Prêts à porter secours à notre chère Opale … je souhaite avant tout à vous remercier.

Elle embrassa l’assemblée d’un geste large des bras, lorsque Exerus se rapprocha d’elle et lui murmura quelque chose à l’oreille. Elle marqua un petit rictus d’étonnement.

- Oh, je vous prie de m’excuser : je ne me suis même pas présentée … se tracassa-t-elle soudain, une main sur la bouche. Je suis le Docteur Elyesa Muridas, directrice du secteur biologie du Magistère. Je vous souhaite la bienvenue au nom d’Opale et du Magistère dans cette course contre la montre pour sauver Uhr.

Elle marqua une pause, laissa échapper une grimace. Ce qu’elle allait dire lui coûtait. Elle chercha l’assentiment des autres chercheurs par le regard puis gonfla sa poitrine. Elle observa le groupe hétéroclite, comme si elle en reconnaissait certains. Les autres … étaient là pour leurs compétences respectives. Il en restait un qui n’était pas rentré …

- Je n’irai pas par quatre chemins, vous êtes ici pour cela et tant pis : les temps sont trop graves. Depuis la destruction des racines de l’Arbre-Dieu à Opale, la Brume a repris son avancée inexorable sur notre monde et grignote chaque jour un peu plus de notre havre. Vous avez depuis monté une expédition en un temps record … pour le salut de notre monde. Je pense que certains savent de quoi je parle … continua-t-elle en regardant avec insistance Ryker et Artemis.

Elle soupira, secoua la tête.

- Ce qui nous attend à Zénobie n’est rien en comparaison de ce qui se passe ici : l’Arbre-Dieu se meurt et nous devinons à peine pourquoi. termina la scientifique en indiquant le Cénotaphe d’un geste de la main. Et voici notre meilleure piste pour comprendre comment enrayer cela.

Dans un parfait moment de cinéma, les machines du Magistère se mirent à émettre quelques bips de concert et un fracas épouvantable frappa l’avant du camp, non loin des pylônes frappés de barrières énergétiques. L’agent Céros sembla émerger parmi les tentes en courant.

- Ceros a des soucis, Docteur ! aboya-t-il, tandis que tous les équipements du camp se mirent à crépiter.  

Seuls les équipements à base de Myste continuèrent d’émettre la lueur caractéristique du superfluide … et toute lumière s’éteignit. Ne resta que la pénombre du bois et le crépuscule qui s’était très avancé autour d’eux.

- Exerus ! hurla l’agent Exerus.
Ven 28 Juin - 19:58

Légèrement en retrait, Artémis écouta et observa avec attention ce rassemblement d’individus. Les éléments scientifiques ne l’intéressaient pas particulièrement. Ou plutôt, il se contenta d’analyser l’essentiel et comptait sur les scientifiques de son groupe pour faire un résumé précis de tout ce qui avait été dit. L’apparition de la directrice, le Docteur Elyesa Muridas, détendit légèrement la situation et le calme fut retrouvé. Elle se présenta et décida d’avouer certaines choses aux nouveaux arrivants, des choses que Ryker et Artémis avaient sciemment décidé de ne pas évoquer. Zénobie. Le pire cauchemar de l’humanité. S’il le pouvait, le vagabond s’échapperait loin de cet enfer qui les attendait. Hélas, de nature chevaleresque malgré lui, Artémis ne pouvait se soustraire à ses devoirs pour la survie de l’humanité. Quand cette doctoresse évoqua ce lieu maudit, il ne put s’empêcher de ressentir de la répulsion et un sursaut d’horreur.

Et d’un coup, une grande détonation, un violent bruit, précédé de plusieurs bruits mécaniques et peu rassurants semèrent la panique dans les rangs scientifiques. Et puis, l’obscurité presque totale. Seul le crépuscule offrait une légère luminosité. L’un des Tartares portant le même nom, hurla le nom du coupable : un Exerus. Assez logique quand on connaissait les capacités de cette espèce. Et malheureusement, quand la connaissait suffisamment, on savait aussi qu’elle n’était pas du genre à laisser des scientifiques prendre place sur son territoire. Si tel était le cas, la situation allait immanquablement se dégrader et les pertes nombreuses. L'Exerus n’était pas un félin que l’on pouvait apprivoiser avec des friandises. Il s’agissait d’un prédateur extrêmement redoutable.

L’ennemi était une chose, pas des moindres, mais l’extinction des barrières énergétiques en était une autre. En effet, sans protection, la fine équipe se trouvait à la merci de tous les affamés du coin. Artémis en connaissait quelques-uns et n’avait pas vraiment pour projet de les rencontrer de nouveau. Il s’en voulait de les avoir accompagnés. Pourquoi devait-il toujours s’entêter à jouer au super-héros ? Il avait réussi à mettre des mots et des images à son passé, à renouer avec sa famille... Pourquoi prendre le risque de tout perdre à nouveau ? Cette mission était perdue d’avance. En solitaire, peut-être avec Ryker, Nostel et les types du tartare, la situation aurait pu être maîtrisée. Mais là, en l’état, il ignorait comment secourir l’ensemble des non-combattants. Il était d’avis de laisser les envoyer du Magistère se débrouiller et de se concentrer uniquement sur ceux qu’il avait décidé de suivre.

« Ryker ! Nostel ! Entourons les plus faibles et malhabiles ! Et de la lumière, bon dieu ! », fit-il à l’adresse du lumineux Lestat. La voie maintenant libre, on pouvait maintenant s’attendre à des intrusions nombreuses et meurtrières. La nature allait retrouver ses droits, son territoire. L’enfant des scientifiques De Goya détestait empiéter sur le territoire des espèces, comme il n’appréciait que l’on pénétrât dans le sien. Ayant vécu comme un ermite des années durant, il comprenait le monde de fonctionnement animal et l’acceptait. Les humains constituaient un danger majeur dans la destruction de ce monde. Par ailleurs, la Brume et les monstruosités qui en découlaient, ne pouvaient provenir que de l’Homme. Mais il ne désirait ni mourir dans de telles circonstances, ni laisser des rêveurs intellectuels perdre la vie aussi bêtement.

Lentement, l’épéiste dégaina son sihil et ferma les yeux. De subtils bruits de pas, rapides et agiles, un bond, un bruissement dans l’air. Artémis leva la main devant et une barrière énergétique se forma face à lui, repoussant l’Exerus que l’on pouvait tout juste apercevoir en train de prendre appui sur la barrière. « Sa corne est grande. Trop grande. », rumina-t-il. Cela sous-entendait que cette bête n’était juvénile et plutôt aguerrie.



Résumé:


Lun 1 Juil - 17:49


Coeur d'Urh


S'enfoncer dans les bois maudits

Artémis, Seraphah, Nostell, Ryker




Portrait de famille:

Le radar à neurones d’Ellendrine avait tout de suite capté le véritable cerveau des opérations malgré sa discrétion. Les scientifiques qui l’entouraient continuèrent à mouliner quelques phrases un moment, alors que ses yeux ratissaient déjà fin les détails captivant de cette personnalité de premier plan.

Peut-être que la nouvelle arrivante, aussi compétente en politique, serait plus à même de résumer la situation. Si elle n’entendait que peu de chose au concept d’intrication mystique et néobullé du quadrum à basse densité, elle avait le don d’émettre des théories plausibles à partir du comportement sociologiques et cultuels des peuples oubliés.

Ellendrine opina du menton en apprenant simultanément les noms de Bielrno et Muridas. Elyesa avait l’aura d’une créature à la fois mystique et un peu folle propre au Magistère et parvenait à instaurait une atmosphère conspirationniste par sa seule voix, à peine plus forte qu’un murmure. Le silence se fit encore plus grand pour l’entendre.

De son côté, l’archéologue retenait son souffle. Si le Docteur Muridas était si partagée à l’idée de leur livrer les petits secrets du Magistère, c’est forcément que leurs informations étaient juteuses. Même si l’heure était grave pour Opale, tous étaient ici sur une vraie piste ! La petite fille qui survivait en elle failli l’interrompre pour commenter qu’elle aussi était dans la confience des grands secrets d’Etat, puisque Seraphah l’en avait instruite, lui-même ayant tiré les détails les mieux cachés de son valet ou quelque chose comme ça.

Alors, Elyesa confirma leurs pires soupçons : au-delà d’Opale qui était en péril à cause des racines tranchées, l’Arbre-Dieu vivait un lancinant déclin qui les menaçait tous, XIIIème Cerce ou non. La menace existentielle devrait donner lieu à tous les ralliements, au lieu de diviser. C’était dans cet esprit que cette expédition avait été monté, bien qu’elle n’ait pas l’aval officiel des nations respectives.

Enserrant le sac en bandoulière, qui contenait sa version annotée des textes de l’Ahad, elle se demandait si les indices qu’elle y avait relevé pointait de la même manière les cénotaphes que les conclusions du Magistère. La vérité était sous leurs yeux depuis le début. Mais tous la dédaignaient au nom de conflits ontologique sur la supériorité de la Science sur la superstition.

Au moment où elle désignait les Cénotaphes, Ellendrine se promit de ne pas laisser le Docteur Muridas lui voler Duscisio. C’était « son » Duscisio. Elle avait rencontré et convaincu l’élémentaire de les aider à sonder l’Arbre-Dieu grâce à ses perceptions uniques du règne végétal. Si elle était prête à presque tout pour percer ce mystère vital, elle se promit de ne pas laisser le Magistère faire du mal à l’élémentaire de plantes.

A ce moment, la forêt entière sembla déferler sur le camp. Pareil à un courant électrique, sa clameur parcourut les barrières et lampes du campement, jusqu’au dernier instrument subluminique, rendu défectueux dans une gerbe d’étincelles radioniques. Les quelques éclats flamboyant donnèrent juste assez de leste aux plus alertes pour réagir.

L’inquiétude ceignait le cœur d’Ellendrine, mais elle se savait bien entourée. Déjà Ryker et Artémis étaient à l’avant-poste de la protection de leurs scientifique. Farouk bondit sans heurts et s’éleva comme une flèche avalée par le ciel dans la noirceur de la clairière. Sa course ralentie dans un mouvement de cloche à une vingtaine de mètres d’altitude, alors qu’il tentait de lisser les champs gravitationnels et d’utiliser son attraction pour aller se poser au sommet d’un grand arbre. Cela ne se voyait pas d’en bas, mais l’embrassade avec le vénérable fut rude, eu égard à un manque de luminosité et d’expérience avec le cristal d’attraction.

L’ex-sentinelle s’était entraînée de manière acharnée depuis deux mois durant ses méditations et prières quotidienne. Farouk attendait maintenant de percevoir une entité hostile pour être prêt à fondre sur elle avec sa hallebarde. Il espérait que le groupe ne panique pas et parvienne à produire un éclairage très vite.

De son côté, Ellendrine s’était justement agenouillée pour déposer son sac et chercher au toucher le plus calmement possible un bâtonnet luminescent. Il ne s’agissait à proprement parler pas d’un appareil électrique susceptible de subir la colère d’un exérus, mais d’un appareil fondé sur une réaction chimique qui démarra lorsqu’elle « craqua » le bâtonnet. La lumière était succincte mais lui permit rapidement d’éclairer légèrement l’environnement immédiat.

Elle s’apprêtait à tirer son totem d’invocation pour confronter son propre exérus au maître de la forêt, espérant ne pas avoir à le blesser… quand elle sentit son corps se soulever dans les airs. Elle lâcha son sac dans un cri de surprise, mais parvint à conserver son totem. Elle flottait, d’abord un mètre, puis deux. Farouk était infiniment plus prudent et minutieux qu’avec lui-même, qui était partie comme une fusée, ou plutôt un corps en chute libre vers le ciel. La trajectoire tressautante d’Ellendrine semblait la conduire vers une branche basse, non loin du reste de l’assemblée, à trois ou quatre mètres de hauteur.

Ne comprenant ce qui se passait qu’après plusieurs secondes, elle se cramponna fermement au tronc d’arbre, avec la crainte de basculer et de se tordre le cou.

Smith Harrisson avait été prévoyant et tirait une fusée de détresse dans les airs vers la direction d’où était arrivé l’agent Céros en courant. Il prit bien la peine de ne pas menacer les frondaisons des arbres en tant qu’ami des arbres et des buissons. Au-delà de la sphère de lumière produite par Ryker, l’éclair rougeâtre momentanné découpa de manière spectaculaire la silhouette magistrale de l’exérus. Smith Harrisson mit ainsi en lumière le prédateur qu’Artémis venait de repousser de justesse grâce à sa barrière.

-« Personne ne détient de faculté en polyglossie ? » s’évertua à crier la dame par-dessus le vacarme.
Elle tentait encore de consolider sa position pour pouvoir observer la scène sans risquer de tomber, tout en étant capable de manier une invocation.


Spoiler:

Mar 2 Juil - 14:31



Camp du Magister / Forêt de l'Arbre-dieu

Demephor 1901



En s’éloignant du camp, Duscisio retrouve son état normal. Qu’est-ce que la normalité chez un élémentaire comme lui ? Peu importe. Il a besoin de continuer d’analyser ce qu’il a senti la nuit dernière.
Contrairement à ce que l’on pense, les plantes sont bien plus vivantes et intelligentes qu’on ne le pense. Elle communique entre elles à travers un réseau unique en son genre. Incorporé une créature agressive envers un arbre. Ce dernier préviendra ses voisins que cette créature l’agresse et fera en sorte de se défendre contre elle. Sécréter des substances nocives, pour principal exemple, à travers des échanges d’informations qui perdurent sur plusieurs années pour finalement s’en défendre. Prenez une plante, n’importe laquelle, et elle s’adaptera au monde qui l’entoure jusqu’à y trouver la meilleure contrepartie pour survivre. Cette évolution a donné naissance à des millions d’espèces animales et végétales qui survivent au détriment des autres espèces ou au contraire se complémentent en se protégeant les unes aux autres pour fabriquer un environnement stable.

Dans le cas de la forêt de l’arbre-dieu, il y a un intrus présent depuis fort longtemps. L’intrus a pris trop d’ampleur en trop peu de temps pour que la forêt en elle-même puisse luter. À partir de cette information, Duscisio doit faire en sorte d’entrer plus profondément dans le réseau de communication et d’énergie tout en ne s’éloignant pas trop du camp. L’apothicaire, dans le silence le plus total, est installé contre un arbre comme étant son trône. Le roi élémentaire dort tout en restant éveillé. Les secondes pour lui semblent être des minutes puis des heures, augmentant sa perception du temps plus qu’elle ne l’était déjà. Cette notion du temps quand on l’entend parler de jours alors que plusieurs années se sont écoulées n'est pas uniquement due à cette connexion à la nature dont il garde avec joie toutes les subtilités. Nous ne sommes pas ici pour expliquer son train de vie, mais celui de cette petite forêt dont le protecteur bourdonne d’énergie. Une partie s’en échappe pour être absorbée par une structure qui ne devrait pas être là. Cette structure de pierre est actuellement présente dans une barrière créée par l’homme que Duscisio a cherché à éviter. Le réseau d’énergie dont l’élémentaire est un invité est perturbé par cette structure. La barrière préserve en partie cette perturbation jusqu’à un point critique qui réveille Duscisio. Une explosion parvient à ses oreilles comme à tous ses autres sens. Lui qui se pensait suffisamment loin ne l'est point. Il y a aussi quelques autres cénotaphes se trouvant dans cette forêt qui a le même effet que ceux qui se trouvent dans le camp.

Duscisio regarde dans la direction de certaines d’entre elle avant de prendre la route de la première structure qui l’intéresse aujourd’hui. Autour du trône se trouve une terre noire, dépourvu d’énergie sur un ou deux mètres. L’énergie absorbée se ressent visuellement. Les roses de l’élémentaire sont plus nombreuses. Si certaines sont sur le point d’éclore, l’apothicaire prend quelques minutes pour les absorber à son tour et en faire d’autres roses, plus nombreuse et moins avancée. Une étape nécessaire avant de prendre la direction du camp à plus de deux cents mètres de là. C’est là qu’il est utile d’avoir partagé quelques roses avec ses compagnons de route. Quelques-unes se sont ouverte suite à la disparition de la protection artificielle pour en dégager une présence que Duscisio arrive à sentir malgré la distance qui les sépare. Il n’est aucunement enthousiasmé à l’idée de s’approcher des machines à l’intérieur de la barrière qui a été brisé.



Au fur et à mesure que la distance se réduit, d’un pas accéléré, il se trouve à la frontière de ce qui était la barrière d’énergie qui le tenait naturellement éloigné. Son visage est hostile. De profondes rides d’une colère injustifiée se creusent. Ce changement d’attitude et cette hostilité s’en ressent envers l’Exerus. Que cela soit l’animal sauvage ou l’invocation d’Ellendrine, ils sont attirés par sa présence. Ou plutôt, qu’ils le craignent. Il n’a pas encore agi que les deux créatures arcaniques montrent leur dent contre l’élémentaire extrêmement hostile. Personne ne peut expliquer un tel comportement, si ce n’est Duscisio lui-même. Son humeur est principalement liée aux machines à proximité, surtout qu’il ne se contient plus. Souvenez-vous du court voyage en dirigeable. L’élémentaire n’a pas dit un mot pendant tout le trajet. La colère l’a envahi, mais il s’est contenu. Ce n’est plus le cas ici. Son camouflage sentimental dévoile certaines facettes qu’il n’a pourtant jamais montrées en public. Duscisio s’avance vers le groupe droit vers l’animal sans s’en soucier. Préférant éviter d'approcher de lui, l’exerus sauvage s’écarte de son chemin en continuant de grogner, tandis que l’autre retourne près d’Ellendrine pour garder ses distances.

— Éteignez ses saloperies de machines. Dit-il d’une voix rauque de colère.

Cela ne lui ressemble pas de parler de la sorte. Lui qui est habituellement correct, il est agressif, impolis. Ses rides marquées poussent le plus proche humain des machines à les éteindre sans discuter. Même si celles-ci sont éteintes, l’élémentaire ne décolère pas et regarde Artemis.

— Mon cristal de barrière n’est pas vivifié. Dit-il d’un ton sec. Le vôtre l’est ? Il faut remplacer la barrière pour la nuit. Je peux m’en charger si nécessaire.

Le fait de vouloir s’en occuper lui-même est lié aux nombres importants de roses qui servent de batteries. Peu importe la lumière. Peu importe les machines. Il ignore même les exerus qui visiblement n’approcheront plus du groupe tant que l’élémentaire est parmi eux. Au bout de quelques minutes, il partira de lui-même au bout de quelques minutes.

— J’ai peut-être quelques maigres informations à vous partager… introduit-il simplement. Je me suis connecté avec certains arbres. Il semblerait que les cénotaphes attirent une partie de l’énergie de l’arbre-dieu. Si vous voulez commencer par régler le problème, isolez-les…

Bien que cela ne le réjouisse pas le moins du monde, la barrière de nascents a son utilité. Peu certain de cette information, il ne précisera pas son utilisation. L’information elle-même n’est pas vérifiée. Il a besoin de se connecter à la nature, comme il le dit si bien. Technique qu’Ellendrine connaît bien pour avoir été utilisée sur la mandragore aux Monts d’Argent.
Ne vous fiez pas non plus au retour progressif de son calme. Même avec les machines éteintes, Duscisio reste agressif malgré lui.


Résumé:

Jeu 4 Juil - 16:21

Cœur d'Urh

Nouveau challenger en compagnie d'Artémis, Seraphah, Duscisio, Ryker et Ellendrine

Le discours du Docteur Elyesa Muridas leur présentait très clairement les choses. L'affaire était on ne peut plus sérieuse. De la réussite de cette dernière dépendait l'avenir de l'Arbre-Monde et, autrement dit, le destin du monde lui-même.
Ah. Avec pareil argument, nul ne pourra pas dire que j'ai volé ma solde.
C'était peut-être une mission un peu trop importante pour une mercenaire, non ?
Nostell ne se posait pas la question de savoir si elle était à la hauteur ou non : elle avançait avec les autres, surmontait les obstacles en leur compagnie. Elle n'était pas seule. Personne ne l'était dans cette aventure.
Sauf les morts, hélas.
Il leur était physiquement impossible d'éviter toutes les catastrophes. Point d'omniscient il y avait au sein de leur effectif hétéroclite.

Tout avait l'air d'aller bien jusqu'à ce que les machines alentours décidassent, subitement, d'entamer une grève. A leurs défaillances synchronisées s'ajoutait un bruit monstre en provenance des pylônes sertis des nacsents de protection.  
Le début d'un nouveau cauchemar.
Plus de lumière. Les appareils électriques s'étaient tus en réponse à l'apparition d'un Exerus, comme l'avait annoncé le Tartare du même nom. Cela eut aussi pour effet d'exciter négativement les foules. Les scientifiques, guère rompus au combat et à la survie, ne se sentaient plus en sécurité et à juste titre.

- Que personne ne fasse bande à part ! cria Nostell en s'emparant prestement de son arc et d'une flèche. Ceux qui s'écarterons du groupe feront des cibles faciles.

L'Exerus pensait sans doute comme elle mais, en l'absence d'éclairage, il n'avait pas à se soucier de la vigilance des intrus. Malheureusement pour lui, c'était sans compter l'intervention magique et défensive d'Artémis de Goya ; sa barrière bloquant l'assaut du grand félin.
Bien ! Et maintenant, la lumière ?
Nostell en avait besoin pour cibler un point vital de leur assaillant. Elle savait qu'une flèche tirée à l'aveugle ne provoquerait pas grand dégât chez ce monstre à fourrure.
Fouillant dans son sac, son employeuse fit tout son possible pour leur dénicher un petit quelque chose de viable en la substance d'un batônnet luminescent.
C'est mieux. Mais pas suffisant pour que je puisse donner la réplique.
La mercenaire quitta l'archéologue des yeux juste avant que celle-ci n'entame une sorte de lévitation sous l'effet d'un pouvoir invoqué par Farouk, son second, qui avait, en silence, trouvé un endroit où se poster. Quelqu'un tira, dans les airs, une fusée de détresse presque au même moment.
Là, on est bien.
Une lueur froide et meurtrière traversa le regard de la strigoi. L'Exerus se trouvait dans sa ligne de mire. Elle avait déjà encoché une flèche et tiré sur la corde. Un simple relâchement des écarteurs et le projectile filerait comme le vent, avec pour ultime destination un œil de la majestueuse créature.
Nostell était prête à lui infliger un coup critique quand la voix aérienne de Lady Brightwidge la fit lever les yeux au ciel.

- ...Mais que diable faites-vous à cette hauteur ? Vous vous prenez pour un ballon ? Le moment est mal choisi.

L'Exerus ne semblait pas l'avoir encore remarquée. Qui plus est Ellendrine réclamait non pas son intervention létale mais plutôt le soutien d'une personne capable de communiquer avec la bête énervée.
Je ne détiens pas ce pouvoir.
Et, à vrai dire, elle avait bien plus envie de décocher cette flèche plutôt que de chercher à nouer le dialogue avec leur agresseur. Malheureusement, en s'y prêtant, elle risquait non seulement d'aller à l'encontre de la stratégie du groupe mais aussi de potentiellement compromettre la mission en énervant davantage l'Exerus...
Du calme.
Elle le retrouva très vite, demeurant toutefois dans une position de tir.
Duscisio fit alors son apparition. Lui qui d'ordinaire n'affichait pas grande émotion paraissait très en colère, bizarrement. Sa venue perturba aussi l'Exerus - au point qu'il renonce momentanément à se servir de ses griffes ou de ses crocs. Il exigea, auprès des humains, que l'on éloigne les machines du site avant d'entreprendre de rétablir une barrière neuve pour la nuit. Cette dernière manœuvre pouvait apparemment se faire par le biais d'Artémis, qui disposait d'un cristal prévu à cet effet.
Ce sera tout ?
La strigoi ne se souciait pas de l'élémentaire en colère. Elle avait connu pire dans sa jeunesse. Des menaces plus percutantes qui ne laissaient pas voix au chapitre. Ici, elle surveillait surtout les moindres faits et gestes de l'Exerus qui, grâce à l'intervention de Duscisio, n'osait plus faire usage de la violence.
Nostell trouvait presque cela dommage...
Avec une parfaite maitrise de ses gestes, elle renonça finalement à l'élimination du monstre.


Résumé:
Ven 5 Juil - 1:58


Coeur d'Urh


Conquête Sacrée

Artémis, Ellendrine, Nostell, Ryker






Maelström observa l'élémentaire se retirer dans la forêt. Il avait beau être en compagnie de l'un d'eux depuis dix ans maintenant, ils - les élémentaires - lui restaient toujours mystérieux. Ils mimaient pourtant à merveilles l'humanité, ils n'en restaient pas moins différents. Il avait ainsi conscience que Duscisio s'en sortirait très bien dans la forêt vu que c'était quelque part qui il était. Son attention revint ainsi sur les scientifiques présents. Il remarqua l'effusion de mots de ces derniers à l'intention d'Ellendrine. Elle avait une certaine prestance malgré son côté quasi enfantin à cet instant. L'assurance d'une femme qui avait l'habitude qu'on lui obéisse mais qui n'était pas pour autant amoureuse du pouvoir. D'ailleurs, en observant leur troupe, personne n'était de cet acabit. Il savait depuis longtemps que malgré son rôle au sein d'Epistopoli, Seraphah n'aimait pas le pouvoir. Ce dernier était un moyen pour parvenir à ses différentes fins.

Docteur Muridas. Toute l'agitation ambiante semblait s'éteindre doucement tandis qu'elle saluait chacune des personnes présentes. Une certaine grâce maladroite rayonnait d'elle, rien - à priori - de lourd ou manipulateur. Elle semblait reconnaître certaines têtes d'affiche, même s'il était plus probable qu'elle ait été briefée au préalable par le Magistère. Les us d'usage passés, elle n'attendit pas pour parler vrai. La situation était catastrophique. Chacun pouvait y aller de ses interrogations, la vérité était que personne ne savait réellement ce qu'il convenait de faire et si la situation pouvait être rétablie. Opale mourrait comme Dainsburg avant elle et pour les hommes et femmes de pouvoir cela était impensable. Un cauchemar devenu réalité. Alors oui, toutes les personnes présentes ici avaient conscience de la gravité de la situation, mais elles n'étaient pas là pour Opale mais pour Uhr. Peut-être aussi pour leurs proches et pour la science.

Cette dernière était défaillante. Soudainement, plus d'électricité. Soudainement un exerus était présent prêt à s'en prendre à toutes ces machineries et tout ce qui les entourait. Immédiatement, Maelström se mit sur ses gardes. Seraohah observa Duscisio les rejoindre, hurlant d'arrêter toute électricité et envoyant quelques mots qui captèrent son intérêt. Ellendrine se mit à léviter de son côté et finit rapidement dans un arbre. Farouk semblait y être pour quelque chose.

Mais ce n'était pas ça qui intéressa l'élémentaire, mais de percevoir la barrière invisible tout autour d'eux, tandis que le reste des membres du Magistère semblaient paniqués. Nostell voulut agir contre la bête, mais d'après les histoires que Seraphah avait lu dans ses recueils, cette dernière n'avait pas vraiment de raison de les agresser...c'était l'un des mammifères les plus sages, d'où le rejet des technologies. Il observa que les machines avaient été mise sur pause, et il nota que vivre une charge de l'exerus ne serait pas de tout repos même si Artémis et Duscisio était deux dessus.

C'est ainsi qu'il cria à son tour, pour s'assurer de passer outre la panique de la majorité des personnes présentes. «Restez tous ou vous êtes! Docteur Muridas, tenez vos agents! Ne bougez surtout pas! Il va faire chaud!»

Sans que personne ne le remarque, occupés à être en vigilance face à l'exerus, un filament de feu parti de la chaussure de l'élémentaire et commença à faire le tour du groupe avant de s'élever en un anneau de flamme de un mètre de hauteur. L'anneau servait à la fois de protection mais aussi de signalement pour que l'animal se retire. Si ce dernier venait à s'approcher, tel des bras, des flammes se tendraient vers lui et iraient jusqu'à le pourchasser. Clairement, il n'aimerait pas en arriver jusqu'ici, il respectait la faune, mais s'il n'avait pas le choix... La manifestation de ce feu ne lui prenait pas tant d'énergie qu'on pourrait l'imaginer étant donné que c'était sa nature qu'il venait ainsi exprimer au lieu de la contenir comme habituellement.






Spoiler:


Mer 10 Juil - 17:45

MJ - Coeur d'Uhr

Le secret des Cénotaphes


L’Exerus rugit, sa silhouette se découpa sur la lumière de la fusée et jeta un terrible aperçut du destin de ceux qui s’aventuraient trop loin dans la forêt. Ses yeux étincelèrent dans la pénombre sous l’agitation des divers membres de cette expédition. Cependant, c’était sans compter les êtres exceptionnels qui composaient ce groupe. Des talents si rares qu’on en oublierait leur prix parmi les gens du commun. C’était chose aisée que d’oublier vos dons, aventuriers. Mais pour ceux qui n’avaient pas votre force, votre chance ou votre richesse, vous offriez un spectacle d’une virtuosité inouïe. Ainsi, même pour une nation aussi riche qu’Opale, aussi habituée à manipuler Nascents et cristaux, votre déferlement parut salvation. Les scientifiques se regroupèrent autour de vous, tandis qu’Elyesa relayait l’ordre de Duscisio. Elle ne se formalisa pas du rang, de son ton ou encore de son attitude générale. Les quelques machines encore en veille grâce aux générateurs de Myste de secours furent coupés et la créature descendit de son perchoir pour se fondre dans les arbres. Le silence se fit dans la forêt tandis qu’Artemis et Seraphah déployaient leurs magies. Ryker déploya la lumière, renforcé par Nostell. Puis, au centre de ce petit groupe, restaient les scientifiques. Protégés et encadrés.

- Agents Ceros, surveillez le périmètre : cela risque d’en attirer d’autres.
ordonna-t-elle à lorsque l’agent en armure dorée et verte apparut d’entre les arbres.

Ce dernier opina du chef puis se rapprocha d’eux.

- L’Exerus semble avoir attaqué le camp principal avant de venir ici, Docteur. Les données n’ont pas pu être transmises par l’équipe sur place.

Un grand craquement retentit au loin, un arbre bougea dans la pénombre et le cri de douleur d’un homme les alerta. Quelqu’un, ou quelque chose, avait fait une rencontre malencontreuse. Le Docteur Muridas soupira et se mordit la lèvre. Elle riva son regard sur une paire de pupilles iridescente qui scintillait dans les arbres, dans lesquelles les flammes de Seraphah se reflétaient. L’Exerus était arrivé parmi eux. Il les observa quelques secondes et l’étrange brume qui nimbait son encolure glissa sur les arbres. Elles ruisselèrent jusqu’au sol et révélèrent les corps désarticulés de deux opaliens en habits de noble sous ses pattes, les mains serrées sur une pile de Myste. La colonne vertébrale tordue et les yeux vitreux. La créature, aux cornes imposantes, leva une patte. Le premier corps bascula. Le second resta pendu dans les branches mais la pile glissa de ses doigts et rebondit au sol. L’Exerus darda ses iris furieux sur l’élémentaire végétal et découvrit ses babines puis riva son regard vers l’autre élémentaire. Il jaugea ses proies puis recula à pas feutrés dans la forêt.

- Et merde … murmura la savante, les larmes aux yeux.

L’agent Exerus apparut de derrière l’arbre et s’approcha des deux cadavres pour confirmer leur mort. Il secoua la tête, rendu visible par la lumière de Ryker. Ils étaient ceux qui étaient allé éteindre les derniers appareils. Le Tartare rengaina son arc puis entreprit de rejoindre la troupe.

- Merci à vous pour votre vitesse de réaction. Je n’ai pas eu le temps d’intervenir que vous aviez déjà tenu à distance la créature. les remercia-t-il, d’un ton qui laissait entendre qu’il était soulagé bien que confiant en ses propres capacités.

L’Agent Exerus se rangea aux côtés du Docteur et les scientifiques entreprirent de récupérer leurs dernières données. La créature pouvait revenir, tout comme le reste de la forêt pourrait se soulever contre eux. Ce camp, bien que censé être salutaire et offrir une protection contre la forêt, semblait compromis.

- Je suis désolée … je crois que l’hospitalité promise va être remise à plus tard. La créature semble avoir été mise en respect par l’étendue de vos cristaux et talents. Je dois avouer que je n’avais jamais vu pareille compagnie, aussi bien dotée. Uhr n’a qu’à bien se tenir avec des gens de votre calibre. tenta-t-elle de plaisanter, afin de rassurer un brin ses ouailles. Les équipements, ici, ont rempli leur rôle mais …

Elle soupira, ferma les yeux.

- Le camp principal, établi à côté d’un grand nombre de Cénotaphes, a vraisemblablement été attaqué. Nous avons perdu le contact avec eux, selon Ceros. Mais, pendant que mes camarades récupèrent le nécessaire avant notre retraite, je dois dire que je suis intriguée par votre remarque … reprit-elle, cherchant le nom du nouvel arrivant.

La Docteur le dévisagea de bas en haut, fronça les sourcils et décida de passer outre : un autre membre de l’expédition qui était, lui aussi, un élémentaire. Elle observa ses roses, son attitude et son visage expressif sembla indiquer un début de compréhension.

- Elémentaire végétal, c’est bien cela ? Et bien … je dois avouer que votre présence nous aurait été bien utile pour comprendre bien des phénomènes : tout comme vos … atours semblent … Hm, pardon excusez-moi. Elle rougit légèrement. Je … je suis botaniste avant tout … et vous êtes … heu … Elle rougit davantage. Heu … magnif ... rare. Oui, rare. Mais vous avez raison, cher élémentaire. Les cénotaphes sont connectés à l’arbre-dieu : nous avons établi qu’il existait une relation entre eux. Je ne sais pas laquelle avec précision, mais je partage cette conjecture. Cependant, nos relevés ont montré un différentiel dans l’interprétation : les cénotaphes et l’arbre-dieu connaissent un dépérissement. Pire, si je puis dire : celui des cénotaphes s’amplifie davantage.

Elle offrit un sourire à l’assemblée, comme si la conclusion coulait de source. Quelques secondes de silence. Elle se rembrunit un peu.

- Ahem. Cela signifie que la relation est plus complexe encore. Il semblerait, et ce ne sont que mes conjectures – mon papier n’est pas encore publié – mais il semblerait que ce soit l’inverse. Les Cénotaphes alimentent l’Arbre-dieu. Or … les derniers événements ont très fortement impacté cette symbiose. C’est … précisément ce qui m’a conduite à venir ici en personne. Face à l’urgence de la situation et le lien théorisé entre les deux, il est nécessaire de trouver une solution pour Opale, et pour Uhr. Les choses ont l’air connectées à ces cénotaphes, tout comme l’Arbre-Dieu à ses racines … mais je ne sais pas pourquoi, ni comment, ces éléments ont été reliés …

Elle commença à monter dans les aigus, emportée par sa ferveur mais su se contenir et s’arrêta avant de partir en conjectures volubiles inutiles.

- Une équipe d’archéologues était mobilisée sur le camp principal, et cherchaient à qualifier la nature des cénotaphes. Le but de ce petit camp était de mesurer les connexions et signaux dans un premier temps et leur variation. Il … il me semble que vous pourriez nous aider à ce sujet. Vos dons et compétences nous seraient utiles pour comprendre ce phénomène. J'ai l'intime conviction que l’existence d’Uhr est liée à ce tout ceci … que ce qui se joue, ici et maintenant, aura des répercussions pour les siècles à venir …
continua-t-elle en s’approchant de Duscisio, puis avec un regard vers Seraphah et Ellendrine. Votre venue est un signe. Tout espoir n’est pas perdu. M'accompagnerez-vous ?
Ven 12 Juil - 17:15


Coeur d'Urh


Le secret de cénotaphes

Artémis, Seraphah, Nostell, Ryker, Duscisio




Portrait de famille:

Sans le savoir, elle venait de sauver l’Exerus. La flèche de Nostell avait failli partir. Les facultés d'Ellendrine impactant la faune sauvage pouvait la faire passer pour colonisatrice de la nature. La plupart du temps, son pouvoir de domptage servait pourtant à la protéger de la peur de ses coéquipiers, comme cela avait été le cas plus tôt avec le bukavac.

Elle n’était hélas pas en position de répliquer l’exploit, n’en aillant d’ailleurs pas la force. Farouk avait décidé pour elle. L’homme noir ne prenait aucune chance avec le roi de la forêt. De son côté, Ellendrine ne pouvait que ceindre le tronc tout en déplorant tant d’anthopocentrisme.

L’archéologue faisait peu de cas des corps de ses confrères brisés dans les bras de l’Exerus. Comment s’aventurer dans une forêt primaire sans se renseigner sur les races qui la peuplaient. C’était la raison véritable pour laquelle leur zeppelin s’était arrêté aux marges de la forêt et que leurs équipements de prélèvements étaient amovibles et discrets.
-« Toujours le mot pour rire, Nostell ! Je n’ai pas vraiment eu le loisir du choix. »

De son perchoir, elle assista à une démonstration totalement grandiose. Deux forces de la nature donnaient lieu à un spectacle saisissant. Végétal pour l’un, pyrotechnique pour l’autre. Impressionnée par Seraphah, elle apprécia particulièrement qu’il neutralise la confrontation sans blesser l’animal, qui ne faisait que protéger son territoire et sans doute un site sacré.

Faruk vivait la frustration de n'avoir pu exercer ses talents. Il se laissa tomber du haut de son arbre en ralentissant drastiquement sa chute à l’approche du sol. Simple renversement proportionné de la gravité appliquée à son corps. Il atterrit comme sur un matelas pneumatique sans déranger un brin d’herbe.
-« Tu n’oublies personne, n’est-ce pas, Farouk ? » questionna l’archéologue, un rien ennuyée.

Elle eut le droit à une descente beaucoup plus bousculée, puisqu’elle renâclait à lâcher la branche qui la sécurisait. Et puis, Farouk avait du mal à réguler les flux gravitationnels de manière aussi délicate autour d’une tierce personne.

-« Nous nous sommes préparés à affronter la forêt de manière organique, Docteur Muridas. Je comprends le caractère essentiel de vos mesures, mais votre dispositif était tout sauf modeste et ne pouvait que mettre en alerte cette faune bien connue des naturalistes… » lui reprocha l'aristocrate sur un ton sentencieux.

A ses yeux, accepter de réduire le dispositif de sécurité aurait mieux valu que d’en faire des caisses et d’affoler les gardiens de la forêt - qui seraient sans doute passés sans réagir à côté d’un pieux groupe de sentinelles aramilanes.

Ne voulant pas accabler davantage une femme déjà à terre, et ses confrères endeuillés, elle laissa les explications reprendre. Il y avait donc un camp principal ! Encore plus voyant !

La scène fantasque qui s’ensuivit la laissa incrédule. Cette docteur Muridas était perchée ! La directrice du département biologique ne devait pas sortir assez souvent de son laboratoire. Ou alors se perdait-t-elle trop souvent dans la vallée aux champignons… Lady Brightwidge ne pouvait s’empêcher de dévisager Elyesa ennamourée par Duscisio.

Dans un soupire, elle comprit que leur temps était malheureusement compté sur ce site après l’attaque et préféra tirer de son sac son escopette de Darrier. Les autres scientifiques étaient déjà en train d’entasser leurs outils à la diable et elle voulait immortaliser le contact de la science avec les cénotaphes. Ainsi, elle braqua ce qui ressemblait à une arbalète surmontée d’un boîtier et un flash caractéristique surgit dans la combustion de poudre magnésique. Son geste se répéta à quelques reprises. Loin de vouloir trop s’approcher, selon les consignes des scientifiques, elle pensait que les caractères encore lisibles sur la pierre pourraient fournir ultérieurement des informations précieuses. La linguistique n’était typiquement pas le domaine d’expertise des agents du Magistérium.

L’Aramilane revint sur un toussotement gêné du docteur Muridas.
-« Qu’ai-je manqué ? » murmurra-t-elle à l’adresse de Seraphah.
De ce qu’elle avait pu deviner au loin, les déductions actuelles du Magistère tenaient plus des Lapalissades. Elle-même avait pu déduire exactement les mêmes choses par sa seule imagination en s’appuyant sur les textes de l’Ahad et quelques récits apocryphes de parias de Doulek fuyant l’Âge Noir.

Au moins la thèse du lien entre les cénotaphes et l’arbre-dieu était confirmée. Même si personne n’en comprenait encore la mécanique. Les ruminations d’Ellendrine tournait autour de l’affirmation « le déperrissement des cénotaphes est même pire ». Qu’est-ce que cela pouvait-il donc signifier ? en l’écoutant, elle se dit que c’était bien les poseurs, de reprendre les évidences des anciens et de construire leur célébrité en les publiant avec un vernis de modernité. Il fallait croire que l’ubris scientifisant confinait à l’amnésie pour tout ce qui était considéré comme superstitions anciennes. A croire que ceux dotés de foi étaient purement des abrutis.

Les thèses archéologiques prônaient l’inverse. Sans rien tenir pour acquis, elle présupposait un fond de vérité, ensuivi d’un déclin soudain, d’une chute démographique et de la patine oublieuse du temps et du folklore, pour tenter de flairer des pistes invraisemblables.

Des archéologues ? Fine !

-« Bien sûr que nous venons. Je veux m’entretenir d’urgence avec vos archéologues. Vous en êtes d’accord, Seraphah ?... nous n’avons pas de temps à perdre, comme vous le dites, nous ne sommes plus en sécurité et le sort d’Opale décline jour après jour… voulez-vous que nous vous aidions pour… traiter dignement vos hommes ? »

Elle faisait évidemment référence aux corps brisés des scientifiques. L’un d’eux gisait toujours en équerre, le buste surélevé, tandis qu’un de ses collègues à genoux se prenait la tête entre les mains en sanglotant, incapable de participer à la levée du camp. Leurs scientifiques à eux se tenaient à carreaux, étrangement massés entre Artémis, Seraphah, Ryker et Duscisio.


Spoiler:

Ven 12 Juil - 20:28


Coeur d'Urh


Conquête Sacrée

Artémis, Ellendrine, Nostell, Ryker, Duscisio






Intérieurement, Seraphah se posa la question: est-ce qu'ils avaient besoin du Magistère ou ces derniers avaient besoin d'eux? C'était inconsidéré et dangereux que d'être venu en cette forêt avec autant de machines quand on connaissait un tant soit peu la faune. À croire qu'ils n'avaient pas réfléchis, mettant en péril la vie de plusieurs de leurs hommes. Et la leur aussi, s'ils n'avaient pas tous été si débrouillards en de telles circonstances. L'agent Exerus fut le premier à parler au groupe directement. Il semblait des plus confiants en ses capacités, n'en restait pas moins que deux personnes mortes ce n'était rien en comparaison à ce qui aurait pu arriver s'ils n'étaient pas intervenus. Mais aller savoir quels sont ses ordres...

Aux paroles du docteur, Mrs Bridewidge qui avait trouvé refuge dans les arbres, répliqua d'un ton sentencieux suite auquel, Seraphah ajouta: «J'espère que vous avez eu le temps de trouver des réponses au sort qui nous attend, étant donné que vous ne semblez pas avoir pris le temps de connaître le terrain avant de vous y installer.» Ils avaient montés cette expédition afin d'être efficace, et surtout de mettre le moins possible en danger la vie des scientifiques qui avaient eu assez d'âme pour embarquer. Ce n'était pas pour voir sa vigilance mise à l'épreuve face à une organisation bancale.

La docteur garda sa tenue malgré la mort de deux membres de son équipe, et rebondit assez rapidement dans la direction de Duscisio. En effet, ce dernier avait mentionné une information des plus importantes avant que chacun ne doive se mettre en garde afin de protéger un maximum les personnes présentes.

C'est ainsi que l'ambiance passa du drame - les cadavres des deux scientifiques étaient en arrière plan de la docteur - à la romance. Si tant est que l'élémentaire végétal comme elle l'avait nommé, remarqua cet intérêt pas du tout discret qu'elle montrait à son égard. Même Aelan s'éleva sur son épaule, délaissant la "poche" qui lui servait d'abris pour observer davantage l'expression de la femme. C'était qu'il découvrait encore le monde et tentait de retenir toute information nouvelle. Et clairement qu'il en parlerait à l'élémentaire dès que l'occasion lui serait offert afin de mieux comprendre.

Alors que Seraphah était aux premières loges concernant les trouvailles du Magistère sur le lien entre cénotaphe et Arbre-dieu, Maëlstrom prenait soin d'aller rassurer les scientifiques qui avaient eu chaud. Tous avaient été surpris que les flammes s'étaient évanouies aussi rapidement qu'elles étaient apparues.

Au moment où Ellendrine revint près de Seraphah, il lui glissa à l'oreille: «Les cénotaphes alimenteraient l'Arbre dieu et depuis les derniers événements ils ont du mal à assurer cette fonction. Toutefois, cela va vous plaire, le mystère reste encore entier. La nature de la connexion entre les deux n'est pas établie.»

Il percevait la dame d'Aramila comme une détective en chef, surtout quand la nature était de la partie.

À peine ces mots murmurés, que la voix devint très aigüe, la passion semblait étreindre férocement la docteur qui ne se ressaisit que grâce aux regards étonnés et appuyés de la majorité des personnes présentes. À sa demande finale, Ellendrine répondit et il ne put qu'accepter: «Nous sommes venus pour aider Uhr, alors oui, il serait intéressant de continuer les recherches entamées. Toutefois...» Il se tourna vers Ryker, Artémis, Duscisio, Nostell, Ellendrine et tout le groupe initial. «Si aucune équipe n'a été dépêchée pour le moment au niveau de l'Arbre-Dieu, il serait bon que certains s'y rendent également...Le temps nous manque comme cela a été nommé» Il se tourna également vers la docteur: «Avez-vous une équipe près de l'Arbre?»

Bien sûr, il allait falloir réfléchir à qui serait plus efficace d'un côté plus que de l'autre. Mais si l'élémentaire était prêt à couper le groupe en deux, c'était avant tout car avec les membres du Magistère, ils étaient beaucoup plus nombreux qu'auparavant...et sans machineries, la discrétion devrait leur être favorable.


Spoiler:


Sam 13 Juil - 23:33

Cœur d'Urh

Insécurité générale en compagnie d'Artémis, Seraphah, Duscisio, Ryker et Ellendrine

L'Exerus avait battu en retraite. Le puissant félin s'en était allé dans la forêt non sans avoir fait deux victimes opaliennes. Des hommes qui s'étaient écartés du troupeau pour éteindre les énervantes machines. Cela leur avait coûté cher, hélas ! Tous deux réduits à l'état de cadavre.
Deux nobles sacrifices. On ne pourra pas le leur reprocher.
Nostell ne pouvait pas se permettre d'être émotive. Le danger demeurait et, de toute façon, elle y était rodée. Les morts étaient des inconnus et ils le resteront à ses yeux. C'était bien mieux ainsi. Inutile de chercher à s'en émouvoir.
Le cas de son employeuse bien vivante la préoccupait bien davantage. Farouk, son homme de main, avait usé d'un pouvoir gravitationnel pour la tenir à l'écart du danger avant de la ramener à sa portée. La mercenaire se tenait prête à la réception, juste au cas où...
Lady Brightwidge n'eut pas besoin de ses services. Elle était suffisamment en forme pour reprocher de nombreuses choses au docteur. La botaniste opalienne, vraisemblablement tombée sous le charme de l'élémentaire en colère.
Oui, c'est surprenant. Il faut vraiment de tout pour faire un monde. Notamment au sein de celui-ci.
Durant toutes les explications, Nostell garda le silence. Elle était douée pour ça. Loin d'être une excellente oratrice, elle préférait économiser les mots. Tendre l'oreille. Apprendre. Enregistrer l'essentiel sans que personne ne vienne l'embêter.
L'Arbe-dieu et les Cénotaphes sont liés. Nul ne sait encore ni pourquoi ni comment. Toujours est-il que ces monuments funéraires permettent à l'arbre de tenir le coup. Mais que ce mystérieux phénomène a perdu de son efficacité, ces derniers temps.
En bref, c'était loin d'être la joie.
Mais il y avait en ces lieux sombres des personnes motivées, compétentes et instruites pour résoudre cette énigme et répondre au problème. Des cerveaux et des muscles. Des renforts qu'il allait bientôt falloir scinder en deux groupes équilibrés. Parce qu'il y avait aussi deux camps opaliens, dans les environs. Dont un qui ne s'en était pas très bien sorti, au pied du grand arbre...
Lady Brightwidge s'était déjà réservée une place et octroyé un objectif. La mercenaire qui dépendait d'elle se voyait mal s'en écarter pour les beaux yeux d'un ou d'une autre.

- Je connais déjà mon rôle et ma position, déclara-t-elle. A vous de réfléchir en ce qui concerne l'affectation des autres membres de cette expédition.

En attendant, il y avait un corps à décroché des branchages et un autre à ramasser. La strigoi ne comptait pas les bouder, conformément à l'empathique proposition que son employeuse avait faite au docteur Muridas. Sans émotion aucune, elle s'en alla mettre les mains dans le cambouis.

Résumé:


Dernière édition par Nostell An'mbeidh le Lun 15 Juil - 16:12, édité 1 fois
Dim 14 Juil - 22:44



Camp du Magister / Forêt de l'Arbre-dieu

Demephor 1901



Après la présence de l’apothicaire qui offre une protection invisible par sa seule présence, Seraphah ajoute un cercle de feu. Duscisio n’est pas neutre au fait d’avoir quelques flammes autour de lui. Il se sent moins à l’aise. Néanmoins, l’exerus qui se tient à l’écart est découragé d’attaquer directement le groupe. Il y eut le relai de ses ordres d’éteindre les machines restantes. L’exerus, qui en a profité pour faire une ou deux victimes, défit les deux élémentaires du regard avant de s’enfoncer dans la forêt. C’est malheureux, mais c’est la vie.
À partir de là, la tension se réduit, l’élémentaire retrouve partiellement son calme et les fleurs se referment naturellement d’elles-mêmes, à l’approche de la nuit tombante. Même si cela ne suffit pas, rien que la présence des machines contribue à l’humeur de l’albinos. Son silence aux remerciements ou à la mort de ceux qui ont éteint les machines ne saurait contribuer d’aucun intérêt à qui que ce soit. Quant à la situation du camp, elle semble compromise malgré la proposition de Duscisio d'établir une barrière pour la nuit. Le fait d’apprendre qu’il n’y a pas qu’un seul camp titille un peu le rosier blanc. Il n’avait pas tort quand il se disait sentir plusieurs monuments dans la forêt qui s’incrustaient dans le réseau sylvestre qu’il a eu le temps de sonder sur une petite surface… Enfin, petite… Suffisamment pour savoir où se trouvait potentiellement ce camp en question puisque celui-ci avait également perdu sa barrière. Il sait maintenant pourquoi.

Il se sent dévisager alors qu’il regarde à peu près dans la direction du camp principal. Cela ne vient pas d’un quelconque animal ou d’un végétal auquel il aurait pu se connecter, mais d’une humaine. Celle-là même qui donnait des explications sur leur situation. Elle n’avait pas son nom, mais elle avait sa nature.
Un élémentaire végétal qui détourna son regard vers la jeune femme qui montre un certain intérêt pour lui. Vraisemblablement tombée sous les charmes de l’apothicaire, la docteure en botaniste est hésitante, tout en bafouillant quelques lapsus sur son apparence unique. Le principal intéressé partage alors cet échange et reprend son calme habituel.
Une botaniste. Ces deux-là se rencontrent dans le meilleur des mondes. Si bien que l’élémentaire ouvre quelques roses blanches comme le ferait un paon pour séduire sa belle pendant qu’elle précise quelques détails et correctifs sur sa remarque sur les cénotaphes. Ses monuments et l’arbre-monde dépérissent. Préférant afficher ses plus beaux traits plutôt qu’un visage alarmant, il écoute le résultat des études de la jeune femme qui semblait prête à tout lui dire. Que cela soit pour ses beaux yeux, ou dans l’intérêt du groupe suivant le point de vue, les informations partagées sur les monuments.
Si l’arbre-dieu présente effectivement des signes inquiétants, Duscisio était de loin d’imaginer que de simples constructions de pierre puissent contribuer au maintien du gigantesque Châtaigner.

— J’ignore ce que sont ces monuments. Mais d’après ce que vous me dites et ce que j’ai pu sentir, leur lien dépérit pour une raison inconnue… Je me demande si les piliers ne serviraient pas de réserve.

C’est la seule explication que l’apothicaire a en tête. Peut-être que l’énergie est détournée d’une quelconque manière. Celle-ci pourrait très bien se vider plus vite que d’ordinaire. Si cela est lié aux racines qui auraient été coupées ou non. De nombreuses suppositions peuvent être faites. Ne pouvant partager ses hypothèses sans confirmation, il restera muet. Pour vérifier cela, l’élémentaire ne pense donc qu’à établir une nouvelle connexion avec le réseau sylvestre ou bien à se rendre directement à l’arbre-dieu, le cœur, pour y extraire les informations dont les Opaliens auraient besoin.

La botaniste soumet l’idée de se rendre au camp principal. Duscisio n’est qu’à moitié de cet avis. Il ne se détourne pas autant de la jeune femme qui lui demande s’il l’accompagnerait. L’idée d’entrer dans un autre camp envahi de machines ne plait guère à l’élémentaire qui a déjà démontré son changement d’humeur à leur présence néfaste. Quitte à choisir, il propose une autre idée à la jeune femme et à son groupe.

— Je préférerais me diriger directement vers l’arbre-monde pour des raisons évidentes. Dit-il en dévisageant les machines éteintes. J’aimerais bien savoir si je peux me connecter directement à lui.

Cela semble impensable vu ce qui se laisse entendre de ceux qui ont déjà essayé, mais Duscisio est un élémentaire. Un élémentaire sylvestre par-dessus le marché, cela pourrait très bien augmenter ses chances, sans oublier la mine d’information qu’ils pourraient trouver dans cette opération. En parlant de connexion et au vu que le docteur Muridas lui a demandé s’il l’accompagnerait, il revient à elle.

— Navré, mademoiselle. Nos chemins se séparent ici… dit-il en baisant le dos de sa main.

Il avait l’intention de lui offrir une rose blanche. La galanterie est poussée à son extrême, peut-être un peu trop vis-à-vis du regard des autres, mais qu’importe. Ils se reverront probablement quand le groupe d’Ellendrine aura terminé avec les cénotaphes. Nous n’avons pas perdu pour la botaniste qui pourrait le connaître un peu plus. En tant qu’élémentaire, apothicaire ou en tant qu’homme.


Dernière édition par Duscisio Balibe le Jeu 18 Juil - 15:11, édité 1 fois
Mar 16 Juil - 19:08


Duscisio, l’élémentaire de plantes aux capacités et discernements intéressants. Venus des ténèbres comme de par magie, au moment où la situation semblait la plus dramatique, il parvint à neutraliser le danger presque à lui seul, par sa seule présence. Si ce dernier ordonna à Artémis ce qu’il devait faire, de manière désagréable, le vagabond préféra ne pas relever et continuer ses tâches. Créer une barrière, une fois le monstre écarté, relevait du bon sens et l’aventurier avait prévu de le faire. Il s’exécuta silencieusement et créa une barrière énergétique qui protégeait tout le personnel qui s’était regroupé autour de lui. Ainsi, tous purent se poser un instant et faire le point sur la situation. Artémis regrettait les scientifiques malmenés et évidemment morts, mais il n’aurait rien pu faire. Ils venaient d’un autre campement.

La suite consistait à se rendre au campement principal. Avant cela, le docteur Muridas exposa une hypothèse résultant de ses recherches. Les Cénotaphes alimentaient l’Arbre-Dieu ou inversement. Il était fort à parier que l’arbre divin fournissait de son énergie aux tombes. C’était elle qui nourrissait tout l’écosystème. Seraphah suggéra de se séparer en deux groupes. Il fallait être précautionneux sur la répartition des groupes. L’homme aux cheveux d’albâtre décida alors d’intervenir lui-même : « Je comptais me rendre auprès de mon vieil ami, l’Arbre-Dieu. Je veux bien y escorter quelques scientifiques volontaires, mais à la seule condition que Ryker et Duscisio m’accompagnent. Si je veux protéger tout le monde, j’ai besoin de ces deux-là. », fit-il calmement en regardant chacun des membres décisionnaires. Il allait sans dire que Nostell, Seraphah, Farouk les deux tartares suffisaient amplement pour le second groupe.

La condition fut acceptée et semblait convenir à chacun. Duscisio devait certainement mieux se sentir au cœur de la forêt que dans un campement. Quant à Ryker, c’était un patrouilleur, son devoir était donc de patrouiller dans les contrées dangereuses. Ainsi, accompagnés des quelques scientifiques de leur groupe initial, le trio s’enfonça dans la forêt sans adieux. Artémis lui-même évitait d’aller aussi loin. La dernière fois, sa vie ne s’était jouée qu’à peu de choses. Inutile de rappeler à ses camarades que la vigilance était de mise. Ils étaient tous trois experts et friands de mésaventures.

Soudain, son odorat et son ouïe lui indiquèrent la présence de quelques intrus. Un simple regard échangé avec Ryker suffit à lui indiquer qu’ils n’étaient pas seuls. Depuis le temps qu’ils partageaient des missions communes, de simples gestes exprimaient des messages clairs. Des sons sauvages vinrent donner quelques informations sur l’espèce présente. Un son primate : « Des Nagora ! Fermez les yeux ou les enfilez vos lunettes polarisantes ! », pesta le vagabond à l’adresse de son groupe. Un contact visuel avec ces maudits singes et les victimes partaient dans un univers parallèle psychédélique, une attaque hypnotique qui pouvait causer de sérieux dégâts.

Les yeux fermés, l’homme aux cheveux de suie matérialisa son loup intérieur et invoqua son Yearrk. Sans dire le moindre mot, il leur ordonna de faire fuir les Nagora, afin de reprendre tranquillement la route. Quelques petites minutes plus tard, Artémis ordonna à ses comparses d’ouvrir les yeux. On pouvait observer un merveilleux loup blanc et un vilain Yearrk en train de manger leur butin. C’était le pacte engagé avec eux. Le vagabond pouvait user de leurs services à condition qu’ils pouvaient en profiter ensuite. Les scientifiques trouveraient certainement ces manières sauvageonnes, mais cela faisait bien longtemps que le Portebrume se moquait des pensées de son espèce.