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Une audience extraordinaire

Une audience extraordinaire Brandw10
Mar 30 Avr - 17:52
1900

Une silhouette furtive apparaît dans le champ de vision de Sylas. L’archevêque, qui lisait une missive à la lueur d’une bougie dans son bureau sombre, releva la tête.

« Lady Brightwidge attend d’être reçue, Monseigneur.
Conduisez-la dans mon antichambre personnelle, et veillez à ce qu’elle ne manque de rien. »

Le dévot esquissa une révérence polie et tourna les talons, sous le regard inquisiteur de l’archevêque. Il jeta un regard vers la fenêtre qui laissait passer un timide rayon de soleil, insuffisant pour éclairer son bureau. Mais c’était un mal pour un bien : des nombreuses bougies qui l’ornaient, tant suspendues au lustre que reposant sur des étagères, émanaient  des senteurs propres à la région d’Aramila qui berçaient le régent dans une ambiance apaisante, lui permettant de mener à bien les labeurs les plus critiques pour le salut de sa mère patrie.

Il prit une profonde inspiration et se massa les tempes, alors qu’il disposait des documents dans un placard qu’il tira par trois fois jusqu’à le faire coulisser correctement. Il ne se laissa pas décontenancer par l’austérité de son mobilier qui aurait, disait-on, gagné à être rénové pour être à la hauteur de Son Excellence, mais c’était déjà trop pour lui.

Il se releva, épousseta sa robe sombre, jeta un dernier coup d’œil à la pièce, haussa les épaules à l’idée qu’il devait chasser le sable qui s’était insinué entre les pièces carrelées au sol, et quitta sa chambre qu’il verrouilla à double tour. Il ne s’attarda pas sur les différents ornements qui décoraient le couloir, obnubilé par cette audience tant attendue à laquelle il avait décidé de faire preuve de sa diligence.

Il pénétra dans l’antichambre en question. Celle-ci, destinée à recevoir des invités de marque, disposait d’un mobilier plus diplomatique, plus confortable. Spacieuse, ornementée de bougies, elle était enveloppée de cette même atmosphère rassérénante qui diffusait un doux parfum de miel. Comme respectueux de cet accès de confort auquel il accéderait le temps de l’exercice de ses fonctions, il observa un salut poli de la tête et se déchaussa, laissant la plante de ses pieds au contact agréable d’une tapisserie rouge et épaisse. Il décrivit sans peine la silhouette de son hôte qu’on avait fait attendre.

« Merci d’avoir patienté, Lady Brightwidge. » dit-il d’une voix mesurée.

Il accorda un sourire affable à la dame et alla s’affaler sur une couche soigneusement rembourrée de coussins aux broderies rappelant la culture locale et arriérée d’Aramila. Il observa un silence momentané pour observer son invitée avec plus d’attention tout en joignant ses deux mains par l’extrémité de ses doigts.

« D’abord et avant tout, acceptez mes excuses pour l’affront causé par mon silence quant à vos nombreuses requêtes, qui semblent traduire un besoin pressant d’exposer vos nombreuses idées. »

Il se tut à nouveau alors qu’une servante se présenta, déposant sur les tables d’appoint des convives un récipient de thé noir et des biscuits secs. L’archevêque, en territoire conquis, ne cacha pas ses aises et se saisit immédiatement de son breuvage, qu’il attrapa par le haut de la coupelle du bout des doigts avant de siroter bruyamment le liquide chaud et presque brûlant.

Il fallait admettre que, malgré le caractère austère voire chaste de sa condition et de tout ce qui l’entourait, il savait recevoir avec le plus grand soin.


Dernière édition par Sylas Edralden le Ven 3 Mai - 10:54, édité 1 fois
Mer 1 Mai - 21:51


Une audience extraordinaire

Sylas Eldraden


Elle se tenait sur un canapé rembourré entre des chandeliers sur pieds. Sagement installée, elle lisait un carnet déposé sur ses genoux, tenu entre ses fins gants de cuir rouge. Sa tenue révérait la pudeur et avait la fluidité et la couleur du sable.

Nul ne savait combien de temps  elle devrait patienter dans cette antichambre, mais l’aristocrate savait comment se tenir occupée. Qui plus est, on avait veillé à ce qu’elle ne manque de rien. Rafraichissements et dattes lui avaient été proposés. Ce qui la surprenait le plus était tout simplement d’être ici, dans les appartements de réception de l’archevêque d’Aramila.

Comme tous les prélats, elle lui rebattait les oreilles par courrier depuis des années sur les réformes indispensables à la prospérité d’Aramila. Education, hospices, irrigation, investissements industriels ambitieux et même architecture, elle n’y allait pas de main morte pour vanter le progrès, sans franchir les lignes rouges des dogmes théologiques.

Ses arguments difficiles à réfuter restait toujours lettre morte. Son cas faisait bien souvent office de plaisanterie entre sénéchaux et archevêques. Alors, pourquoi aujourd’hui ? Sylas la trouva figée comme un tableau, à l’étude, à la lueur vacillante des flammes. Il fallut un certain temps pour qu’elle le remarque et le salue.

Le temps que l’archevêque Edralden ôtât ses chaussures, elle referma son carnet et le déposa sur une tablette à côté d’elle.

Puis elle se leva et s’inclina devant lui :
-« Votre Sainteté. »
Avec une aisance déconcertante, il s’installa dans le canapé oriental face au sien.

-« Merci d’accepter de me recevoir. » ajouta-t-elle avant de s’asseoir.

Cela pouvait être difficile à lire derrière ce masque équanime qu’elle composait, mais quelqu’un qui la connaîtrait mieux saurait voir à la manière dont elle immobilisait ses mains l’une dans l’autre qu’elle se sentait nerveuse. Sans doute se demandait-elle si elle avait été trop loin, cette fois.

Témoin de première ligne des attentats d’Opale qui avaient englouti la Grand’Place et une partie des représentants mondiaux, elle avait erré dans les Limbes honnies du panthéïsme. Et en était revenue.

Récemment, elle avait invectivé les puissants pour les inciter à demander le limogeage de l’ambassadeur grigori Maël, qui avait piétiné la souveraineté aramilane, dans la décision de faire traverser Aramila à la dangereuse terroriste Yodicaëlle, alors prisonnière.

Devait-elle redouter un sermon, malgré des apparences avenantes ?

-« Vous n’avez pas à vous excuser auprès de moi, excellence. Votre temps est précieux et très disputé. Je suis reconnaissante que vous en trouviez pour me recevoir. »


Edralden ne laissait rien deviner. A la fois austère et charismatique, elle comprenait la  sombre réputation du politicien. Tous finissaient par se dévoiler avant même qu’il n’ait eu à émettre la moindre question, sous la pression de son regard indéchiffrable et de son autorité. Finalement, si elle s'était déjà trouvé en présence de Sylas, elle n'avait jamais eu l'occasion de le voir en privé et de mieux connaître sa personnalité.

-« Puis-je vous demander à quelles idées vous faites référence en particulier ? »

Il y en avait beaucoup. Certaines plus urgentes que d’autres dans le contexte international.

Ellendrine accepta poliment le thé et les biscuits secs. Cependant, elle ne saurait les savourer avant de savoir à quelle sauce elle serait mangée.

Ven 3 Mai - 11:20
Naturellement, la question de Lady Brightwidge n’obtint pour première réponse qu’un silence pesant. Celui-ci semblait planer, faire danser les bougies tandis que l’Archevêque dardait un regard inquisiteur sur cette silhouette féminine, chastement vêtue, qui conservait un rien de méfiance quand bien même elle semblait apprécier le confort des lieux.

Sylas finit par étirer un sourire, moult plis venant se dessiner autour des ses yeux.

« Lady Brightwidge, dit-il sans la quitter du regard. Vous n’appréciez pas les mets local et le thé noir ? Si j’avais su, je n’aurais pas dérangé le personnel qui se tue déjà bien à la tâche céans… »

Il piocha une datte sur un plateau voisin, la dénoyauta et l’enfourna dans sa bouche.

« Je ne parle jamais de sujets épineux sans une once de douceur. Au grand dam de mes pairs. J’ai encore l’amer souvenir de la plupart d’entre eux qui se gaussaient de vos missives, dont j’ai davantage le souvenir d’une douce et sinueuse calligraphie que des ambitieux desseins qu’elles décrivaient… Mais ne vous inquiétez pas. »

À nouveau, il se rafraîchit la gorge, avant de poursuivre.

« J’aimerais vous parler d’un de vos projets qui concerne vos projets architecturaux à Aramila. Les autres, s’ils ne paraissent pas farfelus, ne me semblent pas à l’ordre du jour. À moins que vous observiez un avis contraire ? Toujours est-il qu’un bon Aramilan sait qu’à vouloir manger deux dattes d’un coup, on risque de s'étouffer. »

Comme pour joindre le geste à la parole, il prit un autre de ces petits fruits sombres, qu’il détacha de sa tige, pour l’enfourner également.

« Lady Brightwidge, vous êtes sans conteste une femme en avance sur son temps et votre génie a le don de savoir gronder plus fort encore que le tonnerre des Deux Griffes. Au point que mes confrères, dans leur fâcheux sentiment d’insécurité, ne trouvent rien d’autre que de glousser et de vous rappeler votre statut. »

Il arbora soudainement une mine sombre, ses sourcils noirs renfrognés, et se pencha en avant pour mieux planter son regard dans celui de son interlocutrice.

« Vous êtes une femme qui agacez de vieux patriarches, Lady Brightwidge ! Vous êtes une excellente archéologue et un puits de sciences reconnu, mais, par les douze, où est votre sens de la répartie ? Quand on ne flatte pas l’ego de ceux qui ont un minimum de pouvoir, il faut s’attendre à une résistance malvenue. J’imagine que ce que je vous dis ne vous surprend pas ? »

Il s’affala de nouveau, son énervement étant descendu aussi vite qu’il était monté.

« Passons. Je voulais revenir sur les projets d’irrigation dont vous avez fait mention dans l’une de vos lettres. L’agriculture est un sujet épineux ici, avant tout ce qui concerne l’industrie et l’éducation. Nous ne vivons pas dans la meilleure région d’Uhr ; vous le savez, n’est-ce pas ? Aussi, si nous avons le concours du peuple Triton — Lugrilen les bénisse — notre autonomie alimentaire n’est pas complète aujourd’hui. Et si mon peuple ne meurt pas de faim, tant que notre souveraineté agricole ne sera pas établie, je ne veux pas entendre parler de projets industriels, quels qu’ils soient. N’en déplaise aux chantres du progrès qui ont choisi pour dieu quelque scientisme éhonté. »

Il haussa les épaules, se rafraîchit à nouveau la gorge et reposa son petit verre vide.

Il espérait, au fond, que l’archéologue eût pris ses aises à son tour. La conversation promettait d’être passionnée…
Mar 7 Mai - 2:13


Une audience extraordinaire

Sylas Eldraden



La rencontre était pour le moins déstabilisante. Le peu qu’elle savait de l’Archevêque la conduisait à imaginer un personnage taciturne tourné vers les affaires d’Etat dans le secret de son Etude. Figure de continuité, il dirigeait le Rempart de la Foi depuis 29 années maintenant. Vingt neuf années où Aramila avait du vivre dans un monde faisant chanceler sa foi. L'essor de la technologie et les Révélations Interdites multipliaient les coups de canif dans les voiles du panthéïsme.

L’ex-Opalienne était plus récente dans le paysage aride de cette nation. Pour autant, Edralden avait toujours ignoré ses missives. Quel diable pouvait le motiver à se montrer plus ouvert aux propositions profanes ? Si son accueil était apprécié, elle s’étonnait encore de sa pleine décontraction. A le voir, on croirait un bon vivant.

-« N’en croyez rien, votre Sainteté. J’ai appris à goûter la subtilité recherchée de nos thés et de nos mignardises. » répondit-elle en s’incluant dans ce « nous » aramilan.
« Je donne seulement un peu de temps à la boisson pour tiédir. »

Tout comme le flot de ses pensées. Pour faire bonne mesure, elle attrapa un biscuit et le croqua. Sylas soufflait le chaud et le froid, faisant remonter comme une réalité présente qu’elle était la risée d’un petit écosystème religieux où l’on pratique l’entre-soi, tout en requiérant ensuite son expertise. Et quelle expertise ! Architecture.

Ellendrine ne devait surtout pas l’interrompre. Pour se donner une contenance, elle saisit minutieusement la hanse de sa tasse et remua doucement le thé noir avec une cuillère. Sensible au sort de ses compatriotes, elle faisait feu de tout bois pour proposer des améliorations, allant puiser dans les rencontres inopinées qu’elle faisait régulièrement avec des ingénieurs Opalins ou Epistopolitains. Restait que l’irrigation n’était pas sa force… mais… s’il la convoquait pour cette raison, le décevoir n’était pas une option.

Peut-être était-ce exagéré : elle sentit en cette seconde tout le poids de la science peser sur ses épaules. Tous ses collègues invisibles l’encourageaient à leur faire honneur et à ne pas flancher. Il en allait du futur d’Aramila. Tels des fantômes bavards perchés sur son épaule, elle les entendaient presque se disputer sur l’argument massue à avancer. De l'âge Noir à aujourd'hui, il y avait foule.

-« Vous avez raison. Mieux vaut finir ce que l’on commence et donner la chance de réussir à ce que l’on entreprend. »
La suite la décontenança encore plus. Non seulement le dirigeant savait très bien qui elle était, mais il semblait la tenir en certaine estime. Jusqu'à la conseiller pour manipuler ses pairs. Un rire léger lui échappa, alors qu’elle dispersait la flatterie d’un revers de main, avant de se décider à enfin prendre  une gorgée de thé.

-« Vous cachez bien votre jeu, archevêque Edralden !... j’avoue que je ne me serais jamais doutée que vous me teniez en si haute estime… pour ce qui est d’agacer de vieux partiarches, il faut croire que c’est un cadeau des Douze, car j’ai commencé au berceau… Lord Brigthwidge m’en serait témoin. »

Elle sirota à nouveau son thé, ne boudant manifestement pas son plaisir. Elle y trempa même le reste de son biscuit, à présent que le couperet de la conversation lui paraissait moins menaçant. Quoique Sylas semblait prendre la chose au sérieux et fronçait ses sourcils broussailleux.

-« Je n’ai jamais eu que la vérité pour maîtresse. Malheureusement pour moi, il m’est très difficile de faire courbettes et ronds de jambes pour plaire à ces messieurs… Il n’est jamais trop tard pour s’améliorer néanmoins et je note votre précieux conseil. »

Un tremblement imperceptible parcourut la tasse. Maudit soit ce cristal d’hypermnésie qui se dérobait à sa main depuis des années. Elle n’avait que quelques secondes pour secouer fiévreusement les étagères de sa longue correspondance par l’esprit et tenter de retrouver ce qu’elle avait pu raconter sur des plans d’irrigation… elle doutait de la littérarité de ses courriers. Mais qui sait, peut-être qu’un historien du futur les dépouillerait un jour pour écrire sa biographie…

Cela devait être il y a deux… non, trois ans. Alors, la sécheresse avait été terrible, même autour de Doulek, presque privée de saison humide. Beaucoup de bêtes d’élevages et de petites exploitations familiales avaient péri. De nombreuses personnes perdaient connaissance dans les rues, la faim s’abattait sur les villageois. Livrées à l'impuissance, les autorités ne pouvaient que regarder les enfants s’amaigrir. Sauf à mendier le blé des cités voisines.

L’aristocrate s’époumonait. On ne faisait que la juger durement pour s’opposer au calme des prières de rues. Les prêches de masse suppliaient les Esprits de ramener la pluie…

-« Ma foi, votre logique est fondée et indiscutable. On ne peut construire une maison sans de solides fondations. » avança-t-elle prudemment, pour ne pas se cantonner à l’écoute. Elle tenait surtout à montrer qu’elle respectait sa parole et son autorité, bien consciente d’avoir une chance inouïe d’être considérée pour ses conseils. Sans doute au grand damne des grands de ce pays, s’ils le savaient.

Sans s’en rendre compte, la femme modifia sa posture. Elle avala goulument une gorgée de thé brûlant, qu’elle manqua de recracher sous forme de brume au visage de Sylas. Se contenant à merveille, elle l’avala avec grâce, avant de se pencher, comme si cela pouvait combler la distance qui les séparait.

-« Il est vrai que j’ai vu des innovations impressionnantes ayant trait à des serres de culture semi-enterrée, pour se protéger du vent et contrôler l’ensoleillement et l’évaporation. Ce mode de culture permet de cultiver hors sol… »

Elle se rendit compte que cela partait déjà beaucoup dans la technique. Elle-même n’était pas très à l’aise avec.

-« Soit. C’est un peu compliqué vu comme ça. Surtout, cela demande pas mal de savoir-faire. Je suis convaincu que c’est une piste au long court… … mais de manière plus pratique, j’avais quelques idées empruntées aux régions sud d’Opale pour aider les communautés isolées. »

Elle reprit un biscuit, qu’elle grignota avec enthousiasme, ainsi que du thé, qu’elle regarda avec plus de suspicion pour ne pas se brûler cette fois.

-« Je pense à quelque chose qui demande peu de moyens et de manutention, une fois que l’installation est placée et les communautés habituées à se servir du dispositif. Il s’agit des collecteurs de brouillard et des nappes de captage… je conviens qu’il n’y a pas de quoi changer le visage d’Aramila du tout au tout en une seule année avec ceci… mais pour les localités concernées, tout pourrait changer rapidement...

Imaginez... produire de l’eau à partir du brouillard nocturne. Boiser un terrain semi-aride sur deux hectares pour y créer de l’ombre et y faire grandir certains arbres fruitiers. Les communautés seraient plus résilientes aux sécheresses. Les caravanes pourraient se permettre d'être plus grandes autour des oasis.»


Se rendant compte que la passion la gagnait un peu trop, elle marqua un temps d’arrêt pour laisser l’archevêque digérer ses idées. Un peu plus et elle lui parlait de grands ouvrages d’arts enterrés maillant le désert ! Elle n’était pas une experte de ces procédés, mais saurait aller les débusquer s’il le fallait. Pour le bien de la sécurité alimentaire d’Aramila. Et ensuite… de l’industrie et de l’éducation.

Mar 7 Mai - 23:04
Alors qu’il dardait un regard perçant sur Lady Brightwidge, Sylas se surprit à rire lors d’une de ses remarques. Il imaginait le bambin qu’elle eut été en train de fatiguer son vieux. Si l’archéologue et l’archevêque semblaient de la même génération, cette anecdote lui rappela sa propre fille, défunte. Pendant un temps, ses pupilles semblèrent regarder dans le vide tandis que la commissure de ses lèvres se relâchait. Mais il reprit immédiatement du poil de la bête.

« Lord Brightwidge devait être un grand homme pour avoir fait de vous la femme que vous êtes, ma Lady. Et si cela peut vous rassurer, je tiens même en haute estime mes adversaires politiques, dont je salue le génie et les prouesses quand bien même je condamne leurs desseins. Il n’est pas bon de sous-estimer ses adversaires, n’est-ce pas ? »

À nouveau une émotion fugace ; les sourcils de l’homme se froncement tandis qu’il serrait le poing. Sans doute un ennemi lui était venu à l’esprit, une innommable personne à qui il ne réservait que mépris et oubli, si bien qu’il n’était pas nécessaire de le mentionner auprès de l’architecte. Fort heureusement, sa présence, sympathique à souhait, l’aida à recentrer ses idées sur la discussion.

« Cela m’embête de vous donner pareil conseil, Lady Brightwidge, mais les hommes sont ce qu’ils sont. Les hommes de pouvoir n’aiment pas que l’on titille leur ego, ainsi, l’alternative est tout indiquée : ou vous refusez de vous plier à leur jeu et vous en subissez les conséquences ou bien… Vous comprenez que la nature est ainsi faite et vous tirez avantage de la situation. Il est très dur de ne pas perdre la tête lorsque nous avons du pouvoir… »

Comme si on lisait dans ses pensées, un domestique s’était à nouveau présenté pour récolter la tasse vide et la remplacer par une autre. Il accorda un sourire affable au jeune homme qui s’occupa de débarrasser Ellendrine au besoin et de la refournir en rafraîchissement, s’éclipsant incontinent.

Lorsque l’archéologue évoqua le sujet des irrigations, une flamme se mit à poindre dans le regard de Sylas. Parfois, les flammes des bougies vacillaient à l’unisson, sans que l’on ne comprît pourquoi. Il ponctuait les phrases de la femme d’amples mouvements de tête comme pour montrer son assentiment.

« Les Pyramides de Saleek ne se sont pas construites en un jour, Lady Brightwidge. Une autre raison pour laquelle mes confrères n’ont peut-être pas accordé de crédit à vos incessantes requêtes est qu’ils comprenaient que ces projets sur le long terme aboutiraient sans doute au-delà de leur existence, sans parler de leur incompétence. Mais pourtant la solution est simple. »

Il la pointa lentement du doigt, comme pour mettre l’évidence en lumière.

« L’immigration. Faire venir les talents jusqu’à Aramila. Là est notre force, ma Lady. Alors ne vous inquiétez pas si ce fardeau vous semble pesant. Vous trouverez des ingénieurs pour vous épauler, avec ou sans mon concours. Je veillerai à ce qu’ils ne manquent de rien à Aramila. »

Il agrippa sa nouvelle tasse, fumante, et la sirota avec précaution pour ne pas se brûler, avant d’ajouter :

« Si le temps ne vous fait pas défaut, j’aimerais que vous marchiez en ma compagnie dans la capitale. »

Spoiler:
Jeu 9 Mai - 6:25


Une audience extraordinaire

Sylas Eldraden



Le rire chaleureux la prit presque au dépourvu. Comme saisie, les tonalités vibrantes d’un rire masculin ne l’avaient pas parcourue depuis longtemps. Les clercs étaient plutôt de nature austère. Farouk était quant à lui du genre contemplatif, son mari, d’une variété stratège et concentrée. Il n’y avait que les Opalins qui lui évoquaient une telle liberté de ton. Mais leur rire à eux était pinçant. Ils se gaussaient, sous couleur d’humour.

-« En effet. Je suppose que peu font preuve d’autant de moralité et de sagesse. Me voilà rassuré de savoir Aramila si bien guidée depuis tant d’années. »

Parler de son père était un sujet glissant qu’elle préférait éluder. Elle ne put s’empêcher de remarquer, toutefois, que l’échange paraissait fluide entre elle et l’archevêque. Qui aurait cru qu’une telle complicité puisse se dégager. A moins que cela ne soit un autre de ses stratagèmes pour la mettre en confiance. Les mêmes qu'il décrivait pour flatter les égos.

Sylas semblait pourtant assez transparent. A le voir, on pouvait lire la palette d’émotions nuancées qui le traversait. Ce à quoi elles renvoyaient était une toute autre histoire. Un grand livre empli de mystère, qu’elle n’osa pas souligner.
-« Je vois où vous voulez en venir plus que vous ne pouvez le croire… » dit-elle sombrement en sirotant son thé. Son empoisonneur de frère hantait son esprit.

« Ma mère disait qu’au nom du salut public, j’aurais du naître homme… cela aurait aussi apaisé la ligne de succession… enfin, les ardeurs se sont calmées quand j’ai volontairement abdiqué mon titre… mon rôle n’en reste pas moins d’enquiquiner les dirigeants en tant que chercheuse. Indépendamment de la religion, la politique est affaire d'affect et de croyances. La mission du scientifique est de n'exposer que les vérités factuelles. Ainsi, notre corps peut aussi déranger parfois Opale. »

A la manière dont elle disait cela sans trop se formaliser, on devinait le choix qui avait été le sien depuis longtemps. Comme le disait si bien Sylas, il fallait assumer les conséquences. Mais Lady Brightwidge-Dalmesca avait le cuir solide. Tanné et bien épais. On sous-estime trop facilement un petit bout de femme. On ne demande qu’à croire un aveu de faiblesse qui survient alors qu’elle aurait enfin comprit où était sa place, à rentrer dans le rang. Quand ce n’est que comédie, préparant une retraite avant de faire un croche-pied.

Un de ses principaux défauts dans la bataille restait son humanisme, qui limitait son potentiel de mise à mort une fois l’animal blessé.

Elle parlait avec animation. C’est pourquoi, Ellendrine ne se rendit compte de rien quand une lueur enflammée perça à travers les yeux de l’archevêque. L’énergie qui traversait la pièce changea. Etait-ce son imagination ? Quelque chose semblait altéré. Le peuple des croyants ne serait pas surpris de manifestations de la grâce des Douze autour de leur plus grand serviteur en ce monde. Mais la savante était bien trop réaliste pour nourrir pareille théorie, sachant qu’elle avait par ailleurs pour mari un « sorcier ». Ses tours aussi laissaient une emprunte subtile dans l’air alentours. Avec le temps, elle avait appris à reconnaître sa magie subversive, lorsqu’il tentait de l’influencer.

Mais tout ce qu’elle percevait nettement était la ferveur du pontife, qui l’encourageait à continuer son exposé. L’archéologue doutait qu’il soit si facile d’attirer les meilleurs cerveaux Urhois dans un pays réputé archaïque et dévot. La chose n’avait pourtant rien d’impossible. Il suffisait de contourner quelques oppositions. Exposer le potentiel de croissance et l’ouverture de la nation aramilane pourrait en séduire quelques-uns, dans un monde concurrentiel où il devenait difficile de se faire un nom.
-« Il me plaît de vous l’entendre dire. Seule la persévérance conduit à la grandeur. Et je trouve que les Aramilans ont su garder une humanité que beaucoup ont perdue. Leur spiritualité peut servir de terreau à l’intelligence, que la plupart des Urhois confondent avec la technique. »

L’optimisme n’allait pas sans bémol. Lady Brigtwidge-Dalmesca ne se voyait pas ministre. Mais le bon accueil d’Edralden dépassait toute espérance pour l’avenir de la nation. Aucun de ses scénarios ne prévoyait une telle générosité. Elle aurait plutôt pensé qu’il redouterait de voir des scientifiques étrangers débarquer. La plupart des autres archevêques les verraient sans doute comme l’œil d’Epistopoli. Des espions de l’envahisseur du Renon. Des impies. Il y aurait donc d’autres résistances à lever. Des résistances que son mari serait apte à émousser. Le panthéïsme avait perdu son tranchant, même parmi les zélotes. Les modérés montaient. Il flottait un parfum d’incertitude avec l’audace grandissant des kobolistes, auxquels la noble dame n’était d’ailleurs pas insensible.

-« Je vous accompagne avec joie, votre Sainteté. L’esprit d’Azoriax permet à l’air de devenir un peu plus respirable en journée. »

Une manière de parler enjouée du cagnard et de la tempête de sable, pour une porteuse d’un cristal de tempérance que la fournaise n’affectait que si elle le permettait. Par politesse, elle termina un reste de biscuit, avant de se lever avec élégance pour emboîter le pas de Sylas à travers le bâtiment du Concile Œcuménique. La rumeur ne manquerait pas de s’élever dans les couloirs ecclésiastes sur le passage du dirigeant escortant une figure aussi controversée. Madame Edralden avait-elle du soucis à se faire ? Cette sorcière hérétique essayait-elle d’envoûter son époux ? Heureusement, les bûchers n'étaient plus très à la mode.
Jeu 9 Mai - 22:00
« Azoriax… Très belle révérence… » marmonna-t-il avant de se lever.

Sans grande cérémonie, l’archevêque chaussa ses sandales, regarda par-dessus son épaule pour guetter la présence de son hôte, et continua sa progression dans les couloirs. Il attira une attention toute protocolaire, certains employés esquissèrent une courbette polie à laquelle Sylas adressait des sourires bienveillants.

« Vous me flattez, Lady Brightwidge… reprit l’homme alors qu’il laissait son visage s’asperger de lumière au grand jour à la sortie du temple. Je me souviens de mes premiers jours en tant qu’Archevêque. C’était grâce à ma fougueuse jeunesse et mon tempérament un peu trop… “ardent” que je m’eus attiré les faveurs du concile œucuménique. Sans doute une punition en récompense à mes aspirations. Je dois être le seul à avoir présidé au concile avant d’avoir fondé une famille, c’est vous dire… »

Il était, sans qu’il n’en eût exprimé quelconque requête, secondé d’un soldat de la Garde Royale, qui veillait sur sa protection à lui et, de facto, sur celle de Lady Brightwidge. Le trio avait bientôt regagné les rues d’Aramila, tantôt achalandées, tantôt moins bondées. Sylas, imperturbable, marchait calmement les mains dans le dos, ignorant les regards qui pouvaient couler sur Ellendrine et lui-même. S’il avait pour habitude d’être, parfois, aperçu en compagnie de son épouse ou de son fils, le voir en compagnie d’une autre femme suscitait bien des questionnements naturels.

Questionnements absents de la plupart des individus qui, imperméables aux mauvais commérages et préoccupés par quelque besogne domestique, adressaient un salut des plus chaleureux, depuis leur fenêtre, à l’Archevêque.

Sylas releva la tête et sourit, avant de se pencher vers Ellendrine pour la mettre dans la confidence.

« Voyez-vous, ma Lady, mon désir le plus égoïste… C’est de préserver l’âme de cette ville. Si vous comparez Aramila aux autres États, oui, nous sommes arriérés. Mais mon peuple ne vit pas ici pour bénéficier d’un confort matériel. Il vit ici parce qu’il a la foi. La bonne nouvelle, c’est que l’un n’empêche point l’autre… Aussi, rien n’importe plus pour moi que le bonheur de nos citoyens, dussent-ils fouler un sable grossier ou quelque élégant parterre bien ciré. »

Ils s’arrêtèrent au niveau d’une grand-place où, sur un mur, une fresque de la région d’Aramila avait été dessinée. Malgré la peinture écaillée, il n’était pas difficile de reconnaître les lieux d’intérêts. Au fur et à mesure que Sylas s’approchait, il pointa de l’index une zone particulière.

« Je pense, avec la plus grande naïveté, que des premiers tests peuvent être effectués au bord de l’Adriane, autour de la capitale. Nous serions à proximité et cela nous laisserait le temps de réfléchir à des projets plus ambitieux pour en faire profiter d’autres régions — Doulek, pour ne citer qu’elle. Enfin, peut-être me trompé-je. »

Il se tourna vers Ellendrine.

« Voici ce que je proposerais. Vous m’aidez à trouver des ingénieurs en génie civil qui sauraient prendre part à quelque projet ambitieux d’irrigation autour de la capitale. Vous saurez les convaincre comme vous m’avez convaincu. De mon côté, je m’occupe des démarches politiques et administratives. Chacun de vous serait nourri, blanchi, logé et payé. Je ferai entendre quelque réforme migratoire auprès du concile œucuménique – je pressens déjà une levée de bouclier assez réfractaire – mais je saurais obtenir l’assentiment de la Tribune si mon projet de loi est accepté par le concile. »

Il offrit sa main droite à Ellendrine.

« Avons-nous un accord, Lady Brightwidge ? »
Mer 15 Mai - 16:35


Une audience extraordinaire

Sylas Eldraden



Le hiérarque et l’archéologue se retrouvèrent inondés d'une lumière toute puissante. Le contraste était si net avec la pénombre du temple qu’elle en était presque abrasive et aveugla un instant Ellendrine. Elle se laissait guider par Sylas, lequel évoluait avec une souveraineté naturelle du temple aux rues, pareil à un empereur sur ses terres. Et pourtant, il était d’une simplicité dont elle peinait à se remettre. Elle s’en réclamait, elle aussi. Habituée au faste et au droit de naissance des Sept, la plupart des dirigeants qu’elle eût côtoyé dans l’intimité irradiaient malgré eux d’un mépris latent et d’une vague indifférence pour les contingences du peuple.

-« Il est remarquable que vous soyez parvenu à fonder une famille dans ces conditions. Il fallait bien une histoire extraordinaire pour un dirigeant confronté à une adversité inédite dans l’Histoire. »

Sans vouloir le flatter, elle constatait que s’il semblait avoir accédé au sommet presque sur un malentendu, selon ses dires, il s’était taillé un caractère qui se moulait parfaitement à son rang et son autorité. Son époux s’étranglerait sans doute s’il savait avec qui elle conversait en ce moment même. Ce faisant, elle réalisa qu'il était miraculeux que deux personnes aussi obsessives dans leurs quêtes personnelles soient parvenus à donner naissance à trois enfants.

Elle sourit. C’était un sourire vrai. En dépit de son attachement à l’âme aramilane, elle avait bien trop de fois constaté une forme d’obscurantisme borné sur l’ignorance de ses causes profondes. La longévité du premier archevêque au pouvoir ne laissait pas imaginer d’évolution radical du pouvoir avant son retrait de la vie politique et la passation du pouvoir à la prochaine génération. Cependant, ses derniers mots portaient un espoir. Sylas n’était pas contre le progrès. Il était seulement contre la décadence.

La fresque qu’ils observaient désormais l’emplit d’émerveillement. Pour son âme de cartographe, la poésie instillée dans la représentation d’Aramila n’enlevait rien à sa justesse.

-« Je ne connaissais pas cette œuvre d’art… je dois passer trop de temps hors de la cité d’Aramila, au calme de notre résidence d’Etyr, ou même parmi les Erudits des Sentinelles dans nos installations désertiques. Mes travaux iconoclastes y sont mieux tolérés loin des chastes oreilles des passants. »

Dans le respect et l’attention, elle écoutait la proposition géographique de l’archevêque pour les premiers essais d’irrigation et de collecte de brouillard.

-« Je partage votre avis en un sens. La région d’Adriane est assez proche pour servir de galop d’essai… en revanche, votre Sainteté, pour ce qui est de Doulek, la sité jouit d’un climat tropical. Il est vrai que les précipitations tombent abruptement et en continue à la saison des pluies et que la région manque d’eau une partie de l’année. Mais les améliorations qui seraient à proposer tiendraient plus en des moyens de capture et d’entreposage de réserves d’eau… peut-être un barrage, un lac artificiel ou des châteaux d’eau… Si vous permettez, j’ai une autre suggestion… si le critère retenu est la proximité avec Aramila, Etyr me semble plus adaptée. »

Elle chassa un démon invisible dans l’air d’un geste de la main.
-« N’y voyez pas un conflit d’intérêt… Etyr est une communauté de taille respectable. Son territoire est partiellement boisé d’une végétation clairsemée. Mais malgré sa situation côtière, son statut de presque-île rend l’accès à l’eau douce compliqué et le climat y est plus aride qu’à Doulek. »

Elle leva les yeux comme pour formaliser un concept dans son brillant esprit.
-« Cela peut paraître un peu exhubérant, mais il n’est pas impossible d’imaginer, à termes, une fois tous ces essais fructueux, une station de dessalinisation de l'eau de mer dans cette région… mon vaisseau d’acier est lui-même équipée d’une station de dessalinisation pour garantir les besoins en eau douce de l’équipage durant les longues traversée entre Opale et Aramila. Les volumes ne sont certes pas les mêmes. »

Elle se tut pour voir comment l’idée serait reçue. Peut-être que Sylas trouverait le concept absurde ou n’y entendrait tout simplement rien. Comment obtenir de l’eau douce à partir d’eau de mer ? Cela relevait presque de la magie. Ou de l’hérésie.

Les Epistote et les Opaliens menèrent des expérimentations couronnées de succès ces cent dernières années. Les besoins en eau de leur territoire ne justifiaient pas un développement industriel de cette technologie. Aussi se cantonnait-elle au domaine maritime. Et certaines installations étaient très polluantes. Mais Ellendrine était sûre qu’un axe de développement plus modéré soit possible si l’on y mettait de l’effort. Les Urhois utilisaient massivement les hydrocarbures comme source d'énergie pour la dessalinisation. Mais la raison première qu'elle pensait aborder aujourd'hui était la formation d'un corps scientifique d'excellence pour percer les secrets des cristaux d'énergie antique qu'elle avait ramené de son expédition à Cicada.

-« Il pourrait être possible d’extraire des centaines de mètres cubes d’eau douce par jour. Des milliers peut-être même, avec de l’expérience et des moyens. Et ce, sur une seule station. »

Dans cet échange, elle était comme un livre ouvert. Ses paroles exposaient les idées produites par son intellect et soutenues par ses correspondances avec d’éminents scientifiques au fil des années. Il était à craindre qu’Edralden ne finisse par l’assimiler de trop près aux renégats athées et leurs technologies trop blasphématoires. Le fait que son navire de métal mouille dans le port d’Etyr deux fois par mois faisait déjà grincer des dents depuis des années, même si le commerce des épices ne s’en portait que mieux. Il faisait concurrence aux caravelles en termes d’efficacité et de salubrité. Les rares fois où elle avait fait venir un zeppelin pour des déplacements urgents avaient failli générer un scandale. Aussi se reportait-elle sur des pégases ou des tamanain le temps d’atteindre des localités plus excentrées pour ses appareillements.

Heureusement, l’archevêque semblait animé d’une poussée progressiste, peut-être encouragée par certaines déflagrations récentes concernant les origines d’Urh. S’adapter ou périr. Elle se sentait un peu victime de son succès idéologique. Car Sylas lui offrait ici de grandes responsabilités qu’elle ne pouvait plus refuser. Sa main serra celle d’Edralden.
-« J’accepte avec joie votre pacte, votre Sainteté. Vous pouvez compter sur l’appui politique de mon mari. Pietro saura vous aider à amadouer certains des Tribuns. »

En cela, elle espérait ne pas lui faire outrage en s’engageant pour lui. Une position de soutien à une réforme d’envergure défendue par l’archevêque d’Aramila en personne ne pourrait que lui être favorable. Déjà, elle se demandait comment concilier ses absences prolongées et ses recherches avec ces travaux pharaoniques. Sans doute lui faudrait-il importer un délégué de confiance apte à coordonner les essais sur place… Elle délaissait déjà bien assez ses enfants. Irait-elle se réveiller un matin pour se découvrir Ministre des travaux publics et du développement ?