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[PARTIE 1] La dimension corrompue

[PARTIE 1] La dimension corrompue Brandw10
Mer 26 Juil - 19:18

Ils sont trois sur le sentier. Trois êtres parfaitement hétérogènes. Ils marchent, inlassablement. Ce n'est pas forcément de gaité de cœur qu'ils se retrouvent ensemble ; plutôt un concours de circonstances, lorsqu'ils se sont installés dans la taverne de ce village, pour profiter de leurs dernières heures avant le départ. Un objectif commun, une curiosité pour ces anomalies que sont les alentours de la forteresse de Valeek. Un secret à percer, une réputation à gagner, ou seulement un besoin égoïste de connaissance. Les raisons sont multiples, et les voyageurs en ont fait le tour, en envisageant les diverses possibilités pouvant justifier ces interminables heures de marche où la bâtisse vous nargue sans jamais se faire plus proche.

Et puisqu'ils s'en vont au même endroit, et s'apprêtent à connaitre les mêmes contraintes pouvant jouer sur le moral et la volonté d'un homme, pourquoi ne pas faire le voyage ensemble ? Trois cerveaux valent mieux qu'un, tout comme trois paires d'yeux ne seront pas assez pour surveiller les horizons brumeux. Depuis combien de temps ont-ils quitté la ville ? Difficile
à dire, mais le ciel s'assombrit et annonce la fin de la journée, le début de la nuit et de ses dangers.

J'espère que vous avez enfilé vos meilleures chaussures, car cette randonnée s'annonce affreusement longue.
Mer 9 Aoû - 4:28

Intrigue
La dimension corrompu

Ft. Nimrod, Aelis & Ryker
MJ : Prune

Sur le sol stérile des Terres brûlées, les ombres étaient rares et la chaleur, omniprésente. Pas à pas, le petit groupe avançait vers son objectif, poursuivant inflexiblement son chemin vers l’ouest. Le soleil brillait impitoyablement dans un ciel d’un bleu profond, diffusant une lumière intense qui accentuait les contrastes. Un vent puissant, impitoyable, faisait voler le sable ocre qui, telle de la poussière, piquait les yeux et brûlait la gorge. On avait tôt fait de se croire dans un autre univers tant les conditions qui régnaient différaient de celles que l’on pouvait trouver ailleurs en Uhr. Coupée du monde, la rudesse de l’endroit diffusait une beauté brute qui émouvait profondément Maël. Le chemin qu’ils suivaient se perdait à l’horizon, pierres rouges qui disparaissaient souvent complètement.

– La route n’est pas très bien entretenue, mais elle se rend normalement jusqu’à Valeek ! Il suffit de continuer vers l’ouest, et nous arriverons à destination !

Maël marchait en tête, prodiguant conseils et commentaires à voix haute sans se soucier de si on l’écoutait ou pas. S’exclamant sur la beauté du ciel ou l’exotisme des rares plantes qu’ils croisaient, il ne semblait nullement souffrir du climat implacable du territoire qu’ils traversaient. Alors que le soleil se couchait, il se fit poète, traduisant pour ses compagnons de voyage un écrit grigorien sur la beauté d’un désert, soutenu par le cristal d’hypermnésie qui, invisible, jouait son rôle en demeurant caché sous sa chemise. Le coucher de soleil peignait le ciel de couleurs enflammées, baignant le paysage de teintes qui transformaient l’austérité de l’endroit en une véritable toile monochrome, et la voix douce de Maël s’y accorda sans mal. Ses compagnons appréciaient-ils la poésie ? Peu importait, puisque lui l’adorait !

– Quelle chance nous avons de marcher dans un tel endroit !

Il ouvrit les bras, se tournant vers les aventuriers qui l’avaient suivi tout en continuant de marcher à l’envers. Il ne devait pas avoir l’air d’avoir plus de quinze ans et une lourde cape sombre camouflait ses ailes. Hormis le sac de voyage qu’il portait sur le dos, une grande épée et un pistolet épistote pendaient à sa ceinture. Ses vêtements blancs avaient depuis de longues heures pris cette couleur caractéristique de l’endroit qui les accueillait. Le prenait-on au sérieux, lui qui avait l’air si jeune ? Ses compagnons l’avaient suivi sans trop poser de question, mais le grigori se doutait bien que son autorité ne tarderait pas à être contestée. Pourtant, il ne tenta pas d’expliquer sa présence. Il était un fier grigori, détenteur d’un millénaire d’expérience : si les aventuriers qui l’accompagnaient avaient la moindre vivacité d’esprit, ils avaient probablement compris qu’il n’était pas l’adolescent que son apparence — et son attitude — laissait croire.  

– Je crois que la Brume se mêle de la partie, s’écria-t-il, visiblement ravi.  

La région de Valeek n’était que partiellement embrumée, mais le rapport de mission indiquait que la forteresse en était drapée. Il était donc bon signe qu’elle fasse son apparition ! Le veilleur s’arrêta juste avant de la toucher, tendit la main pour la caresser du bout des doigts. Oh, sa vieille ennemie ! La Malice, comme on l’appelait parfois ici. Était-il heureux, ou amer de plonger à nouveau en son sein ? Peu importe : il sauta à pieds joints dans le petit nuage, visiblement amusé par la situation. Il ne se laissa pas affecter par l’ambiance sinistre que la Brume se plaisait à diffuser. Il se coula sans mal en son sein, acceptant sans protester de se sentir épié, s’ouvrant en pleine conscience à l’effet qu’elle avait sur lui.

- Nous approchons ! lança-t-il en se précipitant en avant, courant sur quelques pas pour dépasser ses compagnons avant de s’arrêter quelques secondes pour admirer la route. Magnifique !

Malgré son air insouciant, le cerveau du grigori tournait à plein régime. Il avait une connaissance aigüe de la géographie du continent et savait avec une grande exactitude à quel endroit il se trouvait. La Brume ne se cantonnait-elle pas habituellement plus au nord ? La route qui reliait Andoria et Valeek en était habituellement dépourvue, se réservant à l’Horizon homonyme. Était-ce la tour Zénon qui l’avait attiré jusqu’ici ? Maël savait que le chancelier en savait bien plus que ce qu’il lui avait révélé et il lui tardait de percer les mystères que celui-ci avait sous-entendus.
Ven 11 Aoû - 13:27
Marcher à pied, peuh. Quelle idée saugrenue. Elle avait laissé Gamelle à l'entrée d'un vallon fleuri, quelques kilomètres plus haut, près d'un ruisseau d'eau clair teinté de pierre grises. Ainsi sa jument aurait de quoi boire et se sustenter le temps qu'elle revienne. De même qu'elle avait noué la longe juste assez pour qu'elle se rappelle qu'elle était attachée, mais qu'en cas de danger, elle puisse s'enfuir. Depuis, elle suivait le jeune homme qui était à la tête de la mission juteuse que lui avait proposé la guilde. Personne ne voulait se coltiner un envoyé de l'alliance fantasque, et encore moins, subir sa poésie sans queue ni tête. Aelis retint des commentaires grossiers, elle qui n'appréciait d'art que celui qui finissait dans le sang, la sueur, et la crasse. La jeune femme n'avait aucun tact, aucune volonté de comprendre les paroles finies et sibyllines que lui sortait leur compagnon de route ... Parce que bien entendu, la guilde n'avait pas envoyé que la jeune et pourtant compétente Aelis dans le ventre du monstre ...

Elle avait presque été surprise, mais finalement pas tant que ça. Ryker Lestat était un homme adroit, polyvalent, et surtout friand de surprises et de mystères en tout genre. Rien d'étonnant que de la croiser dans pareille expédition pour aller tirer le diable par la queue. Il était simple, rapide, et comme à son accoutumée, affublé de lames en tout genre, là ou la Rhapsody se contentait de son glaive en argent massif, plus affuté qu'un rasoir. On déconseillera d'essayer de se raser avec, néanmoins.

- Sieur Maël, commença-t-elle d'un ton froid et sans animosité néanmoins, elle faisait juste son boulot .... Laissez nous donc l'honneur et la charge d'entrer en premiers dans la brume ... Elle attrapa une sorte de bâton, une invention d'épistopoli, qui permettait de voir plus clairement dans la brume, mais surtout d'indiquer sa position à ceux qui voudraient suivre le mouvement.... Nous allons voir ce qu'il s'y passe, et nous reviendront rapidement vous faire un rapport, si cela vous paraît judicieux.

Jeune, mais pas sotte. Elle savait que le vagabond dépêché par l'alliance, n'en était surement pas un. Ni que c'était sa première fois. Il avait se regard qui portait les ans comme un fardeau, ou un poids, le poids de son âme. Cependeant, tout âgé qu'il soit, il s'y connaissait surement moins qu'elle sur comment trucider un Warg, ou éviter certains danger de la brume.

Après tout, c'était son métier. Elle était une professionnelle. Aelis avait le don pour traverser la brume sans encombre, mais quand elle s'approcha de la brume, sa nébula se fit agressive. Presque apeurée. Comme s'il y'avait quelque chose de dangereux ici, plus dangereux qu'elle. Aelis lui intima de se tair intérieurement, et d'arrêter de prendre les moulins à vents pour des dragons ou quoi que ce fut d'autre. Ce flash la fit hésiter quelques secondes ... Quelques secondes, dont elle ne doutait pas, allait faire mouche dans l'esprit de certains ...

Et surtout d'un certain Sieur Lestat.  
Dim 13 Aoû - 0:00
La dernière représentation à Xandrie s'était avérée juteuse, malgré l'omniprésence du Guet et de l'ironique dangerosité du centre-ville pour les criminels. Malgré cela, il avait pu s'adonner à ses basses œuvres, étancher sa soif dans tous les sens du terme. Ses nouvelles visions étaient floues : depuis plusieurs mois, il n'entrevoyait plus que les corridors sans fin, l'absence de logique qui se poursuivait « ailleurs », là où il avait été enfermé, oublié, reclus... pendant un temps qu'il considérait comme infini. Mais il était là, aujourd'hui, preuve que cette période était bien révolue. Seulement, quelque chose était resté là-bas. Sa mémoire, en outre, mais pas que ; son humanité aussi.

« - Halte là, » donna-t-il en tirant sur les rênes de sa monture, l'obligeant à s'arrêter. Celle-ci ne payait pas de mine, il l'avait louée pour trois bouchées de pain à Andoria. Il n'y était pas resté longtemps, sentant le regard pesant des locaux se concentrer sur lui dans chaque rue, comme s'ils pouvaient voir à travers lui... ou du moins deviner qu'il n'était pas véritablement vivant.

Le chef de la troupe de théâtre n'était pas contraignant : il avait laissé le Strigoi vaquer à ses occupations jusqu'à la prochaine représentation, censée se dérouler dans un mois à Epistopoli. Voilà longtemps qu'ils travaillaient ensemble et l'un comme l'autre savaient que si leur binôme fonctionnait bien, c'était essentiellement car ils ne se mêlaient pas des affaires de l'autre. La contrainte de temps et le bulletin de paie étaient les seules choses qui les unissaient tous les deux.

Bref, c'était en parcourant les rues, à la nuit tombée, que le meurtrier avait déniché l'information. Pas bien masquée, elle figurait sur le tableau devant le bâtiment de la guilde. Une belle récompense était promise pour quiconque parvenait à résoudre les mystères de Valeek et quelques symptômes y figuraient, enrobant le tout de danger et de mort. Il n'aurait su dire alors quoi, ni pourquoi, mais l'annonce l'appelait ; elle lui rappelait des évènements du subconscient d'un autre que Nimrod avait laissé derrière. Celui qui était lui, mais pas lui. Celui resté entre ces murs.

Lorsqu'il mit pied à terre, il vit ainsi une petite équipe de trois personnes qui semblaient venir dans sa direction. Il pouvait facilement identifier les aventuriers : un adolescent et une femme, tous deux d'un blond platine, ainsi qu'un homme d'âge mûr, vêtu de noir. Mince, il avait certes prévu qu'il y ait pu ou qu'il pourrait y avoir d'autres volontaires, mais pas au moment où lui déciderait d'explorer les ruines. En vitesse, il retira le mors de la bête pour qu'elle puisse paître en son absence, et l'attacha à un arbuste, aussi livide et sec que le Strigoi, à proximité.

« - Eh bien, si je m'attendais à ce que d'autres coeurs vaillants soient tentés à l'idée d'élucider les mystères de ce vieux fort... Je me présente, Nimrod, acteur de la Sagrada Familia d'Opale. »

Mieux valait être transparent pour soulever les bonnes questions... et dissimuler les plus inquiétantes sous le tapis. Le temps de faire connaissance. D'autres aventuriers, ça pouvait être une bonne idée ; on ne se soucierait pas d'eux s'ils venaient à disparaître là-bas, dans ce fort hanté aux reflets irisés.
Mer 16 Aoû - 3:44

Si les soupirs étaient un mode d’expression, le Patrouilleur en avait révélé le complexe alphabet dans ses nuances et, quelques fois, fragrances. Quelques sons monocordes répondirent à l’enthousiasme du jeune homme dépêché par l’Alliance auquel Ryker ne prêtait qu’une oreille empreinte de politesse. Son esprit était obnubilé par ce nouveau mystère sur lequel il s’était porté volontaire pour enquêter, et se jeter droit dans la gueule du loup. Il aurait pu parier que la Cadette se serait, elle aussi, repu d’une telle histoire ainsi ne fût-il qu’à moitié surpris de la retrouver sur les traces des anomalies signalées par la guilde. Sans compter que la Brume se comportait de manière anormale ici, ce que ne manqua pas de souligner son jeune compagnon tout en mettant en exergue ses vastes connaissances. Bien qu’il trouvât étrange qu’un émissaire aussi jeune fût déployé, l’aventurier qu’il était avait appris que l’âge n’était pas un gage de compétence. Dans tous les sens du terme.

- Hm. Oui oui. fit-il en guise de réponse à ce qu’il pensait être une question.

Il dégrafa sa gourde de sa ceinture et déboutonna le haut de son armure qui le faisait suer à grosses gouttes. Il avala quelques gorgées et la replaça à côté des deux autres outres qu’il avait emporté pour l’occasion, histoire de ne pas être démuni face aux aléas de la région. Son sac était lui aussi chargé pour supporter les grosses chaleurs. S’habiller en noir était d’une stupidité sans nom dans ces terres, mais ainsi était-il. Il remonta sa capuche sur sa tête pour se protéger du soleil ardent et s’entoura dans sa cape pour essayer de limiter l’agression de l’astre mourant et des volutes de sable ocre sur sa peau. Il détestait le sable, il s’insinuait partout. Il était agressif. Vivement la nuit que la Cadette ne cesse de lui adresser des œillades moqueuses face à la chaleur et que le froid mordant du désert ne vienne lui rappeler qu’il fallait s’habiller en conséquence. Il aurait préféré voyager en chariot, mais vu leur destination et les risques, personne n’avait voulu les suivre dans ce périple.

- Mais quand même… si j’apprécie de ne pas être seul pour ce type de mission, je ne comptais pas faire du gardienna… se murmura-t-il avant que Maël n’ait l’idée de sauter dans la Brume.

Il lâcha un hoquet de stupeur mais Aelis avait déjà réagi. Mais quelle idée de … jouer avec la Brume ? Bon sang … Il tendit la main mais la retira promptement lorsqu’il mesura le temps d’arrêt que marqua la jeune femme. Il étrécit les yeux et se rapprocha. Il dépassa Maël et posa la main sur l’épée courte qui pendait à son côté gauche, en face des trois outres. Sa capuche lui donnait un air menaçant, mais sa voix grave et apaisée tranchait avec sa dégaine.

- Ne vous en offusquez pas, mon bon sire. Aelis est une professionnelle. La Brume ne devrait pas être aussi avancée, elle devrait être contenue plus au nord selon mes sources. Je crois bien que cela s’accorde avec le motif de nos … il s’arrêta de parler, le léger cliquetis d’une lame qu’on troussait à peine de son fourreau se fit entendre.

Là, il avait vu quelque chose bouger. Dans la direction des arbres, presque auréolés par la Brume qui n’aurait pas dût être en ces lieux. Les derniers rayons du Soleil percèrent les tourbillons lointains de sable qui s’éteignaient sur les roches ocres de la route. Le crépuscule s’invita parmi eux à l’instant précis où l’inconnu se présenta. Ryker laissa retomber son arme. Il huma l’air et ne perçut que la puanteur des marais qui, il espérait, il finirait par laisser derrière eux en faisant route vers le fort. Ils avancèrent vers cette silhouette qui les accueillit avec un sens théâtral fort à propos, leur destination se dessinant derrière lui. La créature qui lui servait de monture observa l’étrange troupe puis se remit à paître. Ryker s’avança vers le nouvel individu sans que sa Nebula ne s’invite pour compléter le tableau, ce qui était déjà exceptionnel. A croire que le voir subir les affres du climat suffisait à la satisfaire pour aujourd’hui. Le Patrouilleur traversa les quelques effluves timides de Brume pour se rapprocher du jeune homme qui venait de se présenter à eux. Son uniforme trahissait avec clarté son allégeance.

- Et bien … je suppose que le faible nombre de touristes trahit nos intentions concernant le fort, sire Nimrod. Bien que je ne susse pas qu’il pouvait aussi faire office de muse. fit Ryker, tendant une main vers son interlocuteur. Ryker Lestat, Patrouilleur de la Guilde, en mission avec mes compagnons. Il se tourna vers eux. Aelis, de la Guilde des Aventuriers, elle aussi, et sire Maël, de l’Alliance.

Il se garda volontairement d’en dire plus, les années de méfiance avaient suffisamment aiguisé ses instincts. On ne savait jamais ce qui pouvait une rencontre hasardeuse. Le réel hasard … ou d’autres mécanismes à l’œuvre ? En l’état, c’était sa prudence qui avait toujours assuré sa survie. Bien qu’il ne refusât jamais d’aider une âme solitaire.

- J’en déduis au fait que vous attachiez votre heu … monture … que vous alliez monter le camp ? Face à la Brume qui gagne du terrain et le danger de cette mission, je peux vous proposer, si cela ne dérange pas mes compagnons que nous fassions halte ensemble pour la nuit ? proposa-t-il en indiquant la Brume d’un geste du bras comme pour signifier qu’avancer davantage pourrait être risqué.

Et puis répondre à la question de pourquoi un acteur supposément renommé – il n’avait aucune idée de ce que pouvait être cette sagrada familia – pouvait vouloir faire en plein Contade l’intriguait. D’autant plus pour aller enquêter sur des phénomènes dangereux, inexpliqués et reliés aux mystères intrinsèques de la Brume. Un frisson vrilla son cerveau, percé d’un petit rire narquois. Sa Nebula n’était jamais assez loin pour se gausser de lui … Et peut-être que cela leur donnerait aussi une occasion d'observer de loin un de ces fameux phénomènes s'ils se produisaient, plutôt que de se les prendre de plein fouet.
Mer 23 Aoû - 5:16
La brume s'étendait là, comme un manteau nébuleux sur la terre. Elle avait fait de son mieux pour retenir Maël, mais visiblement, le chef d'expédition était un sacré bout en train, doublé d'un impulsif de première. Rah. C'était bien sa chance, déjà qu'elle devait se coltiner ce vieux crouton de Lestat -pas le plus vif ni le plus jeune de la guilde, il fallait qu'elle soit en présence d'un inconscient. La brume était vicieuse, elle pouvait vous rendre fou, ou vous dissimuler les pires monstre que vous n'ayez jamais connu. Alors, avant d'y entrer, il fallait se préparer, ou bien mourir. Enfin, elle effectuait des patrouilles et des missions depuis son plus jeune âge, et elle était encore là, debout. C'était dire la résilience de cette femme. Et sa compétence naturelle, dans le surnaturelle. Au même moment ou le sieur Nimrod se présenta, le feu dans son esprit, et de ses veines, devint insoutenable. Elle ne regardait pas l'acteur dans les yeux, se contentant de laisser le sieur Lestat faire tout le travail. Il y'avait quelque chose chez cet homme, outre sa beauté outrageante. Elle se dit que cette beauté  irréelle devait cacher des secrets d'une laideur encore plus fantasques.

Elle sentait une sorte de vide chez lui. Une apathie ? Elle ne sut dire, tant sa nébula n'arrêtait pas de lui envoyer des visions cauchemardesques et inexplicable, comme inexpliqué. Elle repoussa gentiment le monstre qui l'habitait. Et puis la fameuse Sagrada Familia, officiait en Opale. Cela lui rappela d'autant de mauvais souvenirs.

- C'est ça, Aelis, Aelis Rhapsody. Ne put elle que dire sans le regarder. Et puis, comme il n'y avait rien d'autre à faire, elle se mit à monter le camp dans un coin plat et herbeux. Dans son sac il y'avait de quoi monter une tente, et elle s'abandonna à cette activité sans piper mot. Elle n'était pas amatrice d'art, mas ce Nimrod était curieux. Une fois sa partie du campement installé, elle alla quérir du bois pour le feu. Toujours pratique pour éviter que les prédateurs les plus communs, et puis Lestat faisait la meilleure soupe à partir d'ortie qu'elle ait jamais goûté.

Revenant d'entre les arbres, elle s'intéressa au nouveau venue :

- Mais dites moi, monsieur Nimrod, cette question est personelle et manque de tact : Que faites vous là ? Vous ... Vous êtes acteur à Opale non ? La sagrada familia, j'ai déjà vu de somptueuse représentation dans le gand théâtre et dans des palais ... Mais que faites vous là ? Mouriez vous d'ennuis au point de vouloir passer l'arme à gauche ? Je vous le dit tout de go... Elle renifla. Comme elle connaissait sa troupe, devait-il connaître les Barons de Rhapsody ? Riches à millions, bien engoncés dans leur manières, et leur argent. Elle était différente. Je ne lèverait pas le petit doigt vous concernant ... Vous ne faites pas parti du contrat, arpès tout.

La radine...

Ven 25 Aoû - 23:10
Brut de pomme. Il esquissa un sourire carnassier à l'écoute des dernières paroles échangées avec la jeune femme aux cheveux platine. Non, bien sûr que non... Mais il saurait lui aussi tirer son épingle du jeu, à tout moment. Contrat ou pas contrat. Le feu crépitait et les invités se montaient bien taciturnes, ne prenant la parole que lorsqu'ils se sentaient obligés. Une cuillère à la main, il mimait la satiété en dégustant la « fameuse » soupe à l'ortie du Père Lestat. Au moins connaissait-il leurs noms à présent.

« - Eh bien il ne me semble pas que je vous doive plus de réponses que vous m'en devez. Qu'est-ce qui vous a poussés à choisir cette mission ? N'avez-vous pas peur de vous retrouver capturés dans ces étranges phénomènes ? Tout de même, un patrouilleur expérimenté et un diplomate de l'Alliance... ce n'est pas du menu fretin. Enfin, je vous laisse le choix de me répondre quand vous le jugerez bon... » Il laissa planer un silence, regardant tour à tour les individus, jusqu'à enfoncer son regard dans leurs prunelles, avant de reprendre : « Si c'est la curiosité qui vous motive, sachez que je la partage. Je crois avoir déjà vu ce genre de choses... Je ne suis pas bien sûr. Ma mémoire faillit ; vous savez, avec l'âge, les Strigois. »

Nimrod lâcha un ricanement, comme s'il interprétait le rôle d'un personnage désabusé. Ce n'était pas naturel et cela ne visait pas à l'être.

« - Mais la nuit tombe et nous devrions bientôt étouffer le feu, ne croyez-vous pas, monsieur le patrouilleur ? Aux frontières de la Brume, on ne sait jamais ce qui vous guette depuis les hautes collines et l'orée des forêts. Encore, je ne vois que des arbres morts, mais ça... »

Il désigna les miroitements dans la Brume autour de la forme opaque du fort, avant de reposer sa gamelle devant lui.

« - Ça nous observe, je le sens. »

Plus une impression qu'autre chose. Et il ne voulait pas forcément poursuivre la discussion. Sa sociabilité avait des limites, c'est pourquoi les réponses à ses questions attendraient demain. Se levant gracieusement, il courba l'échine pour saluer ses comparses avant de rejoindre sa tente. Dans son dos, des murmures cisaillaient le silence.

***

Frais et dispos au petit matin, il était parmi les premiers éveillés ; le Grigori l'avait visiblement devancé, avait-il seulement dormi ? En tout cas, le doute n'était pas permis pour Ryker dont le ronflement semblait résonner dans toute la vallée. On pouvait facilement prendre en pitié son voisin de chambrée, mais Nimrod feignit d'en avoir cure seulement pour amorcer la discussion avec l'ange.

« - Je me pose moins de questions sur la présence de deux épées liges de la Guilde que sur celle d'un membre éminent de l'Alliance. Le temps que ces personnes émergent de leur coma aux relents d'orties et de beurre, sauriez-vous éclairer ma lanterne. Quelle est la raison de votre présence ici ? »

Il piocha dans son sac pour en sortir des vivres pour le moins singulières. Il s'agissait plus de confiseries, à proprement parler.

« - J'ai pu me procurer ces loukoums aramilans pour une modeste somme à Aramila. Savez-vous que les opalins se les arrachent ? Comme beaucoup de denrées venues des terres reculées du Sud... Et ils ont la même fascination pour les espèces les plus... exotiques disons. »
Lun 28 Aoû - 16:09

Intrigue
La dimension corrompu

Ft. Nimrod, Aelis & Ryker
MJ : Lö

Le soleil se levait sur les grandes étendues des terres brûlées. Il y était apparu soudainement, transformant les nuances d’indigo en un spectacle rougeoyant. Déjà, la température grimpait, tranchant avec la surprenante fraîcheur qui avait rythmé la nuit. Seul le vent demeurait inchangé, et avec lui le sable et la poussière. D’un geste de la main, Maël ébouriffa ses cheveux, tentant négligemment de chasser la saleté qui s’y était incrustée. Les yeux fixés sur le Fort de Valeek, il se laissait bercer par les ronflements sonores de Ryker, attentif malgré tout aux environs hostiles de leur campement.

Préoccupé par la présence du célèbre acteur dans un lieu aussi insolite, Maël avait pris du recul, faisant taire l’espace d’un moment son exubérance pour écouter l’échange entre le strigoi et ses deux compagnons de voyage. Ryker était demeuré évasif, mais la mention de son titre avait allumé une lueur dans le regard de l’acteur, et le regard qu’ils échangèrent le convainquit immédiatement que ce dernier n’était pas dupe. Ainsi, il ne marqua donc aucune surprise lorsque Nimrod se glissa à ses côtés ce matin-là.

— Vous êtes bien curieux pour quelqu’un qui ne souhaite pas être questionné, remarqua Maël en s’intéressant aux loukoums, plongeant la main dans le sachet pour en récupérer une friandise. Je n’aurais pas cru pouvoir déguster ce genre de confiserie en plein milieu des terres brûlées, s’exclama-t-il, ravi. Cela fait une éternité que je n’avais pas eu l’occasion d’en manger.

Il ne releva pas la remarque sur l’exotisme, se contentant de déguster la petite douceur avec un sourire en coin. La perspicacité du strigoi était... inquiétante. Il semblait évident qu’il n’était pas le simple acteur qu’il laissait paraître, et malgré cette tentative de fraternisation, le grigori demeurait méfiant.

— Des villages sont affectés par les perturbations qui ont été constatées à Valeek, dévoila-t-il malgré tout. L’Alliance souhaite que nous trouvions l’origine de ce phénomène et, si possible, que nous y mettions fin. Il planta ses iris d’une dureté inhabituelle dans le regard de l’homme, laissant passer une poignée de secondes. Gardez vos objectifs pour vous si ça vous chante, mais je ne tolérerai pas qu’on entrave la mission.

Il ne guetta pas la réaction du strigoi, sautant plutôt sur ses pieds. Les perturbations de Valeek étaient connues dans la région, et il y avait tout à parier que c’était celles-ci qui avaient attiré le strigoi en ces lieux reculés. La lueur sombre quitta son regard aussi rapidement qu’elle l’avait obscurci, et un sourire plein de fraîcheur remplaça le sérieux de son expression.

— Bien sûr, si nos objectifs concordent, vous êtes le bienvenu parmi nous !


* * * * *


— Cette nuit, le Fort me semblait si près que j’ai cru que nous l’atteindrions en quelques heures, affirma le jeune garçon.

Ils avaient repris la marche depuis un bon moment, désormais entourés d’une Brume dense qui voilait l’horizon, empêchant de percevoir davantage de leur objectif qu’une silhouette sombre qui ondulait sous l’effet de la chaleur de plomb. Demeurant concentré pour éviter que la Brume n’altère son jugement, il se laissait guider par le reste du groupe, épargnant cette fois ses compagnons des vers qu’il aimait tant déclamer, pour plutôt se concentrer sur leur objectif qui semblait refuser de se laisser approcher. Autour d’eux, rien ne permettait de mesurer leur progression : la Brume était si dense qu’elle voilait ciel et horizon ; ils auraient aussi bien pu faire du surplace.

Le grigori s’arrêta alors, une drôle d’impression s’éveillant au fond de ses entrailles. Il avait la sensation que quelque chose clochait, et même si ses sens refusaient de lui en dévoiler l’origine, Maël avait grande confiance en ses instincts. Lais­sant ses compagnons prendre un peu d’avance, il se retourna et ferma les yeux pendant de longues secondes, convaincu sans pouvoir l’expliquer d’être soumis à un phénomène qui les dépassait. Lorsqu’il rouvrit les yeux et se tourna vers ses compagnons, un grognement traversa ses lèvres : ceux-ci ne s’étaient éloignés que de quelques mètres, alors qu’ils auraient déjà dû se trouver bien plus loin. Maël les rattrapa en quelques enjambées.

— Arrêtons-nous, commanda Maël, préoccupé. Nous n’avançons pas, de toute façon.

Le grigori posa la main sur ses cristaux, quelques idées lui passant par la tête. Aucune, toutefois, qui leur permettrait d’avancer tous ensemble...
Mer 30 Aoû - 15:14
Il y avait plus à apprendre dans ces échangés en restant en retrait qu’en se mêlant aux échauffourées. Aelis ne manquait pas d’acidité, ce qui contrebalançait le ton poisseux de l’artiste. Ryker n’avait jamais entendu parler de la Sagrada Familia ou encore de ces débaucheries de représentations. Ce qui se passait en ville ne lui importait que peu, tant que la Brume n’y était pas mêlé. Il n’appréciait pas cet air suffisant des citadins qui soufflaient du nez à la moindre fragrance qui ne soit pas mêlée à de la crasse et des excréments humains. Il se contenta d’opiner du chef et de répondre poliment lorsqu’on s’adressait à lui mais son esprit était ailleurs. Absorbé par la nébuleuse tour qui les surplombait : les mystères triviaux de sa compagnie étaient … triviaux. Il releva que tous étaient là pour un but un peu plus personnel qu’ils ne le laissaient paraître. Maël et Aelis étaient assez clairs sur ce qui les avait motivés – c’était la nature même de la mission. Quant à ce nouveau venu, il n’aurait su quoi en penser. Sinon qu’il était un citadin qui essayait de lui apprendre son métier. Et ça, ça n’augurait jamais rien de bon.

- Je vois que la Brume n’a pas de secrets pour vous. lâcha le Patrouilleur lorsque Nimrod s’éclipsa, entre une petite pique et un léger sous-entendu.

- Allez vous coucher, je m’occupe de plier le camp et de prendre le premier tour de garde. Vu que monsieur de la Grenada Familia est allé se coucher, je suppose que nous gèrerons la sécurité sans lui. Aelis, je te réveillerai pour ton tour.

Il se leva pour laisser ses camarades finir leurs affaires avant qu’il ne prenne le relai. Ryker s’avança vers la Brume et la toisa. Les mots de Nimrod résonnaient dans sa tête. Il avait raison, il le sentait au fond de ses tripes et Elle aussi, le savait. Il lâcha la bride à sa Nebula, il la sentit frétiller et gargouiller de plaisir. La Brume oscilla, frémit de concert. La Tour l’attirait, quelque chose lui murmurait d’avancer, de s’oublier. Le Patrouilleur soupira, se gratta la barbe. Rien de nouveau. Il n’avait jamais été loin de l’Errance. Mais cette fois, cette fois il sentait que la frontière était encore plus proche qu’elle ne l’avait jamais été.

Peu à peu, le camp se tut et Ryker entreprit de disperser les dernières braises avant de réaliser sa ronde habituelle. Il vérifia les vivres puis il s’assit sur un rocher un peu en surplomb et s’occupa à tailler un bout de bois à l’aide de sa dague. Il appréciait ces instants où seuls les astres lui tenaient compagnie. Les murmures de Lestat se tassaient, les parfums nocturnes se révélaient à lui. Cette région désertique était prolixe à sa façon et dans le silence régnait une harmonie qu’il regretterait lorsque le caquet de Nimrod s’ouvrirait de nouveau.

Les heures s’égrenèrent sans que la Brume ne change et que le moindre danger ne se fasse percevoir. Le temps fila et ce ne fut que quand les premières lueurs de l’aube percèrent qu’il se souvint qu’il avait demandé à la jeune femme de prendre sa suite. Il se leva péniblement et la réveilla avant d’aller grapiller quelques heures de sommeil bien méritées. Il contempla une dernière fois le camp, se demandant quel citadin pouvait bien espérer dormir sur ses deux oreilles en pareille compagnie … Inconscient ou bien trop sûr de lui.

Il s’éveilla au son des discussions, la bouche pâteuse et les yeux pochés de celui qui n’avait pas assez dormi. Ryker se racla la gorge puis se passa des mains lasses sur le visage. Il fallait lever le camp, et déjà ses camarades s’étaient lancés dans des discussions interminables. Il entreprit de donner quelques directives et se chargea des vivres puis il dispersa les quelques traces de leur passage de façon à ce que nul ne puisse les suivre. Le temps de s’enfoncer dans la Brume était venu et il n’avait pas le courage de s’opposer à la jovialité du diplomate.

Au bout de quelques dizaines de minutes, la Brume s’opacifia et voilà ciel et terre pour ne rien laisser transparaître. Comme à son habitude, le Patrouilleur entreprit de laisser des marques au sol pour repérer son passage et laissa quelques indices pour se repérer au cas où ils auraient besoin d’une retraite rapide. La Brume tolérait en général ses frasques, mais il ne savait que trop bien pourquoi. Il marquait la queue du peloton pour laisser Maël les guider, mais il y avait longtemps qu’il avait perdu tout repère. Cela ne paraissait pas l’inquiéter plus que cela. Il finirait bien par trouver un indice, quelque chose. Ce fut alors que le diplomate le rattrapa et le dépassa. Il fronça les sourcils. N’était-il pas censé être devant ? Ou alors la Brume jouait avec ses sens ?

- C’est bien ma veine … c’est la présence des autres qui t’indispose, saleté, ou bien … se murmura-t-il, la main bien posée sur la garde de son épée.

Il se rapprocha du groupe. Le point positif à tout cela, c’était que la chaleur n’était pas aussi écrasante qu’elle aurait dû l’être. Il se retourna. Bien entendu.

- La piste a disparu. Elle chercher à nous perdre. Ça arrive. La suite des réjouissances ne devrait pas tarder, préparez-vous au cas où ça veuille nous goûter. lâcha le Patrouilleur tout en dégainant son épée.

Il tourna le dos au groupe et scruta l’arrière de leur petite troupe. Mieux valait être prêt si la réjouissance se composait de griffes et de crocs. Cet endroit, il le sentait, était plus pernicieux. Mais on n’était jamais à l’abri d’un peu de classicisme de la part de la Brume. Il entreprit de sortir un bout de corde de son sac et le tendit à ses comparses.

- Attachez-vous. Même si cela entrave nos mouvements, c’est la meilleure façon de ne pas être séparés tant que rien ne veut nous croquer. Vos loukoums ne serviront à rien ici, Nimrod. Bien qu’ils soient plus appétissants que vous.
Ven 1 Sep - 10:07

Elle court, elle court, la forteresse. Peut-être qu’en tendant le doigt, on peut l’attraper?

Elle n’est pas folle, la forteresse. Elle se dérobe sous vos yeux, toujours… Peut-être que c’est vous qui êtes fous?

Trois, quatre. Votre groupe a fleuri. Vous voilà prêts à prendre d’assaut la forteresse, comptant bien jouer de la fin de la nuit pour atteindre votre but. Et avec la détermination et l’ivresse de l’aventure - ivresse, vraiment? Peut-être l'appât du gain et l’appel des mystères - vous avez attaqué l'ascension qui mène à la forteresse de Valeek, qui se dresse au loin comme un fantôme indistinct à travers la brume. Sa silhouette trouble vous guide et vous appelle à travers le voile, imposant son contours menaçant comme un phare.
La nuit aura au moins eu la vertu de chasser la chaleur qui devenait invivable, en vous enveloppant même d’une légère fraîcheur teintée d’obscurité alors que le point du jour vous menace déjà.

Vous avancez. Hein? C’est sûr, hein? Vous avancez? C’est peut-être vos yeux qui vous jouent des tours, cela fait bien plusieurs heures que vous marchez. Mais pourtant, Valeek vous nargue toujours depuis sa hauteur, et ne semble pas s’être rapproché d’un pouce. Le fort pourrait-il être plus fourbe que vous l’avez imaginé?

Et si il n’y avait pas cette satanée brume pour vous masquer le regard et vous entraver!

C’est là que vous le sentirez. Les plus avisés d’entre vous en premier sentiront le frisson glacial parcourir votre dos, courant lentement le long de votre échine comme une caresse terrifiante. Là, quelque part dans la brume, quelque chose vous observe. Impossible de pouvoir les voir ou les compter, encore. Mais cette sensation tenace que vous n’êtes plus seuls s’accompagne d’un bruit au loin de pierre s’entrechoquant et de mouvements subtils. Peut-être qu’en fixant la brume… Oui, vous pourriez bien l’entrevoir. Une silhouette seule, qui vous semble humaine si ce n’est un détail. Un cou d’une longueur anormalement démesurée. Préparez vous, foncer n’est peut-être pas un choix judicieux.
Dim 3 Sep - 2:07
Plus appétissants que Nimrod ? Sans aucun doute. Mais à ses yeux, Ryker n'avait rien d'un loukoum non plus et tout ce que le strigoi aurait pu gagner à se gorger de son sang, c'est une bonne indigestion. L'agacement de l'opportun toutefois compréhensible : la Brume s'amusait à les faire tourner en bourrique, comme s'ils cherchaient à atteindre l’œil d'un cyclone dont les bourrasques ne cesseraient de les repousser. Non... « balayer » serait plus correct ; ils ne pesaient pas plus lourd qu'un fétu de bois dans la marée, au milieu de toute cette purée de pois qui, à n'importe quel moment, pourrait bien décider de s'en prendre à eux.

À lui en premier, d'ailleurs. La pression qu'exerçait la Mer de Brume était lourde sur les épaules du buveur de sang. Les statistiques étaient formelles : pour une raison ou pour une autre, sa race n'était pas appréciée. Peut-être pour le danger qu'elle pouvait représenter, comme sorti d'un conte de fée ? Voilà pourquoi Nimrod participait rarement à ce genre d'expéditions et il n'avait certainement pas envie de s'endurcir, de sorte à montrer à la Brume qu'il était un maillon fort. Non. Mais opportuniste, ça oui il l'était.

Au moins avait-il des bons yeux et un instinct infaillible. La sensation d'être observé ne cessait de s'accentuer, alors que la source semblait toujours provenir de devant. Mais elle n'était pas totalement invisible à présent. Il fit quelques pas pour en être sûr ; le Grigori aussi l'avait vu et l'avait rejoint.

« - Une idée de ce que c'est ? »

Le silence pour toute réponse ; l'ange savait ne pas être bavard dans les situations qui s'y prêtaient. Une qualité rare.

« - En tout cas, ça n'a rien d'humain. »

Les patrouilleurs arrivaient à leur portée, bien que difficilement comme s'ils devaient lutter contre les vagues les renvoyant toujours vers la berge. Mais la suite s'avérait plus simple. Du moins, tant qu'ils continuaient droit devant, la Brume ne cherchait pas à les écarter, mais les amenait bien dans la gueule du loup. Impossible de contourner l'obstacle, il faudrait sûrement l'affronter.

« - Nous sommes quatre et cette chose n'a pas peur de nous. Je vous dirais bien de vous préparer à donner le maximum, » conseilla le strigoi en faisant apparaître dans chacune de ses mains des étranges balles de noirceur. « Si vous n'avez pas meilleure stratégie, je devrais pouvoir l'occuper un moment. »

Enfouir l'ennemi dans les ténèbres au moment où ils arriveraient à portée de pouvoir et le priver de ses sens, voilà déjà une bonne façon de forcer l'effet de surprise. Ou de faire enrager la bête. Bientôt, ils arrivèrent à quelques dizaines de mètres de sa position, pouvant détailler un peu plus sa silhouette fantomatique et notamment son long cou. Nimrod ne connaissait rien aux bestioles pouvant vagabonder dans la Brume... mais il savait reconnaître le visage étiré de l'un de ces êtres infâmes, informes et tenaces. Bien que la peur cisaillait rarement les jambes du meurtrier, il demeurait coi face à l'apparition.

« - Un Miroitant ici... »

Ce n'était pas une bonne nouvelle, non. Ces entités vicelardes pouvaient faire de formidables adversaires et leur agilité rivalisait avec celle des strigois.

Alors Nimrod bondit, lançant ses balles de ténèbres dans la direction de la cible, avant de les faire grossir démesurément jusqu'à créer une véritable chambre noire. L'instant d'après, il y disparaissait, son couteau fétiche dégainé.
Mar 5 Sep - 19:51

Intrigue
La dimension corrompu

Ft. Nimrod & Ryker
MJ : Lö

La Brume le tenaillait. Un poids constant reposait sur ses épaules, alourdissant ses gestes comme ses pensées. Il lui semblait réfléchir moins rapidement, comme s’il avait ingéré de l’alcool. Le brouillard jouait avec ses sens, rendant difficile de s’orienter et lui causant une vague nausée. Il avait l’impression que la tour qui leur servait de repère se déplaçait et ne savait plus dans quel sens ils avançaient. Il trouva gênant de devoir s’attacher aux autres, mais l’idée de Ryker était loin d’être idiote, ainsi avait-il de bonne grâce accepté de se lier à ses compagnons. Ils tentèrent d’avancer davantage, furent stoppés par une sensation pesante d’être observés qui gagna peu à peu tous les membres de leur groupe. Quelque chose convergait vers eux, comme si la Brume voulait forcer cette rencontre.

La silhouette se précisa, dévoilant un corps qui, malgré une apparence vaguement humaine, présentait d’étranges difformités. Un miroitant ! Comment un acteur comme Nimrod pouvait-il connaître ces... choses ? Le grigori n’avait pas le temps de s’attarder sur la question : il trancha les liens qui l’attachaient à ses compagnons pour retrouver sa liberté de mouvement. S’il fallait se battre... Alors que Nimrod fonçait dans une démonstration impressionnante d’un puissant pouvoir des ténèbres, Maël se concentra, son corps vieillissant en quelques secondes pour atteindre l’âge d’un jeune adulte. Profitant de la force et de la vigueur de ce corps, le grigori tira son épée, se déplaçant d’un pas rapide pour contourner la bulle de noirceur et couper la retraite au miroitant si celui-ci émergeait des ténèbres. Il ne voyait ni Nimrod, ni l’affreuse entité, mais demeurait sur ses gardes, calme et concentré, certain que ce tour de passe-passe ne parviendrait pas à vaincre la créature.

Dès que le miroitant émergea des ténèbres, Maël se changea brièvement en lumière, éblouissant ainsi son ennemi qui marqua une hésitation. L’adrénaline chassant la langueur dans laquelle la Brume l’avait plongé, le grigori se servit de cet instant et dans le même mouvement, déploya avec force et vivacité l’une de ses ailes sombres, projetant durement le miroitant qui vola sur quelques mètres avant d’atterrir plus loin... sur ses pieds. Il avait sur le visage un air vaguement ennuyé, déformé par des traits allongés qui frôlaient la vision de l'horreur. La poigne de l’ange se crispa sur son arme. D’un bond ailé, il réduisit la distance entre lui et son ennemi, prêt à en découdre.

Ne le sous-estimez pas, cracha-t-il sans le lâcher des yeux, intensément concentré.
Mar 5 Sep - 23:39
Le Patrouilleur grommela quelques insultes lorsqu’il resta avec son bout de corde en main. Foutus citadins qui pensaient mieux connaître la Brume que les autres. Le diplomate avança et le laissa seul dans la Brume. Il expira, vit voleter la fumée autour de lui. Il échangea un regard avec Cadette et perçut un éclat moqueur dans les mirettes de la demoiselle. C’était ça, la plus grande cause de mortalité chez les Patrouilleurs : les inconscients qui se pensaient plus malins que le brouillard maudit. Lesta chatoya dans son esprit, fit courir un frisson glacé sur chacun des pores de sa peau. Valeek se dérobait sous leurs yeux, quelque chose, quelque chose … Il serra les dents, sa main de garde crocheta le pommeau de son épée longue. Quelque chose rôdait, quelque chose les épiait. Il se sentait proie dans un territoire où il aurait dû être chasseur. Sa nebula se secoua, piailla de panique. Quelque chose lui fit accélérer les battements de son cœur, il remballa avec vitesse sa corde à sa ceinture. Le brouillard s’écarta, révéla leurs deux comparses devant eux. Cette foutue Brume les dirigeait. L’artiste et le diplomate s’étaient arrêtés et semblaient discuter.

Nimrod se tourna vers eux et fit émerger une sorte de naphte dans ses paumes tout en leur jouant le récit du héros narcissique. Un peu jaloux, Ryker resta concentré sur la chose qui les dépassait au loin. Il reconnaissait ces choses, et c’était mauvais signe. Les Miroitants. Des aberrations malignes qui se repaissaient du désespoir qu’elles pouvaient causer. Des incarnations de la Brume qu’il valait mieux contourner et …

- Non ! Putain d’imbécile : c’est ce qu’Elle veut !! hurla Ryker lorsque l’artiste sauta à l’attaque de la chose avec ses boules d’obsidienne.

Ils avaient été attirés ici, la créature s’était révélée à eux : c’était avec évidence un piège. Il n’avait pas survécu toutes ces années en jouant au héros. C’était ce syndrome qui avait causé le déclin de sa caste, et il ne le savait que trop bien. Il regarda le Strigoi disparaître dans les ténèbres. Un Strigoi Portebrume ? Ou … un cristal ? Bordel, il avait pris un putain de cristal dans une expédition dans la Brume ? Et bon sang, un Strigoi … il ne fallait jamais faire confiance aux suceurs de sang. Il n’était pas raciste, il avait d’ailleurs un très bon ami …

- Non, restez en retrait et … Mais putain, à quoi ça sert d’avoir des gardes du corps si c’est pour foncer au combat comme des … mais … vous êtes quoi au … fulmina-t-il, percevant Maël grandir et s’emparer d’une épée.

C’était quoi ces monstres ? Pouvoir des ténèbres ? Vieillissement ? Et … lumière ? Plus tard, les réflexions plus tard. Où était passée Aelis ? Rah, elle savait se débrouiller. Le Patrouilleur fit tomber son sac à dos par terre et dégaina son épée longue dans un chuintement cristallin. Il s’approcha à quelques pas de Maël et posa son épée sur son gantelet. Il visa la créature pour garder une distance correcte avec elle. Les ténèbres étant toujours là, il ne savait l’état de Nimrod mais si la chose était sortie c’est qu’il l’en avait chassée ? Il ne percevait pas de blessures à cette distance, mais avec ces créatures c’était toujours compliqué.

- Je n’ai pas survécu dix ans dans la Brume en sous-estimant assez ces choses pour leur sauter dessus. cracha le Patrouilleur avant de réduire la distance avec Maël et de faire des moulinets de son arme pour chasser quelques secondes la Brume.

Un en évidence, les autres dans la Brume. Ces êtres ne chassaient pas en meute dans sa mémoire, mais il était prêt à tout. Le brouillard se reforma sans qu’il ne puisse prolonger son inspection.

- Il faut se coordonner. Vous avez l’air de savoir y faire, je vais vous donner une ouverture. fit Ryker tandis qu’il réduisait la distance avec le Miroitant.

Utilise-moi.

Il fit pivoter la garde de son épée et arma un coup d’estoc pour forcer la créature à esquiver. D’un pas de placement, il se porta sur la gauche et frappa le genou. Un coup horizontal, un en diagonale. Trois passes et un retrait. Des coups portés avec une précision étonnante et qui témoignaient d’une grande précaution dans le contrôle des mouvements de son adversaire.

Abuse de moi.

Ryker serra les dents. Ça c’était nouveau et très dérangeant. Il porta son épée longue dans sa main directrice et dégaina Corvée, son épée courte, dans le même mouvement. Il lacéra son adversaire avant de se reculer d’une roulade et … d’envoyer à la tête de la chose son épée. Cette dernière décrivit un étrange mouvement en courbe avant que sa trajectoire ne change soudain. Elle interrompit sa course après avoir loupé la créature d’un empan sur sa droite et vira sur sa gauche … puis revint vers eux comme si elle était accrochée à une corde. Ce qui était d’ailleurs le cas : un nœud sommaire reliait Corvée et la corde et cette dernière se déroulait à ses pieds tout en glissant sur son avant-bras.

Elle va y rester.

Tout en jouant avec sa corde de sa main libre, le Patrouilleur écarta sa Nebula d’une chiquenaude mentale puis usa de la garde de son épée longue pour resserrer sa prise. Elle se mettait à l’encourager maintenant ?

- Allez ! Avant qu’elle ne me tire à elle et … ordonna-t-il en plantant son arme dans le sol pour emmailloter le Miroitant avec plus de force.

Quelque chose n’allait pas, il se sentait mal dans la Brume. Il se sentait épié et manipulé. Plus que d’habitude : une saveur de fer nimbait le brouillard. Une saveur de sang et il percevait sa Nebula qui vibrait au même rythme de violence. Ses barrières mentales tenaient bon, mais les griffes glacées de Lestat s’amusaient à éprouver les moindres jointures de ses murs. Il la sentait jouait avec sa boîte crânienne et il n’aurait su dire si c’était par goût de la violence ou par peur. Il préférait la première option et craignait encore plus la seconde.

- Eh l’artiste ! C’est le moment de vous rendre utile si vous êtes encore vivant ! Toi aussi Cadette !

Dim 10 Sep - 17:29

Vous avez donc choisi l’attaque frontale. Si vous pouviez distinguer un tant soit peu le sourire étiré du miroitant qui vous observe de loin, il sera rapidement avalé par les ténèbres, une nappe obscure et dense que le strigoï a créé, avant d’être aveuglé par la lumière vengeresse de Maël, puis finalement pris à revers par Ryker, qui dans une danse habile tentait de le saucissonner. La créature semblait presque trop penaude, presque trop douce, comme un tas de boue malléable qui n’aurait fait que se défendre sans rendre les coups. Mais pourquoi? Son sourire ne quitte pas son visage quand elle pare vos attaques. Ce corps qui se tord pour se défaire de ses liens.

Quand tu vise sa tête, Ryker, tu remarqueras que le cou du miroitant tombe mollement sur le côté dans un angle irréel - cassé à en donner des cauchemars. La brume a un plan pour vous. Et ce plan n’implique pas votre survie. Dans un craquement terrifiant, le miroitant se tord et se libère d’une partie de ses liens, lançant une main lourde dans lequel se trouve un objet lourd - une pierre pointue peut-être, ou la point d’une flêche - vers l’ange, comme si celui-ci attirait la colère de la brume un peu plus que le portebrume - un rien instable.
Le miroitant est agile, rapide, et semble vraisemblablement excité par votre présence. On le jugerait même en extase. Mais… Pourquoi?


Derrière vous, la brume. Un choc. Des pierres qui roulent. Un souffle froid. Des os qui craquent.
Mais vous ne l’aviez pas senti, elle. La main aux doigts longs qui empoignent fermement une épée brisée, vestige d’un temps ancien. Le froissement du tissu autour d’une vieille hallebarde. Ce n'est pas un, mais deux de ces créatures qui émergent derrière vous et vous désirent maintenant, en s’approchant de la cadette et de l’acteur avec une vélocité inhumaine. Deux miroitants chassant de concert, ou que le destin a réuni. Si le premier est pris d’assaut par les liens de Ryker, les deuxièmes et troisièmes de ces enfants de cauchemars ont profité de votre tintamarre pour se faufiler derrière vous et vous prendre à tenaille.

La brume vaincra-t-elle aujourd’hui? Peut-être que dans l’ombre, d’autres de ces êtres attendent encore… Mais…
Mais…
Pourquoi tant de miroitants ici?




Les ombres dansent dans la brume.  
Dim 17 Sep - 1:27
C'était en vain. Tout sourire avait disparu du visage du Spectre qui contemplait l'ombre de la mort. Du moins c'est ce qu'il pensait, s'il restait ici. La mort ne lui faisait pas peur, ceci dit, pas plus que le fait d'être ramené là-bas, sans possibilité de retour.

« - L'artiste vous fait confiance pour la suite ! » hurla-t-il en direction du patrouilleur, avant de se retourner et de contempler la Brume devant lui. Celle qui le séparait du fort ; elle semblait différente.

Il ne faisait aucun doute que les forces obscures étaient concentrées sur ce combat plus que sur la défense des fortifications, qui ne semblaient plus si lointaines à présent. Peut-être était-ce une coïncidence... ou peut-être pas. Mais il n'y avait aucune raison de ne pas saisir cette opportunité et de fausser  compagnie aux monstres et héros de pacotille en chemin.

Il s'élança dans les airs, disparaissant d'un bond pour réapparaître plus loin, presque par magie. Un don précieux autant qu'inné chez un Strigoï, mais dont la rapidité prouvait une véritable maîtrise. De quoi faire comprendre à ses poursuivants qu'il ne servait à rien de s'entêter et... Ah ?

L'un d'entre eux le suivait à la trace, sa main agrippée à son manteau comme un vil crochet. C'était la patrouilleuse dont le nom lui échappait.

« - Que me veux-tu ? Va-t-en !

- On fait équipe, que tu le veuilles ou non. Où tu vas, je vais. »

Il lui jeta un regard glaçant, songeant à un meurtre de plus sur sa longue liste de monstruosités cannibales. Mais visiblement elle n'était que l'avant-garde de la procession qui venait derrière ; le Grigori volait en rase-motte, trainait ce lourdaud de Lestat dont l'espadon creusait un sillon dans la terre. La débandade était parfaite, à l'image d'une scène de théâtre, et il sut qu'il n'y avait rien à faire. Les miroitants suivaient derrière, sans parvenir à tenir la distance.

Et puis, plus vite qu'il ne s'en rendit compte, il vit les pierres, leurs détails et leurs jointures, et se retrouva face à la haute muraille humide de Valeek. Cette fois-ci, il fit mine d'attendre que le reste du groupe se retrouve, considérant que le danger avait été semé... pour l'instant.

Que d'efforts simplement pour s'approcher de cette anomalie. Mais maintenant qu'ils y étaient...

« - Comment on entre ? » se demanda la fillette, les paumes sur les hanches, toisant le rempart.

Nimrod avait bien une idée, mais laisser en plan ses « camarades » et s'en sortir aussi facilement était un miracle qui n'arriverait qu'une fois. Il préférait donc faire profil bas, imaginant que les autres avaient une meilleure idée que la sienne. À savoir longer le chemin de ronde jusqu'à trouver une entrée, avec la forte certitude de tomber sur d'autres abominations.

Mais le patrouilleur avait sûrement plus d'un tour dans son sac, possiblement de cordes. Il devait être habitué à ce genre de situations, non ?
Mer 20 Sep - 2:58

Intrigue
La dimension corrompu

Ft. Nimrod & Ryker
MJ : Lö

Il traînait Ryker avec peine et misère, ses larges ailes frôlant le sol à chaque battement dans un pénible effort pour maintenir une vitesse satisfaisante. Et puis, d'un coup, la Brume s'écarta. Maël la reconnut aussitôt : devant eux s'élançaient, brutales, les hautes tours de la forteresse de Valeek. Suivant l'exemple du strigoi qui s'était arrêté, Maël se posa avec le patrouilleur et s'approcha, posant la main sur la pierre... sursauta. Il leva les yeux vers les hauteurs, le cœur battant à vive allure, le souffle coupé. Écrasante de majesté, la construction était simple, épurée. Toute sa complexité résidait dans ses murs de grès si lisses qu'ils semblaient polis. Dans les hauteurs, une Brume légère suintait, s'enroulant insidieusement entre les tours.

L'entrée est à l'opposé, révéla le diplomate sans que ses yeux ne quittent la construction. Mais il n'est pas dit que nous puissions ouvrir la porte.

Comme en transe, il observait avec fascination les vestiges de ce lieu effacé. Selon les ouvrages que l'érudit avait consultés et avec le chemin qu'ils avaient emprunté, ils auraient dû arriver directement face aux grandes et seules portes de la forteresse. Mais la Brume avait joué son rôle, les narguant en les faisant toucher au but. Le regard vers l'horizon, le grigori sentit sa bouche s'assécher. Il avait l'impression que la Brume chuchotait à son oreille une promesse d'emmêlement et de désespoir. Tout laissait croire que grimper – ou voler – ne serait pas suffisant. Déstabilisé malgré lui, le veilleur saisit sa gourde et avala l'eau d'un trait vif.

Les Ténèbres constituent une solution, murmura-t-il d'une voix lointaine. Mais tous ne pourraient pas suivre, continua-t-il en jetant un œil bref au patrouilleur. Je choisirai donc la voie de la lumière. Laissez-moi une minute. Je pars en éclaireur.

Il n'attendit pas d'approbation, son être brûlant de curiosité. La sensation parcourut son corps, aussi perturbante que familière, le muant en un éclat vif et intangible. Tel un soleil, il éblouit ses compagnons et disparut subitement. Ou du moins, sa vitesse le laissa-t-elle croire. Comme atteint d'une obsession, il fila tel une étoile, parcourant une distance phénoménale en une poignée de secondes en oubliant momentanément ses compagnons. Il chercha sans trop savoir, se laissant porter par un instinct pas aussi infaillible qu'il aurait voulu le croire. La Brume s'insinua en lui, et Maël la sentit aussitôt : pesante, vicieuse, se faufilant pour lui embrumer le cerveau. Voix du passé. Fantômes aux odeurs florales. Le grigori ralentit, imperceptiblement, frissonna de sa composition lumineuse, rattrapé par la douleur cuisante de ses propres souvenirs. Intangible, il percevait le vent qui fouettait, le sable qui volait.

La Brume. Les réponses.

C'est là qu'il l'aperçut : l'éclat d'un passage. Il hésita un instant, sa mission se rappelant à lui malgré la force de ses certitudes. Il décida de revenir malgré son envie de continuer seul. Pourtant, il rencontra une résistance étrange, comme si ce qui l'entourait prenait l'épaisseur de l'eau. Il n'était pourtant que lumière, son corps aurait dû fendre l'espace avec la vitesse du son, mais rien n'y faisait : il était ralenti, handicapé. Se secouant pour reprendre contenance, le grigori réfléchit à toute vitesse. C'était la Brume, il en était sûr : elle lui avait joué suffisamment de tours dans le passé pour qu'il reconnaisse son empreinte. Jouant le tout pour le tout, il reprit son apparence d'origine et eut la désagréable sensation d'être entraîné vers le haut. Ignorant le vertige qui courait le long de sa colonne vertébrale, il passa outre ses sens embrumés pour ouvrir brusquement ses ailes. Rapidement, il parvint à stabiliser sa descente malgré cette impression de se faire pétrir les tripes par la gravité. Sentant se relâcher l'emprise de la Brume, il s'élança pour rejoindre ses compagnons. Un instant, son regard s'attarda pour percer la Brume qui entourait ses compagnons. La Brume ?

En contrebas, celle-ci était revenue, plus dense, plus forte. L'absence du grigori avait été courte, mais ses compagnons avaient semblé s'organiser sans lui et tentaient eux aussi de trouver une solution pour entrer dans la forteresse. Derrière eux, pourtant, le brouillard s'intensifiait, et d'un coup, Maël les vit : les miroitants. Il piqua brusquement vers ses compagnons, dégainant son épée encore souillée du sang du premier de leur ennemi. Il fonça vers les créatures qui prenaient ses compagnons à revers, poussant un puissant cri de guerre pour attirer leur attention. Dans l'élan que lui donna cette descente en piqué, il empala d'un coup un miroitant, dérapant sur plusieurs mètres avec lui avant de s'immobiliser un peu plus loin. D'un geste brusque, il récupéra son arme sans que ses yeux ne quittent son ennemi, qui bougeait toujours.

Bien sûr, sinon, c'était trop facile ! lança-t-il, mi-figue, mi-raisin.

Le miroitant qui lui faisait face semblait n'avoir rien à faire du trou béant qui transperçait sa poitrine. Son bras s'étira soudain comme un élastique dans une tentative grossière de l'entraver. L'eshim se campa sur ses pieds, évita l'attaque d'un bond arrière qui, couplé à ses ailes, lui permirent de réduire l'espace qui le séparait de ses compagnons. Tout son être vibrait. Son sang pulsait dans ses veines avec force, éveillant ses sens, aiguisant ses instincts. Lame à l'avant, ailes à demi déployées, son visage affichait une fascination, non, une avidité face au combat grisant qui l'attendait.

J'ai repéré une faille un peu plus à l'est, dévoila-t-il, fébrile. Prenez de l'avance, je vais gagner du temps.
Mer 27 Sep - 10:15

La valse avec les miroitants se poursuit; mais un à un, vous leur faites faux bond. Nimrod et Aelys, vous avez été les premiers à vous élancer dans la brume, suivi par Maël peut après, et Ryker, laissant vos ennemis sur leur faim.

Ils vous attendaient, pourtant; Comme s' ils avaient un compte à régler, vous leur avez fait faux bond. Déçus, les miroitants vous ont vu filer en direction de la forteresse… Que vous avez rejoint pourtant. Un miracle? Est-ce le bout de l’aventure?

Certainement pas. Car arrivés sur place, vous voilà face à un dilemme à vous gratter le crâne. D’apparence, vous y êtes. Oui, il ne peut pas en être autrement. Mais comme si le fort était à jamais inviolable, vous aurez beau en faire le tour, il ne révèle aucune entrée, comme si le même mur se répétait éternellement. La même pierre, à quatre endroits, sur quatre côtés - comment un fort ne peut-il avoir que quatre côté?
Et d’ailleurs, maintenant que vous êtes devant, n’est-il pas un peu petit? Si vous regardez plus attentivement, vous le verrez peut-être. La sensation que ce mur est distordu, comme une texture de mur que l’on aurait collé sur une surface plate. Comme si le mur n’existait pas… D’ailleurs, si vous tendez la main vers lui, celui-ci se dérobera et vous apparaîtra brusquement beaucoup plus loin - une illusion qui joue avec vos nerfs et avec votre patience.

Le fort ne pourrait-il n’être qu’une illusion? De nouveau, vous avez la sensation que si vous vous en approchez, il va reculer. A jamais inatteignable. A jamais loin. Si vous regardez les murs, vous voyez qu’il s’allonge en formant des courbes étranges que la brume déforme, et si vous regardez au hasard d’une fenêtre ouverte en hauteur, vous n’y voyez d’un couloir infini qui pourrait vous faire mal aux yeux.

De toute évidence, ce n’était pas la bonne route. Où aller, maintenant? Peut-être la faille suggérée par la créature angélique?

Derrière vous, la brume semble s’être épaissie. Un rideau opaque, épais, où on n’entend que quelques bruits indicateurs que la brume est habitée. Comme si elle voulait vous empêcher de retourner sur vos pas, vous laisser coincés dans cet infini espace distordu de possibilités nulles, de murs qui s’étendent, de pierres visibles mais qui ne sont pas palpables quand votre main passe à côté.
Comme si elle voulait vous repousser loin… Loin des miroitants? Est-ce une façon de vous coincer, ou de les protéger? Délaisse-t-elle le fort inatteignable, ou est-ce qu’elle les protège… Eux? Ils sont déjà proches, leurs yeux luisant dans la brume - Maël est le seul à y être retourné.

N’auriez vous pas oublié quelque chose?

Sam 30 Sep - 23:36
Il n'était pas bien sûr de l'ordre des évènements, mais une chose était sûr : le danger était à leurs trousses, omniprésent et même... omniscient. Ils n'étaient même pas dans l'enceinte du fort et déjà la Brume se jouait d'eux, les faisait tourner en bourrique et répondait à leur menace par celle des miroitants. Ceux-ci étaient tenaces et leur barraient la route, s'ils avaient prévu de faire marche arrière. Ce qui n'était vraisemblablement le cas de personne dans le groupe. Aux dernières nouvelles, le Grigori voulait même jouer aux héros.

« - Message reçu, » tonna simplement l'opalin en ignorant la bataille qui se présageait pour poursuivre dans la bonne direction. Il longeait le mur sans faire attention à la répétition dans ses motifs, sans s'interroger sur sa nature. Jusqu'à ce qu'il se rende compte, après plusieurs minutes, de l'étendue qu'il venait de parcourir.

Rien. Rien du tout. Il n'avait pas progressé d'un chouïa et ses compagnons avaient probablement dû le voir faire du surplace durant tout ce temps. Dans un murmure, il pesta, avant de les rejoindre en un seul et puissant bond.

« - Tout ceci est une illusion. Mais je crois que la faille est réelle... Seulement à quoi bon se fier ? »

La Brume déréglait les boussoles et redessinait les chemins. Mais visiblement le blondinet emplumé avait une petite idée d'où se trouvait le Nord ; il ne pouvait donc pas le laisser se faire trucider par ces entités de cauchemar qui éveillaient d'ailleurs chez le strigoï un sentiment viscéral qu'il n'arrivait pas à bien identifier.

À nouveau, il fit usage des pouvoirs de son cristal, mais cette fois-ci pour arracher son compagnon des griffes de la bataille. Comme il lui prit le bras, alors qu'ils se trouvaient tous les deux dans une bulle de ténèbres, il esquiva de justesse un moulinet dans sa direction. Et il le ramena dans la « lumière ».

« - On n'a pas le temps pour tout ça. Et on n'arrivera certainement pas à se repérer si tu y restes. Alors il faut fuir, maintenant, et seul toi sais où se trouve la faille. Nos vies sont entre tes mains, Grigori, alors j'espère que tu as un peu plus d'humanité que tes congénères. »

Soudainement, un visage surgit de l'ombre pour se précipiter dans la direction des deux aventuriers ; une bouche monstrueuse béa le temps d'instant et tout ce que Nimrod put voir, ce furent des dents trop blanches, trop grandes, se refermer sur le bras avec lequel il avait saisi son compagnon. Non sans douleur, il parvint toutefois à se débarrasser de la prise du monstre grâce à un geste ample du coude. Le sang d'un rouge profond contrastait dans l'atmosphère grisâtre.

« - MAINTENANT ! »
Dim 8 Oct - 13:02
Peu à peu, ils parvinrent à se tailler une route au sein de la Brume qui les toisait : Ryker n’essayait plus de comprendre quel piège la Brume tentait de leur dresser tant il se concentrait sur leur survie à tous. Il rengaina Béquille et sortit Corvée et sa Curetonne pour se protéger tout en combattant. Il rivalisa d’adresse avec Maël et lui prouva plusieurs fois qu’il n’était pas en reste quant à ses talents de guerrier. Il n’avait survécu tant par hasard que cela. La lame du Patrouilleur trancha dans le vide lorsqu’il fut entraîné en arrière par le grigori. Il aperçut dans leur débandade qu’ils étaient encerclés et que son présentiment vis-à-vis d’une meute s’était révélé correct. S’il aimait avoir raison, dans ce cas, il aurait préféré s’être bien planté. Tout comme sur son rôle de garde du corps de plus en plus superflu. Ils s’éloignèrent donc de l’embuscade pour rejoindre cette tour qui les défiait tant. Ryker roula à terre et se redressa maculé de boue. Il pesta et épousseta sa cape élimée. Ils rejoignirent les deux lascars et laissèrent une Brume opaque derrière eux. Tandis qu’il essayait de comprendre où ils étaient, les murs se dérobèrent sous ses yeux et les textures se révélèrent trop … incertaines pour être intangibles. Une migraine commença à pointer le bout de son nez. Ces formes n’étaient pas faites pour l’esprit humain. Ryker tendit le bout de sa lame qui ne rencontra que le vide au lieu de la pierre. Les bruits de la Brume se firent de plus en plus présents.

- On a pas le cul sorti des ronces, je te le dis, Cadette … pesta-t-il à l’attention d’Aelys, tout bas.

Il essuya machinalement sa dague et la rengaina. Le miroitant n’avait laissé aucune matière sur l’acier, comme s’il n’était composé de rien. De la Brume, rien d’autre. Cette dernière semblait le délaisser pour s’occuper de jouer des tous à ses camarades, mais il n’aurait pu le parier. Il n’était pas important à ses yeux : pourquoi ? Sa nebula frétilla, s’abandonner était la meilleure solution pour le découvrir. Bien sûr, bien sûr. Quelle logique imparable. Il secoua la tête pour faire taire la félonne qui logeait dans les sombres recoins de son crâne.

Ils étaient face aux pierres et si le Patrouilleur avait une idée sur comment il pourrait solutionner ces éléments, il n’osa pas s’y livrer. De toute façon, Maël s’en occupa avant lui et les forcèrent à se protéger les yeux sous son éclat. Bon sang, mais … personne n’avait conscience que manipuler la Brume au sein de la Brume était d’une dangerosité sans nom ? Même lui, avec son pouvoir, ne s’y risquait pas ! Il pesta tout pas, soutint le regard de la jeune femme et secoua la tête. Ils étaient bloqués là avec l’artiste.

- Pourquoi faut-il que vous preniez tous des risques inutiles ? Bon sang, j’ai l’impression que les histoires ne font que se répéter. Vous, là, Nimrod. Vous manipulez les ténèbres si je ne me trompe pas. Et notre heu … escorte ? Bref, le grigori, la lumière et les ténèbres. Et même son âge. Bon. Vous avez d’autres trucs de planqués ou … Oh putain. ENCORE.


D’un geste le Patrouilleur dégaina de nouveau sa dague et se tourna. Le râle d’un miroitant l’avait prévenu de leur arrivée mais le son strident d’un rapace en piqué vint couper toute réclamation : Maël venait de percer la Brume et la carcasse de la créature avant de le traîner sur quelques mètres. Ryker grinça des dents. Encore des risques, toujours des risques. Sa nebula déplia ses griffes dans sa psyché et se glissa dans ses membres. Elle tenta de laisser son don se diffuser dans l’organisme du Patrouilleur mais celui-ci tint bon.

- Maël ! Cessez de vous battre et de vous comporter comme un putain de héros ! Nos coups sont inefficaces : il faut qu’on s’accorde. Vous êtes ma mission, je ne laisse pas ma mission en arrière ! hurla-t-il, avant d’attraper le grigori par le col et de le tirer derrière lui.

Rien à faire qu’il eut pu lui coller une mandale et qu’il soit trois fois plus puissant que lui : le Patrouilleur le fit passer derrière lui. Le grigori en profita pour leur révéler l’existence d’une faille, révélation à laquelle les râles croissants des créatures firent un sinistre écho. Il fallait donc se dépêcher avant que la Brume ne se referme sur eux. Ryker tenta d’approcher d’un mur et ce dernier se déroba devant lui. La garde jouait avec ses sens.

- Un dédale. Manquait plus que ça. grommela-t-il avant que la baille ne revienne jusqu’à eux. Hé, l’artiste, arrêtez de danser et venez nous aider !

En effet, de son point de vue, Nimrod levait un pied devant l’autre sans avancer, ce qui lui donna l’air pataud d’un canard. Peut-être essayait-il de communiquer avec les pierres. Sans grand succès. Le Patrouilleur laissa échapper un juron lorsque le grigori voulut de nouveau s’imposer comme sauveur de leur petit groupe.

- Guidez-nous à cette faille. On y va ensemble : c’est notre seule chance ! tonna-t-il, bien que Nimrod fut plus rapide que lui.

Ce dernier tira Maël en arrière dans une sorte d’usage de ses ténèbres mais un cri alerta Ryker. Un miroitant recula, la gueule nimbée de sang. Le Patrouilleur pesta et crocheta la gorge de la créature avant de lui sectionner la tête en tournant sur lui-même. Il roula à terre et se mit en posture pour protéger Nimrod et Maël. Les créatures convergeaient vers eux et la tête qui roula à ses pieds se contenta de l’observer tout en claquant des dents, comme si cela n’était qu’un détail pour elle. Il en eut des frissons.

- Tout ce qu’on leur fait ne sert à rien : elles SONT la Brume. Courrez jusque là-bas et menez nous Maël. Si cette faille n’est pas déjà ouverte, je pense pouvoir l’ouvrir.

A vrai dire il n’en savait rien : c’était un pari risqué. Mais si cette lueur d’espoir pouvait les décider à arrêter de vouloir affronter une mort certaine, c’était toujours ça de pris ! Il poussa Aelys à sa suite et tous entreprirent de se diriger vers la fameuse faille. Le Patrouilleur rengaina ses lames et se porta à hauteur de l’artiste qui perdait, mine de rien, beaucoup de sang. Il ne pouvait rien faire pour l’instant, pas tant qu’ils n’étaient pas arrêtés.

Suivant le grigori, ils arrivèrent vers une sorte de craquelure dans l’espace qui semblait désigner cette chose comme la faille qu’ils attendaient. Noire et nimbée d’une aura translucide qui semblait leur permettre de passer. Les gargouillis des miroitants se faisaient de plus en plus forts, et la Brume de plus en plus épaisse. Elle faisait tout pour les pousser par-là, ou bien … ? Ryker dépassa le petit groupe et vint poser sa main sur la faille sans les prévenir. Un léger espace leur permettrait de passer mais … vers où ? Il n’aurait su dire. Il laissa sa nebula se déplier dans son essence, prêt à tout. Il ne ressentit rien de précis. Rien qu’il ne puisse influencer. Pari perdu. Mais … un passage existait, il le percevait et cette faille était la seule chose concrète à des lieues à la ronde.

- Allez-y, je passerai en dernier. J’ai l’impression qu’on ne peut passer que un par un. intima-t-il, recouvrant pour la première fois le peu d’autorité qu’il était censé incarner.

Une occasion de vérifier si la Brume en avait après eux tous, et si elle désirait les mener tous par ici. Et surtout … à quelle fin ?


Mar 10 Oct - 16:30

Intrigue
La dimension corrompu

Ft. Nimrod & Ryker
MJ : Lö

La force de ses ancêtres bouillait dans ses veines. À la vision des terres brûlées se substituait la cité de Zaravoda. Ses ailes, imposantes, se dressaient autour de lui, sombre représentation de sa supériorité. Derrière ses yeux vitreux, se jouaient des combats auxquels il n’avait jamais participé, mais desquels il apparaissait vainqueur. Là, face aux monstres, aucune peur, aucune crainte. Il était un géant, le maître de ces terres, la puissance des douze incarnés. Ces monstres déformés qui lui faisaient face devaient être occis. C’était sa mission, son devoir, et le fil de son épée serait seule juge de ces aberrations. De quel droit se mettaient-ils sur son chemin ?

Mêlée au sable brûlant, la Brume ricane.

Invincible, il ne comprit pas comment on put l’agripper. N’était-il pas intouchable ? Plus rapide que la lumière ? Plus discret qu’une ombre ? Pourtant, on le tirait bien vers l’arrière. Il croisa le regard de Ryker, sursauta brusquement. Où était-il ? Que faisait-il ? Hébété, il mit un moment à comprendre où il se trouvait. Inlassable, la Brume s’infiltrait en lui, brouillant ses sens, s’insinuant dans les failles de sa personnalité. D’un coup, sa carrure fondit, ses traits se rajeunirent, ses ailes se recroquevillèrent. Le bout de son épée se planta dans le sable, comme si elle était devenue trop lourde pour lui.

Elle ne veut pas de nous, se plaignit-il, jetant un regard éberlué à ses compagnons, qu’il ne reconnaissait plus.

Pauvre grigori balloté par la Brume.
Pauvre petit ange à l’esprit dérangé.
Qui crois-tu être, à te dresser contre nous ?
Tu n’es que la main de nos désirs, un outil de notre volonté.

Elle s’impose et resserre son étau. Son esprit se détraque, ses pouvoirs lui échappent. N’est-il pas supposé mener cette expédition ? N’était-il pas convaincu de pouvoir la mener seul ? Pourtant, quelque chose le rattrape. Un instinct puissant, destructeur, naît dans les yeux du patrouilleur. Celui-ci l’agrippe, et le grigori cesse de rajeunir. Soudain, il n’est plus l’outil de la Brume. Il n’est plus que Maël. Imperceptiblement, il se redresse. Il ignore comment, il ignore pourquoi, mais lentement, la Brume s’éloigne de son esprit. La faible lueur de sa peau renaît, ses yeux d’enfant s’ouvrent grand.

Par-là, affirme-t-il alors d’une voix enfantine, vacillante.

Il se tait, la démarche confuse, l’esprit balloté. Pourtant, il émerge. Son équilibre se rétablit, sa conscience remonte à la surface. Seulement, il peine à reprendre son souffle. Les flots brumeux luttent pour le garder en leur sein, force impénétrable, vicieuse et vorace. Malgré tout, le menton du grigori se soulève, son regard retrouve contenance. L’ombre le tire vers la lumière. Autour de lui, ses compagnons. Leurs visages reprennent leur place dans sa mémoire. Peut-il faire confiance à ses souvenirs, à ses sens ? Sont-ils vraiment là, autour de lui ? Tentent-ils de l’aider ou n’est-ce qu’un mauvais tour de la Brume ?

Il n’a pas le choix.
Il doit bouger, malgré ses doutes.
Maintenant.

Sa brasse contre la mer de Brume se transforme en un crawl convaincu. Soudain, il ne se maintient plus à la surface : il lutte avec force contre les flots mentaux qui menacent de l’emporter. Pourquoi est-il le seul à être si fortement affecté ? Pourquoi la Brume lui en veut-elle, soudainement ? Ses réflexions reprennent leur sens. Ses visions s’évaporent alors que se pose sur lui le poids de ses responsabilités. Sa foulée s’allonge alors que son corps vieillit, grandit à nouveau, puisant dans une énergie profonde et vitale qui n’apparaît que dans les moments les plus sombres. Il n’est pas question qu’il se laisse emporter. Il n’a plus le temps de laisser la Brume le malmener.

La faille aperçue plus tôt se dévoile enfin. Plus sombre et mystérieuse encore qu’elle n’en avait eu l’air de là où il l’avait aperçue. Elle semble bien réelle, même s’il est possible qu’elle ne soit, encore une fois, qu’une projection de la Brume. Ou peut-être n’était-ce qu’un passage vers la Mort ? Le grigori remarque enfin l’écarlate qui s’échappe du bras du strigoi. Son regard croise celui d’Aelis, plein d’aplomb malgré sa jeunesse. L’esprit de Ryker, lui, semble solide. Suffisamment pour que Maël se repose sur lui. Suffisamment pour qu’après un échange de regards, il plonge le premier dans les ténèbres. En lui résonnent les paroles du Chancelier alors qu’un frisson remonte le long de sa colonne vertébrale.

“La voie qui s’ouvre vers Valeek est sombre et incertaine.
Le pire des destins t’attend peut-être, grigori.
Prends garde.”