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❝ Une ombre apparait. ❞ » ft. artemis

❝ Une ombre apparait. ❞ » ft. artemis Brandw10
Lun 19 Déc - 14:04
Le bruit de l'alarme pulse encore dans ses oreilles meurtries. Le grondement du cuivre emprisonné entre les murs de béton. Les vibrations de ses os répondant à l'appel de ce bruit strident. L'impression que sa tête va exploser. Que le silence ne pourra plus jamais régner.  

Elle court, elle court, l'araignée. Comme une dératée. Plus vite qu'elle ne l'a jamais fait. Ses muscles se tendent sous sa peau, inhabitués, sa chair brûle, la plante de ses pieds glissent et s'enfoncent face à ce sol qu'elles n'ont jamais frôlé ; autre chose que du béton armé. Le souffle saccadé, des volutes de fumée blanche s'échappent de ses lèvres, s'écrasent sur son visage. Qu'est-ce que c'est ? Le monde qui l'entoure lui est totalement inconnu, son regard perdu, affolé, bondit sur l'écorce des arbres qui la surplombent, s'enchaînent et l'enferment dans une forêt immense, interminable. Le temps n'est plus, sa notion abstraite des minutes s'écoulant inéluctablement laisse place au néant, à l'arrêt total de l'espace-temps. Les odeurs emplissent ses narines, encombre son crâne d'informations non désirées, le froid glacial arrache le corps spongieux de ses poumons malmenés, mais elle refuse de s'arrêter. Loin, loin, toujours plus loin dans l'obscurité, jusqu'à ce que le bruit de la sirène cesse de résonner.

Son cerveau ne percute pas encore ce qu'il vient de se passer. Ça y est, elle s'est échappée. Ça y est, elle est dehors. Enfin. Dans le vrai monde. Pourquoi ? Comment ? Les souvenirs à vif des événements se confondent avec la réalité, sa course se compose d'esquives aléatoires, de sauts contre les arbres d'escalade le long des branches. Le système nerveux ne répond plus. Son instinct contrôle ses gestes, ses mouvements, animé par la peur, la rage, l'ardeur. Le bruissement des feuilles est confondus avec la pétarade des balles s'enfonçant dans toutes les surfaces sans discernements, les sons de la faune, avec les cris des blessés, des combattants, des apeurés. Des morts. Le goût du sang s'impose dans sa bouche, sur ses dents, baigne sa langue de sa fragrance métallique. Son estomac gronde, insatiable, le feu de sa flamme renaît de ses cendres, ses pensées s'affolent, son cœur s'envole...  

Elle est libre, maintenant, totalement libre.  

47 ne prend pas le temps, dans sa course effrénée, d'observer les merveilles de la nature dont elle a été injustement privée. Plongée dans le noir, la vision tourmentée par tant d'éléments, son esprit se brime inconsciemment. Et elle grouille, la bestiole, se précipite sans but, le pas volatile, l'allure inconstante, laissant dans son sillage traces nettes de son passage, des gouttes carmin sur son chemin. Un peu d'elle, beaucoup des autres. Sa chemise s'est accrochée aux branches, entortillée dans les buissons. Le tissu colore la forêt, vestige audacieux de sa traversée. L'habit en lambeaux, le corps parsemé de griffures, d'éraflures, troué à quelques endroits, l'araignée s'écroule à genoux quelques mètres après avoir quitté le cocon feuillu.

À bout de souffle, le regard trouble, la créature se retrouve à la merci de la voûte céleste qu'elle observe pour la première fois, rejetant la tête en arrière dans l'espoir de faciliter sa prise d'air erratique. Elle tremble, l'adrénaline qui l'a porté jusque-là semble s'échapper de son corps, chevauchant les petites perles glissant le long de sa peau à chaque battement de cœur. La chaleur bouillonnante de l'effort laisse place au froid insidieux, à la gifle du vent, à la paralysie des musques raides sollicités trop durement. Elle tremble, de froid, de douleur, de peur. Mais son regard reste rivé sur le ciel, la myriade d'étoiles scintillantes au-dessus de sa tête, la blancheur de la Lune.  

L'immensité du monde.  

Elle inspire. Constate l'odeur du pétrichor, la vapeur qui s'échappe de son corps. Sa peau recouverte de sang. Atrocité sur patte, mirage d'horreur, 47 tente de se redresser, mais ses jambes en coton ne font que céder. Elle n'aurait pas dû s'arrêter. Autour d'elle, le vaste inconnue. Le ciel interminable, la forêt labyrinthique, et la paroi de roche acérée. Cernée, si petite, et pourtant comprimée par la grandeur de ces choses qu'elle ne sait pas appréhender. “Bouge.” ordonne-t-elle a ses jambes en plantant ses ongles tachés dans ses cuisses congelées. Rien. Rien du tout. Pour la première fois de sa vie, elle ressent cette désagréable sensation d'être un animal blessé à la merci de n'importe quoi ; elle qui s'est toujours refusée de devenir une proie, se retrouve à grogner contre ses jambes, pitoyable constat. Est-ce que je vais crever comme ça ? Son cœur se serre. Non, certainement pas...  

Un bruit sec, dans son angle mort ; elle tourne la tête, les crocs dehors. Mais le corps si faible, incapable de se contrôler, qui sait si elle saura échapper au danger ?
Lun 19 Déc - 22:16

« Voilà des jours que je marche à la recherche d’un fantôme. Aucune trace. Aucune odeur. Rien. Et non, foutue Nebula, non. Je ne ferai demi-tour. Elle est forcément ici, sur Contade et nulle part ailleurs, je l’aurais. »

En effet, des villageois avaient aperçu un Elémentaire, un cerf enflammé avait la traversé le val d’Opale. Quelques bêtes calcinées, des petits hectares de champ brûlés, mais rien d’autre n’était à déplorer. Du fait de sa rareté, le vagabond s’en voulait d’avoir raté son passage, alors il décida de la traquer sans relâche. Une longue et pénible traque durant laquelle l’ermite dut traverser de nombreux royaumes. Loin d’être plus populaire, Artémis était néanmoins connu de certains dans chacun des territoires, puisqu’il voyageait régulièrement là où l’aventure l’appelait. Il n’était pas question devoir. C’était un ermite coupé du monde, rémunéré pour chasser des monstres que d’autres ne pouvaient pas approcher. Il ne le faisait pas par devoir mais par nécessité, puis par envie d’en apprendre davantage sur le monde.

Le voici dans une forêt, sombre, simplement éclairée par cette lune resplendissante. Dans cette obscurité, un cerf flamboyant devrait normalement être repérable dans un large périmètre. Mais il n’y avait absolument rien de visible en cet instant. Pourtant, sur le chemin, des terres brûlées, des buissons devenus cendres, l’avaient entraîné jusqu’ici. Où a-t-il bien pu se réfugier ? Là, un son le sortit de ses songes. Un frottement causé par un corps étranger dans cet environnement sauvage. Une odeur vint aussitôt confirmer la présence d’une tierce personne. A l’évidence, il ne s’agissait pas de l’élémentaire recherché. C’était moins imposant et moins brûlant. Dégainant ses deux épées, l’épéiste chargea sans hésiter, d’une course aussi puissante que féline, en quête d’éteindre définitivement cette chose agenouillée.

La lune éclaira cette personne. Fragile. Seule. Complètement perdue dans ce monde terrifiant. Il était à deux doigts de trancher sa tête, mais il s’arrêta in extremis, quand son visage lui parut aussi clairement qu’aurait pu l’être un cerf enflammé dans cette obscurité. Leurs regards se croisèrent une première fois. Artémis rengaina ses lames et tendit sa main à cette femme. Il y avait quelque chose d’étrange mais il ne ressentait pas le danger. Elle était effrayée. Manipulatrice ? Possible et elle le tuera si elle le désirait. Le chasseur voulut poursuivre cette bête rarissime qu’il traquait, mais ses principes chevaleresques l’empêchaient d’abandonner cette personne ici. En regardant d’un peu plus près, il remarqua son blafard, signe avant-coureur d’une mutation. Elle était si maigre. Et ses yeux… Il y avait comme une anomalie mais l’ermite ne sut réellement la définir.

« Pardonnez-moi, Madame. La nuit obscurcit mon jugement, je vous ai pris pour quelqu’un d’autre. Vous allez bien ? »

Autre son corps chétif probablement causé par une malnutrition, ses vêtements étaient également en lambeaux. Il ne faisait aucun doute qu’elle fuyait désespérément quelqu’un ou quelque chose.

« Une personne vous pourchasse-t-elle ? Vous a-t-on fait du mal ? »

Le vagabond attendit patiemment la réponse de cette mystérieuse femme.

Mar 27 Déc - 19:15
La scène lui a semblé hors du temps, étirée infiniment, dévoilant les rouages d'une destinée s'esquissant au gré du vent. Le bruissement des feuilles mortes est parvenu à ses oreilles après le sifflement des lames taquinant l'opale de son cou. Démesurément grandes, les épées lui ont semblées si dérisoires, si peu pratiques, après des années à se faire charcuter par des bistouris plus ou moins assurés, toujours aiguisés - peut-être aurait-elle dû prendre le temps d'en emporter un, avant de quitter son enfer personnalisé ? Goutant l'acier aux creux de sa gorge, ressentant son cœur pulser, gonfler ses veines contre le fer glacé, 47 n'a pas pris la peine d'effectuer le moindre mouvement. ❝C'est la fin ?❞ lui a glissé sa conscience avec une sorte de rire au fond de la gorge, face au ridicule de la situation ; après tant d'années à massacrer, encore et encore, endurer toujours plus fort, et frôler chaque jour la mort, il lui aura suffit de sortir quelques heures à peine pour que sa vie se termine. Rançon de sa convoitise, de ces remous d'humanité en son for intérieur...

Joute oculaire, les pupilles se sont scellées dans l'ombre, cueillant avidement les lueurs fébriles habillant les rétines. Récupérant les émotions, interprétant le tumulte vibrant des cristallins avides. Une animosité bien connue, brutale, féroce, occultant tout sur son passage, ne laissant rien dans son sillage. Comme ses acolytes dans l'arène. Et son corps qui se refuse toujours le moindre mouvement, transi de froid, encaissant le contre-coup de l'effroi, de cette épreuve qu'elle ne réitèrera pas. Son esprit, encore une fois, a dérivé dans les flashs trop vives qu'elle ne sait pas encore apprivoiser. Consciente du danger, de son statut de proie facile, affaiblie, dans un environnement inhospitalier, elle s'est pourtant retrouvée incapable de lutter. ❝Ben alors, tu capitules ?❞

Comme projetée hors de son corps, l'Araignée a vu la situation changée sous ses yeux. Son entité charnelle inerte, boueuse, sanglante, trempée, ses cornes emmêlées dans sa tignasse indomptable, son vêtement tellement imbibé qu'il en serait presque impossible de discerner l'origine de la mélasse striant le tissu. Cette masse imposante passer de la menace à la bienveillance, délaissant ses armes sans une once d'hésitation, et adopter une posture presque soumise sous ses yeux voilés. La main tendue, ses cinq doigts calleux, inoffensifs, bénins. Son regard s'est attardé sur ses cinq appendice ainsi présenté, songeant à quel point il serait facile pour elle de les arracher, et combien il était stupide de les offrir si docilement à n'importe qui. Puis ses mots, bouillie informe de sonorités connues, impossible à décortiquer. Cette intonation, douce, franche, presque chaleureuse, ce frisson fusant le long de sa colonne vertébrale alors que son visage insensible se penche lentement en direction de cette paume tendue, pour en inspirer l'odeur méticuleusement.

« Vous a-t-on fait du mal ? », ces mots accompagnent sa descente spirituelle et ses retrouvailles avec son enveloppe blessée. 47 discerne l'odeur de la mort, la sueur des individus appliqués dans leurs labeurs, et puis... Mal. Oui, la chose a mal. Ses articulations la lancent avec fulgurance lorsque son corps retrouve ses fonctions motrices et que ses mains s'agrippent furieusement à l'avant-bras de l'Homme. L'impression que chaque muscle se déchire durant le mouvement, la brûlure des balles toujours logées dans sa chair, le contraste de cette main immaculée et des siennes barbouillées de substances visqueuses, l'empêchant de s'accrocher à sa guise. Mal. N'est-il pas risible que ce simple mot, le seul reconnu dans la bouche de cet individu, soit le déclencheur, la porte de sortie de cette étrange torpeur ?

S'accrocher n'a pas de sens. L'Homme est armé. Pourtant, ses doigts refusent de lâcher. Ses ongles tentent même de se planter pour s'empêcher de glisser pendant qu'elle tire, tire et tire encore sur ce corps pour se redresser. Ses genoux chancèlent, ses chevilles refusent de se fixer. Un grognement monte dans sa gorge, racle ses cordes vocales défectueuses. Elle devrait se saisir d'une de ses lames et lui planter dans le corps avant qu'il ne le fasse. Sa langue glisse sous ses canines pour en jauger la sécrétion de venin : insuffisante. Le sang se remet à couler de ses plaies, elle se sent faible, inutile, agacée : certains se sont retrouvés morts pour moins que ça, et pourtant, elle est là, à lutter péniblement, abandonnant sa superbe savamment façonnée. Est-ce comme ça qu'elle souhaite créer sa nouvelle identité ?

« Mal. »

Sa voix craque, rouillée, douloureusement transposée. Ses yeux cherchent un moyen de se faire comprendre, de communiquer, traversant de par en par la silhouette qu'elle se refuse de lâcher. Remembrance du passé, l'image d'un soldat pointant son arme contre le front d'un de ses camarades fuse dans sa tête. Mime improvisée, sa main droite se lève, pointe deux doigts vers le front de l'Homme, pressant une détente imaginaire. Mal. Mal. Mal...
Dim 1 Jan - 20:09


Cette chose n’est comme nous, songea Artémis. C’est une bête. En effet, les cornes ou antennes qui dépassaient discrètement sa longue chevelure suggéraient qu’elle n’était tout à fait humaine. Ce teint blafard, cette maigreur… Artémis eut un léger frisson en se concentrant davantage sur ce physique presque cadavérique. Il ne savait pas d’où elle sortait, mais elle n’avait vraisemblablement aucun lien avec sa proie. Elles ne s’étaient probablement même pas croisées. Et tant mieux. Cependant, quand elle commença à furieusement s’agripper à son avant-bras, le vagabond put avoir un léger aperçut de la dangerosité de cette mutante. Il demeura calme et ne fit rien qui puisse l’exciter davantage.

« Mal », ce fut tout ce qu’elle put exprimer. On aurait dit un nouveau-né ou un enfant sauvage découvrant l’un de ses semblables pour la première fois. Un animal apeuré qui tentait d’exprimer un ressenti. D’où lui venait cette souffrance ? D’où venait-elle ? Et d’où lui venait cette force malgré cet état ? Tant de questions et un timing pourtant si mal trouvé. D’un côté, sa traque l’appelait de manière excessive et il résistait avec difficulté ; de l’autre côté, cette demoiselle représentait un véritable mystère et semblait avoir une histoire des plus passionnantes. Et surtout, elle semblait avoir besoin d’aide. Foutu destin qui me plonge sans arrêt dans des chemins tortueux, pesta intérieurement le vagabond.

« Tout doux. Tout doux. », fit-il en tapotant amicalement la main qui saisissait son bras. « Prenez le temps, s’il vous plaît. Je suis certain que vous êtes capable de m’en dire davantage. D’où est-ce que vous venez ? Vous a-t-on poursuivi ? »

Artémis se concentra sur son environnement et tenta d’identifier un éventuel danger. Rien du tout. Simplement une odeur de cramé qu’il n’avait senti auparavant. Serait-ce l’élémentaire ? Si oui, le danger était imminent. Être pris au piège dans un incendie ou tout être attaqué par cette bête légendaire serait une pure folie. Seul, le vagabond ne pensait pas forcément l’emporter, mais avec cette fragile personne, il l’était encore moins. Cependant, il ne souhaitait pas la brusquer pour autant et décider d’agir avec patience.

« Êtes-vous capable de vous relever et continuer la fuite ? Si nous restons ici, je crains que nous ne finissions complètement carbonisés. »


Jeu 19 Jan - 0:50
Il ne comprend pas, ne semble pas saisir l'ampleur de son désarroi. Demander à ce qu'elle fasse entendre sa voix, elle dont les cordes vocales produisent un son si désagréable, un simulacre d'expression dont elle en maîtrise pas même les fondations ? C'est un grognement qui s'échappe, rauque, pénible, pour toute réponse à cette requête disproportionnée, fort naïve quant à ses capacités. 47 tient plus de la bête aux aguets que de l'humaine aguerrie, il ne saurait tarder avant que son "preux chevalier" n'en vienne à cette conclusion, et que sa volonté de lui venir en aide ne se change en une viscérale envie d'atteindre à sa vie. Cette certitude grouille dans ses tripes, au plus profond de son être, titille son cerveau reptilien, lui conjure de ne pas se laisser berner par cette sollicitude factice, à cette bravoure gonflant le cœur d'un homme en recherche de reconnaissance. Qu'ils se troublent mutuellement, que leurs besoins s'entrechoquent et que leur garde ne tombe sous aucun prétexte, chacun gardant l'autre sous une surveillance faussement innocente.

Jambes tremblantes, regard traversé par l'ahurissement, elle capte les mots, à peine, dévorant ce visage de ses pupilles avides d'informations, d'éléments à utiliser pour se protéger, pour jauger la situation. Etrange situation, que celle de demoiselle en détresse. Demoiselle, elle ? Un maigre masque, un costume si mal porté...

Incompréhension, les sens en ébullition. Une allure ne correspondant pas à l'agitation de son acolyte de fortune ; un calme préfabriqué ne parvenant pas totalement à dissimuler une inquiétude croissant en intensité. La bouillie de mots ne lui apprit pas grand chose sur la situation et la nature du danger, mais el regard fugace de son sauveur balayant la cime des arbres du regard, en revanche...
De la fumée, blanche. Epaisse volute s'élevant au-dessus des branches, dessinant des formes étranges, s'élargissant lentement dans l'air, si lentement qu'il est presque difficile d'en remarquer la progression. Des crépitements portés par le vent, étranges craquelures de la nature succombant aux morsures du feu. Et cette odeur. Ecrasante odeur. Malveillante.
En avisant son regard, les paupières plissées, la blessée parvient à découvrir les flammes, la couleur rougeoyante effleurant les troncs, irradiant dans l'obscurité silencieuse de la nuit. Danse fébrile habillant ses rétines, flashs légers contrastant avec l'infernale cadence des balles tirées, saccadées, brûlant les yeux des mutants chassés, macabre piste de danse d'une discothèque insensée.

Peur, tétanie, instinct de survie. Tout se réactive, un filet d'adrénaline fugace contracte les muscles de ses jambes, fait frémir sa peau, brûler ses tendons. Fuir. Vite. Loin. 47 toise l'infortuné la maintenant debout, calquant son inquiétude sur la sienne. La pression de ses phalanges augmentent, traduisant l'urgence perçant chaque pore de son corps.
Hochements de tête erratique, leurs pas se précipitent. Chancelante d'abord, mal assurée, l'araignée doit se caler sur le rythme effréné du chasseur précipité. Elle le sent impatient, et cependant prêt à la soutenir, comme si l'abandonner ne pouvait une seule seconde traverser sa pensée. Pourquoi Diable s'ajouter une problématique dans une situation déjà bien compliquée, aux facteurs si aléatoire, à l'inconnue finalité ? Elle sait pertinemment qu'à sa place, le choix aurait été vite fait, tout autre, parfaitement assumé.

Elle trébuche, sur ce sentier semé d'embuches, mais se refuse à solliciter plus que nécessaire la force de son (presque) allié. Se sont-ils éloignés du danger ? S'en sont-ils rapprochés ? Difficile de se situer, tant la braise semble partout, se propageant à chaque fois que leurs pieds martèlent le sol boueux. Sa vision se brouille, la chaleur l'embrouille, la perte de sang écrabouille ses sens et malmène sa conscience. Accroche toi petite araignée, ce n'est pas le moment de flancher ! Le cœur tambourinant dans sa cavité, se stoppe net lorsqu'une bête flamboyante sort du bois, gracieuse apparition démoniaque que le feu pourlèche jalousement. Mécaniquement, la mutante montre les dents, feule telle la bête formatée qu'elle a toujours été.  Avec une arme des Hommes en Noir, ils n'en auraient fait qu'une bouchée, pense-t-elle avec amertume.
Mer 25 Jan - 15:43


Ses craintes furent tout entièrement justifiées. La chaleur devenait suffocante, étouffante, pénétrant les poumons des personnes alentours. Les élémentaires n’étaient pas dénués d’intelligence. Elle a senti ma présence dès le début. Les élémentaires ne sont rien de plus que des Nebula. Nous sommes toutes liées. On se sent. On communique constamment. Alors, quand tu en traques une, souvent, elle le sait. Et j’aime parler avec mes sœurs., lui murmura la Nebula. Le Portebrume enrageait intérieurement mais ne le montrait pas. Cette saloperie qui résidait en lui persistait à lui mettre des bâtons dans les roues. Il devait trouver un moyen de la maîtriser. Mais pour l’heure, il devait trouver un moyen de se sortir de là.

Au milieu de ce flammes, suivre la trace de cette bête légendaire était quasiment impossible. Artémis s’éloigna rapidement pour faire des reconnaissances. Il espérait de tout cœur que l’inconnue tiendrait le coup. En descendant une pente relativement raiche, le vagabond constata que les flammes ne le poursuivaient plus. Il s’arrêta et prit le temps d’observer l’horizon. Les arbres dissimulaient une vallée au milieu de laquelle passait le bras d’un fleuve. Inutile de descendre plus bras pour le confirmer. Il remonta en vitesse pour secourir la demoiselle en détresse. Cette femme, fragile, maigre, presque morte, dégageait soudainement une force et une envie de survivre insoupçonnée. La surprise était de taille. Elle prit ses jambes à son cou et entama une course époustouflante. Hélas, la réalité la rattrapa et elle trébucha. Au milieu de ce flammes, suivre la trace de cette bête légendaire était quasiment impossible.

Impuissante au centre de ce tourbillon enflammé, à la merci de n’importe quel prédateur, l’élémentaire, sous forme d’un cerf majestueux, apparût flamboyant. Le buste haut, fier, gracieux, il observa sa proie avec dédain. L’animal enflammé se cabra, prêt à écraser ses sabots contre la demoiselle sans défense. Artémis sortit des flammes de l’enfer, armé de sa mitrailleuse, déterminé à secourir sa nouvelle rencontre. A bonne distance, il s’arrêta, visa et tira quelques rafales. Il détestait cette arme mais trouvait en elle une certaine utilité à celle-ci. Notamment dans ce genre de circonstances. Les balles touchaient la bête. Peut-être pas suffisamment pour la blesser de manière mortelle, mais elles avaient le mérite d’être suffisamment désagréable pour la faire reculer. Le vagabond s’approcha rapidement de la femme et la saisit par le bras sans se préoccuper de sa réaction.

« Lève-toi ! Ce cerf enflammé va nous cuire si nous restons là ! »

Il la souleva, passa l’un de ses bras squelettiques autour de son cou solide et rassurant, puis accéléra le pas. Elle était si légère qu’il aurait préféré la porter, mais avec l’élémentaire à leur trousse, il devait garder une main libre pour repousser leur adversaire en appuyant sur la gâchette. Le plan : passer ce mur de flammes et descendre en bas de cette vallée et se réfugier dans son cour d’eau. Il tira. Encore et encore. Par séquences, afin d’économiser les balles, dès que le monstre s’approchait dangereusement. Mais ce n’était pas assez efficace. L’épéiste le savait. Il devra s’y prendre avec ses deux lames pour tenter de le repousser. Aux pieds des flammes, il posa la demoiselle, saisit son manteau de cuir, enroula le corps frêle dedans, puis le jeta sans piper mot de l’autre côté.

« Descends ! Cours ! Ta liberté et ta survie se trouvent tout en bas de cette pente ! »

Maintenant face à son destin, sans fardeau, le Portebrume ne put réprimer un léger sourire.


Ven 17 Mar - 23:58
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Dernière édition par Prune Øystein le Sam 18 Mar - 0:08, édité 1 fois
Sam 18 Mar - 0:06
Les images s'enchaînent sous ses yeux brumeux, anémiés et éreintés. Comme une scène se déroulant sans elle, comme si les choses n'avaient pas besoin d'elle pour se dérouler, comme si sa présence n'était pas nécessaire, pas même réelle. Elle s'est sentie tombée plus qu'elle n'a trébuché, s'est retrouvée coite sur le sol, ahurie. S'en est trop pour son esprit, trop d'émotions, trop d'éléments à prendre en considération. 47 n'est plus, seuls ses instincts répondent, seul son corps existe, et pour l'heure, il ne répond plus.

Spectatrice de sa propre situation, elle ne peut qu'admirer la créature enflammée, splendide, sublime. Elle n'en a jamais vu de pareil, dans l'enceinte du laboratoire, où les merveilles sont souvent lugubres, odieuses, affreuses. Elle ne respire plus, du moins, elle n'a plus l'impression d'avoir besoin de faire entrer de l'air dans son système, que son corps n'est plus qu'un poids mort sans utilité, qu'il est inutile de l'alimenter, face à cette bête ardente, que les Esprits aient pitié. D'ordinaire, elle aurait pu n'en faire qu'une bouchée, s'en serait certainement brûlé l'épiderme à plusieurs endroits, mais qu'est-ce qu'une blessure quand il s'agit de survivre, et qu'est-ce que la douleur, quand on ne connait que ça ? D'ordinaire, elle se serait volontiers cramé les doigts, les lèvres, le corps entier pour planter ses crocs dans la créature, y injecter son venin, pour éteindre le brasier à tout jamais. Parce que l'araignée ne sait faire que ça, ridicule, impitoyable machine à tuer.

Et alors que le feu consume l'humidité de l'air, de sa peau, de son entité charnelle, faisant jaillir la sueur de ses pores et rendant ses vertiges plus intenses encore, le Sauveur brave les flammes, armes à la main. Rafales, ondes de chocs, les balles traverses et transperces les tympans de la miss. Acouphènes qui achèvent de briser son sens de l'orientation, meurtrissant son oreille interne. Et qu'il la traîne, vociférant des paroles qu'elle n'entend pas, qu'elle n'aurait pu comprendre même en décortiquant chaque syllabe. Le danger, elle le sent, il s'infiltre dans ses membres, dans sa chair, et la chaleur qui l'enveloppe est si étrangère, si imposante, écrasante, qu'elle s'y sent presque bien, après des années dans la moiteur et le froid. Et qu'enfin il la fagote dans un tissu trop grand, trop lourd, et se débarrasse d'elle sans vergogne, Preux Chevalier à la Divine Destinée.

S'il lui a lancé une dernière recommandation, si une promesse fut dite, ou un ordre donné, les bourdonnement dans les oreilles de la Chose n'ont rien laissé passer. Enveloppée de l'odeur de l'homme, de cette cape protectrice, la mutante sort de sa matrice, reconnecte avec le monde, avec son corps, et cette situation immonde. Fuir. Malgré son conditionnement lui hurlant d'affronter la menace, de se battre quitte à crever, parce qu'une fois le premier coup porté, une seule âme peut persister. Fuir. Un impératif. Est-ce la cape qui lui insuffle ? Qui la pousse à se redresser, lui offre un soutien, une once d'énergie, suffisamment pour que ses jambes la porte de nouveau, et que d'un pas chancelant, malhabile, elle ne se précipite et disparaisse sur le terrain incliné ? Sans doute a-t-elle trébuché de nouveau, peut-être est-elle parvenue à se rattraper, à moins qu'elle n'ait fini sa descente en essuyant une chute vertigineuse...

Toujours est-il que la créature, que les Astres observent malicieusement, disparait dans la nature.