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Aux petits soins

Aux petits soins Brandw10
Mer 25 Jan - 17:24

Aux petits soins

Avec Halie Lunia



Un craquement résonna sous le sabot de ma monture écrasant une branche, faisant fuir un petit oiseau caché dans les bosquets à la recherche de baies. En l’espace d’à peine de quelques jours nous avions quitté le sable des dunes d’Aramila pour trouver la végétation de plus en plus luxuriante de la forêt de l’Arbre-Dieu. L’aridité laissa la place à l’humidité, j’eus beau retirer des couches de tissus ma chemise me collait à la peau. Je n’étais pas mécontent d’avoir troqué à Katorrin la démarche houleuse des dromadaires pour retrouver le trot plus commun des chevaux. Le chef de guide ralentit son canasson, entraînant à sa suite l’ensemble du groupe.

- Faut monter l’camp là bas.

Etonné de l’heure précoce de la journée, je questionnais Malouad.

- Ne peut-on pas ériger le campement lorsque le soleil touchera l’horizon, dans la forêt ?

Un vent de frayeur traversa le groupe.

- Ah non m’sieur Digo vous avez oublié les histoires qu’on vous a raconté ? C’est trop dangereux là d’dans ! Faut respecter les esprits qu’y vivent. C’est un lieu sacré et Dieu, dans sa miséricorde, accepte bien qu’on l’traverse. Faut pas non plus abuser de son hospitalité !

Les Aramilans étaient si superstitieux… Je n’allais pas à l’encontre de leurs décisions pour autant, ce qu’ils pouvaient prendre pour des malédictions n’étaient autres que les dangers d’une forêt sauvage.

- Très bien Malouad, campons.

Satisfaits de ma réponse, les guerriers religieux avancèrent plus sereinement jusqu’au plateau herbeux parsemé de roches. Nous y laissâmes paître les chevaux bien heureux de cette pause avancée avant d’installer notre base. Depuis les dunes de Saleek notre groupe avait pris ses habitudes pour les quelques fois où nous avions dormi hors d’un village. J’aidais à l’assemblage des tentes pendant que mes accompagnants s’occupaient de sécuriser les lieux et récupérer de quoi faire un feu. Ma tâche finie, je récupérais mes affaires, vérifiant que rien ne manquait, avant de sortir mon rebec. Le visage de Talis s’illumina en le voyant.

- Z’allons avoir l’droit à la chansonnette !

Je lui souris avant de me caler contre un rocher, laissant l’arche jouer sur les cordes de l’instrument d’où s’éleva une mélodie joyeuse.

La nuit fut calme, je passais mon tour de garde à observer la lisière de la forêt aux milles légendes sans apercevoir la moindre
Nous reprîmes les chemins à l'aube pour ne pas passer une nuit dans les bois. Je sentais mes guides à la fois honorés de fouler une terre sacrée, et effrayer d’éveiller la colère du Dieu-Arbre sur son territoire. Ce fut dans cette ambiance tendue que nous cheminions jusqu’à l’arrêt de mi journée pour se requinquer.

- Il nous observe … souffla Talis.

Personne ne l’entendit, seuls les chevaux hennirent soudain agités. Ce fut l’immobilité de l’homme qui m’alerta. Il fixait un point entre les branches, quelque chose semblait le fasciner, quelque chose que je ne voyais pas.

- Talis vous allez bien ?
- Le désastre est en marche nous avons fauté … Sommes que des impies qu’il faut blâmer.

Sa main glissa vers sa hanche où ses doigts se resserèrent sur la garde de son poignard. Ne comprenant pas ce qu’il se passait je restais inerte, la main posée sur son épaule pour l’engager à me regarder. Malouad fut plus réactif et se jeta sur son compagnon l’empêchant d’user de son arme.

- Une nagora l’hypnose, baisser tous les yeux !

Talis se débattait criant qu’il fallait purifier la Terre sacrée de nos âmes salies. Je me précipitais sur mon équipement médical pour y trouver un petit flacon que je déversais sur un bout de tissu. Malouad peinait à maintenir son ami à terre, je me ruai sur Talis pris de délire pour lui appliquer le tissu imbibé sur la bouche et le nez. Les vapeurs mirent quelques minutes à agir sur l’homme qui finit par se calmer, lâchant sa dague. Ses pupilles étaient dilatées, je commençais à douter de sa sobriété.

- A-t-il pris une drogue ?
- Non m’sieur, c’est la nagora ! Elle l’a hypnotisé j’vous dis !

Fronçant les sourcils d’incompréhension j’invitais Malouad à m’expliquer.

- C’est une bestiole d’la forêt, il la protège des indésirables ! Il rentre dans l’esprit des gens par les yeux ! Faut pas l’fixer sinon il vous pousse au pire pour se débarrasser d’vous !

Je regardais autour de nous pour apercevoir l’animal, Malouad me prit la tête entre ses mains.

- Non ! Ne le r’gardez pas, surtout pas.

Au sol Talis s’agita, tout se passa tellement vite … Son bras dessina un demi-cercle dans l’air pour finir sa course dans la cuisse du guide religieux, la lame du poignard bien ancrée dans le muscle. Solane et Astifa se jetèrent sur le dément pour le maintenir au sol, Malouad s’écroula sur le côté, du sang s’écoulant de son adducteur.
Cette fois je fus bien plus réactif, empoignant le mouchoir imbibé d'éther pour le replacer sur les voies respiratoires de Talis, ordonnant aux deux Aramilans de le lui maintenir. Je me précipitais sur la plaie pour y poser un garrot, il fallait à tout prix arrêter l’hémorragie.

- Malouad je sais que c’est douloureux, laissez moi intervenir. Lui ordonnais-je en rejetant la main qu’il maintenait sur sa blessure.

Le sang m’empêchait de voir la profondeur de la lésion, je ne m’y attardais pas pour compresser le muscle. Mon matériel n’était qu’à quelques mètres, je m’inquiétais des nouvelles réactions des deux religieux restés avec Talis fixant un point en hauteur.

- Ne regardez pas la nagora ! Leur criai-je.

Je pouvais bien gérer les urgences médicales, la faune beaucoup moins …
Jeu 26 Jan - 11:33
Quel était ce raffut ? Surtout dans une zone de la forêt que les humains avaient l'habitude d'éviter... Oui, Halie connaissait les légendes qui couraient au sujet de son refuge. Evidemment, elle n'y croyait pas. Mais jamais elle n'aurait détrompé qui que ce soit à leur sujet, bien consciente du fait que c'était cette peur mystique qui protégeait les lieux. En effet, si elle aimait se décrire comme la gardienne de cette forêt, en réalité, c'était plutôt l'inverse. Elle était née dans cette forêt, faisait partie d'elle, et en échange, les "monstres" qui la peuplaient la protégeaient, au même titre que tous les autres habitants légitimes de ce territoire. Elle prenait soin du Havre, en remerciement à la forêt pour lui avoir offert un abri en son sein. Mais ses soins étaient-ils vraiment nécessaires ? Après tout, aucun être extérieur ne pouvait atteindre cette oasis sans traverser l'espace qui leur semblait hanté. Il fallait être soit très courageux, soit complètement fou ou désespéré, pour s'aventurer aussi loin.

Toujours était-il qu'en ce milieu de journée, alors qu'elle était partie en quête des fruits dont elle se nourrissait, des cris vraisemblablement humains avaient dérangé sa cueillette. Alors, n'abandonnant pas pour autant les deux fruits qu'elle avait réussi à récolter, elle s'avança vers la source du bruit, sautant aisément de branche en branche malgré le panier plus qu'à moitié vide qu'elle transportait.

Elle finit par s'asseoir sur la branche qui surplombait la scène, qu'elle observa tranquillement, assise à côté du nagora qu'en tant que créature endémique, elle ne craignait pas. Si elle l'avait voulu, elle était même certaine qu'elle aurait pu caresser la créature, qui l'observa alors qu'elle saisissait l'une de ses prises. Quitte à l'empêcher de faire ses réserves, que ces humains ne l'empêchent pas de se restaurer.

Lorsque deux membres du groupe regardèrent dans leur direction, elle attira l'animal dans le panier avec le fruit qui y était resté, puis plaça le tout dans une branche plus éloignée, plaçant le panier de manière à ce qu'il bloque le champ de vision de son occupant, puis elle bloqua solidement le tout. Puis elle sauta au sol, s'approchant nonchalamment du groupe, alors qu'elle croquait dans son repas.

- Maintenant qu'il a de la nourriture, il devrait partir une fois qu'il aura terminé de me voler mes réserves. Peut-être aussi parce que je suis là pour prendre la relève.

Elle promena de nouveau un regard sur le groupe, s'arrêtant sur le blessé.

- Je peux vous aider. Si vous répondez de manière satisfaisante à cette question : que faites-vous ici ? Ceux qui s'aventurent par ici sont soit suicidaires, soit idiots. Dans quelle catégorie vous situez-vous ?

Elle avait fait de son mieux pour sembler insensible, un exercice bien plus compliqué pour elle que pour autrui. Elle sentait la panique du groupe et la folie de l'hypnotisé. Mais elle savait également que les nagoras ne s'attaquaient qu'aux intrus. Peut-être ces humains avaient-ils profané cet endroit, ce qui aurait poussé son gardien à agir. Si tel était le cas... Elle se forcerait à ne rien faire pour aider les humains. Dans le cas contraire... C'est alors qu'elle remarqua l'un des hommes. Lui semblait différent. Elle reconnaissait ses propres gestes dans les siens. Avait-elle affaire à un autre guérisseur ? Tournant son regard, elle reconnut les outils qui lui semblaient appartenir aux médecins des villes. Alors, changeant d'avis, elle alla se saisir de ces outils et les apporta à celui qui semblait en être le propriétaire.

- J'imagine que c'est à vous ? Expliquez-moi ce qui s'est passé, je vous assisterai.

Seuls les idiots ne changeaient pas d'avis, n'est-ce pas ? Elle avait entendu cela quelque part... Et en ce moment précis, cela lui correspondait à la perfection.
Ven 27 Jan - 11:25

Aux petits soins

Avec Halie Lunia



L’agitation des branches, la stupeur des Aramilans, l’écoulement du sang, cette impression d’être épié … Toutes ces informations que j’ignorais quand elle apparut. Être frêle au regard intransigeant, ce fut la première fois que je rencontrais une hespéride dont les bois ne laissait de doute à son appartenance. Je prêtais une oreille distraite à ses paroles, je devais arrêter l’hémorragie de Malouad dont le teint d'ordinaire hâlé perdait de la couleur.
Prendre la relève … venait-elle tous nous éliminer ? Cette fois je la fixais, mes mains appuyées contre la cuisse du blessé m'empêchaient de prendre mon arme pour nous défendre contre la menace.

- Ceux qui s'aventurent par ici sont soit suicidaires, soit idiots. Dans quelle catégorie vous situez-vous ?

- Des idiots soufflai-je en regardant le chef d’expédition.

Conscient de la menace, l’homme balbutia, tentant de justifier notre présence.

- On devait pas aller si loin … Juste traversé, j’me suis égaré.

Comptait-il seulement m’avertir de la fausse route avant que le malheur arrive ? Ma mâchoire se contracta d’agacement, mes yeux devinrent glacial. Opale était ma dernière étape avant de retrouver la Brume et ses secrets, il était inconcevable que ma quête s’achève ici à cause de l’erreur d’un autre.
Un soulagement imperceptible me traversa lorsque l’être m’apporta mon matériel, ses intentions pas si malveillantes prirent le dessus. Concis, je lui dictais l’assistance dont j’avais besoin.

- Une lame a traversé sa cuisse, vu l’hémorragie elle a sectionné un vaisseau sanguin important. La priorité est d’arrêter cette hémorragie. Ouvrez la trousse en cuir, vous trouverez un couteau à lame fine. Dans la mallette, il y a une lanterne à huile et une pierre à feu. Il me faut un feu maintenant pour cautériser la plaie !

J’avais l’impression de parler une autre langue. Ce n’était pas de la grande technologie que je détenais là, pourtant suffisante à perdre mes compagnons. Les Aramilans avaient pour horreur toute progression Epistote. L’hespéride quant à elle ne devait pas être bien plus avancée.

- Venez, dis-je en lui attrapant le bras de ma main ensanglantée, laissant mon empreinte sur sa peau diaphane. Je plaquais sa dextre sur la plaie de Malouad. Appuyez aussi fort que vous pouvez.

Je me levais aussitôt pour allumer le feu aussi rapidement que je le pouvais, Solane et Astifa pétrifiés par la peur, maintenant toujours un Talis inerte au sol, persuadés qu’une malédiction venait de s’abattre sur nous pour avoir profané une terre sacrée.
J’enlevais mes gants poisseux pour attraper la lampe. Un vertige, une vision.

La lampe trônait sur une table, éclairant de sa faible luminosité le visage du prisonnier. On la souleva, l’agita. La haine de son porteur la traversa. Elle n’était qu’un objet faisant fuir les ombres et pourtant ce soir-là elle déclencha un drame. On lui mit la tête à l’envers, sa flamme dansante s’agita et lécha un liquide sirupeux qui renvoya son feu plus fort, plus grand plus … dévastateur. Un sourire pervers naquit sur son détenteur qui l’emporta avec lui dans les cris sauvages de celui qu’il laissait dans sa cage enflammée. La source de lumière est devenue ténèbre …

Je repris mon souffle, la Brume s’insinuait dans mon esprit, me soufflant de sa magie au creux de mes sens. Je pouvais presque sentir la poigne ferme sur la hanse de la lampe comme si j’étais devenu l’objet.
La lumière revint, le bruit du feuillage me rappelait où je me trouvais. Reprenant mes esprits j’enflammais la mèche pour y baigner la lame du couteau jusqu’au rougissement de sa tranche. Je laissais le fer chauffer avant de me rapprocher du blessé.

- Solane ! Aidez-nous ! Il va falloir le maintenir avec force ! ordonnai-je en montrant Malouad.

Je m’agenouillais à côté de sa tête, attrapant un bout de bois que je mis dans sa bouche.

- Solane !

L’homme finit par bouger et obtempéra.

- Vous êtes prête ? demandai-je à notre invitée. Il va falloir écarter les contours de la plaie pour que je puisse cautériser le muscle intérieur.


Dernière édition par Lewën Digo le Jeu 16 Fév - 20:02, édité 2 fois
Ven 27 Jan - 12:21
Elle... Semblait avoir mis le feu aux poudres, non ? Elle avait vraisemblablement enflammé un conflit qui dormait déjà entre ces différents membres du groupe. Mais pourquoi voyageaient-ils ensemble, s'ils ne s'entendaient pas ? Elle soupira.

- Le voyage semble être une si belle chose... Ne la gâchez pas en vous disputant. Si vous outrepassez des frontières, ayez au moins le courage de le faire ensemble !

Puis vinrent les explications. Quels étaient tous ces termes inconnus ? Elle se concentra sur un seul d'entre eux. Cautériser... Cela lui disait quelque chose. Quelque chose que son esprit semblait s'être efforcé d'oublier. Mais s'il s'agissait d'une technique de soins, pourquoi reculerait-elle ? Après tout, c'était la seule manière dont elle pouvait être vraiment utile à autrui, et elle le savait. Cet art, elle s'y accrochait. Certes, elle savait ne pas être la meilleure dans ce domaine, mais... Et si... Et si elle se trouvait justement face à quelqu'un de plus doué qu'elle ? Ses yeux se firent brillants. Quelqu'un qui pourrait lui servir de mentor ?

Enfin, avant de s'abandonner à de telles considérations... Elle devait l'aider. Elle devait prendre les services qu'elle lui demanderait comme un cours d'introduction. Très bien, elle allait donc découvrir ce professeur en conditions réelles. Elle le laissa donc guider son bras, nullement dégoûtée par le sang. Elle en avait l'habitude. Et puis, c'était naturel, alors, en quoi faudrait-il en avoir peur ou le haïr ? Pour elle, c'était simplement un signe que quelqu'un avait besoin d'elle. Alors, sa deuxième main vint en renfort de la première alors qu'elle continuait à suivre les instructions sans un mot, concentrée sur sa tâche.

Lorsqu'elle fut rejointe par quelqu'un qui se mit à immobiliser le patient, elle finit par se décider à ouvrir la bouche.

- Euh... Vous êtes sûr de vous ? J'ai l'impression que vous vous préparez à le torturer... Je suis certaine que si vous me laissez faire, je peux lui préparer un onguent, et construire des béquilles, et on devrait pouvoir y arriver sans douleur... Mais avec du temps, je vous le concède...

Elle tenta de ne pas trop penser à cet homme qu'elle n'avait pu sauver. Cette méthode qu'on lui proposait était-elle vraiment plus efficace que les siennes ? Mais en quoi une douleur plus grande que celle qu'on traitait pouvait-elle aider à atteindre ce but ? Elle était incertaine lorsqu'elle reporta son regard sur l'homme à la lame. Que devait-elle faire ? D'abord, il aurait fallu nettoyer la plaie, cet homme allait trop vite à son goût...

- Si jamais, il y a un ruisseau, plus loin par là-bas. Il serait peut-être utile de se débarrasser de tout ce sang, non ?

En disant ces mots, elle avait indiqué la direction du Havre de la tête, ses deux mains étant toujours occupées à garder la plaie fermée.
Jeu 16 Fév - 20:06

Aux petits soins

Avec Halie Lunia



Un ruisseau ? Cela changeait la donne. Malouad était bien incapable de se déplacer, et le transporter jusqu’au liquide salvateur risquait de le tuer.

-  L’eau est-elle potable ? Demandais-je à la jeune femme.

Elle acquiesça d’un mouvement de tête, il ne m’en fallut pas plus pour attraper l’une de nos gourdes pleines. Elle pourra être remplie après l’intervention. Défaisant ma ceinture j’en fis un garrot coupant la circulation du sang depuis le haut de la cuisse. Rebondissant sur  les paroles de l’être à mes côtés je lui expliquais mes démarches tout en retirant délicatement ses mains de la blessure.

-  Vous avez raison, nous allons nettoyer la plaie avant d’arrêter le saignement. Nous ne pouvons le transporter jusqu’à la rivière, il perd trop de sang, il pourrait ne pas y arriver. Je joignais l’acte à la parole, versant le précieux liquide qui se mélangeait à celui, vital, de l’Aramilan.

-  Je viens de couper sa circulation ici,  lui montrais-je rapidement reprenant la lame chauffée.  Malheureusement si toute sa jambe reste sans irrigation trop longtemps il pourrait en perdre la motricité, voire pire … Votre onguent sera apprécié après la cautérisation, autant pour soulager la douleur que pour éviter une infection. Tenez, je vous laisse l’outre pour arroser la plaie une fois mon acte effectué.

Le blessé transpirait à grosses gouttes en voyant la lame chauffée à blanc se rapprocher de sa peau.

-  Si seulement je pouvais lui retirer sa douleur …  soufflais-je avant de stopper mon geste, un regard vers le guide. Soyez fort Malouad.  Mademoiselle, pouvez-vous écarter les contours de la peau que je ne les brûle pas au passage, je veux seulement refermer les tissus intérieurs.

Dans l’urgence je n’avais pas pris conscience du courage de la jeune femme, et surtout de l’assurance dont elle faisait preuve face à la situation. Je sentais que ma méthode l’interrogeait, elle même semblant avoir quelques connaissances en médecine, du moins, en soin.
Sans plus de mesures, j'enfonçais le bout du couteau à l’intérieur de la plaie. Malouad se crispa complètement, se cambra, avant de retomber inerte, la douleur ayant eu raison de sa conscience. C’était mieux ainsi, je pouvais brûler les chaires sans risquer de le blesser davantage.
Je ne vis pas tout de suite la défaillance de la jeune femme, quand j’eus fini avec notre guide je remarquais les yeux fermés de l’hespéride. Ces êtres n’étaient-ils pas connus pour leur empathie à toute épreuve ? Je posais une main ensanglantée sur son avant-bras :

-  Vous allez bien ?


Ven 17 Fév - 12:10
Elle se sentit idiote. Bien sûr ! Elle était la première à interdire aux non-initiés de déplacer quelqu'un de trop gravement blessé, et là, elle faisait exactement l'inverse de ce que la raison dictait... Etait-elle en train de perdre ses moyens face à quelqu'un de visiblement plus compétent ? Elle voulait y croire. Cette explication était de loin la plus facile à digérer, pour son propre égo.

Elle se contenta donc du rôle d'assistante qu'elle s'était elle-même donné, tentant de rassurer le blessé par le regard... Avant d'abandonner. Si elle-même n'était pas certaine du bien-fondé de cette solution, comment pourrait-elle en convaincre autrui ? Elle en avait conscience, les soins seraient plus facile si le patient ne se crispait pas ainsi, mais... Il semblait impossible de l'apaiser.

Soudain, elle fut sbmergée par l'angoisse du patient. Il savait probablement qu'il ne pourrait pas échapper à son sort, et les mains de la demoiselle se crispèrent. Elle serra les dents, tentant de ne pas transmettre la douleur qui n'était pas la sienne. Enfin... Si. L'angoisse n'était pas sienne, la douleur morale qu'elle provoquait, si. Mais elle se savait impuissante.

À travers le brouillard qui envahissait son esprit, elle tenta tant bien que mal de suivre les instructions, n'ayant plus la force de parler, et encore moins de protester. Néanmoins, lorsque le blessé s'évanouit, malgré elle, Halie le ressentit comme un soulagement. Après tout, depuis son inconscience, il ne ressentait plus rien... Et la demoiselle pouvait revenir à la réalité. Sans se soucier du sang qui en profita pour souiller son visage et ses cheveux, elle vint se masser les tempes, dans une tentative d'accélérer le retour du calme en elle. Toutes ces émotions n'étaient pas les siennes, elle devait passer outre, il le fallait, hors de question que son potentiel mentor réalise... Trop tard. À en juger par ses paroles, il avait remarqué. Parfois, elle se détestait.

- Je...

Non,cette voix tremblante, ce n'était pas bien ! Elle prit un moment supplémentaire pour retrouver ses esprits, se racla la gorge, puis :

- Je maintiens, il y avait certainement une meilleure solution.

Puis elle décida de partir en quête des plantes pour l'onguent proposé. Après tout, Monsieur lui avait dit qu'il serait utile, non ? Cela tombait bien, elle avait besoin d'un peu de temps, seule en la compagnie rassurante des végétaux. Eux ne l'avaient jamais torturée mentalement, c'était même plutôt l'inverse.
Mar 21 Fév - 18:56

Aux petits soins

Avec Halie Lunia



Je sentis une pointe d’amertume dans la phrase de l’hespéride. Elle se leva sans autre mesure et quitta le groupe. Je fronçais les sourcils, l’avais-je blessé sans le vouloir ? Je l’avoue, je m’inquiétais aussi de son départ sur l’avenir de notre groupe. Elle était la seule à connaître la forêt comme sa poche, elle pourrait nous aider à retrouver le chemin en passant par le cour d’eau dont elle avait parlé pour réapprovisionner les gourdes. Je me levais, m’assurant que le calme était revenu parmi les Aramilans.

-  Solane, Astifa, restez ici, surveillez Malouad et Talis. Je reviens.

Sans mot ils approuvèrent, regardant leurs comparses avec inquiétude.

-  Ça ira, tentais-je de les rassurer. Levant le nez vers le panier où la nagora avait disparu. Je n'étais pas certain que ce fut une bonne chose et espérais que le bruit de l’intervention l’avait fait fuir.

Attrapant les outres, je me dépêchais de rattraper la femme végétale avant qu’elle ne disparaisse de mon champs de vision.

-  Excusez-moi, l’interpellais-je après avoir trotté jusqu’à elle, la suivant mes pas dans les siens.  Je ne connais même pas votre prénom … Je m’appelle Lewën, je voulais vous remercier pour votre aide.

Sans elle, la rencontre avec l’animal aurait pu tourner au drame. Ils n’étaient pas encore sortis d'affaires. Sa démarche était gracieuse et souple, alors que je devais faire attention où poser les pieds et éviter les branches des arbres qui semblaient vouloir m'agripper. L’hespéride se déplaçait avec aisance, comme si ce terrain était sa maison dont elle connaissait le moindre détail. Elle se stoppait ci et là, cueillant quelques végétaux dont elle seule connaissait les vertues.
Au détour d’un tronc une stèle recouverte de lierres attira mon attention.

-  Qu’est-ce que c’est ? Soufflais-je autant pour la jeune créature que pour moi.

Je m’en approchais pour y lire les inscriptions trop abîmées par le temps pour que je puisse les comprendre. Plus loin, encore une autre sépulture se dressait fièrement entre les troncs, en hommage à un mystère. cette fois je regardais celle qui avait joué mes bras droit pour lui demander si elle connaissait l’histoire de ses colonnes de pierres érodées.
J’étais à la fois fasciné et craintif, il me semblait entendre des murmures incompréhensibles, une lugubre mélopée qui m’appelait … ou me menaçait.

-  Nous ferions peut-être mieux de retrouver le groupe, la rivière est-elle loin ?


Dernière édition par Lewën Digo le Jeu 9 Mar - 18:38, édité 1 fois
Mar 21 Fév - 22:17
Elle perçut la présence émotionnelle de l'homme avant d'entendre sa voix. Retenant un grognement, elle ne lui répondit pas tout de suite, prenant soin de s'assurer qu'au moins, il était venu seul. Cela semblait être le cas. Bien. Elle pouvait donc se permettre de se détendre. Mais avant cela, elle devait terminer sa cueillette. Alors, sans le repousser, mais sans l'encourager non plus à la suivre, elle reprit son activité, semblant totalement se désintéresser de lui.

Une fois son activité terminée, elle lui montra le fruit de la récolte.

- Il y a là largement de quoi faire l'onguent dont je vous avais parlé... Tout en en profitant pour remplir un peu plus mes réserves, on n'en a jamais assez.

Après quoi elle s'autorisa enfin à considérer les paroles qu'il lui avait adressées.

- Je suis Halie. Et ne me remerciez pas, ou au moins, pas encore : je n'en ai pas fini avec votre ami. Mais... J'avais juste besoin d'une pause, loin de toutes ces émotions...

L'espace d'un instant, elle se tut. La présence de l'homme, d'une certaine manière, n'avait pas perturbé le calme des lieux. Par conséquent, s'il ne la forçait pas à aborder plus rapidement les sujets suivants, elle pourrait l'accepter à ses côtés avant qu'il ne soit temps de retourner auprès du groupe. Néanmoins, il posa une question qui sonna comme une remarque aux oreilles de l'hespéride... Qui ouvrit de grands yeux après avoir vu à quoi il faisait référence.

- Les cénotaphes... Ce n'est plus mon territoire, c'est celui de la mort. Demi-tour !

Sans lui laisser le choix, elle lui saisit le bras pour le forcer à la suivre alors qu'elle rejoignait le groupe. Elle n'avait jamais été à l'aise auprès de ces tombes. Peut-être parce que, d'une certaine manière, elle représentait la vie ? Ce qui expliquerait son malaise à une telle proximité de la mort... Enfin. À présent qu'elle savait mieux où elle se trouvait, il n'était plus question de se reposer. Et c'est à ce moment qu'elle se rappela de la dernière question qui lui avait été posée.

- Le ruisseau... Il est chez moi. Un peu plus loin par là.

C'est alors qu'elle se souvint qu'il lui faudrait peut-être lâcher l'humain. À présent, il devait avoir compris son intention de faire demi-tour...
Jeu 9 Mar - 19:37

Aux petits soins

Avec Halie Lunia



Lorsqu’elle réalisa où nous nous trouvions, Halie s’empressa de s’en éloigner comme si la peste régnait entre les sépultures. Ne me laissant guère le choix, je me laissais entraîner par l’hespéride qui fuyait “la mort”. Les murmures me suivirent, je sentais des regards invisibles se poser sur nous.
J’étais fatigué et désorienté. En lieu inconnu, avec le stress du dernier événement mon cerveau était plus enclin à la paranoïa. Tout ceci n’était que le fruit de mon imagination, du moins, j’essayais de m’en persuader. Gardant pour moi les voix qui semblaient nous suivre, je me concentrais sur les paroles de la femme aux bois de cerf.

- Cela vous ennuie-t-il de m’accompagner jusqu’au ruisseau ?

Je n’étais pas serein dans cet environnement que je n'étais pas habitué à traverser. Il était si facile de se tromper de chemin, de se laisser berner par les êtres qui peuplaient la dense végétation peu enclins à apprécier la présence d’étrangers sur leur territoire.
Après m’avoir détaillé de son regard pacifique, Halie accepta et nous partîmes à la recherche de l’eau salvatrice. Le cours d’eau s’écouler tranquillement, j’y trempais mes mains, le froid me saisit le bout des doigts. Nettoyant ma peau du sang de Malouad, j’en profitais pour observer l’hespéride. Ses gestes étaient gracieux, doux. Elle dégageait une authenticité primitive, l’innocence que l’on croisait dans le regard des jeunes enfants immaculés tout en ayant cette étincelle de méfiance des êtres dupés par la vie.

-   Vous avez du sang sur le visage, peut-être devriez-vous l’enlever.

Joignant l’acte à la parole je sortis un bout de tissu propre de la poche de mon gilet. J’humidifiais l’étoffe avant de le tendre à la jeune femme. Sa main effleura la mienne, il n’en fallut guère plus pour que la Brume profite de ce contact et me révèle une bride de vie volée sur l’hespéride.

Elle était perchée sur l’arbre, l’odeur du fer emplie son nez. Il y avait des hommes, et un corps, là. Un mélange de sentiments s’imprégna en elle, en moi. La colère, la haine, le dégoût, la peur, la résignation … J’étouffe. Et pourtant elle reste là, encaissant ce trop plein de pessimisme, prête à aider son prochain sans se soucier de sa propre existence. Ils doivent partir, quitter sa terre, il faut qu’elle protège son territoire, sa nature, sa bienfaitrice. Sans plus y réfléchir elle plonge. Les scènes se succèdent en l’espace de quelques secondes seulement alors que de trop longues minutes avaient éprouvé l’hespéride lors de cet événement marquant de sa vie. Le corps, il est là, inerte. Ils sont partis, la laissant seule avec l’homme mutilé. Elle se précipite, lui prodigue les premiers soins. Il ne bouge toujours pas, il est trop tard, elle n’en a pas conscience. Son seul objectif est de soigner sa plaie pour qu’il recouvre des forces. Mais pour cela, il faudrait qu’il revienne à la vie. Encore de longues minutes de torture jusqu’à ce qu’elle comprenne qu’elle n’y est pas arrivée. Elle n’y est pour rien, je le vois, je ressens son désespoir, ses craintes, sa remise en question. Est-elle réellement faite pour soigner ? En est-elle seulement capable ?

Ma vision s’arrête là, j’ai le souffle court comme à chaque fois que cela se produit. Halie m’observe, je sens sa main glisser sous mon coude pour me soutenir. J’avais l’impression d’avoir échappé à la réalité de notre monde pendant une heure, je savais qu’il n’en était rien, quelques secondes, une minute tout au plus.

- Excusez-moi soufflai-je.

Il était crucial que la jeune femme reprenne confiance en elle, en ses compétences. Je m’agenouillais pour me rafraîchir le visage. J’attrapais les gourdes pour les remplir, tel était mon objectif initial. Me relevant j’invitais à nouveau l’être à me guider.

- Retrouvons mes compères, vous pourrez prodiguer vos soins à Malouad, il en a grand besoin.
Ven 10 Mar - 10:43
Ah, oui. Le ruisseau. Il fallait qu'elle l'accompagne. Secouant la tête, elle tenta d'oublier ce cimetière.

- Vous n'avez pas à me le demander, bien sûr que je vous accompagne. Il est hors de question que je laisse mon invité seul.

Une fois sur place, elle l'observa, résistant du mieux qu'elle le put à son instinct qui lui dictait d'escalader son arbre pour l'observer d'en haut. Mais elle savait bien que c'était inutile. Après tout, il lui avait demandé de le guider, il savait donc qu'elle était là. Néanmoins, elle en profita pour aller ranger les herbes cueillies en trop, puis, lorsqu'elle revint à ses côtés, elle entreprit la confection de l'onguent. De toutes façons, une telle préparation nécessitait de l'eau, et elle était certaine de la pureté de celle devant laquelle ils se trouvaient. Alors, autant s'en servir elle aussi.

Ils restèrent ainsi pendant un moment, jusqu'à ce que l'homme lui fasse une remarque. Elle hocha la tête et prit doucement le tissu offert, avant de se mirer dans l'eau. Elle l'avait presque oublié, mais c'était vrai, elle s'était salie. Alors, elle prit bien soin de se débarbouiller correctement, et ce fut à ce moment qu'elle perçut la confusion de son voisin. Se tournant vers lui, elle lui saisit le bras, dans un geste qu'elle voulait rassurant.

- Ne vous en faites pas, il ne vous arrivera rien ici. La créature la plus dangereuse ici serait un cerf. Même les loups restent plus loin.

C'était dommage, d'ailleurs. La demoiselle admirait les loups, cela étant probablement principalement dû au fait qu'ils étaient les seuls animaux dont elle n'avait pas réussi à imiter les habitudes, même au niveau de caricature. Et puis, ces animaux étaient si beaux ! Et ils lui montraient également à quoi ressemblait une vie de groupe réussie. Chez les loups, chacun avait sa place, personne n'était inutile, et elle avait même l'impression que chaque membre de la meute était indispensable. Serait-il possible de reproduire un groupe si parfait ? À chaque fois qu'un louveteau naissait ou atteignait l'âge adulte, ou qu'un vieux loup mourait, la meute semblait se réorganiser pour s'adapter à sa nouvelle composition.

Puis l'homme l'invita à repartir. Elle ne le fit pas tout de suite, préférant terminer sa préparation avant toute chose. Puis elle se lava les mains et, enfin, se releva :

- Allons-y.

Pendant le trajet, finalement, elle trouva le courage de formuler la demande qui lui trottait dans la tête depuis un moment :

- Hum... Lewën ? J'aimerais... Enfin, vous semblez plus doué que moi pour les soins, vous savez quoi faire. Est-ce que vous accepteriez de me donner des cours ?
Sam 11 Mar - 19:05

Aux petits soins

Avec Halie Lunia



- Hum... Lewën ? J'aimerais... Enfin, vous semblez plus doué que moi pour les soins, vous savez quoi faire. Est-ce que vous accepteriez de me donner des cours ?

Moi ? Professeur en soin ? Jamais cette idée ne m’avait traversé l’esprit. J’étais homme de terrain, pas d’instruction. J’observais la jeune hespéride, ses intentions louables et j’analysais la situation. Sans elle, nous ne serions sûrement déjà plus de ce monde. Elle semblait avoir de bonnes bases, et elle pourrait aider d’autres âmes en peine ici et là. La décision ne se prenait pas à la légère, elle restait néanmoins envisageable.

- Sortons de cette forêt, nous aurons loisir d’en discuter plus calmement. J’ai besoin d’évaluer vos connaissances avant de vous donner une réponse définitive. Le comprenez-vous ?

Je savais que je pouvais paraître froid, sec. Mon ton était sans équivoque, sûr, et ne laissait la place au doute. La douceur de l’être me rappela à l’ordre, je ne voulais blesser notre seule chance de sortir d’ici indemne.

- Vous semblez avoir de bonnes bases. Si nous collaborons, je tâcherai de vous transmettre les meilleures techniques et les connaissances qui pourront vous aider en de nombreuses situations.

Je poussais mes lunettes sur mon nez et j’étirais la commissure de ma lèvre dans un semblant de sourire. Arrivant sur le lieu du drame je laissais l’hespéride appliquer son onguent sur la blessure de Malouad qui avait repris ses esprits, le visage tordu par la douleur. Je rassurais l’homme en lui disant que le soin de la femme le soulagera avant de m’inquiétais pour Talis. L’homme restait dans un demi-sommeil agité, marmonnant des mots incompréhensibles.

- Halie, savez-vous si l’hypnose du nagora est réversible ?

La laissant m’instruire sur le sujet je ne pouvais m’empêcher d’observer la course du soleil. Il va nous falloir quitter cette forêt avant la tombée du jour coûte que coûte, je n’avais aucune idée de la distance qui nous séparait de l’orée, je savais seulement que les dangers se multiplieraient et que l’être de la Nature ne pourrait pas nous protéger éternellement.
Sam 11 Mar - 19:35
Elle tâcha de garder une expression neutre alors qu'il acceptait sa proposition tout en tentant de ne pas en avoir l'air. Du moins, c'est ainsi qu'elle interpréta son attitude et ses mots. Ou prenait-elle ses désirs pour des réalités ? C'était également une possibilité.

Mais, rapidement, il fallut terminer le soin débuté plus tôt. Ne nous laissons plus distraire, il fallait appliquer l'onguent. Finalement, elle n'utilisa pas tout ce qui avait été préparé, ce qui l'ennuya : en effet, elle savait qu'une préparation conservée trop longtemps ne serait plus efficace et ne savait pas si elle en aurait besoin dans un futur proche. D'un autre côté, elle n'avait pas envie de jeter le reste. Elle le savait, cette préparation ne contenait que des ingrédients végétaux qui se dégraderaient facilement sans rien polluer, mais elle ne pouvait s'empêcher de penser que s'en débarrasser serait du gâchis.

Alors, pour l'instant, elle se contenta de garder le bol dans un coin, au cas où elle en aurait besoin plus tard. C'est alors que son futur mentor attira son attention sur un autre compagnon. Elle l'observa un moment, avant de hausser les épaules :

- Il faut juste attendre, ça va passer. Mais je vous conseille de le surveiller entre-temps.

Son regard soucieux revint vers le blessé, envoyant un message clair : sans surveillance, l'hypnotisé pourrait reproduire son action précédente... Voire pire. D'ailleurs... Avec précaution, elle s'avança vers le panier, où l'animal devait avoir fini son repas depuis un moment.

- Je ne sais pas s'il est toujours là. Dans le doute, évitez de regarder dans ma direction.

Et surveillez votre camarade, c'est la plus grande menace actuellement. Mais elle garda cette réflexion pour elle. Inutile de les materner, elle les avait déjà mis en garde, et ils avaient déjà vu à quoi ils s'exposaient en cas d'erreur. Au lieu de cela, elle se concentra sur la mission qu'elle s'était elle-même confiée : vérifier si la créature qui avait généré ce chaos était toujours sous son panier. Avec précaution, elle le souleva... Et remarqua que l'animal y était sagement resté.

- Il serait temps de partir, très cher.

Puis, élevant la voix, elle s'adressa au groupe :

- Il est toujours là. Je vais tenter de le chasser, mais pas sécurité, éloignez-vous. Tous. Et regardez où vous allez.

Une fois certaine que tout le monde était parti dans le direction opposée, elle enleva brusquement le panier. Visiblement, cela ne suffit pas. L'animal l'observait calmement, semblant inconscient du chaos causé par sa simple présence. Halie grogna. Comment le faire partir ? Soudain, elle eut une idée. Elle avait l'habitude de capturer des petits animaux, mais celui-là lui échapperait, n'est-ce pas ? Aussitôt pensé, aussitôt fait.

Cependant... Il ne s'enfuit pas, contrairement à ce qu'elle pensait. Ce n'était pas possible ! Elle était tombé sur le nagora le plus confiant ou le plus stupide de la forêt ! Enfin, puisqu'il restait dans ses bras, elle en profita pour monter à un arbre et, de branche en branche, s'éloigna rapidement de la clairière. Lorsqu'elle en trouva une autre, elle déposa l'animal et repartit. À mi-chemin, elle se retourna, méfiante. Il ne l'avait pas suivie. Elle avait ENFIN réussi à s'en débarrasser.

Elle revint donc vers les humains. En avaient-ils profité pour revenir ?
Note :
Jeu 23 Mar - 18:22

Aux petits soins

Avec Halie Lunia



Alors qu’Halie s’occupait du nagora, Astifa m’aida à préparer un brancard de fortune à l’aide de solides branches et de notre toile de tente. Nous eûmes le temps de ranger les équipements avant le retour de l’hespéride. Il n’y avait plus qu’à récupérer nos chevaux que j’avais, je l’avoue, complètement oublié durant l’heure écoulée. Les heures ? Le soleil commençait sa descente, et je n’avais aucune envie que nous restions dormir dans le bois à la merci des êtres et esprits des lieux.
Encore craintifs et agités par les récents événements, nos montures ne se laissèrent pas si facilement approcher. Voyant nos difficultés, Halie se proposa de s’en occuper, je ne refusais pas l’offre. Je ne sais ce qu’elle susurra à l’oreille des canassons en tout cas le résultat fut immédiat. Prenant les choses en main je dictais à mes compagnons de mésaventure leur rôle. Bien que cautérisée, la blessure de Malouad était bien trop fragile pour le laisser monter à dos de cheval. Le pauvre homme souffrait encore même si l’onguent de la jeune femme avait apaisé le plus gros de la douleur. Il ne pouvait marcher sans nous ralentir plus qu’il n’était permis.

- Solane et moi porterons le brancard avec Malouad. Astifa tu nous relaieras, en attendant tu vas monter à cheval avec Talis. Tu garderas la bride de son cheval fermement pour le conduire.

L’homme hypnotisé n’était pas encore remis de l’attaque psychique du nagora, il semblait néanmoins moins agité et revenait petit à petit à lui. Nous installâmes le reste du matériel sur le dos d’un autre équidé pour nous alléger au maximum avant de partir.
Je me tournais vers notre aide impromptue pour lui demander une nouvelle faveur.

- Halie, appelais-je doucement, accepteriez-vous de nous guider jusque l’orée du bois ? Le chemin le plus court pour ne pas passer la nuit ici, je crains que nous ne troublions plus que nécessaire la quiétude des lieux.

Tant pis si cela nous rallongeait pour atteindre les côtes Opaliennes, mieux valait faire le tour de la forêt de l’Arbre Dieu que de la traverser, cela ne nous avait pas vraiment réussi jusque là et je craignais bien pire qu’un animal hypnotiseur.
Je ne m'attendais pas à une telle réaction de l'hespéride, enjouée elle accepta d'ouvrir le chemin. Nous nous mîmes en route, Solane tenant l’arrière du brancard de fortune, moi en tête, Astifa derrière nous pour garder se mettre au rythme de nos pas la bride de la monture de Talis en main, entraînant l’homme et son cheval dans son sillage.

Les heures passèrent et mes bras s'ankylosèrent. Bien plus entraîné physiquement que moi, Solane ne semblait souffrir du poids de son ami, Astifa pris ma relève au bout de longues heures qui me parurent interminables. La pénombre commençait à s’insinuer parmi les végétaux, et pourtant les feuillus me paraissaient moins sinistres au fur et à mesure de notre progression.
Encore une heure de marche et je fais signe de nous arrêter. Il faisait trop sombre pour continuer. J’étais à la fois soulagé de pouvoir me reposer et encore tendu des murmures que j’avais pu entendre auparavant. Étions-nous en sécurité ? Nous décidâmes de monter le camp où nous étions, d’après la jeune femme à peine quelques deux ou trois kilomètres nous séparaient de la plaine. Le prochain village quant à lui était encore trop loin pour espérer l’atteindre avant la tombée totale de la nuit. Malouad semblait épuisé, il lui fallait des soins pour calmer la douleur et l’aider à reprendre des forces.

- Merci beaucoup Halie pour votre aide. Nous vous sommes redevables. Dis-je en libérant ma monture de sa selle.

Elle fit la moue, semblant déçue. Elle resterait avec nous, voulant absolument monter la garde pendant notre repos. Je n'étais pas contre.

- Et l’ambiance est sympa d’ordinaire, v’s allez pouvoir entendre not’ joueur de rebec à l’oeuvre ! C’est not’ tradition. ajouta Solane à l'attention de la femme.

J'acquiesçais à l’homme, je pense que tout le monde avait besoin d’un peu de détente, quoi de mieux qu’un peu de musique pour calmer les mœurs ?


Dernière édition par Lewën Digo le Mar 4 Avr - 19:15, édité 1 fois
Ven 31 Mar - 18:53
Une fois de plus, on la réquisitionnait pour servir de guide. Mais cela ne la dérangeait pas. Après tout, se promener dans sa forêt avec des étrangers était comme avoir des invités dans son jardin. Et puis, cela lui permettait de s'assurer qu'ils ne passaient pas aux mauvais endroits. Elle s'arrangeait toujours pour faire passer les étrangers dans des endroits sûrs (plus ou moins en fonction de son feeling à leur intention) et, surtout, s'assurait qu'ils ne passaient pas aux endroits interdits, qui dérangeraient vraiment cette forêt plus vivante que les autres.

Pour ce groupe, la promenade fut agréable, autant que l'était leur compagnie pour Halie. Elle prit cependant soin de ne pas les guider à travers les petites perles de quiétude que seuls les habitants à plein temps de cette forêt savaient débusquer. Après tout, même si elle appréciait ce groupe, il fallait garder certains privilèges, n'est-ce pas ?

Lorsqu'ils s'arrêtèrent, elle insista pour monter la garde, bien qu'elle sache que ce serait inutile. Elle ne leur avait pas fait courir de dangers inutiles, et, dans cette clairière précise, le plus grand danger serait un caméléon curieux.

Néanmoins, elle apprécia grandement la musique. Elle aimait déjà les chants des oiseaux, ces sons étaient différents, mais complémentaires. Elle se surprit même à fredonner par moments. Décidemment, elle appréciait beaucoup cet homme. Cela lui fendait le coeur de devoir l'abandonner dans la matinée. Mais c'était ainsi, elle le savait. Les passants ne restaient jamais longtemps. Il était intéressant de les étudier, mais ils n'étaient que de passage. Elle regrettait seulement de ne pas avoir pu apprendre plus de ce passant en particulier.

La nuit tombée, elle prit le temps de s'assurer que la victime du nagora serait capable de dormir tranquillement, puis vérifia la blessure de son camarade. Enfin, satisfaite, elle grimpa sur une branche qui serait son poste d'observation pour la soirée.

Elle observa les environs, écoutant les grillons, les légers bruissements lorsque ses protégés bougeaient dans leurs lits de fortune. Le hululement d'une chouette détourna son attention. Elle se fit la réflexion que la lune était presque pleine.

La nuit se passa calmement, ponctuée de pensées parasites semblables. Elle étouffa un bâillement lorsque le ciel commença à s'éclaircir. L'aube n'allait pas tarder. Elle promena de nouveau son regard sur le campement. C'était vraiment dommage... Si au moins, elle avait un moyen de se rappeler à son bon souvenir... Soudain, elle eut une illumination. Mais oui !

Sautant de son arbre, elle rejoignit son aîné. Pendant un moment, elle le regarda simplement dormir. Puis, elle choisit l'un de ses bracelets et le lui passa doucement au poignet, avant de s'éloigner, espérant ne pas l'avoir réveillé.
Mar 4 Avr - 20:35

Aux petits soins

Avec Halie Lunia



Halie insista pour veiller toute la nuit sur notre campement. Je m’inquiétais de son sommeil mais cela ne sembla pas la perturber. Était-ce une capacité d’hespéride de ne pas dormir ? Je ne contredisais la femme qui ne nous laissa guère le choix. La soirée se déroula calmement, chacun profitant de la présence d’Halie pour se reposer et s’accorder un moment de détente. Talis, encore légèrement hagard, écoutait Astifa lui raconter comment la nagora l’avait hypnotisé. Malouad dormait, le baume de notre guide avait bien calmer la douleur. Le sommeil était le meilleur réparateur du corps. Solane quant à lui écrivait ce que je supposais être ses mémoires dans un petit carnet que je l’avais toujours vu sortir en fin de journée.

La nuit tombée, l’ensemble du camp ne tarda pas à se réfugier dans ses couvertures. Je vis Halie poser un regard protecteur sur chacun de nous avant de grimper le long d’un tronc pour se percher sur une solide branche, à l'affût. Mes paupières mirent un long moment avant de se refermer, malgré la lourde fatigue qui assaillait chaque muscle de mon corps. Je m’endormis avec l’image des flammes dansant devant la silhouette perchée de notre protectrice. Mon sommeil, comme à son habitude, fut lourd. J’eus quelques fugaces réveils, un sursaut me rappelant le milieu dans lequel je m’assoupissais. Des ombres hantèrent mes rêves jusqu’au petit matin où une chatouille éveilla ma conscience de la plus délicate façon qu’il soit.
Je sentis la Brume s’agiter en moi, me murmurer des mots inconnus. Des images commencèrent à se former dans mon esprit, et j’en compris la raison lorsque je vis le bracelet qui ornait nouvellement mon poignet.

La pierre tremble à peine sous la légèreté des pas de l’enfant. Le petit être semble esseulé, perdu. Ses petits doigts agripe le petit caillou de couleur pour l’observer, oublier le néant de sa destinée. La roche s’imprégnait de l’incertitude qui tiraillait la petite fille. Elle avait beau être en confiance avec la nature qui l’entourait, elle n’avait aucun repère ici. Le caillou rose en fut le premier. D’abord hésitante, elle poursuivit sa chasse aux pierres, attirée par les formes et les couleurs hétéroclites qu’offrait la plus immuable des essences. La roche ne composait-elle pas nos montagnes ? N’était-elle pas un élément de force ? De stabilité ? Traversant les siècles sans jamais disparaître ? Elle pouvait se briser, oui. Se scinder encore et encore jusqu’à devenir microscopique, former un grain de sable ou encore ces petits cailloux que l’enfant collectionnait. Elle les nettoya, les admira, les perça avec ce que la nature lui donnait. Elle mit du temps à confectionner le bijou, accordant à chaque morceau de roche une attention toute particulière, les inondant de son sentiment de réussite. Oui, elle l’avait fait, un bracelet aux pierres singulières renfermant la force qu’elle y avait trouvé pour poursuivre son chemin.

Les années passèrent et se muèrent en un siècle à la vitesse de la lumière dans mon esprit. Après les premiers sentiments égarés de la naissance du bracelet de l’hespéride vinrent les derniers qu’elle y avait mis avec tout son cœur.

Un souvenir, une promesse. Laisser une trace de son passage dans la vie d’un inconnu qui avait marqué la sienne. La petite fille était devenue adulte. Elle quitta ce bracelet de pierres qu’elle n’avait jamais enlevé pour le mettre au poignet d’une nouvelle peau. Les dernières affections que les gemmes absorbèrent de leur hôte de longue date furent un mélange d’apaisement, d’amitié, et de soulagement. Par ce geste elle venait d’entamer un nouveau chapitre de son être intérieur.

Je clignais des paupières, les premiers rayons me caressaient la peau du visage, je revenais à la réalité avec difficulté. Solane et Talis s’occupaient déjà de Malouad tandis qu’Astifa réveillait ses muscles par une série d’étirements. J’étais le dernier debout, touché par le geste d’Halie. Je caressais le bijou, un pâle sourire étirant mes lèvres. Ce présent se passa de commentaire, captant le regard de notre protectrice je lui adressais un sourire plus franc et baissais la tête d’un signe de remerciement.
Après un petit-déjeuner frugal de baies, nous reprîmes la route. Le trajet se fit avec plus de légèreté, chacun des étrangers à la forêt de l’Arbre Dieu se ravissant des chemins aménagés par nos pairs. Nous atteignîmes en peu de temps les côtes d’Aliès. Ce fut ici que nos chemins se séparèrent d’Halie, avec une pointe de regret. Je crus percevoir une vague de mélancolie dans le regard de la femme.

- Merci Halie, infiniment.

Je n’avais jamais été doué pour les adieux. Je n’avais pas d’objet assez précieux à lui offrir en retour à son attention. Je lui donnais seulement une parole.
- Je vais devoir m’arrêter un moment sur Opale avant de continuer ma route. Je ne sais pas si vous allez jusqu’à la ville des hommes, sachez que je serai ravi de vous y guider à mon tour. Nous pourrions exercer des soins ensemble pour vous aguerrir.

Je lui tendis une main gantée pour la saluer une dernière fois.

- Si je ne vous revois pas à Opale, je reviendrai vous voir à l’orée de la forêt. La nature saura sûrement vous dire comment me trouver.
Mer 5 Avr - 11:49
La manière dont il traitait son présent, ainsi que ces émotions pleines de douceur qui l'avaient envahi firent apparaître un sourire attendri sur les traits de l'hespéride. Son instinct ne l'avait pas trompée. Elle avait trouvé la bonne personne. À présent, elle pouvait se permettre de grandir, sachant que son enfance était en sécurité auprès d'une personne de confiance. Elle le savait, certaines personnes préféraient se débarrasser complètement de leur enfance au moment de devenir adultes à part entière. Pour elle, ce n'était pas une solution. Son passé, incarné par ce bracelet, l'avait forgée. C'était sa période d'incertitude, ce qui lui permettait, à présent, de chérir la vie qu'elle avait pu se construire, en étroite collaboration avec la nature, qui, pour elle, était un mélange de figure maternelle et de divinité. Elle ne savait pas si le médecin en comprenait toute la symbolique, mais peu importait. Elle l'appréciait et voulait le lui prouver. Enfin, plutôt se le prouver à elle-même, puisqu'elle ignorait qu'il en avait perçu toute l'histoire. Et, en agissant ainsi, elle lui avait fait plaisir... Autrement dit, elle avait tout gagné.

Lewën, hein ? Cette fois, il ne fallait surtout pas qu'elle oublie son nom. En effet, de quoi aurait-elle l'air si elle oubliait celui de probablement la seule personne qu'elle avait jugée digne d'un tel cadeau ? Si elle ne devait retenir qu'un seul nom, il faudrait que ce soit celui-là.

Lorsqu'il fallut reprendre la route, elle fut tentée d'inventer une excuse quelconque pour faire demi-tour, les garder un peu plus à ses côtés... Mais ce ne serait pas honnête, elle le savait. La mort dans l'âme, elle s'adonna à son devoir sans faillir. Après tout, c'était ainsi qu'elle pourrait obtenir leur confiance : en tenant sa promesse.
Contrairement au reste du groupe, Halie n'appréciait pas tellement les chemins tracés. Cela détruisait la beauté de la nature sauvage... Elle fut tentée de les laisser là. Après tout, ces chemins qui la mettaient mal à l'aise sauraient les guider, la rendant à présent inutile.

Bientôt, il fallut se dire au revoir. Lorsque le chef du groupe lui tendit la main, elle l'entoura doucement des siennes alors que, les yeux plongés dans les siens, elle lui faisait une promesse :

- C'est moi qui viendrai. Vous avez eu le courage de vous aventurer dans mon royaume sans savoir que vous y trouveriez de l'aide. À moi de faire de même dans le vôtre.

Puis elle le lâcha, détournant légèrement le regard. Devait-elle le lui dire ? Ou prier pour qu'il ne le découvre jamais ? Finalement, elle opta pour la sincérité :

- Après tout, je sais que je vous y trouverai, mais en ville, je souffre d'un autre handicap...

De toutes façons, un médecin savait voir ce genre de choses. Même si les maux de tête ne se voyaient pas à l'extérieur, elle se doutait qu'ils changeaient le comportement de leur victime. Et Lewën avait eu l'occasion de la voir pendant plusieurs heures de suite, chez elle, autrement dit, là où elle était le plus à l'aise, donc il l'avait vue telle qu'elle était réellement. La différence le frapperait sûrement. Mais elle tenterait. Elle le lui devait bien. Restait à savoir quand.