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Les secrets de Rimegard

Les secrets de Rimegard Brandw10
Mar 1 Aoû 2023 - 0:50

Les secrets de Rimegard

Ft. Lewën Digo


Suite directe du RP "Le Myst'air"

Le bateau filait à toute allure en direction de l’ile de la Flatterie et, pour une rare fois, Elizawelle n’avait pas le mal de mer. Installée à la proue, elle profitait du voyage et du vent salé qui fouettait son visage. Sortir d’Opale avait été la meilleure décision qu’elle avait prise depuis qu’elle était revenue de Dainsbourg. Il lui faisait un bien fou de s’aérer l’esprit. Malgré tout, dans les jours qui dessinèrent le début de son aventure avec Lewën, elle succomba régulièrement à la tristesse. Cette fois-là, les yeux rivés sur l’horizon, elle observait sans vraiment les voir les montagnes noires de l’Île aux Dragons, qui s’élevaient brusquement dans des hauteurs vertigineuses. Victime d’accès de mélancolie qu’elle peinait à chasser, les souvenirs défilaient devant ses yeux sans qu’elle parvienne à les réfréner. Ainsi perdue dans ses pensées, Lewën fut d’un grand secours. Faisant toujours preuve d’une grande finesse, il la sortait régulièrement de ses rêveries, sans pour autant faire preuve d’indiscrétion sur les raisons qui provoquait ces moments de grisaille. Elle ne sursauta donc pas, cette fois-là, lorsque le médecin se glissa à ses côtés. Elle l’accueillit d’un sourire reconnaissant et acquiesça à sa question.

– Oui, confirma-t-elle. On voit l’Île aux Dragons, le renseigna-t-elle en désignant les montagnes à l’horizon. L’île de la Flatterie est plus proche, mais elle est si plate qu’on ne la verra qu’une fois dessus, s’amusa-t-elle, laissant la maussaderie derrière elle pour retrouver son éclat habituel.

* * * * *

L’île de la Flatterie était effectivement totalement dépourvue de reliefs. Immense, elle abritait un grand nombre d’exploitations agricoles, mais aussi de nombreuses terres d’élevage, dont celui d’un ami d’Eliza. Officiellement, l’élevage avait été racheté, comme la plupart des terres de l’île, par les Ozwinfield qui dominaient le marché dans le domaine. L’ami d’Eliza était toutefois toujours responsable de l’endroit, bien qu’il aille désormais des comptes à rendre à la famille opaline. Il n’avait repris l’élevage que deux ans auparavant, lors de la mort prématurée de son père. Avant cela, il avait passé de nombreuses années à errer comme mercenaire, époque à laquelle il avait fait la rencontre d’Eliza. Ensemble, ils avaient effectué plusieurs périlleuses missions et elle lui avait sauvé la vie si souvent qu’il lui avait assuré avoir une dette éternelle envers elle. L’aventurière lui avait donc envoyé un message par télégraphe et il s’était empressé de l’invite. Lewën et elle étaient à l’extérieur et traversaient une parcelle de terre à pied pour rejoindre les bâtiments principaux lorsqu’un large sourire éclaira le visage de l’aventurière.

– Asher ! le héla-t-elle en agitant la main pour le saluer.  

L’homme se retourna et son visage s’éclaira. Il trottina jusqu’à eux, un grand sourire sur le visage, et prit Elizawelle dans ses bras avec familiarité, la soulevant du sol. Celle-ci rit de bon cœur, heureuse elle aussi de revoir son vieil ami. Elle lui tapa amicalement dans le dos et il la déposa au sol.  

– C’est toujours un plaisir de te revoir, Liz, apprécia-t-il en la détaillant. Tu es toujours aussi jolie !

Elizawelle ne perçut ni les intentions charmeuses de son vieil ami ni la lueur de réprobation qui s’était allumée dans le regard de Lewën. Elle rabroua Asher à la blague avant de se tourner vers le médecin.

– Je te présente Lewën, dit-elle. C’est lui que j’escorte à Xandrie.

Ce n’était pas tout à fait vrai. Mais il n’avait pas besoin de tout savoir, pas vrai ?  

– Ah oui ! Enchanté, dit-il en tendant la main au médecin, non sans l’évaluer au passage.  
– Nous devrons rester sur place un moment, expliqua Elizawelle. Est-ce que nous pouvons laisser nos drakes au ranch de la falaise de Dred ?
– Oui, aucun souci ! Demande simplement Marvin, il sera prévenu.  
– Tu es le meilleur,
affirma Elizawelle, radieuse, plaquant un baiser sur la joue de son ami qui rougit en réponse.

Elizawelle ne vit pas le sourire triomphant qu’Asher adressa à Lewën. Écourtant leurs retrouvailles, elle l’incita à leur présenter rapidement les drakes. Fasciné par la puissance contenue qui se dessinait sous la peau cuirassée des draconides, toute l’attention de la jeune femme se focalisa sur eux. Elle s’avança vers la femelle qu’Asher lui désigna et qui se prélassait à l’écart de jeunes spécimens qui chahutaient. La bête était magnifique, ses écailles lustrées, son regard brillant. Elle s’en approcha respectueusement alors que le félin en elle s’écrasait au fond de sa conscience, intimidé par le prédateur que représentait le reptile volant. Respirant un coup pour juguler son anxiété, elle posa la main sur son cuir sombre. Elle appréciait les drakes, leur intelligence vive, leurs réflexes fulgurants. Pourtant, elle avait beaucoup de mal à apprécier l’altitude. Malgré tout, elle l’entraina d’une poigne autoritaire sur l’aire de décollage sur laquelle l’éleveur avait déjà amené le médecin ainsi qu’un jeune spécimen à l’air relativement docile.  

Elle scella l’animal, heureuse de constater qu’elle se souvenait des petites particularités propres à ces selles. Elle l’enfourcha rapidement et la poussa à décoller. La féline mit un moment à retrouver ses aises sur la bête volante, mais conserva pour elle ses doutes et guida sa monture avec fermeté. Les mouvements lui revenaient en mémoire, pas suffisamment familier pour devenir mécanismes, mais assez coutumier pour qu’elle n’ait pas besoin d’assistance pour se faire obéir. Rapidement, la femelle au caractère revêche se plia à sa volonté et elle la mena d’une main quasi experte, se permettant même d’assister Lewën qui, lui, manifestait quelques difficultés à se faire obéir par la bête. Elle éclata d’un rire plein de fraicheur lorsqu’il tomba au sol, projeté par sa monture qui n’était pas très heureuse de son atterrissage. Ce dernier, d’abord offusqué, se joignit bien vite à son rire. Surprise, mais heureuse de le voir ainsi se dérider, elle se surprit à le regarder d’un œil nouveau.

Sautant souplement au sol, elle lui offrit la main pour l’aider à se relever, puis le prit sous les aisselles, refusant de quelques mots les protestations orgueilleuses du médecin. En riant, elle l’aida à récupérer sa jambe, mais ne se permit pas de l’aider à la remettre, comme si elle avait soudainement pris conscience de leur proximité. Légèrement embarrassée, elle se dépêcha de grimper à nouveau sur sa monture. Aussitôt, son trouble s’évapora et elle put sourire au médecin, lui procurant même certains conseils. Après quelques nouveaux exercices, ils purent finalement s’envoler. Elle prit à nouveau Asher dans ses bras pour le saluer, captant cette fois le regard de Lewën, sans toutefois en comprendre la signification.  

Alors que le médecin, béat, profitait du voyage, Elizawelle, elle, cachait tant et bien que mal le malaise que lui procurait le fait de voyager à une telle altitude. Elle détesta encore plus devoir survoler la mer, ressentant un profond malaise à l’idée d’être si loin de la terre ferme. Pourtant, l’attitude quasi euphorique de l’épistote finit par être contagieuse et la jeune femme se laissa aller à sourire, s’amusant de son enthousiasme. Plus calme, elle put s’ouvrir à la beauté grandiose des paysages qu’ils survolaient et du lien particulier qui se créait entre elle et sa monture. Toutefois, elle gardait constamment un œil sur Lewën, sans qu’elle parvienne à comprendre pourquoi son regard refusait de s’en détacher.  

* * * * *

Un silence complice s’installa entre les deux compagnons après qu’ils eurent monté leur camp pour la nuit. Le feu crépitait, sans parvenir à masquer les millions d’étoiles qui se dessinaient au-dessus de leur tête. À leurs côtés, les drakes s’étaient allongés, rassurante présence. À nouveau, la zoanthrope s’était plongée dans l’un de ses moments de mélancolie, le fantôme de son père lui collant à la peau comme une ombre. Ce fut Lewën qui brisa le silence, sans qu’Eliza sache s’il cherchait à la sortir de son mutisme, ou seulement à assouvir sa curiosité. Elle se surprit à lui sourire, la connivence qui se créait lentement entre eux l’amenant à s’ouvrir plus qu’elle n’en avait eu l’intention.  

– Vous… pardon, tu as toujours vécu sur Opale ?
– J’y suis née et j’y ai grandi, acquiesça-t-elle d’une voix lente. J’ai toujours habité le même quartier, tout près de la boutique d’Isydore. Mon père m’a élevé seul. C’était un homme drôle et attentionné, et même s’il partait souvent — c’était un aventurier — il s’est très bien occupé de moi. Il...

Pourquoi lui parlait-elle de cela ? Sa voix se brisa. Les yeux de la jeune femme fixèrent le lointain sans vraiment le voir. Elle se mordit la lèvre, s’interdisant de s’effondrer, puis poursuivit dans une direction moins douloureuse. Comme en réponse à son émotion, Lewën, qui avait sorti son rebec, en joua quelques notes.

– Isydore s’occupait de moi durant ses absences, réussit-elle à enchainer. Je le connais depuis toujours, pour ainsi dire.

Un petit sourire éclaira le visage de l’opaline lorsqu’elle pensa à son vieil ami. Reprenant contenance, elle eut le courage d’affronter le regard de Lewën et elle planta ses pupilles grenat dans celles du médecin.  

– Et toi, demanda-t-elle spontanément, qu’est-ce qui t’a mené à Opale ?
– J’ai fait quelques expéditions dans la Brume, et... J’aimerais l’étudier. Opale me rapproche de Dainsbourg tout en me permettant d’exercer pour pouvoir financer une expédition par mes propres moyens.

À leur côté, l’un des drakes poussa un long soupir, faisait onduler l’air dans la nuit calme. Lentement, Elizawelle reprenait le contrôle de ses émotions. Elle prit pleine conscience du moment et s’y ouvrit, apaisée. La mélodie de Lewën, en parfaite harmonie avec l’ambiance douce du lieu, se liait à ses mots pour leur donner un sens plus profond.  

– Ou au moins, faire quelques connaissances qui me permettraient d’y participer.  
Ils échangèrent un regard.
– As-tu déjà été dans la Brume ?
– Oui, j’y suis allé plusieurs fois, surtout pour la Guilde, confia honnêtement la jeune femme. C’est chaque fois une expérience... unique. Elle sourit, pensive. La dernière fois, c’était lors de cette expédition à Dainsbourg, en Ioggmar. La Brume... je crois qu’elle n’aime pas beaucoup ceux qui sont comme moi.
– Comme toi ? J’ai l’impression que la Brume est réceptive à nos intentions, dit-il en choisissant ses mots. Peut-être est-ce que je me trompe.

La gorge d’Eliza se serra. Elle se sentait proche de Lewën. Plus proche, en quelques jours, qu’avec la plupart des compagnons qu’elle avait eus au cours de ses nombreux voyages. Pourtant, elle se savait vulnérable. Ainsi, malgré l’envie de lui dire la vérité, elle choisit d’ignorer sa question.

– Les histoires ne sont pas tendres avec la Brume. On l’appelait même Malice... Pour moi, elle n’a jamais été autre chose qu’une nuisance. Mais je dois dire que je l’ai vue accomplir des choses extraordinaires. Tu penses qu’elle est plus... gentille ? Si on n’a pas d’opinion négative à son sujet ?
– C’est ce que je souhaite découvrir, sourit-il. Qu’est-ce qui t’a amené à explorer Dainsbourg ?

Pendant un instant, Elizawelle hésita. Elle jeta un œil au médecin, rassemblant son courage pour lui confier franchement ses motivations.

– Mon père a disparu à Dainsbourg, souffla-t-elle. Je voulais le retrouver. Alors lorsque la guilde a demandé des volontaires pour découvrir les secrets de cet endroit...

Elle ne termina pas sa phrase, le souvenir de son père lui serrant la gorge. La mélodie de Lewën résonna, se transformant, apportant un baume sur la douleur de l’aventurière. Elle leva les yeux vers lui, surprise de se sentir aussi bien à ses côtés. Lentement, sa gorge se dénoua.

– Je crois que la Brume nous a aidés, pendant le combat que nous avons mené dans les souterrains. Pendant un moment, elle s’est rassemblée, et le temps s’est arrêté. Je ne sais pas si nous aurions gagné sans cela.
– Parfois je me demande si la Brume n’est pas un être... Ou des êtres.
– Des êtres, oui... Les nebulas en sont la preuve, je crois. Ma seule certitude, c’est qu’elle est... qu’elles sont... conscientes.
– Que pensez-vous des Portebrumes ?

Elle ne releva pas le soudain vouvoiement, mais la manière dont la question était posée lui mit la puce à l’oreille. Elle répondit prudemment.

– Je crois qu’ils sont à la fois victimes d’une bénédiction et d’une malédiction. J’ai vu des Portebrumes accomplir des choses absolument extraordinaires, certains d’entre eux sont des personnes que j’estime beaucoup... mais j’ai aussi vu ce qui arrive lorsque c’est la Nebula qui l’emporte.
Elle baissa les yeux alors que Lewën reportait le regard sur les cordes.
– Je pense que c’est un compromis qu’il faut accepter. Que j’ai accepté tout du moins, annonça-t-il en portant le regard à nouveau sur Elizawelle, étudiant sa réaction. La Nebula m’emportera sûrement, dit-il d’une voix neutre. Parfois je sens qu’elle voudrait contrôler mon corps, il faut se montrer plus fort. La dompter... Il s’arrête un moment pour réfléchir. Non, cohabiter. Je lui apporte un corps, j’ai comme la sensation qu’elle étudie notre environnement à travers moi. Je ressens ça comme de la curiosité. En échange elle m’apporte son aide, son don.
– Je crois que je comprends, révéla finalement Elizawelle. En tant que zoanthrope, je suis constamment soumise à une sorte de lutte intérieure. Malgré tout, il m’apporte beaucoup.

Le Jaguar. Une part d’elle, mais aussi quelque chose de différent, d’étranger, avec qui elle avait dû apprendre à composer chaque jour.

– Lorsque j’étais enfant, il m’arrivait de me transformer contre ma propre volonté. Est-ce que c’est la même chose avec une Nebula ?

Malgré elle, son cœur se serra. Sa nature zoanthrope n’était pas quelque chose qu’elle dévoilait à la légère, mais la confiance que lui témoignait Lewën en lui confiant sa nature de portebrume l’encouragea à se livrer. Malgré tout, elle guettait nerveusement sa réaction. Leurs regards se rencontrèrent, ses yeux perçants la transperçant. Elle lut la surprise sur ses traits, mais aucun dégoût, aucune peur. Sans se laisser démontrer, il poursuit.  

– J’ai dû lutter oui... C’était comme être perdu dans son propre corps. Nous travaillons main dans la main maintenant, comme si elle avait compris mes intentions. On s’utilise l’un et l’autre. Une lueur assombrit son regard. J’ai accepté qu’un jour mon corps ne m’appartiendrais plus. Le plus tard sera le mieux.

Elizawelle hocha tranquillement de la tête. La paix d’esprit de Lewën par rapport à son propre sort la surprenait. Aurait-elle pu être aussi sereine si elle se savait sue destinée à un tel sort ? A

– Quel animal abrites-tu ?

Elizawelle se figea un instant. Elle évitait habituellement d’en parler, à tout prix. C’était son père qui lui avait inculqué cela, règle de sécurité de base pour que personne ne devine sa véritable nature. Pourquoi alors avait-elle envie de lui dire ? Un éclair traversa son regard lorsqu’elle fit un compromis avec elle-même. Elle ferma les yeux pour se concentrer. Depuis son aventure à Dainsbourg, elle n’avait pas retenté l’expérience incroyable qu’elle avait vécue avec le jaguar face au Reclus et il lui fallut quelques secondes pour retrouver le chemin vers ce pouvoir qu’elle n’avait plus cessé, depuis, de sentir papillonner en elle. Dans une situation beaucoup plus propice que la dernière fois, elle étudia comment elle arrivait à diviser sa partie animale de sa partie humaine. Ça lui semblait si évident. Si facile ! D’une simple pression de l’esprit, son corps animal prit forme près d’eux. Elle devait maintenant affronter la réaction du médecin.

Celui-ci avait arrêté de jouer, arrêté de bouger. Son regard était fixé sur le félin, sans que l’obscurité permette à Elizawelle de déchiffrer son expression. Le soulagement envahit la jeune femme lorsqu’il lui adressa un sourire détendu.

– Il est magnifique... Je savais les Zoans capables de se transformer, pas d’invoquer leur alter ego. Êtes-vous deux entités ou un seul être ?
– C’est... quelque part entre les deux.

Elle était incapable de l’expliquer autrement. En fermant les yeux, elle s’imprégna de la sensation. À voix haute, elle étudia la sensation, accordant une confiance irréfléchie à l’épistote.  

– J’arrive à sentir ce qu’il sent. Les odeurs... les bruits... la terre entre ses griffes... tout me parvient comme lorsque je suis transformée. Mais il y a... un filtre. Il possède sa propre volonté. C’est le parfait reflet de la mienne, mais il demeure indépendant.

Elle ouvrit les yeux et le jaguar s’étira, s’étendant au sol.

– Je ne savais pas non plus que c’était possible, confia-t-elle. Ce n’est que la deuxième fois que j’y arrive. Et là... je ne crois pas que je pourrais me transformer. Ou alors, il disparaîtrait.

Les silences étaient sereins et dans la quiétude du moment, Lewën s’approcha du félin. Elizawelle frissonna. Avait-il conscience que c’était elle, et non un animal, qu’il approchait ainsi ? Sa part animale le couvrait des yeux et un doux ronronnement montait dans sa poitrine sans qu’elle soit en mesure de l’empêcher. La main de Lewën hésita au-dessus de sa tête et la jeune femme fut surprise de devoir retenir le jaguar de quémander une caresse. Pourquoi avait-elle envie qu’il la touche ? Personne ne la touchait ainsi, peu importe la forme qu’elle avait. Était-ce parce qu’elle avait maintenant deux corps ? Ou était-ce le médecin qui était différent ? Comme sentant sa réticence soudaine, celui-ci suspendit son geste.

– J’imagine que ses blessures sont tiennes ?

Le jaguar sentit prudemment la main de Lewën. Surprise par les odeurs, Eli sursauta et le félin disparut.

– Oui, répondit-elle en se remémorant son combat à Dainsbourg. Et sa présence est énergivore, remarqua-t-elle.
Mar 8 Aoû 2023 - 0:54

Les secrets de Rimegard

Avec Elizawelle Flatterand




Il sortit quelques herbes de ses affaires tout en écoutant sa partenaire, préparant une infusion.

- Izydore semble bien connaître tes talents, depuis quand vadrouilles tu sur le continent ?

Il servit le thé avant de reprendre son rebec.

- Fleurs de Jasmin, précisa-t-il en désignant l'infusion.

Un mince sourire étira les lèvres de la femme.

- Je suis sortie d'Opale pour la première fois il y a sept ans. Depuis, j'ai voyagé partout, même au-delà de la frontière de Brume ! J'ai d'abord suivi un groupe pendant quelques années, puis quand nous nous sommes séparés, j'ai intégré la Guilde des Aventuriers. C'est eux qui financent la plupart de mes voyages. Je me suis même rendue jusqu'à Lapis !

Elle souriait à pleine dents, ses yeux brillaient lorsqu'elle pensait à ses voyages. Ceux du médecin pétillèrent à leur tour, l’aventure, la Brume … La mention de la Guilde des aventuriers l’interpela, il garda ce nom dans un coin de sa tête. Attrapant la tasse, Elizawelle l’accueillit avec un sourire reconnaissant. Pendant un moment, Lewën sentit la zoan l'observer avant qu’elle ne pointe l’instrument du doigt.

- Où as-tu appris à jouer ?

- Je suis né dans une bonne famille Epistote, j'ai eu la chance d'avoir une éducation plutôt riche. Et j'ai remarqué que la musique à cette faculté d'adoucir les mœurs et les maux. Il n'y a pas toujours de Duddo pour inhiber les peurs. La musique en est le pâle générique.

- Ça fonctionne bien sur moi.

Malgré la fatigue du voyage, Lewën sentit que sa partenaire se sentait bien en cet instant, écho de son propre bien être. Est-ce la musique, ou juste l’instant entre deux êtres qui apprenaient à se découvrir ?

- Comment as-tu connu Izydore ?

- Je cherchais une pharmacie, celle d'Izydore est reconnue dans le quartier. Je dois avouer que nous avons mis un peu de temps à nous faire confiance. Avoua-t-il en continuant à jouer. Je vivais en auberge, pas très rentable. J'ai commencé à chercher un lieu pour m'installer, j'ai dû m'attarder un peu plus que prévu sur Opale. Il regarda Elizawelle avant de préciser. Question financière. Izydore m'a été d'une grande aide pour que je puisse m'installer. D'où ce service que je lui rends en juste retour.

Il s’arrête de jouer pour se concentrer sur la jeune femme.

- Tu as l'air de le connaître depuis longtemps, il a toujours été amélioré ?

- D'aussi loin que je sache ! Selon mon père, il les avait déjà lorsqu'il est arrivé à Opale, il y a trente ans. Il était épistote... mais tu le savais sûrement déjà.

Elle sourit, amusée à l’évocation de leur connaissance commune. Elle le connaissait par cœur depuis le temps qu’elle le côtoyait, Lewën aurait juré qu’Elizawelle se gardait d’avouer la véritable raison pour laquelle Izydore lui avait apporté son aide.

- Izydore doit vraiment avoir foi en tes capacités ! Ça me rassure, blague-t-elle.

Ainsi donc sa “protectrice” le taquinait dors et déjà. Lewën sourit.

- Pourquoi choisir ce métier ?

Elizawelle posa une colle à Lewën. Pourquoi .... Il laissa un long silence avant de formuler une réponse.

- Pourquoi ... Une évidence je dirais. Je me suis engagé dans l'armée, ma mère m'a légué son amour pour la botanique. Et naturellement ses connaissances m'ont mené au cursus médical.

Une pointe de fierté naquit sur son sourire.

- Et parce que je suis doué pour ça. Ça paraît prétentieux, c'est pourtant la réalité.

Il pose son rebec et se tient face à Elizawelle. Il n'avait pas pour habitude de parler de sa vie, encore moins à une inconnue. Mais il y avait ce quelque chose …

- Quand j'étais à l'étude à l'armée, il y avait ce Henrick. Il n'avait pas son pareil pour se blesser durant les entraînements. Il tu le fait que le garçon était un bouc émissaire, en y repensant les mâchoires de Lewën se contractèrent, détestant l'injustice et le droit que certains se prennent d'être supérieurs aux autres. Il fallait bien quelqu'un pour lui apporter les premiers gestes de secours, ce n'était toujours pas très beau à voir. J'étais le mieux placé et ça me plaisait. Je me suis dirigé vers cette voie et on m'y a encouragé.

Elle l'écoute avec intérêt. Militaire ? Elle ne cacha sa surprise, cela ne correspondait au médecin du peu qu'elle en avait vu.

- Ce n'est pas prétentieux d'assumer ses forces.

Leurs regards se croisèrent et se happèrent l'espace de quelques secondes. Elle vit la colère du souvenir, n’osant pas questionner sur la survie du fameux Henrick. Hésitante, elle décida de se rapprocher de lui pour poser une main sur son épaule, compatissante.

- Soigner les autres, c'est une entreprise très noble. Je suis certaine que tu es excellent.

Elle rosit légèrement, mais ne détourna pas le regard, lui adressant  un petit sourire complice.

- J'espère que nous arriverons à temps pour sauver Ruven.

Il acquiesça et sentit un malaise qui traversa Elizawelle. Un soubresaut de culpabilité - celui de lui cacher le versant de la mission - bien vite effacé par sa question.

- Tu m'apprends ? Demanda-t-elle en pointant le rébec avec un sourire mutin.

S'il s'attendait à cette demande ! Il en ouvrit la bouche de surprise une dixième de seconde avant de se reprendre.

- Très bien, commençons sans l'archer. Je te montre comment le tenir.

Il se positionna, le bas du rebec au sol, le manche dans sa main droite.

- Il y a deux façons de jouer. Comme ceci, je te conseille de le tenir ainsi pour commencer, c'est plus facile. Ou comme cela. Il plaça le bas du rebec sous le menton, le manche toujours dans sa main droite.

Il tend l'instrument à Elizawelle et la laisse se mettre en position.

- Tu peux le rapprocher de toi, il ne va pas te mordre, se moqua-t-il gentiment en aidant Eli à bien se tenir. Dos droit, parfait. Il y a quatre cordes : sol, ré, la et mi. Les notes qui vont composer la mélodie. On va commencer par les pincer.

Il fit le geste sous les yeux attentifs de la féline avant de la laisser l’imiter. Cette promiscuité le troubla mais il n'en montra rien.  Il continua les explications, lui montrait au fur et à mesure, la laissa faire jusqu'au moment fatidique de l'archer. Même exercice, il donna l'exemple, Elizawelle se tut, soudain intimidée par l'instrument. Elle écouta Lewën avec attention, puis tenta de reproduire sa position, un peu maladroitement. Elle fut d'abord distraite par leur proximité, mais prit peu à peu confiance grâce aux explications claires et précises de son "professeur". Elle le regarda se servir de l'archet et ce fut en toute confiance qu'elle le prit à son tour. Mauvaise surprise : le son fut horrible ! Elle regarde Lewën d'un air insulté avant de se renfrogner. Lewën s'esclaffa devant la tête de son apprentie.

- J'ai mis de longues semaines pour ne pas dire mois à sortir un son convenable avec l'archer. Finit-il par avouer.

- Je crois que ce n'est pas fait pour moi !

Malgré tout, elle se concentra et réessaya plusieurs fois. Après de longues minutes à faire souffrir leurs oreilles, elle réussit enfin à produire une note claire. Par chance ? Peu importait, son visage s'éclaira.

- C'est merveilleux ! dit-elle avec un grand sourire.

Elle reproduisit plusieurs fois le geste, mais ne réussit pas à sortir la jolie note. Finalement, elle lui tendit l'instrument.

- Je crois que je préfère quand c'est toi qui joue.

Lewën récupèra le rebec et l'archet, déposa ce dernier et joua directement en pinçant les cordes.

- Je suis certain que comme ça, tu apprendras vite. Tiens. Si tu veux je t'apprends un morceau. Tu pourras t'entraîner à chacune de nos haltes. Sourit-il avec douceur. Il ne voulait pas que sa partenaire reste sur une mauvaise note.

La bienveillance de Lewën acheva de la convaincre.

- D'accord, sourit-elle à son tour en reprenant l'instrument.

- Est-ce que tu connais la Balade de Kalistha ? Une mélodie simple de son enfance.

Kalistha, la mère des Océans, il avait souvent entendu les marins chanter son hymne pour louer sa bienveillance. Lewën commença à entonner la mélodie, suivi par Elizawelle.

- Oh oui, tu vas voir, elle n'est pas très compliquée à jouer.

Il montra à la féline où placer ses doigts et quelles cordes pincer. Une fois qu'elle le reproduisit, Lewën lui donna le rythme en fredonnant la mélodie. Lorsqu'ils eurent fini la mélodie en son entier, Lewën découvrit le radieux sourire étonné de la femme. C'était la première fois qu'elle jouait d'un instrument, elle avait réussi à jouer le refrain ! Lewën profita de cette mélodie pour aborder l'enfance d'Elizawelle.

- Ta famille était marine ?

- Ma famille, répéta-t-elle, pensive. Je n'en sais rien, avoua-t-elle. Mon père n'était pas marin, mais il ne m'a jamais parlé de ma mère. De ce que j'en sais, les Flatterand sont plutôt dans l'agriculture... mais mon père adorait m'amener au port. Nous allions y acheter régulièrement du poisson frais. Et souvent, nous chantions, sourit-elle.

Pas d'amertume ou de mélancolie : ce fut de beaux souvenirs que le médecin lisait sur le visage de la femme.

- Tout ce que j'ai de ma mère, c'est cette boucle d'oreille. Elle est partie lorsqu'elle a vu... ce que je suis.

Lewën s'en voulait d'être entré dans l'intimité d'Elizawelle, c'est pourtant sans crainte qu'elle se confia, sûrement était-elle en paix avec son passé ? Il ressentit de l'amertume face à cette femme abandonné par sa propre mère, miroir de son propre rejet par son paternel lorsqu'il apprit que son fils devint un Portebrume. C'est pourtant sans ressentiment qu'il parla, des paroles qui se voulaient rassurantes et qui pouvaient offrir une autre possibilité, une autre explication.

- Parfois la peur ou l'inconnue fait prendre des décisions regrettables. D'autre fois la cause peut-être biaisé. Peut-être est-elle partie pour une raison différente ? Qui sait ...

Et si Madame Flatterand avait voulu protéger sa fille ? Il y avait encore des chasses aux Zoans. Mais en quoi abandonner sa famille aurait aidé ? Ou bien cachait-elle un secret ? Peu importait, le résultat était là : Elizawelle avait grandi sans sa mère.

- Peut-être... éluda Elizawelle.

- Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort. Mon père n'avait de cesse de le répéter. Ajouta-t-il pensif.

Il regarda cette inconnue qui, au fil des mots, ne l'était plus tant. Depuis quand n'avait-il pas ressenti ça ? L'attirance ? Ce n'était ni le lieu, ni le moment, et peut-être pas la personne. Ça ne se contrôlait pas. Alors il détourna le regard plutôt que de déposer sa main sur l'épaule ou bien la main de la Zoan pour lui témoigner sa compassion. Il savait pertinemment que sa confidence n'était pas pour l'apitoyer.

Elle n'était pas certaine de ce qu'elle ressentait par rapport à sa mère. C'était un mélange de sentiments confus auquel elle n'avait encore jamais eu le courage de s'attaquer. Elle cachait tout cela derrière un masque détaché que Lewën ne pu décrypter. Ce qu'il ne savait pas non plus était le trouble que la femme partageait. Une sensation étrange la prit aux tripes. Comment pouvait-elle se sentir si près de lui, alors qu'elle le connaissait à peine ?

- L'agriculture donc. Votre famille détient encore des terres ?

- La plupart ont été rachetées par les Ozwinfield après la catastrophe de Dainsbourg. Elles étaient sur l'île de la Flatterie, d'après mon père.

Sa voix n'était qu'un murmure. La proximité entre eux prit toute la place, Elizawelle avait du mal à organiser ses idées.

- Aujourd'hui, les Flatterand vivent surtout à Opale. Mais je ne suis proche d'aucun d'entre eux. Ma seule famille, c'est Isydore.

Lewën baissa les yeux, mais Elizawelle l'observa. Sans réfléchir, elle replaça une mèche de ses cheveux. Réalisant l'intimité de son geste, elle rougit, ramenant précipitamment sa main près d'elle et baissant à son tour le regard. Un geste de tendresse ? Le cœur de Lewën palpite. Ce doux geste le ramenait dans un temps désormais révolu. Il releva les yeux aussitôt, cherchant ceux d'Elizawelle. Elle rosit, par timidité ? Par honte ? Peut-être était-ce juste un geste maniaque, il s'y connaissait dans le domaine. Pourtant son corps lui criait autre chose. Il tenta de calmer son esprit. La nuit était tombée et les avait enveloppés de son manteau sombre. La température avait chuté de quelques degrés. Les Drakes s'étaient allongées, les ailes repliaient sur leurs côtes. Les feuilles bruissaient, les étoiles se dévoilaient une à une. Pour se redonner une contenance, Elizawelle le questionna à son tour.

- Et toi, d'où connais-tu cette chanson ?

Lewën se leva pour récupérer quelques bois, s'en servant pour alimenter le foyer avant de se réinstaller à côté d'Elizawelle, plus proche. Sa main jouant avec le tison frôlait les jambes de la jeune femme. Il Il 'e s'appercu pas de la réaction de la femme. La gorge d'Elizawelle se serra, un vertige la prenait chaque fois que la main de du médecin l'effleurait. Elle peinait à contrôler les battements de son cœur. Le jaguar ronronnait dans sa poitrine, inaudible de l'extérieur. Elle ne le lâchait plus des yeux. Son regard détaillant son visage, les expressions qui s'y dessinaient, les sentiments qui s'y lisaient. Elle peine à demeurait concentrée sur ses paroles, mais leur importance la rappela à l'ordre.

- Je me suis engagé jeune dans l'armée Epistote, j'y ai fait mes classes, on m'a enseigné l'histoire d'Urh, la géopolitique, les enjeux militaires ... Un tas de choses. Dont la médecine. Sans vouloir paraître chauvin, notre pays excelle dans le domaine. Et je ne remets pas en doute les compétences de nos voisins, crois-moi. Le tutoiement se faisait plus nature. Mais j'ai été à bonne école, j'ai eu accès à des ouvrages écrits par des maîtres en la matière.

Il savait que tout cela ne répondait pas à la question, pas encore. Il avait envie qu'Elizawelle comprenne d'où il venait, ce qui l'avait construit.

- Le fait que mon père soit un Capitaine de renom aide, c'est certain. J'ai profité de cette chance pour me perfectionner. Je suis devenu médecin, l'un des plus jeunes de l'armée, j'avais vingt ans. J'ai fait mes preuves en accompagnant des expéditions dans la Brume.

Une pause silencieuse, Elizawelle semblait l'écouter avec attention.

- Et c'est maintenant que je réponds à ta question, sourit-il. Nous avons souvent emprunté la flotte Epistote pour nous mener dans les secrets de l'envahisseuse. C'est sur les navires que j'ai appris l'hymne de Kalistha. C'est comme une prière pour implorer les grâces de la déesse. Un encouragement et une félicité chantait par les marins.

Il hésita avant de continuer, le regard à nouveau dans les flammes qui les réchauffaient.

- Un jour j'en suis revenu changé. La Brume m'avait choisi comme hôte. Il tourna la tête vers la femme. J'étais brun avant cela. J'ai perdu ma pigmentation. J'ai quelques explications scientifiques plausibles mais je sais que c'est ma Nebula qui a créé ce changement en fusionnant avec mon corps. Parfois je la sens qui essaie de prendre le contrôle ...

Il se tourna entièrement pour planter son regard dans celui de la féline. Il était dans une bulle, plus rien aux alentours ne pouvait atteindre ses sens, toute son attention était sur Elle. Il finit son histoire comme il aurait raconté une journée barbante. Lui non plus ne voulait ni apitoiement, ni attendrissement.

- Mon père pense que les Portebrumes sont des gens faibles qui se sont laissés bernés par la "Malice". Un Portebrume n'a pas sa place dans l'armée. Il a lui-même demandé mon renvoi.

Malgré lui son poing se serra.

- Je reste tout de même le fils du Capitaine Digo, j'ai été traité avec déférence et l'on m'a laissé une jolie dote et tout ce que j'avais gagné pour mes services rendus.

Il hésita encore avant d'oser prononcer les derniers mots. Son cœur accéléra au moment où ces derniers traversèrent ses lèvres.

- Et me voilà avec la plus charmante des compagnies, j'y ai gagné au change.

Il sourit et se leva pour cacher son trouble. Draguer n'avait jamais été son fort.

- Nous devrions peut-être dormir, nous avons encore du chemin à parcourir.

Elle le laisse vanter l'excellence épistote sans même s'offusquer, elle qui est habituellement si prompte à défendre Opale. Il lui raconte une vie, une vie dure, mais riche. Une vie noble. Pour la première fois, un doute s'immisce chez la jeune femme : tant de connaissances, d'accomplissements... Qui est-elle en comparaison, simple aventurière provenant d'un milieu modeste ?
Il hésite un moment. Eliza, troublée, se retient de se rapprocher davantage. De lui prendre la main. Est-elle légitime de vouloir cela ? Alors, elle l'écoute. La Nebula, le rejet de son père, le renvoie de l'armée. Son poing se serre et la colère monte simultanément dans le cœur de la zoan. Il ne méritait pas ça ! Mais il ne veut pas de compassion. De pitié. Elle le comprend bien, sait que sa propre colère ne l'aidera pas. Déjà, il cite le positif... et finit par une remarque qui fait s'emballer le cœur d'Eliza.

- Lewën, je...

Qu'essayait-elle de dire ? Que pouvait-elle ajouter ?
Ni l'un ni l'autre ne s'étaient retrouvés dans pareil situation. Cette complicité naissante ... Ce désir furieux que la nuit ne se termine pas… le cœur qui s'emballe à chaque frôlement... Cette envie d'être plus près, toujours plus près…
Savait-elle à quel point son charme était envoûtant ? En usait-elle ? En abusait-elle ?

- Tu as raison, abandonna-t-elle. Nous devrions dormir.

Elle se lèva à son tour, loin de son aplomb habituel. Son regard s'attarda sur le médecin qui prenait soin de lui tourner le dos. Qu'espéraient-ils ? Elle se détourna finalement. Quelle nuit...