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[PARTIE 1] Les mines englouties

[PARTIE 1] Les mines englouties Brandw10
Sam 6 Mai - 22:15

Il n'est pas très clair, le paysage à travers lequel vous progressez. Des heures et des heures de marche sur un terrain tantôt boueux, souvent glissant, où bourrasques et pluie diluvienne giflent vos visages et vous tétanisent de froid. Peut-être regrettez-vous d'avoir accepté cette mission : peut-être que contracter une pneumonie carabinée pour découvrir les tenants et aboutissants d'un mystère caverneux n'est pas un jeu qui en vaut la chandelle, et peut-être que tousser pour le restant de vos jours, voire même finir écrasés sous un éboulement ne sont pas des risques à prendre à la légère.

Toujours est-il que vous êtes là, tous les trois, à braver la tempête, trempés jusqu'aux os, sillonnant le sol perdant lentement mais sûrement de sa viscosité pour se changer, sous vos semelles imbibées, en roches tranchantes et hasardeuses. Loués soient les Esprits — ou votre guide, comme vous préférez ; vous arrivez au bout de vos peines !

Enfin, non. Ce n'est que le début. Après tout, votre trio est là pour inspecter cette mine, qui de prime abord semble laissée à l'abandon. Et à en juger par l'eau qui s'infiltre en début de ruisseau parmi les charriots, votre aventure s'annonce rafraichissante. Quelqu'un a pensé à prendre son maillot de bain ?
Lun 8 Mai - 21:38

Était-elle seulement une femme ? Au fond, son pouvoir ne reflétait que ce qu'elle pensait réellement être : un enfant pas tout à fait terminé dans le corps d'une adulte déterminée. Qui de Lillie ou du Général prenait le pas sur l'autre ? Elle arpentait les rues de la basse-ville de Xandrie, son corps frêle balloté par les flots déchaînés des âmes désoeuvrées. C'était un de ces jours de vide, qu'aucun avis de tempête n'avait su prévoir. Vagues à lames sur pensées submersibles. La Révolution n'avançait plus. Pire, les dissidents trépignaient de plus en plus. Elsbeth gardait son cap, mais la diplomatie ne suffisait pas à nourrir les esprits les plus affamés de vengeance. Que pouvait-elle y faire, elle, l'Opalienne exilée, la fille à papa apeurée, propulsée au rang d'espoir pour un peuple qui n'était pas le sien ?

Elle allait et venait, laissant traîner au bout de ses lignes auditives quelques hameçons, sans rien remonter que des racontars un peu fades. Elle interrogeait quelques passants au détour d'une ruelle mais n'apprenait rien de vraiment nouveau. Une mère, une de plus, pleurait le départ d'un fils pour une mine de myste. Un père, un de moins, n'était jamais revenu d'une expédition lointaine. Mais derrière chacune de ses histoires le joug d'Opale se dessinait en filigrane, appuyant sa perfide lame courte contre les gorges sanglotantes qui pleuraient ces récits. Lillie bouillonnait, sentait du fond de ses entrailles monter un cri gris qui s'évanouirait sous sa langue. Car au bout du poignard, c'était la main de son père qu'elle imaginait fermement resserrée.

La nuit était tombée. Les lanternes éparses projetaient sur la ville leur halo feutré, qui ne suffisait pas à contrer les ombres qui prenaient comme tous les soirs leurs quartiers à Xandrie. Les ruelles se parèrent de noir, se parfumèrent d'alcool bon marché et firent les yeux doux aux malfrats à peine déguisés. Plus d'un œil indiscret suivait maintenant les mouvements de la jeune fille aux cheveux roses. Lillie devrait bientôt choisir : regagner sa planque ou trouver un coin où reprendre son apparence d'adulte. Elle était sur le point de se dissimuler dans une impasse quand elle perçut les bribes d'une conversation qui la firent s'arrêter.

Devant la porte de service d'un débit de boissons, un homme et une femme parlaient à voix basse. Il était question d'une mine de myste, loin dans les Monts d'Argent, au-delà des frontières. Une mine que Lillie n'avait encore jamais visitée, mais de laquelle elle avait pu s'approcher en suivant un temps un groupe de mineurs réquisitionnés. Elle s'approcha lentement, feignant la tranquille déambulation d'une gamine des rues pour assouvir sa curiosité. La mine ne tournait plus. Éboulements. Inondations. Problèmes pour Opale. Opportunité pour Xandrie, pensa-t-elle immédiatement. Elle n'y accorda aucune pensée supplémentaire. Il était temps pour la Générale de la Révolution d'agir. Même si cela impliquait de partir un temps de la capitale.

- J'peux vous emmener, moi. Lança-t-elle en approchant. Il lui fallait un mensonge. Mon père a été réquisitionné là-bas, dans les Monts, et je l'avais suivi avant qu'on m'renvoie. Il paraît qu'il allait être bien payé, enfin, c'est ce que maman a dit. Mais on ne reçoit jamais les sous. Alors moi, j'veux aller le chercher. Si vous êtes jamais allés là-bas, c'est mieux que j'vienne parce que les routes moi j'les ai prises, et c'était pas super facile.

Elle ne savait pas si le mensonge de la gamine qu'elle avait prétendu être avait suffi à les convaincre, ou bien si ces aventuriers avaient décidé qu'un guide – peu importe ses raisons – leur serait de toute façon utile. Toujours était-il qu'elle avait quitté Xandrie en leur compagnie, chaudement équipée, et qu'elle avait maintenant toutes les peines du monde à progresser dans ces terres hostiles, dans ce cimetière d'espoirs. Elle avait filé son mensonge sur tout le trajet, évitant de s'étendre sur des détails qui la trahiraient. Mais les derniers jours avaient été bien trop compliqués pour son corps d'enfant.

Elle avait la mine en vue quand elle commença à sentir ses forces l'abandonner. Elle n'avait plus le choix. Il fallait qu'elle mène cette enquête à son terme. Elle ne prononça pas un mot. Elle ouvrit son sac, en sortit une tenue qui paraissait bien trop grande pour elle. Sans un regard vers ses compagnons, elle se déshabilla intégralement. Le froid lui mordait la peau. Un instant plus tard, sa silhouette nue était celle d'un escogriffe décharné, voûté. Ses vertèbres semblaient vouloir déchirer la peau de son dos. Elle se rhabilla et, la main au fond de son sac, elle attrapa son revolver qu'elle accrocha à sa ceinture.

- Désolée. J'ai menti. Dit-elle froidement à quelques pas de leur destination.
Mer 10 Mai - 12:28

Les mines englouties part. 1

Avec Elizawelle Flatterand et Lillie Moynihan



Une missive de la Guilde. C’était la première fois qu’il en recevait une. De ses fins doigts Lewën brisa le sceau ne montrant nulle impatience. Elizawelle lui avait expliqué comment cela fonctionnait : il suffisait de contacter la Guilde pour connaître les missions à pourvoir et s’y engager en s’y inscrivant en toute simplicité. Il ne pensait pas être contacté directement, lui qui n’avait aucune expérience dans cette organisation. Devait-il faire ses preuves ?
Il sortit le papier de l’enveloppe et parcourut les lignes griffonnées d’une petite écriture oblique.
Quêtes urgentes : de nombreuses demandes afflux à la Guilde, Urh a besoin de vous. Rendez-vous au Quartier Général pour prendre votre aventure !

Il avait l’impression d’être dans un de ces romans pour adolescents. “Partir à l’aventure”, de simples mots qui faisaient rêver. Sauf quand on en connaissait le vrai sens, l’aventure, synonyme d’insécurité, de crainte, de courbature … Même récupérer le chat de mamie coincé dans l’arbre fait d’aventure une rime de griffure.

Revenons-en à notre Guilde, si Lewën s’était présenté à eux, c’était bien pour cette “aventure” qui lui permettrait d’approcher Celle qui l’habitait. La Brume. Bien qu’Opale était devenue sa nouvelle demeure il n’aurait aucun mal à la quitter, des gens de confiance assureraient pendant son absence. Halie son apprentie, Izysidore le pharmacien aux décoctions de renoms. Il était temps de reprendre sa quête.

* * *

Xandrie la Juste, Xandrie la Pauvre. Le dépigmenté ne se faisait pas à la misère qui régnait dans les rues du continent. Tout y était entremêlé, insalubrité, sécurité, beauté, rires, aumône, technologie, croyances … Xandrie était le mélange de toutes les autres nations. Pour le meilleur et pour le pire. Claudiquant sur les pavés humides de la rue, Lewën respirait l’air chargé de la cité. Les lumières des enseignes se reflétaient dans les flaques, reflets troublés par le passage d’une voiture suivi d’une charrette tirée par des chevaux. Un anachronisme témoignant de la divergence de la cité.
Le médecin s’arrêta devant le bâtiment qui lui faisait face. La grandeur de la façade l’écrasait par sa magnificence, roches sculptées en colonnes abritant d’anciens bains toujours en fonction pour les membres du groupe. Il monta les quelques marches qui le séparaient de la lourde porte d’entrée, sa jambe de fer résonnant sur la pierre froide. Depuis sa dernière aventure dans le Bas Cendrais, le bois qui composait autrefois son membre perdu avait souffert du climat rustre de la région. Il s’était procuré cette nouvelle prothèse à Opale, il irait retrouver sa sœur à Epistoli pour une jambe plus résistante et fonctionnelle. Sa demie jambe actuelle ferait l’affaire en attendant.

A l’intérieur de l’édifice les voix résonnèrent, les hommes et les femmes vaquaient à leurs occupations, habitués des lieux. L’aventurier néophyte rejoignit le long comptoir de bois brute qui constituait l’accueil de l’organisation. Il se présenta, on lui accorda un sourire avenant avant de lui expliquer plus en détails le fonctionnement des missions. Le climat aussi bien politique que météorologique avait occasionné un afflux considérable de demandes aussi capitales les unes que les autres.

- Vous étiez dans l’armée Epistote, et vous avez même effectué des expéditions dans la Brume … Intéressant. lisait l’hôtesse derrière un vieil écran cathodique à l’image qui sautait.

Au lieu de lui présenter toutes les missions, on lui proposa de l’aiguiller là où son sang froid serait apprécié. Son acolyte serait quelqu’un de confiance, rendez-vous le lendemain pour que le duo s’enquiert des détails auprès de leur maître de mission. Ils ne seraient donc que deux, sûrement pas quelque chose de bien compliqué. Il le découvrirait en même temps que son partenaire, en attendant il avait sa soirée de libre, repas et logement au frais de la Guilde sous justificatifs “Dans la limite du raisonnable Monsieur Digo” précisa l’hôtesse souriante avec un clin d'œil. Il s’en fut, profitant des spectacles de rues qui se jouaient sous une pluie timide, annonciatrice du déluge qu’il connaîtrait.

* * *

Elizawelle ?!
Lewën retint son étonnement en découvrant sa partenaire. Au moins ils n’auraient pas à faire connaissance. La mission leur avait été présentée, et il comprit pourquoi le choix des aventuriers n’avait pas été fait sur le volontariat. Les mines de Xandrie, un sujet sensible pour l’ensemble de la population. Des exploitations minières et surtout humaines au profit d’une autre contrée. Opale. La controversée Opale d’où ils venaient tous deux. Il regarda sa partenaire de biais, songeait-elle à profiter de ce travail pour son intérêt personnel, encore une fois ?
Malgré les tensions qui les avaient confrontés lors de leur dernière expédition, la raison de Lewën le poussa à apprécier les qualités de la jeune femme. Il savait qu’il pourrait compter sur elle si les choses se gâtaient. Il pouvait se méfier de son honnêteté mais pas de sa loyauté, il en restait persuadé malgré leur expérience dupeuse.

- Je me suis renseigné, la route principale est bloquée à cause des intempéries pour se rendre aux mines du mont Argent.

Les deux camarades s’étaient donnés rendez-vous pour organiser leur voyage. Cette fois se fut Elizawelle qui l’invita autour d’un verre, non sans malice, en souvenir de leur précédente préparation. L’esprit déjà à leur quête, Lewën n’avait pu attendre d’atteindre leur but pour en parler. Devant son impatience, ils s’arrêtèrent devant un distributeur de boissons grésillant, discutant doucement des tenants et aboutissants de la mission. L’homme s’apprêtait à demander si sa partenaire comptait ramener du Myste pour Izydore, encore, avant d’être coupé dans son élan par une gamine qui proposait de les guider. Comment lui faire confiance ? Comment embarquer cette frêle gamine dans les tribulations d’un pays qui exploitait le sien ? La détermination débordait de ses yeux verts presque hypnotiques. Elle leur fit bien comprendre qu’elle avait besoin d’argent, pour sa mère, pour la famille. Elizawelle discuta avec elle, Lewën précisa non sans méfiance :

- Si vous nous menez aux mines sans escarmouche, nous vous allouerons une coquette somme qui cette fois arrivera à votre mère et vous. Je vous remettrai une déclaration sur l’honneur que vous pourrez apporté comme preuve à la Guilde si nous revenons indemnes.

* * *

La route était devenue impraticable pour quelconque véhicule. Ils avaient continué à pied, sous le déluge qu’offrait le mont. Il avait bien étudié la carte de Xandrie avant de se lancer dans le défi, la petite ne semblait pas les duper. Son imperméable n’était plus suffisant pour le protéger de toute cette eau, il sentait l'humidité s’infiltrer sous les couches inférieures. Ils auraient tous besoin d’un bon grog à leur retour, ça ne faisait aucun doute.

L’entrée des mines, là, à portée de vue. La gamine se détacha du groupe sous des regards interrogateurs. Lewën ne détourna pas le regard lorsqu’elle se déshabilla, non pas par un voyeurisme malsain, mais bien à cause de la défiance qu’il gardait en lui. Il posa son sac et porta sa dextre sous sa cape, agrippant fermement la poignée de son révolver. La fine silhouette grandit, s'arc bouta, son imaginaire lui fit presque entendre le craquement de chacun des os qui se voyait grandir avec force. Une femme aussi frêle que la gamine se présenta à eux, un défi rageux dans le regard.

L’homme sortit son arme, menaçant :

- Qui êtes-vous, "Lillie" ?

Le canon pointé vers l’inconnue, les mèches blanches collés sur son front, les gouttes coulant de chaque extrémité de leurs corps. Le temps se suspendit.


Dernière édition par Lewën Digo le Sam 8 Juil - 15:52, édité 1 fois
Ven 19 Mai - 11:48

Partie I
Les mines englouties

Ft. Lewën Digo et Lillie Moynihan


Elizawelle avait l’impression d’être un nuage à la merci des vents. Elle dérivait là où celui-ci la poussait sans qu’elle ne sache quelle direction elle prenait. Elle s’occupait l’esprit, s’investissant ici et là sans vraiment savoir si elle avait trouvé sa voie. Un vide résonnait au fond de son estomac sans qu’elle ne puisse mettre le doigt sur ce qui devait le remplir. Les mois avaient passé depuis son retour de Dainsbourg, mais son père lui manquait encore chaque jour. Pourtant, elle avait repris sa vie, mais sans trouver de but à celle-ci. Durant son périple avec Lewën, elle avait cru que son avenir lui ouvrait les bras, mais elle avait sous-estimé la chute qui accompagnait le retour au calme.  

Trouver un but à sa vie ? Et puis quoi encore ? À quoi bon ? Être aventurière lui plaisait, elle gagnait bien sa vie et la guilde lui ouvrait les portes de toutes les factions. C’était suffisant, non ?  

Lorsqu’elle trouvait des compagnons de valeurs, tout cela lui semblait effectivement bien plus que suffisant. Elle ne trouvait rien de plus exaltant que d’affronter les difficultés aux côtés de personnes de confiance. Pourtant, il y avait l’inévitable retour à la réalité. Lorsqu’elle remettait les pieds à Opale, elle ne pouvait que se rappeler à quel point elle était seule, désormais. Malgré tous les amis qu’elle avait à travers Uhr et même au-delà, une solitude pesante alourdissait son pas. Elle n’était pas pour autant malheureuse, plutôt dans une espèce de bulle, prisonnière sans intention d’évasion.  

Rapidement, la réputation d’Elizawelle, le jaguar de la Brume, prenait forme. Même si pour l’instant, elle n’avait pas eu de soucis majeurs à Opale, elle se demandait toutefois si cela en causerait, à terme. Le fait que son nom et son statut de zoanthrope se soient répandus la gênait. Sa présence lors du combat contre le Reclus avait valu son à son nom de résonner aux côtés de ceux de Réno, Asgrevain, Artémis et Jessamy. Cela lui avait fait bizarre, lorsqu’elle avait remis les pieds au QG : plusieurs s’étaient retournés à son arrivée et des murmures avaient accompagné son passage.  

C’est ainsi que ses pas finirent par la mener directement dans le bureau du maître de la guilde. Pour une fois, ce dernier s’y trouvait. Il lui avait envoyé une missive courte, mais expéditive et surtout, accompagnée d’une autre lettre contenant un appel aux aventuriers pour une mission risquée. Flattée que l’homme ait pensé directement à elle et partante pour partir à nouveau à l’aventure, elle quitta aussitôt Opale pour Xandrie, profitant d’un dirigeable commandité par les investisseurs opalins à l’origine de la mission.

L’échange avec Réno fut bref, mais cordial. Il lui indiqua qu’un aventurier expérimenté avait été repêché le matin même et qu’elle pourrait le rencontrer le lendemain. Après avoir profité des bains, elle s’allongea donc avec le soleil. Ce fut ses rayons qui la réveillèrent, plusieurs heures plus tard, les volets étant demeurés ouverts. Elle s’assura d’avoir tout le matériel qu’il lui fallait, mais il n’y avait pas d’inquiétude à avoir : son sac pourvu d’un Nascent de spatiokinésie contenait plus de matériel que nécessaire. Elle rejoignit alors le bureau du maître de guilde et s’enthousiasma en découvrant Lewën sur le pas de la porte. Réno, lui-même visiblement sur le point de partir en mission, leur délivra les détails de la délicate mission qui les attendait.  

Elle avait cru être discrète en discutant avec Lewën dans la rue, mais il semblerait que les mots employés n’avaient pas été suffisants pour échapper aux oreilles d’une jeune fille au regard profond. Elle les aborda avec confiance, mais gravité et son histoire reflétait la dure réalité de la misère xandrienne. Malgré la sensation que quelque chose clochait, la zoan se fia à son instinct. Il semblerait que cette Lillie soit capable de les guider là, ce qui leur ferait gagner un temps précieux. Elle consulta Lewën du regard et acquiesça alors qu’il lui donnait son accord.  

Elizawelle garda un œil sur elle tout au long de leur voyage dans le dur pays de Xandrie. La Grand Voie était plutôt bien entretenue, mais il avait alors fallu la quitter et continuer le voyage à pied. Si l’ombre des monts d’Argent, immanquables à l’horizon, faisait office de guide immuable pour le petit groupe, la présence de Lillie fut précieuse pour éviter les obstacles, naturels ou non, qui se dressèrent sur leur chemin. Cependant, le malaise de la zoan avait grandi. Après quelques jours à ses côtés, elle fut certaine que la jeune adolescente était bien plus ce qu’elle laissait paraître.  

Comme Lewën, elle ne détourna pas le regard lorsque, arrivée devant la mine recherchée, Lillie retira ses vêtements. Pas du tout gênée par la nudité de la jeune fille, elle observa avec fascination celle-ci vieillir soudainement sous ses yeux. Était-ce aussi douloureux que lorsqu’elle-même prenait sa forme animale ? Lewën étant sur le qui-vive, Elizawelle posa la main sur son arme, sans la sortir toutefois. Elle ferma les yeux un instant, et une ombre sombre prit forme à ses côtés. À peine apparu, le jaguar de l’ombre partie comme une flèche, faisant office d’éclaireur.

– Pourquoi as-tu menti ? demanda la zoanthrope, sur ses gardes. Que nous as-tu caché d'autre ?

Le jaguar ne détectait aucune présence inhabituelle dans les environs et les dernières traces de passage remontaient à plusieurs semaines. Cependant, la pluie ne facilitait pas le pistage et l’aventurière ne pouvait pas être certaine qu’ils n’étaient pas bêtement tombés dans un guet-apens. Pourquoi cette femme avait-elle caché sa véritable identité ? Quel but l’avait amené à les aider à traverser le pays jusqu’à cet endroit isolé et dangereux ? Le jaguar était revenu à proximité, tapi hors de vue, prêt à bondir. Cependant, si elle était seule, alors sans doute ne leur voulait-elle aucun mal. Après tout, elle était loin de se trouver en position de force.  


Dernière édition par Elizawelle Flatterand le Mar 30 Mai - 20:24, édité 1 fois
Ven 19 Mai - 15:41

Elle ne montra pas le moindre signe d'hostilité, finissant simplement de se rhabiller. L'arme pointée sur elle ne pouvait l'empêcher de bouger. Elle fit un pas de plus vers ses compagnons avant de s'immobiliser. La chaleur revenait peu à peu au bout de ses doigts. Elle secoua la tête, levant devant elle ses deux mains ouvertes en signe d'apaisement. Elle pensait ne rien risquer, maintenant qu'ils étaient tous les trois ici. Elle avait eu le temps, durant le trajet, de laisse traîner ses oreilles indiscrètes pour en apprendre plus sur le couple qu'elle guidait à travers les monts d'Argent. Il était surtout question pour Lillie de s'assurer que ceux-ci n’œuvraient pas directement pour Opale ou pour le Roi Dynaste. Elle regarda fureter le jaguar du coin de l’œil, essayant de ne rien trahir de sa surprise : elle n'avait encore jamais rencontré de zoanthrope.

- Vous pouvez baisser votre arme... Et rappeler votre... Animal ? Hésita-t-elle un moment. Nous ne sommes pas suivis. Croyez-moi, si j'avais voulu vous nuire, je l'aurais fait dès la sortie de Xandrie, sans risquer de venir me peler les miches ici. Peut-on faire les présentations à l'abri ?

Elle pointa du doigt l'entrée de la mine, où un chariot gisait froidement à quelques centimètres de rails gelés. Sans vraiment attendre de réponse, elle recula sans tourner le dos à ses compagnons. Une fois entre les parois luisantes de la mine, ses muscles se relâchèrent un à un. Après des jours de harcèlement, le vent avait décidé de ne pas s’engouffrer avec eux dans les entrailles de la montagne.  Le froid mordant avait fait place à l'humidité latente d'un lieu que n'importe quel être raisonnable aurait fui sitôt sa découverte. Une main toujours tendue devant elle, elle se baissa pour poser son arme au sol.

- Je n'ai pas tant menti, tout compte fait. Je m'appelle véritablement Lillie. Je vous ai effectivement guidés jusqu'ici. Mais je ne suis venu chercher personne. Considérez-moi comme... Une aventurière, moi aussi. Mais à mon compte. Cette mine peut renfermer des informations essentielles pour... Le bien du plus grand nombre.

Elle se contenta de sourire. Il aurait été imprudent qu'elle en dévoile trop dès la première interrogation. Ses vis à vis avaient beau être des aventuriers, rien ne les empêcheraient de la trahir dès leur retour à Xandrie. Elle se permit enfin de se retourner. L'étroit tunnel d'entrée de la mine débouchait sur une première salle plus vaste, antichambre des salles aux trésors de la montagne. L'eau s'infiltrait par toutes les fissures, ruisselaient dans une mélopée triste, larmes d'un géant de pierre qui aurait sans doute préféré reposer loin des affaires des Hommes.

Et maintenant, la question à cent mille astras :comment allumer un feu dans une flaque d'eau... ?
Lun 29 Mai - 0:13

Les mines englouties part. 1

Avec Elizawelle Flatterand et Lillie Moynihan



Une ombre le surprit. Le félin d’Elizawelle se faufilait sous le déluge en quête d’âmes perdues, ou plutôt, cachées. Il comprit que sa partenaire était à la recherche des complices de celle qui leur faisait face. Il n’avait jamais tué, blessé oui. Il ne cilla pas, son arme ne tremblait pas entre ses doigts. Il attendait le moindre signe de menace pour se défendre. Il savait exactement où tirer pour neutraliser sans ôter la vie. Tout dépendrait de la vivacité de son adversaire, tout dépendrait de sa réaction.

Elle ne se fit pas menaçante, au contraire, et les invita à s’abriter pour mieux discuter. Lewën baissa perceptiblement son canon et lui fit signe de marcher en tête. Il veillait sur chacun de ses gestes, un retournement de situation était si vite arrivé … Il sentit toute l’attention - pour ne pas dire la tension - qu’Elizawelle portait à l’inconnue : Lillie. Son explication, bien trop simpliste, ne tenait pas la route. Pour le bien du plus grand nombre. Elle maniait les mots avec dextérité, elle avait raison, elle n’avait pas menti. Pas directement. Plutôt par omission. L’heure n’était pas à la tergiversation, il fallait éclairer les lieux pour pouvoir y progresser comme le suggérait la "vieille adolescente". L’homme fit glisser son sac détrempé de son épaule sur le côté pour y attraper une lampe pigeon - à essence - vestige de sa vie d’Epistote. Il eut du mal à allumer la mèche grâce à son briquet amadou, lorsque celle-ci s'embrasa, un éclairage de faible portance balaya les parois humides de la mine. Le matériel d‘Elizawelle fut un tant soit peu plus efficace.
Il y avait bien des tubes suspendus aux plafonniers, d’anciennes lampes qui devaient fonctionner au myste. Éteints. Certains étaient brisés. Instabilité de la matière convoitée ou événements externes ?

L’eau dévalait la pente du sol, les empêchant de voir, malgré leur matériel, où ils mettaient les pieds.

-  Si Madame l’aventurière veut bien nous ouvrir la marche. ironisa le médecin d’un ton plat. Mieux valait la garder à l'œil.

Ils étaient venus enquêter sur le dérèglement climatique … Ils n’allaient pas être déçus. Le myste en était-il à l’origine ? Une étincelle d’excitation illumina le regard de Lewën qui s’approchait, à sa grande curiosité, d’une nouvelle forme de la Brume, peut-être trouverait-il d’autres réponses à son expérience précédente des raffineries.
Il sentait sous son pied valide les rails qui permettaient aux chariots d’être transportés à travers la mine. Les gouttes tombaient de toutes parts se répandant en échos qui les devançaient. Il se stoppa net. Derrière lui, Elizawelle ouvrit plus encore sa conscience pour apercevoir ce qui avait ralentit ainsi son compagnon d’infortune.

- Lewën ? soufflat-elle doucement toujours à la recherche de l’invisible.

Lillie se retourna pour observer l’homme à la jambe tressautante. Voyez-vous, c’est en perdant un sens qu’on appréhende toute son utilité. Sans son pied, l’amputé ne pouvait sentir où il posait sa prothèse, et encore moins ce qui la bloquait. Il ne se passait rien de plus que ce simple fait : il s’était coincé le pied inerte.
Il n’eut pas le temps de se pencher, gêné par la lampe dans une main et son sac sur l’autre épaule. L’inconnue plongea ses mains dans l’eau noire pour lui attraper la cheville à travers la botte de cuir qui cachait son handicape. Il ne sentit pas ses mains enserrer la tige de métal, par contre son moignon éprouva la force qu’elle mis pour le décoincer. Le rail avait été brisé, son pied mal assuré avait stoppé sa course entre les deux glissières abîmées.

- Vous êtes blessée. constata-t-il en voyant le sang couler des mains de Lillie.

Il lui tendit sa main gantée pour l’aider à se relever.

- Laissez-moi vous soigner ça, ce sera rapide. Evitons que  ça s’infecte.

Après avoir remis sa lanterne à la féline Elizawelle, il retira son gant pour caresser la mousse qui avait poussé dans les interstices des roches. Celle-ci se rabougri à son contact avant de noircir. Il les vida de leur énergie vitale grâce au don de sa Nebula qui s’agita, énergie qu’il concentra dans sa paume. Il n’en fallait pas plus pour refermer l’éraflure de la femme.

- Et merci pour votre aide. finit-il par admettre dans un mélange d’échec et de retenue. Elle venait de créer une faille dans sa méfiance.

Le médecin acceptait son handicap, mais pas que celui-ci puisse ralentir la mission. Il fut reconnaissant encore lorsque la femme changea de sujet sans s’appesantir sur l’évènement, montrant un objet qu’elle avait décoincé en même temps que son pied. Il le prit de sa main nue et fut absorbé par son histoire. Le cristal de cognition échappa à son contrôle et le pouvoir le traversa, agitant plus encore sa Nebula.

Le chaos régnait, la cartouche était agitée dans tous les sens. La tension de l’évènement était imprégnée dans sa matière. Un soubresaut de trop la fit sursauter du chariot, un mouvement trop brusque pour qu’elle reste intact. Le superfluide qu’elle abritait se libéra dans une déflagration, ajoutant au tumulte ambiant plus d'incohérences encore.

Lewën relâcha le réceptacle, reprenant une longue inspiration. Ce n’était pas la première fois que des bribes de vie, des instants d'existence se révélaient à lui. Il perdait alors toute consistance, il n’était plus lui, plus là. Son corps était en pause, ses poumons aussi.

- Cette capsule contenait du myste. Il régnait une ambiance … chaotique, lorsqu'elle a explosé au sol. Le rail n’a pas dû résister à la puissance de la déflagration. annonça-t-il après avoir repris son souffle.

Il remit son gant avec hâte et récupéra l’éclairage de fortune, invitant d’un regard déterminé à poursuivre la balade. Bientôt, la galerie se séparerait en plusieurs possibilités.


Dernière édition par Lewën Digo le Sam 8 Juil - 15:52, édité 1 fois
Mar 30 Mai - 20:23

Partie I
Les mines englouties

Ft. Lewën Digo et Lillie Moynihan


Elizawelle n’était pas en confiance. La gamine qui les avait accompagnés était bien trop éloquente, connaissait beaucoup trop bien le pays de Xandrie pour n’être qu’une enfant de mineur. À présent, un nouveau corps leur faisait face. Était-il réel ? N’était-ce pas encore qu’un subterfuge ? Cette Lillie leur cachait encore bien trop d’informations et ses réponses n’avaient pas été très satisfaisantes. Que voulait-elle dire par « le bien du plus grand nombre » ? Les atrocités commises sous ce prétexte ne manquaient pas : ça n’avait rien d’un gage de bonté. Cependant, elle ne semblait pas non plus être malhonnête et Elizawelle avait depuis longtemps compris qu’il valait parfois mieux ne pas tout savoir. Par prudence, le jaguar s’avança vers elle, la reniflant prudemment, guettant sa réaction. La zoan ignorait à quel point ce type de pouvoir pouvait perturber son odorat, mais elle souhaitait quand même tenter de percevoir les subtils signaux qui pouvaient se cacher derrière l’odeur de chien mouillé qu’ils dégageaient tous. Satisfaite des informations qui lui parvinrent, la zoan hocha la tête. Aussitôt, comme s’il n’avait jamais existé, le félin disparut.  

Ils pénétrèrent dans la grotte, non sans espoir de s’y mettre au sec. La situation semblait d’ailleurs irriter Lillie. Celle-ci savait-elle dans quoi elle s’embarquait à les suivre dans cette mine désaffectée ? Malheureusement, même si la pluie ne les atteignait plus, les parois trempées de la grotte ou s’infiltrait l’eau en quantité impressionnante accentuaient l’humidité qui leur collait à la peau. De plus, tout indiquait qu’ils devraient rentrer dans l’eau. Grimaçant, Elizawelle sortit de son sac une lampe à carbure au myste et y ajouta un peu d’eau avant de l’allumer, éclairant ainsi la grotte sur un large rayon. Elle adressa un sourire moqueur à Lewën et sa pauvre lampe pigeon, bien moins efficace que le matériel qu’elle possédait. Comme suggéré par ce dernier, elle laissa Lillie passer devant et ils progressèrent prudemment, veillant à ne pas se laisser emporter par le courant qui se précipitait vers les profondeurs des mines.

Quelque chose dérangeait la zoan, un instinct animal qui la prévenait que quelque chose ici n’était pas normal. Malgré l’attention qu’elle portait aux alentours, Elizawelle n’arriva pas à mettre le doigt sur ce qui clochait. L’arrêt soudain de Lewën lui fit toutefois oublier ses intuitions et il lui fallut une poignée de secondes pour qu’elle soit en mesure de comprendre ce qui arrivait. L’aventurière ne fut pas aussi rapide que Lillie qui n’hésita pas une seconde pour secourir leur compagnon. Visiblement, celle-ci savait faire preuve d’aplomb ! Elle n’avait pas hésité à plonger pour dégager la prothèse de Lewën. Un mince sourire étira les lèvres de la jeune femme. Cette xandrienne pourrait peut-être leur être utile, tout compte fait. Sans hésitation, faisant preuve de cette douceur qui transformait parfois le sérieux de son visage, il soigna la blessure de son pouvoir si particulier. Dès qu’il eut accompli sa tâche, il s’attarda sur l’objet étrange que Lillie avait remonté en même temps que son sauvetage.  

Aussitôt qu’il le toucha, Lewën se figea dans une expression étrange. Que se passait-il ? Questionnant l’autre femme du regard, Eliza veilla d’un œil à ce que son ami ne perde pas pied, ses mains occupées par les deux lampes qu’elle tenait toujours. Lorsque sa respiration reprit, Elizawelle se remit à respirer elle aussi, partagée entre l’inquiétude et le soulagement. L’épistote partagea avec eux l’origine de l’objet : ce n’était rien de plus qu’un morceau de lampe au myste, éclaté dans de mystérieuses circonstances. Comment pouvait-il savoir cela ? Elle échangea avec lui un regard interrogateur. Ils n’avaient toutefois pas le temps de s’attarder davantage : l’eau forçait sur leurs jambes et ils devaient trouver un moyen de sortir rapidement de ce courant s’ils ne voulaient pas tomber d’épuisement.  

Ils continuèrent donc à avancer, redoublant d’attention pour ne pas se prendre les pieds. Au bout de longues minutes, la lueur de leurs lampes dessina un embranchement. Comment choisir ou aller ? L’eau s’engouffrait dans l’un des tunnels, le submergeant tellement qu’il en était impraticable. Cela n’en éliminait cependant qu’un. Pendant plusieurs minutes, le trio chercha à déterminer quel tunnel prendre, cherchant des indices dans ce qui pouvait se trouver autour d’eux. Il était hors de question de se séparer : ils n’avaient pas assez confiance les uns envers les autres pour cela. Les rails submergés et les rangées de lampes mystiques éclatées ne leur apportaient que peu d’informations. C’est alors qu’un éclat métallique attira l’attention de la zoan.  

– Regardez, dit-elle en s’avançant vers l’une des parois.

Elle souleva un œillet métallique, visiblement là pour qu’on puisse y passer une corde. Étrangement, il semblait neuf. Aucune rouille ne s’y était formée, aucune algue ne s’y était agglutinée. Avec la flotte qui se déversait dans ce tunnel, cela était presque impossible. Ces mines n’étaient-elles pas censées être abandonnées ? Ce bout de métal, pourtant, semblait bien récent. Elizawelle se pencha, reniflant le métal : c’était bien du fer. Elle lança un regard éloquent à ses compagnons. Il leur faudrait être prudents, car ces mines n’étaient certainement pas aussi vides que ce qu’on avait bien voulu leur faire croire...
Mer 31 Mai - 19:31

Vous entendez ce bruit ? Non, vous ne pouvez pas : l'eau fait un boucan de tous les diables. Une bombe pourrait se déclencher sans vous inquiéter : c'est dire à quel point vos vies sont en parfaite sécurité. C'est régulier, presque doux comparé au vacarme de l'élément colérique, une vibration rebondissant le long des parois. Une vibration ? Un grognement ? Un crissement, peut-être ??? Qu'importe, il ne parvient pas encore à vos oreilles, ce bruit. Pour l'heure, concentrez vous sur ce qui ne devrait pas être. Ce qui dénote dans le paysage : comme cet œillet, oui ! Et puis les autres aussi, ceux incrustés le long de la paroi. Un, deux... Trois. Il y a trois tunnels dans ce cas, où pendouillent des œillets, là, comme ça, à la vue de tous, comme pour narguer les étrangers, loger des questions dans les esprits les plus observateurs. Des œillets, c'est bien joli, ça brille à la lumière, oui, mais sans corde, ça n'sert pas à grand chose, n'est-ce pas ?

En parlant de corde : c'en est pas une, qui se fait balloter par l'eau, là-bas ? Mais, si, le truc qui ressemble à un serpent, à cinq mètres de vous ! Invitation à suivre cette artère, ou mise en garde contre la force des courants ? Oh, vous pouvez tergiverser là-dessus pendant des heures, si ça vous amuse, mais puisque vous êtes déjà trempés, autant vous jeter à l'eau : tous les chemins mènent à Dainsbourg, et la vérité se cache sans l'ombre d'un doute au bout d'un de ces tunnels !

Prenez garde cependant ; il est fort probable que la majeure partie de votre expédition mette à l'épreuve votre maîtrise de la brasse, ou du dos crawlé.
Sam 3 Juin - 8:35

Elle regrettait presque le froid désormais. Ses vêtements lui collaient à la peau pour en former une seconde, plus épaisse, plus lourde et bien plus désagréable. Elle sentait la roche mouillée et l'humidité ambiante semblait vouloir s'inviter dans ses poumons à la moindre de ses inspirations. Lillie n'avait pas hésité une seule seconde à venir en aide à Lewën. Ce n'était pas tant par calcul, ni même pour prouver sa bonne foi à ses camarades, mais principalement parce qu'elle avait le vilain pressentiment qu'ils ne seraient bientôt pas trop de trois pour percer le mystère de cette mine. Sans compter qu'elle s'imaginait mal laisser mourir qui que ce soit dans un endroit aussi lugubre. Elle avait ouvert de gros yeux ronds quand elle avait vu le pouvoir du médecin à l'oeuvre. Ainsi donc, leur petite troupe se ressemblait plus que ce qu'elle avait pensé en premier lieu.

- Vous voyez, vous nous cachez vous aussi des choses. Ce n'est pas pour autant que c'est une mauvaise surprise. Avait-elle dit avec un clin d'oeil avant que la respiration du médecin ne se fige. Le regard d'Elizawelle lui confirma que ce n'était pas une réaction normale. Elle écouta les explications du médecin, troublée de découvrir qu'il avait finalement encore une réserve de surprises à leur dévoiler.

Elle avait beau être habituée à vivre de nuit, Lillie n'était pas nyctalope pour un astra. La progression dans ces tunnels inondés était lente et particulièrement épuisante. Chaque pas forçait le corps à lutter contre la pression de l'eau et l'exemple de Lewën sonnait comme un avertissement. Le moindre faux pas pourrait être le dernier. Rapidement après la découverte de l'oeillet, Lillie s'avança. Elle ne savait rien de cet endroit, mais elle savait qu'il fallait de toute façon progresser ou rebrousser chemin et repartir les mains vides.

- Je vais descendre la première. Vous pouvez m'assurer ?
- J'ai ce qu'il faut, oui. Affirma Elizawelle en attrapant son sac.

Lillie n'avait pas remarqué le nascent de spatiokinésie qui y était attaché, aussi fut-elle toute étonnée de voir sortir d'un si petit sac autant de choses. Une fois la corde correctement accrochée à sa taille et glissante dans l'oeillet, elle regarda ses compagnons une dernière fois. Quel étrange sensation, de confier sa vie à de parfaits inconnus.

- Si jamais ma voix se perd, que vous ne m'entendez plus, fiez-vous à la corde. Si je tire... Deux fois brèves, c'est que tout va bien. Trois fois, c'est que ça va pas du tout.

Sa progression fut d'abord lente mais pas si différente de leur exploration précédente, quoi que l'eau montait maintenant beaucoup plus rapidement. Le tunnel marqua soudain une violente inflexion, rendant la marche de Lillie bien plus périlleuse. La corde était toujours tendue derrière elle, flottant comme un serpent clair dans l'eau tumultueuse. Elle avait toutes les peines du monde à poser ses mains sur la roche. Elle descendait désormais très lentement, assurant chacun de ses pas, cherchant ses prises pendant parfois de longues secondes. Mais ce tunnel semblait ne pas avoir de fin, et le vacarme de l'eau couvrait le son de sa voix. Ses compagnons ne l'entendraient plus. Elle crut pourtant, l'espace d'un instant, déceler un bruit qui n'avait rien à voir avec le torrent qui rugissait près d'elle. Ce fut rapide, presque rêvé, mais largement assez inquiétant pour la déconcentrer. Son pied manqua l'encoche qu'il visait et Lillie chuta dans le vide.

Sa chute fut brève : son corps toucha l'eau accumulée là. La corde se tendit net. Pas deux coups, pas trois coups, mais un seul, très violent. Elle s'efforça de rester à flots, dans le noir et le bruit.
Jeu 8 Juin - 17:48

Les mines englouties part. 1

Avec Elizawelle Flatterand et Lillie Moynihan



Lewën gardait un œil à l'œillet, s’assurant que celui-ci restait bien ancré à la paroie sous le poids plume de Lillie.

- D’autres personnes ont tenté l’aventure avant nous, dit-il à l’attention d’Elizawelle qui tenait avec lui la corde, j’espère que la nôtre se finira mieux. Insinua-t-il en montrant du menton la corde précédente cassée, ballotant au fil du courant.

A peine eut-il formulé sa pensée à haute voix que le lien se mit à glisser à toute vitesse entre leurs mains. D’un même réflexe les deux aventuriers bloquèrent la chute libre de Lillie au péril de leur peau. Lewën élima ses gants, Elizawelle son épiderme.

- Ça va ? demanda-t-il à la féline qui hocha la tête, l’adrénaline faisant battre leur cœur à tout va et effaçant la douleur.

Faisant glisser le cordage autour de sa taille pour s’approcher de la descente Lewën cria à l’attention de Lillie :

-  Est-ce que tout va bien ?

Le tumulte de l’eau les empêchait de bien se comprendre, aussi n’entendirent-ils pas le “Tout baigne !” qui aurait pu les faire sourire.

Elizawelle réagit aussitôt, prenant les commandes et annonça la marche à suivre. On sentait bien que la demoiselle avait l’habitude de ce genre de mésaventure et son sang-froid rivalisait avec celui du médecin qui l’écouta avec attention. La nature Zoan de sa partenaire les avait poussait à la laisser descendre avant lui et sa jambe folle. Il l’assurerait comme ils l’avaient fait pour Lillie … en espérant que ça ne se terminerait pas d’un seul coup net cette fois-ci. La descente de la brune fut plus rapide, la corde enroulée autour de sa taille glisser facilement. Deux coups brefs se firent sentir après un moment. Elizawelle avait atteint le fond sans difficulté apparente. A son tour … La manœuvre était moins sûre seul, l'œillet n’avait pas bougé, il n’avait plus qu’à suivre le mouvement. Son poids n’était pas un gros problème, peut-être son bagage l’alourdirait davantage mais le système avait fait ses preuves deux fois d'affilée. Ne dit-on pas jamais deux sans trois ?

Les parois étaient glissantes, Lewën descendit prudemment, gêné par son sac qui ballottait sur son épaule et sa jambe de bois pendant dans le vide. Il compensait son membre manquant par la force de ses bras. Ne pas savoir ce qu’il se passait en bas le préoccupait, il restait alerte et la tête froide, paré à affronter toutes les éventualités. Après un temps qui lui parut s'étendre, il finit par entendre des voix plutôt féminines, brouillées par le tumulte ambiant de l’eau. Ces dames devaient discuter, le voilà un tant soit peu rassuré.
Appuyé contre une paroi, il sentit la corde se détendre, un peu trop. Un choc fit trembler la mine, il n’en fallait guère plus pour que le corps de l’homme ne se détache du mur et s’écroule. Il fut accueillit une dizaine de mètres plus bas par la morsure froide de l’eau qui s’insinua dans les plus petits interstices de son corps. S’il y avait seulement un endroit sec, cette fois c’était fichu, il était trempé jusqu’à l’os. Au moins l’élément lui avait permis d’amortir sa chute. Deux mains se tendirent à lui pour l’aider à se relever, celle de Lillie qu’il fut heureux de retrouver en un seul morceau et celle d’Elizawelle dont le regard enflammé sondait la moindre blessure que sa cascade aurait pu lui occasionner.

Il ramassa le bout de corde qui l’avait précédé, elle semblait sectionnée …

- Nous n’avons plus le choix, il va nous falloir trouver une autre sortie … s’inquiéta-t-il en scrutant la tâche de lumière d’où ils venaient.

Lillie commença à s’agiter à côté d’eux, passant d’une jambe sur l’autre.

- Vous ne trouvez pas que le courant est de plus en plus fort ?

Lewën remarqua alors que la pression de l’eau autour de sa jambe était plus important que ce que le déluge pouvait apporter. Il n’eut pas le temps de répondre que la femme à la chevelure rose se fit happer en arrière, ses mains s’accrochant à celle tendue par un réflexe du médecin qui ne pu l’empêcher d’être emporter, seul son gant resta dans la main de l'inconnue alors qu'il glissait avec elle …


Dernière édition par Lewën Digo le Sam 8 Juil - 15:47, édité 3 fois
Mar 13 Juin - 2:08

Partie I
Les mines englouties

Ft. Lewën Digo et Lillie Moynihan


Rien ne se déroula comme prévu.  

Elle s’y attendait maintenant que la Brume s’était mêlée de la partie, se mêlant à l’eau qui courait sur le sol. Pourtant, celle-ci n’avait pas eu besoin d’intervenir pour que les tunnels à eux seuls se chargent de leur faire subir une bonne frousse. Lillie était descendue la première dans le passage et avait déjà disparu depuis de longues minutes lorsque la corde se tendit brusquement, leur faisant craindre le pire. Vu le poids qu’ils devaient retenir, quelque chose avait dû arriver à la jeune femme. Celle-ci ne donnait plus signe de vie, ce qui ne pouvait pas être une bonne nouvelle. Avait-elle simplement été surprise par le courant ? S’était-elle cogné la tête durant la descente ? Un destin tragique l’attendait peut-être : il fallait agir rapidement.  

Elizawelle prit quelques secondes pour éteindre sa lampe à myste, la faisant rapidement disparaître dans sa dimension de poche. Puis, c’est avec aplomb qu’elle confia sa vie au médecin, lui remettant avec gravité la corde qu’elle avait attachée à sa taille. Malgré la lueur orageuse qui leur parvenait toujours de l’extérieur, le noir semblait devenir plus oppressant. Elle jeta un dernier regard vers l’entrée de la grotte, consciente du merdier dans lequel elle risquait de mettre les pieds. Elle devait maintenant s’enfoncer dans les entrailles de la Terre, là où aucune lumière ne leur parviendrait plus. Un doute s’instilla en elle. Reverrait-elle l’immensité du ciel ? Elle échangea un regard avec Lewën, s’interdit de tergiverser plus longtemps.

Malgré le froid, elle retira ses bottes. Pieds et mains devenus pattes griffues, elle commença prudemment sa descente, contrant de son mieux la puissance de l’eau qui tentait de l’emporter. Il faisait maintenant noir, si noir qu’elle n’arrivait plus à voir la paroi ou elle posait les pattes. C’est donc avec une lenteur exacerbée par l’incertitude du destin qui avait été réservé à Lillie qu’Elizawelle assura chacun de ses mouvements. Elle suivit la corde tendue qui avait servi à leur compagne et remercia ses griffes lorsque le tunnel fléchit d’un coup. Comprenant ce qui avait dû arriver à Lillie, elle cria son nom et fut soulagée d’entendre sa voix derrière le vacarme de l’eau. Lentement, elle mit plus de poids sur la corde pour continuer sa progression, s’assurant qu’en haut, Lewën, qui n’était plus en mesure de l’entendre, serait en mesure de supporter ce poids.  

Quelques minutes plus tard, elle l’avait rejoint. Bien ancrée grâce à ses griffes, elle aida Lillie à se libérer de sa corde et elles parvinrent ensemble à prendre pied tout au fond. Elizawelle put alors envoyer le signal à Lewën, qui débuta sa descente. L’aventurière était toutefois inquiète et demeura sur le qui-vive tout au long de l’avancée du médecin, qui s’aventurait dans ce dangereux tunnel avec bien plus de désavantages que Lillie ou elle. Les minutes s’étirèrent. Immobile et aveugle, Elizawelle engagea la discussion avec l’autre femme, espérant vaincre l’angoisse qui montait dans sa gorge lorsqu’elle pensait à l’endroit où ils se trouvaient. Soudain, un bruit assourdissant retentit et une seconde plus tard, le corps de Lewën s’effondra à leurs pieds. Heureusement, malgré le choc, il allait bien.  

Tout aurait pu continuer sans encombre si le courant n’avait pas subitement changé : dès que les paroles de Lillie franchirent ses lèvres, les griffes de la zoan s’enfoncèrent dans le sol. Toutefois, elle fut incapable d’empêcher l’autre femme de disparaître brusquement avec le médecin et son cri résonna inutilement contre les parois. Constatant que la force du courant ne faiblissait pas et réalisant qu’il ne lui restait pas d’autres options, Elizawelle décida de se laisser délibérément emporter par le courant pour rejoindre ses compagnons. Pied d’abord, bras croisés sur la poitrine, elle se laissa glisser dans l’eau, rentrant le menton pour éviter de se cogner la tête sur une roche. Le passage était cependant assez lisse et elle fila à toute allure, emportée comme une flèche par le courant.

Elle crut le passage sans fin lorsqu’il se termina brusquement, projetant la zoan dans le vide. Elle vola une seconde, certaine qu’elle allait mourir, avant d’entrer à nouveau en contact avec de l’eau. Son corps plongea profondément dans la noirceur d’un lac souterrain et il lui fallut de longues secondes avant d’être capable de savoir où se situait la surface. Elle nagea avec force et émergea dans une caverne au haut plafond. Lewën et Lillie ne l’avaient précédé que d’une poignée de seconde et ils se trouvaient déjà à ses côtés lorsqu’elle prit une bouffée d’air. Dans l’eau comme à la surface, une légère Brume stagnait, toujours aussi inquiétante, toujours aussi imprévisible. Tout en haut, si haut qu’il ne semblait pas plus gros qu’un point, un puits de lumière apportait un peu de luminosité. C’était cependant surtout les vers luisants qui étoilaient les parois qui lui permirent de se rendre compte de l’immensité de l’endroit dans lequel ils se trouvaient.  

– Vous allez bien ? demanda-t-elle en scrutant les visages de ses compagnons, prête à les soutenir s’ils n’étaient pas en état de nager.

La salle était immense, plus encore que ce qu’Elizawelle aurait cru pouvoir trouver dans ces profondeurs. Il s’agissait d’une cavité naturelle à n’en point douter : les parois étaient brutes, sans traces de forage ou de dynamitage, parsemé de longues stalactites. Cependant, sur les parois, comme ça avait été le cas plus haut, des lignes d’un éclairage vétuste prouvaient qu’ils se trouvaient toujours sur la trace des mineurs. Tentant de se repérer en regardant plus attentivement autour d’elle, Elizawelle réalisa qu’elle n’avait aucun moyen de savoir de quel endroit elle venait. Tout autour d’eux, de nombreux tunnels inondés se déversaient dans le lac en tout autant de cascades. Il y en avait à toutes les hauteurs, dans toutes les directions. Aucun indice ne se présenta à elle.  

Les malchances s’enchainaient pour le petit groupe qui se retrouverait bien vite à bout de force s’ils ne trouvaient pas rapidement un endroit où se reposer. Ils avaient marché toute la journée et l’entrée dans ce réseau souterrain avait eu raison de leurs dernières énergies. Les voilà maintenant au milieu d’un lac aux dimensions incertaines, à devoir nager dans cette étendue qui aurait très bien pu être toxique ou remplie de prédateurs. Autour d’eux, rien n’aurait pu permettre l’utilisation d’un pouvoir d’absorption énergétique : ni végétation, ni animaux, ce qui était sans doute préférable : avec la Brume qui s’infiltrait partout, bien pire pouvait encore leur tomber dessus.  
Mer 14 Juin - 9:46

Si elle avait été soulagée d'avoir été rapidement rejointe par ses deux camarades, Lilli n'était pas tranquille pour autant. Le pistolet qu'elle portait à la ceinture y était toujours harnaché mais une partie de son maigre équipement avait disparu sous les eaux sombres de la cavité. Elle ne retrouverait jamais son couteau ni son briquet qui avait de toute façon perdu toute son utilité ici. Elle sentait l'eau presser contre ses mollets, la forçant à ployer les genoux pour ne pas chuter. La pression s’intensifiait de seconde en seconde, sans qu'elle ne puisse s'accrocher à la paroi poreuse. Elle sentit tout à coup une main – ou ce qui semblait en être une – attraper sa cheville et la tirer vers le bas avec une force prodigieuse. Dans un réflexe de survie primaire, elle parvint à arracher le gant de Lewën avant de disparaître à nouveau dans l'eau trouble de la mine.

Sa tête heurta le sol. Son corps filait à toute vitesse dans un conduit étroit où elle ne pouvait même pas battre des pieds pour faire lâcher prise à celui qui la tenait. Le choc initial la contraignit à prendre une grande inspiration. Elle n'avala que de l'eau noirâtre qui vint lui remplir les poumons. Lillie se résigna l'espace d'un instant. C'était la mort qui l'attendait.

Un instant plus tard, son corps endolori se retrouva propulsé dans les airs avant de toucher une nouvelle fois l'eau. Plus rien ne tenait son pied. Tout était à nouveau calme. Jusqu'à ce que deux bruits distincts mais rapprochés lui firent comprendre que ses compagnons avaient suivi sa trace.

- Vous allez bien ?
- Ma tête a frappé le sol, ça saigne.
- Je m'en occuperai une fois la rive regagnée.
- Mais attendez... C'était pas le courant qui m'a emportée. On m'a attrapé le pied. Il y a quelqu'un, ou quelque chose ici. Restez sur vos gardes.

La luminosité toute relative de la caverne permit au petit groupe de trouver un escarpement rocheux assez grand pour qu'il s'y installe. Le médecin s'occupa de la blessure de Lillie qui le remercia à nouveau, fascinée par le pouvoir qu'il détenait. La zoanthrope, toujours sur ses gardes, scrutait la surface de l'eau.

- Je ne vois rien, dit-elle, anxieuse, presque comme si elle aurait préféré que la menace se montre au grand jour sans se faire attendre.

Mais celle-ci n'en fit rien. Les gouttes d'eau qui avaient patiemment ruisselé le long de la paroi la plus proche s'étaient agrégées en une flaque opaque. Et de cette dernière naquit un élémentaire visqueux. C'était une gigantesque bulle d'eau de trois mètres de haut qui tentait tant bien que mal d'imiter les traits d'un humain. De son corps émergeaient deux bras aux mains informes et aux doigts trop longs. Sans aucune logique, un semblant de visage se dessinait en son sein, comme prisonnier d'une membrane aqueuse. Il n'avait rien d'humain, si ce n'est cet aspect horriblement figé que leur donne la mort. Prisonnier de sa caverne, si loin de toute autre forme de vie, cet élémentaire n'avait manifestement personne d'autre à prendre pour modèle qu'un pauvre mineur de Myste. Et l'imitation était pour le moins effrayante.

- Putain de... Réussit à hurler Lillie, faisant réagir Lewën avant que le monstre ne puisse l'attraper.

Elle porta la main à sa ceinture et attrape son revolver, mettant en joug l'élémentaire. Eliza l'avait devancée de quelques secondes, mais elle faisait face au même problème : la faible luminosité du lieu conjuguée à son exiguïté rendait l'utilisation d 'armes à feu pour le moins compliquée.
Mer 21 Juin - 19:08

Les mines englouties part. 1

Avec Elizawelle Flatterand et Lillie Moynihan



Le coup de feu résonna, se percuta contre les parois pour revenir par vague d'échos aux oreilles maintenant sifflantes du médecin.

Le visage de l'élémentaire, anormalement située au centre du corps, se brouilla en une grimace d'horreur. L'eau qui le composait avait été perforée d'un trou lorsque la balle l'avait traversée, une légère vapeur d'évaporation s'en était échappée quelques secondes avant qu'il ne se referma.

Un gargouillis d'eau s'échappa de l'être qui plongea aussitôt dans le lac, créant une vague de rage qui emporta sur quelques mètres nos compères, ne nouveau dans le lac. Un sillon se forma, fonçant droit sur Lillie. Sans réfléchir Lewën nagea dans sa direction, il allait beaucoup moins vite que l'élémentaire mais était beaucoup plus proche. Il agrippa la main de la femme pour la tirer en arrière, la créature plongea à un mètre de lui. A peine l'homme se tourna-t-il vers sa partenaire qu'une force l'emporta par le fond.

Le sang battait à ses tempes, la vitesse à laquelle il coulait était vertigineuse, l'élémentaire allait le noyer. Son instinct de survie prit les commandes de son corps et ses mains agrippèrent la poigne compacte de l'eau autour de sa cheville. Sa Nebula s'agita en lui et se réveilla pour ne pas laisser son hôte mourir. Lewën sentit l'énergie vitale passer par ses doigts pour d'insuffler dans tout son être. Un regain qui lui ferait gagner quelques précieuses secondes avant que l'oxygène manquant ne lui fasse perdre conscience.

Affaiblit, sûrement surpris, l'élémentaire relâcha sa prise. Le médecin battit des bras, suivant les bulles qui remontaient à la surface, son visage perça le miroir d'eau, l'air gonfla ses poumons dans une inspiration souveraine. Il sentit une main l'attraper, il s'y cramponna et sa Nebula en extraya la force vitale avant que Lewën, réalisant qu'il s'agissait là de sa partenaire, ne rompit le lien.

- Désolé, haleta-t-il à bout de souffle.

Ils regagnèrent l'escarpement rocheux où ils étaient précédemment, chacun d'eux observant attentivement la surface de l'eau à la recherche de l'élémentaire.

- Je crois que j'ai trouver un moyen de l'affaiblir, annonça l'aventurier, la respiration de nouveau apaisée. Nous devons absorber son énergie Elizawelle. Mais pour ça il faut qu'on arrive à se saisir de lui.

Son regard riva vers Lillie qui l'observait fixement. Sans se connaître une même idée germa dans leur esprit.

- Je serai votre appât.


Dernière édition par Lewën Digo le Sam 8 Juil - 15:46, édité 1 fois
Dim 25 Juin - 13:56

Partie I
Les mines englouties

Ft. Lewën Digo et Lillie Moynihan


Un plan se mettait en place.

L’élémentaire se cachait sous la surface redevenue calme alors que les trois compagnons s’organisaient rapidement. Après s’être assuré que la blessure de Lillie avait bien guéri, Elizawelle chercha dans son sac, retirant des cordes qu’elle fixa à une stalagmite, avant d’en tendre une à chacun de ses compagnons. Ainsi, s’ils se faisaient emporter vers le fond, comme ses deux compagnons l’avaient déjà expérimenté, ils auraient un moyen de s’en sortir.  

Elizawelle serrait avec force son cristal d’absorption énergétique, concentré sur la surface calme du lac. Peu de solutions étaient possibles face à ces êtres nébuleux au corps élémentaire. Comme l’avait démontré Lewën, il ne servait à rien de leur tirer dessus. Pratiquement invulnérables, ils faisaient des adversaires coriaces, qu’ils hantent de vieilles mines ou occupent une cité entière.  

Avec prudence, ils retournèrent dans l’eau. Comme décidé, Lillie mit la première le pied dans la flotte, descendant dans le liquide sombre et froid. Réprimant un frisson, Elizawelle demeura à l’affut, prête à agir. Le plan fonctionna comme prévu : après quelques secondes à faire du surplace, la jeune femme disparue brusquement dans le liquide, comme si on la tirait par la cheville. Cela fut si soudain que s’ils ne s’y étaient pas attendus, ils auraient très bien pu ne rien remarquer.

Cette fois, cependant, elle était attachée. La corde se tendit brusquement et Lewën et elle tirèrent de toutes leurs forces sur la corde pour tenter de ramener la jeune femme à la surface. Cependant, l’élémentaire était coriace et visiblement beaucoup plus puissant qu’eux. À chaque fois qu’ils parvenaient à tirer un peu la corde, elle leur échappait.  

– Elle va manquer d’air ! Nous devons faire vite !

Lewën hocha la tête, lui laissant la corde avant de plonger à son tour. Aux côtés d’Elizawelle, la forme sombre du jaguar apparu, saisissant la corde avec elle pour l’aider à tirer. Concentré sur cette épreuve de force, elle eut à peine conscience du maelstrom qui se formait devant elle. Soudain, la corde se détendit, la force du tourbillon projetant Lillie et l’élémentaire, qui la tenait toujours par la cheville, dans les airs.  

Grâce à un mouvement parfaitement coordonné, Elizawelle et le jaguar les ramenèrent brusquement sur la terre ferme. Aussitôt, le félin sauta sur l’élémentaire pour l’empêcher de bouger. Ayant agrippé sa partenaire par le collet pour éviter qu’elle ne retombe dans le liquide, l’opaline ne fit pas dans la délicatesse et la laissa choisir sur le sol avant de sauter à son tour sur l’élémentaire. Immobilisée par sa part animale, Elizawelle n’eut qu’à poser la main sur son corps pour absorber son énergie aussi rapidement que possible.  

Lorsque l’élémentaire cessa de bouger, vidé de son énergie, il se liquéfia complètement, coulant sur la pierre pour rejoindre le lac. La zoan fit aussitôt disparaître sa part animale et se tourna vers ses compagnons avec un sourire fatigué. Lewën avait déjà regagné le petit escarpement, ainsi Eli tendit la main à Lillie, l’aidant à se relever. Malgré la bataille, elle était maintenant revigorée par l’énergie qu’elle avait absorbée. Le froid, cependant, s’était mêlé de la partie, et elle claquait des dents malgré elle.

– Bien joué, dit-elle, satisfaite.

Lillie n’avait pas hésité une seconde à se porter volontaire pour descendre la première, plus tôt, pas plus qu’elle avait tergiversé avant de se proposer comme appât pour vaincre l’élémentaire. Elle avait non seulement du cran, mais une volonté et un aplomb hors du commun. Eliza ignorait peut-être tout d’elle, mais elle était désormais convaincue qu’ils avaient fait le bon choix en lui permettant de les accompagner.  

Malgré cette victoire, cependant, le plus dur demeurait à venir et Elizawelle savait qu’il ne fallait pas trop vite crier victoire. Après tout, ils n’avaient encore aucune idée de ce qui provoquait ces changements climatiques.  
Jeu 29 Juin - 19:27

Quel trio remarquable vous faîtes ! Travail d'équipe et réactivité ont fait passer l'abomination de vie à trépas — indéfiniment ? Peut-être pas, et nul ne peut se targuer de savoir si cette chose est véritablement solitaire en ces eaux ; mieux vaut ne pas trop traîner... Mais pour aller où ?

Tout autour de vous, de la roche, de l'eau. De l'eau contenue dans de la roche, de la roche recrachant de l'eau. Des tunnels, encore et toujours, et ce bruit de fond, de liquide qui se déverse inlassablement, et résonne sur la paroi. Avec un peu de chance, vous finirez par ne plus y faire attention avant qu'il ne vous tape sur les nerfs, ce bruit. Malgré la fatigue et la descente prochaine d'adrénaline, il faut continuer sur votre lancée : cette certitude s'immisce en vous au moindre glougloutement suspect émanant du lac. Et plusieurs choix — que dis-je, plusieurs trous ! — s'offrent à vous pour cela. Des cavités, encore et toujours, dont l'une, comme celle vous ayant menée ici, disposant d'œillets. Signe incontestable de vie, sans garantie de trouver une âme encore vivante au bout du chemin. Pourtant, il y a quelque chose, encore. Une chose qui titille l'arrière de vos crânes sans que vous ne parveniez tout à fait à mettre le doigt dessus. Et ces satanées cascades, qui vous empêchent de vous concentrer !

En vous approchant du tunnel, cependant, vous ne pourrez que constater qu'à l'inverse de vos corps engourdis par la baignade, l'air s'y fait chaud, et les bouffées soufflant sur vos visages, vous apporte un soupçon d'odeur. Presque imperceptible, tant la chaleur de l'air prend l'ascendant sur tout le reste, et pourtant, elle est là, cette minuscule effluve... Rance ??

Tchac, tchac, tchac, tchac...
Lun 3 Juil - 11:33

L'affrontement avec l'élémentaire avait laissé des traces. Lillie avait regagné la rive en toussotant. Elle n'avait jamais été une grande nageuse, et les trop longues secondes passées sous l'eau l'avaient contrainte à en remplir un rien ses poumons. Elle cracha sur la roche déjà humide, demanda quelques instants pour reprendre son souffle. Elle parvint à féliciter ses camarades du bout des lèvres, blanche comme un linge et les jambes à peine assez solides pour la soutenir. Elle devait de toute façon continuer à avancer. Ses longs doigts arqués sur les parois détrempées, elle avança, laissant plusieurs goulots étroits derrière elle.

- Vous... Vous sentez ça ? Demanda-t-elle en regardant derrière elle.

Les trois aventuriers venaient d'approcher d'un tunnel un rien plus large. Un souffle chaud balaya leurs visages et arrache à une Lillie glacée jusqu'à l'os un frisson qu'elle ne put contenir. Elle passa la tête dans l'ouverture mais ne vit rien. Elle sentit simplement cet air chaud s'insinuer dans ses narines.

- J'suis pas géologue pour un astra, mais m'est avis qu'on devrait pas trouver quelque chose de pareil près d'un lac souterrain. Il faut qu'on aille voir mais je pense pouvoir être la seule à passer pour le moment.

Elle entreprit de rajeunir à nouveau. Elle souffla longuement, ferma les yeux et tâcha de se concentrer. Mais quelque chose n'allait pas. Elle sentait au creux de son ventre un vide étrangement normal. Un vide comme elle n'en avait plus connu depuis sa visite dans les mines Reddington il y a de ça bien longtemps. Elle regarda ses camarades sans pouvoir réprimer une lueur de panique dans les yeux. C'était comme si sa nebula l'avait brusquement quittée. Le combat avec l'élémentaire lui avait coûté bien plus que prévu. Elle secoua la tête vivement et se mit à hurler. Chacun de ses mots se perdirent en échos déchirants dans toute la grotte.

- Putain de merde, allez... C'est quoi ce merdier ?! Reviens, reviens... REVIENS !

Cette-fois, elle n'eut pas le temps de sentir son corps changer. Elle se métamorphosa plusieurs fois en une poignée de secondes, rajeunissant, vieillissant, rajeunissant à nouveau. Sa nebula n'était manifestement pas partie bien loin. Elle s'agitait sous son nombril comme un nouveau né en gestation depuis trop longtemps. Et chacune des transformations arrachait à Lillie des cris de douleur insoutenables. Elle tendit un bras vers le médecin, en proie au plus profond désespoir, persuadée que tous ses os s'apprêtaient à se briser. Dans un de ces réflexes humains qui le caractérisaient si bien, Lewën attrapa le bras de Lillie pour tenter de l'apaiser.

Mais la nebula de la xandrienne était facétieuse et ne comptait plus agir que sur son hôte. Si tôt le contact établi, le corps de Lewën se métamorphosa à son tour. Le grand escogriffe redevint enfant à son tour, non sans quelques cris apeurés. Sa jambe de bois, désormais trop grand pour lui, le fit basculer. Il tomba sur son séant. La malicieuse nébula avait apparemment eu son lot d'amusement pour l'heure. La tempête sous le nombril de Lillie s'apaisa, la laissant elle aussi enfant, essoufflée et déboussolée.

- Je... Je suis désolée ! J'ai pas fait exprès ! Dit-elle en cherchant dans les regards de ses camarades une approbation.
Sam 8 Juil - 15:41

Les mines englouties part. 1

Avec Elizawelle Flatterand et Lillie Moynihan



Quelques minutes de répit, le temps à tout le monde de reprendre souffle et lucidité. Lillie força le respect du médecin. En tête de marche, cette femme dégagé une force qui allait au-delà de l’endurance dont elle faisait preuve. Elle en voulait. Il ne connaîtrait peut-être jamais le passé de cette inconnue mais il était certain d’une chose : les épreuves l’avaient rendue revancharde. Aussi se laissa-t-il guider par elle, emprunt à un malaise intérieur. Le bruit incessant de l’eau commençait à altérer sa perception, à moins que ce ne soit les conduits étroits qui se rétrécissaient, oppressant pas après pas le médecin. Depuis quand était-il devenu claustrophobe ? Se raisonnant, il se concentra sur sa respiration. Sa Nebula s’était éveillée en lui s’agitant passivement. Il la sentait attentive comme si, à travers son corps, elle observait ce qu’il se passait. A moins qu’elle n’ait ressenti ce qui allait se produire ?

Lillie s’apprêtait à se transformer, Lewën la fixa, soucieux du changement que provoquait la Nebula. Y-avait-il un nombre limite de changements supportés par l’organisme ? Au lieu d’assister au don de jouvence, un cri déchira les lieux et leur âme. Fronçant les sourcils le médecin commença à faire un pas quand soudainement le frêle corps qui lui faisait face se brouilla pour rajeunir, se rider, se tirer, grandir, rapetisser … un maelstrom de cellules jeunes et âgées qui se faisaient la guerre, à qui vaincrait sur Lillie. Tendant la main, la femme sans âge souffrait. Il l’attrapa sans réfléchir, comment arrêter le déferlement du temps ?
Il fut traversé par une douleur à vous rompre les os. Un cri de surprise se mua en mutisme, coupé par la souffrance de son propre corps qui se diminuait centimètre après centimètre. Cette fois sa Nebula ne resta plus longtemps inactive et absorba l’énergie qui lui venait en main, celle de Lillie. Cette action stabilisa les deux êtres qui stoppèrent le temps dans un passé corporel qui ne leur appartenait plus.
Une lamentation fluette s’échappa des lèvres du jeune Lewën lorsque, déséquilibré par cette jambe trop grande pour lui, tomba sur son séant pas assez rembourré pour protéger ses os de la roche. La sensation de torture s’évanouit expiration après expiration pour le laisser reprendre ses esprits. Aussitôt Lillie, aussi jeune qu’il l’avait rencontré la première fois, s’excusa, la culpabilité dans le regard.

- Ça va aller ne vous inquiétez pas.

Sa voix était bien trop aigüe à son goût. Il s'agrippa à la roche pour se relever, Elizawelle se précipitant pour lui prêter main forte. Il lui arrivait à peine à la taille. Ses lunettes trop grandes pour son visage gracile étaient tombées, tout était flou. La féline les lui remit sur le bout du nez, il put voir son regard inquiet. Tendant ses bras devant lui pour observer ses mains, il ne put qu’apercevoir des manches trop longues, il était perdu dans son uniforme d’adulte. Debout, le poids des armes à sa ceinture emporta le pantalon au sol, Lewën eut tout juste le temps de retenir son caleçon. Grognant il remit l’étoffe sur ses jambes et serra la ceinture jusqu’à ce que tout tienne en place, faisant un noeud là où il n’y avait plus de trou pour la maintenir. Enlevant sa veste, il retroussa comme il put sa chemise et son pantalon, faisant un noeud sous son moignon, et attrapant à la main ses chaussures de clown.

- Est-ce cela que vous ressentez toutes deux lorsque vous changez votre corps ?

Reprenant son sac, il y fourgua sa jambe fictive et le jeta dans la trouée d’où se dégageait l’air chaud.

- Au moins nous n’aurons plus de problème pour passer.

Remettant ses lunettes glissantes du bout du doigt, petit Lewën s’approcha à cloche pied de Lillie et ferma les yeux pour lui rendre son énergie et plus encore. La fatigue le terrassa mais c’était nécessaire pour continuer la mésaventure. Il devait se montrer digne de ces deux femmes dont la témérité n’avait d’égal leur persévérance.

- Tu devrais pouvoir rajeunir Elizawelle avec ça, souffla l’enfant avant de se tourner vers la brune. Eli, tu devrais savoir à quoi t’en tenir.

Il lui serra la main de compassion avant de laisser la jeune Lillie faire son œuvre. Avec cette épreuve il en avait oublié le vouvoiement qu’il réservait à celle qui, pas après pas s’éloignait de l’inconnue avec qui ils avaient traversé Xandrie. C’était aussi la première fois qu’il nommait sa partenaire par un surnom.

Bien qu’elle devait en souffrir la zoan retint tout signe de tourment, sûrement habituée par l’exercice. Lewën se fit la réflexion qu’elle n’avait pas perdu de son charme malgré les années en moins. Après s’être assuré que tout le monde était apte à poursuivre, le petit médecin s’engouffra dans l’étroit tunnel, poussant son sac devant lui. Après de longues minutes ils se retrouvèrent de l'autre côté, l’humidité de la cavité rajoutait à la lourdeur de l’espace, Lewën avait l’impression de suffoquer.

- As-tu assez d’énergie pour nous rendre notre apparence ? demanda-t-il non sans appréhension, agitant sa prothèse dans la main. Je risque de trop nous ralentir sinon. Il ne serait pas mécontent de retrouver sa voix de basse d'adulte aussi.

Il stoppa Lillie avant qu’elle ne le touche, soudain attentif.

- Vous entendez ?

Un bruit sourd, régulier, semblait vibrer derrière le brouhaha de l’eau qui continuait son déferlement au cœur de la mine.
Mer 12 Juil - 19:19

Partie I
Les mines englouties

Ft. Lewën Digo et Lillie Moynihan


Elizawelle avait l'habitude du surnaturel, mais voir ainsi Lewën redevenir un enfant lui tira malgré tout une réaction surprise. Elle le regarda tomber sur les fesses d'un air interdit. Il semblait toutefois aller bien et l'aventurière, comprenant rapidement ce qui s'était passé, se retourna promptement vers Lillie. Celle-ci semblait en proie à une grande agitation. Vu le pouvoir dont elle avait fait la démonstration plus tôt, elle était certainement responsable de l'état de leur compagnon, mais elle semblait n'avoir rien maîtrisé du tout. Le pouvoir de la jeune femme était-il aussi difficile à contrôler que le sien ?

– Doucement , s'avança la zoan, posant une main sur son épaule. Respire, oui, voilà.

Elle plongea son regard dans le sien et l'accompagna durant quelques respirations, tentant de lui transmettre calme et contrôle par la force de ses pupilles. Lorsqu'elle sentit l'éclat de panique se dissiper dans les yeux de l'autre femme, elle hocha la tête.

– Ce n'est rien, assura-t-elle avec conviction.

Lewën confirma qu'il allait bien et Eliza sourit à la xandrienne, se voulant rassurante. Elle acquiesça en voyant la jeune femme reprendre son aplomb. Les émotions qu'entraînait le fait de frôler la mort, la Brume, éparse, qui régnait, couplée à la fatigue que leur combat avait causée avait visiblement poussé Lillie à bout, et il était presque rassurant de constater que malgré sa force incroyable, elle pouvait aussi s’avérer vulnérable. Elle perdit son sourire en se rappelant comment elle-même avait momentanément perdu le contrôle quelques temps plus tôt, abandonnant Artémis lors de leur mission à Dainsbourg. Était-ce aussi difficile d'être portebrume que d'être zoanthrope ? Elle n'en avait rencontré que très peu, mais chacun semblait avoir une relation particulière avec leur nebula. Elle savait aussi que, contrairement à elle qui était née à moitié féline, ceux-ci ne grandissaient pas nécessairement avec leur pouvoir. Était-ce le cas de Lillie ?

Elle se retourna vers Lewën qui tentait péniblement de se relever sans pouvoir compter sur sa jambe de bois. Après l'avoir aidé à se remettre sur pied, elle continua de le soutenir et l'observa. Un sourire amusé se dessina sur ses lèvres. Comme il semblait ridicule dans ces grands vêtements ! Malgré son soudain corps d'enfant, l'opaline remarqua que son regard de glace avait conservé cet éclat si particulier. Lui aussi reprit rapidement son aplomb et Eliza se félicita d'avoir avec elle des compagnons capables de faire face aux plus étranges situations. Ce genre de transformation pouvait être troublante pour qui n'en avait pas l'habitude... Elle répondit d'ailleurs à la question de Lewën d'un sourire dur et entendu. La douleur n'était pas la pire chose à endurer, selon elle. Certes, on ne s'habituait jamais vraiment à sentir ses os se tordre et sa peau se déchirer, mais ce n'était rien face à la peur de perdre le contrôle.

Lewën transmit alors une partie de son énergie à l'autre femme et Elizawelle regretta de ne pas avoir elle-même eu l'idée, se promettant de leur rendre la pareille plus tard. Elle capta ensuite le regard de la portebrume, s'assurant que celle-ci se sente suffisamment bien pour suivre la suggestion du médecin. Elle lui tendit alors la main avec assurance pour subir à son tour cette transformation étonnante. Elle se sentit rapetisser, serra les dents par habitude pour supporter la familière douleur qui lui broyait les entrailles. Quelques secondes, et ce fut fini. Au fond de son estomac, toutefois, elle sentait le jaguar s'agiter, et elle déglutit. Lui aussi semblait soudainement beaucoup plus jeune et la zoan avait la certitude qu'elle aurait tout d'un chaton si elle prenait maintenant son apparence animale.

Trois enfants aux vêtements trop grands se faufilèrent dans l'interstice d'où provenait le courant d'air chaud qui les avait alertés. Alors que Lewën se retournait hâtivement vers Lillie pour reprendre son apparence, Eliza, elle, s'avança et laissa son regard s'attarder sur l'endroit qu'ils avaient rejoint. Ils avaient débouché dans une pièce tout aussi immense que celle du lac souterrain. Tout comme dans cette dernière, la lumière orageuse s'engouffrait par le plafond ou perçaient de nombreux puits. L'eau, encore une fois, y pénétrait en abondance, s'écoulant vers un contrebas sombre dont le fond demeurait invisible. L'air était humide et une odeur croupie accompagnait les champignons qui proliféraient un peu partout. Au loin résonnait un bruit sourd, régulier, que la voix de Lewën rapporta en écho de ses réflexions.

Autre chose avait attiré son attention, mais elle attendit que ses compagnons l'aient rejoint pour leur en parler. Elle tendit la main à Lillie, d'abord pour lui rendre un peu de l'énergie qu'elle avait pompée à l'élémentaire grâce à son cristal, ensuite pour elle aussi reprendre son apparence d'adulte. Elle fut d'ailleurs heureuse de sentir l'animal se calmer au fond de sa poitrine. Visiblement, celui-ci n'avait pas apprécié l'intervention de la nebula et s'était agité sans arrêt dans son estomac tout au long de cette transformation, l'obligeant à se concentrer plus qu'à l'habitude pour conserver la bête en elle. Satisfaite de retrouver son corps, Elizawelle désigna ce qui avait attiré son attention. Au loin, dans les hauteurs de la grotte, une lueur leur parvenait. Adossé à un immense pilier de pierre, des constructions encore illuminées se dévoilèrent à eux, trop lointaines pour que leurs détails leur soient visibles.

Bien que le bruit sourd qui leur parvenait se répétât dans un écho qui rendait difficile d'identifier sa provenance, tout portait à croire que ce qu'ils cherchaient se trouvait là-bas. Le seul hic, c'était ce gouffre immense qui s'ouvrait à leurs pieds, et surtout l'interminable pont de bois et de corde qui s'étendait d'une paroi à l'autre. Celui-ci semblait vieux, fragile et précaire, mais semblait également le seul moyen de traverser. Pour ne pas les rassurer, les vestiges de ponts semblables demeuraient sur les parois, l'eau et la moisissure n'ayant pas épargné les cordes et le bois de ceux-ci. Loin de l'eau, le pont restant avait résisté plus longtemps, mais l'idée de s'y aventurer ne plaisait pas nécessairement à la zoan. Cependant, à ce stade, ils n'avaient que peu d'options...


Dernière édition par Elizawelle Flatterand le Ven 21 Juil - 21:55, édité 1 fois
Dim 16 Juil - 23:14

Ainsi donc, nos aventuriers sont parvenus à se faufiler dans l'artère de la mine sans difficulté — véritable jeu d'enfants, certains diraient ! Ouverture de taille miniature menant à un second obstacle à franchir, et non des moindres. Il n'inspire pas tellement confiance, ce pont, aucun doute quant au fait qu'il tangue à la moindre pression exercée sur les planches, qui elles-mêmes sont très certainement rongées par l'humidité. Quoique ? À bien y regarder, elles semblent toutes intactes, et le cordage bien que peu engageant, n'a pas l'air d'avoir souffert du passage du temps. De toutes évidences, si ce pont est suspendu au-dessus d'un gouffre, sans aucun signe de dégradation, c'est qu'il a su faire ses preuves. Douter de lui serait un affront terrible.

Que se passe-t-il, de l'autre côté ? Trois fois rien, un simulacre de civilisation malodorante qui s'anime et s'organise pour un travail acharné. À l'abri des regards indiscrets. Ce n'est pas une lueur, mais une pluralité qui éclaire les parois autour d'un campement de longue date, en témoignent les affaires jonchant le sol près des tentes. Lueurs qui poursuivent leur chemin plus loin encore dans la galerie, où petit à petit apparaissent des gobelins affairés à leur besogne, pioche en main, martelant la roche pour y déloger un minerais qui, tant par sa couleur que son aspect, vous est totalement inconnu.
Mer 19 Juil - 8:19

Le calme avant la tempête ne prévaut pas sur le calme qui en découle. Lillie avait réussi à retrouver le sien après bien des respirations. Il y a d'ailleurs fort à parier qu'elle ne l'aurai jamais retrouvé sans l'aide d'Elizawelle et l'apport en énergie de Lewën. Elle les avait regardé un long moment, alors qu'ils passaient au travers de cet étroit boyau, six pieds sous terre. Elle s'était perdue en réflexions intenses, sans parvenir à théoriser quoi que ce soit de tangible. Comment les Hommes pouvaient, en des situations si inextricables, faire montre d'autant de solidarité ? Était-ce ces mêmes Hommes qui, une fois établis en communauté, se rendaient coupables des pires exactions ? Où se trouvait la bascule ? Quand les cerveaux finissaient par rendre cruel et avide de pouvoir leurs hôtes ? Si Xandrie était peuplée de Lewën ou d'Elizawelle, qu'en serait-il ?

Ce qui vivait en son sein s'était finalement rendormi. Lillie ne voulait pas trop y penser, mais elle ne doutait pas que quelque chose avait profondément changé. Si elle avait réussi à rendre leur jeunesse à ses camarades, nul doute qu'elle pourrait sans doute faire de même avec tout ce qu'elle toucherait. Il allait falloir se montrer prudente, elle commençait seulement à le comprendre. Une fois le boyau quitté, elle ne put que hocher la tête en réponse à Lewën. Oui, elle aussi entendait. Et elle voyait, de ses petits yeux d'émeraude, qu'on s'agitait loin derrière ce pont. Elle plaqua la main devant sa bouche pour retenir un cri de surprise.

- Ce... Ce sont des gobelins ? Qu.. Qu'est-ce qu'ils font là ?! Chuchota-t-elle aussi bas que possible.
- Il n'y a pas beaucoup de manière de le découvrir... Lui répondit Elizawelle alors même que Lillie retrouvait sa forme adulte.
- Je... Je passe la première ? Ça nous a plutôt réussi jusque là. A moins que... J'ai une meilleure idée. On ne sait pas encore s'ils sont hostiles ou non. Mais il vaudrait mieux le découvrir ici. Si c'est le cas, on pourra toujours les empêcher de nous atteindre en coupant le pont. Si on traverse, c'est nous qui serons pris au piège.

Elle laissa sa réflexion imprégner les esprits de ses camarades avant de placer ses mains en coupe autour de sa bouche. D'une voix assurée, ancrée dans les bas, elle salua ceux qui habitaient le fond de la mine.

- NOUS NE SOMMES PAS DES ENNEMIS. NOUS CHERCHONS DES SURVIVANTS ICI.

Ses mots rebondirent sur les parois de la roche, se décuplant dans l'air humide des entrailles de la terre. Elle se doutait que les gobelins ne parlaient pas la langue vernaculaire, elle voulait simplement attirer leur attention pour essayer de deviner leurs intentions. Elle leva les mains en l'air en signe d'apaisement, et d'un coup d'épaule encouragea Lewën à faire de même. Ils s'apprêtaient à être fixés sur l'amabilité de ceux avec qui ils partageaient maintenant leur aventure.