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Espionnage industriel

Espionnage industriel Brandw10
Jeu 11 Avr - 11:54

Les bas quartiers d’Epistopoli … Rien qui ne fut agréable pour quelqu’un habitué à un tant soit peu de standing, mais les zones où les personnes disparaissaient sans qu’on ne questionne trop étaient assez rares pour être valorisées. Ainsi, la silhouette vêtue de noir qui se tenait un mouchoir en soie sur le nez pour supporter la puanteur détonnait un peu mais n’était pas si inhabituelle. Elle aurait pu attirer quelques intentions criminelles si ce n’était l’imposante silhouette cagoulée qui l’accompagnait, équipée pour une sortie qui prévoyait peu de pacifisme. Les deux individus suspects s’engouffrèrent dans le dédale des ruelles où les groupuscules armés les observait avec respect. Il n’était pas difficile de comprendre ce qu’ils venaient faire là, et nul doute qu’une quantité non négligeable d’astras viendraient gonfler les affaires sous peu. Quoi qu’il en fût, personne n’osait trop s’en approcher. Leur identité n’était pas discernable, mais ils transpiraient une odeur de méfiance qui suffisait à repousser la plèbe.

Bien assez vite, ils gagnèrent des rues un peu mieux ordonnées, loin de la crasse et de l’odeur qui insupportait celui qui menait le duo. Mais qui disait davantage de propreté n’impliquait pas une mesure proportionnelle. A la sortie d’un corridor étroit, quelques imprudents entreprirent de les suivre, trop appâtés pour conserver la moindre jugeote. Des voix émergèrent. Un ordre claqua dans l’air. Un grand fracas s’en suivit, auréolé de bruits spongieux et de débris éclatés. Silence. Les deux silhouettes émergèrent de l’autre côté, le mouchoir du plus frêle auréolé de sang frais. Il s’en essuya la commissure des lèvres et le rangea.

La nuit commençait à tomber lorsqu’on contrôla leur identité bien plus loin dans la cité, dans les quartiers propres. Quelques mots furent échangés, une main mise à la poche et une décision incohérente fut prise. On les laissa passer sans plus d’attention. N’avait parlé que le décideur. On pouvait apercevoir sous la tunique qu’il resserrait le renflement d’un objet oblong relié à une chaîne. Un cristal ? La qualité de ses vêtements trahissait ses origines. Il était de la haute société à n’en pas douter. Mais pas celle d’Epistopoli. Quel noble s’introduirait ainsi dans la cité des sciences, et à quelle fin ? Escorté par un soldat rompu aux armes, doté d’une obéissance à l’épreuve de tout. Il resserra sa capuche, s’arrêta face à sa destination. Ce qu’il était venu cherchait valait ce détour, valait ces précautions. La technologie d’Espitopoli était décriée à Opale, mais il en avait besoin. Il en avait besoin pour sauver la cité de la Brume … ou la transformer à son image.

La silhouette s’engouffra dans ce qui semblait être un établissement de restauration ou de détente. Un bar aux accents chromés qui accueillait tout un tas de créatures. Il se faufila jusqu’à une table ou son protecteur s’assit, armes en évidence, et on leur apporta des boissons. Il était arrivé avant l’heure, ne restait plus qu’à attendre que son contact se manifeste. Il baissa sa capuche pour réveiller son visage androgyne et ses traits tirés. Hautes pommettes, joues rougies de la marche. Des lèvres carmines qui faisaient écho à des prunelles de feu. Ses cheveux grisonnants étaient étranges sur son faciès sans âge. Il paraissait à la fois vieux et jeune, comme si le temps cherchait désespérément à avoir une prise sur lui. Nul signe d’allégeance, nul signe ostentatoire de richesse. On le devinait à ses manières et à la façon dont il considérait cette plèbe nauséabonde. Tout comme on supposait l’idée qu’il se faisait de sa propre personne et du temps qu’il allouait à cette quête.

- Prométhée. Surveillance du périmètre. ordonna-t-il à voix basse.

Le soldat se redressa et observa au travers de son casque les environs, mécanique. Il y avait des choses étranges dans le fonctionnement de ce Tartare, mais il était obéissant. Le Docteur sourit, sa création se comportait bien pour l’instant. Bientôt il aurait en sa possession toutes les données du Pôle, bientôt il aurait entre ses mains les résultats de leur recherche sur les cristaux … et alors il pourrait perfectionner les Nascents.


Dernière édition par Vladimir Von Arendt le Dim 21 Avr - 22:26, édité 1 fois
Sam 20 Avr - 19:47

Espionnage industriel

Ft. Vladimir



Il y avait des opportunités que l’on ne pouvait refuser, même si la provenance en était plus que douteuse. Kailan l’avait appris dès son enfance, en observant les adultes se frayer des chemins vers la richesse en prenant des décisions qui étaient loin d’être éthiques. Mais Epistopoli elle-même ne l’avait jamais été, et encore moins ses dirigeants. Il ne restait plus grand chose qui n’était pas gangrené par la corruption, mais Kailan s’en fichait pas mal. Il y avait bien longtemps qu’elle avait choisi de profiter de la situation de sa nation et de la capitale, plutôt que de la subir ou de fuir pour un autre pays.

On l’avait contacté en lui proposant une offre plus que avantageuse, avec bien des astras à la clé. Un type d’Opale, un bourge à ne point en douter. De toute façon, à côté des autres nations, il n’y avait que ça, des bourges, à Opale. Mais qui disait bourge disait poches pleines de monnaie, et cela, Kailan ne le refusait jamais. Alors pour une fois, elle avait fait un effort vestimentaire, avec des vêtements présentables pour la Hauteville, plutôt que ses vieux vêtements pratiques qu’elle enfilait pour les missions de la Basseville. Hors de question de se montrer comme une moins que rien devant un de ces bourges qui se prenaient pour les maîtres d’Uhr. Mais pas de jupe ou de robe gênante, un pantalon au tissu de qualité, et une chemise assortie, pour une tenue présentable sans être incapacitante en cas de problème. Les problèmes venaient toujours, c’étaient des compagnons à chaque mission. Kailan prenait toujours des précautions pour ne pas se laisser prendre dedans.

Elle traversa les bas quartiers de la ville pour aboutir dans la Hauteville. Quand elle arriva dans le bar restaurant cosy qu’elle avait repéré pour son emplacement discret, elle s’installa au comptoir de la partie bar et guetta l’arrivée de son contact. Il faisait presque nuit quand elle repéra enfin un homme pour le moins étrange, encapuchonné, accompagné par un colosse cagoulé effrayant, dans le bar restaurant. Elle soupira en songeant qu’elle avait bien fait de choisir cet endroit. Avec une dégaine pareille et un sbire aussi imposant, ils seraient bien vite repérés par les autorités s’ils en faisaient trop. Elle fronça les sourcils un instant, puis inspira, se détendit, et se dirigea vers les deux hommes.

L'acolyte cagoulé était debout, juste à côté de son maître, à guetter le moindre danger. Dans un coin du restaurant, Kailan repéra un serveur qui tremblait : c’était visiblement à lui de prendre la commande de la table. Elle-même se demandait comment la suite des événements allait se dérouler avec un duo pareil. Devait-elle se méfier du gros musclé d’abord en cas de danger ? Peut-être que c’était finalement le plus petit et le plus fin qui était le plus dangereux… Il lui était impossible de le savoir à cet instant, et les astras l’appelaient. Elle se dirigea vers eux dans une démarche lente et le visage calme, à la vue du colosse et de son contact :

— Je peux m’asseoir avec vous ? dit-elle avec un signe de tête discret pour lui montrer qu’elle était bien la personne attendue.

De toute façon, aucune personne sensée ne s’approcherait d’eux, vu leurs allures.
Dim 21 Avr - 23:32
Le Spectre leva les yeux vers l’imprudente qui s’était approchée d’eux. Il la dévisagea de haut en bas avant d’observer les alentours. Il sonda le bar à la recherche du moindre regard rivé sur eux, comme si la jeune femme ne pouvait être leur contact. Il fronça les sourcils et planta son regard dans les prunelles de l’inconnue. Il le soutint juste assez pour que cela soit inconfortable puis lui fit signe d’un geste dédaigneux de s’installer à côté d’eux. De sa main gauche, il rabaissa un peu sa capuche pour masquer ses traits d’éventuels dispositifs de surveillance. De l’autre, il intima au Tartare de ne pas bouger. Son casque restait vissé sur l’intruse, sans piper mot.

- Bien sûr. répondit-il, tendant sa main droite revêtue d’un discret gant de cuir noir.

Le gant remontait jusqu’à son coude et on pouvait deviner qu’il s’agissait en réalité plutôt d’une protection que d’un objet d’apparat. Pourtant, on pouvait deviner quelques bijoux qui y étaient enchâssés, notamment un cristal améthyste. Sans le voir en action, il aurait été impossible de devenir qu’il s’agissait là d’un cristal d’abrogation. Une précaution que prenait toujours le Spectre.

Un silence s’installa entre eux. Il la contempla et soupira.

- Et donc ? continua le strigoï, indiquant la table d’un geste dédaigneux.

Elle n’avait pas la tête de l’emploi. Il ne s’était pas attendu à une gamine, bien qu’il perçût qu’il se dégageait d’elle une odeur étrange. Une sorte d’odeur d’iode ? Il n’aurait su dire. Mais il était assez sagace pour savoir qu’il ne valait mieux pas juger sur les apparences. Le travail qu’il avait demandé exigeait un doigté et des talents particuliers. Trouver ce genre d’informations et de secrets n’était pas donné à tout le monde, ainsi attendait-il de la part de son interlocutrice un professionnalisme idoine au sien. A savoir : efficace, froid et sans âme. Malheureusement, le temps avait pris son dû sur le strigoï et se jeter dans le grand bain avait souvent tendance à le laisser handicapé concernant les relations avec autrui. Il haussa un sourcil.

- Prométhée, donne le paquet. Quant à vous, où est ma commande ? développa-t-il tout en faisant signe à Prométhée de lui faire passer une besace qui était posée à côté de lui.

Vladimir ouvrit la besace et y plongea son bras entier. Bien trop profond pour la taille de l’objet. Il en tira une bourse remplie pendant que le Tartare se penchait en avant pour masquer la scène. Il était donc capable de faire preuve d’un peu d’initiative ? Il fit glisser sur la table la bourse qui acheva sa course en tombant de la table sur les genoux de la jeune femme.

- L’avance. Comme conclu. J’espère que vous avez ce que je cherche, où les conséquences pour votre … groupuscule … seront importantes. Je suppose que vous les avez dissimulées ailleurs ?poursuivit le Spectre tandis que son protecteur reprenait la besace et la calait sous son bras.

Il se recula sur la banquette et s’empara de la boisson qui trônait devant lui. Le Docteur croisa les jambes et attendit en sirotant la boisson. Les informations qu’il attendait étaient le fruit de nombreuses années de recherche pour Epistopoli et l’aideraient peut-être à trouver comment intégrer pouvoirs vivifiés ou purifiés, comme l’étaient les cristaux, dans ses nascents. En l’état, il savait ces créations imparfaites et jamais il n’avait pu reproduire la perfection de ces objets. Les cristaux semblaient précéder la Brume, mais jamais il n’avait pu prouver cette théorie. Il y avait encore tant de choses à découvrir, tant de secrets laissés par les Alrunes …