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[FB-10] Qu'est ce que je fous là putain ?

[FB-10] Qu'est ce que je fous là putain ? Brandw10
Lun 31 Juil - 12:14
Il y a 10 ans…

La brume, monde mystérieux, monde dangereux, mais surtout monde qui attirait bien des convoitises. Et ces convoitises, le royaume de Xandrie n’en était pas exempt. Désirant obtenir les richesses prétendument colossales qui pouvaient se cacher sous l’océan de brouillard, le pays avait l’habitude d’organiser des expéditions aussi colossales que suicidaires pour parvenir à remplir ses objectifs. Des missions dans lesquelles le bilan humain était souvent particulièrement lourd et coûteux, ce qui ne semblait pas, pour autant, décourager plus que ça les autorités en place ou les volontaires, que” ce soit de ceux de la guilde des aventuriers trop soucieux d’obtenir les subsides pour leurs propres explorations ou encore des mercenaires dont risquer leur vie était le gagne-pain.

Et parmi, ses mercenaires, Violette, 16 ans.

image:

Fille de basse extraction, venant tout droit des bas-fonds de la capitale xandrienne où régnait la pauvreté et la misère, il fallait dire qu’elle n’avait pas vraiment. Son père, lui-même anciennement mercenaire étant mort dans une de ses expéditions il y a déjà presque deux ans, prendre sa place avait été pour elle le seul moyen de pouvoir subvenir aux besoins de sa famille nombreuse sans sombrer dans le crime et la violence contre ses semblables.

Naturellement quand bien même elle savait se battre à cause de la violence ordinaire du monde et des quartiers dans lesquels elle avait grandi, ce n’était pas en deux ans que l’on apprenait à être un vrai mercenaire, à savoir utiliser les armes, à gérer la peur de la mort. Quand bien même, elle était encadrée par ses aînés, qui avaient assez pitié d’elle d’autant qu’ils connaissaient eux feu son père et voyaient tous dans cette situation quelque chose de tragique, il restait chez elle, nombre de lacunes et une profonde inexpérience.

D’autant qu’il s’agissait cette fois-ci de sa première expédition contre la brume. Un monde qu’on lui avait toujours dit être terriblement féroce et impitoyable. Source de nombreuses d’histoire d’horreur qui faisait trembler les petits ne voulant pas finir leur soupe.

Aux frontières de la brume avait été dressé un camp visant à préparer l’expédition et où devait se rejoindre les aventuriers et patrouilleurs de la guilde ainsi que les mercenaires xandriens. Les officiers discutaient, les soldats se préparaient.

Un peu à l’écart de tout ce raffut, avec un tissu, la jeune femme nettoyait sa rapière, presque inutile il fallait le dire. C’était juste des gestes et des actions pour canaliser son stress et sa peur qu’autre chose. Le visage terne et tendu, le pied battant la mesure rapidement contre le sol, l’heure n’était pas à la confiance ou à la joie pour une enfant qui n’était pas là par plaisir mais uniquement par responsabilité.
Mar 1 Aoû - 14:56

Voilà, on y était. Patrouilleur. Un mélange de déception et d’appréhension face à cette foutue Brume qui avait brisé sa vie et ses rêves. Mais à présent, à présent … Tch. Comme si ça allait changer quelque chose : il n’en sauverait jamais assez. Il ne la mettrait jamais assez en difficulté. Mais il lutterait. Et … et si tout ça faisait partie de son plan à Elle ? Il frissonna, percevant les tentacules malveillants de sa Nebula qui lui pourléchait la conscience. Le Patrouilleur secoua la tête porta sa main à sa ceinture. Pas le temps, pas le moment. Il n’était plus très loin du camp d’exploration. Un frisson glacé lui parcourut l’échine tandis que la scène macabre de ses seize ans se reproduisait dans sa tête. Le sang, la mort. L’odeur …

- Ahem. Sors de-là petite mite, tu ne me feras pas craquer. grommela-t-il, se tapant le crâne de la paume de sa main, par deux fois.

Ah, des bruits et des éclats de voix. Il balaya la Brume qui l’enlaçait d’un geste du pied et se dirigea avec son ouïe vers le camp qui devait border l’infâme brouillard. Il n’était pas un Patrouilleur depuis longtemps, mais il avait appris l’un des plus grand secrets pour faire comprendre qu’il ne fallait pas l’emmerder ni venir trop près de lui dès le début d’une expédition : arriver par l’endroit où personne ne voulait sciemment aller. Le Patrouilleur vérifia donc son barda, attacha un peu plus haut sa cape pour qu’elle ne lui revienne pas au visage à cause d’un quelconque coup de vent puis expira. Soigner son entrée, qu’on lui foute la paix … Craquer comme les os du Capitaine lorsque …

- AH ! TA GUEULE. hurla-t-il malgré lui.

Tch. Les sons humains se stoppèrent, il perçut même le chuintement caractéristique des lames qu’on tirait de leur fourreau. Entrée pas soignée, mais remarquée. Il prendrait ça. Il sentit la Brume qui vibrait autour de lui, entité malveillante qui se gaussait de sa forfaiture.

Le Patrouilleur émergea donc des relents poisseux de la fumée téméraire, le cliquetis de ses armes en écho à chacun de ses pas. Il avait l’air bien jeune, à peine la vingtaine, malgré ses cernes et son teint cireux. Vêtu de noir, arborant l’uniforme des Patrouilleurs. Il n’était pas le réel guide de cette expédition, mais il était attendu. Il s’arrêta, rajusta son sac à dos.

- Ryker. Je serai votre Patrouilleur. se présenta-t-il.

Petit silence. La tension retomba, ils avaient cru à une attaque mais la brume n’avait fait que recracher un jouvenceau. Peut-être l’ascenseur émotionnel suffisait à lui seul à justifier ce qui allait arriver …

- Retourne téter les seins d’ta mère ! Jamais vu un Mort Gris qu’avait besoin qu’on lui change l’couches !
ricana une voix de l’autre côté du camp.

Hilarité générale. Il fallait croire que les expéditions accueillaient des durs à cuir dont le passage par la Brume n’était pas le premier. Bien vite, toute le monde retourna à ses occupations. Il resta immobile, tirailla avec nervosité les lanières de son sac. Et bien … heu … merde alors. Mais du coup, le Patrouilleur qui émergeait de la Brume ça n’avait vraiment impressionné personne ? Il avait dû s’y reprendre à trois fois pour s’en donner le courage. A n’en pas douter c’était l’ambiance générale.

- Hé, toi, la fille. Tu sais où sont les officiers ? demanda-t-il à la première venue, occupée à nettoyer une rapière.

Ce faisant, il tournait le dos à une grande tente rouge aux fanions dorés. La tente des officiers, à n’en pas douter.
Jeu 3 Aoû - 14:10
Tout va bien se passer…
Tout va bien se passer…

A travers un entretien excessif et inutile de ses armes, et des gens répétitif de cette action, la jeune fille canalisait ainsi une partie de son stress et de son inquiétude. Focalisée sur elle-même, elle n’avait ainsi pas vraiment fait attention à l’arrivée mouvementée du patrouilleur dans la brume, de toute manière trop loin de la brume pour voir d’ici quoi que ce soit sans que l’alerte générale soit donnée. Elle n’allait pas non plus se rapprocher de l’objet de tous les dangers et de la chute de ce monde pendant sa période de repos et de préparation.

Alors qu’elle était prostrée sur son épée, soudainement, une voix l’interpella, lui demandant où étaient les officiers. Sursautant par surprise, Violette leva rapidement la tête en clignant des yeux pour voir qui diable était en train de lui poser cette question.

Hein ? Je ?

N’ayant rien suivi de toute l’histoire, il lui fallut quelques secondes dans sa tête pour remettre la question du patrouilleur dans le bon ordre. Néanmoins, elle resta un instant sur son visage, le monde des mercenaires surtout à Xandrie était petit, tout le monde se connaissait plus ou moins. Pour autant, elle ne le reconnaissait pas, ce qui était assez curieux dans un camps de mercenaires tous liés par leur origine ou tout du moins leurs vies communes.

Heu… Mais vous êtes qui ?

Il lui fallut quelques secondes pour que son cerveau cogite, malheureusement moins rapidement que sa langue. Son uniforme n’était pas celui d’un mercenaire, en fait ça ressemblait à celui d'aventuriers, ceux qui allaient dans la brume.

Ah heu.. désolé j’avais pas reconnu vot’ tenue..

Les mercenaires qui observaient la scène se mettaient de nouveau à rire.

Pas b’soin d’être respectueuse avec ces gens là vivi’ Ce sont que des sacs de frappe sacrifiable de la guilde !

Bah nous aussi techniquement. T’crois qu’on va faire quoi là ?

Ouais mais pas autant.


Violette observait la scène sans vraiment comprendre. Il fallait dire qu’elle n’avait jamais pris la peine de se renseigner sur ce monde. C’était une personne assez solitaire et renfermée sur elle-même, elle n’était ainsi pas vraiment du genre à poser des questions ou demander de l’aide à qui que ce soit par timidité. Autant dire que le cas des patrouilleurs, de leur réputation, tout cela n’était que trop vague dans sa tête. Surtout qu’elle avait maintenant d’autres priorités comme survivre à cette expédition.

Revenant à l’aventurier, elle pointa du doigt derrière lui une grande tente.

J’crois qu’c’est par là.

Se muant alors de nouveau dans le silence, alors que le patrouilleur devant sans doute se diriger désormais vers la tente, baissant le regard et en prenant son courage à deux mains, elle posa une question.

Dites… Vous pensez que combien de personnes vont mourir ?...

Jeu 3 Aoû - 14:52
Un gargouillis courroucé fut tout ce qui échappa de la gorge du Patrouilleur avant que les mercenaires aux alentours ne reprennent en cœur le constat partagé par la plèbe sur sa profession. Sac de frappe sacrifiable, sac de frappe sacrifiable … pas tant. Mais un peu quand même. Les gars de son espèce n’étaient pas connus pour une espérance de vie très longue. Encore moins avec ce qui lui était arrivé … Enfin, ça c’était un secret. Et surtout le prix d’une Nebula crasseuse pour des capacités futiles. Il soupira à mesure que les mercenaires argumentaient sur quelle viande valait la plus cher à l’orée de la Brume. Ils ne remarquèrent pas les doigts inquisiteurs de la Brume qui s’éloignaient petit à petit de leur mur en direction du petit groupe, maintenant à bonne distance du danger, avant de réintégrer leur niche. Sinistre présage que Ryker ne manqua pas de noter, un frisson glacé lui vrilla l’échine. Elle les appelait, Elle avait soif d’eux. La voix fluette de l’adolescente le ramena à la réalité.

- Ah, heu. Merci ma jeune … dame ? bredouilla-t-il, ses mésaventures ayant gommé tout sens commun de la plupart de ses propos.

Il se retourna, se gratta le menton et sa barbe naissante. Il détonnait au milieu de tous ces vieux de la vieille, entraînés et rôdés à ce type de mission sans en avoir jamais trop frôlé le danger. C’était pour cela qu’il était là : il avait déjà survécu plusieurs fois dans la Brume, en avait connu l’horreur et les dangers. Il en était revenu. Sa présence était un gage de survie, ou de malchance à voir comment chacun l’interprèterait. Les Patrouilleurs ne faisaient pas légion et leur esprit fracassé par tant d’années à échapper à la mort n’était qu’un mythe, le jeune Ryker n’y faisait pas exception. Il contempla les fanions et soupira à nouveau. Bon, restait plus qu’à aller voir les chefs et …

- Combien de personnes vont mourir ?
il se mit à ricaner, un mélange entre un réel rire et une peur qui lui vrillait les tripes.

- Il y a des sorts pires que la mort dans la Brume. Bien pire … on peut perdre sa santé mentale, se transformer en Spectre et errer pendant des millénaires. Un élémentaire peut prendre possession de vous et de votre vie pour ressortir et vivre comme si vous n’aviez jamais disparu … Ou encore, une Nebula peut envahir l’esprit et faire perdre la raison jusqu’à faire de vous un Errant … Ah ah. Il y a des sorts bien pires que la mort dans la Brume … énuméra-t-il sur ses doigts pour être certain de ne rien oublier. Oh, bien sûr, il y a des gens qui sont ressortis des années plus tard en pensant être parti quelques heures, et encore bien d’autres mystères non résolus. Alors, mourir c’est peut-être le mieux qui peut leur arriver.

Un long silence s’installa entre eux. Ryker rajusta son barda, palpa avec un peu de retard le malaise qu’il venait de jeter sur la scène et peut-être le fait qu’il n’avait fait qu’approfondir la peur de la jeune femme. Il se racla la gorge, se gratta de nouveau son semblant de barbe.

- Non, non. Mais ils peuvent quand même mourir, je vous rassure. En général, sur ce type d’expédition, on est environ à trois quarts de pertes. Des morts, rien que des morts. Pas de trucs bizarres, ah ah … ah … Heu. C’était guère plus rassurant, hm ?

Silence, encore.

- Pas de panique, c’est pour ça que je suis là : éviter que ça n’arrive. C’est mon métier … je suis là pour vous guider dans la Brume. J’ai déjà survécu plusieurs fois, on va espérer que ça continue, hm ? Je … je m’appelle Ryker Lestat. Et … je crois qu’il faut vraiment que j’aille voir les officiers là, histoire qu’on puisse lancer l’expédition … continua-t-il, avant de tourner le dos à la jeune femme. Et aussi histoire que je foire pas ma première mission de Patrouilleur, bordel … rajouta-t-il tout bas.

Il se dirigea donc vers la tente et disparut du champ de vision de la fille à la rapière, avec la nette impression qu’il n’avait fait que rajouter des couches à son appréhension. Il supporta quelques remarques pataudes sur sa fonction dans l’expédition en doublant de nouveau les trois mercenaires qui l’avaient dénigré, puis passa le battant en tissu de la tente où un homme en livrée carmine était penchée sur une carte, affairé à tracer un chemin au milieu des sentiers brumeux. Bonne idée le rouge, on voyait moins le sang. Par contre, c’était très visible dans la Brume.

- Ah, notre Patrouilleur : enfin ! Je vous attendais dès l’Aube ce matin. On a pas le temps pour les grasses matinées ici. Les convois sont chargés, il ne reste que les tentes à démonter et deux-trois menus détails.


- Je … heu … j’ai fait un détour pour … repérer la route. répliqua-t-il, pataud. Bonjour monsieur.

La tente était sommaire et la table portant la carte semblait trop lourde pour être transportée dans le cadre d’une expédition. Cela s’annonçait mal : le chargement serait lourd et dense. Difficile à préserver en cas de fuite. Mais cela trahissait une chose : ils comptaient rester longtemps à Dainsbourg, assez pour y récolter leurs informations. Ryker comprenait mieux la durée ‘indéterminée’ de son contrat. Il y avait beaucoup d’épées à louer dans le camp, mais certainement des scientifiques et archéologues de renom.

- Et donc ? s’impatienta le chef d’expédition.

Sous sa livrée rouge on apercevait une armure en métal étincelante. A en juger par les armes pendues aux râteliers çà et là, on avait affaire à un militaire et il suintait cette impression jusqu’au bout des ongles. Coupe claire, rasé de près. Des yeux noirs enfoncés dans des arcades sourcilières prononcées. Il n’était plus de prime jeunesse, comme en témoignait le gris de sa tonsure, mais il n’avait rien perdu de sa vigueur et précision.

- Votre chemin … heu … est assez pertinent. Vous suivez la grande route jusqu’à rejoindre les ruines de la cité. Mais … si je peux me permettre, c’est plutôt à découvert. La Brume est dense par là. Les risques le sont tout autant. Si … heu … je peux vous suggérer, il se pencha sur la carte, si vous passez par là …

- Un détour de deux jours au mieux … vous n’y pensez pas, Patrouilleur ?! Hors de question.

Ah…

- Mon expédition, mes décisions. Vous irez en éclaireur, cela suffira s’il y a un vrai danger. Je vous assignerai des hommes pour faire le relai avec nous et vous accompagner. fit-il avant de le congédier d’un geste.

Un peu benêt, Ryker ne sut quoi répondre. Cela allait contre les règles et il aurait dû s’imposer face à ce chef d’expédition bougon. Cependant, plus jeune d’au moins de décades, il resta coi face à la verve et aux râleries de l’officier au sujet de son incompétence et du fait qu’il ‘n’avait pas encore le nombril assez sec pour se permettre de lui dire quoi faire’ puis décida de baisser les épaules et de sortir de la tente. Cela s’annonçait mal, cela s’annonçait foutrement mal … Avec dix années de recul, aujourd’hui, il savait qu’il aurait dû mettre son poing dans le nez de ce militaire frustré et lui imposer sa façon de penser. Tant de vies gâchées par un simple manque de précaution …
Ven 4 Aoû - 20:56
La jeune fille avait fait part de ses doutes et de ses questionnements au patrouilleur afin de les dissiper. Et une chose était certaine… C’est qu’il y était parvenu, mais pas dans le bon sens du terme. À mesure qu’il expliquait tous les dangers de la brume, au point que la mort était un châtiment des plus chanceux et favorables, la demoiselle faisait de plus en plus la moue, son teint devenant légèrement plus livide.

En soit, elle comprenait parfaitement la chose, sans doute l'avait-elle comprise depuis longtemps. Malgré son jeune âge, cela faisait longtemps que la jeune mercenaire avait perdu toute naïveté vis à vis de la violence et de la nature impitoyable de ce monde. Néanmoins jusqu’ici, Violette était parvenue à éviter la dureté de la réalité en évitant de se mettre dans des problèmes qu’elle ne pouvait pas surmonter. Malheureusement la mort de son père l’avait obligé à mettre les pieds dans le plat pour le meilleur et pour le pire. Et après cette décision d’aller risquer sa vie pour nourrir sa famille, c’était la première fois qu’elle se retrouvait véritablement face à un mur de danger qui lui semblait totalement insurmontable.

Dix ans plus tard, toutes ses pensées la feraient rire plus qu’autre chose, mais nous n’en étions pas encore là.

A mesure qu’avançait le discours du patrouilleur, le regard de la mercenaire se fixait vers le sol, perdu dans ses pensées. Finalement quand il tenta de se rattraper en expliquant qu’il était là pour éviter les pertes, la jeune fille n’en crut pas un mot. Elle n’était pas assez optimiste ou hors-sol pour croire que cela visait à autre chose que de tenter de la rassurer. Il l’avait dit lui-même, il y aura des mots, beaucoup de morts. Il était impossible qu’un seul patrouilleur puisse retourner une prédiction si néfaste. Sans doute, sauverait-il quelques vies, mais le tout face à la masse serait probablement négligeable.

Ainsi la jeune mercenaire se contenta de répondre de manière laconique.

C’est votre travail ouais… J’espère ouais…

Elle laissa alors le patrouilleur partir, le suivant de regard jusqu’à ce qu’il disparaisse dans la tête des officiers de l’expédition. Retournant ensuite dans ses pensées en attendant l’heure fatidique.

Le temps passa, une bonne heure avant qu’un des mercenaires d’un âge assez avancé vint la voir le regard assez difficile.

T’es convoqué

La demoiselle leva le regard.

Pourquoi ?...

Une mission d’éclaireur avec le patrouilleur pour couvrir l’expédition.

Mais je… j’ai pas le niveau..

Je sais.

Détournant le regard, le mercenaire serrait les poings.

Mais j’y peux rien, la décision vient d’un haut. Pour ces gens là, nous n’avons qu’une valeur. Ca coute rien de nous recruter donc ils donnent les risques aux moins expérimentés car c’est les plus simples à reformer après coup.

Violette restait silencieuse, le mercenaire également.

Ne meurs pas..

Le mercenaire voulait continuer sa phase, puis finalement il se ravisa la considérant inutile. Du coté de la jeune fille, il n’y avait pas besoin de mots pour savoir ce qui trottait dans la tête d’un homme qu’elle connaissait depuis trop longtemps. “sinon ta mère n’y survivra pas”.

Il y avait presque un ton de reproche dans sa phrase laconique. Mais pouvait-elle lui en vouloir. C’est elle qui contre l’avis de tout le monde avait choisi de faire le métier de son défunt paternel. Elle qui avait choisi de risquer sa vie au nom d’une responsabilité que personne ne lui a jamais imposée.

Fermant les yeux et respirant un grand coup, la mercenaire se concentra. Trembler était inutile, regretter également. Ce qui est fait est fait. Elle subira leurs reproches, mais elle ne mourra pas. C’était plus une motivation qu’une certitude mais c’était mieux que de s'effondrer psychologiquement en claquant des genoux.

Se levant après avoir regardé un temps le ciel, elle se dirigea vers le lieu de rendez-vous des éclaireurs. Il y avait là en plus du patrouilleur, une dizaine de mercenaires, elle comprit. Tous tiraient une mine grave, aucun n’avait envie d’être là. Peut-être que certains prévoyaient même de prendre la poudre d’escampette à l’instant même où la brume couvrirait leur fuite.

Il y allait avoir fort à faire pour le patrouilleur en matière de moral des troupes.
Lun 7 Aoû - 14:32
Deux journées cela représentait peut-être une certaine somme pour l’expédition, mais cela valait-il le coup de les payer en tribut humain ? Le Patrouilleur ne pouvait s’empêcher de percevoir sa Nebula qui frétillait comme un poisson à l’idée de rejoindre la Brume et d’y apporter autant de victimes. Il la fit taire d’un geste de la tête qu’il aurait voulu plus mental qu’autre chose. Afin de redescendre en pression suite à cette altercation, il s’éloigna un peu du camp et s’en alla à quelques pas de la Brume pour la contempler et percer du regard ce qu’elle pouvait contenir. Il grinça des dents alors qu’à nouveau le brouillard famélique darda vers lui ses doigts inquisiteurs. Il les chassa d’un signe de la main, le vent généré suffit à les dissiper. Mais il n’aimait pas cette propension qu’avait la Brume à ne plus le considérer comme une menace et à l’intégrer comme faisant partie du paysage.

Après quelques minutes perdues dans ses pensées, un page en livrée noire vint l’informer du lieu de rendez-vous fixé par le chef d’expédition et la teneur précise de sa mission. Il retrouverait sa petite troupe non loin de là et ensemble ils iraient devancer l’expédition sur la route. Il connaissait bien le chemin jusqu’à Dainsbourg, c’était là qu’il avait perdu ses amis et accueillit sa nouvelle hôte. Il n’était qu’un aventurier à l’époque, et le Patrouilleur de l’expédition en était mort pour leur permettre de gagner du temps. Cela n’avait servi à rien, rien qu’un foutu carnage. Des tripes, du sang des … Il expira sa peur par quelques respirations et se recomposa une mine neutre en arrivant sur site. Une dizaine de mercenaires.

- Bien. Messieurs, mesdames. Je serai votre Patrouilleur pour reconnaître la route de l’expédition, comme l’a demandé le chef d’expédition. Mais avant … qui a déjà pénétré dans la Brume parmi vous ?

Quelques mains se levèrent.

- Qui y a déjà passé plus d’une journée ?

Toutes les mains se baissèrent. Ce fut à cet instant que la jeune femme à qui il avait parlé à l’orée du camp se présenta à eux. Alors qu’il s’apprêtait à ressortir son discours rôdé sur les missions des Patrouilleurs, il marqua un temps d’arrêt. Que faisait-elle là ? C’était une des mercenaires … qui l’accompagnerait ? Il ouvrit la bouche, la referma. Se rattrapa.

- Bienvenue dans le groupe de reconnaissance. Comme je le disais, je serai votre Patrouilleur pour cette mission. Cela implique deux choses. Il leva un doigt. Ma parole est absolue et doit être obéie dans l’instant. Il leva un autre doigt. Si vous me perdez de vue dans la Brume, vous êtes mort.

Un silence s’étira et fut interrompu par un petit gloussement d’angoisse.

- Est-ce que je me suis bien fait comprendre ? reprit-il en laissant ses doigts en l’air.

Les têtes baissées se relevèrent un peu pour lui répondre par l’affirmative, mais le désespoir se lisait clairement dans leurs yeux. Il savait ce que cela pouvait leur faire, il savait qu’il se devait d’incarner leur seule source de salut dans cette fange de façon à mieux les protéger. Il n’avait jamais su susciter l’admiration : miser sur la peur de la Brume était bien plus facile.

- Je ne vais pas vous cacher qu’il s’agit d’une mission dangereuse et j’espère que votre paye en vaut le coup, car la mienne clairement pas. En attendant, c’est sur nous que repose une chose essentielle : la survie du groupe d’expédition. Si vous flanchez, des dizaines de personnes le paieront de votre vie. fit-il en s’accroupissant.

Il saisit un bout de bois et arrangea quelques cailloux pour représenter les lieux, comme il avait vu tant de Patrouilleurs le faire avant lui. Il traça la route dans le sol et indiqua Dainsbourg ainsi que d’autres points remarquables.

- Les nœuds les plus dense en Brume sont ici, ici et là. Ce sont des zones qu’il faut absolument éviter, à moins que je ne vous dise d’y aller. Tant que vous serez avec moi, la Brume ne saura vous identifier clairement mais dès que vous serez isolé, elle procèdera comme une meute et mettra à mort le premier solitaire. Donc, nous sommes douze, ce qui implique que nous marcherons en groupes de quatre individus. A distance de vue, je serai avec le groupe du centre. Il nous faudra avancer en fer de lance pour repérer toute trace éventuelle de monstre ou autre bizarrerie.

Il fit signe à la jeune femme de se rapprocher.

- Tu seras avec moi, ainsi que vous deux. Nous passerons par-là, en évitant ces nœuds et nous nous retrouverons tous ensemble environ toutes les demi-heures pour faire le point : interdiction de beugler dans la Brume. Interdiction de faire de la lumière. Je vais vous enseigner quelques signes discrets avant de partir. Vous quatre, vous prendrez l’aile gauche et vous quatre l’aile droite. Vous ferez en sorte d’être toujours à dix pas de nous. Est-ce clair ?


Il attendit que tous confirment puis se releva et entreprit de leur expliquer comment appeler à l’aide, dire de venir, de fuir ou de s’arrêter avec des gestes simples et clairs. Ryker ne prit pas la peine de s’épancher sur les risques, mais au moins il avait un peu brieffé ‘ses aventuriers’ de fortune. Comme il l’avait déjà été tant de fois par le passé. Se jeter dans la mission lui permettait de gommer ses craintes et de chasser ses appréhensions. Il ne faisait que singer ceux qui l’avaient formé et il avait toujours eu le sentiment qu’il se devait d’être le support de ce petit groupe pour en assurer la cohésion. La moindre faille serait fatale.

- Pour aujourd’hui, la mission est assez simple : nous devons repérer un lieu de camp pour ce soir dans la Brume. Une fois cela fait, nous marquerons le chemin du retour pour permettre à l’expédition de se repérer et nous l’escorterons jusque là-bas. Il en sera de même pour les jours prochains.
Jeu 10 Aoû - 14:52
Le groupe de mercenaire rassemblé, chacun écoutait les paroles du patrouilleur avec plus au moins d’attention. Cela dépendait avant tout de l’égo et de l'orgueil de chacun. Naturellement dans un environnement aussi dangereux que celui qu’était la brume, la raison serait d’écouter et d’appliquer sagement toutes les consignes de celui qui s’y connaît le mieux. Mais l’Homme n’était que peu souvent un être de raison pure. Les émotions et les sentiments, toutes ces forces irrationnelles génératrices des biais et de la bêtise jalonnaient chacune de ses décisions. D’autant qu’en plus de cela, les mercenaires n’étaient pas connus pour leur grande rigueur militaire à l’inverse des corps d’armée d’Etat bien trop coûteux à former pour être envoyés dans des missions aussi vaines et suicidaires.

Tous ici avaient bien conscience que le patrouilleur était leur meilleure chance de survie dans cette mission que personne ne voulait faire. Mais dans le même temps… accepter comme chef un patrouilleur était difficile à entendre vu la réputation que ces derniers avaient en général, leur apparence de cadavres ambulants n’aidant pas à racheter leur réputation.

Alors que l’aventurier dévoilait son plan et sa stratégie, tous les visages se fermaient plus ou moins à mesure que chacun comprenait de plus en plus le poids de l’épée de Damoclès qui flottait au-dessus du cou de chacun. Les mercenaires se contentant finalement d'acquiescer à l’organisation du groupe bien que tout cela ne restait que théorique. Le patrouilleur le savait sans doute, mais les mercenaires n’étaient pas à confondre avec les militaires, ils n’en avaient ni la rigueur ni le talent dans le cadre de la réalisation d’ordres complexes qui nécessitaient l’absence de toute faille. Nul ne sait ce qui pouvait se passer exactement en cas de problème ou de péril imminent avec ce genre de personne plus prompt à déserter ou trahir qu’à risquer leur vie pour le collectif.

Du côté de la jeune fille, de toute manière elle n’avait pas d’autres choix que d’être loyal, si elle quittait les mercenaires, elle n’aurait plus aucune source de revenu pour sa famille. Et cet attachement à sa famille faisait qu’elle ne pouvait pas quitter aussi facilement que tous les déracinés qui lui servaient de camarade son pays. L’unique alternative au monde des mercenaires à ses yeux était la criminalité, mais elle se refusait à faire ce choix. Pour l’instant tout du moins car 8 ans plus tard, lorsque la brume s'emparait d’elle, ce serait le début de sa propre descente aux enfers.

Ainsi, elle écoutait les directives avec un peu plus de volonté que tous les autres qui réfléchissaient à comment se tirer si cela tournait au vinaigre. Rassurée d’être au centre dans ce qui devrait être en théorie une des zones les moins dangereuses en cas de problème, elle se permit une question qui la turlupinait.

Mmmm. Dites… Si y a pas de lumière.. Comment on se repère et on se déplace dans la brume ? Vous connaissez la carte par cœur ?

Il fallait dire qu’elle ne connaissait pas la brume. Ce sera la première fois qu’elle entre dans ce monde mystérieux. A ses yeux cela doit ressembler au brouillard. Sans lumière adaptée on se prend des murs.

Ven 25 Aoû - 20:50
La gangue poisseuse de la Brume devait freiner les intrus et leur faire sentir à quel point ils n’étaient pas les bienvenus ici. Il était donc difficile de pouvoir expliquer qu’elle ne lui réservait pas ce sort. Ainsi parvenait-il à percer le voile translucide et à repérer çà et là des points qu’elle aurait dissimulés à d’autres. Sa Nebula s’en amusa, tout n’était qu’une notion d’affinité au final. Il fit signe à un groupe qui s’éloigna de quelques pas. Puis à l’autre. Son cœur battait la chamade mais il serra le poing pour ne pas se laisser emporter. Il avait plus peur pour eux que pour lui, le brouillard n’avait que peu de chances de lui être fatal. Et il avait … toujours un atout en réserve.

- Je me fie aux cartes détenues par la Guilde et à des repères sur le terrain. Les flammes peuvent être soufflées et attirent les monstres. Et je n’ai pas de nascent à cette fin de toute manière. La Brume ne les aime pas, trop rancunière. répondit-il à la jeune fille.

Il eut comme un sentiment de déjà vu, lui jeune aventurier avec le Patrouilleur qui lui avait appris ses premières armes. Plus jeune, plus naïf. Pas beaucoup plus petit. Un frisson glacé lui courut le long de l’échine et sa Nebula tenta de s’engouffrer dans son angoisse pour s’y loger. Il frémit en percevant le sentiment de bien-être qu’elle lui procura et la chassa avec violence.

- Rien ne bouge beaucoup dans la Brume. Si ce n’est l’ordre naturel des choses. Donc il vaut mieux espérer que je ne me perde pas ou que personne n’ait joué avec la route. murmura-t-il, autant pour lui-même que pour la demoiselle.

Ce faisant, la Brume sembla épargner sa vue car ils purent observer avec distinction l’arbre qui bordait la route qu’ils s’apprêtaient à prendre.

- Evidemment, ça ne vaut que pour la journée … grommela-t-il, tandis que sa main se posaient sur le pommeau de son épée courte.

Cela devait offrir une image cocasse, qu’un homme assez jeune, au final, soit aussi armé. Peut-être que cela jouerait en sa faveur avant la fin. Ou pas, allez savoir. Quoi qu’il en fût, les mercenaires semblaient l’écouter pour l’instant mais il ne se leurrait pas : il n’était pas un grand leader. Pas un leader tout court même. Il ne faisait que singer des hommes plus talentueux que lui. Encore et toujours.

- Sinon oui, j’ai en quelque sorte appris la carte par cœur et j’ai déjà pris cette route. Plusieurs fois. Je n’avais pas répondu à ta question il me semble ? Hm. C’est étrange, il devrait y avoir une charrette renversée ici. fit-il en marquant un temps d’arrêt. Ah, la voilà. Bien.

Il fit signe aux autres mercenaires de se rapprocher et il vint s’accroupir à côté de la charrette. Elle n’avait pas bougé depuis tout ce temps, son bois vermoulu était teinté de vermeil et de profondes entailles marquaient son châssis, renversé depuis longtemps. Quelle que fût la bestiole qui avait fait ça, elle n’était clairement pas humaine.

- Bien, première étape. Rien d’anormal n’a été observé ?


Quelques regards s’échangèrent entre les mercenaires où la peur se mélangeait avec la frustration. L’un d’entre eux ouvrit la bouche, mais …

- Attendez, vous n’étiez pas censés être trois de votre côté ?

Pour seule réponse, un cri de douleur déchira le silence de la Brume, suivit d’un son spongieux que le Patrouilleur n’avait que trop entendu. Il serra les dents, lâcha le pommeau de son épée courte et entreprit de dégrafer son épée longue pendue à son dos.

- Merde, putain. Pas déjà. Derrière la charrette : vite !
fit-il aussi bas que possible. Dégainez vos armes et tenez vous prêt, je vais voir ce que c’est.

Sa Nebula frétilla d’impatience. Elle savait ce que ce danger signifiait pour elle, et pour lui. Elle ricana dans son esprit tandis que le Patrouilleur se détendait. Il laissa son pouvoir couler en lui, chose qu’il apprendrait à ne plus faire bien des années plus tard. Mais le pouvoir était tel une drogue qui lui donnait l’assurance nécessaire pour faire face aux dangers de la Brume et le berçait d’illusions.

- Demandez-moi mon nom si je reviens, la Brume a dû mal à les imiter. Et préparez-vous à vous battre si je reviens en courant. ordonna-t-il d’une voix bien plus ferme et assurée qu’auparavant.

Quelque chose avait changé dans son regard. La Brume oscilla autour de lui lorsqu’il fit jouer son épée et craquer ses articulations. Encore une étrangeté des Patrouilleurs, sans compter ses actes et paroles. Ryker s’avança et disparut dans la Brume redevenue silencieuse.
Lun 28 Aoû - 10:36
Se fier à des cartes ? Voilà une méthode bien imparfaite, une des seules choses que Violette pouvait affirmer à son état de connaissance actuel. La brume était quelque chose défiant toute logique et toute raison. Quelque chose dont la nature et les effets pouvaient être aisément qualifiés de divins tant cela dépassait en tout point tout ce qui était de la connaissance humaine.

Difficile de faire une véritable carte, de ce qui n’était pas compréhensible et fixe. D’autant que des rumeurs que la future portebrume avait entendu la brume pouvait parfaitement réécrire de ce qui la composait jusqu’à la race des fous et des imprudents qui osaient y pénétrer. Difficile de savoir le fond de vérité de ce qui ne restait que des ragots et des rumeurs, tout était objet au doute tant cela paraissait impressionnant. Toutefois quand on allait dans la brume, la prudence exigeait de tout croire plutôt que l’inverse.

Tandis qu’il lui répondait, silencieusement la jeune fille se contentait d’observer le patrouilleur. Ayant l’impression que celui-ci ne lui disait pas tout. Ne disait-on pas que les patrouilleurs étaient des êtres spéciaux, investis par la brume au point de se voir octroyer des pouvoirs. Selon les rumeurs la logique voudrait qu’il soit lui-même un portebrume, difficile pour un simple humain de survivre en solitaire aussi facilement dans celle-ci sinon. Les humains ne pouvaient y survivre que par le nombre et une acceptation d’un sacrifice particulièrement considérable en termes d’effectif surtout à Xandrie qui n’avait pas de technologie ou de connaissance suffisante de la brume pour le compenser.

Finissant par baisser les yeux vers le sol, pensive, tout en touchant de trois doigts la garde de sa rapière, Violette finissait par répondre de manière laconique.

J’vois. Bin j’espère aussi.

Le groupe arriva ensuite devant une charrette, le regard de la demoiselle ainsi que celui des mercenaires s'arrêtant presque immédiatement sur les entailles présentes sur le chariot. La saloperie qui avait fait ça devait être monstrueuse. Entailler la chair tout le monde pouvait le faire, entailler du bois sec spécifiquement utilisé pour sa solidité et sa résistance aux charges lourdes c’était une autre histoire. Il fallait une force physique colossale et des griffes ou des dents épaisses pour être en mesure de le faire.

Ainsi lorsque le portebrume se demandait si quelqu’un avait vu quelque chose d’anormal, la première chose que voulu dire Violette ce fut si ses entailles étaient censées être normal, néanmoins elle n’en eut pas le temps à cause du constat de la disparition de plusieurs camarades et d’un cri perçant.

Par réflexe tout le monde dégaina, la demoiselle prenant sa rapière à une main, l’autre proche de ses dagues encore à sa ceinture. Il ne fut également que peu de temps pour que tout le monde se mette à couvert dans l’hypothèse d’une attaque. Néanmoins le patrouilleur semblait de son côté avoir une autre idée, aller directement constater la menace seule. Alors qu’il annonçait déjà son plan, déjà prêt à partir en découdre, Violette ne put s’empêcher de lui répondre comme pour contester cette idée qu’elle trouvait stupide.

Mais attendez ! C’est pas vous qui disiez qu’il ne fallait pas se sépa…

Trop tard. Il était déjà parti. La mercenaire serrait les dents en regardant les alentours pendant que ses camarades lui intimaient d’un geste de se mettre à couvert. De son côté se cachant légèrement, elle gardait son attention sur l’endroit où était partie le patrouilleur. S’il crevait ils étaient foutus. Impossible pour eux de retrouver leur chemin.

Dim 8 Oct - 13:32
Un cri bestial fit vriller la Brume et cette dernière ondula pareille à l’ondée. Les vagues de Brume vinrent s’échouer sur la caravane et le silence revint, pesant. Le fracas violent d’un coup porté sur la terre se fit entendre et le sol trembla légèrement sous l’impact. De nouveau un cri se fit entendre, terni d’une rage qu’il n’avait pas auparavant. Puis vint un cri de douleur suivit d’un nouvel impact. Le fracas d’un corps qui s’écrasait contre une structure solide. Le son cristallin d’une épée et de son chant martial. Puis à nouveau un fracas. La Brume ondula de nouveau et recracha une forme noire qui décrivit un arc de cercle parfait avant de s’écraser à terre et de faire un roulé-boulé. La forme planta son épée dans le sol pour ralentir sa course et cracha un mélange de salive et de sang avant de se débarrasser de sa cape en lambeaux. De profondes stries avait percé son armure et ses cheveux en bataille étaient poisseux de sang. Il se redressa et tituba, puis reprit sa garde.

- Considérez ça comme … hgn … le fait de revenir en courant … grommela-t-il, dissimulant sa douleur avec difficulté.

Un rugissement fit vriller de nouveau la Brume et une forme sombre se fit deviner par transparence. Le Patrouilleur serra les dents, perclus de conclusions et de coupures. Son armure était fendue et les anneaux de la cotte de maille qu’il portait en-dessous perlaient de son torse, lui ayant visiblement sauvé la mise. Son sac à dos était éventré, il s’en débarrassa d’un mouvement d’épaule. Les pas lourds de la créature firent trembler le sol et ses yeux brillèrent d’une étrange lueur blafarde lors qu’ils percèrent le dernier rideau de la Brume. La chose eut alors une attitude curieuse et leva son mufle en l’air pour révéler des écailles verdâtres et un museau reptilien. Ses yeux blancs trahissaient … qu’elle était aveugle.

Un gigantesque drake perça alors la Brume et révéla son torse maculé de cicatrices ainsi qu’une de ses ailes en piteux état. Une morsure colossale et pas très ancienne l’avait amputé d’une de ses ailes et ses côtes saillaient, elle semblait fiévreuse et malade : la chair nécrosée de son aile traduisait une infection. La chose émit un feulement rauque, et un gargouillis satisfait lorsque ses narines captèrent les effluves du sang du Patrouilleur. Difficile de croire que c’était ça qui avait fait disparaître l’un des hommes de cette petite expédition.

- Elle est devenue cinglée à cause de la maladie et la douleur, je … je crois que je vais avoir besoin d’aide.

Un drake, ici ? Seul, gravement blessé. Cela n’augurait rien de bon pour la suite. D’autant plus que la bête semblait aveugle. Vu la taille de la blessure qui l’avait amputée, deux questions taraudaient les esprits les plus éveillés de la bande. Comment survivre, certes, dans un premier temps. Et certainement la question qui les inquiétait au-delà la de la première : qu’est-ce qui avait bien pu blesser un drake ainsi ? Etait-ce un autre prédateur ? Ou … pire, la Brume elle-même ? Cela n’augurait rien de bon pour la suite.

- Sa peau a l'air moins solide au niveau de son torse, mais il faudrait encore s’en approcher. Je crains de ne pas être assez rapide avec le coup de je viens de prendre … ou alors vous auriez quelque chose d’assez solide pour lui percer le flanc ? Quoi qu’il en soit, ça ne serait que miséricorde pour elle … fit Ryker, avant de se mettre en garde.

Il se tenait devant la charrette, et la créature entreprit de boîter dans sa direction. Elle se redressa et battit de son aile valide ce qui eut pour effet de chasser un peu la brume. Son rugissement retentit de nouveau, ce qui n’était pas non plus une bonne chose : le bruit risquait d’attirer d’autres indésirables dans le secteur. Ou de les faire fuir, à vrai dire : cela dépendait de leur dangerosité propre …
Sam 14 Oct - 22:35
L’air quelque peu éberlué face aux agissements de l’aventurier au contraire de tout ce que ce dernier venait de dire. La jeune fille tenait solidement sa rapière tout en reculant de quelques pas pour se rapprocher des autres mercenaires, histoire de se cacher derrière les débris si quelque chose arrivait. Chose bien inutile, tout le monde le savait ici, néanmoins l’intention était plus psychologique que rationnelle.

Silencieusement, chacun des membres de l'avant-garde de l’expédition se regardait de temps à autre. Personne ne sachant quoi faire. De toute manière qu’y avait-il à faire bien exactement. Sans l’aventurier, personne ne pouvait retrouver son chemin, et ce dernier avait bien dit d’attendre. Alors c’était ce qu’ils feraient tous ensemble, autant par pragmatique que par lâcheté et peur de mourir.

Néanmoins la peur n’était pas une émotion dont il fallait avoir honte, car la plupart du temps c’était cela qui permettait de protéger son existence par la prudence et ainsi de rester en vie. Chose dont le rôdeur à moins que ce soit juste sa nonchalance et son absence de plan long terme semblait être dénué.

Alors qu’un cri rugit dans la brume avant que le portebrume ne revienne en courant poursuivi par une créature de toute évidence en sale état, un drake si elle se souvenait bien de ses cours sur les différentes saloperies que l’on pouvait croiser en ce monde. Alors que l’aventurier détalait vers eux, Violette fit quelques pas de recul, lâchant un unique mot.

Putain…

Les autres mercenaires avaient des réactions similaires. Surprit, n’appréciant pas la situation. Néanmoins aucun n’était vraiment déboussolé. Il fallait dire que dans la brume voir un Drake en était presque rassurant. Bien entendu c’était une créature dangereuse qui pouvait tuer très facilement. Toutefois, c’était loin, même dans le monde encore sain, d’être dans le haut du panier des créateurs les plus difficiles à combattre pour des combattants expérimentés. A la manière des utilisateurs de pouvoir et de cristaux, les monstres les plus létaux et dangereux n’étaient pas ceux qui misaient tout dans la force et la destruction aveugle.

Il en restait que tout cela restait chiant que si le capital confiance en l’aventurier restait déjà bas dans le groupe, on pouvait désormais que sa compétence était maintenant sérieusement remise en question et qu’il y avait dans la tête de chacun, un petit paquet d’insultes à son égard.

Alors qu’en se ramenait, il expliquait sa situation. Le regard de la demoiselle se tourna un instant vers l’aventurier pour vérifier rapidement s’il n’était pas trop blessé avant que son attention ne revienne sur le monstre qui s’approchait.

Les gens ont des épées, des lames bâtardes tout au plus pour les plus forts. Mais c’est tout. Sans cristaux, niveau force, j’vois pas c’qui pourrait traverser une cuirasse.

Elle-même n’avait qu’une rapière en terme d’arme blanche, rien de bien satisfaisant pour passer une cuirasse d’écaille. Néanmoins à défaut d’avoir la force de trancher un monstre de ses mains à la force de ses muscles qui n’avaient rien d’exceptionnels la xandrienne avait autre chose. Sa main passant dans son dos, elle touchait à sa ceinture une arme à feu.

À défaut d’avoir des trucs solides, j’ai d’quoi tirer. Mais ça va faire du bruit…

Si elle savait jouer de la lame, Violette était une bien meilleure tireuse. Atout qu’elle gardera en tant que portebrume.

Niveau perforation et pénétration, une balle sera toujours plus efficace qu’une lame. Néanmoins la jeune femme faisait la moue. Déjà parce que tirer attirerait les prédateurs, mais également car elle doutait qu’un Drake même en bonne santé soit en mesure de réduire à lui tout seul à néant une escouade de mercenaire et de combattant qui étaient loin d’être des débutants pour oser se ramener dans la brume.

Elle ne savait pas trop quoi en penser, ainsi elle attendait l’autorisation de l’aventurier avant de prendre son arme. À partir de là, tout n’était pas terminé, car il faudrait un angle et une ouverture.
Mar 17 Oct - 7:48
Une arme à feu, c’était bien sa veine. Mais entre s’approcher de la bestiole et tenter de percer le cuir là où elle était blessée et … l’arme à feu … Après les rugissements de la bestiole. Il frissonna, tandis que sa nebula commençait à frétiller. A qui rejoindrait ou ne rejoindrait pas la Brume aujourd’hui. D’autant plus que cette félonne était d’une inutilité flagrante : elle ne servait qu’en présence d’autres portebrumes … et se voyait gommée au milieu de la Brume. Il répugnait à en user de toute manière, tant cette dernière tentait de prendre le pas à chaque fois qu’il faiblissait.

- Une arme à feu. Ouais … à voir vu le boucan que fait cet animal. Mais ce n’est pas d’elle dont j’ai le plus peur. Plutôt de ce qui l’a croquée. Et … mon nom c’est Ryker. Vous avez oublié la … hgn … consigne. balbutia-t-il en crachant un mélange de salive et de sang.

C’était mesquin de sa part, mais à part un trait d’humour il ne savait pas quoi faire d’autre. Il avait une côte de cassée avec certitude, mais avait plus été malmené qu’autre chose. Le drake fiévreux huma encore l’air et son mufle se dirigea vers Ryker. L’odeur du sang l’attirait.

- Il m’a. Je vais l’attirer. Les lames devraient suffire. Gardez la balle … pour autre chose. La Brume n’aime pas la technologie, ne lui donnez pas satisfaction tout de suite.

Ce faisant, le Patrouilleur s’écarta du groupe et la créature le suivit du museau. Un cri étouffé retentit derrière eux. Ryker pointa son épée dans cette direction et leur hurla de se mettre à terre. Une gerbe de sang macula la Malice et le bras d’un des mercenaires restés en arrière vola au-dessus d’eux. Quelque chose d’autre rôdait et venait de faire une autre victime. La créature leur avait lancé le membre pour les perturber et jouait avec eux, tout en profitant du drake. Le Patrouilleur évita le bras qui lui était apparemment destiné et roula à terre. Déjà le drake malade lui fonçait dessus et les mercenaires se désorganisaient : ils se ruèrent à terre et partirent dans plusieurs directions pour faire face à la nouvelle menace. Un genou à terre, Ryker se tenait le torse de douleur et sa vision se troubla. Il secoua la tête tandis que la créature reptilienne se ruait vers lui. Les dents du drake claquèrent à quelques centimètres de son bras lorsqu’il l’esquiva et elle s’en alla s’écraser dans les taillis un peu plus loin, disparaissant à nouveau dans la Brume. Il l’entendit rugir de frustration mais un nouveau cri humain se fit entendre. Le Patrouilleur jura. Quelque chose les avait piégés ici, était-ce qui était responsable de l’état du drake ?

- Tant pis, grogna-t-il avant de planter son épée dans le sol à proximité de son sac à dos éventré. Ce truc peut nous voir … et merde, fais putain de chier …

Le Patrouilleur s’empara d’une torche brisée et de son silex et son amorce. Il fit jaillir des étincelles alors que le rugissement du drake se rapprochait et alors que la Brume devenait encore plus opaque et reprenait ses droits, il dressa un flambeau en son sein afin d’attirer à lui ce qui pouvait se cacher là. Mais au lieu d’y voir plus clair, il entendit un cri strident et un feulement de rage à son encontre. Il s’avança en direction du bruit et découvrit, perchée sur le bois de la charrette détruite, une sorte de mélange grotesque entre un homme et une chauve-souris, les dents maculées de sang. Ses griffes acérées jouaient encore avec les intestins de sa précédente victime. La lumière de la torche joua sur les boursouflures du mutant et se refléta dans ses yeux porcins. Elle se tenait au-dessus d’une autre proie, encore indemne, et leva les bras pour se protéger. D’un bond, la bête regagna la Brume et son cri devint un râle qui ressembla à s’y méprendre à un rire malsain.

- Fledermaus ... cracha le Patrouilleur avec un soupçon de crainte dans la voix. La Brume ne veut pas de nous ici … cette expédition était une très mauvaise idée.

Il en oublia presque le drake qui se rappela à son bon souvenir en rugissant dans leur direction. Ils étaient pris en tenaille et s’il était certain que ce prédateur n’avait pas infligé de pareilles blessures au reptile, elle avait su profiter de la diversion pour prélever son dû. Pire encore, ils avaient dû déranger la Brume pour qu’elle leur mette autant de bâtons dans les roues. Il sembla insensible à la disparition des autres mercenaires, mais l’adrénaline de la situation l’imposait. Il sentit sa Nebula se déplier en lui et lui donner l’assurance nécessaire pour continuer. Le pouvoir de l’entité brumeuse qui le hantait gagna ses membres et se fit de plus en plus présent. Il serra les dents. Il était en piteux état et il avait perdu de vue plusieurs des mercenaires dans la Brume. Merde …

- Revenez vers moi, il faut aveugler cette chose avec de la lumière pour la faire fuir ! Elle va chercher à vous isoler pour vous tuer … et merde … revoilà le Drake … Jeune fille, tant pis pour le raffut : butez-moi au moins l’un des deux ! Avec un peu de chance le bruit va lui flinguer les esgourdes ! commanda-t-il, ne sachant plus trop où donner de la tête.

D’un côté un prédateur brutal et rendu fou par la maladie, de l’autre un prédateur vicieux et calculateur. Les cris du drake semblaient l’empêcher d’attaquer, tout comme la lumière : mais comment gérer les deux en même temps ? Et comment était-ce possible d’avoir autant de poisse ? Le Patrouilleur eut, pendant une fraction de seconde, un sentiment de culpabilité à destination des trois mercenaires qui devaient nourrir les vers. Au moins, ils étaient encore en vie … mais pour combien de temps ? Il avait peur que cela se transforme de nouveau en massacre et quelques réminiscences de sa première expédition vinrent lui faire trembler les mains. Ce n’était pas le moment, il ne pouvait pas flancher. D’autres comptaient sur lui, il était un foutu Patrouilleur. Cela se sentait un peu qu’il commençait à paniquer, non ?
Dim 22 Oct - 16:52
Ouais…

Avait-elle oublié les règles ? Certainement. Après tout, à cette époque-là, Violette n’avait que 16 ans. Le respect des règles n’était pas vraiment la priorité à qui était tout juste au sortir de sa phase d’adolescence et de désir d’indépendance. A cette époque on pouvait faire des choses stupides que l’on regretterait plus tard, tel que ne pas écouter les consignes des supérieurs au péril de sa propre vie.

Ainsi, la future portebrume ne savait même pas à quelles règles l’aventurier faisait référence mais bon, il avait sans doute raison alors elle ne pouvait qu'acquiescer sans s’excuser toutefois. Les règles étaient faites pour être transgressées et faire des exceptions non ?

Le patrouilleur voulait toutefois refuser pour l’instant l’aide des armes à feu, selon lui part de la technologie que la brume détestait. Très bien, Violette n’allait pas le contredire et hocha la tête elle rangea silencieusement son arme à sa ceinture avant de récupérer sa rapière. Elle n’était pas vraiment certaine de pouvoir comme la crevette qu’elle était gérée un colosse cuirassé avec mais le patrouilleur était en théorie expérimenté !

Ce dernier avait décidé d’attirer l’attention de la créature en s’éloignant quelque peu du groupe, Violette ainsi que le reste des mercenaires le laissant faire sans pour autant le laisser trop s'éloigner au point qu’on ne sache plus où il est. Il fallait après tout éviter de se séparer une énième fois, encore plus depuis que la présence de monstre était signalée.

Néanmoins, le portebrume n’eut même pas le temps de réaliser son plan qu’il hurlait à tout le monde de se jeter à terre. Sans comprendre la plupart des mercenaires, Violette comprise s'exécutent alors que levant les yeux en ciel, chacun pouvait voir un bras volé accompagné d’un cri ne laissant que peu de doute sur la provenance de ce dit bras.

Les yeux écarquillés et effrayés, Violette ne put s'empêcher de lâcher quelques mots.

Bordel, c’est quoi ça ?!

Le Drake était de l’autre côté, à vouloir tuer le patrouilleur. Le truc qui venait de tuer son camarade ne pouvait être qu’autre chose, un monstre plus discret, rapide et létal. Rapidement, un deuxième cri, une deuxième mort, avant que finalement la monstruosité ne se dévoile posée sur la charrette et maculée du sang de ses victimes. C’était un monstre curieux que la jeune fille ne connaissait pas. Une sorte de croisement entre un humain et une chauve-souris. Sans aucun doute une de ses immondices comme seule la brume savait en créer.

Dans tous les cas, c’était le moment de prendre la poudre d’escampette et rapidement alors que le groupe se désorganisait, une bonne partie de ses membres partaient dans tous les sens. Violette en aurait bien fait de même, mais encore un minimum rationnel elle se souvenait qu’elle ne connaissait pas le chemin et que ses chances de survie était plus proche du côté du portebrume. Il ne fallait pas voir là, le moindre esprit d’équipe, le moindre altruisme, c’était une décision strictement égoïste de sa part. Elle n’avait aucune intention de risquer sa vie pour un aventurier qu’elle ne connaissait tout au plus que depuis quelques heures. Simplement, il était le plus apte à garantir sa survie.

Sans même qu’il eut besoin de dire quoi que ce soit, Violette traça vers lui en courant laissant les autres se débrouiller avec la chauve-souris géante. Et cela quand bien même il y avait le Drake en face.

De plus, alors qu’elle courait, l’aventurier lui laissait enfin le luxe de pouvoir utiliser une arme à feu. Tant mieux, il fallait dire qu’elle ne voyait pas comment s’en sortir face à un drake autrement et sans cristal de pouvoir.

D’accord !

Prenant de nouveau son arme, son attention sans vraiment hésiter se tourna vers le drake. Elle ne connaissait pas l’autre monstre d’autant que sa vitesse et sa furtivité en faisait sans aucun doute quelque chose de difficile à toucher avec un tir. Le Drake malgré sa taille était trop lent pour se permettre des esquives. En clair en tant que tireuse, sa priorité était de cibler celui qui avait le plus de chance de tomber le drake.

S’approchant de lui, le monstre se tourna vers elle à cause du bruit qu’elle faisait, détournant sa furie du patrouilleur pour se retourner pleinement vers elle en lui hurlant sa fureur. Violette était concentrée, cela serait difficile. Tirer était une chose, mais il fallait trouver le bon angle à cause de sa cuirasse naturelle capable de faire ricocher sur lui la plupart des projectiles.

L’arme dans la main droite, la rapière dans la main gauche, la xandrienne s’arrêtait, laissant le drake arriver jusqu’à elle. Elle n’avait pas le droit à l’erreur, contrairement à l’aventurier, elle ne pouvait pas vraiment subir des coups d’un monstre pareil, question de corpulence. Heureusement pour elle, elle n’avait pas face au monstre le plus rapide et adepte de feintes. Bien au contraire.

Le Drake balança son bras vers elle pour l’écraser, chose que Violette esquivait sans tirer. L’angle était mauvais. Le monstre continuait d’enchaîner les coups, mais puisque Violette ne prenait pas de risque, elle n’était pas encore touchée. Finalement après plusieurs échanges, une ouverture, elle tira.

La balle traversa la chair du torse du Drake sans pour autant l’envoyer dans l’autre monde, si bien que blessé, il répliqua instantanément avec sa queue. Violette qui cette fois ci n’avait pas vu le coup venir, bascula en arrière, le monstre littéralement au-dessus d’elle. Une chute difficile couplée au coup de queue qu’elle venait de prendre fort douloureuse, mais son adrénaline et son instant de survie lui faisait remettre ce problème a plus tard.

Désormais en dessous de lui, sans avoir lâché son arme la maraudeuse avait une vu sur tout son ventre, son torse et son cou. C’est là qu’elle fit une faille dans les écailles de son cou, et tira dedans. La balle pénétra la chair, déchira son œsophage et ses artères, le monstre hurlant une dernière fois en vomissant du sang sur la demoiselle autant par le trou que le bouche avant de s’effondrer.

Maculée de sang, la mercenaire était alors aveuglée, ainsi elle ne voyait pas qu’attirer par le bruit et la lumière, le monstre chauve-souris qui avait été trop loin pour en être affecté avait décidé en lui fondant dessus de lui régler son compte histoire qu’elle ne recommence pas.

Mer 1 Nov - 13:59
Le Patrouilleur vacilla et s’appuya sur son épée pour se maintenir debout, le sang coulait abondamment de sa blessure au crâne : son cuir chevelu avait été fendu sur plusieurs centimètres et ces blessures étaient généreuses en hémoglobine. Il secoua la tête et jeta des perles carmines aux alentours et se reprit. C’était la débandade autour d’eux, la plupart avaient fui et la créature cliqueta avant de disparaître à nouveau dans la Brume à la recherche de sa future proie. La jeune fille s’était dressée face au drake avec un courage remarquable. De son côté, il agita son moignon de torche dans le vide et obtint satisfaction lors qu’un feulement agacé lui répondit, allié au craquement spongieux d’une boîte crânienne qui cédait.

Ryker se retrouva là, face à une légende de la Brume. Une créature mythologique et honnie qui le regarda un instant dans les yeux, une lueur de malveillance à peine déguisée. Ses oreilles de chair se plissèrent en arrière et sa gueule s’ouvrit pour révéler des crocs fins et aiguisés dont le sang dégoulinait. Elle le surplombait de sa stature, son torse glabre reflétait la torche et révélait l’abomination dans toute sa splendeur. Une toison sombre glissait de ses épaules jusqu’à ses ailes de chair et amplifiait l’impression de cachexie qui se dégageait d’elle. Elle cliqueta dans sa direction et recula d’un pas sous la lumière de la torche. Le sol frémit sous ses pattes et le Patrouilleur y découvrit avec horreur un corps écervelé encore chaud. La bête poussa un feulement rauque qui ressemblait à un rire puis disparut dans la Brume. Elle avait affronté la lumière pour le toiser, pour se gausser de lui et de sa faiblesse.

Peu à peu, les bruits de la fuite de leurs compagnons se firent de moins en moins présents et semblèrent s’éteindre un à un. Le malaise grandissait de plus en plus dans l’esprit du Portebrume et sa nebula ricanait de plus belle. Elle voyait en cet instant une occasion d’autant plus grande de pouvoir le faire céder à l’errance mais l’esprit du Patrouilleur refusait de céder. Il y avait encore une âme survivante qui comptait sur lui ainsi que deux hommes qui étaient restés avec eux. Hector et Pâris s’il se souvenait bien des rares échanges qu’ils avaient pu avoir. Il secoua la Malice de sa torche et revint à grands pas vers la jeune fille qui s’était dévouée à affronter : mieux valait rester groupés pour essayer de survivre. A ce point, tout Patrouilleur qu’il était, il ne valait pas mieux que les autres. Ces derniers devaient bien lui mettre dix années dans la vue en plus de cela. Mais ils l’écoutaient, pensant qu’il était leur seul espoir : pauvre d’eux. Il lutta contre la vague de panique qui le pris et essuya le sang du revers de sa main, tentant de le chasser de ses yeux. Il se sentait faible à mesure qu’il le perdait.

Soudain, un éclat de lumière et un son de tonnerre le fit sursauter. Il découvrit la jeune femme à quelques mètres de lui, debout et maculée du sang de la proie qu’elle venait d’abattre. La Brume ondula et Ryker perçut plus qu’il ne vit la tête d’Hector, un bon gaillard de deux mètres, voler à terre. Il ne comprit qu’une fraction de seconde trop tard ce qui se passait. Le Patrouilleur alerta l’adolescente en criant mais déjà les yeux malveillants du Fledermaus étaient sur elle. Il eut, pour seul réflexe, d’envoyer le bout de torche qu’il tenait vers la créature et de courir dans cette direction. Le bout de bois fila dans la Brume et frappa le dos de la créature qui venait de s’immobiliser devant Violette. La bête avait la gueule grande ouverte au-dessus du visage de l’adolescente, et les bras levés. Le feu gagna en une fraction de seconde son pelage et la créature s’embrasa sous leurs yeux. Elle laissa échapper un hurlement de douleur et de peur qui leur vrilla les tympans. Mais, en quelques pas, Ryker s’était rapproché d’eux et il perça le dos de la créature de son épée qui s’enfonça dans sa chaire sans résistance. Il sentit la lame déchirer sa peau et ressortir de l’autre côté puis il changea sa prise et mis un genou à terre, afin de pivoter pour faire céder les entrailles de la bête. Le Patrouilleur, dans un cri de douleur, fit jaillir un sang noirâtre dans la Brume et le Fledermaus se tourna pour lui asséner un coup de griffe qui acheva de déchirer son armure et fit jaillir cuir et hémoglobine.

- Merde … lâcha le Portebrume alors qu’il se retrouva à genou devant la bête, pourtant ouverte en deux.

La créature entreprit de toucher son torse et tenta de rentrer ce qui était sortit de son corps avec des cris de douleur. Les flammes de son dos la faisaient paniquer, elle tourna plusieurs fois sur elle-même perturbée entre sa blessure et le feu, puis disparut d’un bond dans la Brume. Dans sa fuite, elle laissa derrière elle une piste sanglante évidente. Ryker resta là, à genou, armure éventrée et torse largement griffé par la bête. Il laissa échapper son épée et sentit sa tête tourner. Il glissa en tentant de se relever, attrapa son épée et s’appuya sur elle pour se redresser. Il se remit debout, tituba. Le monde vacillait autour de lui. Il … ne … pouvait … pas … céder …
Ven 3 Nov - 23:06
Affalée sur le dos, exténuée et aveuglée par la quantité de sang immonde qui venait de la recouvrir, la jeune femme tentait de se remettre de ses émotions. Alors que le danger de mort immédiat et l’adrénaline se dissipaient partiellement, ce fut enfin la douleur qui commença à passer l’information de sa véritable condition au cerveau. Si elle n’était pas grièvement blessée, pas encore tout du moins, elle souffrait de partout, entre les chutes, les esquives de peu, sa peau était désormais marquée par des égratignures et des lacérations plus ou moins aiguisées sur bien des parties de son épiderme.

Serrant les dents, tentant de contenir les larmes à la fois de douleur et de désespoir qui lui chatouillait les yeux, elle tentait de se reconcentrer sur sa mission. Survivre. C’était le plus important.

Alors qu’elle tentait d’essayer le sang sur ses yeux pour recouvrer la vue, elle entendit le patrouilleur lui hurler de faire attention.

Merde…

Cela ne pouvait dire qu’une seule chose, l’autre saloperie la visait spécifiquement. Normal, pour un prédateur le base de toute stratégie était de s’occuper du plus faible.

Rouvrant les yeux en urgence, peu importe qu’il soit infecté par ce sang vicié, elle ne put que constater le fait que le monstre chauve souris était en face d’elle, immobile, sa gueule en face d’elle.

Heh ?...

Ouvrant grand les yeux, son visage prenait rapidement des marques d’un désespoir profond tandis que les larmes coulaient enfin sur ses joues, devenant rapidement rouge en se mêlant à l’hémoglobine présente partout sur elle.

Elle allait mourir comme ça ?

Fermant alors les yeux, comme si tel un enfant elle pensait qu’en ne le regardant pas il ne le verra pas, elle pleurait. C’était la première fois de toute sa vie qu’elle faisait face à une telle expérience de mort imminente. Le fait de voir la mort, de la sentir… Elle était loin d’avoir vécu protégée de la violence de ce monde mais jusqu’ici autant dans les bidonvilles de Xandrie que dans ses premières années de mercenaire, elle avait toujours fait en sorte de ne pas se retrouver dans des situations suicidaires.

Et elle allait mourir maintenant ?

Non, elle ne le voulait pas… Mais que pouvait-elle y faire ? Ce n’était qu’une famine de 16 ans, sans pouvoir et don particulier, si ce n’était d’user de peu d’avantages qu’elle avait toujours eu pour rouler des gens pourtant bien plus puissants qu’elle sur le papier.

Alors que le monstre ouvrait la gueule pour lui déchirer le visage, ce temps parut comme une éternité pour Violette. Son esprit avait le temps de fuser, de penser à toutes sortes de choses. A sa famille, à sa mère qui lui avait dit de ne pas faire ce métier car elle ne voulait pas la perdre, à son père qui en faisait ce genre de chose était mort pour eux. Beaucoup d’émotions contrastées fusaient dans une seconde pourtant si courte. Regret, Doute, Tristesse, Acceptation, Peur,...

Pour autant, cette seconde ne terminait pas comme prévu, les adieux de la jeune fille à ce monde se concluant par le hurlement d’un monstre qui brûlait. Celui se désintéressant subitement de la maraudeuse pour se concentrer sur le patrouilleur.

Tandis que les coups de lame et de griffe s'enchaînent, Violette finit par ouvrir péniblement un œil, puis l’autre, toujours larmoyante. Assistant alors à l’échange final où les deux combattants furent sérieusement blessés, le monstre prit la fuite pour laisser un Ryker sanguinolent poser le genou à terre.

Restant inerte pendant quelques secondes, silencieuses, la xandrienne finit par se retourner pour se mettre sur le ventre afin de ramper sous le monstre en serrant les dents avant de se mettre à quatre pattes, haletantes posant son front face au sol. Son corps battait la chamade, au point qu’elle en avait perdu le rythme de sa respiration, arrivant à peine à récupérer l’oxygène nécessaire.

Levant alors un regard, elle tomba alors à travers les affres de la brume sur les cadavres décapités des derniers mercenaires, entraînant une seconde salve de production saline de sa part. Si pour Ryker, ces gens-là était des connaissances depuis quelques heures tout au plus, pour Violette il s’agissait d'individus qu’elle connaissait depuis des années voir même depuis sa naissance pour ceux qui venaient des mêmes quartiers des bas fonds Xandriens.

Tristesse embaumée d’autres sentiments. Questionnement, Colère.

Etait-ce comme cela qu’était mort son père ? Comment avait-il fini ? Décapiter comme un insecte pour les puissances de la brume ? Comme un héros ? Abandonné des siens ? Qu'avait-il ressenti dans ses derniers instants.

Fermant les yeux, elle serrait les poings. Pathétique, elle se sentait si pathétique. N’y avait-il pas sentiment plus terrible face aux deuils que de celui de considérer que la faute de ses morts est du fait de sa propre impuissance.

S’attacher à quelqu’un ne cause que de la souffrance. Dans la vie inéluctable des bas fonds où la mort est omniprésente, aimer était une souffrance. Pourquoi s’attacher aux gens quand il suffisait de s’antagoniser le monde pour rester seul… Et ne plus avoir rien à perdre… Jamais.

Une pensée alors fugace, mais qui aura du poids bien plus tard. Ce fut la première fois que cette évidence inconsciente traversa son esprit, premier cadeau de la brume qui ne sera pas le dernier.

Plongée dans ses divagations dans ce qui durait au final que quelques secondes, Violette finit par revenir pleinement à la réalité lorsque l’aventurier titubait vers elle. Il était mal au point, bien pire qu’elle. Il ne pouvait pas survivre dans ces conditions. Ils n’étaient au final plus que deux. Il n’avait pas besoin de risquer autant pour elle.

Elle lui était déjà redevable de beaucoup de choses. Il lui avait sauvé la vie au péril de la sienne. C’était le don à l’autre le plus impressionnant qu’il soit. C’était une dette qui ne pouvait se régler, une dette à vie et cela qu’importe ce qu’en penserait le portebrume.

Le regardant lutter pour continuer à se battre, toujours déterminés malgré les blessures et la situation. La xandrienne ne pouvait rien sentir qu’une profonde admiration pour le patrouilleur. C’était une volonté qui ne pouvait qu’être aimée… et appréciée.

Pose toi… Tu n’as pas b’soin d’rester d’bout…

Respirant un grand coup avant d’essayer ses larmes, Violette se releva péniblement, toujours douloureuse mais elle tentait de ne pas le montrer pour ne pas l’inquiéter davantage.

On… t’es pas en état de continuer actuellement… Faut se reposer. Si on bouge maintenant que ce soit pour combattre ou partir… on pourra pas…

Son regard passa sur les blessures de l’aventurier avant qu’elle ne s’avance vers lui pour le soutenir dans son équilibre vacillant.

On doit s’éloigner du ch’min. J’sais faire les premiers soins. Suis. Puis dors…

Elle même était exténuée et avait besoin de repos, mais elle ne devait pas le montrer. Il ne devait pas contester. Son cas était bien plus prioritaire que le sien. Surtout qu’il fallait que quelqu’un reste éveillé pour vérifier les lieux.
Sam 9 Déc - 12:18
Le Patrouilleur sombra plusieurs fois dans les abysses, sont esprit vagabondait sur les chemins et se nourrissaient de fiévreuses craintes. Il s’appuyait sur l’épaule de la jeune fille et se perdait dans la Brume tandis que sa Nebula crépitait dans son crâne et lâchait des salves de son pouvoir, inefficace sur la jeune femme. Il sentait sa propre vie aller et venir, elle ne tenait que par sa volonté de rester ici et de protéger cette jeune femme. Pourtant, c’était elle qui remplissait ce rôle à présent. Il se sentait faible, incapable. Les griffes de la créature étaient plus qu’effilées et avait laissé un sillon qui laissait entrevoir ses muscles lacérés mais aussi la cage osseuse qui protégeait ses organes vitaux. Chaque respiration lui tirait un râle de douleur, chaque geste était empli d’une précaution teintée de souffrance. Leurs pas laissaient perler des mailles de son armure. Elle lui avait sauvé la vie. Avec certitude. Mais à présent le Patrouilleur marchait avec sans savoir où. Il perdait son sang sur l’épaule de Violette, mais la Brume semblait s’accrocher à ses pas et des fragiles filaments s’accrochaient à ses blessures. Pour l’agrandir et accueillir leur sœur … ou pour les empêcher de s’ouvrir davantage ?

Ryker s’éveilla avec un hoquet, adossé dans une alcôve de pierre et de broussailles. Il était torse nu et son gambison éclaté avait été déchiré pour faire office de ouate. Sa cape avait été déchirée pour le bander mais il se sentait suffisamment faible pour comprendre qu’il avait perdu beaucoup de sang. Il se sentait chaud aussi, il couvait un début de fièvre. Son sac avait été ouvert, et ses rations entamées. Tant mieux. Il serra les dents pour en attraper une, ainsi que la gourde qui trônait à côté. Combien de temps il avait dormi ? Il n’en avait aucune idée. Mais pas assez pour que la caravane ne soit partie sans eux il espérait. Il but avec douleur, mâcha comme si quelque chose avait entravé sa mâchoire et déglutit les larmes aux yeux. Il se redressa, se pencha pour attraper son sac. Sa trousse de premiers secours avait été utilisée. Elle savait y faire … et cela expliquait aussi pourquoi il ne se sentait pas aussi fiévreux. Le Patrouilleur bascula à genoux et se redressa. La Brume rôdait dehors et elle n’était plus là. Il s’empara de son épée courte et grimaça lorsqu’il la tira de son fourreau. Il parvint à se tenir droit et à sortir de leur abri. Il sentit le sang couler de ses blessures mais tint bon. Il sursauta lorsqu’il perçut Violette à ses côtés en sortant et tira un hoquet de douleur. Il lui adressa un signe de tête.

- Désolé … et merci. murmura-t-il, ne sachant trop quoi lui dire.

Elle ne semblait pas en très bon état non plus à en juger par les cernes et les diverses égratignures qui la parcouraient. Il avait aussi l’impression que quelque chose avait changé dans son regard. Il ne pouvait que compatir, il devait avoir son âge lorsque la Brume l’avait choisi et avait réduit ses camarades en un tas de chair sanguinolente. Il se fustigea mentalement. Voilà qu’il se mettait à penser comme de vieux Patrouilleurs désabusés.

- Nous avons … eu beaucoup de chance. reprit-il, avant de mesurer que ce n’était peut-être pas l’avis de la jeune fille. Rares sont ceux qui survivent au Fledermaus.

A ces mots, il frémit et s’adossa à la pierre pour reprendre son souffle. Parler était douloureux, penser était douloureux. Mais il ne pouvait pas s’arrêter là.

- Merci Violette. Merci pour m’avoir sauvé. Mais je crains que … notre travail ne soit pas terminé. continua le Patrouilleur avec des efforts visibles pour ne pas chanceler et écouter son corps qui lui hurlait de s’arrêter là. Il faut prévenir la caravane. Que la voie n’est pas sûre. Que le Fledermaus reviendra clamer son dû. Et, surtout … il faut que nous sortions de la Brume avant qu’il … ne décide de se venger.

Il bascula la tête en arrière, reprit son souffle dans une buée blanche. La Malice s’enroulait autour de ses pieds avec affection se glissait sur ses mains, poisseuse. Il la chassa d’un geste. Elle était curieuse. Pas agressive, pas hostile. Ce qui n’était pas le cas pour bon nombre de personnes. Logique, pour un Patrouilleur.

- Je suis désolé … vraiment. Je … se bloqua-t-il en secouant la tête : impossible de lui avouer que c'était sa première mission en tant que Patrouilleur. Il faut vite aller prévenir le chef. Quitte à lui enfoncer mon poing dans la gueule s’il le faut … Tous ces gens vont mourir pour rien. On est resté ici combien de temps ?
Mar 19 Déc - 16:44
Merde merde merde !

Tandis que la jeune femme traînait le patrouilleur vers ce qu’elle espérait être un lieu moins dangereux, elle ne faisait que cogiter intérieurement. Il fallait dire qu’avoir vu la mort de prêt, cela faisait remettre beaucoup de chose en perspective notamment vis à vis de ses priorités et de ses valeurs. Tant de choses pouvaient être relativisées, tant que de problème paraissait insipide quand on était à quelques secondes de se faire arracher la gorge par un monstre effrayant et possédant des traits si chimériques qu’il était possible de les retrouver dans les cauchemars enfantins des enfants en quête d’aventure.

Le monstre avait de toute évidence décidé de ne pas les suivre pour quelques raisons que ce soit. Peut-être était-il blessé, peut-être poursuivait-il quelqu'un d’autre. Même si maintenant Violette et l’aventurier n’étaient plus que deux, il y avait bien d’autres fuyards et déserteurs à rattraper après tout.

Une fois que la future portebrume pensait être à l'abri, elle posa Ryker doucement inspectant alors ses blessures. Elle avait beau ne pas être médecin, sa vie lui avait permis d’apprendre les techniques et les réflexes de premier secours. Cela permettait de sauver beaucoup de vie, notamment celle qui venait de mourir parfaitement évitables comme tout ce qui touchaient aux nécroses, noyades, une partie des arrêts cardiaques,...

Ses blessures étaient sérieuses mais heureusement pour elle, si la xandrienne s’en occupait bien, aucune d’elles ne devait être mortelle. Presque machinalement, après avoir essuyé ses larmes et reniflé un coup, Violette se mettait au travail, utilisant tout d’abord la trousse de secours de l’aventurier pour l'empêcher de voir son état s’empirer avant de finalement placer de l'onguent et des feuilles sur ses blessures dans ce qui s’apparaît à une pratique médicinale traditionnelle xandrienne. Celle-ci ayant pour vocation de calmer la douleur, tout en aidant à la cicatrisation et à la désinfection des plaies.

Il fallait dire qu’en bonne xandrienne des bas-fonds et des campagnes, elle n’était pas très au fait de la médecine moderne. Toutes ces étrangetés chimiques étaient alors parfaitement lointaines et mystérieuses pour elle.

Une fois cela fait, la demoiselle lui prêtait compagnie à côté, essayant dans le même temps de se reposer quand elle ne se morfondait pas dans un silence lourd et pesant en regardant le sol, se ressassant toute la scène, le sang, l’horreur, la mort. Des choses encore bien lourdes à supporter pour une enfant d’à peine 16 ans. Une sombre expérience qui comme d'autres marquait un pas dans la déchéance de son âme, l’érosion de ses sentiments face à la mort,... En environnement qui permettait tout sauf de grandir sereinement comme ses parents l’auraient voulu.

Finalement après un temps indéterminé, l’aventurier se réveillait enfin. Ce qui rassurait la demoiselle qui ne supportait pas d’être seule face à ce danger omniprésent et tous ses bruits menaçant qu’elle pouvait entendre.

Elle ne répondit pas vraiment à ses remerciements, ne sachant pas quoi dire. Faisant de même pour la suite. Évidemment l’objectif était de rentrer… mais comment ? Les dangers étaient partout. Elle-même ne savait pas où aller. Réfléchissant un instant, elle ne reprenait la parole que pour répondre à sa question sur le temps de son sommeil, le regard baissé vers le sol et ses pieds.

Je ne sais pas… le temps est difficile à lire ici… Il n’y a ni soleil ni lune… toujours du gris… 1 jour… peut-être 2. Je ne sais plus…

Elle était un peu perdue et déboussolée, il fallait dire que la situation ne l’aidait pas à garder les pieds sur terre.
Dim 31 Déc - 12:50
Le Patrouilleur tituba et se rattrapa aux parois de roche. Ses blessures à peine refermées tiraient sur sa chair et ne cessaient de laisser perler sang et lymphe sur son torse, comme pouvait en témoigner ses vêtements souillés. Il avait été bandé avec ce qu’il restait de sa tunique, ce qui laissait apercevoir sa peau bardée de cicatrices en tout genre. Griffes, crocs ou épées. Son armure avait été laissés de côté, déchirée par la fureur du monstre. En l’état il ne pouvait espérer la remettre ou tout se déplacer avec. Ryker se saisit du petit grigri qui trottait autour de sa nuque. Un étrange fragment représentant la tête d’une créature à deux paires d’yeux et au pelage hirsute. Il glissa ses doigts autour de l’objet et soupira. Il était encore très faible, et l’invocation du Yearrk n’allait pas arranger les choses. Il lâcha l’objet et y renonça dans un premier temps.

- Je n’ai aucune idée d’où nous sommes. Il … nous faudrait un point remarquable.
lâcha-t-il péniblement, avant d’aller chercher ses armes et de les sangler.

Il titubait et son corps entier semblait perclus de douleurs. Une tâche carmine s’épandit sur ses bandages mais cela attendrait. Il serra les dents, étouffa un grognement lorsqu’il sangla sa boucle dans le dos pour y glisser son épée. Elle eut le bénéfice de distribuer son poids vers l’arrière mais il était stupide de penser qu’il pourrait la manier. Il s’arma d’une dague. La fin lui tenaillait les entrailles, mais ses nausées l’empêchaient ne serait-ce que d’y penser. Il essayait de garder courage pour eux, mais si la jeune femme n’avait pas été là … il serait resté prostré des semaines dans cet abri. Bon, il serait mort, certes. Mais le devoir de la protéger le maintenait éveillé. Vu son état, l’inverse risquait de se produire de nouveau.

Les deux rescapés ne devaient pas être loin de leur point d’origine, à commencer par-là, peut-être pourraient-ils retrouver leur route ? Mais contre toute attente, ce fut une odeur épouvantable qui les guida vers le bon chemin. L’odeur d’une chaire putréfiée en décomposition. Ils durent ravaler un haut le corps lorsqu’ils aperçurent dans la Brume la silhouette à moitié dévorée du Drake qu’ils avaient affronté, et donc les charognards faisaient encore trembler la carcasse. Ils prirent le temps de la contourner, le tissu s’imbibant de davantage de sang. Les créatures opportunistes de la Brume n’auraient pas dit non à un peu de viande chaude. Ils tâtonnèrent quelques minutes avant de retrouver la charrette et le chemin par lequel ils étaient venus. Ils marchèrent à côté de ce qu’il restait de certains cadavres de ceux qui étaient venus avec eux. Il ne restait plus grand-chose sur eux, si ce n’étaient os, tendons et vêtements déchirés. La Brume s’était emparée d’eux corps et âmes. Un frisson parcourut l’échine du Patrouilleur lorsqu’il découvrit un corps sectionné par le Fledermaus.

- Par-là, par-là … murmura-t-il son doigt pointé vers une déformation rocheuse qu’il reconnaissait.

Puis le chemin se déroula petit à petit. Esquivant des créatures qui rôdait là, se glissant entre deux arbres déformés. La Brume ne semblait pas désireuse de le laisser se faire dévorer, pas plus que de l’aider. Cette sensation qu’il connaissait depuis qu’il avait été infecté par cette dernière. Il pressa l’épaule de la jeune femme. Il était le seul à la percevoir ainsi, et il savait que c’était le lot de nombreux Patrouilleurs. Il ne se sentait pas le cœur à parler plus que nécessaire, cette expérience laissant sont lots de traumas en lui. Sa Nebula se taisait, silencieuse et étrange. Il savait qu’elle cherchait à le pousser en permanence vers l’Errance … mais sa mort était-elle synonyme de liberté pour elle aussi ? Il ne le savait. Elle avait un but qu’il ne comprenait pas.

Petit à petit, la Brume se fit de moins en moins dense, elle laissa perler quelque fois le Soleil et sembla les encourager à cheminer sur un chemin de terre. Ryker la trouvait beaucoup trop pressante, beaucoup trop encline à les guider. Il leur fallut plusieurs dizaines de minutes et de nombreuses pauses pour arriver jusque-là. Puis, la Malice s’écarta de leur route et les révéla en haut d’une colline qu’il ne se souvenait pas avoir gravie. Le Patrouilleur fronça les sourcils, bien loin de son chemin d’origine. Il se situait en amont de la vallée qu’ils avaient arpentée.

Quel spectacle délectable … ricana la petite voix dans sa tête.

La caravane n’existait plus. La Brume qui leur arrivait alors jusqu’au genou avait monté de quelques empans pour révéler les restes décharnés de l’expédition.
Mer 10 Jan - 10:28
Il n’y avait rien de pire pour un individu que de constater sa totale impuissance dans une situation. De se savoir soumis à la volonté absolue d’une puissance supérieure qui ne semblait pas alors encline à révéler ce qu’elle pouvait avoir prévu pour la suite. Pour une première expédition dans la brume, celle-ci avait été révélatrice de beaucoup de choses pour la jeune femme. Si jamais elle parvenait à en ressortir vivante, au moins pourrait-elle dire dans son malheur que tout cela avait été fortement instructif.

Que faire dans cette situation ? Y avait-il quelque chose à faire tout simplement ? Alors que le patrouilleur était inconscient, cette question avait traversé son esprit pendant des heures bien qu’elle n’avait encore maintenant toujours pas trouvé de réponse. La xandrienne avait ainsi l’impression que quoi qu’elle fasse, cela ne ferait qu’empirer sa situation.

Lorsque l’aventurier se réveilla, ce fut un véritable éclat du soleil pour elle. Enfin quelqu’un sur qui elle pouvait se reposer. Que lui-même sache ou non ce qu’il faisait réellement n’était pas important. Violette voulait juste croire, elle avait besoin d’espérance pour ne serait-ce qu'avoir la volonté de se battre pour s’en sortir malgré la douleur et la fatigue.

Il voulait un point remarquable ? A part en tentant de rebrousser chemin sans se perdre, elle ne voyait pas comment cela pouvait être possible. La brume était trop dense pour voir au loin et elle ne connaissait rien de cet endroit.

J’imagine qu’on peut tenter de revenir en arrière… Enfin si la brume nous laisse faire…

Le duo entreprit alors de faire le chemin inversé avec la difficulté lié à leurs états bien que celui de Violette restait meilleur que celui de Ryker. A mesure que le temps passait, dans un silence et un calme qui contrastait de manière surprenante avec la situation d’il y a quelques heures, le soleil semblait percer de temps à autre la brume. Une chose qui suscitait un vent d’espoir pour la Xandrienne qui espérait enfin sortir de cet enfer pour rentrer chez elle, dormir et surtout enfin être en sécurité.

Une pensée qui disparaissait rapidement alors que le brume, se dissipant quelque peu, se décidait à dévoiler les restes d’une expédition décimée. Bien déchira, cadavre, un sol maculé de sang et de mort.

Face à cette vue, Violette restait un instant silencieuse avant de s’asseoir au sol, la tête baissée.

… J’imagine qu’on a totalement échoué…

Le ton était difficile et contenu. Prostrée, il était difficile de voir son visage, ce qui l’arrangeait. Les larmes lui montaient au nez et aux yeux, elle était à deux doigts d’éclater en sanglots pour bien des raisons. Ce n’était pas une tarée du combat et de la lame qui s’en foutait de risquer sa vie ou de voir les autres mourir. Quand bien même jusqu’ici par instinct de survie elle avait réussi à supporter, sa force mentale commençait ici à sérieusement s’effilocher.

Dépitée, désemparée, … Bien des mots la définissait à cet instant précis. Elle avait de moins en moins envie de faire quelque chose d’autre que pleurer par terre.

Elle finit alors par prendre son visage entre ses mains avant de terminer.

Qu’est ce qu’on doit faire maintenant… la brume ne nous laissera jamais partir…

Sam 17 Fév - 14:12
Ryker se redressa et soupira de dépit. La bêtise humaine. Pour quelques heures gagnées, de nombreuses vies avaient été gâchées. Il se rapprocha de la jeune femme et serra les dents. C’était un sentiment de rage qu’il ne connaissait que trop bien, qui lui donnait souvent des regrets à côtoyer cette fange humaine. Elle nourrissait sa Nebula, le rapprochait chaque jour de l’Errance. Il calma ses nerfs, tua sa culpabilité.

- Non, non … nous respirons encore … tant que nous sommes vivants, nous sommes gagnants. murmura-t-il, conscient de la chance qu’ils avaient, Patrouilleurs, de vivre chaque journée de plus dans la Brume.

Il s’accroupit à côté de Violette. Il se sentait particulièrement mal à l’aise, habitué à des émotions extrêmes et à une solitude qui l’avaient handicapé dans ses liens aux autres membres de son espèce. Sans compter ce qui lui rongeait le crâne et les horreurs dont il avait pu être témoin. Ainsi ce fut plus un geste de l’esprit qu’un véritable sentiment qui le poussa à entourer les épaules de la jeune femme. Là, à genoux dans les décombres de ceux qu’il aurait dû protéger. Ceux qui ne l’avaient pas écouté. Combien étaient morts d’avoir écarté d’un geste les conseils d’un Patrouilleur ? Il pouvait dire adieu à sa prime, il ne mangerait pas à sa faim pendant des semaines … et c’était tout ce qui le préoccupait. Le reste était enfoui sous une gangue immatérielle qui lui permettait de survivre et de ne pas céder. Une digue d’égoïsme pour empêcher les remords de le submerger.

- Ils ne m’ont pas écouté. C’est de la faute de leur chef d’expédition. Il a choisi une route dangereuse sans attendre le retour des éclaireurs. continua-t-il, taisant la petite voix qui se demandait si le Fledermaus était l’auteur de tout cela et s’il n’avait pas été attisé par leur combat.

Il serra un peu plus fort les épaules de la survivante et ferma les yeux. Faire le vide à la place de son cœur, chasser les pensées parasites. C’était la faute de la Brume, c’était la faute des monstres. Il n’avait tué personne de ses propres mains. La Brume, les monstres. Le chef d’expédition. Ryker serra les dents, tenta de juguler le flot de ses souvenirs traumatiques, lorsque de son infection par la Malice. Sa prise autour de Violette se fit plus ferme. Il lui fallait se mettre en action, avant de se retrouver paralysé par les émotions qu’il s’efforçait de chasser. Par les souvenirs de la mort de ses camarades. De leurs tripes répandues, du sang qui l’avait aveuglé …

- Debout. Debout, la Brume ne nous fera pas obstacle. Elle nous a laissé revenir. Ce n’était pas nous qu’Elle voulait.

Il devait le croire, il devait l’en persuader.

- La Brume nous a montré ce qu’Elle voulait, maintenant il nous appartient de fléchir ou de survivre, Violette.


Il tira sur son bras, grimaça de douleur lorsque sa propre chair se tordit et laissa un peu de sang perler. Il serra les dents.

- La caravane aura laissé des traces. Suivons-les. Peut-être y aura-t-il d’autres survivants.
proposa-t-il, bien qu’il en doutât.

Le Patrouilleur entreprit de les remettre sur la route, de remonter les carcasses des véhicules puis de repérer les ornières de leurs roues. Ce fut plus simple qu’il ne l’aurait cru, du fait de la Brume qui s’étiolait peu à peu. Ils finirent même par tomber sur la caravane de ce qui semblait être celle du chef d’expédition. Ouverte par une force colossale, comme si elle avait explosé depuis l’intérieur. En son centre, résidait un squelette noirci et aux apparats pouvant laisser penser aux atours du chef. Tout avait été saccagé avec une violence inouïe. Le Patrouilleur n’insista pas pour en savoir davantage. Ce qui s’était passé ici, et tout autour, s’était déroulé si vite que personne n’avait l’air d’avoir pu tirer son arme avant de mourir. Cela ne ressemblait pas au Fledermaus. Mais que pouvait-il exister de pire ?

- Dépêchons-nous. lâcha-t-il, tout en laissant dans son sillage quelques gouttes de sang.

Au loin, ils percevaient la Brume s’étioler. Les traces du passage de la caravane étaient profondes et il n’était pas difficile de les suivre. Elles remontaient la vallée, selon la direction qu’avait désiré prendre le chef d’expédition. Une voie pour sortir de ce cauchemar, il l’espérait.