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[Requête] La mist-érieuse épopée

[Requête] La mist-érieuse épopée Brandw10
Mer 11 Oct - 18:15
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Les lumières des lampadaires nimbaient la Brume d’une aura cristalline, transformant la lumière en de multiples rais iridescents. C’était un spectacle étrange qui berçait le camp de Dainsbourg d’une luminosité diffuse à la fois fantasmée et dangereuse. Comme si la Brume accueillait avec joie ces créatures nouvelles, ou alors cherchait-elle à les attirer en dehors des limites de leur vigilance pour les dévorer – à l’instar d’une baudroie abyssale affamée. Aux abords du camp, le regard perdu dans les ressacs brumeux, une silhouette vêtue de noir jouait au mystère. Les doigts affamés de la Brume chatouillaient ses mains et jouaient avec ses vêtements. La timide menace frayait dans ses habits et tiraillait son esprit pour le pousser à franchir le pas. A s’abandonner à elle, entièrement. A jamais. Il restait suspendu entre deux mondes, vacillait d’un délice à un autre. La fraction, l’entité qui vivait dans son esprit n’était pas en reste. Elle le poussait, le cajolait. L’insultait. Le terrifiait.

Un hennissement le tira de ses rêveries et il se retourna vers le camp. Un cheval paniquait et les palefreniers tentaient de le calmer. C’était chose courante dans cette zone délaissée par la raison. Les animaux faisaient montre de bien plus de sagesse que les Hommes. Mais ce n’était pas cela qui inquiétait le Patrouilleur, qui le poussait à jouer avec le fil du rasoir. A se projeter dans la Brume et entraîner son esprit à toujours être séduit par les mêmes promesses creuses depuis dix années. Il soupira. Ce qu’il craignait était bien plus terrible, bien plus primal. Ses tripes se nouèrent à cette seule pensée.

- Patrouilleur Lestat, vous voilà donc. Vous êtes le dernier arrivé ! l’interpella une voix féminine au centre du camp.

C’était un petit bout de femme engoncé dans une robe en soie trop serrée. Le carmin du tissu jurait avec l’étole cyane qui ceignait ses cheveux auburn. Il faisait déjà bien chaud en ce début de keladron pour en plus commettre des fautes de goût. Mais face aux éclairs que lançaient les iris mauves de la donzelle, Ryker s’abstint de tout commentaire.

- La Brume, vous savez. Difficile de faire Valeek - Dainsbourg en moins de trois jours. finauda-t-il quand même, guettant la réaction de l’administratrice. Puis il serra les dents, regrettant sa condescendance qui venait de raviver ce souvenir encore trop vif de la disparition d’Aelys.

Elle leva un sourcil et ne parut pas le croire le moins du monde. Elle grommela quelques commentaires tout bas puis lui fit signe de la suivre.

- Vous avez au moins lu votre briefing ?

Il opina du chef. Il l’avait lu, bien entendu, car il avait insisté pour faire partie des premiers appelés pour les enquêtes suivant la reconquête de Dainsbourg, sot qu’il était de s’être aventuré à l’autre bout du monde connu pendant ces événements. Ce qu’il avait rapporté de son expérience à Valeek avait visiblement suffit à convaincre qu’il était l’homme de la situation. Il n’aurait pas appelé ça un succès, lui. Ou alors était-ce une punition ? L’envoyait-on loin pour se débarrasser de l’encombrant qu’il était devenu ? Il n’était pas dans les petits papiers de Réno, ni de quelconque autre puissant donc il ne le saurait jamais. C’était certain.

- Une missions suicide, encore. Si j’ai bien compris. Une enquête dantesque pour résoudre un phénomène millénaire : une question à laquelle aucun érudit n’a jamais trouvé de réponse. C’est bien cela, oui, mon briefing. lâcha-t-il, mi-amusé, mi-dépité.

Il se gaussait du cœur de la mission mais c’était précisément pour cela qu’il était là. Résoudre ce mystère, comprendre cette Brume et la combattre.

- Cessez de faire l’enfant, Ryker : tout le monde sait que vous raffolez de ces histoires dans la Guilde. Même Réno s’est moqué de vous la dernière fois.

- Réno s’est … moqué de … moi ? balbutia-t-il, estomaqué.

Réno le connaissait ? Son cœur loupa un battement. Il entra dans la tente la bouche bée, des paillettes dans les yeux et des étoiles dans le ventre. Lui, pauvre petit Patrouilleur était connu par le grand maître de la Guilde ? Il ferma et ouvrit la bouche plusieurs fois. Sourit comme un imbécile, rougit.

- Heu … Ryker ? Ahem … comme je le disais, voici Elizawëlle et Lewën qui vous accompagnerons dans ce périple pour découvrir ce qui est advenu à Anderbelt et Argelvent et pourquoi la Brume a agi ainsi là-bas …

- Euh, pardon. J’étais … ailleurs. Patrouilleur Lestat, pour vous servir. Monsieur, Madame. J’espère que vous avez le cuir bien tanné car une sacrée chevauchée nous attend. s’introduisit-il en leur tendant la main pour les saluer. Il leur offrit un grand sourire à peine feint.

- A ce sujet, Patrouilleur Lestat. En parlant de chevauchée … interrompit de façon un peu trop mesurée l’administratrice.

- Oui ? s’inquiéta-t-il, d’un ton apeuré.

- La Guilde veut vraiment avoir des informations fiables et solides le plus rapidement possible. Elle a placé cette mission dans ses priorités – et histoire d’avoir un peu d’avance sur les autres protagonistes cette fois-ci.

Priorité, c’était bon signe. Cela voulait dire qu’on lui faisait confiance, et qu’on ne l’envoyait pas à la mort : une bonne chose, il y avait du changement. Sauf que … Il écarquilla les yeux. Le sourire de l’administratrice s’élargit.

- Attendez, priorité … ça veut dire vite ?

- Oui, très vite même.

- Oh non …

- Oh si.


Un rugissement reptilien vint se faire le parfait écho des craintes du Patrouilleur. Des drakes.
Ven 10 Nov - 17:39

La mist-érieuse épopée

Avec Elizawelle Flatterand & Ryker Lestat



La température avait chuté de quelques degrés depuis qu’ils avaient quitté Opale. Le duo, apprécié pour leur efficace complicité, avait été envoyé dans le Nord d’Urh pour rejoindre un confrère habitué des missions extérieures. Lewën avait retrouvé l’exaltation du vol en drake, un peu plus contenu cette fois, son esprit excité par l’idée de rejoindre Celle qui l’avait fait quitter le foyer natal Epistote : la Brume. Partager ce moment avec celle, cette fois, qui lui avait fait oublier son obsession pour élucider d’autres secrets tenus par de vils manipulateurs. Curie était de la partie, installée dans sa sacoche la musaboise ne semblait guère apprécier son voyage dans les airs.

Dainsbourg … vestiges du saint siège. La voilà. Cette destination qu'il pourvoyait depuis qu'il avait quitté l'armée. Cette obsession où il comptait assouvir ses questions sur la Brume.
Pourtant, oui pourtant, Dainsbourg n'était rien de plus qu'une étape de leur pérégrination. La ville avait dévoilé ses secrets au grand public. Bien sûr il restait encore un gros travail pour trouver les réponses sur les nombreux sujets qu'elle venait d'égrener, mais d’autres s’en chargeraient. Leur mission les amènerait plus loin. Le médecin contempla les ruines qu’ils survolaient, impressionné par l’état de conservation et surtout l’impérialité des bâtiments. Né Epistote, il n’avait guère un attrait pour le Panthéisme et les diverses croyances qui avaient tant fait souffrir par le passé, imperméable aux idéaux religieux il n’en restait pas moins admiratif des édifications que les êtres ont su bâtir pour rendre hommage à leurs idoles.

A leur atterrissage une femme les accueillit, si l’on pouvait parler d’un accueil. Agacée par l’agitation du drake - Curie avait sauté de son abris pour courir entre les pattes du draconide qui voulut la croquer - elle les mena directement au campement pour les briefer sur les villages détenus par les gobelins. Ils devraient se montrer ingénieux pour parvenir à visiter Anderbelt. Le dernier pilier du groupe, leur guide, n’était pas encore arrivé et elle ne pouvait certifier s’il serait sur Dainsbourg dans la soirée ou le lendemain. Elle leur laissa quartier libre pour prendre leurs marques et se reposer avant la suite du voyage.

Curieux de découvrir les lieux en attendant le dernier mentor, Lewën osa demander jusqu’où ils pourraient s’aventurer sans crainte sur les terres Dainsbourgeoises.

- Ce n’est pas une destination de vacances ici, Monsieur Digo. la stoppa-t-elle.

- Certes, mais je vous rappelle que Dainsbourg est tombée sous le coup de la Brume au même titre qu’Anderbelt et Argelvent. Commencer le travail ici n’est pas du loisir. ne se démonta-t-il pas. Il savait se montrer obtu, d’autant plus lorsqu’il s’agissait de la Brume.

La femme souffla et finit par leur envoyer un Patrouilleur pour les guider dans les zones sans risques.

- Ne vous attardez pas, la nuit ne sera pas votre alliée ici.

Il acquiesça avant de se retourner pour suivre le garde, offrant à Eli un sourire contrit. Ils marchèrent une heure, le patrouilleur qui les guidait parlait peu, il ne répondait que brièvement aux questions du dépigmenté. Lewën finit par le laisser tranquille, observant les lieux avec avidité. Nul doute que la ville fut majestueuse, rendue à des ruines tout aussi impressionnantes que inquiétantes.

- Es-tu croyante ? demanda-t-il soudainement à sa partenaire.

Elizawelle l’observa un moment, cherchant l’intention qu’il donnait à sa question. Il lui sourit, un de ses doux haussements de lèvres qu’il réservait à si peu de personne.

- Simple curiosité, je ne juge pas.

***

Ryker - ainsi se prénommait le dernier membre du trio - arriva bien le lendemain. L’homme présentait une forte carrure et le sombre de sa chevelure accentuait la pâleur de son teint. Des cernes tiraillaient sa peau marquée par son expérience, révélée par des protections de cuir aussi sombre que leur porteur. Pâle fantôme dans un costume d’oiseau de mauvais augure.

Lewën serra une main rigoureuse et joviale, sourire qui s’effaça bientôt lorsque l’homme aguerri comprit qu’ils iraient jusqu’à leur destination à dos de drakes. Le médecin présenta sa musaboise dont il vendit les mérites, à savoir un odorat hors pair et une ouïe bien plus fine que la leur. Ensemble ils planifièrent le voyage et Elizawelle fit preuve de son habituel sens de l’organisation pour mener à bien leur quête.

- Prêt pour le grand vol ? demanda le médecin mi-amusé lorsqu’ils furent sur le départ.

Lewën installa son étrier spécial pour chevaucher en toute quiétude avec sa prothèse de jambe. Curie avança à reculon lorsque son maître l’attrapa pour la caler dans la sacoche.

- Ne t’inquiète pas ma belle, ça ne va pas être si long. déforma-t-il la réalité. Tout était question de point de vue, non ?
Dim 28 Jan - 16:03

La mist-érieuse épopée

Ft. Lewën Digo & Ryker Lestat

Avec la présence de Lewën, tout prenait une nouvelle tournure. À mesure qu'elle le fréquentait, elle découvrait et admirait de plus en plus son esprit vif et son assurance. Jamais elle n’avait rencontré quelqu’un comme lui. Bien que ses connaissances approfondies et son expérience militaire en fassent un allié inestimable, elle ne s'était jamais sentie dépendante de lui, et il était évident qu'il n'avait pas besoin d'elle non plus. Pour la première fois, elle trouvait un partenaire qui avait autant à lui apprendre que ce qu’elle-même pouvait lui apporter. Leurs capacités comme leur personnalité se complétaient parfaitement, leur permettant d’être particulièrement efficaces. Curieux, le médecin savait aussi se montrer d’une grande sensibilité, et ils avaient traversé côte à côte des épreuves qui les avaient irrémédiablement rapprochés. Sur la même longueur d’onde, ils parvenaient à se comprendre et savaient faire ce qu’il fallait. En l'apercevant, ce jour-là, elle se précipita vers lui avec enthousiasme, le serrant énergiquement contre elle. Toutefois, lorsque ses mèches pâles frôlèrent sa joue et que son parfum l'envahit, elle se sentit soudainement timide, reculant légèrement tout en baissant les yeux, lui offrant malgré tout un sourire.

Ils retrouvèrent rapidement leur marque lorsqu’ils enfourchèrent leurs drakes. Depuis leur dernière rencontre, Elizawelle avait acquis Solstice, la draconide bleutée qui les avait accompagnés vers Rimegard lors de leur première rencontre. Lewën, lui, était désormais accompagné d’une mignonne musaboise au regard curieux qui ne semblait pas très heureuse du moyen de transport qu’ils avaient choisi. Lorsqu’ils approchèrent de Dainsbourg, Elizawelle garda un œil sur le médecin, autant pour le souci qu’elle se faisait pour lui que pour oublier ses propres souvenirs de l’endroit. La tour. Les souterrains. Le Reclus. Son père. Non, vraiment, il valait mieux qu’elle se concentre sur autre chose, et l’impressionnant campement qui avait été érigé au cœur de la cité l’y aida : rien de tout cela ne lui rappelait sa dernière expédition dans cette ville maudite. Ils quittèrent toutefois rapidement les lieux habités sans que la zoan ait le courage de lui demander de rester au camp. Pour éviter de trop réfléchir, elle resta concentrée sur lui, ce qu’elle n’eut pas de mal à faire. Sa question la prit par surprise, mais elle y répondit malgré tout avec honnêteté.

Non, dit-elle après une seconde de réflexion. Enfin, si nous parlons de panthéisme. Ça n’a jamais fait partie de ma vie. Cependant, j’ai vécu suffisamment de choses pour être convaincue qu’il existe en ce monde des forces qui nous dépassent.

Son regard se leva vers les hauteurs de la ville, fixant sans le voir le vieux clocher qui les avait attirées, ce jour-là. Autour d’eux, la ville était intacte, comme si rien n’avait changé depuis sa dernière visite. En dehors du camp où les balises électrogènes la tenaient à distance, la Brume demeurait aussi épaisse, le calme toujours aussi lourd. La ville cachait-elle encore toutes les horreurs qu’elle avait croisées, ce jour-là, en compagnie d’Artémis et des autres ? Ce qui était certain, c’est qu’elle ne les croiserait pas aujourd’hui : leur guide se cantonnait aux quartiers dans lesquels plus rien ne s’animait.

La Brume en est la preuve, non ? se questionna la zoan pour rebondir sur le sujet. N’est-elle pas une entité dont la puissance nous échappe ?

Un frisson courut le long de son échine, comme si la Malice qui planait autour d’eux répondait à ses paroles.

C’est la preuve qu’il existe... quelque chose, murmura-t-elle, comme si elle avait peur que la Brume l’entende. On dit que la Brume n’a pas toujours été présente, qu’à une époque, on pouvait parcourir la planète sans crainte. Je crois... rien d’autre qu’un dieu n’aurait le pouvoir de créer un truc pareil, non ?

*  *  *  *  *

Ryker lui inspira immédiatement confiance. Le regard vif et les muscles détendus, il dégageait l’assurance tranquille de ceux d'expérience et l’attention qu’il portait à ce qui l’entourait montrait une maîtrise précise du territoire pourtant hostile dans lequel ils se trouvaient. L’aventurière étudia d’un œil l’équipement du patrouilleur et apprécia ce qu’elle voyait. En un sens, il lui rappelait Artémis, avec cette grande épée dans son dos, ce visage usé par la Brume, fermé, mais alerte. S’il était à moitié aussi efficace que le vieux loup, alors le jeune médecin et elle-même étaient entre de bonnes mains.

C’est bien, l’encouragea amicalement Elizawelle alors que le patrouilleur s’approchait du drake avec une hésitation qui témoignait de son malaise. Fait connaissance avec lui, lui conseilla-t-elle avec familiarité en l’amenant vers la gueule de la bête. Il est dressé, mais il est bien plus intelligent qu’un pégase. Il faudra savoir te montrer ferme avec lui pour le diriger, mais si tu as sa confiance, il ne te laissera pas tomber de son dos.

Elle lui adressa un sourire rassurant, lui indiquant comment monter sur la créature, puis comment la diriger. Ils n’avaient ici ni le temps, ni l’espace pour faire des tours de pratique comme ils l’avaient fait à la Flatterie avec Lewën et l’aventurière espéra que Ryker était du genre à apprendre rapidement. De longues minutes plus tard, ils décollèrent enfin et la zoan fut satisfaite de voir qu’il se débrouillait plutôt bien. Pour sa part habituée à sa monture, Elizawelle décolla avec aisance et se laissa porter par le vent avec bonheur. Elle se stabilisa entre ses deux compagnons, leur criant un ou deux conseils, puis partie devant. Malgré que l’été soit bien installé, le vent était d’un froid mordant à cette altitude, mais la zoan l’accueillait avec bonheur, ouvrant les bras pour profiter de l’incroyable sensation de liberté que ce moyen de transport lui procurait. Un doux ronronnement félin accompagnait son vol, le jaguar ayant appris en même temps que sa moitié à apprécier ces déplacements en altitude. Le ciel était d’un bleu limpide, presque blanc, dépourvu du moindre nuage. La Brume en contrebas accentuait l’impression d’avancer dans le vide. Les points de repère étaient rares et l’impression d’être suspendu entre ciel et terre s’accentuait à chaque heure qui passait.

Le climat, cependant, était une puissance bien capricieuse en ce pays de froid et lorsqu’un vent contraire se leva soudainement, les nuages se formèrent avec une rapidité étonnante, quasi surnaturelle. Le temps se gâtait rapidement et Elizawelle reflua vers ses compagnons, inquiète. Au même moment, un coup de tonnerre retentit à l’horizon, faisant trembler les draconides qui, par instinct, perdirent de l’altitude pour se rapprocher du sol. Le visage de la zoanthrope exprima une surprise totale lorsqu’un miaulement retentit au-dessus d’eux. Le félin en elle se tapit au fond de ses entrailles, reflet de l’attitude de l’aventurière qui porta un regard soucieux à ses compagnons.

Peut-être devrions-nous atterrir, proposa-t-elle en mimant pour être certaine de se faire comprendre avec ce vent.

Au même moment, une grosse goutte de pluie lui tomba sur le nez. Lorsque le prochain coup de tonnerre retentit, il fut accompagné de miaulements sonores qui perturbèrent la jeune femme, jusqu’à ce qu’un éclair de lucidité la traverse.

Des félinimbus !

Ceux-ci s’attaquent rarement aux hommes, mais couplés à l’orage, il valait mieux ne pas les sous-estimer. Elizawelle scruta les visages de ses compagnons, tentant ainsi de voir ce qu’ils préconisaient. Devaient-ils tenter de semer la tempête au risque de se faire électrocuter ou désarçonner par les élémentaires d’air, ou valait-il mieux se poser pour s’en protéger, sachant que cela les obligerait à s’enfoncer dans la Brume, à un endroit où les créatures les plus dangereuses pouvaient surgir à n’importe quel moment ?
Sam 17 Fév - 15:23
Malgré tous les conseils, le Patrouilleur avait la bouche sèche et pâteuse. Il sentait que la jeune femme voulait être affable et agréable avec lui mais … il était censé être le Patrouilleur du groupe, les protéger et pas l’inverse. Rah, foutu draconide … foutue bestiole ailée. La créature claqua des dents lorsqu’il voulu s’approcher d’elle, écoutant les conseils d’Elizawelle.

- Ah, la sale bête ! Elle a été dressée à ne pas m’aimer, oui !
grommela-t-il avant de s’emparer des rênes.

Il attrapa le pommeau de la selle et se hissa avec les genoux tremblants tandis que la créature s’agitait sous lui, perturbée par le stress communicatif du Patrouilleur. Pourtant, par ces gestes précis, il démontrait qu’il savait chevaucher ce type de créature. Il avait trouvé sa place, ses étriers et assurait son équilibre comme l’aurait fait quelqu’un d’aguerri. Mais voilà, il ne tenait pas en place et ses doigts tremblaient. Les conseils de la jeune femme furent tout de même précieux car ils l’aidèrent à se focaliser et à glaner quelques astuces.

Il parvint à s’envoler dans les airs mais le drake, perturbé et rancunier, s’agitait un peu dans tous les sens. Cela donnait au vol une allure désordonné qui ne faisait que renforcer l’aversion de Ryker pour ce mode de déplacement. Il pesta, jura et talonna la créature qui piailla plusieurs fois avant de se stabiliser dans les airs. Le visage du Patrouilleur était encore plus blanc qu’à l’accoutumée. Puis ils se mirent en route dans une cacophonie de protestation du drake et de Ryker.

Les terres filaient à une vitesse vertigineuse, le Patrouilleur accroché à la Bête et prêt à rendre son repas à la moindre incartade trop violente. Il serrait de toutes ses forces et priait pour que le périple ne s’achève, ce peu importait les circonstances. Il comprenait l’intérêt d’éviter de parcourir autant de lieues sous la Brume, le danger que cela représentait … mais voler, voler c’était pire que la Brume. C’était contre nature : ils avaient deux pieds pour marcher et pas d’ailes !

- Oh putain … laissa-t-il échapper lorsque la créature reptilienne entama des envolées chaotiques lorsqu’elle perçu la menace qu’Elizawelle était en train de pointer du doigt

Heureusement ces chiens de l’enfer avaient été bien dressés et les talons du Patrouilleur vinrent la calmer. Ou, du moins, la maintenir sous tension. La créature se mit à faire des tours tandis que les nuages s’amoncelaient au-dessus d’eux. Entre deux cahots, le Patrouilleur reconnu la menace et fit signe à Elizawelle qu’il était d’accord avec elle en pointant le bas de sa main libre. L’électricité dans l’air faisait grésiller ses nombreux objets en métal et il redoutait autant les créatures que l’orage. C’était bien sa veine, un orage … Il impulsa donc la descente à son reptile furieux et ce dernier, ravi d’échapper à la menace, replia ses ailes et se glissa dans la Brume avec une telle vitesse que Ryker s’arquebouta sur sa selle pour le forcer à ralentir. Dans un tourbillon de Brume, le draconide s’arrêta sur terre et laissa une large trace de griffes dans le sol.

Les genoux tremblants, le Patrouilleur descendit de sa monture, et la laissa vadrouiller après avoir repris ses effets. La bête était suffisamment dressée pour rester avec ses congénères qui ne tardèrent pas à la rejoindre. Mais déjà, bien que légèrement trempé par la pluie, le patrouilleur avait tiré une torche et de quoi l’allumer. La Brume était indifférente à ses frasques, certes, mais ce n’était peut-être pas le cas de ses deux compères. Le Patrouilleur leva la torche bien haut pour que ces derniers puissent repérer la lumière au travers de la purée de pois. Ils parvinrent rapidement à se retrouver, les drake non loin d’eux. Les abducteurs de Ryker étaient restés si contractés durant le périple qu’il se déplaçait encore bizarrement.

- L’orage couplé aux félinimbus était trop … hm … erf. Pardon. laissa-t-il échapper, contrôlant difficilement son estomac après le périple.

Son drake revint vers eux à cet instant, se glissa dans le dos du Patrouilleur pour lui toucher la tête du coude. Il fit sursauter et presque tirer son arme à Ryker, avant de venir lui tirailler la manche. La créature claqua des dents devant lui puis attrapa de nouveau la manche. Il la repoussa, tenta de reprendre la discussion mais la bête semblait décidée à le perturber. Elle paraissait intéressée par le sac qu’il portait à sa ceinture.

- Foutue créature … mais … argh. continua-t-il, sans cesse embêté par le draconide qui s’évertuait à maintenir un lien avec lui.

Il prit le parti de la laisser faire jusqu’à ce qu’elle se lasse, mais elle entame de jouer avec sa cape, jusqu’à obtenir une réaction de lui.

- Bon sang de … ça m’apprendra à pas écouter mon instinct. Mais … bon. Il va nous falloir trouver un abri pour la nuit, c’était ce que j’essayai de dire avant que … parvint-il à articuler avant d’être de nouveau coupé par les affres du Drake.

Il posa la main sur sa ceinture et le draconide se mit à hoqueter et claqua de nouveau des dents. Ryker fronça les sourcils, toucha la bourse qu’il portait là. Confiée par le maître d’écurie. Le Drake roucoula. Le Patrouilleur glissa ses doigts dans le petit sac en tissu et en tira une boulette grise et humide qui sentait fort la viande.

- C’était ça que tu voulais ? grommela-t-il, avant de la lui lancer de dépit.

Le Drake l’attrapa en l’air et tourna sur lui-même avant de lécher le visage du Patrouilleur. Ce dernier, surpris, trébucha et tomba en arrière sur son séant. Le visage maculé de bave et le poil dressé. Il leva un regard dépité vers ses deux camarades pendant que la créature se régalait de sa friandise un peu plus loin. Il fronça les sourcils en se relevant, attristé du spectacle qu’il venait de donner. Il écarquilla les yeux.

- Attendez, c’est moi où cette chose vient de me dresser ?! s’étrangla-t-il.
Dim 14 Avr - 17:11

La mist-érieuse épopée

Avec Elizawelle Flatterand & Ryker Lestat



Les nuages s’amoncelèrent, les encerclèrent avant de cracher leur mécontentement. Un éclair jaillit non loin du petit groupe, il semblait à Lewën y avoir vu une ombre plus sombre que les nuages menaçants, était-ce l’un des félinimbus qu’Elizawelle identifia par leur cri ?
Le médecin se rangea à l’avis général, voler en plein orage était assez peu recommandé, au milieu des élémentaires d’air était de l’inconscience. Atterrir en pleine Brume était-il plus lucide ? Sûrement pas, pourtant l’homme s’y sentait plus à son aise, comme le semblait l’être son homologue patrouilleur. Le vent les ballota jusqu’à ce qu’il touche terre ferme. Un sourd grondement résonna entre les pins avant de s’éloigner du petit groupe.
Devant le spectacle que leur offrit le duo, la drake de Lewën s’approcha à son tour de Ryker pour lui réclamer une friandise.
- Te dresser je ne sais pas, en tout cas ils ont bien compris vers qui venir pour obtenir ce qu’ils veulent.

Voyant le malaise de l’homme, Lewën sortit ses propres boulettes de viande pour attirer Plume. Devant le plaisir du draconide il ne put s’empêcher de lui en donner une deuxième, puis une troisième, puis … Elizawelle posa sa main sur la sienne pour l’inviter à se calmer sur les rations. Curie sortit de sa cachette pour se dégourdir les pattes, aussi à l’aise dans les airs que leur guide. La drake se mit aussitôt à sa poursuite, invitant son compagnon à entrer dans le jeu. La musaboise se replia rapidement dans les bras de son sauveur qui dû élever la voix pour calmer les reptiles. Un lugubre croassement lui répondit avant que son auteur ne s’envole juste au-dessus de leur tête, leur révélant les innombrables yeux qui ornaient sa tête.
- Drôle de corbeau … souffla le médecin peu étonné des transformations que subissaient faune et flore dans la Brume.

- C’est un Blumeux rectifia le patrouilleur. Oiseau de mauvais augure …

Lewën n’était pas superstitieux, il aimait pour autant écouter les croyances de chacun car au fond, n’y avait-il pas une part de vérité ? Qui plus est dans la Brume. Il se concentra sur ce qui les entourait, la Brume ne laissait que peu de visibilité, l’entité semblant se densifier autour d’eux. Il peinait à distinguer les vapeurs que dégageaient sa respiration dans le froid Daimois avec le brouillard brumeux. Quelques pins révélaient leurs sombres branches lorsqu’ils s’en approchèrent. Gare aux racines cachées par un léger manteau neigeux. Ici, les couleurs semblaient avoir disparu, tout n’était que nuance de gris, d’ombre et de flou. Un clapotement révéla la présence de l’eau quelque part autour d’eux, sûrement la Jetée. A moins qu’ils ne soient proches du lac de Daim. Difficile à deviner tant le bruit était étouffé.

Les drakes se mirent soudain à siffler à l’unisson dans la même direction. Elizawelle était elle-même sur le qui-vive, sa posture plus féline que jamais. Avait-elle sentit une menace à travers les sens du jaguar ? Ryker, quant à lui, pris déjà une position de défense, arme en main. La tension était montée d’un cran. L’épistote attrapa son cristal de polyglossie pour communiquer avec les drakes. Il ne se rendit pas compte des grognements qu’il émit, questionnant les draconides dans leur propre langage. Peu habitué à cette espèce, la compréhension fut approximative.
- Un bipède s’approche … avertit-il à ses camarades.

Curie, sur son épaule, se mit à couiner. Lewën fronça les sourcil comme si cela l’aiderait à mieux y voir, en vain. Au loin, un bruit d’ailes étouffé témoignait de l’envol d’un oiseau fuyant les lieux. L’atmosphère était lourde, étouffante.
- Qu’est-ce que tu vois ma belle ? glapit-il, le cristal toujours en action.

Le rongeur chicota et couina pour décrire ce qu’elle détectait. Lewën traduisit pour ses compagnons.
- Ça a le pas lourd et lent, et ça sent le fruit gâté …

Étaient-ce des informations très utiles ? Bientôt une silhouette d’homme se dessina face à eux. A travers la Brume ses membres semblaient disproportionnés. Le brouillard se mit à se disperser légèrement alors que l’être n’était plus qu’à une vingtaine de mètres du groupe, révélant un visage à l’expression figé d’un sourire à déboîter la mâchoire. L’homme s’arrêta face à eux, tournant le visage d’un côté, puis de l’autre, fixant sans conteste les deux hommes du trio. Ses habits étaient rapiécés, révélant une peau décharnée. Un son sortit de sa gorge, une sorte de rire guttural qui fit tressauter ses épaules rachitiques.

- Vous avez besoin d’aide ? s’inquiéta le médecin.

Ryker s’interposa, comprenant avant lui ce qu’il leur faisait face : un errant !