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[PARTIE 1] La dimension corrompue

[PARTIE 1] La dimension corrompue - Page 2 Brandw10
Mer 11 Oct - 20:48

Vous avez choisi la faille - l’atteindre ne fut pas une partie de plaisir. On y a laissé un peu de peau, un peu de plumes, un peu de sanité, et un peu de sang aussi. Mais en laissant les miroitants de côté, vous avez foncé vers l’espoir d’enfin faire flancher Valeek. Lui arracher une petite pierre. Franchir cette porte infranchissable.

C’est qu’il s’est bien joué de vous. Même jusqu’à la dernière seconde, vous remarquez des anomalies dans votre vision. Une pierre qui semble transparente quand elle ne clignote pas tout simplement. Un pan entier de façade qui s’étire grotesquement. Passons, passons, peut-être un coup de cette satanée brume qui vous suit de façon omniprésente. Mais vous avez fini par l’atteindre. Enfin.

Le gouffre s’ouvre face à vous, à force d’efforts, vous voilà face à la faille, il ne faut qu’un pas pour la franchir. Et à votre grande surprise, à l’intérieur, nulle brume, pas même un petit peu, une bribe de vapeur. Non… Il n’y a rien.
C’est l’obscurité la plus totale qui vous accueille. Vous êtes dans le fort… Oui? Peut-être. A vrai dire, vos yeux vous renvoient l’ombre la plus totale, la plus mordante, la plus palpable. Comme un voile épais qui épouse chaque millimètre de votre peau et la couvre de frisson.

Si vous tentez d’allumer une lumière, celle-ci ne vous indiquera rien, le couloir qui vous fait face semble constituer d’ombre, et si vous avancer, c’est l’ombre sous vos pas - couloir? Tout n’est que ténèbre, vous pourriez bien tourner à droite et foncer. Comme avancer à même le vide.
Cette illusion étrange vient-elle vraiment de la brume? Est-ce sage de s'avancer?

Et dans cette vacuité obscure, chaque bruit s’étouffe doucement. Vous vous sentez mal à l’aise, comme si un morceau entier du monde avait disparu, emmené ailleurs, et vous vous retrouvez dans son sillage vidé de toute substance.

Rien ne laisse supposer une menace pourtant. Les miroitants sont hors de portée, et la brume ne vous suit pas. Mais un sentiment de malaise vous agite tout de même face à cette vision irréelle. Allez-vous poursuivre sur cette voie?
Les plus habiles d’entre vous pourront peut-être remarquer quelque chose au loin. Un petit objet rond, un peu métallique, mais trop loin pour être discernable - et puis, il semble à hauteur de… Hauteur de nombril? Il flotte?

Qu’est-ce q…?


Jeu 12 Oct - 16:20
Les sens du grigori étaient si affûtés qu’il en était jaloux. Maladivement jaloux. Il percevait cependant que c’était cette sensibilité qui donnait à la Brume cette sensation de prise sur lui. Ce qu’il avait ressenti lorsqu’il l’avait attrapé et que sa Nebula avait, avec discrétion, altéré les pouvoirs de Maël. Sans trop savoir comment, il l’avait fait émerger de quelque chose qu’il n’arrivait pas à discerner. Peut-être était-ce la Brume qui désirait noyer ceux qu’elle n’aimait pas ressentir en son sein. Il n’avait pas ce problème. Pas encore. Il la sentait vriller autour de lui et percevait les attaques contre sa forteresse mentale. Il ressentait la violence des assauts de ce qui lui paraissait être une entité consciente mais elle ruisselait sur lui comme un lointain séisme. Il n’aurait sur dire pourquoi ni comment. C’était un choc sourd qui engonçait ses sens à se taire, à réduire sa perception dans ce monde de fumée. Ryker attrapa Aelys et la poussa devant lui, la Cadette semblait se perdre dans la violence des assauts. Il comprit, émit une hypothèse. Cette force, c’était celle qui menaçait de l’emportait chaque jour depuis que sa nebula avait pris possession de lui … se pourrait-il que … Non. C’était une conception bien trop terrifiante de la Brume. Il se sentit comme infecté, souillé. Il serra les dents. Repoussa sa nausée. Son regard croisa celui de Maël. Oui, il n’y avait pas d’autres possibilité. La faille, ou l’abandon.

Il ne deviendrait pas un Spectre, se jura-t-il tout en laissant sa Nebula déployer ses pouvoirs. Il attrapa le Grigori qui perdit sa légèreté, ainsi que tout autre facétie urbaine, et le poussa devant lui. Il toucha Aelys qui perdit sa verve et sa peau terne en devint d’albâtre. Il passerait le dernier, il tiendrait la maille jusqu’au bout. Les cris gutturaux des miroitants se faisaient obsédants à présent. Ils ricochaient sur les murs oniriques de cette faille spectrale. Ses paupières s’étrécirent, tout semblait vaciller autour de cette création de l’esprit. Le monde tournait. Il se rappela de sinistres et regrettables lendemains arrosés ainsi que de dangereuses échauffourées. Les murs de la forteresse défilaient autour de lui s’organisèrent en une spirale psychédélique qui faillit lui faire lâcher son épée. Au sein de la Brume, il n’avait jamais vu pareille chose. Ryker hurla lorsqu’il fit son dernier pas et s’arracha au danger des créatures et de la Brume et puis … plus rien. Le silence absolu, le noir total. La Brume avait disparu.

- Qu’est-ce que c’est que ce … maugréa-t-il, sa main couvrant ses yeux pour faire taire sa migraine.

Ils trônaient dans un noir absolu, étaient entrés dans une sorte de dimension parallèle. Il y avait bien eu des témoignages sur pareils phénomènes, mais de là à leur donner une quelconque crédibilité …

- C’est comme si … la Brume avait tout dévoré pour ne laisser que les ténèbres. grommela le Patrouilleur, faisant un geste pour rengainer son arme mais s’arrêtant au milieu. Pas de danger concret, et pourtant …

Ses pas traçaient des encyclies parfaites. Il n’y avait pas d’eau, il n’y avait rien. Pas la moindre source de lumière, mais ils se percevaient tous avec clarté. Autour, étaient-ce des murs ou autre chose ? Il toucha de ses gants et ce qui paraissait à portée de main devint aussi lointain que l’horizon. Il pesta encore une fois qu’il n’avait jamais vu cela, puis s’avança à portée de ses compagnons. Nimrod, Maël et … où était passée Cadette ? Il l’avait pourtant jetée avec eux. Il frémit.

- Aelys ? Cadette ? l’appela-t-il, tandis les battements de son cœur commencèrent à se raccourcir.

Il tourna sur lui-même, la chercha des yeux. Là, il capta quelque chose. Une sorte de … sphère ? Il fit un signe de la main et intima aux autres de ne pas bouger. Qu’est-ce que c’était que ce truc ? Où était passée la gamine ? Un frisson glacé coula le long de son échine. Il s’approcha de l’objet, le contourna. Avait-ce un lien avec la disparition d’Aelys ? Avait-elle atterri ailleurs ? Il serra les dents.

- Aelys ? l’appela-t-il de nouveau, presque à voix basse cette fois-ci tant il était intrigué par cette sphère.

Son épée, passa sous l’objet sans le toucher. Au-dessus. Ils pouvaient respirer dans cette zone, mais si la gamine était prisonnière ailleurs ? Son point s’ouvrit se ferma. Il regarda autour de lui, capta le regard des deux prisonniers d’infortune avec lui. Il s’apprêtait à faire une énorme bêtise, surtout connaissant son passif avec la Brume. Prudence était mère de survie. Ils étaient là, dans une sorte de zone immense et sans fin qu’il n’avait pas tout à fait explorée. Une sorte de calme relatif entre le chaos du dehors et la suite, avec cette seule sphère d’identifiable. Le Patrouilleur grinça des dents. Ils étaient dans le fort dont personne n’était revenu, avaient-ils fini ici, dans ce gouffre infini, ou avaient-ils été poussés par la curiosité et avaient touché la sphère ? Il frissonna, leva sa main. Il la laissa en suspens au-dessus de la sphère.

- Et merde … cracha-t-il avant d’abaisser la main.

Son poing serré passa à côté de la sphère et il se tourna vers les deux autres prisonniers de cet espace sans fin.

- Aelys a disparu et tout ça ressemble à une prison. Avez-vous une piste pour se sortir de là sans tomber dans le piège évident de cette sphère ?
maugréa-t-il, une main agacée dans ses cheveux poisseux de sueur et de poussière.

Il essaya de cacher son inquiétude pour la donzelle … mais ce n’était pas très efficace.
Mer 1 Nov - 15:15
Où vas-tu ? Où cours-tu ?

La voix résonnait dans son esprit à mesure que la douleur dans son bras devenait assourdissante. Ce n'était pas une plaie normale et, même s'il saignait abondamment, il savait que tout cela était surtout psychologique. Était-ce au moins de véritables miroitants qu'ils avaient rencontré ? Ryker ne semblait ne pas y croire. Comme à l'existence de cet endroit où ils avaient atterri tous les trois, sans sa jeune pupille. Les évènements troublants ne cessaient de se suivre, décidément ; Nimrod ne s'en souciait pas. Ils avançaient sur le fil depuis leur entrée dans la Brume et seule sa réaction irrationnelle, si raison elle pouvait avoir, à l'approche du fort était véritablement imprévisible.

Et maintenant ceci.

Après avoir déchiré un pan de sa chemise pour tenter de panser sa blessure, il n'était pas médecin, l'acteur s'était retrouvé avec ses deux acolytes face à l'étrange objet au milieu de la pièce. Comme l'endroit en lui-même, il ne semblait pas interagir avec la matière. Une sensation désagréable remonta l'échine de Nimrod... celle d'être déjà passé par là. Enfin, il avait une vague idée de ce dont il pouvait s'agir.

« - Il n'y a pas que la Brume à l’œuvre ici, je le sens... Mais ceci n'est qu'un mirage, une reproduction, une énième duperie, » grimaça-t-il en prenant les devants.

Ryker se montrait prudent en essayant de soupeser la sphère de la pointe de son épée, mais l'opalin décida d'aller plus loin. A la surprise de ses compagnons, il passa sa main sur l'objet, la refermant doucement en attendant de voir où cela pouvait donc les mener. Ce n'était pas comme s'il y avait grand chose d'autres à faire, dans cette antichambre de noirceur.

Contrairement à ce à quoi il s'attendait, il ressentit un contact métallique, solide au toucher. Immobile, il regarda tour à tour Maël et Ryker qui retenaient tous deux leur souffle face à son acte irréfléchi. Le patrouilleur semblait sur le point d'exploser.

Je ne peux effacer ce que tu as fait.

La voix tintait dans son esprit. La sienne, mais en même temps non. Un vague refuge d'une mémoire d'outre-tombe, dont la grande partie était restée ailleurs. Dans un endroit similaire à celui-ci, mais bien plus sombre en dépit des lumières. Il ne suffisait pas de ne rien voir pour être dans les ténèbres ; c'était bien pire lorsque les ombres bougeaient. Au moins ici, il ne ressentait pas de présence.

La mort n'était peut-être pas le seul réceptacle auquel il pouvait se fier pour se rappeler qui il était. Les blessures que la Brume lui avaient infligé éveillaient ces souvenirs oubliés. Mais tout était différent et au lieu d'être l'acteur, il était le public. Il entrevoyait du coin de l’œil cette silhouette qui s’épuisait à courir dans la pénombre de couloirs bétonnés, ouvrir des portes et découvrir des salles de piliers jaunes, de murs recouverts de tapisseries défraichies éclairés par des luminaires à la tension électrique grésillante... Il savait qu'il n'avait alors aucune idée de l'endroit où ce pauvre être avait atterri...

Brûlons le passé, oublions la vérité.

« - Toujours rien. Mais je crois avoir une idée... »

Il regarda alors sa main, en même temps qu'il faisait tourner la singularité dans sa poigne. Comme il s'y attendait, celle-ci tourna, bien que difficilement, et actionna un loquet qui dévoila un jeu dans l'obscurité. Lentement, celle-ci s'ouvrit en dévoilant des rayons de lumière éclairant la noirceur environnante.

Ils étaient dans une pièce du fort. Et l'étrange objet était simplement la poignée d'une porte qu'il venait d'ouvrir.
Mer 1 Nov - 18:07

Les ténèbres ne vous auront pas avalé, finalement. Dans ce vide, il n’y aura rien eu. Pas de brumes, pas d’ennemie, pas d’obstacle… La vacuité dans son plus simple appareil. Une improbable vacuité.
Une impossible vacuité.

Vous commencez à comprendre que dans le fort, quelque chose d’autre est à l'œuvre, sans encore pouvoir le nommer ou préciser sa forme réelle. Mais la brume n’est pas la seule à avoir le contrôle sur votre environnement proche. Maël, Ryker, Nimrod, vous avez traversé l’obscurité, marché à même le rien, traversé le monde de l’ombre pour arriver vers la singularité.

Une poignée métallique. Rouillée, usée par des dizaines de mains, de doigts, datant d’il y a quelques siècles, des temps que même le temps a oubliés.

Attrapez-là, tournez-là… Et ce ne sont plus les ténèbres que vous verrez dans l’encadrement. Non, à la place, vous voyez une petite salle qui ressemble à s’y méprendre à un bureau, une petite geôle éclairée par la lumière du soleil qui passe à travers trois fenêtres, couvrant l’un des murs. Elles vous révèlent quelques meubles - une bibliothèque où se trouvent quelques livres, une chaise à moitié mangée par le temps, une tapisserie moisie et noircie. La pièce pourrait faire une dizaine de mètres sur la longueur, tout juste trois ou quatre de largeur, et vous fait curieusement penser à un couloir qu’on aurait étiré.

Mais ce n’est pas ça qui attire votre attention. Au fond de la pièce se trouve un bureau. Un bureau sur lequel vous voyez ce qui ressemble à une carte. Une carte du fort?

Il suffirait de s’approcher pour l’examiner. De loin, vous ne distinguez que les contours de l’édifice et peut-être une tâche de sang séchée si vos yeux sont habiles. Approchez-vous donc. Approchez-vous, c’est peut-être ce qui vous manque pour vous sortir de ce fouilli.

Mais approchez-vous sagement. Car entre la carte et vous: devant le bureau, c’est un premier être distordu, un miroitant - encore - au sourire irréel, monté sur un corps aux proportions étranges, juste assez longues pour vous glacer le sang, mais assez courtes pour être humaines.
Vous remarquerez sans peine ce premier ennemi. Mais le deuxième se fera concret quand il claquera la porte dans votre sillage, se dessinant dans la lumière une fois la porte fermée. Seul le miroitant près du bureau est armée d’une épée brisée en son centre que le temps a sûrement émoussé sans pour autant lui ôter son tranchant. Le deuxième a les mains vides…

Deux ennemis à abattre - peut-être - et la carte devant vous. Derrière-vous, la porte n’a pas disparu pour autant - mais vous ignorez si elle vous mènera là d’où vous venez. Se battre, fuir, récupérer la carte - dans ce dédale, quel chemin allez vous prendre?

Dim 5 Nov - 16:42

Intrigue
La dimension corrompu

Ft. Nimrod & Ryker
MJ : Lö

Noir. Tout est noir.

Dans cette dimension corrompue, rien n’existe d’autre que le noir. Même la lueur blafarde de sa peau s'ombrage. Même la lueur de son cristal se perd. Pourtant, son esprit est plus limpide que de l’eau. Quel endroit incroyable ! Il observe, silencieux, curieux. Les mystères de ce monde ne cesseront jamais de le surprendre.

Noir. Tout est noir.

Aelis ? Le patrouilleur l’appelle, mais elle ne répond pas. Pourtant, Maël la sent. Dans la noirceur, un souffle. Il n’est pas seul à s’y être réfugié. Elle est là, dans le noir, sa présence sur l’épaule d'un erelim de lumière. Ne la sens-tu pas, patrouilleur ? Elle est là. Le grigori demeure pourtant silencieux. Comment expliquer la puissante sensation qui l’habite ? Il sait, sans savoir comment, sans savoir pourquoi. Par le mouvement irréfléchi de Nimrod, l'ange tombe dans l'oubli.

Noir. Tout est noir.

Tout son corps s’éteint. Il ferme les yeux, il disparaît, ne fait qu’un avec ce monde où rien n’existe. Il se fond dans le noir comme s’il en avait toujours fait partie. Cristal obscur, pouvoir de ténèbres. Et l’esprit de Maël s’emplit de cette noirceur. Le vide emplit l'espace que la Brume a laissé. Il laisse le strigoi se débattre avec l’énigme de leur présence ici. Maël, lui, sait.

Noir. Tout est noir.

Dans la noirceur, la sensation est plus forte encore. Il la sent, avec lui. C’est un pressentiment, une force qui l’habite. Ils ne peuvent communiquer, mais pourtant, ils savent. Ici, la noirceur est profonde. Infinie. Son corps se distord dans cet espace sans fin. Il comprend qu’Aelis est comme lui, qu’il est comme elle : incapable de reprendre corps.

Noir. Tout est noir.
Et puis, la porte s’ouvre. Et puis, la lueur.
Tout n’est peut-être pas noir, finalement.

Chair de ténèbres, cœur de lumière. D’une pression obscure, il l’entraîne avec elle. Soudain, ils reprennent corps, main dans la main. Maël croise son regard, lui offre un sourire rassurant. La portebrume lui jette un regard interloqué, mais il n’y a rien à expliquer. La noirceur reflue et les voilà plus aveugles que jamais. Ébloui, il ferme les yeux. L’odeur de la moisissure. La chaleur du soleil. Le son de respirations. Trop de respirations.

La vision revient lentement, et Maël constate sans surprise le comité qui les accueille. Ils ont les mêmes visages que ceux qui les menaçaient dehors. Où sont-ils, maintenant ? Quel genre d’endroit est-ce ? Est-ce qu’il vaut la peine de répondre à ces questions ? Maël dégaine avec calme, examinant les détails de l'endroit. Pose le regard sur un parchemin. Une carte. Il la lui faut, à tout prix. Son arme en main, pourtant, il sent que quelque chose est différent.

Un être se glisse derrière eux, referme, peut-être à jamais, le plan de la noirceur. Pourquoi ne les attaquent-ils pas ? Jamais Maël n’a vu de miroitant aussi calme. Sont-ils réels, cette fois ? Est-ce seulement possible que tout cela soit réel ? Ou peut-être sont-ils plus que de simples créatures. Il en a entendu parler. A maintenant l’impression que ça existe.

— Vous nous avez imposé de bien grandes épreuves, miroitants, déclare-t-il sereinement. Croyez-vous possible de nous remettre cette carte ?

Le regard de la créature se braque sur lui.
Imperceptiblement, Maël modifie ses appuis.
Mer 8 Nov - 20:31
C’était passé à un cheveu de l’insulte, un cheveu de la tartiflade de strigoï. Son cœur avait manqué un battement lorsqu’il s’était saisi de l’objet métallique, craignant que la Brume ne leur ait encore joué un tour, puis le soulagement l’avait gagné. Il ouvrit une porte … dans le vide. Un endroit où l’espace semblait agir différemment, déformé par une magie inconnue et des mystères qui dépassaient sa carrure de Patrouilleur. Il vivait dans ces eaux dangereuses, mais était toujours stupéfait par les vilénies de la Malice. Il expira avec douceur, ne se rendant compte qu’à ce moment qu’il manquait d’air. Une pièce du fort, une porte dans le vide : ceux qui étaient morts en tenant de rejoindre le fort avaient-ils aussi franchi cette étape ou avaient-ils été dévorés par les Miroitants ? Il n’eut pas le temps de s’inquiéter de nouveau pour Aelys qu’il la découvrit là, à ses côtés, lorsqu’il franchit la porte. Il fronça les sourcils froncés, il tenta de lui demander où elle était passée, agacé, mais les événements glissaient entre ses doigts. La Cadette semblait perplexe, perdue même. Mais il ne pouvait rien y faire pour l’heure.

- Encore … pesta-t-il entre ses dents, ses doigts tirèrent son épée courte par instinct.

Il marcha de concert avec l’ambassadeur qu’il était censé escorté mais pivota arme au clair lorsque la porte claque. Il darda sa lame sur la créature distordue, qui trônait dans l’absence de Brume. Ils étaient dans une salle en parfait état, une sorte de bureau à l’intemporalité qui le perturbait. Figé dans le temps ? Une leçon en devenir. Dans l’instant suspendu de la surprise, il avait aperçu la carde et ce qui semblait être une tâche de sang. Que révélait-elle ? Etait une porte de sortie ? Leur salut ? Il n’oubliait pas leur mission originelle, mais il ne savait pas si elle était encore pertinente face à ce qu’ils venaient de vivre. Les mystères s’épaississaient et il ne parvenait pas à les percer. La carte et son sang … il ne mira aucun cadavre, aucune échappatoire si ce n’était une porte par laquelle ils venaient d’entrer. Vu les circonstances, il aurait parié qu’elle faisait office de sortie. Mais alors, pourquoi être venu ici ? Quelle était l’intention de la Brume ? Ou de l’Entité qui vivait là ?

Maël tenta une approche qui laissa septique le Patrouilleur, trop engoncé dans ses habitudes. Il marqua une hésitation qui suffit à la créature pour révéler son hostilité. La dague du patrouilleur gagna la gueule étirée de la créature, lancée presque par réflexe. Il tira Maël en arrière mais déjà la curée commençait : ils étaient dans une pièce bien trop encombrée pour se battre correctement. D’autant plus que si la Cadette et lui étaient rompus à certains arts et pouvaient combattre de concert grâce à leurs écarts passés, il n’en était pas sûr pour ses autres compères. Le Patrouilleur utilisa sa main libre pour faire glisser une chaise dans les pattes du second Miroitant, presque sans regarder. Nimrod était blessé : il ne le laisserait pas se faire avoir une seconde fois.

- Cadette ! La Carte : il nous la faut !
lui fit-il, avant de se déporter sur le côté pour attirer l’attention du miroitant à l’épée.

Il se colla contre la bibliothèque et s’empara d’un livre. Il espérait estimer date ou avoir des informations pertinentes avant de les balancer au visage de la créature qui leur faisait face. Il grogna quelques insultes contre le fait qu’il ne se ferait pas remplacer dès aujourd’hui par une courge mal étirée, puis lança un autre livre pour attirer l’attention du Miroitant pendant qu’Aelis glissait avec grâce sur le côté du bureau pour arracher la carte de ses mains. Elle leva l’objet à destination de Ryker qui ne put que hocher de la tête avant d’attaquer plus sérieusement le Miroitant. Il recula pour éviter un coup qui aurait fendu un bœuf en deux. Il aurait aimé avoir le temps d’inspecter cet endroit pour en apprendre plus mais il pressentait que ces Miroitants seraient aussi invincibles que les autres.

Sa Nebula s’agita, s’amusa à le toiser en lui proposant une alternative à laquelle il se refusa. Elle griffa son esprit, macula sa psyché d’images indécentes puis se gaussa de lui. Elle se sentait plus sereine qu’auparavant, la garce. Ryker serra les dents et continua de faire face aux Miroitants.

- Maël, une idée ? Nimrod ? Je sèche là : j’ai peur que nous n’ayons d’autre choix que la retraite … avec cette foutue carte ! A moins que l’un de vous sachez lire ça ? Ou voit un indice au travers de la fenêtre ? Je n’ai pas envie de rester plus longtemps en face-à-face avec ces saletés … ou que l’une d’elle prenne la place de l’un d’entre nous ! grogna-t-il, conscient qu’affronter un seul miroitant était déjà un exploit digne de louanges.
Sam 11 Nov - 1:56
L'ombre s'était éteinte, lorsque la porte s'était ouverte. Les ténèbres mêmes que Nimrod s'apprêtait à incorporer, qui lui auraient permis de se dissimuler si le danger rappliquait, ne fourniraient en vérité aucun support. Mais dans cette pièce mal éclairée où le Mal les attendait, il y avait suffisamment de jeux de lumière pour jouer aux prestidigitateurs.

Sitôt la porte s'était-elle refermée derrière eux, laissant la jeune aventurière et l'acteur au centre de la scène, les armes tirées au clair de leurs compagnons menaçant l'adversaire, qu'il avait cherché une issue. C'était même mieux, ici : l'endroit était mal éclairé, la moisissure recouvrait les fenêtres comme seules sources de luminosité et les grandes ombres des jointures des carreaux venaient tenir tête aux corps distordus des ennemis. Nimrod, lui, s'effaça dès qu'il en eut l'occasion. Il lui fallait à présent compter sur ses camarades pour ne pas provoquer un flash éblouissant qui aurait raison de lui dans la seconde, mais son corps n'était plus qu'éther, naviguant dans les ténèbres, reprenant forme à travers un œil pour observer la scène.

Mael repoussait les assauts du Miroitant près du bureau, tandis qu'Aelis se glissait discrètement derrière eux. Il l'avait vue, évidemment, mais le grigori faisait barrage, comprenant que c'était la meilleure solution pour obtenir le plan des lieux. Contre un mur, Ryker dévalisait la bibliothèque en jetant son contenu sur l'aberration qui lui faisait face. Restait le strigoï qui, ténèbres ou pas, continuait à ressentir la douleur lancinante dans son bras. Mais la blessure était mineure et il y avait plus de peur que de mal. Non, par contre il avait un coup à jouer, mais ne pouvait s'empêcher de se questionner sur tout ce qu'ils étaient en train de vivre.

Cette fois-ci, la Brume ne semblait pas être à l’œuvre. Et le comité de réception n'était pas de ce monde. Sans tirer de conclusions hâtives, il espérait toutefois deviner juste. Il se sentait plus proche que jamais de cette vérité dont l'absence le dévorait, cette mémoire que la folie avait altérée, jusqu'à ne la restituer qu'à travers des émotions suffisamment fortes. Quelques flashs continuaient encore à apparaître dans sa rétine, mais rien de concret. Seulement ces sempiternels couloirs, cette tapisserie pourrie, ces lampes allogènes vrombissantes, encore, toujours...

Enfin, l'acrobate s'arracha à ses songes fiévreux pour reconnecter avec la réalité. Dans les ténèbres, il se mua entre les pavés et les ombres tirées sur les murs jusqu'aux pieds du Miroitant qui semblait ne pas apprécier les lectures du patrouilleur. Ce-dernier était d'ailleurs acculé et, malgré sa lame tendue, à la merci d'un enchaînement d'attaques fourbes que l'on pouvait aisément prévoir. Par chance, le monstre n'entendit rien.

Il ne vit pas non plus le corps reprendre forme derrière lui, d'abord silhouette grotesque et informe de noirceur. Puis jeune homme bien mis à la manche déchirée, au bandage de misère ensanglanté. Et dans sa main, le reflet imperceptible d'un faible rayon de lumière diaphane, venu se glisser sous la gorge de l'abomination. Une lame fine et courte, mais suffisamment longue pour sévèrement entailler sa jugulaire distendue et asperger son voisin d'en face d'hémoglobine sombre comme la nuit.

Nimrod eut une impression de déjà-vu, mais ce n'était pas car il avait usé de ses artifices maintes fois pour venir ainsi à bout de ses victimes. Non, il avait déjà eu à poignarder l'un de ces monstres, dans une autre vie.

La lame continua son chemin jusqu'à dessiner un terrible sourire ensanglanté sur le cou de sa victime, s'assurant que ses facultés surnaturelles ne lui permettent pas de faire volte face. Il avait bien entaillé la chair, jusqu'à l'os. Le spectacle n'était pas joli à voir, mais le tueur s'en fichait et la seule expression qui maquillait son visage était celle d'un psychopathe ne ressentant aucune émotion. Mais intérieurement, il bouillait ; des visions lui venaient, lui remontrant un chemin parcouru, des couloirs, des tapisseries, des allogènes. Et des visages dans les ombres.

Il manqua de perdre son équilibre et s'écrouler sous le poids du Miroitant qui s'affalait sur lui, mais retrouva ses esprits à temps pour s'écarter et éviter le corps inerte en train de chuter. Ne laissant que Ryker comme seul témoin de ce qui venait de se passer. Ce n'était pas les talents d'un simple acteur, n'est-ce pas ? Tu as déjà vu ce genre de meurtriers à l’œuvre ; ils sont nombreux dans les rangs des patrouilleurs.

Il n'avait pas prêté attention au reste, mais lorsque Nimrod se retourna vers Aelis et Maël, il les vit reculer dans leur direction. L'aventurière possédait dans sa main un rouleau de papier qui devait probablement être la carte. Et le Miroitant restant n'avait pas l'air très commode.

« - Je propose qu'on y aille ! »

Vers la porte, quel autre choix ? Ryker sur ses gardes, le strigoï décida donc de prendre les devants une nouvelle fois en faisant tourner la poignée pour leur offrir une porte de sortie.
Sam 11 Nov - 11:11

Le voile obscure vous aura laissé danser entre les plis de son tissu intangible. Jusqu’ici, les mains des ombres ne vous ont pas encore enlacées. Vous avez toujours su éviter les phalanges, même si leurs ongles auront réussi à, parfois, écorcher votre peau. Et comme en y entrant, vous ne ressortirez pas indemne de ce bureau.

Un miroitant est tombé - le deuxième, noir du sang de son congénère, semble redoubler de sa frénésie sinistre afin d’emporter au moins l’un d’entre vous avec lui. Sa ferveur le fait se jeter sur le premier venu avec ses mains nues, mais fortes comme dix hommes. Il ne pourra visiblement pas enrayer l’action en court: votre retraite.

Car vous l’avez, la carte. Dans les mains de la cadette, revenue dans l’ombre, revenue perdue, mais bien là. Le rouleau ancien, entre deux âges. Il vous faudra trouver un endroit où pouvoir l’observer, c’est peut-être bien là votre dernier défi après ce parcours du combattant.

Pousser la porte, vous retrouverez les ténèbres, le vide. Ce passage où il n’y a plus rien, où deux mondes cohabitent, proches, sans pouvoir se toucher, et où vous marcher à même le creux. Dehors, c’est la brume, les ennemis dans l’invisible, et ses tours sournois. Trouvez un abri, fuyez ce supplice. Car il ne fait aucun doute qu’Aelys tient dans sa main le trésor qui vous permettra de prendre le fort d’assaut. Encore faut-il pouvoir la lire sans risquer de vous perdre.

Fuyez.

Loin du voile obscur.

Pour mieux revenir et le déchirer.

Ven 24 Nov - 12:56

Intrigue
La dimension corrompu

Ft. Nimrod & Ryker
MJ : Lö

Le combat, puis la fuite.
La noirceur, puis la lumière.

D’un œil, Maël observa l’immense fort de Valeek. Il se dressait toujours, imperturbable, gardien éternel de secrets qu’ils n’avaient pas pu percer. Est-ce que cette carte leur permettrait d’en apprendre davantage ? Malgré la fatigue, ils ne s’arrêtèrent pas : les environs du fort étaient périlleux et les volutes de la Brume planaient. Il valait mieux ne pas rester ici. Ils n’avaient d’ailleurs pas besoin de se consulter : blessés, épuisés par les combats, ils prirent naturellement le chemin de leur camp, espérant que, cette fois, les distances ne se distordraient pas.

Maël ne pouvait s’empêcher de jeter de fréquents coups d'œil à Aelis. Celle-ci, le regard voilé par l’expérience traumatisante qu’elle avait vécue dans l’étrange dimension qu’ils avaient traversée, serrait avec force la carte qu’elle avait récupérée dans son poing. L’envie de la lui prendre des mains pour la lire était forte, mais il valait mieux attendre d’être en sécurité... autant que cela était possible dans les Terres Brûlées. Ryker couvrait la jeune aventurière du regard, alors que Nimrod tentait de suivre le rythme malgré sa blessure qui fuyait toujours. Combien de temps avant qu’il ait besoin de se nourrir pour remplacer tout ce sang perdu ?

Lui-même demeurait silencieux. Malgré les siècles de veille qu’il avait passés dans la Brume, rien ne l’avait préparé à cette dimension sombre. Était-ce une simple pièce soumise à un pouvoir d’obscurité particulièrement puissant ? Cela ne collait pas. Ni son pouvoir, ni celui d’Aelis, n'avaient pu percer les mystères de l’endroit. Au contraire, ils s’étaient fait absorber tels les ombres dans la nuit, impuissants devant l’immensité sans lumière. Alors, était-ce une rémanence des limbes, cet endroit étrange sur lequel les témoignages étaient aussi rares que sombres ? Pourtant, cela ne correspondait pas non plus. Là-bas, aucune distorsion de la réalité. L’entrée, comme la sortie, étaient demeurées là, fixes et repérables.

Il fouillait dans sa mémoire sans parvenir à trouver à quoi cela lui faisait penser, pourtant convaincu qu’il s’agissait de quelque chose d’important. Cette antichambre était forcément plus que ce qu’elle ne laissait paraître, c’était pour lui une certitude. Peut-être réfléchirait-il mieux une fois hors de la Brume ? Il leva les yeux vers un ciel encore verrouillé par la brumaille. Encore une fois, celle-ci avait eu raison du meilleur de lui-même. Elle l’avait emporté, ballotté, réduisant à néant son expérience pour lui rappeler que face à elle, il n’était rien. Rien du tout. Une fourmi parmi les autres, certes possédant un puits de connaissance impressionnant, mais tout aussi soumis aux aléas de ce vaste monde que ceux qui l’accompagnaient.

Il n’était pourtant pas trop inquiet. Il avait toujours su qu’il n’avait aucune chance, face à Elle. Il percerait bien ses mystères un jour. Le temps n’était pas un problème. Ce nouveau mystère n’en était qu’un de plus à sa liste, et bien qu’il apportât plus de questions que de réponses, le grigori avait malgré tout cette impression de lentement se rapprocher de la vérité. Pensif, il se demanda ce que le Chancelier penserait de tout cela. Qui sait, peut-être celui-ci arriverait à y comprendre quelque chose. Maël jeta un œil à ses compagnons. Devait-il leur fausser compagnie pour aller le prévenir ? Avec son cristal de lumière, cela ne prendrait que quelques minutes... non. Il n’en savait pas assez.

De nouveau, son regard se porta vers le poing d’Aelis.
Lun 4 Déc - 19:49
Le regard du Patrouilleur croisa celui de Nimrod. Un instant qui s’éternisa entre eux où un échange eu lieu. Un lien ténu, dénaturé. La violence avec laquelle l’artiste venait de mettre fin à la vie de la sinistre créature faisait miroir à celle que le Patrouilleur réprimait. Ils s’accrochèrent quelques sinistres secondes, dans un mélange de crainte et de respect. Ryker n’avait pas survécu dix années dans la Brume par hasard. Le meurtre et le sang faisaient autant partie de lui que du spectacle auquel il venait d’assister. Il était né dans cette engeance et ses traumas refoulaient n’étaient jamais loin. Il plissa les yeux. Le réel se rappela à lui en la personne de l’autre miroitant que Maël avait su tenir en respect. Mais Aëlis leur siffla la retraite d’un cri aigu, ce qui permis au Patrouilleur de couper court à l’assaut de la créature et de s’esquiver à elle lorsqu’elle s’enfonça dans la bibliothèque. Furieuse du sang de sa congénère, il n’aurait su dire pourquoi.

Les ténèbres s’offraient à eux une fois de plus et il n’était pas capable de jauger la dangerosité de leur échappatoire. Nulle Brume en ces lieux, mais des miroitants. Une sorte de dimension couturée qui connaissait ses propres lois. Ils avaient trouvé une faille et s’y étaient engouffrés mais ce n’était pas là un artifice de la Brume, pas plus qu’un point technologique. Il referma la porte derrière lui en se demandant comment les miroitants avaient pu s’y frayer un chemin, puis observa le livre qu’il avait dérobé. Un gros volume poussiéreux, il avait la fâcheuse manie de subtiliser tout ce qu’il jugeait pouvoir être utile. Une sorte de gros atlas … aux lettres inconnues. Un mystère ? Ou une réponse ? Ils avaient quitté un endroit où le temps s’était figé, un endroit que la Brume avait tenté de leur dissimuler … ou alors les avait-elle poussés là ? Il tenta d’interroger sa nebula mais cette dernière resta coite. Comment lui en vouloir, lui qui ne savait que la brutaliser.

- Hé, Cadette.
murmura le Patrouilleur, claquant des doigts devant les yeux perdus dans le vide d’Aelys. Pas le moment de flancher, reste dans l’action. Le regard devant, ne réfléchit pas : agis.

Il lui attrapa la main et tira la carte. Elle ne la lâcha pas. Ils étaient encore dans les ténèbres et la zone semblait avoir un effet délétère sur elle. Il sentait sa paume froide dans la sienne et elle regardait autour d’elle, terrifiée par quelque chose qu’il ne pouvait percevoir. Il la serra contre lui, perplexe. Ils ne pouvaient pas rester ici.

- Je vous suis, Maël. On vous suit. Il lui faudra … quelques minutes. Nimrod, fermez la voie. lui adressa-t-il sèchement, de la voix de ceux qui partageaient un secret indicible.

Et ils s’engouffrèrent dans la Brume, à nouveau. La Malice s’engouffra dans ses poumons et il sentit Lestat vibrer de nouveau. Elle était … bizarre. Presque accueillante. Ils se retrouvèrent au pied de l’étrange mur. Il posa sa main dessus mais ne perdit pas de temps. Une fracture dans les dimensions ? Cela le faisait penser à certaines histoires sur les limbes … ou la cité perpétuelle. Il observa le dos du grigori tandis qu’ils fuyaient en courant. Le Patrouilleur dégaina son épée mais se sentit curieusement bien moins entravé. Comme si cette épine qu’était le fort taraudait la Brume depuis trop longtemps. Quelque chose dans leur relation lui était inconnu et il ne comprenait pas. Comme à chaque fois qu’il approchait des ruines, il sentait qu’il y avait là plus à en dire que ses yeux ne pouvaient le lire. Il se sentait infime face à ces mystères, prompt à céder sous le poids de leur puissance. Pourtant, il était encore là. Debout. Pour l’instant.

- Là, elle s’apaise. leur indiqua-t-il, un point où le soleil dardait quelques rayons.

Et ainsi de suite, en bon Patrouilleur il repéra les inflexions promptes à les mener hors du champ de la Brume. Inflexions que Maël, il en était persuadé, savait lire à la perfection. Les camarades de fortune parvinrent en périphérie de la Brume après une cavalcade qui leur coûta leurs dernières forces. Aucun obstacle, aucune difficulté. C’était étrange, bien trop … facile. Il entreprit de dégainer son épée et d’attendre pendant que tous récupéraient leur souffle. Rien. Il leur fallait retrouver la route, découvrir de combien ils avaient dévié et …

- J’y crois pas … c’est impossible …
grogna le Patrouilleur en découvrant leur camp de la veille. Il n’y croyait pas, mais les traces étaient formelles.

Non, quelque chose n’allait pas. La Brume était trop … inhabituelle. Il grommela quelques remarques dénuées d’intérêt et dû se rendre à l’évidence : après tout ce qu’ils avaient vécu, après toutes les légendes sur ce foutu fort … ils s’en étaient sorti. Ils avaient rejoint leur camp, comme par magie. Il soutint le regard de Maël pendant quelques secondes puis entreprit de s’occuper d’Aelys. La jeune femme semblait être revenue à elle et détenait en sa main la carte. Le jour était encore là, leurs aventures n’étaient pas finies. Ryker lui fit signe de la dérouler devant eux tandis qu’il dissimulait l’ouvrage qu’il avait subtilisé dans son sac. Peut-être qu’il en apprendrait plus, peut-être pas … mais les secrets du fort ne le resteraient pas longtemps il l’espérait.

- Montre-nous ça Aelys, avant que cette foutue illusion ne se dissipe. Si c’en est une. lui demanda-t-il, laissant la sagesse de Maël déterminer la vérité sur ce lieu s’il était bien leur camp.

Il garda tout de même son arme en main. C’était bien une carte, oui. Ecrite, corrigée et … annotée. Un tracé censé les mener jusqu’au fort et en éviter les complexités ? Il fronça les sourcils. Il n’arrivait pas à comprendre les annotations réalisées, cela ressemblait à une sorte de croquis fait à la hâte, bien qu’étonnamment précis. Un tracé rouge semblait représenter un chemin pour éviter certains symboles qu’il associa à l’espèce de zone d’ombre qu’ils avaient parcouru. Une sorte d’anomalie en somme, ou magie étrange … ou technologie : qui savait ?

- Bordel … ça nous aurait été bien utile avant de s’y jeter … et va falloir qu’on y retourne … fit-il avec amertume.

Le Patrouilleur se redressa, contempla leur petite équipe. Un point-étape net se dessinait dans leur quête. Maintenant ... ou jamais ?
Jeu 7 Déc - 0:17
De retour au camp, bien. Tandis que la fine équipe s'attardait sur la carte, Nimrod fouillait fiévreusement dans sa tente pour dénicher quelque chose pouvant calmer la douleur. D'abord, il trouva une bouteille de vin renonnais, puis son kit de premiers secours. Buvant goulument une gorgée de l'un, à la fois pour la douleur et pour oublier son appétit naissant, il révéla de la gaze et de l'alcool de l'autre qui, cette fois-ci, n'était pas propre à la consommation. Quelques instants plus tard, il émergeait de sa tanière avec un grimace contrainte par la douleur électrisante qui pulsait dans sa blessure. Plus tard, il entreprendrait de se faire une écharpe... mais pour le moment, il valait mieux rejoindre la populace et jouer au jeu des devinettes.

Cette fois-ci, ils avaient un indice. Car visiblement, le plateau du jeu sur lequel ils essayaient d'avancer était truffé de pièges et y aller à l'improviste avait bien failli leur coûter la vie.

« - J'en serai. Mais j'imagine que vous comptiez profiter du camp encore un petit peu, » ironisa le strigoi en regardant de façon un peu trop curieuse la jugulaire de la cadette, encore sous le choc.

Il n'exprimait aucune forme d'empathie. Ni pour elle, ni pour ses deux autres camarades qu'il voyait comme des boucliers de chair et qu'il n'hésiterait pas à larguer au moindre inconvénient. Mais des trois, c'était bien la jeune femme qui était la plus appétissante, non pas le Grigori dont la viande devait s'avérer sèche et insipide, ou bien le vieux patrouilleur qui ne lui inspirait rien de plus qu'un vieux morceau de pain rassis, le sang d'un vieux canasson tout au plus.

Comprenant soudain qu'il se perdait dans ses pensées et risquait de s'offrir en spectacle pour peu que ses compagnons de malchance décident de lui accorder leur attention, l'opalin se reprit. La faim le taraudait, assurément, mais il était venu équipé en rations. C'était aussi une des raisons pour lesquelles il souhaitait retrouver au plus vite le confort froid et humide de sa tente. Revenant dans la discussion, il hasarda :

« - Nous pourrons tenter une nouvelle initiative après une bonne nuit de repos, si cela vous convient ? Je pense que nous en avons tous besoin. »

Il en avait besoin. Qu'importe les lestes qui voudraient s'arrimer à sa nacelle pour la suite, il saurait en faire bon usage. La blessure puis le meurtre du miroitant nourrissaient une faim autre que celle de son pitoyable vestige ; il se rappelait. Et cette soif de souvenirs, elle ne se tarissait jamais... Seulement ils ne s'étaient pas encore suffisamment enfoncés dans les convolutions de la Brume, et en l’occurrence du Fort de Valeek, pour qu'il puisse s'assurer d'un aller sans retour de ses infortunés partenaires.

Ils nourriront eux-aussi les moisissures de la tapisserie jaune. Leurs corps figés dans un rictus, le regard rivé sur les lampes néon.

Je me souviens à présent.
Ven 8 Déc - 9:32

La brume n’aura pas eu raison de vous aujourd’hui. Bien que vous lui avez laissé des plumes, elle vous a laissé quitter le fort maudit entiers. Curieux, non? Vous pourriez jurer l’avoir connu plus belliqueuse. Mais quoique ce soit qui se cache dans ce fort, cela l’affecte aussi, et pour une fois, elle semble prête à vous épargner…
Pourtant, à vous voir réunis, on se demanderai bien si la plus grande menace n’est pas déjà avec vous, en la personne du strigoï qui contemple avec une curiosité malsaine la carotide pulsante de la plus jeune du groupe.

Qu’importe, vous avez maintenant d’autres chats à fouetter. Vous ignorerez sans doute à jamais qui aura dessiné cette carte, qui l’a annoté au péril de sa vie pour vous offrir le chemin à suivre. Mais vous voilà bien devant ce qui semble être l’unique passage pour enfin percer les défenses du Fort Valeek. Il n’a pas encore révélé tous ses mystères. Trésors, phénomènes étranges, les découvertes à y faire sont multiples et vous apporteront sûrement autant de gloire que de révélations.

Vous y avez tous laissé quelque chose, sur ce chemin. Confronté à l’irréel et au vide, quelles pensées vous viennent? Prenez le temps de panser vos plais, de vous reposer, l’aventure n’est pas finie. Elle ne fait que commencer…

Ryker, dés que tu auras le temps, tu t'éloignes du groupe pour feuilleter ta trouvaille un peu plus en détail. Comme si il avait été épargné par le temps, l’ouvrage est excellemment conservé, comme si il avait été imprimé hier. Il n’a pourtant rien à voir avec les technologies modernes, les caractères énormes t’indiquent qu’on n’en été qu’aux balbutiement de l’imprimerie. Mais page après page, tu découvres des cartes rudimentaires et des gravures semblant évoquer Zenobie, la capitale d’Yfe depuis longtemps dévoré par la brume. Tu n’arriveras pas à lire le texte, mais tu devines qu’il s’agit d’un ouvrage détaillant la vie dans ce lieu.

Courage, curieuse compagnie: le fort vous attend.