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[Requête] La mist-érieuse épopée

[Requête] La mist-érieuse épopée Brandw10
Mer 11 Oct - 18:15
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Les lumières des lampadaires nimbaient la Brume d’une aura cristalline, transformant la lumière en de multiples rais iridescents. C’était un spectacle étrange qui berçait le camp de Dainsbourg d’une luminosité diffuse à la fois fantasmée et dangereuse. Comme si la Brume accueillait avec joie ces créatures nouvelles, ou alors cherchait-elle à les attirer en dehors des limites de leur vigilance pour les dévorer – à l’instar d’une baudroie abyssale affamée. Aux abords du camp, le regard perdu dans les ressacs brumeux, une silhouette vêtue de noir jouait au mystère. Les doigts affamés de la Brume chatouillaient ses mains et jouaient avec ses vêtements. La timide menace frayait dans ses habits et tiraillait son esprit pour le pousser à franchir le pas. A s’abandonner à elle, entièrement. A jamais. Il restait suspendu entre deux mondes, vacillait d’un délice à un autre. La fraction, l’entité qui vivait dans son esprit n’était pas en reste. Elle le poussait, le cajolait. L’insultait. Le terrifiait.

Un hennissement le tira de ses rêveries et il se retourna vers le camp. Un cheval paniquait et les palefreniers tentaient de le calmer. C’était chose courante dans cette zone délaissée par la raison. Les animaux faisaient montre de bien plus de sagesse que les Hommes. Mais ce n’était pas cela qui inquiétait le Patrouilleur, qui le poussait à jouer avec le fil du rasoir. A se projeter dans la Brume et entraîner son esprit à toujours être séduit par les mêmes promesses creuses depuis dix années. Il soupira. Ce qu’il craignait était bien plus terrible, bien plus primal. Ses tripes se nouèrent à cette seule pensée.

- Patrouilleur Lestat, vous voilà donc. Vous êtes le dernier arrivé ! l’interpella une voix féminine au centre du camp.

C’était un petit bout de femme engoncé dans une robe en soie trop serrée. Le carmin du tissu jurait avec l’étole cyane qui ceignait ses cheveux auburn. Il faisait déjà bien chaud en ce début de keladron pour en plus commettre des fautes de goût. Mais face aux éclairs que lançaient les iris mauves de la donzelle, Ryker s’abstint de tout commentaire.

- La Brume, vous savez. Difficile de faire Valeek - Dainsbourg en moins de trois jours. finauda-t-il quand même, guettant la réaction de l’administratrice. Puis il serra les dents, regrettant sa condescendance qui venait de raviver ce souvenir encore trop vif de la disparition d’Aelys.

Elle leva un sourcil et ne parut pas le croire le moins du monde. Elle grommela quelques commentaires tout bas puis lui fit signe de la suivre.

- Vous avez au moins lu votre briefing ?

Il opina du chef. Il l’avait lu, bien entendu, car il avait insisté pour faire partie des premiers appelés pour les enquêtes suivant la reconquête de Dainsbourg, sot qu’il était de s’être aventuré à l’autre bout du monde connu pendant ces événements. Ce qu’il avait rapporté de son expérience à Valeek avait visiblement suffit à convaincre qu’il était l’homme de la situation. Il n’aurait pas appelé ça un succès, lui. Ou alors était-ce une punition ? L’envoyait-on loin pour se débarrasser de l’encombrant qu’il était devenu ? Il n’était pas dans les petits papiers de Réno, ni de quelconque autre puissant donc il ne le saurait jamais. C’était certain.

- Une missions suicide, encore. Si j’ai bien compris. Une enquête dantesque pour résoudre un phénomène millénaire : une question à laquelle aucun érudit n’a jamais trouvé de réponse. C’est bien cela, oui, mon briefing. lâcha-t-il, mi-amusé, mi-dépité.

Il se gaussait du cœur de la mission mais c’était précisément pour cela qu’il était là. Résoudre ce mystère, comprendre cette Brume et la combattre.

- Cessez de faire l’enfant, Ryker : tout le monde sait que vous raffolez de ces histoires dans la Guilde. Même Réno s’est moqué de vous la dernière fois.

- Réno s’est … moqué de … moi ? balbutia-t-il, estomaqué.

Réno le connaissait ? Son cœur loupa un battement. Il entra dans la tente la bouche bée, des paillettes dans les yeux et des étoiles dans le ventre. Lui, pauvre petit Patrouilleur était connu par le grand maître de la Guilde ? Il ferma et ouvrit la bouche plusieurs fois. Sourit comme un imbécile, rougit.

- Heu … Ryker ? Ahem … comme je le disais, voici Elizawëlle et Lewën qui vous accompagnerons dans ce périple pour découvrir ce qui est advenu à Anderbelt et Argelvent et pourquoi la Brume a agi ainsi là-bas …

- Euh, pardon. J’étais … ailleurs. Patrouilleur Lestat, pour vous servir. Monsieur, Madame. J’espère que vous avez le cuir bien tanné car une sacrée chevauchée nous attend. s’introduisit-il en leur tendant la main pour les saluer. Il leur offrit un grand sourire à peine feint.

- A ce sujet, Patrouilleur Lestat. En parlant de chevauchée … interrompit de façon un peu trop mesurée l’administratrice.

- Oui ? s’inquiéta-t-il, d’un ton apeuré.

- La Guilde veut vraiment avoir des informations fiables et solides le plus rapidement possible. Elle a placé cette mission dans ses priorités – et histoire d’avoir un peu d’avance sur les autres protagonistes cette fois-ci.

Priorité, c’était bon signe. Cela voulait dire qu’on lui faisait confiance, et qu’on ne l’envoyait pas à la mort : une bonne chose, il y avait du changement. Sauf que … Il écarquilla les yeux. Le sourire de l’administratrice s’élargit.

- Attendez, priorité … ça veut dire vite ?

- Oui, très vite même.

- Oh non …

- Oh si.


Un rugissement reptilien vint se faire le parfait écho des craintes du Patrouilleur. Des drakes.
Ven 10 Nov - 17:39

La mist-érieuse épopée

Avec Elizawelle Flatterand & Ryker Lestat



La température avait chuté de quelques degrés depuis qu’ils avaient quitté Opale. Le duo, apprécié pour leur efficace complicité, avait été envoyé dans le Nord d’Urh pour rejoindre un confrère habitué des missions extérieures. Lewën avait retrouvé l’exaltation du vol en drake, un peu plus contenu cette fois, son esprit excité par l’idée de rejoindre Celle qui l’avait fait quitter le foyer natal Epistote : la Brume. Partager ce moment avec celle, cette fois, qui lui avait fait oublier son obsession pour élucider d’autres secrets tenus par de vils manipulateurs. Curie était de la partie, installée dans sa sacoche la musaboise ne semblait guère apprécier son voyage dans les airs.

Dainsbourg … vestiges du saint siège. La voilà. Cette destination qu'il pourvoyait depuis qu'il avait quitté l'armée. Cette obsession où il comptait assouvir ses questions sur la Brume.
Pourtant, oui pourtant, Dainsbourg n'était rien de plus qu'une étape de leur pérégrination. La ville avait dévoilé ses secrets au grand public. Bien sûr il restait encore un gros travail pour trouver les réponses sur les nombreux sujets qu'elle venait d'égrener, mais d’autres s’en chargeraient. Leur mission les amènerait plus loin. Le médecin contempla les ruines qu’ils survolaient, impressionné par l’état de conservation et surtout l’impérialité des bâtiments. Né Epistote, il n’avait guère un attrait pour le Panthéisme et les diverses croyances qui avaient tant fait souffrir par le passé, imperméable aux idéaux religieux il n’en restait pas moins admiratif des édifications que les êtres ont su bâtir pour rendre hommage à leurs idoles.

A leur atterrissage une femme les accueillit, si l’on pouvait parler d’un accueil. Agacée par l’agitation du drake - Curie avait sauté de son abris pour courir entre les pattes du draconide qui voulut la croquer - elle les mena directement au campement pour les briefer sur les villages détenus par les gobelins. Ils devraient se montrer ingénieux pour parvenir à visiter Anderbelt. Le dernier pilier du groupe, leur guide, n’était pas encore arrivé et elle ne pouvait certifier s’il serait sur Dainsbourg dans la soirée ou le lendemain. Elle leur laissa quartier libre pour prendre leurs marques et se reposer avant la suite du voyage.

Curieux de découvrir les lieux en attendant le dernier mentor, Lewën osa demander jusqu’où ils pourraient s’aventurer sans crainte sur les terres Dainsbourgeoises.

- Ce n’est pas une destination de vacances ici, Monsieur Digo. la stoppa-t-elle.

- Certes, mais je vous rappelle que Dainsbourg est tombée sous le coup de la Brume au même titre qu’Anderbelt et Argelvent. Commencer le travail ici n’est pas du loisir. ne se démonta-t-il pas. Il savait se montrer obtu, d’autant plus lorsqu’il s’agissait de la Brume.

La femme souffla et finit par leur envoyer un Patrouilleur pour les guider dans les zones sans risques.

- Ne vous attardez pas, la nuit ne sera pas votre alliée ici.

Il acquiesça avant de se retourner pour suivre le garde, offrant à Eli un sourire contrit. Ils marchèrent une heure, le patrouilleur qui les guidait parlait peu, il ne répondait que brièvement aux questions du dépigmenté. Lewën finit par le laisser tranquille, observant les lieux avec avidité. Nul doute que la ville fut majestueuse, rendue à des ruines tout aussi impressionnantes que inquiétantes.

- Es-tu croyante ? demanda-t-il soudainement à sa partenaire.

Elizawelle l’observa un moment, cherchant l’intention qu’il donnait à sa question. Il lui sourit, un de ses doux haussements de lèvres qu’il réservait à si peu de personne.

- Simple curiosité, je ne juge pas.

***

Ryker - ainsi se prénommait le dernier membre du trio - arriva bien le lendemain. L’homme présentait une forte carrure et le sombre de sa chevelure accentuait la pâleur de son teint. Des cernes tiraillaient sa peau marquée par son expérience, révélée par des protections de cuir aussi sombre que leur porteur. Pâle fantôme dans un costume d’oiseau de mauvais augure.

Lewën serra une main rigoureuse et joviale, sourire qui s’effaça bientôt lorsque l’homme aguerri comprit qu’ils iraient jusqu’à leur destination à dos de drakes. Le médecin présenta sa musaboise dont il vendit les mérites, à savoir un odorat hors pair et une ouïe bien plus fine que la leur. Ensemble ils planifièrent le voyage et Elizawelle fit preuve de son habituel sens de l’organisation pour mener à bien leur quête.

- Prêt pour le grand vol ? demanda le médecin mi-amusé lorsqu’ils furent sur le départ.

Lewën installa son étrier spécial pour chevaucher en toute quiétude avec sa prothèse de jambe. Curie avança à reculon lorsque son maître l’attrapa pour la caler dans la sacoche.

- Ne t’inquiète pas ma belle, ça ne va pas être si long. déforma-t-il la réalité. Tout était question de point de vue, non ?