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[Requête] Les meurtres du sous-bois

[Requête] Les meurtres du sous-bois  Brandw10
Dim 5 Nov - 21:22

Bienvenue

Ft. Kesha, Lan , Azur, Vlad





On ne remarque pleinement l'importance que de ce que l’on s’apprête à perdre. L’humanité passe son temps à se plaindre de sa condition, mais c’est au moment de tout perdre comme l’on remarque le confort de sa situation.

Au moment où naît le regret, il est déjà trop tard. Ainsi va le destin inéluctable de l’homme, un être regardant toujours l’horizon au loin sans daigner un instant avant de tomber regarder ce qui se trouve à ses pieds.

Telle est la situation de la famille Lua. Les problèmes d’autant paraissent ainsi aujourd’hui bien insignifiants. Un tueur rôde aujourd’hui à Xandrie, si bien qu’à l’heure actuelle malgré les sévices qu’il inflige, ni le Guet ni les grandes guildes de l’information n’ont réussi à trouver quoi que ce soit sur lui. Il est dangereux, habile, invisible. Quand on se retourne, il est déjà dans notre dos. Quand on le voit, c’est pour sentir ses crocs caresser la peau de notre gorge.

Pourtant ses méthodes ne sont pas des plus efficaces. Étrange assassin que celui qui annonce à ses victimes à l’avance leur mort imminente. Ses annonces, toujours les mêmes, une rose teinte de violette qui par différentes manières est envoyée à une proie accompagnée d’un poème des plus effrayants et mystérieux.

La mort, peu importe comment elle se déroule, finit de la même manière. Les corps dépecés, parfois écorchés profondément au visage jusqu’à ce qu’il ne reste ni peau ni cheveu, deviennent des pantins d’une pièce immuable accompagnée d’un décor floral racontant une situation.

Difficile de comprendre ce que veut le tueur. Il faut dire que les informations accessibles à son sujet sont des plus parcellaires. La seule information étant cette lettre qui dévoile à l'avance comment se déroulera la pièce prévue par le tueur à la rose.

Xi Ming, fils du comte Xi Lua et héritier de la famille croisa lors d’une de ses balades dans le village de son domaine une jeune fille qui pour le compte d’une personne inconnue avait reçu une pièce pour lui offrir une rose violette. Devenant instantanément blanc, il courut au château sans se préoccuper de rien avertissant ses parents et faisait sombrer tout le domaine dans une psychose générale.

Trois jours plus tard, une nouvelle missive fut reçue par le compte pour son fils.

Spoiler:


Cela en était trop, il fallait agir. Avant de voir son cher et tendre fils disparaître pour devenir la pièce d’une scène macabre. Ne faisant plus confiance à personne, y compris ses propres servants, une idée vient en tête au comte. Recruter des gens à tout-va, qui ne connaissaient pas afin que tout le monde se surveille mutuellement. Il n’avait pas de quoi de base assurer sa défense, il était obligé de recruter, cette méthode était à ses yeux le seul moyen.

L’annonce fut affichée, beaucoup se refusèrent. Il fallait dire que le tueur faisait les potins du royaume. Personne de sensé n’avait enfin de se frotter à une chose tantôt décrite comme un monstre impitoyable sorti de la brume quand pour d’autres il s’agissait d’un individu des plus puissant. Qu’importe ce qu’est la vérité. Tenir à la vie c’est refuser de prendre des risques inconsidérés.

5 personnes décidèrent toutefois de répondre à l’appel du pauvre homme. Certains par charité, d’autres pour l’argent ou pire en ayant les mêmes intentions que le tueur.

Tous étaient convoqués à la même heure, au même endroit dans le domaine des Xi, isolé dans les campagnes profondes du nord de Xandrie loin des grandes routes et au milieu des forêts froides et noires capables de supporter les vents du Dain. D’autant que l’hiver approchait et que la neige se faisait de plus en plus présente.

Chacun arrivait avec ses moyens et devant le portail de la demeure alors fermé attendait un homme. Le buste droit signe d’un respect protocolaire impeccable, son regard était inflexible figé sur l’horizon en attendant les venues des personnes tant espérées.

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La première à arriver fut Violette, comme en sautant de la voiture qui l’avait amené là comme à son habitude grommelait en se frottant la nuque.

‘Tain. Mal au cul…

La route n’était pas très pratique pour faire une sieste, il fallait dire.

L’homme la regardant un instant avant de prendre la parole.

Vous êtes mademoiselle ?

La portebrume leva le regard

Violette. Une des personnes que vous avez recrutée.

Il la regarda un instant, légèrement interloqué. Enfin, il fallait diversifier les profils… même avec des individus au bon goût… déplorable…

Je vois. Enchanté mademoiselle. Je me nomme Ernesto Higgis, majordome de la famille Xi. Je vous prie de bien vouloir m’excuser, mais avant de rentrer nous devons attendre vos… camarades. Le comte n’est pas l’aise de laisser tourner chez lui des nouvelles personnes sans surveillance au vu des derniers événements.

Violette soupira.

T’inquiètes. J’ai l’habitude du froid.

A son tour, elle se retourna attendant comme lui ceux qui pensaient pouvoir braver impunément la mort personnifiée.
Lun 6 Nov - 0:14

Cinglé par les vents glacés

Ft. Kesha, Lan , Azur, Vlad


Ekiel-Reyes n’était plus aux yeux de ce monde, sinon un diable enragé à abattre. Enfui on ne sait où, son ancien amant et protecteur lui avait fait la courtoisie d’un au revoir. S’il ne le reconnaissait plus, Keshâ avait d’abord voulu le juger pour ses tromperies et son comportement sauvage, alors qu’il aurait pu se battre pour les idéaux de justice. Dans la clandestinité, cette fois.

La réalité, c’est que lui aussi avait changé. Pas exactement de la manière qu’il imaginait. Et il ne pouvait pas se mentir, Ekiel ne l’avait en rien forcé. Il en était entièrement responsable. Il avait intrigué, espionné, fait pression, rapporté, appris, beaucoup ; il s’était découvert un sens de l’observation dormant qui ne demandait que des opportunités pour se révéler. Certes, il gardait en lui une belle part d’innocence qui se refusait à nuire à des innocents ou à désacraliser la vie. Mais il devait admettre que s’il se trouvait face à face dans un couloir et que c’était lui ou l’autre, son choix était tout tracé. Il était seulement limité par sa carrure et ses habiletés au combat.

Innocent, mais plus candide, il avait troqué une morale un peu moins blanche, contre la satiété, une assiette de fruits frais, un bon bain chaud et une chambre individuelle. Le tout saupoudré d’un peu d’instruction. On ne l’aurait pas reconnu. Revisité par le styliste de Seraphah, complet veston noir, chemise lavande clair et lavallière noire piquée d’une perle grise.

Keshâ ressentait toujours le besoin ardent de mieux comprendre le monde hors des murs d’Epistopoli. De faire la synthèse de qui il était, une fois sorti de l’ombre de ses deux mentors. Aussi, dans un élan d’indépendance, il s’était saisi de l’avis de recrutement dans les Voix du Nord pour envoyer aussitôt un télégraphe. Un peu hypocrite d’utiliser le réseau de Seraphah tout en souhaitant s’affirmer pour lui-même. Cependant, sans mise de départ, il était difficile sinon impossible de s’asseoir à la table de jeux.

Le vent glacial lui mordait les joues. Cette toque en fourrure et son manteau long de laine fourrée n’y faisaient rien. Le vent boréen de Xandrie avait dépourvu son visage de toute sensibilité, la vitesse du pégase ne faisant que le renforcer à chaque battement d’ailes. D'ailleurs,  la chevelure rousse de sa cavalière lui cinglait le visage, pendant qu’elle se jouait, rieuse, des tourbillons floconneux. Elle se prenait parfois dans la boucle d’oreille à pendant qu’il s’était permis comme coquetterie avec ses premiers gages. La pierrerie en charoïte qui y était incrustée faisait tout pour rappeler la couleur de son cristal d’inertie, dans un parfait trompe-l’œil.

La vie était plus facile, quand même, quand il suffisait de quelques pièces pour enjamber les obstacles du monde à dos de cheval ailé depuis Xandrie. Et quand on pouvait rallier les capitales en profitant des merveilles de la technologie ferrée. Il suffisait juste de chanter sa chanson préférée au contrôleur du train et de lui souhaiter bonne sieste. Une courte nuit dans une auberge et il était reparti avant l’aurore avec le premier taxi ailé des landes venu.

Il espérait arriver bientôt au manoir et que son bagage sommaire suffirait à son enquête. Tatiana annonça que la demeure du noble Xi Lua était cette bâtisse démesurée face à eux, avant de faire fondre le pégase en piquet vers le parvis.

-« Ne me dis pas que tu fais partie de ces fous décidés à arrêter le tueur à la rose ? Personne ne s’en est sorti, tu sais ? Enfin, si jamais tu es toujours vivant, appelle-moi pour le retour… » glissa-t-elle en lui tendant un objet rond et plat, censé être capable de lui lancer un signal par pression selon un procédé qui lui échappait.
Alors que le pégase ralentit en battant majestueusement de ses grandes ailes, Keshâ eut le temps de mieux discerner les deux silhouettes sur le parvis.

Ne me dites pas que… mais si ! Violette ! Avec cette bouche tordue, bougon, serrant une cigarette et ses yeux rouges furibards, il ne pouvait pas y en avoir deux. Keshâ relâcha la taille de Tatiana et enjamba la croupe du pégase afin de se laisser glisser au sol. Les sabots de la monture claquèrent alors que sa cavalière s’élevait déjà dans les airs.

-« Bonjour, monsieur. Je suis Keshâ’rem Evangelisto, enquêteur d’Epistopoli. Votre maison m’a recruté en urgence. J’ai fait aussi vite que possible. »

Le majordome se tenait droit comme un I, stoïque. Il avait donné l’impression de ne pas remarquer la bourrasque monumentale causée par le pégase, qui les avait passablement ébouriffé, lui et Violette. Immuable comme la Justice, il laissa passer un ange, puis deux, le regard perdu dans le paysage boréal au loin, avant de détourner un menton décidé dans sa direction et de laisser des yeux froids et méticuleux le détailler de la tête aux pieds. Il lissa sa barbiche d’un geste soigneux.

-« Bien, le talent n’attend pas le nombre des années, j’imagine. Au moins, vous êtes diligent. Enchanté. » répondit le majordome dans une politesse aux lignes si pures, qu’il ne sut pas déterminer si il était sincère ou sarcastique.
-« Ernesto Higgins, majordome de la famille Xi. Nous attendrons ensemble le reste des invités, dehors. »

L’âpreté sans réplique de la situation ne le réjouissait pas. Mais il n’était pas ici en terrain conquis. Loin de sa nation et de son milieu social, il n’avait plus qu’à obéir aux codes xandriens pour ne pas froisser sa première impression. Son regard d’améthyste glissa à l’oblique en direction de la criminelle. Il l’avait à peine quittée depuis les dunes d’Aramila.
-« Salutations, Violette, on dirait qu’on ne peut plus se quitter. » dit-il mi-amusé, mi-surpris, avec un trait d’humour que le premier Keshâ rencontré quatre ou cinq mois plus tôt n’aurait jamais pu sortir.

C’est qu’il avait bien malgré lui appris à connaître certaines de ses marottes lors des campements dans le désert. Il voyait dans son indifférence revêche une forme d’affection. Au moins, il savait tant soit peu à quoi s’attendre avec elle. Elle le toisait d’un air renfrogné et impénétrable.

~° BOUH !! °~ lança-t-il sans préavis dans les tréfonds de son esprit.
Une façon de saluer sa « camarade ». En vérité, il n’avait jamais su comment se comporter face à ce personnage. Pourtant, on ne pouvait pas dire qu’il n’avait pas suivi ses conseils. Un embryon de confiance germait à mesure des chasses aux trésors et fétiches appropriés. Cette mystérieuse enquête devait permettre de gagner une jolie prime pour en acquérir de nouveaux.
-« Vous… vous connaissez ? » minauda le majordome, le menton relevé en une pose éloquente. « Eh bien.» L’association à l’image de bombe mortelle de Violette ne pouvait pas le valoriser aux yeux d’Higgins, à moins qu’ils ne les considèrent déjà comme des suspects de connivence dans cette maison dont la paranoïa s’était faite maîtresse. « Ne reste qu’à attendre en profitant de ce bon air frais. »

Le majordome semblait immunisé à l’hiver. Lui, en revanche, n’avait pas eut à affronter une telle quantité de froid depuis bien longtemps. Ses muscles frissonnaient vainement sous sa grosse écharpe pour tenter de générer un peu de chaleur. Pourvu que les autres se magnent !
Lun 6 Nov - 13:24

Aux portes de la cage aux lions

Rose rouge, rose bleue...


Il court, il court, l’air nauséabond de la panique et de l’effroi. Comme un brouillard matinal qui tarde à se dissiper, les maisons s’inquiètent et les esprits ont peur. Les petites rumeurs ne restent pas secrètes très longtemps, elles grossissent vite avec la rue. L’embonpoint des mots devient vite la nouvelle qu’on crit tôt le matin, dans les journaux, dans les salons, autour de son café.
Elle court, elles courent, les rumeurs. Et elles arrivent jusque dans les sphères les plus hautes du royaume. Jusque dans un salon aux meubles de bois nobles, presque entièrement doublé de velours carmin. Rouge comme le sang, avait exigé un lointain ancêtre en commandant l’ensemble à un ébéniste. Pour amuser sa fille, Nue Fà lui avait toujours répété que c’était pour ne pas voir les gens saigner. Petite, ça lui avait arraché quelques sourires. Aujourd’hui, elle était hantée par sa mise en application.

Il y en a un nouveau, ils disaient. Une nouvelle rose mauve, un nouveau mot d’amour donné à un jeune noble qui comme elle était le premier de la lignée. Quelque part, elle savoura sa chance d’avoir déjà hérité de sa couronne, alors que lui se voyait déjà à moitié fauché par une âme en déroute. Cruel destin, fatalité funeste! Ses lèvres s'étendaient déjà dans un sourire conquis. Oh oui, elle rendrait bien une petite visite à son voisin… Qui cherchait à tort et à cri une âme bienveillante pour venir en aide à son rejeton en détresse.

On prépara la voiture. Toutes roues dehors sur les chemins de Xandrie. Lan-Lan était apprêtée - comme toujours - tresses aux vents, tuffes, taffetas et soie xandrienne, des anneaux de jades et d’or jusque dans ses cheveux. Une poupée, un noble produit des instances de Xandrie, jetée sur le sol boueux et dans l’air déjà froid du début de l’hiver. Elle tranchait sur le ciel gris, rose rouge sur le sol froid, sur les arbres sombres avec ses cheveux de spinelle, ses yeux d'améthyste qui brillaient comme des gemmes. Autour de son cou, au travers de son écharpe, le shinryu était enroulé, à peine mobile, cherchant la chaleur dans la fraîcheur. Huang-Long n'avait aucune envie d'être là, lui. Mais elle... Elle jubilait déjà d’arriver, Lan-Lan, tout sourire dehors. Elle tenait dans les mains sa mallette de bois sur laquelle on avait décoré avec de la laque doré un paysage de montagne et de grues.

Protéger le garçon? Nul doute que ça allait la changer de l’habitude. Elle qui avait pour hobby de distribuer contre sommes trébuchantes des substances en tout genre - des objets de plaisirs, des liquides de l’oubli, des nuages de mort.
Mais empêcher le jeune d’y passer? Elle haussait ses épaules frêles - peut-être qu’ils réussiraient oui. Mais démasquer le coupable était bien plus excitant, tout comme l’idée de vivre au péril de sa vie dans les heures qui arrivaient.

Et il fallait l’avouer, elle espérait aussi ennuyer un peu ses voisins.

Elle court, elle court, la rumeur. Peut-être que la rue grossit le trait, peut-être que la rue les mots enflent comme un torrent pour rien.
On a toujours tendance à voir des visages dans la fumée, non? Lan-Lan ne le savait que trop bien. Mais elle espérait quand même passer un moment d’ivresse dans ce manoire infâme.

Il était bientôt visible, au bout d’une allée lugubre. Rien à dire, l’ambiance était plantée. Quel décor de conte…! Une famille de goût, sans doute. Aujourd’hui à la dérive, au bord du gouffre, dans la tourmente, les fantômes déjà penchés aux fenêtres - si elle plissait les yeux, elles les verraient peut-être, sans yeux, sans visage.
Deux - non trois - fantômes se tenaient sur le seuil. Elle les détailla rapidement en marchant à pas vif jusqu’à eux, cachée sous une ombrelle, bien enveloppée de son manteau de fourrure et son écharpe de velours d'où bougeait, de temps en temps, la salamandre. Un homme qui semblait distingué, mais qui hurlait une apparente jeunesse. D’une autre part… Une jeune femme, avec une aura sinistre - elle aimait déjà ça. Elle rayonnait l’ennui, comme si tout autour d’elle était d’une frustration sans nom. Finalement, entre eux, un vieil homme distingué, droit comme un i.

Madame, Messieurs.” S’annonça-t-elle à quelques pas d’eux. Elle ne se fendit néanmoins pas d’une révérence, néanmoins. Pas de cadre officiel, de roi, et un contexte lugubre - nul besoin de faire des courbettes. “Lan-Lan Fà” dit-elle avant qu’on ne lui demande son nom. Cela ne disait peut-être rien aux deux inconnus, mais le représentant de la maison n'ignorait certainement pas son dénominatif, celui d’une maison de poids dans l'échiquier de la noblesse. Elle attendit qu’il se manifeste pour lui présenter sa main - à lui, mais pas aux deux autres dont elle ignorait encore l’étiquette. “Je suis là pour… Enfin, vous devez déjà bien le savoir. Entre voisins… Nous nous serrons les coudes.

Ironique. Elle ne se cachait à peine, son ton rond comme un sirop, doux comme du miel qui coulait de la ruche. Mais était-elle ouvrière ou reine? Son visage au sourire polie ne laissait rien filtrer, elle avait l’aura et la candeur d’une jeune fille.

Madame Fà… J’aurai aimé mieux vous recevoir, mais nous manquons de bras.” S’excusa le majordome - il avait vraiment l’air désabusé. Eut-elle était plus empathique, elle aurait sûrement eu de la peine. Mais son coeur était hermétique à la souffrance de cette autre famille à qui tout avait souri. “Les autres membres du personnel ont préféré partir, compte tenu de la situation. Nous ne sommes plus que trois aujourd'hui.

Ah? Intéressant. Cela fait peu de tête à connaître. Lan-Lan affiche un sourire désolé, mais se sentait particulièrement curieuse. “Vous m’en voyez désolée. Et qui est encore attendu?

Plutôt loquace, ce majordome. Il lui répondit sans grande hésitation qu’ils attendaient encore deux personnes. Mieux encore. Eux trois, et les cinq invités… Elle espérait donc douze personnes entre ces murs sinistres. Bien. Un festin de roi.

Gageons que nos deux compagnons nous rejoignent bientôt… Il me tarde de saluer le maître maison.” Du sucre… Chaque mot, du sucre.
Mer 8 Nov - 12:14

Bienvenue

Ft. Kesha, Lan, Violette, Vlad





Recevoir des missives du roi, cela ne l’amusait plus. Pourtant, ses fonctions consistaient justement à servir le roi dès que celui-ci le demandait. Un Homme-Lige représentait bien plus qu’un simple servant. C’était son homme de confiance, son homme à faire la sale besogne, les tâches que personne d’autre ne pouvait réaliser. Si le blondinet ne pouvait plus supporter Sa Majesté, qui était également son grand-père, il ne l’avait jamais trahi pour protéger les intérêts de Xandrie. Néanmoins, son désir de liberté le démangeait chaque jour un peu plus. Son parent n’avait plus rien à lui offrir quant à la disparition de son père, même s’il continuait d’en jouer pour le garder à ses côtés, Azur le savait pertinemment.

Officiellement, le jeune assassin n’était qu’un des nombreux serviteurs du roi. En cette fraîche soirée automnale, saison réputée pour ses tempêtes, le voici face aux quartiers du souverain, plateau de friandises à la main. Lorsqu’il frappa à la porte, deux membres de la garde royale ouvrirent la porte. Le bouffon du roi était en pleine représentation. Les gardes ordonnèrent à Azur d’attendre la fin de la représentation avant de s’avancer. Scène assez désagréable : un pitre en train de faire rire un vieillard en surpoids, deux gardes payés à ne rien faire, puis un pauvre homme en train de tenir un plateau relativement lourd pour une personne lambda. Et même pour un assassin entraîné, la tâche n’était pas des plus agréables.

Quand enfin le clown finit, Sa Majesté ordonna à l’ensemble du personnel, gardes compris, de quitter ses quartiers, à l’exception d’Azur à son grand désespoir. Maintenant vidée, Azur avança d’une démarche plus décontractée et déposa le plateau sans plus de protocole, à côté du Roi Dynaste. Au début, il restait coûte que coûte dans son rôle, mais la comédie avait maintenant assez duré. Cet écart avait naturellement signalé par son grand-père, sauf que le petit-fils l’envoya poliment paître à sa manière.

« Que t’ai-je déjà dit, fils ? Tu n’as pas le droit au relâchement. »

L’assassin acquiesça en sachant pertinemment qu’il recommencera. Ce jeu durait maintenant depuis plusieurs semaines. Et les seules qui pouvaient observer un tel relâchement étaient les autres assassins, indépendants de la Guilde des Assassins, aussi du Roi Dynaste depuis qu’il était en âge de régner. Autant qu’il leur faisait bien plus confiance qu’à son propre petit-fils, même bâtard, qui partageait en partie le même sang.

« Dis-moi plutôt la raison qui m’amène ici, grand-père. Ce n’est probablement pas pour savoir comment s’est déroulé ma journée, comme le ferait n’importe quel parent, hein. », soupira l’assassin comme attristé par la situation.

Il n’en était rien. La famille n’avait pour ces deux-là aucune signification. C’était leur seul point commun. Le Roi pouffa de rire à cette boutade lancée avec un certain toupet. Ce ne fut qu’après quelques échanges amicaux que les festivités commencèrent. Un sordide récit au sujet d’un tueur en série, à la particularité de toujours prévenir ses victimes. Si cela paraissait cruel, Azur trouva cette attention presque bienveillante. Il était douloureux de perdre quelqu’un subitement. Cette fois-ci, au moins, on pouvait s’y préparer. Cependant, la population de Xandrie courait un danger et il fallait y mettre un terme au plus vite. Une noble famille de la capitale était à ce jour victime de lettres du meurtrier. L’homme-lige de sa Majesté était expressément missionné pour participer à la traque, payée par les soins de la famille – pour le plus grand bonheur du roi, qui avait fait passer une annonce.

La demeure familiale étant un peu excentrée de la capitale, une petite trotte était à prévoir. Dans la hâte, il ne prit que le nécessaire, surtout ses lunettes de soleil malgré ce temps obscur. Son cheval blanc l’attendait dans les écuries, le palefrenier prévenu de son départ. S’il existait des personnes, au sein de ce palais, que le jeune homme pouvait apprécier, celui qui s’occupait de toutes ces belles montures était en tête de liste. Il lui laissa une pièce en guise de remerciement avant de prendre la route vers la demeure des Luan. Il fallut une bonne heure de route pour arriver au crépuscule, sous un vent sinistre et un froid glacial. Les feuilles virevoltèrent devant le domaine. A n’en pas douter, la famille possédait une richesse luxuriante à en juger la taille de l’habitation.

Sur place, la première chose qu’observa le jeune homme admiration fut le magnifique pégase. Sa jument restait naturellement sa préférée, mais il était particulièrement d’apprécier la présence d’une telle créature. Quatre personnes se trouvaient présente face au portail d’entrée. Deux hommes et deux femmes. L’une fumait, l’autre semblait des plus coquettes. Quant aux hommes, l’un devait être Majordome par se tenue vestimentaire et physiquement quasiment parfaite. Le second, certainement un des volontaires à l’enquête. Azur descendit de sa monture et la tira délicatement par la bride. Il imagina soudainement son arrivée vue par les autres : un homme tout de noir vêtu, recouvert d’une cape, les yeux dissimulés par des lunettes de soleil malgré un temps maussade et des cheveux blancs faisant contraste avec le reste. Une monture magnifique. Qui pouvait-il être ?

« Veuillez excuser mon arrivée tardive, messieurs-dames. La météo est quelque peu… capricieuse. Geralt du Dains. Enchanté de vous rencontrer malgré les circonstances désastreuses. », fit-il en guise de salutation. Comme il était fatigant de paraître pour une noble personne. Il détestait ces couvertures mais elles étaient souvent les plus efficaces.


Mer 8 Nov - 14:01
Xandrie, Xandrie. Terre fallacieuse d’obèses imprudents. Gorgée de Malice, ou du moins ça ne tarderait pas : ils faisaient grand usage de ce Myste qui les incommodait pourtant. Mais non, ce n’était pas l’objet de ce voyage : pas cette fois. Il était connu, il était notoire, que les scientifiques du Magistère étaient des experts. En tout, ou en rien selon certains. Mais les mages de ce siècle, les ardents défendeurs des causes scientifiques : oui. Si la Brume n’expliquait pas, la science était la clef. N’avaient-ils, par ailleurs, dompté cette fameuse ennemie ? Ne l’avaient-ils pas rendue docile comme une chienne mal éduquée ?

Les roues de la calèche claquaient sur les pavés inégaux, rabattant le son du bois craquelant aux oreilles des badauds. Ils bavaient devant le sigil majestueux du Magistère, frémissaient devant les armes vertueuses des Von Arendt. Les rênes du cocher se tendirent, la bave bulleuse des équidés frappa le sol de son sceau de concert avec leur hennissement agacé. Des hongres noirs, aux œillères nimbées de mystère. L’attelage était sobre mais le luxe transparaissait dans chacun de ses atours. Le cocher attacha les liens de cuir tandis que les équidés piaffaient, fourbus du trajet. Il frappa au carreau de la portière puis l’ouvrit, révélant un habitacle gorgé de ténèbres et de papiers ordonnés par le chaos. Le froufrou d’une cape, l’estoc d’une canne : un être à la fois jeune et vieux posa pied à terre. Ses cheveux gris juraient avec les traits aquilins de son visage d’une jeunesse éternelle. Un haut de forme bordait ses oreilles blafardes, soulignait ses yeux d’opale enflammée.

- Cocher, annonce-moi. ordonna le Spectre en déguise.

Le pauvre homme s’exécuta, face à un homme qui visiblement les attendait. Il donna en main propre à ce dernier l’invitation, frappée du sceau de contrôle du Magistère : aucun papier ne franchissait ses portes sans un contrôle planifié de son contenu. Nul secret, mis à part pour le Secret lui-même. Le grand, le terrible. L’ultime.

- Le Docteur Vladimir Von Arendt, assist … sous-directeur du département du Myste. Envoyé par le Magistère pour vous assister. l'intronisa le petit homme moustachu vêtu de noir, tout en se décalant et le révélant d’une main.

Le Docteur, dont tout trahissait sa noblesse et son port dédaigneux, s’avança jusqu’au majordome et plaça son haut de forme sous son coude. Il s’exécuta d’une habile révérence et se révéla avec un sourire carnassier qui mit en évidence ses canines bien trop aiguisées. Il toisa un à un les divers interlocuteurs qui se détachaient de l’ombre, aux côtés de celui qu’il savait désigné comme le majordome de maison. Il se satisfit du petit frisson généré par son annonce et la crainte mêlée d’intérêt que le nom du Magistère avait généré. Il détestait qu’on le présente comme assistant du Dr Forth et c’était notoire.

- Je vois à votre mine que vous n’attendiez pas de réponse d’Opale, et encore moins du Magistère. Mais voyez-vous, s’il y a bien deux choses que l’ont peut tirer d’un mystère, c’est le Myste et le Magistère. Messieurs, mesdames. s’introduisit-il, prenant le pas sur son cocher qui recula et s’occupa à fouiller dans l’habitacle et à revenir vers Vladimir.

Un manteau aux couleurs et aux affres de sa mission qu’il prit de concert avec son chapeau, sous son bras. Sa canne frappa le sol mais il était certain que l’onyx qui la décorait n’était pas là que pour la direction. Il était membre du Magistère, et ces gens n’étaient pas avares en ressources. Il remit son chapeau et enfila son manteau censé le protéger du froid. Or, sans qu’on ne puisse mettre l’œil dessus, il y avait quelque chose de si froid dans son regard qu’on se doutât qu’il puisse ressentir le climat.

- Dès qu’il est mention de Spectre, soyez certains que les choses ne feront que se compliquer … ainsi, tout devient mystère et j’espère que nous saurons percer ce secret. Car je suppose, à dessein, que vous êtes, vous aussi, amené à enquêter ? s’amusa-t-il, glissant des allusions viciées au texte qui les avait tous faits venir ici.

Il offrit un sourire aussi chaleureux que ses yeux restèrent glaciaux. Quel dommage que ce jeune jouvenceau ait croisé le destin de la rose plutôt que celui du bon Docteur. Il y avait deux choses dans lesquelles il valait mieux ne pas mettre le nez : les affaires du Magistère … et les affaires du Magistère.
Jeu 9 Nov - 17:52

Le Diable se cache dans les détails

Ft. Kesha, Lan , Azur, Vlad





Une personne… Puis deux, trois, quatre… et enfin cinq. Désormais le petit groupe était complet pour participer à une aventure… des plus particulières. C’était une sensation particulière d’avoir l’impression d’être assiégé par un ennemi invisible et incertain. La force, la lame et l’esprit étaient puissants, malheureusement encore fallait-il savoir contre qui l’user…

Le regard du majordome passait successivement sur chacun des convives, son regard affichant parfois un jugement parfois un véritable respect. Tout dépendant de la classe sociale à laquelle l’individu semblait appartenir. Quand bien l’aide était nécessaire, une personne habituée au milieu aristocratique devait faire des efforts pour tenter de faire croire qu’il considérait le simple sujet comme son égal.

L’Homme était assez convaincu par les prestations de Lan-Lan, Vladimir et Azur. Moyennement par Kesha qui payait sans aucun doute son lien avec Violette et le manque d’expérience à mimer la vie de l’élite jusque dans les moindres détails du mouvement et de l’équilibre comme pouvait le faire un assassin expérimenté. De son coté Violette… était Violette. Comme à son habitude elle était entière ne cherchant à plaire à personne si ce n’était qu’elle-même.

Offrant des commodités de discussion à chacun pour les salutations, la situation fut différente pour Vladimir. Il fallait dire que dès sa présentation, sa simple position avait fait frissonner le vieil homme avant que la surprise ne cesse pour laisser place à des profondes interrogations qu’il ne pouvait poser à une personne aussi importante. Un sous-directeur du magistère pour aider une simple famille comtale ? C’était étonnant et surtout inquiétant. Opale n’était pas du genre à agir gracieusement. Il devait bien y avoir une explication à sa venue.

S’inclinant devant le spectre, il s’inquiétait davantage à mesure que l’opalin déballait ses théories avec une certitude qui le faisait frémir le bas de la nuque. Ainsi, il ne put s’empêcher de lâcher un mot.

Sp.. spectre ?

Les tueurs étaient déjà terrifiants. Mais les tueurs qui étaient des monstres c’était encore pire. Chacun des mots du sous-directeur inquiétait un peu plus le majordome.

De son côté, jusqu’ici silencieuse, un léger sourire se mit à naître avant que la maraudeuse éclate de rire au point de devoir reprendre son souffle avant de parler.

Et bien… C’est bon l’Opalin, pas la peine de faire peur aux vieillards comme ça sur des théories qui sortent de rien d’autre qu’un trou du cul. On est pas dans un labo, tu peux penser sans parler t’sais ?

Haussant les épaules.

De mon côté j’suis juste là pour la thune. Et si l’autre crève j’aurais pas grand-chose. Donc… faut l’faire survivre.

Le majordome fixa un instant Violette avant de se racler la gorge pour attirer l’attention.

Nous aurons tout le temps de continuer cette discussion à l’intérieur. Au chaud.

Se retournant vers la grande porte grillagée qui bloquaient l’accès aux jardins, il l’ouvrit avant de se retourner vers Vladimir.

Je vous prie de m’excuser par avance pour l'accueil. Nous ne savons pas qu’un cadre du Magistère serait de la partie aujourd’hui.

Il invita du bras tout le monde à entrer avant de refermer le portail. Prenant la tête du groupe, il conduisait les invités par-delà les chemins de gravier. Le jardin était assez grand, il fallait dire que contrairement en ville, dans les campagnes il y avait de la place.

Alors que le groupe arrivait non loin du manoir, sur un des espaces extérieurs, on pouvait voir au loin une personne qui s'entraînait à la rapière sur un mannequin. A mesure que l’on se rapprochait, la personne devenait une fille. Celle-ci finit par apercevoir les arrivants, arrêtant son entraînement pour s’approcher.

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Une fois à portée, le majordome s’inclina devant elle avant de se retourner vers le groupe.

Voici Mademoiselle Lua.

Chacun pouvait le voir, elle portait les insignes d’une officière du Guet, probablement la dirigeante des forces de sécurité de cette zone. Son regard militaire et sévère inspecta rapidement le groupe.

Je vois… Enchanté j’imagine ? Vous devez être ici pour protéger mon crétin de frère. Bonne chance pour le supporter.

Elle regarda un instant Lan-Lan et Violette.

Et faites gaffe à vous, il a la main baladeuse si vous voyez ce que je veux dire…

Elle n’avait pas l’air de trop l’apprécier. Rien de surprenant toutefois, il était rare que dans les familles nobles, ou tout simplement dans les familles liées au pouvoir et à l’argent existe une puissante solidarité familiale.

Je dois vous laisser. J’ai un entraînement à terminer. Le Guet demande du temps.

Nous ferez-vous l’honneur d’être présent au souper de ce soir ?

Évidemment. Il y a des invités. Je ne manquerais cela pour rien au monde…

Le majordome regarda la demoiselle partir avant de rajouter.

Excusez son comportement. Élevée avec sévérité, elle a fini par le devenir elle-même…

Il y avait dans son ton, une forme de regret dissimulé. Il se reprit rapidement.

Continuons !

Enfin, le groupe arriva jusqu’au manoir, pénétrant à l’intérieur pour être accueilli par les deux autres servants restant, une bonne et une cuisinière qui restaient silencieuse, chacune d’un côté de la porte.

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La pièce de l’entrée était de son côté assez classique, une grande salle. En face de l’entrée à un grand escalier qui menait aux étages supérieurs, et des portes au rez-de-chaussée ici et là.

De l’escalier justement descendaient un couple, les maîtres de maison. Un homme, le compte et sa femme. Descendant un bras sous l’autre ensemble, tandis que le comte gardait un regard aussi sévère que celui de sa fille, la mère elle souriait péniblement de fatigue, le regard encore rouge de pleurs incessants.

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Messires, Mesdames… Je vous souhaite la bienvenue ici. Nous avons beaucoup de choses à nous dire pour préparer la défense de mon fils. Mais vous devez être fatigué. Voulez-vous vous installer d’abord ? Je m’excuse du fait que mon héritier ne soit pas là pour vous accueillir mais du fait de la menace qui pèse sur lui, il préfère rester cloîtrer dans sa chambre.

Alors qu’il attendait une réponse, la comtesse détournait le regard vers un mur, son teint se blanchissant quand son attention tomba sur un mystérieux tableau, nommé Mensonge oublié par des lettres d’or.

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Ce… ce tableau… Qui l’a mis ici ?

Le majordome se retourna vers le tableau ?

Ce tableau ?

Il fronça les sourcils.

Je ne sais pas d’où il vient.

Mystère.

À vous de jouer.

Sam 11 Nov - 12:15

Art n'est beauté qu'aux yeux éduqués

Apparition, disparition...


Intéressant… Geralt du Dains fut le prochain à faire son entrée - et comme les deux premiers compères, il fut rapidement détaillé - jeune, également. Et attaché au panache de son entrée sur un animal splendide. Mais même la plus flamboyante des entrées ne put rien contre le poids hostile du magistère. Ne laissant rien filtrer, la poupée xandrienne fit de son mieux pour cacher son trouble - pourquoi dépêcherait-on un des piliers d’une des instances les plus éminemment obscure d’Opale dans une simple affaire de meurtre en série? Rien ne laisser supposer qu’il y aurait quoique ce soit d’intéressant pour les loups et les scientifiques. Sans compter l’aura sinistre qu’il dégageait; Finalement, il y en avait bien un qui allait à merveille avec le manoir.

Monsieur du Dains, Monsieur Von Arendt… Bien le bonjour.

Heureusement pour eux, le majordome fut prompt à les faire entrer. Elle avait le pas léger, gambadant comme un félin sur le chemin qui menait vers la maison, révélant son plus beau sourire à quiconque se présentait à eux. La soeur d’abord - martiale, droite, d’apparence juste et irréprochable. Elle sentait le guet, à plein nez. D’ailleurs… Oui, elle lui rappelait Shizo.
Une jeune soldate donc - le deuxième enfant des Lua. La famille commençait à prendre des couleurs. D’ailleurs, les relations ne semblaient pas aux beaux fixes - pas assez pour commencer à suspecter quoique ce soit, mais suffisamment pour lui indiquer que la victime n’avait pas vraiment l’étoffe des innocents qu’on veut volontiers protéger. Guère surprenant. Des nobles pourris aux sales manières, elle en avait croisé - dans des salons, des dîners, des galas… Étrange comme on permettait aux hommes de se comporter commes des cochons quand on exigeait des femmes qu’elle soit irréprochable. Demoiselle Lua eut pour toute réponse une révérence sincère. Elle la comprenait, la demoiselle Lua. Et déjà elle sentait sa détermination à ce que le rejeton survive s’effriter. M’enfin. Violette semblait y tenir, et Lan-Lan n’était pas de celles qui sabordent les intentions du groupe au premier caprice. Non pas que ça ne puisse pas arriver après quelques heures d’enfermement.

Demoiselle Lua fut bientôt remplacée par de nouveaux visages. Bonne, cuisinière… Puis les époux Lua eux-mêmes.

Mes hommages, Monsieur le comte. Madame la comtesse…” Rose et rouge, comme la queue ébouriffée d’un paon en pleine parade, Lan-Lan leur présenta son crâne où teintaient les pierres dans une révérence polie. Ils avaient l’air dans un état catastrophique. Si lui gardait sa contenance, elle semblait dans un état pitoyable. Les yeux rouges, cernés, vraisemblablement après des nuits courtes d’angoisse et de crainte. Elle avait du courage à se présenter ainsi, se dit-elle. Ce serait la risée de la cours au palais pour oser montrer ses yeux. Mais encore une fois, l’empathie n’était ni son fort, ni son charme, et en bienveillante voisine, Lan-Lan remercia simplement leur hôte pour leur hospitalité. “Bien sûr, vous avez tout mon soutien, chers voisins.” Elle ne fit pas de remarque par rapport à l’absence du fils.

Pourtant, son esprit n’en pensait pas moins. Alors, la victime en devenir se cachait comme le dernier des rats. Elle repensait à ce qu’en disait la soeur. Le portrait du jeune homme était de moins en moins attrayant - si il y avait bien quelque chose sur lequel elle veillait, c’était la bienséance. Aussi, son absence le rendait fort peut salvable. Une insulte, même, pour tous ces braves gens venus le protéger.
Enfin.
A première vue.

C’est alors qu’il se passa quelque chose… D’étrange. La comtesse sembla brusquement s’attarder sur un tableau. Le choix esthétique était relativement douteux, et tranchait singulièrement avec le reste de la maison - jusqu’ici plutôt classiquement orné - défaut d’être sobre. Une avalanche de richesse, comme chez tant d’autres nobles de la région qui aimait exposer leur richesse à même les murs, sous des moulures exubérantes ou des dorures, comme si ils poussaient forts dans la gorge de leur maison pour voir à quel moment elle allait enfin vomir.
De tout évidence, ce tableau n’avait rien à faire là - pour la mère, en tout cas. Le majordome bredouilla également quelque chose sur l’aspect impromptu de l'œuvre. Sans demander son reste, Lan-Lan s’avança, curieuse de savoir ce qu’il avait de si particulier. A première vue, c’était un tableau normal - le choix du sujet était curieux. Une femme, semblant abritée par un long tissu ou un grand voile, sur un lit, dans une chambre étrange aux perspectives tassées. Il s’en dégageait quelque chose de désagréable. Sinistre… A l’image de tout le lieu, finalement. “Mensonge oublié par des lettres d’or”, hein? Une évocation de la noblesse, d’étranges secrets familiaux… Et pas de nom. Où qu’elle cherche, pas de nom, pas de signature, rien. Etrange, pour une oeuvre chez un noble. Impossible, même, un artiste exposé dans une grande famille voudrait au moins signer.

Puis-je?” demanda-t-elle en pointant le tableau des mains. Quand on lui donna la permission, elle attrapa le tableau et demanda distraitement qui s’occupait de gérer les tableaux, dans l’édifice. Apparemment, le responsable était parti avec les autres domestiques. La belle affaire… Pensa-t-elle, peut-être un peu fortement.
Non, rien ne clochait avec le tableau. Mais le titre… En levant les yeux, elle remarqua l’attitude paniquée de la comtesse. Elle n’avait pas l’attitude de celle qui remarque qu’on a joué avec les oeuvres de son salon. Non, elle avait l’attitude de celle qui en sait plus qu’elle ne veut bien l’admettre, de celle qui est dépassée par des événements qui la dépassent. Elle aurait bien voulu mettre ça sur le compte de la panique, et de la peur que son rejeton y passe. Mais… Son instinct lui criait qu’elle en savait plus qu’elle ne voulait bien le montrer. Enfin, qu’elle peinait à cacher, plutôt. Hmm… Elle retint un souvenir. Elle allait devoir lui parler.

La bonne se décida alors à parler.

Je voulais justement vous le dire car je viens de m'apercevoir en préparant les chambres des invités... Des objets d'art sont apparus ici et là... et surtout, certaines portes et pièces ont disparu…”.

Oh? Lan-Lan l’écoute attentivement. Cette enquête commence bien, et avec un rien burlesque. Des portes ont disparues? Concentrée, ses sourcils pourpres se froncent doucement, et elle repose le tableau à sa place - gageons qu’elle pourra toujours le regarder plus tard, même si à première vue il n’est pas non plus extraordinaire.
Des objets d’art ont disparu… L’oeuvre d’un cristal, peut-être? Une magie de substitution? Les portes ne disparaissent pas comme ça, des pièces non plus. Si elle avalait bien qu’on puisse subtiliser des objets, c’était différent pour tout un espace.

Si cela n’est pas trop demander, je serai curieuse de voir ce dont vous parlez - et découvrir ma chambre, par la même occasion.

Idéal pour poser ses valises et mieux comprendre l’ampleur de l’étrange. Du mensonge oublié par des lettres d’or… Pour l’instant, des pièces de puzzle éparpillées sur le sol et qui ne s’emboîtaient pas les uns dans les autres.
Si elle prenait congés de quelqu’un, elle ne manqua pas de les saluer avant de suivre la bonne vers l’étage où l’attendait sa chambre. Plutôt cossue, joliment décorée. Digne d’elle. Une belle cage dans un beau cercueil, lui-même de la forme d’un manoir. Elle regarda les lieux, attendant que la bonne lui commente peut-être ce qui avait disparu… Ou apparu. Oui, sur son lit, une vaste toile immaculée. Qui n’avait d’apparence rien à faire là.

Une toile blanche étendue où l’histoire n’était pas encore projetée.

On n’était qu’aux prémices d’une vaste farce, certainement. Mais elle avait déjà hâte d’en découvrir plus sur ce mystère. Apparemment, leur monstre était un fervent d’art… Pour le moins spécial.

Lun 13 Nov - 14:23

Coupables en puissance

Ft. Kesha, Lan , Azur, Vlad



Le tueur semble se repaître de la terreur qu’il inspire à laisser mijoter sa future victime dans un fumet de paranoïa au milieu d’un entourage désuni. Il a toutes les manières d’un esthète, un peu comme Seraphah. Mais en beaucoup plus maniaque. Il dissémine des indices artistiques, semble-t-il, comme autant d’invitations à jouer tous ensemble. Ce qui laisse à penser que le tueur doit être dans les environs pour jouir de la progression et des égarements des protagonistes…

A bien y réfléchir, aucun des enquêteurs n’était au-dessus de tout soupçon. A commencer par cette Lan-Lan Fà qui n’est que douceur sucrée et ne craint pas de risquer son shinryu entre ces murs. Impossible de lui reprocher la moindre inconduite, mais il la sentait fausse. Est-ce à dire qu’il lui pardonne mal de lui ravir l’exclusivité de ses yeux d’améthyste ? Peut-être.
Ensuite, Violette. Rien que son nom suffirait à mettre la puce à l’oreille, en lien à la rose emblématique de couleur du tueur. Sans compter qu’il sait qu’elle a le pouvoir d’être aussi invisible qu’un fantôme. De plus, Elle a clamé son innocence bien fort dès le départ.

Puis, nous avons Vladimir… est-il besoin d’épiloguer ? Il est le sous-directeur du myste du magistère, un Von Arendt, le clan de tortionnaire. Au passage, Keshâ le soupçonne d’être strigoi avec ses canines pointues. Ce ne serait pas la première fois qu’il se trompe, mais pourquoi pas. Il ferait un coupable idéal. Non, c’est probablement juste un autre monstre.
Gerdald de Dains… n’a pas l’air de beaucoup aimer le soleil. Rien d’autre à en penser, pour le moment. Si ce n’est que si c’est un assassin, ses atours sont un euphémisme.

Il ne faudrait pas négliger la famille ni les domestiques. Certains ont peut-être des choses à y gagner. Néanmoins, cela ne les rattache pas aux meurtres précédents. Mais qui nous dit que dans ce cas l’assassin n’essayerait pas d’imiter le tueur à la rose pour couvrir son geste ? Parlant d’imitation, le majordome lui-même n’aurait-il pas été supprimé et remplacé par le tueur pourvu d’un cristal de mimétisme vivifié ? Il a déjà vu Seraphah à l’œuvre à Aramila. C’est assez déconcertant.
Keshâ a patiemment attendu que Lan-Lan Fà ouvre le bal des investigations et se retire avant de prendre la parole.
-« Comte Lua, je suis Keshâ’rem Evangelisto. »

Une infime pause illustre le sentiment d’intimidation que ressent le jeune homme face à un noble de haut rang.
«  Je n’irai pas par quatre chemins, je compte me mettre au travail immédiatement. La première chose que je voudrais examiner est le « pourquoi ?» et ce qui relie les victimes entre elles. Avez-vous des archives de presse des dernières affaires qui ont secoué Xandrie ? Également, je me demandais si les « scènes » donnaient ensemble un message significatif. »
La déconfiture se lut dans ses prunelles quand le comte lui répéta ce que tous savaient déjà.

-« Hélas non, jeune homme. Personne n’est à l’abri du tueur à la rose en Xandrie. Ses lubies échappent à la raison. Ses mises en scène morbides ont l’air de représenter un moment quelconque de la vie des victimes. Ma fille ne peut que nous rapporter les écueils du Guet sur cette sinistre enquête. Le tueur laisse seulement une rose violette comme signature et un poème de mauvais goût pour obliger ses victimes – et leurs proches – se morfondre, en attendant l’heure fatidique… Nonobstant votre déception, je pourrais toutefois vous présenter ce poème que nous a adressé l’assassin, si vous le voulez. »

« Avec joie. » Il bégaya.« Enfin, j’ai mal choisi mes mots. Je voudrais d’abord déposer mes affaires dans la chambre que vous m’offrez si gracieusement… Et, si possible… je voudrais aller à la rencontre de votre fils, maintenant. »

Le Comte conserva son équanimité. La moustache d’Higgins se défrisa imperceptiblement. La bonne avait l’air franchement interloquée, ce ne devait pas être la seule. Mais le majordome finit par ouvrir un bras invitant en baissant de manière infime la tête devant Keshâ pour l’appeler à sa suite. Après tout, c’est bien pour Xi Ming Lua que tout ce beau monde était réuni ici.
Il ne pouvait pas souffrir de la comparaison avec la chambre de Lan-Lan Fà, le l’ayant pas vu. Son logement n’en était pas moins plus modique, tout en restant aux normes ornementales du palais.

Son sac échoué sur un copieux édredon vert caca d’oie voisine avec une toile vierge, qui n’achève pas de l’intriguer. Ainsi donc, le tueur se jouait d’eux comme de marionnettes dans un théâtre. On leur signifiait que leur arrivée n’était pas une surprise. Et qu’elle n’avait rien d’effrayant pour le coupable. Malaise. Comme le dit le refrain « trop tard pour faire demi-tour » !
S’il commençait à avoir peur, rien ne devait filtrer. C’est exactement ce que le tueur voulait. Et il ne comptait pas lui donner satisfaction. Pas si facilement. Cela voulait quand même dire qu’il valait mieux donner l’impression de patauger que d’être trop intelligent.

Higgins se râclait la gorge dans une expression polie de son impatience, alors que Keshâ tenait toujours le cadre doré entre ses mains gantées. Abandonnant le cadre et ses écharpes, il commençait tout juste à cesser de greloter depuis qu’ils étaient rentrés de leur insupportable détour par les jardins.

La bonne hésite, se présente avec une douceur infantile et entre. Dans la chambre, que dis-je, dans l’antre, Keshâ comprend vite sa douleur. Xi Ming n’est plus un héritier, ni même un homme. C’est une épave, réduite à une feuille tremblante à la surface d’une mer d’édredons enroulés les uns sur les autres dans une pièce obscurcie. Presque calfeutrée. L’air est d’ailleurs vicié.

Devant le « paquebot » formé par les colonnes de l’immense lit à baldaquin, Keshâ hésite. Son ombre se découpe sur la misérable silhouette recroquevillée. Il se sent encore plus incertain que devant le Comte.
-« Xi Ming ? » pétrification des tremblements.
-« Je suis Keshâ. Je suis là pour vous aider. » hasarde-t-il. « Personne ne peut m’aider. Allez-vous ennn ! » gémit une voix en mordant un oreiller.
-« Pas question. J’ai fait un très long voyage pour venir vous voir. Nous sommes plusieurs à enquêter. Vous n’êtes pas seul. » Il s’approche avec précaution du bord du lit et vient s’asseoir de dos pour marquer son intention de rester et offrir dans le même temps un semblant de pudeur au naufragé, auquel il tourne le dos ; même s’il pourrait sembler impudique de s’asseoir sur le lit d’un aristocrate.
-« Ecoutez Xi Ming. Vous voir abattu, c’est exactement ce qu’il veut. Ne baissez pas les bras. Donnez-moi quelque chose, n’importe quoi. Je vous en prie… quelqu’un a-t-il des raisons de vous en vouloir ? Suspectez-vous quelqu’un de la maisonnée ? »
« Je… j’en sais rien. » sanglota un visage déchu, sortant de sous son voile.
-« D’accord… Je dois vous demander. Avez-vous fait du mal à une femme ? »
Pas de réponse.
-« Xi Ming. Je vais être honnête. Vous êtes très facile à trouver : ici. La meilleure façon de vous cacher serait de rester avec au moins deux personnes en permanence. Venez dîner avec nous ce soir. »
Pas de réponse.
« Acceptez au moins de dormir dans une autre pièce sans que personne en soit informé. »
-« Qu’est-ce qui me prouve que vous n’êtes pas la tueur ? » réplique une voix accusatrice.
-« Rien… mais… si j’avais été le tueur… il m’aurait suffit d’imiter la voix de votre bonne pour passer par-dessus votre barricade. Tout le monde sait que vous êtes ici en permanence. Seul… Xi Ming. J’aurais très peur à votre place, moi aussi… vous ne pouvez d’avoir une confiance absolue en quiconque. Mais vous devez collaborer. N’y a-t-il pas quelqu’un à qui vous vous fiez un peu plus ? »
-« … peut-être ma mère. » sanglota-t-il, après un douloureux temps d’hésitation. Keshâ voyait ici le châtiment du tueur grignoter les relations les plus intimes.
-« Accepterez-vous mon plan si votre mère vient avec moi ? »

Il n’en tirerait rien de plus pour le moment. Mais le jeune homme s’était redressé au milieu du bataillon d’oreillers et semblait moins léthargique. En espérant que l’idée ferait son chemin.
Keshâ avait-il réussi à lui redonner espoir ? Il n’y avait que lui parmi les nouveaux venus pour se présenter comme champion de l’empathie face aux témoins. Il n'avait plus qu'à retourner voir le Comte pour jeter un œil à ce fameux poème...
Résumé:
Sam 25 Nov - 17:25

Bienvenue

Ft. Kesha, Lan, Violette, Vlad





Une fois à l’intérieur de l’immense manoir, naturellement décoré avec beaucoup d’élégance, l’assemblée fut accueillie par les maîtres de maison. Pour l’instant, rien à signaler. Aussi bien chez le couple que chez les servantes, aucune anormalité n’était visible aux premiers abords. Si l’une restait silencieuse, cela n’en faisait pas une criminelle pour autant. Azur resta pour l’heure muet et fit seulement mine d’écouter le discours d’accueil de son hôte. La scène intéressante arriva quelques instants plus tard, au moment des séparations, quand la comtesse tomba des nues face à un tableau qui, manifestement, n’avait aucune raison de se trouver ici-même. Une mauvaise blague ? Le timing était trop bon. La dame devait connaître par cœur les tableaux qui constituaient la décoration de sa demeure. Si elle dit qu’il n’y était pas, c’était probablement la réalité. S’il s’agissait d’une méthode de l’assassin pour perturber les habitants de ce manoir, il réussit avec un certain brio. Cela signifiait également qu’il se terrait probablement dans le coin. Et ça, ce serait bien problématique.

La dénommée Lan-Lan observa brièvement le tableau en question avant de montrer dans sa chambre. Elle était bien mystérieuse et en savait bien plus qu’elle n’en disait. L’assassin aimait bien ces personnages pleins de mystères. Sa mission avait déjà commencé. Sans doute essayerait-elle de glaner des informations auprès du personnel. Le suivant fut Kesha, qui s’attaqua directement au compte en personne. Après tout, pourquoi pas, hein. Azur en profita pour prendre l’air. Au moins, avec ce froid, il était à peu près certain de ne pas être dérangé. Cette mission n’avait que peu d’intérêt. Si ce n’était pas le roi en personne qui le lui avait ordonné, le blondinet ne s’y serait jamais intéressé. L’air frais, lui, l’appréciait. Si la chaleur l’étouffait, le froid avait un effet libérateur. Alors qu’il observait au loin, son regard fut rapidement attiré par l’entraînement de l’officière du Guet, la sœur de la victime. Oui, car malgré tout ce beau monde, l’héritier des Lua mourra probablement. Du peu qu’il en savait, cet assassin ne ratait jamais sa cible et il n’y mettrait pas toute son énergie pour l’en empêcher. Les mains dans les poches, d’une démarche absolument nonchalante, l’homme-lige s’approcha de l’épéiste qui s’entraînait avec beaucoup d’intensité.

« Qu’est-ce que tu me veux, le blondinet ? », fit-il après s’être lassé d’avoir un spectateur depuis de nombreuses secondes.

Azur leva un bras en guise de salutations.

« Oh ! Il ne fallait pas vous arrêter, je ne voulais pas déranger.
- Raté. Maintenant, du balai ! », lança-t-elle en reprenant ses mouvements.

Azur ne pouvait pas repartir bredouille. Non pas qu’il espérait obtenir des réponses, mais son ego l’empêchait de se faire envoyer paitre de la sorte.

« Dites-moi, mademoiselle Lua, pourquoi semblez-vous à ce point détester votre frère ? Ne devriez-vous pas vous assurer de sa sécurité ? »

Elle continua ses mouvements puis, après quelques instants à jouer son cinéma, elle finit par s’arrêter, marquée par la colère.

« Qu’insinues-tu ? Me suspecterais-tu d’avoir un quelconque lien dans cette affaire ? A l’évidence, tu es l’idiot de la bande et bien le seul à chercher dans la mauvaise direction. Me soupçonner, moi, officière du Guet, d’assassinat et de tentative d’assassinat envers la personne de mon frère. Maintenant, déguerpis, misérable ! », conclut l’épéiste en tendant la pointe de sa lame sous la pomme d’Adam de l’assassin.

Et ce dernier ne bougea pas d’un poil.

« Aucune piste n’est écartée, mademoiselle. N’importe quelle personne présente dans l’enceinte de ce domaine est suspecte. Vous comme moi. Avez-vous des pistes ? Un plan quant à la protection de votre frère ?
- Aucune piste. Le tueur ne peut être qu’un individu venant de l’extérieur du domaine. Et comment diable puis-je prévoir une protection contre un type meurtrier dont on ignore tout ? Dernier avertissement : tires-toi si tu ne veux finir au fond d’une cellule crasseuse après t’être fait mater. »

Alors prêt à s’en aller, vaincu, Azur tenta une dernière question :

« Un accès souterrain ?
- AUCUN ! DISPARAIS ! »

Cette fois-ci, il obéit sans se faire prier. Cette demoiselle était bien trop timbrée pour oser la provoquer. Azur se félicita de n’avoir obtenu aucune information et se dirigea en direction du manoir pour y trouver sa chambre.


Mar 28 Nov - 15:17
Le Spectre se délecta de la déliquescence des ouailles de Xandrie. La stupeur mêlée de crainte que sa présence jetait sur ses comparses incarnait une revanche malsaine sur les torts du Magistère envers son auguste personne. Il n’était pas innocent quant à la sinistre réputation du lieu, ni quant à la quantité de mystères qui nourrissaient l’imagination des urhiens. Il offrit un sourire amusé, mais dont les yeux trahissaient une attention nauséabonde envers chacun des convives. Son teint pâle et sans âge participait à le rendre inquiétant. Il ne cachait pas ses atours de strigoï … mais trahissait des rides d’expression que ses pairs n’arboraient pas. Il était vieux, si vieux qu’on aurait pu le croire étiré par une perception du temps erratique. Il n’en était rien.

- Opalin … c’est à peu près la seule chose que j’ai comprise dans vos borborygmes. Madame Vénale. se gaussa-t-il avec une lueur malaisante dans le regard. Oh, pardon. Veuillez me pardonner : cela veut dire avec une vertu discutable.

Il lui fit un clin d’œil qui ne se voulait pas amical, si un jour il l’avait seulement été. Le Docteur offrit des salutations plus placides aux autres, qui n’avaient pas eu l’idée de le titiller et de réveiller son sang. Ce qui n’était pas une mauvaise chose en soi : il aimait les défis. Il aimait être repoussé et se sentir mis à l’épreuve. Ils suivirent le majordome, mais déjà Vlad observait les alentours et cartographiait dans son esprit tout ce qu’il pouvait voir et reconnaître. Avec les âges, les savoirs s’étiolaient pour se voir remplacer par d’autres. Son esprit était … occupé par bien d’autres connaissances et il constata avec une certaine déception qu’il n’était pas capable de situer l’âge de cette bâtisse. Il observa du coin de l’œil la demoiselle, jugea avec mépris la dédication qu’elle instillait dans son art martial. L’esprit était tout. Mais, à l’instar de la jeune pécuniaire, elle ne mâchait pas ses mots. Elle piquait, dardait avec une efficacité qui le mettait en appétit. Il appréciait cela. Il appréciait la franchise et la force de caractère.

Vladimir ne fut pas surpris par l’état du manoir ni son intérieur. C’était conforme à ses conjectures. L’apparat des deux nobles de province était aussi dans une parfaite justesse de l’idée qu’il s’était faite d’eux. Il confirma donc son hypothèse. Ces deux là serait fades sur la langue. Une teinte noirâtre, avec un soupçon de goudron. Quatre individus, donc. Majordome, sœur et parents. Ne restait que l’indolent. Et un mystère qu’il se ferait une joie d’élucider. Il épousseta ses manches. La surprise du couple coupa court à sa présentation en bonne et due forme. Mais il ne se gâcha pas le plaisir et se fit une place lorsque leur émotion retomba.

- Docteur Vladimir von Arendt, du Magistère. Du fait de nos étroits liens, Opale s’est intéressée à vos malheurs, voyez-vous.
se présenta-t-il, pendant que l’amusante voisine mirait le tableau. Il perçut que sa déclaration ne les rassura pas. Ce n’était pas son intention.

Il ajouta une bonne à son compte mental. Bien, bien. Une énigme, un secret. Il aimait cela, de plus en plus. Des tableaux qui apparaissent, des objets qui disparaissent. Oh, un événement allait se produire. Une affaire juteuse, un savoir en perspective. Ce qui tombait avec perfection dans le domaine du département du Myste.

Mensonge oublié par lettres d’or.

Un squelette dans le placard. Son esprit bouillonnait, analysait et conjecturait. Il observa chacun des invités, détailla leurs mimiques et réactions. Il laissa la demoiselle suivre la bonne, curieux de voir ce que chacun allait faire, la direction que tous allaient prendre … Il fit un pas en arrière tandis que Lan-Lan Fà attirait les regards. L’expression de ce Keshâ’rem n’était pas des plus affables. Ses yeux furibonds et son dédain se mesurait à l’aune de sa contemplation de la jeune femme. Intéressant … Il posa cependant les bonnes questions. Un moment quelconque sur la vie de ses victimes ? La réaction de la mère … Oh, étrange conjecture que voilà. Quelque chose à explorer … mais il commit la faute de ne pas s’y intéresser … à moins que ce fût là une stratégie rondement menée. A lui de creuser cette piste, Vladimir se ferait un plaisir d’en récolter les fruits.

Le dernier minet de la petite bande de bras cassés préféra prendre l’air et le large. Une démarche souple, féline. Quelque chose interloquait le bon docteur. Comme s’il observait un autre félin en territoire inconnu. Il y avait un fond qui l’intriguait, dans les regards et les mimiques. Les traits, les mains. La physionomie. Et son odeur musquée, qui empestait à la manière de son haleine un lendemain de méfaits. Il en eut des frissons. Quelque chose chez ce Geralt l’excitait et réveillait ses vieilles manies malhabiles. Une envie de sang qui fit miroiter ses pupilles à l’instar d’un prédateur exposé à la lumière en pleine nuit. N’avez-vous jamais vu panthère dans la lumière d’une torche ? Au reflet irisé de ses pupilles nimbées par la folie de la chasse ?

- Nulle intention pour moi de profiter de vos largesses, cher Comte, chère Comtesse. J’entends me montrer le plus efficace possible en dépit de la compagnie dont je me vois attribué. Auriez-vous l’amabilité de montrer mes quartiers pour que je dispose mes affaires avant de me mettre à l’ouvrage dès que possible. leur demanda-t-il sans laisser le doute sur le fait qu’il ne s’agissait pas réellement d’une requête. Il sortit, ce faisant, un calepin pour illustrer son propos. Mon cocher a dû déposer mes coffres devant votre portail.

Le Majordome s’exécuta d’une révérence et s’excusa de faire patienter Vladimir tandis qu’il courrait récupérer les lourdes valises de l’opalien. Il revint pataud et chargé et invita avec moult politesses le strigoï à le suivre. Ce que ce dernier fit avec un sourire amusé. Il adressa un signe de la tête à ses hôtes et s’esquiva du pas de ceux qui se savaient d’une classe sociale supérieure. Le Majordome eut tôt fait de le mener jusqu’à la chambre la plus reluisante de la bâtisse, jugeant que le calibre d’un Von Arendt méritait ce qu’il y avait de mieux : cela n’alla pas pour lui déplaire. Une chambre princière avec un baldaquin débarrassé de la moindre poussière. Une salle de bain dans une dépendance séparée avec table massive en acajou où diverses commodités l’attendaient. Mais le bon docteur ne versa aucun intérêt pour ces artifices. Une toile blanche trônait en face de son lit. Blanche mais de même aspect que celle trouvée plus tôt. Il fronça les sourcils. Les malheurs des autres étaient son affaire. Mais là, cela le touchait d’un peu trop près. Le mystère s’épaississait. Il appréciait cela tout comme l’inquiétude commençait à le gagner. Très légèrement.

- Faites-moi faire le tour de la demeure, Ernesto. ordonna-t-il, des traits manifestes de dégoût sur son visage.

- Mais, monsieur je …

Vladimir se râcla la gorge et força le majordome à soutenir son regard. Il ne cilla pas, il n’haussa pas le ton. La demande était claire.

- Je vous pris de me suivre, Monsieur.


Après une quinzaine de minutes à affronter les corridors de la bâtisse, Vladimir put se rendre à une évidence claire : quatre tableaux avaient été peints. Il se doutait que les chambres des autres investigateurs étaient garnies du même décorum que la sienne. Cela ressemblait à une typologie semblable à la description dans les archives du MCP – 487. Intéressant … Il en profita pour dessiner son plan sur plusieurs étages et Ernesto s’étonna plusieurs fois de la disparition de plusieurs portes menant au sous-sol. De plus en plus intéressant. L’envie d’agiter les noms lourds de sens des tableaux au nez des occupants de cet endroit le tarauda mais mieux valait ne pas révéler toutes ses cartes d’un coup.

Ambition inachevée. Un tableau dans lequel une femme reste recroquevillée dans l'ombre loin de la zone ensoleillée.

Réalité occultée. Une simple personne qui porte un masque de carnaval joyeux.

Destin transformé. Une personne avec un visage gribouillé qui se fait attraper à l'épaule par deux personnes aux visages également gribouillée. Chacun voulant le tirer vers soi.

Quatre tableaux peints. Quatre portraits aux significations lourdes sur les personnes à qui ils devraient avoir affaire. Vladimir nota ce qu’il pouvait tirer de ces toiles et leur emplacement. Il ne prit pas le risque de les toucher, dans la possibilité ou une procédure de confinement spéciale soit nécessaire. Mais cela s’annonçait intéressant. Plus qu’intéressant même : stimulant.

- Ernesto, pouvez-vous m’assurer qu’il est encore possible de sortir de la demeure et d’ouvrir le portail, je vous prie ? Dans le même temps, j’aimerais que vous signifiiez à mes camarades investigateurs qu’il est important que nous nous retrouvions dans le petit salon afin de discuter de quelques menus détails. Oh, et avec une collation bien entendu.
commanda-t-il, en insistant un peu trop sur le ‘camarades’.

La question des cinq toiles vierges le taraudait : qu’avaient-ils tous eu dans leurs chambrées ? Et qu’avaient-ils pu conclure de leurs investigations ? Le plaisir du jeu et de la chasse au Spectre faisait ressortir en lui de vieux travers. La perspective des événements à venir le réjouissait. Il acheva son tour de la maison, nota ses dernières conjectures et s’invita dans le salon que lorsqu’il fût certain que tout le monde l’attendait. Il fit une entrée calculée et referma son calepin avec un air satisfait. Quelque chose allait tourner mal ce soir, très mal …

- Chers collègues, c’est avec grand plaisir que je vous annonce que nous faisons nous aussi, à présent, partie du jeu du Poète. Il n’en va plus que de la survie du jeune homme … mais aussi de la nôtre. N’est-ce pas excitant ? Oh, ça et les secrets que nous cachent nos hôtes : révélés dans les toiles apocryphes apparues çà et là... se gaussa-t-il, avec une certaine vilénie à laisser courir un relent d’ésotérisme dans ses propos. Il s'arrêta sur Violette. Cela veut dire douteuses, gente damoiselle.

Il s'amuserait à la faire sortir de ses gonds, il en était certain. Un esprit violent ... fort. Elle l'amuserait et le divertirait à souhait.

- Mais pendant que je m’occupais à résoudre cette affaire, peut-être avez-vous, vous aussi, trébuché sur quelques menus indices ?

Jeu 30 Nov - 4:05

Le soleil se couche, la pièce commence...

Ft. Kesha, Lan , Azur, Vlad





Chacun des invités avait commencé sa petite enquête à sa manière.. Certains avec plus de succès que d'autres. Toutefois jusqu’ici tout restait de l’ordre de l’hypothétique et les projets du tueur restaient encore si flous que peut être ce serait les pistes les misérables et improbables qui se relèveraient par la suite les plus intéressantes et pertinentes.

De son côté, tout comme ses camarades, Violette était également partie explorer les lieux en solitaire découvrant à son tour dans sa chambre un tableau encore vierge de tout tracé.

Tous finissant leurs recherches, le groupe décida ensuite de se rassembler de nouveau sous l’impulsion de Vladimir. Effectivement dans ce genre d’histoire, il était sans doute nécessaire de coopérer. Il n’y avait d’autre solution face à l’inconnu et face à une entité tout aussi inconnue.

Lorsque le strigois ouvrit la bouche, Violette compris de suite que ce dernier avait l’intention d’être chiant. Elle avait beau être effectivement une personne sensible à la colère, la frustration et la provocation, elle n’en était pas pour autant stupide. Elle était capable de distinguer ce qui relevait du naturel, et ce qui était de la provocation volontaire. Cela ne la calmait pas pour autant et fronçant les sourcils en croisant le regard de Vladimir, elle lui répondit sèchement.

J’sais pas à quoi tu veux jouer. Mais si tu veux un jouet pour tes conneries, va chercher ailleurs.

Le majordome qui en retrait suivait toujours discrètement le groupe, tout autant pour les aiguiller que les surveiller se massait le haut du nez en voyant ce groupe si hétérogène et propice au conflit. Il doutait, peut être que ce n’était pas la bonne stratégie après tout.

Laissant les gens plus responsables relever aux autres ce qu’ils avaient envie de révéler, il finit par les interrompre.

Mesdames. Messires. Le soleil avance et va bientôt se coucher ainsi le comte vous invite au souper.

Il invita ensuite le groupe à le suivre jusqu’à la salle à manger où était déjà présents la famille. Il s’agissait d’une grande pièce classique d’un manoir, assez ancienne et bien décoré, les murs tantôt de bois et de pierre étant sculptés tout comme la grande table centrale et rectangulaire ainsi que les grandes chaises. Le soleil filant à l’opaline, la lumière commençait à se faire rare et les lieux étaient illuminés de bougies, torches et chandelles.

En tant que maître de maison, le comte était en bout de table, les places latérales à sa droite étant toutes occupée par sa famille, d’abord la mère, puis le fils et enfin la fille.

Pour les places si vous n'avez pas compris:

Pour les invités, quatre places du côté gauche, une en bout de table face au comte. Naturellement, celle-ci était réservée à Vladimir en vertu de son rang. Lan-Lan, également noble mais toutefois d’un rang inférieur à celui du Strigoi se voyait elle attribuer la place directement à la gauche du comte.

Visiblement, les mots de Kesha avaient réussi à faire sortir le fils de sa tanière, ce dernier étant venu dîner. Malheureusement, son état n’était pas beau à voir, le teint pâle et livide, on pouvait avoir l’impression que la mort avait déjà le désir de le chercher.

Tête baissée, le regard fuyant, il restait muet. Sa mère à ses côtés était inquiète et l’aidant. Une attitude empathique qui contrastait terriblement avec celle du comte qui était totalement indifférent à l’état de son fils et celle de la fille presque énervée de la faiblesse de son frère, regardant ailleurs en espérant que le temps passe vite.

Malgré cette ambiance presque malaisante, le repas fut ouvert, typique des mœurs du nord xandrien où étaient servis des plats comparables aux classiques de la gastronomie mandchoue. De la grue, de l’hirondelle,... La majordome servant le vin, quand la bonne tirait les plats sur un chariot, se laissant de temps en temps distraire par l’état du fils.

Libre à qui le voulait de commencer une conversation.

Toutefois, ce fut en fin du repas que le véritable sujet fut abordé par le Comte.

Bien… J’imagine que vous avez commencé à réfléchir à quelque chose.. Avez vous un plan d’action ou une stratégie pour ce soir ? J’imagine que même les nuits…

Son regard glissait vers son fils terrifié.

… peuvent être très dangereuses pour lui…

Jeu 30 Nov - 14:05

Petits mots courtois autour d'une nappe de soie

Bon appétit.


Tu as bien raison, mon vieux. On n’est pas encore rendus…” Un long soupire siffla entre ses lèvres poudrées, alors que ses deux yeux pivoines suivaient les allez et venues du shinryu qui flottait dans la chambre. Il dessinait de longues courbes élégantes et majestueuses, défiant les airs en silence en lévitant au-dessus du lit. Après plusieurs années de vie commune, elle commençait à bien connaître la bête, et ses mimiques serpentines, pourtant illisibles aux mortels, ne lui échappaient pas. La salamandre était énervée. “Allez, ne fais pas cette tête, Huang. Si tout se passe bien, on va au devant d’une nuit d’anthologie.

Pendant qu’elle parlait, Lan-Lan achevait de tapoter sur l’aiguille de la seringue avant de la planter dans le plis de son coude. A bonne soirée, bonne préparation, et si elle voulait s’assurer d’être bien équipée, ça passait avant tout par le contenu de ses veines. Elle avait fait simple, et pratique. Un cocktail de paralysant, d'alcool et de LSD pour arrêter un possible agresseur et délier les langues… Un bon début pour une nuit réussie. Doucement, elle pressa sur l’injecteur, sentant le liquide se mélanger à ses veines sans pour autant en ressentir les effets. Parfait… Tout pouvait commencer. Se levant prestement et en attrapant d’une main sa petite mallette noire.  

Ils avaient rendez-vous dans le salon, avant le repas du soir. Comme la brise du matin, Lan-Lan rejoignit le groupe hétéroclite qu’ils formaient tous - plus tôt, chacun s’était occupé à sa manière, tous choisissant un chemin différent pour mieux s’en prendre au problème. Finalement, la poupée xandrienne regrettait presque d’être partie en première et de n’avoir pas profité de son temps pour mieux s’occuper des affaires des autres. Enfin, elle profiterait bien du soir pour pouvoir collecter les informations et regrouper les efforts de tous. Après tout… N’étaient-ils pas une équipe? Un sourire acide éclaira discrètement son visage alors que la douce pervenche descendait les marches des escaliers, Huang-Long flottant au-dessus d’elle comme un ange gardien. Une équipe morcelée, habitée de ses propres ambitions. Trop tôt pour parler de cohésion, encore plus pour parler d’équipe. Le comte avait bien du souci à se faire - et elle ne dérogeait pas particulièrement à la règle, curieuse devant les éternels, plus excitée par le danger et le mystère que par quelconque volonté altruiste.

En revenant, elle se surprit à retrouver la petite troupe au complet - tous? Non, l’Opalien n’était pas encore là. Ce n’était pas pour lui déplaire. Elle adressa tout de même un sourire amusé à tous avant de trouver une place sur un petit fauteuil, cherchant particulièrement les prunelles de Keshâ’rem dont elle devinait la lie. Elle s’amusait de ses réactions vives et qu’il ne cachait pas beaucoup. Un sel insoupçonné? Une frustration inopinée? Elle trouverait bien les raisons de sa réaction… Tôt ou tard.
Mais elle n’eut pas le temps de profiter des conversations bien longtemps, se présentant comme le lord qu’il était, Vladimir coupa court à toutes pensées en se pâmant de déjà avoir percé le mystère des tableaux. Il n’aurait pas fallu un esprit supérieur pour le deviner, mais Lan-Lan ne réagit que par un sourire encourageant. Le monsieur semblait bien fier, et dans une foulée splendide, pourquoi l’arrêter? Il était évident que les tableaux semblaient liés à cette famille dont les masques s’effritaient à chaque hoquet du tueur.

Partie dans ses pensées, Lan-Lan ne reprit le fil de la cuidance strigoï que quand Violette lui aboya dessus. Cela lui arracha un sourire amusé. Décidément, elle aimait son caractère et ses manières franches. Pas assez pour être au dessus de tout soupçon, mais si elle voulait se faire passer pour quelqu’un de détaché, c’était réussi.

Nul doute que ces tableaux viennent de notre tueur, et qu’ils aient une signification toute particulière pour nos hôtes.” Murmura-t-elle d’une voix douce. “Mais nous ajouter à ce mystère si rapidement? Vous êtes bien prompt à nous mettre dans l’embarras, Monsieur Von Arendt. Après tout, nos toiles sont encore vierges. Nos secrets sont encore à peindre.” Avant de glisser doucement. “Nous attendons donc de la visite.

Elle glissa l’indice sur la place publique dans l'espoir d’y lire quelques réactions, et confirmer son hypothèse. En dire plus serait prématuré, mais elle espérait tout de même que son pas vers les autres en convaincraient certains de jouer le jeu du travail d’équipe - jeu que, pour l’instant, seul le strigoï semblait vouloir jouer, plus par arrogance que par altruisme - bien à la frustration de la princesse xandrienne, certes.

Après leur petite conversation, le majordome leur proposa de rejoindre la table, et en un clin d’oeil, la voilà attablée face à la comtesse en personne, l’objet de ses suppositions et de ses fiévreuses hypothèses. Au-dessus du verre qu’elle portait de temps en temps à ses lèvres rosées, elle regarda un instant la famille, s’apercevant du curieux face à face de leur disposition… La table était parfaitement équilibrée, pas de mélange, une symétrie parfaite entre eux, invités, et leurs hôtes dont la noblesse coulait dans ses veines. Et, surprise, elle découvrait la triste mine de la future victime… Il faisait peine à voir. Le teint pâle, gris, les traits bleus, tirés… Il aurait très bien pu être déjà mort. Elle le salua d’un geste et d’une petite révérence. Le pauvre… Elle n’aurait pas été surprise que le tueur hésite à le supprimer.
Le comte demanda rapidement comme ils comptaient s’organiser pour le soir - après tout, ils n’étaient pas là pour rien. Et échauffée, les jeux doux et sages, Lan-Lan fut la première à prendre la parole.

Afin de mieux protéger notre bienveillant hôte, je propose que nous nous relayons à ses côtés à tour de rôle tout au long de la nuit.” Pour dévier les regards suspicieux, elle releva rapidement une pain pacificatrice. “Oh, ne vous méprenez pas. Nous serons au moins deux à chaque fois, de cette façon nous pourrons veiller sur lui… Comme sur nous.” Elle laissait les mots filés - après tout, le fait qu’ils soient autant sauveurs que suspects était un secret de polichinelle, inutile de le garder secret. Dans la foulée, elle suggéra qu’ils se cachent ailleurs que dans sa propre chambre, où son trépas serait fort convenu pour celui venu le supprimer. “Un salon, un bureau… Une pièce avec vis à vis et d’où nous pourrions veiller facilement. Et d’où Huang-Long pourrait discrètement ouvrir l'œil. J’imagine que vous n’êtes pas sans ignorer que les salamandres sont réputées inattrapables, il ne manquera pas à la règle… Et viendra me prévenir du moindre pépin.

D’un geste calculé de la nuque, elle révéla la présence du reptile entourant son cou comme un collier.

Quand le repas reprit un air plus sociable, le moment qu’elle attendait arriva, elle devait le saisir rapidement. Entre deux convenances, que ce soit avec les invités qu’avec les hôtes, elle en profita pour interroger discrètement le comte et la comtesse, d’abord sur d’éventuels ennemis…

Vous savez, à part quelques petites rivalités, il n’y a rien de bien notable. Nous sommes trop loin de la capitale pour vraiment attirer l’attention des cercles de Xandrie, et nous avons depuis longtemps cessé d’attirer les convoitises

Il n’est jamais de telles choses que d’arrêter d’attirer les convoîtises. Mais passons, Lan-Lan oscillait entre le comte et son air sévère, et la comtesse, plus douce, réservée… Contrainte. Elle semblait parfaitement effacée par rapport à son mari. Pincée, la rousse poursuivie sur sa lancée, cette fois-ci s’interrogeant au sujet du manque de personnels. Mais encore une fois, les réponses étaient maigres, mesurées - rien de bien surprenant que l’absence de garde leur pèse, et qu’ils doivent faire appel à des organismes indépendants pour les dépanner. Cela indiquait donc que Violette était de ceux-là. Son regard la chercha un instant pour la remettre silencieusement dans sa hiérarchie. Une planque parfaite pour un tueur, ou un parfait alibi… Pratique. Elle avala une gorgée de vin. Non qu’il ait le moindre effet sur elle.

Et dans ces tableaux, quelque chose vous parle? Peut-être qu’ils vous évoquent quelques souvenirs… Oubliés?

Face à cela, elle les vit tous détourner le regard, se taire. D’un même bloc, ils ne savaient rien. Vraiment? Elle avait du mal à y croire. On pourrait couper dans cette purée de pois tant leur gêne était épaisse. Sa corde sensible… Oui, il lui apparaissait clair qu’une de ces personnes peinaient un peu plus à cacher son mension que les autres.

J'ai remarqué votre détresse à la vue de cette première peinture... Loin de moi l'idée d'atténuer la douleur de voir son fils ainsi menacé. Mais sa vue a semblé vous horrifier si fortement... Est-ce qu'il vous signifie quelque chose? Sachez que vous pouvez me faire confiance. Si je peux vous être utile, Madame la Comtesse... Je vous serai obligée."

Sa victime la regardait dans les yeux, puis vint chercher son mari - sévère - son fils - indifférent. Elle craignait quelque chose. Aussi, quand elle lui bafouilla qu’elle n’aimait pas l’art, Lan-Lan eut un sourire plein de compassion, cachant une houle pleine de malice. La comtesse cachait mal son jeu, il était clair qu’elle craignait son mari plus qu’elle ne voulait bien le montrer, et qu’il était la raison de son silence honteux et maladroit. Bien… Très bien. Seule à seule, elle pourrait peut-être être plus loquace. Tendant sa main à travers la table, Lan-Lan vint chercher celle de la duchesse pour l’enserrer avec douceur, bienveillance et tendresse amicale. Au delà des convenances - voir une mère risquer de perdre son fils ne pourrait pas la laisser éternellement de marbre. Cette femme faisait sincèrement de la peine à voir, et Lan-Lan décelait les contours d’une histoire plus obscure.

Ne vous en faites pas, madame. Nous ferons tout ce qu’il faut pour protéger votre enfant.”