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Une randonnée sous les étoiles

Une randonnée sous les étoiles - Page 2 Brandw10
Mer 6 Mar - 10:35



Dans l'inconnu / Mont d'argent

Fanthret 1901



Après la raison de Duscisio à venir ici et l’arbre-dieu, la discussion s’est attardée sur des affiliations qui lui avaient l’air plus politiques. À nouveau isolé, ne voulant pas se mêler de ses histoires, Duscisio retourne à cette impression de retourner en tant que plante en pot dans un coin de la salle. C’est mieux ainsi.
Revenons à nos moutons. Ou, le cas échéant, à notre chèvre parlante. S’il fallait s’attendre à une moindre altercation, le fait que le loup commence également à parler prouve bien que les terres non explorées regorgent de surprises. Il fallait se rappeler tous les détails de leur présence ici. Le simple fait que le loup observe très vite que le groupe vient d’en bas le pousse à appeler sa meute sans les considérer comme ennemi. La seule chose qui l’intéresse dans le cas présent se trouve être la chèvre. Simple repas ou conflit d’intérêt, cela n’a pas d’importance. C’est la réaction du loup géant à se montrer dominant sur son territoire qui l’interpelle. Si Elendrine le questionne de la raison de cette poursuite est irrationnelle.

- Sans doute pour en faire son repas, très chère.

La chèvre s’étant réfugié derrière eux, c’était la réponse la plus logique. Mais ce n’est pas la raison pour laquelle Duscisio se manifeste alors qu’il pensait de lui-même rester en retrait pour laisser les jeunes femmes parler. Contrairement à elle, l’élémentaire ne prend aucune forme d’adaptation de langage. Non seulement parce qu’il en est incapable, mais aussi pour ne pas écorcher la moindre prononciation pouvant se montrer offensant.

- Nous sommes ici en paix. Mon nom est Duscisio. Nous n’avons aucune mauvaise intention et somme ici en quête de nouvelle découverte. Les montagnes sont votre territoire, c'est pourquoi nous pourrions vous laisser la chèvre en échange d’une petite information si cela peut vous sembler équitable.

Laissant quelques instants au loup pour y montrer une quelconque curiosité, Duscisio observe attentivement l’expression de leur nouvel ami avant de continuer.

- Nous recherchons une plante. Mais ne nous seront pas forcément les seules à venir ici, est-ce possible que ce ne soit pas la première fois que ceux d’en bas viennent dans ses montagnes ?

Introduction, explication, question. L’intelligence de l’ordre utilisé leur donnera réponse à ce que de potentiels adversaires leur barre la route. S’il se montrait intimidant, le voilà parfaitement inoffensif. Préférant la diplomatie à l’affrontement, l’apothicaire reste concis sur leur situation pour provoquer une explication plus pousser des loups et à l’éventualité que les potentiels visiteurs autres qu’eux leur sont posés la même question ou les ait agressés dans le but d’avancer sans chercher à discuter.

Ven 8 Mar - 17:02

Introduction à la linguistique

Ellendrine - Duscisio


Une randonnée sous les étoiles - Page 2 Yeonji-rhee-yeonji-rhee-mood06-2015

Une chose était certaine, le loup n’avait aucune envie d’être coopératif, en fait il ne semblait que gagner du temps des nouveaux hurlements répondaient aux siens portés par les montagnes. La première à tenter de le faire parler fut Ellendrine, qui cherchait à comprendre les raisons de cette chasse.

Le loup lui offrit un regard dédaigneux avant de répondre sèchement.

Ca ne vovs concerne pas.

L'élémentaire tenta à son retour de négocier afin de régler pacifiquement cette étrange situation, néanmoins à l’instant même où il prononça le mot “plante”, le regard du zoanthropes changea. Il avait été dans un premier temps surpris, puis clairement suspicieux. Jusqu’ici son attention restait principalement sur la chèvre, désormais elle était sur le groupe entier.

Des loups commençaient alors à apparaître ici et là, sortant des bois et des montagnes, presque une vingtaine encerclant le groupe, l’étaux se resserrant petit à petit sur ce dernier. Dans le ciel, des aigles commençaient à se rapprocher également comme s’ils observaient la situation, le regard des loups indiquaient qu’ils semblaient se méfier des oiseaux.

Le premier loup jusqu’ici silencieux se décida enfin à répondre.

Changé d’avis. Pevx pas vovs laisser partir.

Il montrant alors les crocs. Ce fut à ce moment là que Violette se décida à réagir, en tant que maraudeuse, il fallait qu’elle fasse sa part du travail après tout, la violence et les coups de pression était sa spécialité.

T’es sur de toi ?

Les deux regards se croisèrent.

T’as pas l’air de savoir quelle “magie” t’as frappé tout à l’heure. Tu es sur que tu veux expérimenter toutes celles qu’on a disposition.

Le loup ne semblait pas impressionner, il fut un pas, avant que Violette ne dégaine sa lame vers les cieux pour générer une bourrasque vers les hauteurs. Le loup s’arreta pour observer le ciel.

Tu es sur que tu veux prendre le risque ? Quoi qu’il se passe, il y aura des morts.



Devx choix, movrir ov novs svivre.


La maraudeuse hocha la tête, mieux valait coopérer temporairement, pour le trajet c’était différent en revanche… Fallait-il tenter de fuir ou se jeter littéralement dans la gueule du loup ?

Ven 8 Mar - 17:45

Otages de la meute

Violette - Duscisio


Le bluff était encore la meilleure option. Si Ellendrine ne portait pas les maraudeurs dans son cœur scientifique, elle devait leur reconnaître une qualité majeure : ils ne se démontaient pas. La franchise de Duscisio se retournait contre eux. L’Elementaire avait sans doute l’habitude des interactions innocentes, mais l’on ne pouvait arpenter une contrée pour rechercher le trésor qui faisait l’avidité de tous sans se heurter à la protection des locaux contre les convoitises.

Le visage de la noble restait froid et fermé, comme si elle avait pleinement confiance dans sa capacité de projeter une déflagration de fluide animal sur toute la horde. Alors qu’en fait, elle n’était pas du tout certaine de pouvoir en maîtriser plus de deux ou trois à la fois. Il s’agissait de zoanthropes, qui avaient une part humaine, pas de simples animaux constitués uniquement d’instinct. Seul l’un de ses sourcils trahissait sa tension intérieure, pour elle qui ne disposait pas de pouvoir offensif.

Alors que les regards s’affrontaient, elle se tenait prête à dégainer son totem d’Exerus et à tous les embarquer, chèvre comprise, en dévalant la pente. L’exerus était au moins aussi grand que les loups, cependant leur surnombre rendait toute tentative de fuite illusoire, sauf si les capacités offensives du trio formé par Violette, Farouk et Duscisio.

Son regard pointa les cieux vers les rapaces en formation circulaire, qui analysaient la confrontation silencieuse. Elle se demandait s’il s’agissait d’autres clans zoans ou non. Dans tous les cas, elle aurait bien aimé pouvoir maîtriser le son, la télépathie ou la polyglossie pour demander leur aide et sa maîtrise du domptage ne permettrait en aucun cas de déclencher une fronde éclair sur le meneur des loups.

Le menton baissé, elle murmura à l’adresse de Farouk, dans un mélange d’expressions idiomatiques aramilanes et d’allusions qui formaient leur langage propre pour lui dire d’attendre mais de se tenir prêt à créer une percée et à la couvrir. L’accent forcé et les références à l’Ahad seraient trop cryptiques pour quiconque pourrait les entendre ; seule la piété de Farouk saurait débusquer son intention.

En l’état, elle ignorait si rester attachés en cordée était une riche idée, mais si elle devait invoquer l’exerus sous ses pieds et fuir en urgence, elle serait en mesure d’entraîner tout le monde rapidement, malgré la violence de la transition.

-« Novs vovs svivons… »
affirma-t-elle sombrement, en gardant une attitude lucide. Farouk tenait toujours sa mitrailleuse en bandoulière, mais au repos. Son visage placide donnait l’impression d’un méditant, sous ses couches de fourrures frigorifiées. Il semblait tourner son énergie vers son monde intérieur, en quête de l’Isthe, quand ses pensées traduisaient plutôt du mécontentement : quelle idée de lanterner au sommet d’une crête déchirée par les vents glacés. Il se caillait mes miches !

Autant laisser les loups penser qu’ils maîtrisaient entièrement la situation, pour ne pas les encourager à sévir tout de suite. Peut-être qu’une opportunité se présenterait pour la maraudeuse de faire preuve d’autres talents. En attendant, les Aramilans étaient prêts à réagir de manière fulgurante.

La chèvre s'était discrètement rapprochée du noyau du groupe pour ne pas offrir ses mollets aux mâchoires de la meute. Ellendrine essayerait à la première occasion de la toucher pour activer son pouvoir de cognition et mieux cerner les enjeux des protagonistes.


Dim 10 Mar - 15:06



Dans l'inconnu / Mont d'argent

Fanthret 1901



D’un côté, le loup a raison. Ce qui allait se passer entre le loup et la chèvre ne les regarde pas. Par contre, dès l’instant où l’élémentaire parle de plante, en passant de la surprise à la suspicion pour une raison encore inconnue. Les suppositions sont qu’ils ne sont pas les premiers à avoir entendu une recherche sur une éventuelle plante dans les environs. La chèvre ne semble plus l’intéresser. Par contre, il ne pouvait pas les laisser partir. Pourquoi ?
Si aucune mauvaise intention ne dépasse le petit élémentaire. Néanmoins, quand ses compagnons se sont mis à ressortir à nouveau les armes, Duscisio ne put s’empêcher de soupirer. Les menaces engendrent les menaces. Crocs et griffes contre armes et magies. Si l'on en croit Violette, les deux femmes possèdent bien plus d’une corde à leur arc. Derrière, mentalement, Duscisio se demande bien ce qu’il a fait ces soixante dernières années pour se concentrer uniquement sur ses acquis. Il n’a pas besoin non plus de regarder autour de lui pour se défendre. À cette altitude, il n’y a pas grande végétation. L’apothicaire pourrait être traité de plantes rares s’il venait à pouvoir vivre ici.
Fort heureusement, il y avait deux choix proposés par le chef des loups. Bien que cela puisse les mener dans les deux cas à la mort, cela restait dans l’optique de négociation. Quoi qu’il en soit, le côté comique bien cette fois de la chèvre qui a cherché à s’échapper à pas de loup. Du coin de l’œil, Duscisio réagit très vite. Des ronces entrelacées sortent de la manche pour la retenir par une patte arrière. Si elle se fait discrète depuis tout à l’heure, c'est qu’elle a quelque chose à cacher. Ellendrine venait d’accepter qu’on les suive et l’apothicaire se fait très persuasif envers l’inconnue.

- On est là, à cause de vous… Vous allez nous suivre aussi…

Même s’il est amené à traîner un poids, le rosier blanc compte bien tenir en laisse la responsable de la situation actuelle. Sans oublier qu’il voulait également connaître la raison de cette chasse, bien que cela ne les regarde pas.
Même s’il s’agit peut-être d’un piège dans lequel ils s'y plongent tous, l’élémentaire reste étrangement calme face à ce problème. Leur intérêt pour le groupe quand ils sont passés de la chèvre à la plante montre une intention quelconque où il va falloir réagir pour leur survie. Néanmoins, il ne pense pas que cela soit une mauvaise chose d’être totalement franc avec la meute.
L’ignorance globale sur les méthodes de l’organisation dont fait partie Violette lui permettra d’en savoir un peu plus. Avec un peu de chance, la franchise de Duscisio pourrait pallier avec cette dernière et marquer des points. Sans oublier qu’il n’a pas menti. La seule chose qui l’intéresse ici, c’est uniquement la plante.
Le loup s’approche doucement du groupe. Pour les sentir, montrant une petite hostilité envers Violette, une prudence envers Ellendrine et… Une curiosité envers Duscisio qui continue de maintenir attachée la chèvre à deux mètres de lui par quelques ronces.

- Toi pas odeur hvmain.
- Vous avez un bon flair.
Répond-il calmement. Je vous l’ai dit. Seule la plante m’intéresse. Ses personnes m'accompagnent et assurent ma sécurité.

Il ne précise pas sa nature d’élémentaire. Il le laisse deviner en voyant le boulet qu’il se traîne à l’aide d’une chaîne végétal qu’il va devoir renouveler régulièrement pour remplacer les ronces gelées tout en les changeant de place en passant de la patte arrière au cou par exemple. Il reste tout de même prudent non seulement en surveillant les alentours, mais également ses compagnons en leur faisant signe de baisser leurs armes comme leur magie. Il espère aussi que son demi-mensonge sur le fait qu'il soit le chef de groupe sied à Violette.
Si le loup s’éloigne pour leur dire de le suivre d’un signe de tête, la curiosité reste toujours présente. Beaucoup de questions dans sa tête à cause de ce qu’il a dit. L’expression « ceux d’en bas » indique bien qu’ils ont continuellement la visite de personnes extérieure à leur territoire ou bien que ce n’est pas la première fois que cela arrive ses derniers temps.

- Combien d’humains avez-vous vus ?
- Devx mevtes. Comme vovs. Pas nombrevx.
- Qu’est-il advenu d’eux ?


Le loup ne répond pas et se contente de les surveiller.

- Pourquoi vous poursui…
- Silence, non hvmain. Avancer en silence !


S’il a tenté d’en revenir à la chèvre qu’il poursuivait, l’animal n’est pas très enclin à la conversation. La présence de la meute autour d’eux se fait aussi de plus en plus forte. Un deuxième loup approche l’air méfiant sur une corniche pour s’assurer de la sécurité du premier.

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Dim 10 Mar - 19:14

Un Dieu ?

Ellendrine - Duscisio


Une randonnée sous les étoiles - Page 2 Yeonji-rhee-yeonji-rhee-mood06-2015

L’heure était à la coopération, du moins pour quelques minutes. Après tout, il ne fallait pas oublier que les intentions des loups n’étaient pas connues et n’avait pas l’air d’être des plus positives. Surtout depuis que le mot plante avait été évoqué. La réaction était telle que cela semblait presque un sacrilège que d’évoquer ce simple mot.

Tout n’était donc que circonstance et attente d’une opportunité. Et ce qu’attendait Violette en faisant mine d’une sympathie qui n’était absolument pas la sienne. Elle savait après tout fort bien que dans cet environnement malgré ses pouvoirs elle perdrait à cause des crevasses, de la neige et du fait qu’il s’agisse d’un plateau. Ce qu’elle attendait en réalité, c’était que sur le chemin, la configuration du terrain change pour qu’elle puisse diminuer les avantages biologiques des loups tout en augmentant les siens. Un pari hasardeux, mais que pouvait être le hasard face à un portebrume de fortune qui personnifiait le concept de chance .

Le groupe avançait pendant une demi heure quadrillé par des loups très méfiant suite à l’utilisation de pouvoir, Duscisio tentait de faire la conversation difficilement. Il parvient toutefois à arracher une information qui intéresse fortement la maraudeuse.

Deux meutes. Les zonantrophes n’étaient pas immortels, ils vivaient même moins longtemps que les humains en général. On ne parlait donc pas des explorateurs dont Ellendrine recherchait les traces. C’était récent, et si c’était récent… c’était des maraudeurs en quête de la même plante. Rien qu’à cette idée, Violette fronçait les sourcils.

J’ai une question plus pour vous que pour moi.

Dites…

Dans ces meutes… Est ce qu’il y a un sale type aux cheveux gris et aux yeux jaunes ?



Rykjal sale fils de pute.

Elle n’avait pas l’air de l’aimer, ce type serait sans doute le plus gros problème ici. Un maraudeur de premier ordre en quête du graal. Impossible que les loups ne soient capables de l’atteindre. C’était un type dangereux et tordu, plus tordu qu’elle.

La marche continuait et finalement ce qu’elle attendait arriva, un ravin. Ces chemins de montagne qui permettait de passer les précipices creusés par les rivières. Enfin.

Elle s’arrêta alors soudainement à la surprise des loups, se retourna vers l’élementaire pour lui parler en Xandrien.

(Xandrien) Reste proche de la chèvre et d’Ellendrine, on ne sait jamais.

Elle leva alors le pied pour frapper avec sa force surhumaine le sol qui commença à trembler et se fragiliser. Suite à la secousse, tout les loups se retournèrent presque effrayé, la plupart enchainant entre des regards vers le vide et vers la maraudeuse.

Qv’est ce que tv fais imbecile !

Violette souriait de manière arrogante comme elle l’avait l’habitude de le faire.

Je sais ce que je fais.

On va tovs mourir si tv fais ça !

Oh… J’ai de quoi pouvoir survivre à ce genre de choses…

Pas totalement, ce serait risqué, mais par le biais de son hypervélocité et de sa force surhumaine, elle pouvait effectivement en théorie s’adonner à une séance de ski pour peu que Duscisio coopère en embarquant la chèvre et le servant d’Ellendrine avec ses lianes. Elle n’avait que deux bras après tout et ne pouvait qu’embarquer que deux personnes à la fois. Et dans le pire des cas, elle pouvait toujours se servir de lui en tant que protection pour passer le bouclier végétal des forêts denses, il était un élémentaire, il ne mourrait pas pour si peu.

Bref, ce n’était pas la solution qu’elle préférait mais c’était à ses yeux une solution acceptable si les choses tournaient mal. Entrer dans le camp du clan des loups étaient trop risqué pour qu’elle accepte d’y aller sans broncher et ne rien faire.

Etant donné qu’elle ne tapait pas à nouveau, les loups comprenaient alors qu’elle voulait discuter en les menaçant avec leurs vies.

Qv’est ce qve tv vevx ?

Maintenant que nous sommes à égalité et que nous pouvons discuter. Pourquoi chassez vous la chèvre ?

C’est vn sacrifice

Un sacrifice pour ?

Diev. Le Roi dv sommet dv monde.

En voilà une belle nouvelle. Elle comprenait enfin pourquoi une simple cueillette de fleur était classifiée comme mission de rang S. Ce n’était pas qu’une question de montagne, la plante et ce fameux “Dieu” au titre si pompeux devait y être lié.

Lun 11 Mar - 16:27

Le Roi du sommet du monde

Violette - Duscisio


L’archéologue avançait avec le groupe. Faute d’une meilleure occupation, elle avait sorti un carnet de voyage et traçait à main levée quelques annotations sur les reliefs environnants. Ils auraient mérité qu’elle sorte une lunette spécialisée pour mesurer des angles et des distances, mais doutait que les loups géants acceptent qu’ils s’attardent ainsi. La perte de ce matériel serait d’ailleurs beaucoup trop préjudiciable.

Rapidement, sa main se mit à dessiner au crayon la crête, les loups, ainsi que leur groupe encordé en compagnie de la chèvre. L’illustration avait de l’allure, forgée par un vent violent et son pas crissant et maladroit dans la neige. Fort heureusement, elle n’avait pas à souffrir de la morsure du froid. Le vent n’altérait donc en rien sa dextérité. Même les natifs des cimes devaient être sensibles à ce climat hostile. A part les loups cachés sous leurs épaisses fourrures, tous devaient grelotter et lutter pour garder une parcelle de chaleur.

-« Duscisio, ne trouvez-vous pas inutilement cruelle d’attacher cette chèvre avec des ronces ? Cela va lui faire mal et je ne vois pas comment elle pourrait aller ainsi cernée par les loups. »

Bientôt, elle devrait se résoudre à prêter son cristal à Farouk si elle ne voulait pas le voir geler. Tout en avançant, son œil alerte vit tournoyer au-dessus deux des aigles qui les surplombaient depuis leur rencontre avec les loups. La main d’Ellendrine tenta de se frayer un chemin sous les épaisseurs de vêtements pour attraper son médaillon. En l’inclinant doucement de haut en bas elle réfléchissait la faible lumière du soleil vers les aigles. Elle se donnait l’air distraite de quelqu’un qui pense à sa famille, mais était en réalité en train d’envoyer un message en morse aux aigles, en espérant qu’ils sauraient l’interpréter : « Aidez-nous. Fuite. ». Elle eut le temps de répéter la séquence deux fois avant que la conversation de Violette ne rallume son attention.

Ce Rykjal semblait faire partie des concurrents qui les avaient précédés. La stratégie de Violette n’était pas pour rassurer Ellendrine. Le carnet de voyage et le médaillon disparurent prestement. Sans doute la maraudeuse avait-elle de quoi survivre à une avalanche pour enfoncer le sol près du ravin avec autant d’assurance. Il était de notoriété publique que les maraudeurs pensaient à leur vie avant celle des autres. Farouk s’était raidi en se rapprochant de son amie pour ne pas être séparée d’elle si jamais ils tombaient. Les espoirs de survie étaient ténus en cas de chute, mais Farouk serait prêt à tenter toutes les cascade pour leur donner une chance.

Elle s’avança d’un pas vers le loup, aiguillonné par la curiosité. Assurément, les maraudeurs avaient envoyé les aspirants à dessein sur ce territoire zoanthrope pour une mission suicide. Quand on disait que la plante savait se défendre…
-« Dites-m’en plvs sur ce Diev ancien. Celvi que vovs appelez, le roi dv sommet dv monde. » demanda-t-elle en préservant les inflexions qu’utilisaient le loup sur ses mots.

Son sang ne fit qu’un tour, elle dissimulait à grand mal son avidité de connaître la réponse.
Mais le loup grimaça d’un air suspicieux. « Pas répondre à vos qvestions, femelle hvmaine. Sevles chefs dv clan parlent des choses. »

Les yeux d’Ellendrine s’étrécirent légèrement. Elle n’appréciait pas particulièrement le qualificatif de « femelle humaine ». Mais c’est surtout parce que son flair lui disait que si un membre important du Cercle se cachait dans cette montagne inaccessible, le Roi du Sommet du monde et lui devaient être de mèche, si ce n’était pas tout simplement une seule et même personne.

Tout comme le Faux-Dieu et le Mandebrume s’étaient joués d’Urh et Epistopoli, allant jusqu’à incarner le Régent. Elle commençaient à connaître leurs stratégie d’enfumage. Ici, il y avait peu de chance qu’on parle d’un sous-fifre, mais d’un officier, voire d’un Psychopompe. Si jamais, si jamais, ce satané loup daignait répondre.

-« C’est comme vovs vovlez… » son regard se déporta distraitement vers Violette d’un air à la fois désolé et sardonique.
« C’est qve cette femme est vn pev folle. Elle n’aime pas être contrariée : elle va vraiment le faire et tovs novs tuer… »
Loin d’être réjouie par la présence du ravin d’une hauteur incommensurable et du fait que Violette ait déjà déstabilisé les berges de glace, elle voyait bien combien le personnage patibulaire représentait une menace crédible pour la meute. Plusieurs loups échangèrent des regards, le poils légèrement hérissés de stupeur.

Violette conservait un masque inaliénable, ses mèches de cheveux fouettant son visage dans le vent. Cela pouvait traduire aussi bien un ennui profond qu’une autorité impérieuse. Ce qui importait est que le loup géant avait révisé sa position et allait lui répondre :
-« Novs, clan du lovp, être sommet des zoanthropes. Mangevrs de viande… Mevte… mais i’existe vn prédatevr vltime. Le roi dv sommet dv monde. »

Le sacrilège semblait important car le loup hésita, mais un craquement sinistre dans le sol rappela la position précaire qu’ils occupaient tous, car leurs poids additionnés étaient conséquent sur la croûte de glace.
-« En échange de sacrifices, lovps pevvent vivre et dominer la montagne . »
-« Depuis quand est-il là ? » Les loups échangèrent de nouveaux regards en silence. « Quelle forme prend-t-il ? » insista-t-elle d’un regard aigu, comme si elle oubliait où elle se trouvait en ce moment.

Une poussée de domptage força le loup géant à se mettre à terre. Elle ne pouvait le contraindre à parler, mais elle pouvait dominer son action, histoire de lui faire comprendre que si elle ne pouvait pas lui demander de se suicider dans le vide, elle pourrait le clouer sur place en cas d’avalanche. Et elle n’hésiterait pas.

-« Plusieuvrs années… des générations de loups… l…longve fvie… grâce à plante. Diev sovent être grand ovrs blanc. »
-« La dansevse des lacs, c’est bien ça ? »
-« Pevple interdit appeler comme ça. »
-« Bien… et… Diev a-t-il d’avtres povf’oirs ? »

Un craquement sans appels sous leurs pieds. Il ne faisait pas bon rester là. Les loups jetaient un regard désapprobateur sur celui qui vendait leurs secrets aux étrangers. Ellendrine le ligotait toujours en asseyant son autorité sur lui, faisant fi du danger. Elle comptait exploiter le filon jusqu’au bout maintenant qu’il s’était mis à table…


Mer 13 Mar - 14:15



Dans l'inconnu / Mont d'argent

Fanthret 1901



La manière dont Duscisio attache la chèvre n’a pas l’air d’être appréciée. Ellendrine se justifie également par le fait qu’elle ne pourrait pas aller bien loin avec les loups qui les surveillent. Il n’avait pas vraiment relevé ce détail, qui plus est, sa fonction ne va être connue que plus tard. Par les cornes dans ce cas ? Ça lui fera peut-être moins mal, bien que ses ronces ne soient pas spécialement très acérées. Les négociations sont plus houleuses quand Violette apprend que l’une de ses meutes comporte une personne qu’elle connaît. Pas en bien, si on en juge la belle vulgarité qui sort de sa bouche.
Suite à ça, elle rejoint l’élémentaire et le prévient de rester près de la chèvre et d’Elendrine avec quelque chose en tête. Il s’exécute pour se tenir prêt… Prêt à quoi exactement ? Il n’a aucune idée de ce qu’elle a l’intention de faire jusqu’à qu’elle s’exécute. Provoquer une avalanche n’est pas la meilleure des idées, mais la menace de s’en prendre une suffi aux loups de coopérer en répondant à leurs questions.
La méthode douce n’ayant pas suffi, menacer leur vie a beaucoup plus d’impact. Néanmoins, ils sont aussi concernés, ce qui n’empêche pas la maraudeuse de savoir ce qu’elle fait. Au moins, ils pouvaient avoir les réponses souhaitées à présent, comme savoir pourquoi il gardait le silence sur la poursuite de la chèvre pour l’offrir à un dieu nommé localement Le Roi du sommet du monde. Un nom assez long pour une entité qui est à première vue doué d’intelligence, mais on ne tirera pas de conclusion très hâtive. Concernant sa condition de vie, Duscisio se dit que le sacrifice sert surtout à ce que ledite dieu ne considère pas les loups comme son prochain repas.

- C’est étrange. Chuchote-t-il. Quel rapport avec la plante que nous cherchons ?

Et que veut-il dire par « une longue vie » ? Il y a ici une nouvelle espèce à étudier, ce qui ravie l’apothicaire autant que l’élémentaire. Pour avoir ce genre de connaissance, le loup porte alors l’intérêt sur les chefs de clan qui se partage les effets de leur divinité locale. Si Ellendrine doit être impatiente malgré les traits de son visage, aucune réponse ne leur sera donnée sur cette dernière. Seulement que le roi du sommet du monde est un prédateur ultime. Il n’a pas l’approbation des loups qui les observent malgré les informations qu’il partage, malgré la menace d’un éboulement. Néanmoins, toutes ses questions sous la contrainte leur donne l’information la plus importante : Le roi du sommet du monde porte aussi le nom de la plante qu’ils recherchent ? Il est un peu perdu...
Si Ellendrine poursuit ses questions, Duscisio la coupe quand elle parle d’autres pouvoirs.

- J’aimerais rencontrer vos chefs. J’aimerais savoir quelle place a le roi du sommet du monde dans ses montagnes.

Les loups semblent plus craindre que la divinité se retourne contre eux qu’une adoration quelconque. Qui sacrifierait un être vivant pour ne pas être dévoré par l’entité en question ?

- Enfin si vous n’y voyez aucun inconvénient à en parler.

C’est l’élémentaire qui parle, il n’y a aucun doute. La main sur le « cœur » en guise de sincérité tout en lançant un regard à Violette de cesser les menaces malgré l’avancée qu’elle leur a permis d’avoir.
L’intérêt de voir cette inconnue de près est que, lui-même, n’a rien de comestible comparée à un loup ou à une chèvre. Une plante à forme humaine, c’est tout ce qu’il pourrait être. Il est intéressant également de savoir si cette divinité possède un quelconque langage, vocal ou corporel, pour pouvoir communiquer avec elle comme il le souhaitait. Mais ce vœu-là, il est préférable d’en parler uniquement auprès des chefs des loups, seuls à seul, pour éviter tout malentendu.
Avant ça, il va falloir faire à part avec Violette et Ellendrine pour savoir ce qu’elle veut de cette plante, même si cela lui implique de répéter ce qui a déjà été dit.

- Cessez de les menacer, Violette. Je préfère les solutions pacifiques. Ça sera plus facile pour tout le monde.

Il se rapproche un peu plus pour avoir une discussion avec elle.

- J’aimerais éviter un bain de sang. Il me semble que la plante que l’on cherche pourrait avoir un lien avec ce roi...

Duscisio est très sérieux. S’ils veulent terminer cette course tout en trouvant chacun leur compte, la coopération doit être totale.

Ven 15 Mar - 13:43

Un Dieu ?

Ellendrine - Duscisio




Après avoir fait son coup de pression au bord d’un précipice, Violette laissait Ellendrine s’occuper de l’interrogatoire. Il fallait dire qu’en dehors d’informations sommaires interroger les gens n’étaient pas vraiment de sa compétence. Elle n’avait pas l’empathie et les compétences sociales nécessaires pour y arriver efficacement. Du moins pas sans torture, car ça elle savait le faire comme maraudeuse et surtout comme criminelle liée au cartel et dont la réputation en matière de cruauté et autres arts des supplices n’était plus à faire.

Elle se contentait ainsi d’écouter silencieusement le loup parler, comprenant rapidement que tout cela avait pour trait de complexifier la situation. Ce n’était plus seulement une simple aventure dans un territoire perdu comme cela pouvait être le cas dans la brume ou dans le désert. Non, à toute cette histoire se superposent des problématiques religieuses et géopolitiques.

Une Foi problématique qui de toute évidence tenterait de s’opposer à la réussite de la mission, des clans soumis à cette religion mais pas toujours de leur plein gré. Tous les ingrédients pour un mélange explosif.

Après l’exploratrice se fut l’élémentaire qui se décida à intervenir, arguant qu’il désirait rencontrer les chefs du clan du loups. Les zoantrophes hochèrent la tête, de toute manière c'était déjà leurs intentions ne sachant quoi faire de parfaits inconnus dotées de pouvoirs magiques.

Accord obtenu, il se tourna ensuite vers Violette pour lui demander de cesser de les menacer, provoquant tout d’abord chez elle un nonchalamment haussement des épaules.

C’était mon intention. Mon bon…

Son regard se tourna vers celui du premier des loups.

Il est important que chacun se rappelle de sa place et de sa situation.

Il y avait un jeu d’égo certain entre le loup et la maraudeuse. Les deux fronçant le regard en les croisant.

Suite à cela le loup ne disait plus rien, se contentant de se retourner pour reprendre sa marche jusqu’au village même s’il grommelait vis à vis de ce qu’il venait se passer. C’était difficile à assumer du point de vue de son honneur.

Une demi-heure de marche en plus et les fumées étaient enfin en vue, un village tout ce qu’il y avait de plus pittoresques faisait son apparition dans le décor. Il était d’une certaine taille, il devait facilement y avoir plusieurs centaines d’individus, voire plus.

A l’entrée du village, chacun des loups commençèrent à se transformer pour reprendre une forme humaine.

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Le premier loup rencontré désormais humain se tourna vers la chèvre toujours en retrait lui parlant dans la langue incompréhensible des montagnes. Sans rien dire de plus, la chèvre elle-même repris une forme humaine.

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Sans lui accorder un regard de plus, le loup fit signe d’un geste aux autres d’attraper la chèvre pour la capturer et la mettre dans une prison. Elle restait un sacrifice qui ne devait en aucun cas s’échapper. Il se tourna ensuite vers le groupe.

Svivez moi.

Suivant ses pas, le groupe traversait tout le village, il n’y avait là principalement que des loups, certains totalement humains, certains avec des traits de loups comme les oreilles ou la queue. Il y avait d’autres espèces herbivores, mais elles étaient toutes dans les rôles de serviteurs voire d’esclaves.

Après quelques minutes de découverte urbaine, le groupe se rapprochait enfin de la plus grande maison, la porte était déjà ouverte.

Ah…Entrez entrez…

Un uhrois bien moderne qui détonnait fortement avec celui fortement précaire et ancien des autres loups.

Violette entra tout cela pour voir un vieil homme à qui il manquait un oeil inspecter des cartes repartir sur les murs.

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L’homme se tourna alors vers la maraudeuse avec un grand sourire affable.

Je vois qu’il vous manque comme moi quelque chose.

On va dire ça ouais… on va dire ça…

Il se retourna alors pleinement vers le groupe.

Vous devez venir d’en bas j’imagine. Pendant ma jeunesse j’ai exploré votre monde. Une autre vision des choses des plus intéressantes… Enfin… nous ne sommes pas là pour parler de moi, mais pour parler de vous. Il me semble que vous êtes là pour la plante. La danseuse des lacs ?

Effectivement…

Comment est-ce qu'il pouvait savoir ça ? Le groupe venait à peine d’arriver.

Je peux vous aider

Mais ?

Rien n’est jamais gratuit.

Il se retourna vers les cartes sur ses murs.

Comme vous devez déjà le comprendre, les montagnes sont divisées entre trois grands clans qui dominent tous les autres. Le notre, celui des loups qui domine les plateaux et les forêts. Celui des aigles qui dominent les pics, les falaises et les rivières. Enfin celui des ours qui contrôlent les sommets où se trouve la plante, “Dieu”. Je peux vous aider à atteindre le sommet et à repartir en vie avec une fleur mais en échange, je veux la mort du chef des ours et de sa famille. Vous êtes une maraudeuse non ? C’est dans vos cordes.

Certes… Mais vous semblez bien pressé de conclure un accord.

Car les aigles ont la même intention que moi. Et ils ont conclu avec un certain… Rykjal…

Le visage de Violette se figea un instant.

Naturellement même s’il a un peu d’avance, les barrières sont nombreuses avant d’atteindre le roi et la plante. Il y a les ours ou le culte qui protège la plante. Alors ce n’est pas encore préjudiciable, mais je suis de toute évidence votre meilleur moyen de rejoindre le sommet à temps.

Il n’avait pas l’air de vouloir remettre en cause le système. Si toutes ces intentions n’étaient pas claires, il semblait avoir plus envie de prendre la place des ours que de cesser les sacrifices. Après tout, quel était l'intérêt des carnivores de s’opposer à cela ?
Lun 18 Mar - 15:47

Pacte avec les loups

Violette - Duscisio


Chacun pouvait sentir la situation s’éterniser sur le bord de cette falaise fragilisée, qui gémissait désormais d’un craquement souterrain erratique. Duscisio s’interposa pour mettre fin aux hostilités. Son action annulait le coup de force des deux femmes ayant pris l’ascendant sur les gigantesques masses velues des prédateurs. Ils retournaient à la situation initiale, à suivre les loups géants jusqu’à leur village, comme sur un toboggan inéluctable de conséquences.

Tout cela n’avait donc servi à rien ? A rien, non, car l’interrogatoire d’Ellendrine avait apporté certaines réponses sur ce qui les attendaient dans les montagnes. Ces montagnes semblaient s’apparenter à un refuge pour les zoanthropes constitués en factions rivales et organisés en hiérarchie selon leur degré de prédation. Le roi du Sommet du monde serait un ours blanc maîtrisant l’accès à la danseuse des Lacs pour en tirer de nombreux avantages sur les peuplades des cimes. Et, peut-être, peut-être avait-il un lien avec les activités du XIIIème Cercle.

Les humains suivaient donc les prédateurs avec la chèvre jusqu’à leur tanière. Ellendrine se demandait si le poids de l’humiliation conduirait le loup qu’elle avait dompté à vouloir se venger, ou même s’il risquait d’être ostracisé par sa communauté par sa faute. La chèvre reprit une apparence juvénile, presque déchirante. Il était évident qu’ils n’en avaient pas fini avec elle. La chercheuse tenta de l’effleurer discrètement pour mettre à profit son don de cognition. Elle eut une vision fugitive difficile à exploiter, d’un regroupement d’aînés qui semblaient s’organiser autour de vélins couverts d’écritures dans une grotte. La langue restait indéchiffrable. S’il existait un clan caprins ou d’herbivores caché hors de la vue des prédateurs, il se pourrait qu’il détienne des connaissances détaillées sur ces montagnes et ce qui s’y tramait.

La pauvre jeune fille se laissa conduire sans cérémonie vers une grande cage en bois sur la place du village, résignée à son sort. Si elle jugeait ces pratiques inacceptables rapporté à ce qu’elle connaissait et que l’on pouvait juger normal dans le monde civilisé, elle devait se rappeler qu’en anthropologie, cela ne fonctionnait pas comme ça. On devait à tout prix éviter de vouloir imposer ses normes culturelles et son échelle de valeurs aux isolats de populations que l’on pouvait rencontrer en immersion. Il était d’ailleurs clair que toute tentative d’aider cette zoan compromettrait la mission et leur sécurité immédiate parmi les loups. Ellendrine restait donc prudemment en retrait sur cette question, en attendant d’en savoir plus.

Duscisio, Violette, Farouk et Ellendrine feraient d’ailleurs bien mieux de se préoccuper de leur sort en l’état actuel des choses. Devant la bâtisse principale, Ellendrine feignit de devoir réajuster le laçage de ses bottes pour s’agenouiller et placer une main nue sur le chambranle en bois de la porte. Aussitôt, sa vision se brouilla et elle fut absorbée par la lecture du bois. Il avait été hissé depuis les vallées lointaines en contrebas pour bâtir le village et découpé par les menuisiers de la tribu. Sa veine était entaillée par les coups de griffes de combats antérieurs. Mais ce sont les souvenirs les plus récents qui l’appelèrent dans la couche mnésique superficielle. Elle déploya tout son calme et son expérience pour ne pas se dissoudre dans la vision et parvenir à ce qui l’intéressait de manière cohérente.

Les contours des silhouettes oscillaient comme les flammes de bougies en proie à un vent furieux tentant de les souffler. On aurait dit que d’autres souvenirs le disputaient à cette scène. Mais l’archéologue retint la mnésie pour distinguer clairement ce qui se jouait. Un groupe d’inconnus dissimulés dans des vêtements hivernaux remettaient au chef de la tribu un cristal de nature indéterminée. Elle ne parvint même pas à en distinguer la couleur dans la pénombre de la maisonnée ;  il s’agissait sans conteste d’un cristal de pouvoir.

-« Ellendrine, est-ce que tout va bien ? Un nouveau vertige des altitudes ? » feignit de s’inquiéter Farouk en lui tendant le bras pour l’aider à se redresser.

Tout deux entrèrent enfin à la suite du groupe qui les avait précédé. L’Opaline découvrit, avec ses yeux cette fois, le visage du chef de tribu. Un visage carnassier sans équivoque, couturé de cicatrices et prêt à tout pour ses gains personnels. Bien entendu, en dehors d’être borgne, le trait le plus notable de sa personnalité était son agilité flagrante à manier l’urhois, en comparaison des siens.

Reprenant lentement ses esprits, Ellendrine trouva sage de rester en retrait et de laisser le borgne livrer ses intentions. Elle buvait ses éclairages sur la situation. De toute évidence, Violette était aux avant-postes des tractations en leur nom. Il ne lui échappa pas que le visage de Violette blêmit à l’évocation de l’alliance entre Rykjal et le clan des aigles.

Une alliance avec les loups pouvait en effet être un sauf conduit pour rattraper leurs concurrents. Il fallait seulement se rappeler qu’Ellendrine n’était pas aussi éperdue d’arriver la première que pouvait l’être Violette. En définitive, peu importait qui arrivait en premier, tant que cela ne conduisait pas à leur élimination. Cela dit, si le grand Ours blanc succombait, elle ne pourrait s’en remettre qu’aux caprices de la lecture par cognition pour connaître le fin mot de l’histoire…

On était cependant bien loin de la neutralité anthropologique dans cette course au roi de la montagne et du culte entourant la plante.

-« C’est une alliance de circonstance qui ferait bien notre affaire. Elle tombe encore plus à pic pour vous. »
L’imposante silhouette au crâne rasé braqua son regard sur celle qui venait d’interrompre le jeu de regard avec Violette. En même temps, elle semblait réfléchir rapidement et son teint livide ne lui donnait pas l’initiative. Le chef de tribu se tint bientôt à quelques centimètres de son visage, un sourire acéré fendant ses traits.
-« Vous êtes ? »
-« Ellendrine Dalmesca, d'Aramila. Et vous ? » répondit-il en tenant ses positions, même si son visage avait envie de reculer.
-« Freyorn Sangrépée… » Ils pouvaient presque sentir leurs haleines respectives. Mais ce genre de tempérament n’était pas pour déplaire au chef des loups, qui mit fin à cette proximité imposante. Ce faisant, l’archéologue essaya d’effleurer comme par accident son avant-bras du bout des doigts, mais Freyorn s’était rétracté trop vite.
-« C’est un marché honnête que je propose. Vous gagnez. Je gagne. Vous avez la plante. Moi le pouvoir… »
-« On peut peut-être vous demander ce que vous comptiez faire si nous n’étions pas apparus ? Laisser le clan des aigles vous voler la vedette sans réagir ? Pourquoi ne pas avoir agi plus tôt ? »

Freyorn s’esclaffa en donnant le visage d’une faction puissante, non-suicidaire et opportuniste.
-« Acceptez-vous le marché ? »

Les acolytes se regardèrent, Farouk restait immobile mais semblait tenter de dire non à Ellendrine. Le jeu n’en valait pas la chandelle pour lui. Violette et Duscisio ne semblaient pas opposés au pacte. Dans l’œil de Violette, elle crut déceler la logique malicieuse : rien n’empêchait de dire oui maintenant pour disposer de l’aide et de la protection des loups lors de l’ascension… puis d’oublier leur part du marché une fois arrivés en haut.

-« Oui si j’obtiens une copie de ces cartes tout de suite. » dit-elle à la hâte avant que quelqu’un n’accepte la proposition sans qu’elle puisse y glisser sa contrepartie. Elle n'en perdait pas une : son index désignait les cartes détaillées de la région.

Mer 20 Mar - 16:57



Dans l'inconnu / Mont d'argent

Fanthret 1901



Violette accepte. Après une courte réflexion, elle n’a pas mal agi. Être en position de force leur a donné suffisamment de place et d’importance pour qu’ils acceptent de leur parler et la bonne volonté sera justement récompensé en avançant vers leur objectif. Surtout pour les informations que cela leur a apportées et qui continue d’affluer. L’affliction religieuse des trois tributs locale s’éclaircit petit à petit. S’il ne peut rien faire pour la chèvre qui les suit malgré elle. Un long silence s'ensuit jusqu’au folklorique village zoanthropes. S’il ne faisait pas si froid, Duscisio n’aurait aucun mal à trouver ses marques ici. Ce village est parfaitement isolé bien que les cultures soient inexistantes et rien ni personne ne les dérange si ce n’est les quelques visiteurs de ses derniers jours. Le village est plutôt grand et loin d’être adapté à des loups de cette taille. C’est ce qui les amène à prendre une apparence humaine avant d’y entrer. Le chef de groupe a une apparence atypique d’un meneur. Sa tenue est plutôt légère et tribale. Cheveux rouges, un regard aussi acéré que ses crocs, de nombreuses marques sur le haut du corps s’apparentant à des tatouages. Sa posture montre quelques différences avec la troupe qui le suivait. Le fils d’un chef, probablement un successeur qui se veut être fort malgré son manque de sérénité à l’idée de faire appel à des inconnus pour une quelconque association.

Ce dernier s’adresse d’une voix forte à la petite chèvre derrière une langue que personne n’avait entendue jusque-là. Difficile de traduire ses mots. Quand l’élémentaire se retourne pour voir la petite chèvre prendre la sienne, son naturel réapparaît à l’idée d’avoir maltraité une jeune fille aussi adorable. Sa laine est remplacée par un épais manteau noir, une chapka blancs associe à sa chevelure très blonde donc les deux cornes et oreilles continue de naturaliser son essence animale. Il se serait bien attardé sur elle, mais la situation ne lui permet pas. Néanmoins, elle est libérée de ses ronces, revenu malgré elle au village qu’elle fuyait. Les habitants se trouvent être tous des loups, montrant plus ou moins leur nature, de leur trait distinctif, queue ou oreilles, pour les distinguer des autres qui avaient plus la condition d’esclave. La petite chèvre devait être l’une d’entre elle. Duscisio va devoir se résoudre à ne pas se mêler de ce qui ne le regarde pas. Celui du sacrifice de la petite compris quand elle est conduite dans une grande cache en bois pendant leur traversée du village.

À leur arrivée dans la plus grande maison du village, Ellendrine est prise d’un malaise. Géré par Farouk, un uhroi moderne les invite à entrer. La température ambiante de cette demeure à l’abri du vent lui permit au moins de retirer sa capuche, ne serait-ce que par politesse. Révélant une chevelure parcourue de quelques boutons de roses encore fermés entre les mèches. Le rouquin n’avait pas tort en le jugeant de non humain tout à l’heure. Ce détail ne manque pas aux autres membres de la tribu présents sous ce toit. Un vieil homme, crâne dégarni, une courte barbe grise et un point commun avec le cache-œil de Violette. Beaucoup plus souriant, il s’amuse de cette similitude et affirme ses voyages dans le monde d’en bas pour maîtriser aussi bien la langue. Il en déduit facilement la raison de leur venue. A-t-il été prévenu par l’un des leurs ? Ou l’intuition sur le fait que les précédents visiteurs avaient le même objectif bien avant eux ? Avec deux groupes qui les devancent, il va être las de répéter plusieurs fois la même chose. Néanmoins, la discussion s’annonce très intéressante. Duscisio laisse Violette parler. Savoir qu’ils savent la raison de leur venue leur fera gagner un peu de temps. Le chef de clan introduit également leur situation dans les montagnes.

Dès l’instant où le vieux chef parle de la Danseuse des lacs, Duscisio est prêt à lancer une multitude de questions sur sa nature. Que ce soit auprès de lui ou bien un herboriste local qui accepterait de lui en parler dans les moindres détails. En parallèle, un marché voit le jour. Effectivement, rien n’est gratuit sied bien à l’élémentaire qui devait forcément s’attendre à une contrepartie pour leur aide. Chacun leur tour, les jeunes femmes parlementent avec le chef. Si un service est demandé avec Violette, plus de précisions sont ajouté avec l’échange entre lui et Ellendrine. L’archéologue est très vite exigeante en demandant les cartes de la région.
C’est au tour de Duscisio, qui se contentait d’observer l’intérieur, porter un regard sur quelques détails comme la pierre de pouvoir qu’il a senti en entrant dans la demeure, remis au chef. Bien sûr qu’il est curieux. Assurément qu’il aimerait connaître la nature de cette pierre. Ne dévions pas de son premier intérêt et de la raison pour laquelle il est venu. Chacune de ses informations parviennent à ses oreilles. Le temps de la conversation, il n’eut à contrôler sa propre nature. Si une ou deux roses se sont entre-ouverte, les autres restent bien à l’abri entre deux mèches. Duscisio qui attendait son tour est soudainement très sage, adonnant d’une expérience de vie assez limitée. Néanmoins, dans un calme qui lui est propre qui commence sa participation.

- Duscisio Balibe, Herboriste. Pouvez-vous m’en dire plus sur la Danseuse des Lacs et sa participation dans cette lutte de pouvoir ?
- C’est bien courageux de votre part de venir si haut dans les montagnes. Chilali ?
- Chilali. Chaman du village. La plante est carnivore.
Commence-t-elle dans un urhois approximatif. Elle se nourrit de cadavres dont elle se sert pour produire une toxine aux multiples effets. Espérance de vie en particulier. Elle se sert des ours pour se nourrir et les récompense avec cette toxine, sous forme de drogue.

Et les clans des loups seraient prêts à leur laisser cette plante. Si elle intéresse Duscisio pour sa rareté, il a une pensée pour Violette qui décrit s’en emparer pour sa mission. Mais qu’en est-il de cette acquisition pour les maraudeurs ?

- L'un de vos membres a parlé de sacrifices. Si on vous débarrasse, ils n'auront plus lieu d'être, n'est-ce pas ?

L'herboriste laisse donc la parole au chef de la tribu pour répondre. Se souciant également des individus comme la petite zoanthropes blonde qui les a menés jusqu'ici.

Jeu 21 Mar - 11:51

Une danse macabre

Ellendrine - Duscisio




A la dernière question de l’élémentaire, le loup ne répondit que par un simple sourire. Comme si cette dernière ne méritait pas la moindre réponse tant la demande était ridicule. La plante était la plante, remettre en cause le système était ridicule si l’on pouvait se l'accaparer. Il n’y avait pas dans cette histoire de grande cause de justice à défendre, tel était le monde. Pourri et ambitieux. L’homme étant renforcé dans son absence de justification à donner par la neutralité apparente qu’affichaient Ellendrine et Violette, l’une par professionnalisme scientifique, l’autre en tant que militaire de fait.

Concernant Violette plus particulièrement, difficile était de savoir ce qu’elle pensait de toute cette situation. Peut être avait elle une position tranchée, peut être que cela ne l'intéressait pas. Question sans réponse.

Quoi qu’il en soit, le vieil homme après ce silence suspect, se retournait vers Ellendrine pour lui montrer du doigt quelques cartes qu’elle pouvait prendre avec elle sur sa table, avant d’orienter son attention vers la maraudeuse.

Je suppose que vous ne souhaitez pas attendre ou vous reposer.

La portebrume hochait la tête. Il n’était pas l’heure de commencer à perdre du temps, c’était une course, à la fois pour elle, mais également pour les loups. Ce n’était dans l'intérêt de personne de commencer à paresser, surtout à ce moment précis.

L’homme se dirigeait alors vers la porte, invitant du geste du bras le groupe à le suivre à l’extérieur.

Vous nous accompagnez ? Vous n’êtes plus tout jeune, je pensais que vous enverriez quelqu’un d’autre.

Il commença à rire doucement.

Une mauvaise vieillesse est souvent fruit d’un mauvais mode de vie et d’une inactivité profonde… Ce n’est pas mon cas… Et puis, cette plante est devenue source d’une religion… la plupart des gens ici sont des adeptes et des fidèles. Difficile pour un croyant d’agir directement contre son Dieu, même en politique…

Je suis différent… Contrairement à tous, j’ai voyagé… J’ai vu le monde extérieur… ma vision du monde est différente. Je sais que l’on divinise toujours ce que l’on ne comprend pas ou peu.


Il sortait ensuite, suivit de Violette, s’arrêtant alors pour admirer le sommet des montagnes, ce fameux pic connu dans tout le continent.

Les aigles ont un avantage, ils peuvent voler. Personne ne peut le battre en terme de rapidité de déplacement. Néanmoins… ce sont des êtres fiers… trop fiers ne se reposaient que sur l’honneur et leurs capacités. Ils ne surprendront jamais les ours. En revanche de mon coté… j’ai une information qui annule leur avantage, voir même l’inverse.

Tournant le regard vers le groupe.

Suivez moi, ce n’est pas très loin.

Bien entendu, le pas très loin était fort relatif. C’était un montagnard, sa vision des distances étaient différentes de celles de ceux qui vivaient sur la terre plate. Une petite heure de marche en plus. Heureusement pour le groupe, le chemin déjà aménagé et creusé par le clan du loup était plus agréable à emprunter que les anarchiques voies montagneuses du début de parcours.

Ce chemin ne menait à rien d’autre qu’une grande falaise, donc le fond était si sombre qu’il n’était pas visible.

Le loup s’approchait du bord avant de poser un genou à terre pour inspecter les murs de roche qui bornait le gouffre.

Je vous présente la porte des morts. Jadis, lorsque les clans sont arrivés ici pour fuir les persécutions d’Opale, il n’était qu’un. Reconstruire une société isolée demandait d’établir un système de justice et de punition. Cet endroit en était l’incarnation.

Vous voyez les trous dans la roche ? Il s’agissait de prison pour les condamnés à mort. Coincée pour l’éternité face au vide, les condamnés avaient trois choix, mourir de faim, mourir de froid ou bien le suicide en se jetant dans les hauteurs.

Cet endroit n’a plus été utilisé depuis que la danseuse s’est révélée…


Il marqua un moment de silence.

Savez-vous pourquoi on l’appelle la danseuse ?

Car ses racines poussent à vue d'œil dès qu’elle repère du sang et de la chair. Ses toxines ne sont pas les seules causes de sa divinisation. Sa menace l’est également. Elle pousse vers ce qui est vivant pour dévorer les gens. Les sacrifices servent à avoir sa toxine, mais également à la distraire pour qu’elle pousse vers des charniers plutôt que vers des villages. L’actuel est sur l'île du grand lac des sommets. C’est pourquoi chaque jour, elle danse dans les lacs pour se nourrir.

Les suicides ont créé des charniers ici pendant un temps, les racines ont creusé la roche. Des grottes jusqu’à elle se sont ouvertes, mais je ne vous cache pas que c’est risqué.


Peu importe, c’était déja dans le contrat.

Très bien… Vous aimez les descentes en rappel ?

Jeu 21 Mar - 15:44

Pacte avec les loups

Violette - Duscisio



C’était presque trop facile. Il avait suffi de gravir les montagnes impénétrables en compagnie d’une bandit de grand chemin, d’un ermite naturaliste et de son fidèle ami Farouk pour entrer dans ce village inconnu et réclamer des cartes à jour de la région. La guilde des archéologues d’Andoria en serait verte de jalousie.

Ellendrine collecta prestement son dû en se concentrant pour agir à gestes mesurés sans trahir son enthousiasme. La cartographe savait que le contexte de course à l’échalote chez les maraudeurs lui offrait un passe-droit pour accéder à la région dans une relative sécurité, malgré les risques d’attaques adverses. En tant normal, les missions d’éclaireurs dans les régions aussi esseulées et inhospitalières n’attiraient pas foule. Même en payant, le gain paraissait trop illusoire. Ils ne cherchaient même pas de minerais pour les sociétés se prospections opaliennes.

De plus, l’instabilité des sols, la létalité du froid et l’adversité des pics ne permettaient d’envisager que des percées ponctuelles  pour collecter des mesures localement. Ici, on lui épargnait cette phase. Elle n’aurait qu’à recouper les différentes cartes entre elles, à les relier à ses propres observations prises durant l’ascension, pour améliorer le contenu et s’assurer de sa cohérence, avant de faire des agrandissements et d’augmenter la précision des tracés. Rien que cela lui valait une petite victoire pour cette expédition. Mais personne en bas ne pouvait se douter que vivait là-haut une micro-civilisation narcotique capable de fournir des données aussi abouties tout cuit dans le bec.

Elle acheva de collecter proprement ses trésors et roula les cartes avec dextérité pour les placer dans un cylindre de cuir dans son sac-à-dos. Violette assurait l’intérim avec le chef tribal des loups des cimes. D’ailleurs, le personnage de Freynor Sangrépées commençait à attirer le plus gros de sa curiosité.

-« Je suis bien d’accord avec vous, monsieur Sangrépées. Le travail intellectuel et l’activité physique maintiennent en forme et alerte. »
fit-elle écho, bien décidée à ne pas être rangée de sitôt sur l’étagère des vieux croulants.

Figure livresque à la croisée des mondes, il était sorti de l’isolation de son milieu pour lui-même partir à la découverte d'Urh. Il leur livrer les clefs de ces sociétés en des termes qu’ils pouvaient appréhender aisément. Elle était intéressée par son regard et se demandait s’il n’y avait pas lieu de le mettre en bonne place dans son journal de voyage. Sources d’explications précieuses sur les croyances autochtones et l’histoire de leurs peuplades, elle notait précieusement ses remarques en se taisant, en retrait. A vrai dire, elle était bien contente que la maraudeuse fasse la conversation, car elle n’aurait pas su gérer les paroles en plus du dessin et de l’écriture.

La promenade « pas très loin » offrit un appui bancal à l’archéologue pour tracer des croquis très généralistes du village du clan des loups à l’abri des sommets. Pas très beaux, ils serviraient de point d’appui à sa mémoire pour plus tard, lorsqu’ils rebrousseraient chemin dans la vallée dans les méandres plats et allongés du fleuve l’Argenté. Peut-être même pourrait-elle les utiliser grâce à sa Cognition pour revoir directement le paysage autour d’elle et tracer des esquisses de bien meilleure facture, afin d’illustrer ce récit de voyage s’annonçant finalement bien plus épique qu’elle ne l’aurait cru. Peut-être même cela lui vaudrait-il une pleine reconnaissance de la société des Amis de l'Histoire à Epistopoli.

Elle terminait frénétiquement un portrait à gros traits du chef des loups quand ils arrivèrent devant la Porte des Morts. Alors qu’elle sortait à la hâte son holographe pour capturer le panorama et le témoignage de Freynor – sans quoi personne ne la croirait ! – Ellendrine vit que Farouk faisait la tête à sa façon. Il était arrivé à bout de son endurance face au froid. Ainsi lui transmit-elle discrètement le calystère renfermant son cristal de tempérance pour que le fier guerrier puisse se restaurer.
Son visage marqua un pli d’effroi à la description de ce qu’était réellement la danseuse des Lacs.
-« Cette plante est plus effroyable que ce que j’imaginais. Les cimes sont constamment au bord de l'Apocalypse. »

Duscisio serait définitivement leur va-tout face à cette adversaire dantesque. Elle commençait peut-être à être impressionnée par ce charnier de suicidés et cette plante carnivore face à la falaise, mais n’en laissa rien paraître. Au lieu de quoi, sur acceptation de Violette, elle sortit les crampons qu’elle et Farouk avait utilisé à plusieurs reprises pour améliorer leur prise sur la croûte de glace à flan de montagne. A Duscisio, elle offrit des chaines à placer autour de sa chaussure, elles-mêmes prolongées par des clous sur la partie avant de la chaussure, afin de permettre une meilleure adhérence à la paroi en cas de besoin.

-« Attention à ne pas vous blesser à la jambe vous-même, si jamais la descente devient instable. Il faudra éviter d’agiter les pieds en tout sens. » lui explica-t-elle.

« Cela fait longtemps. Mes bras manquent un peu d’exercice. Mais si Farouk m’assure, j’ai toute confiance. »
Il était déjà en train de creuser au piolet de quoi greffer des pitons pour lacer les cordages permettant à Ellendrine de descendre dans le harnais qu’elle était en train d’enfiler. C’était cela, le matériel indispensable pour les montagnes dont elle ne pouvait se délester lors du choix cornélien de son paquetage. Ainsi parée, elle semblait décidée à passer en première avec Freynor.

-« Violette, avez-vous besoin de conseils pour sécuriser la descente en rappel de Freynor ? Ce n’est pas bien compliqué. Mais il y a une technique pour éviter les incidents, notamment de vous brûler les mains ou de vous arracher un doigt. »

Ses doigts étaient déjà gourds malgré ses fourrures d'avoir abandonné son cristal de tempérance. Elle avait plus que hâte de fuir cette falaise venteuse pour l'intériorité des galeries.

Ven 22 Mar - 12:41



Dans l'inconnu / Mont d'argent

Fanthret 1901



À défaut de vouloir une réponse sur l’état des sacrifices nécessaires, celle-ci reste muette, accompagnée d’un sourire qu'il n’arrive pas à traduire. Est-ce un oui ? Est-ce un non ? Il faut croire qu’il n’en aura une que lorsqu'ils seront sur place pour étudier les actions de leur guide déjà prédéterminé. Tout est lutte de pouvoir. Duscisio ne déroge pas à la règle de bien des façons. Quoi qu’il en soit, l’élémentaire n’a pas été un très grand orateur. Quitte à servir de décoration, il n’a fait que son travail d’apothicaire.
Une petite parenthèse est tirée sur Violette et Ellendrine sur la force de caractère travaillée par le voyage et la morale. Diviniser ce que l’on ne comprend pas. Accordons-nous à dire que la science et la foi ne seront jamais bons ménage. Néanmoins, les deux servent à prendre le pouvoir d’une différente manière. Pour gagner du temps, les aigles auraient été parfaites, mais il serait mettre à mal leur fierté. Ce qui n’est pas plus mal. Rien qu’à l’idée de quitter la terre ferme, contrairement au transport maritime, ses racines tremblent d’angoisse à s’éloigner du sol. Il y avait une autre solution qui les mène à sortir. Ce n’est pas très loin. Il faut tout de même quitter le confort du village, retourner sous la capuche et marcher plus d’une heure dans le froid et la neige tant qu’ils seront dans ses montagnes.

Présenter la porte des morts, tel qu’il le fait, laisse Duscisio quelque peu surpris. Il ne s’agit point d’une quelconque croyance envers une divinité mortuaire, comme on pourrait le penser en entendant le nom pour la première fois.
La page d’histoire du vieux loup aide tout de suite à comprendre le pourquoi de ce nom morbide par une activité encore plus morbide sur une nouvelle manière de mettre à mort des condamnés. Quel est le rapport avec tout ça, me diriez-vous ?… Le charnier en bas, présenter comme un mets de choix pour la Danseuse des lacs à la consommation de viande très fraiche – pour ne pas dire congelée – afin qu’elle prolifère. Les condamnations ont été remplacées par les sacrifices et c’est là qu’une idée à traverser l’esprit de l’apothicaire.

- Raison de plus de s’en débarrasser.

Il ne renchérira pas la moindre réaction de Freynor pour éviter tout conflit. Duscisio ne faisait que dire tout haut ce qu’il pensait tout bas. Cela s’arrêtera à un échange de regard, tout au plus. Si on prend compte, la danseuse a tout de même pris une très grande ampleur pour pousser jusqu’ici et l’éloigner des villages. Un sacrifice nécessaire pour protéger un plus grand nombre… On utilise ça aussi en cas de maladie sur certaines plantes… S’il se garde à le comparer à ses propres connaissances, Duscisio comprend le geste sans l’approuver totalement. Détruire le mal à la racine aurait été plus sain.
Pour rejoindre la plante, il faut descendre… Il ne s’agit pas de sauter… C’est bien trop haut pour le commun des mortels. Pour ce qui est du rappel, Ellendrine s’occupe de l’équiper et de l’avertir. Malheureusement, il n’est pas plus confiant à l’idée de devoir rester suspendu à une corde.

- Il n’y a vraiment pas d’autres chemins ?

Une question qui révèle une peur certaine… Une question qui se passe de réponse si l’on se rappelle qu’ils sont pressés par le temps. Même préparé, et expliqué de la manière de faire, maintenant qu’il est suspendu dans le vide, il reste immobile et affiche un visage qui le pousserait à renoncer à la descente. Malheureusement, il n’a plus réellement le choix. Ou la porte des morts retrouverait son utilité à le laisser mourir de froid ou de faim en haut de la corniche. Il commence par observer chaque compagnon faire. Si Duscisio se laisse glisser le long de la corde, même attaché ou assisté, il n’est pas rassuré du tout. Quitte à descendre, il le fera pas à pas avant de prendre un retard conséquent qui va l’obliger à faire de petits sauts pour les rattraper au mieux.

Ven 22 Mar - 19:08

Elle arrive...

Ellendrine - Duscisio




Le vieux loup ne réagissait pas aux réflexions de Duscisio, il avait très entendu, mais cela ne semblait le déranger plus que cela. Il avait son plan après tout, le reste n’était que subsidiaire.

La falaise et le vide étaient plus importants que des divisions inutiles pour si peu. Fixant le vide tout comme Violette, l’heure était à la concentration.

En ce qui concernait la maraudeuse, celle-ci hochait la tête à la proposition d’Ellendrine, lui répondant tout en soupirant de fatigue face aux nouveaux efforts qu’il fallait faire. A force, la journée tirait sur les cuisses et brûlait les poumons. Mais il fallait de la résilience et bon gré mal gré, son histoire lui avait permis d’en avoir face à la souffrance et la douleur.

Vous êtes sans doute plus qualifiée que moi pour ce genre de choses. J’avoue ne pas être une grande experte de ce genre de choses.

Comme pour beaucoup de choses, elle avait appris sur le tas à cause des multiples variables que pouvaient prendre les expéditions dans la brume. Néanmoins on était très loin de son environnement naturel et favori. D’autant qu’elle était très loin d’avoir l’expérience d’Ellendrine en matière de gestion des variables climatiques. Dans ce genre de situation, Violette n’avait que pour elle ses capacités d’adaptations, quasiment obligatoire pour survivre en ce monde et dans des métiers aussi dangereux que ceux du mercenariat et des expéditions de la brume.

Elle s’était adaptée au froid polaire de Dain, au soleil ardent d’Aramila et à l’humidité des jungles. Une autre expérience à faire diront nous.

Tandis que chacun préparait son équipement, Violette en faisait de même en profitant au passage pour user de nébula afin d’affecter les variables climatiques en sa faveur. D’ici, il était évident que le vent jouerait des tours au groupe et que, sauf Ellendrine et le vieux, le fait de le découvrir au milieu du vide n’était pas une bonne idée. Ainsi, tous subiraient sans doute, mais moins que prévu à cause de vents étonnamment favorables. C’était un des avantages au fait d’avoir un maître de la fortune dans son groupe.

Tout en descendant, le loup observait les racines, ne se souciant que peu du vide, comme s’il ne craignait pas à titre personnel de tomber. La première racine ne donnait rien… la deuxième non plus… la troisième… ENFIN… Une faille. Les racines avaient laissés un tunnel dans lequel passé.

Il fit alors signe au groupe de se rapprocher de lui.

Par ici… Un tunnel… Jamais les ours n’imagineront que cela existe.

Il observa un instant la racine qui creusait le tunnel avant de retourner son attention vers le groupe.

Attention pour les êtres de chair. Les racines n’ont pas de sens du toucher ou du loin, mais elles détectent les sécrétions du sang et de la putréfaction. Si vous vous blessez dans un endroit aussi exigu… Nous sommes tous morts.

Exigu, le tunnel l’était. Il ne fallait pas être claustrophobe. Parfois le tunnel était large d’un mètre, parfois moins. Parfois l’on pouvait se mettre debout, parfois à quatre pattes ou même totalement allongé pour ramper. Longer une racine dans la roche était décidément toute une histoire, au moins cela permettait de comprendre ce que pouvaient vivre les insectes et les parasites vivant non loin des racines.  

Il y avait en plus de cela, le risque que le tunnel n’ait pas de sortie, mais la fortune faisait que par le hasard des choses, la bonne option avait été choisie pour ne pas se retrouver coincé dans une montagne.

Après des kilomètres de souffrance et d’effort démultiplié par la rareté de l’air et le taux de poussière, enfin la sortie. Direction une grande caverne creusée dans la roche. L’intérieur de la montagne était curieusement creux, on pouvait voir d’ailleurs d’ici quelques structures.

Les temples des ours…

Où étaient les ours d’ailleurs… Jusqu’ici personne ne les avaient vu.


Soudainement un grondement sourd… Des profondeurs de la montagne, quelque chose rampait, des racines progressivement montaient vers les hauteurs à vue d'œil.

Le loup levait alors la tête, l’air contrarié.

… Les aigles imbéciles comme ils sont… Ils sont en train de se battre contre les ours… La plante est en train de monter… attiré par le sang et la mort…

D’une certaine manière cela faisait une belle diversion pour ne pas avoir à esquiver une armée d’ours. Néanmoins, si la plante montait, elle allait tomber sur eux. Que fallait-il faire. Remonter d’urgence avant de se faire dévorer ? Mais le bulbe était sûrement en bas, se mettre en sécurité rendrait la mission plus difficile… En plus de contraindre à rencontrer une armée d’ours en colère.

Ven 29 Mar - 23:17

Les boyaux de la montagne

Violette - Duscisio



La Porte des Morts les attendait. La porte des sacrifiés aurait été un nom plus judicieux. Et l’aristocrate rejoignait le Contadien dans sa logique d’éradication pur et simple du mal ; tout en le couvant d’un regard indulgent, elle constatait son impréparation aux dures lois du monde. L’être humain choisissait toujours la voie la plus médiocre, la plus sous-optimale et générant le plus d’effets secondaires vicieux évitables. Pourquoi s’épargner un peu de souffrance ?

-« Je crains que cette paroi soit le seul chemin qui nous permette de nous infiltrer, Duscisio. » dit-elle pour raffermir sa résolution.
Il avait commencé en même temps qu’elle à s’équiper et prenait déjà du retard sur la paroi verticale. Il n’était pas très difficile d’imaginer la mine sombre de la maraudeuse s’impatienter et prendre sur elle pour ne pas couper la corde pour plus d’efficacité.

-« Essayez de penser aux odeurs printanières de votre chez vous à Doucerive… comme si vous preniez du miel pour les enfants en haut d’un arbre. On arrivera en bas avant même que vous vous en rendiez compte. Vous verrez. » tenta-t-elle de suggérer.

Un brin frigorifiée, son échange était permis par une bienheureuse clémence des vents qui ne les ballotaient pas trop sur la façade glacée pour venir les écorcher.

Malgré une tension palpable, le petit groupe hétérogène semblait maintenir sa cohésion et collaborer avec efficacité pour garantir sa progression dans le charnier. Si trouver une faille dans cette muraille séculaire semblait particulièrement laborieux, Freynor savait exactement où regarder. Ses traits laissèrent affleurer ce qui ressemblait le plus à une joie enfantine de sous son masque dureté lorsqu’il débusqua une entrée.

-« Nous avancerons à gestes mesurés en suivant votre bon conseil, Sangrépées. L’avantage de ce climat gelé est que nous sommes bien couverts et rembourrés. Faisons particulièrement attention à ne pas nous cogner le crâne contre les parois ou à nous égratigner le menton en glissant. » se fit-elle l’écho pour ancrer l’idée de prudence et d’attention parmi la troupe.

Ils se faufilèrent avec une excitation latente mêlée de retenue le long des racines. Lanterne en main, Farouk éprouvait quelque répugnance à les toucher, mais parfois, le groupe n’avait pas d’autre choix que de leur marcher dessus, voir de s’y coller et de ramper en déplaçant peu à peu une hanche ou une scapula pour transférer son poids et couler autour des aspérités des racines.

Chacun devait connaître son lot d’adversité. C’était au tour d’Ellendrine de porter la couronne d’épines. Si elle était plutôt résolue et courageuse, le manque d’air et la restriction de ses mouvements faisaient rejaillir de mauvais souvenirs au pire moment. Sa respiration devint aigüe, ses gestes fébriles, jusqu’à ce qu’elle se paralyse, allongée sur la racine, le visage presque au contact de l’impitoyable plante carnivore.
-« Ellendrine ? Qu’est-ce qui t’arrive ? » s’inquiéta Farouk, d’une voix toujours égale en se tortillant pour la voir derrière ses propres jambes.
-« Je ne peux plus respirer. J’ai peur de bouger. » décrit-elle honteusement. On sentait sa gorge crispée.

Si elle avait traversé les Limbes et explorer bien des cavernes, rarement son voyage l’avait porté dans un goulet aussi étranglé et sur une aussi longue distance, sans aucune certitude de trouver une poche d’air ou une sortie en continuant. Devant ses yeux repassait des scènes du passé. Elle était attrapé par l’avant-bras par son père qui lui faisait terriblement mal. Le patriarche ouvrait à la volée la porte sous l’escalier des domestiques pour la jeter dans le minuscule réduit en sous-pente. Chaque fois qu’elle tenait tête à ses aînées ou portait une idée trop novatrice en s’intéressant à l’archéologie au lieu de l’industrie, elle était ainsi sanctionnée. Abandonnée durant de nombreuses heures, personne n’était autorisé à lui parler.
-« Ellendrine. Parle-moi. Respire… respire. Reste ici, avec moi. »

Prise en étau entre Farouk et Duscisio qui obstruaient toute retraite à sa panique, elle se contenait à peine pour ne pas crier et s’agiter, ce qui aurait pu lui valoir une blessure. Une partie distante de son esprit avait encore conscience de l’omniprésence de la Danseuse des Lacs sous son corps. Une mèche rousse bouclée se soulevait rapidement au rythme de sa respiration.

Après quelques instants, elle se força à suivre les instructions de Farouk et à ventiler lentement, très lentement. Ce faisant, il lui parlait, lui intimant de fixer la lumière de sa lanterne, qu’il déplaçait lentement en cercle. Elle ne devait écouter que cette voix qui lui parlait à voix basse, ralentissant le rythme, tout comme on rassurerait un cheval.

-« Le toit est… blanc, parce que… la mer… est rouge… » découpait-il. « Pendant que la neige tombe, le repas est servi… comme les enfants jouent, la confiture … est prête… les ouvriers travaillent comme un éléphant danse… » semait-il les phrases absurdes, dans une forme d’induction hypnotique visant à contourner le fort esprit critique de la scientifique.

L’ancienne Sentinelle avait plus d’un tour dans son sac pour récupérer un esprit éclaté et rassembler ses ressources. Il l’invita ensuite à former un signe de sa main, qu’elle utilisait déjà depuis longtemps avec lui, pour instaurer un certain état d’équilibre et de maîtrise.
-« Maintenant que tu es dans tes ressources, calme et alerte… alerte… et calme, analyse, pas à pas, alerte et calme. Et dis-moi ce que tu perçois. »

-« Ma ceinture… la sangle s’est prise dans des radicules de la plante… je crois que je peux la déloger."
La pression aigüe sur sa poitrine s’allégea et l’incident fut évité.

Comme le leur tleur allié aux dents longues, ils étaient parvenus au temple des ours. Ellendrine prit quelques secondes pour s’imprégner des enjeux que lui dépeignait Feynor. Le choix était cornélien et l'erreur facile. Mais l'affrontement entre deux autres clans ennemis pouvait être à leur avantage. Il les affaiblirait, les détournerait de leurs agissements. S'ils survivaient à la charge de la plante. On entendait presque les rouages de son esprit cliqueter à vive-allure, comme le mécanisme d’une horloge bien-huilée.

-« Duscisio, c’est à vous d’agir. Nous ne pouvons pas reculer. C’est tout aussi risqué pour la suite et nous n’aurons peut-être pas le temps de nous cacher. »


Elle pensait à Farouk et Feynor, aux carrures on ne peut plus imposantes et qui avaient parfois eu beaucoup de mal à se faufiler dans le goulet du tunnel, en particulier Farouk qui devait négocier le passage de sa mitrailleuse au millimètre.

L’intéressé émettait des protestations, mais déjà Ellendrine et Farouk l’attrapait chacun par une épaule.

-« Je me suis traînée dans ces tunnels cauchemardesques, vous avez surmonté votre peur du vide. Nous ne sommes pas venus jusqu’ici pour nous dégonfler… Et puis, c’est vous qui disiez vouloir abandonner votre routine et découvrir l’aventure…. » continuait-elle tandis qu’ils tiraient doucement mais sûrement Duscisio vers sa destinée à l’avant-poste de la descente. Ils se tortillèrent pour passer entre Violette et Feynor sans prendre trop de risques.

Un faux mouvement serait regrettable, la paroi n’était plus à-pic, mais les reliefs accidentés, bosselés, rugueux, voir coupant, n’autorisaient pas de gesticulations inconsidérées.

-« Avec ce que je vous ai vu faire face auxs loups, je sais que vous pouvez faire quelque chose... C’est votre heure Duscisio... Obligez-là à nous contourner. Elle ne sentira même pas que nous étions là. Faites-nous simple obstacle du terrain à ses sens... nous comptons sur vous." conclue-t-elle fatidique. Il était trop tard pour choisir de fuir.

Farouk et Ellendrine se massèrent proches de lui, invitant du regard la maraudeuse et le chef de clan à faire de même. Ils n’avaient plus qu’à prier et guetter un moment opportun pour poursuivre la descente vers le bulbe avec la plus grande vigilance.

Sam 30 Mar - 14:17



Temple des ours / Mont d'argent

Fanthret 1901



Non, il n’y a aucune autre voie, malheureusement. Ellendrine le lui fait savoir tant bien que mal que c’est la seule issue et qu’il va falloir s’y faire. Sa sève ne fait qu’un tour et déglutit faussement comme le ferait un humain. Il est le dernier à descendre. S’il se trouve être plus long que les autres, la plus noble d’entre elles lui donne quelques conseils pour passer cette épreuve. Si elle donne un exemple pour le laisser imaginer un paysage bien plus agréable qu’une simple descente le long d’une paroi gelée. Monter sur la branche d'un arbre pour du miel. Oui, c’est plutôt agréable. L’idée est de se sortir de la tête qu’il est en danger permanent tant qu’il se trouve le long de cette corde. Même s’il continue longuement de rester agrippé à celle-ci, petit à petit, il décompresse à l’idée de tomber à la moindre contrariété.
S’il s’adapte au mieux à la descente en rappel qu’il ne maîtrisera pas en un jour, trouver une à une des grottes suspectes leur permettant d’avancer. C’est là que les informations toujours plus précises arrive jusqu’à lui. Aucun sens du toucher pour les racines, mais la détection du sang et de la putréfaction reste un problème. Il ne faut pas se blesser, du moins pour les humains présents dans le groupe. Duscisio reste en arrière, se découvrant de sa capuche vu que le vent ne s’engouffre pas jusque-là. Moins de risque de gel, l’élémentaire peut enfin être utile.

En avançant dans de nombreuses positions plus inconfortables les unes que les autres, seul le silence du frottement de la roche sur les vêtements ou sa propre besace accroché à son pied se fait entendre. La racine n’a pas l’air de réagir à leur présence comme se fut dit. De temps en temps, on entendait plus Duscisio et ses affaires avancer. Le tunnel exigu ne permettait à aucun de ses compagnons de se retourner pour savoir ce qu’il trafiquait. C’est dans le goulot le plus étroit qu’une nouvelle faiblesse est mise en évidence. Il ne s’agit pas de l’élémentaire cette fois. Ce dernier se contente d’observer la magnifique vue des jambes de la jeune femme pour soulager d’un inexistant mal-être. Heureusement, Farouk n’est pas là pour le voir. Ellendrine se trouvant entre eux, quand il remarque que celle-ci est prise de panique, change d’attitude pour retrouver un calme et un sérieux. Sa crise de panique - si Duscisio analyse bien la situation – l’empêche d’avancer. L’homme qui se trouve devant elle le remarque également. Faisant tout pour avoir un œil dessus, le garde du corps fait en sorte de la rassurer par des méthodes assez étranges. Si l’élémentaire ne comprend pas, il se met à prononcer des phrases sans queue ni tête, ses effets restent surprenants. Ellendrine reprend doucement ses esprits.
Pendant ce temps, l’élémentaire travaillait. Personne ne le voit actuellement, ce qui lui permet de se connecter encore une fois à l’une des racines pour lui donner un ordre simple. Par cet ordre, elle se fait moins présente. Si Duscisio s’en empare comme son propre corps, cela a de multiples avantages comme celui d’effacer totalement leur présence quand le groupe entre à son contact. Indirectement, cela aide la cartographe à sortir de sa panique. De plus, la description qu’elle lui permet de prendre le contrôle de la partie de la racine qui l’empêche d’avancer. Par la même occasion, il arrive à sentir une forte croissance, beaucoup plus loin, qu’il n’arrive pas à comprendre. Un nouveau repas à portée ? Ce qu’il sent surtout, c'est la vitesse de cette croissance. Préférant garder pour lui cette information, il ne gardera le silence que peu de temps.

De nouvelles s’ouvrent à leurs yeux. Le temple des ours. Le plus étrange était la non-présence de ces derniers. Pas un seul d’entre eux ne se montre pour garder l’endroit. Le grondement inquiétant que l’on entend provient de la croissance rapide qu’il a sentie plus tôt. Il y a un carnage là-haut qui attire toute son attention. Si tout le monde peut enfin se regarder dans les yeux, le détail des roses blanches de sa chevelure se fait enfin remarquer. Ellendrine avait beau l’encourager, à la fin de son discours, Duscisio pose sa main sur l’épaule et répond simplement.

- Je sais… Dit-il d’une voix calme et pleine d’assurance.

Le Duscisio peureux ou le Duscisio frileux n’existe plus. Il observe son environnement comme un prêtre observe ses fidèles. Il faut suivre du regard la provenance des racines. L’élémentaire s’accroupit en posant la main sur l’une d’elles pour s’y connecter. Au bout de quelques instants, il annonce :

- Elle sera sur les lieux dans quelques minutes… Annonce-t-il après quelques instants. J’ignore en combien de temps, elle mange, mais ça devrait la laisser nous ignorer un bout de temps…

Tant qu’il ne se blesse pas du moins. À en croire ce qui se trouve sous ses yeux, les parois à franchir sont parfois coupantes… Première question qu’il se pose : une plante peut les aider ? Le résultat d’une fouille rapide dans la sacoche qu’il n’a pas arrêté de traîner dans ses tunnels malgré toutes les contraintes. Au début du voyage, il est dit qu’il se serait contenté de matériel. Dans ce cas, la sacoche est bien trop grande pour quelques outils. Du bout des doigts, la peau ondule par endroit. Ses doigts recherchent une petite bourse parmi tant d’autres, comme s’il connaissait par cœur quelle graine se trouvait dans chacune d’entre elles. Le collectionneur de graines se ravive. Aucune d’entre elles n’a les caractéristiques recherchées.


Les obliger à les contourner… Rien que ça. Bien. Duscisio ouvre de plus en plus de roses le long de ses mèches. Si elle indique la force nécessaire, les quelques roses blanches devraient lui donner suffisamment d’énergie pour la manœuvre. Le critère du froid n’est pas non plus à ignorer vu qu’elle ralentit ses capacités. Néanmoins, l’élémentaire leur offre un beau spectacle alors qu’il reste connecté aux racines. Laissant ses propres ronces longées, les racine problématiques, quelques roses blanches écloses ici et là pour marquer le total contrôle de celle-ci avant qu’elle ne s’écarte d’elle-même de leur chemin. Pendant ce temps, les fleurs se trouvant dans ses cheveux fane une à une lentement. La première au bout d’une moitié de minute, une autre pour l’autre moitié. La croissance des ronces de Duscisio est plus spectaculaire que celle de la berceuse. Quand le contrôle d’une zone suffisamment grande est acquise, contre seulement quatre belles roses blanches dont les pétales sont tombés au sol, les racines sous contrôle s’écartent de leur chemin.

- Avançons. Dit-il d’une voix calme et pleine d’assurance. Le bulbe se trouve dans ce temple…

Plus intéressée par la chair morte en haut que par les vivants un peu plus bas. Il se tient également prêt à bloquer la croissance à leur proximité afin de leur laisser le temps de réagir si nécessaire. Duscisio agit ainsi pour sa sécurité et celle de ses compagnons. Il est en train de littéralement ne pas leur faire regretter de l’avoir emmené avec eux.

- Je reste derrière vous… Il faut que je sois connecté à elle pour maintenir le périmètre.

Pour creuser la roche, il n’y a pas plus déterminé qu’une simple plante. La force développée pour cette tâche dépasse l’entendement si l’on ne connaît pas la force de la nature.

Sam 30 Mar - 17:21

Elle est là...

Ellendrine - Duscisio




Lorsqu’Ellendrine était en souffrance dans cette caverne étroite, la portebrume ne disait pas grand chose. Elle avait déjà sa propre progression à gérer et de toute façon sans doute que son camarade était plus apte que n’importe qui ici pour l’aider à se sortir de ses doutes et de ses peurs. C’était assez étonnant à ses yeux que de voir une exploratrice faire face à une zone géographique qu’elle n’appréciait pas. Enfin bon, personne n’était parfait, tout le monde avec ce sujet sur lequel il exprimait des difficultés. Il suffisait juste de le trouver.

Quoi qu’il en soit, une fois sortie la xandrienne ne faisait pas plus de commentaire sur cela à la grande surprise de ceux qui peuvent la connaître et notamment son trent de poche qui jusqu’ici avait décidé de se faire assez discret face au loup.

Bienvenue dans les métiers de merde qui font ce genre de tache. On souffre, on se blesse, on pleure. Mais malgré tout il faut continuer pour survivre.

L’exploration et les lames étaient deux domaines dans lesquels les doutes et les protestations étaient à ses yeux inutiles. Une perte de temps provoquant une perte d’énergie. Ici ou dans la brume, si tu poses le genou à terre, personne ne viendra te sauver, même pas tes camarades. Quand bien même une épopée est dur, le simple fait d’exprimer ce que l’on ressent en est presque proscrit.

Juste après, la plante commençait à monter, attiré par les combats dans les hauteurs entre les aigles et les loups. C’était mauvais signe car le groupe était désormais pris en étaux. Néanmoins pour la maraudeuse tout n’était pas à perdre dans cette situation car cela signifiait qu’elle venait de doubler Rykjal. Il fallait toujours voir le côté positif dans une situation.

Sur la demande d’Ellendrine, elle se rapprocha ensuite de Duscisio avançant avec lui à travers les racines jusqu’à ce qui ressemblait à un temple et était de toute évidence le lieu où se trouvait le bulbe.

D’ac… Cette fois ci, je passe devant.

La maraudeuse se doutait qu’attendre le bulbe serait plus compliqué que prévu. Il devait bien avoir quelques mécanismes de défense pour assurer sa survie Et s’il fallait commencer à devoir se battre ou tuer, alors elle était sans aucun doute la plus apte à faire ce genre de chose.

Avançant d’un pas elle s’arrêta pour se retourner un instant vers Duscisio

Reste pas trop loin par contre, ce genre de truc peut attaquer de toutes les directions possibles mais j’suppose que tu t’en doutes.

Elle reprit ensuite sa marche, entrant dans un temple qui étonnamment était plutôt en bon état. Il était bien conservé comme s’il était encore utilisé. Alors que Violette avançait prudemment, une voix retentit.

Qui êtes-vous ?

La maraudeuse regardait à droite et à gauche, personne. Pourtant ses cristaux lui offraient une acuité exceptionnelle, néanmoins rien. S’il n’y avait personne… alors c’était… la danseuse ?

Et vous qui êtes vous ?

La politesse est de d’abord répondre à une question avant d’en poser une autre.

… C’est vrai. Des explorateurs en quête de découverte.

Si armé ? Et surtout… ici ? Curieuse exploration que celle qui se fait de cette manière…

Soudainement en face de Violette, des racines poussaient du sol, s'entremêlent de manière de plus en plus complexe jusqu’à prendre une forme humanoïde et presque humaine.

Une randonnée sous les étoiles - Page 2 63c5cf1f75dc974813d901f376606c28

Qu’est ce que tu es exactement ?

Le maître de ces lieux, le dieu de ce peuple. Celle que l’on surnomme aujourd’hui la danseuse des lacs.

… Ce n’est pas que je demande. Es-tu un élémentaire ? Une dryade ?

La danseuse commença à rire.

Je n’en suis pas. J’appartiens à une espèce en voie de disparition à travers l’exploitation des hommes pour notre valeur symbolique. Même si de mon côté j’ai bien poussé. Je ne suis pas ce que vous qualifiez de “monstre”, tout comme je ne fais pas partie de ce que l’on appelle la faune. Je ne suis qu’une simple plante qui peut dans sa croissance prendre des formes pour mieux communiquer avec ce qui l’entoure.

Et quelle est cette plante ?

La danseuse commença à sourire.

Quelque chose de célèbre, une mandragore.

En effet, les mandragores étaient des plantes mystiques et mystérieuses que tous les sorciers et guérisseurs en herbe connaissaient.

J’ai répondu à ta question. Maintenant réponds à la mienne. Pourquoi êtes vous ici.


Violette fronça légèrement les sourcils.

Je l’ai déjà dit.

Humaine. Oseras tu me mentir deux fois ?


La mandragore était déjà suspicieuse, mieux valait ne pas la provoquer maintenant.

Je cherche une de tes fleurs.


Hum… Je vois… Malheureusement tu devras repartir bredouille. Mes fleurs sont comme mes enfants. Quelle mère confierait sa progéniture à une parfaite inconnue. Enfin… c’est que j’aimerai dire mais je vois à vos regards que vous avez presque envie de m'abattre. Quel est votre motif ? Les sacrifices j’imagine ? Votre race est si nombriliste qu’elle refuse d’intégrer la chaîne alimentaire.

Votre dévorer au cours de votre tout autant par nécessité que par plaisir des milliers et des milliers de plantes et d’animaux. Pourquoi l’inverse ne pourrait-il pas être possible vis-à-vis de votre espèce ?

Cet endroit est un cycle parfait. Les herbivores sont dévorés par des carnivores. Ces deux espèces par les humanoïdes. Les humanoïdes par moi même. Et pour finir je suis moi même continuellement dévoré par les herbivores, les insectes et les parasites qui se nourrissent de mes feuilles, de mon bois et de mes racines. Ne venez pas salir cet écosystème de votre justice humaine et dérisoire.


Elle se tourna alors Feynor.

Ce qui m'amène à me poser la question de ta présence. Il me semble déja avoir discuté de tout cela avec les maîtres des trois clans dont tu fais partis. As-tu quelques doléances à venir moi lorsque tes compères se battent à la surface.

Les temps changent… voilà tout.

Feynor. Oseras tu me mentir deux fois ?

De toute évidence, elle ne semblait pas particulièrement effrayée par le groupe en question. Surtout qu’on ne savait pas exactement où était le bulbe. Ce corps ou plutôt ce demi corps n’était qu’un faux qui visait à stimuler l'empathie chez les races humaines pour les convaincre de quelque chose. Cela expliquait ainsi en plus de son nector en grande partie comment ce système avait pu être adopté aussi facilement pour des clans qui étaient loin d’être faible et sans défense face à une mandragore seule.

Dim 31 Mar - 1:54

Danse avec la Mandragore

Violette - Duscisio



Duscisio avait changé. Quelque chose en lui s’était métamorphosé. De son incertitude, on oubliait le nom pour découvrir l’aura délicate de ses pétales de roses écloses. Le blanc éclatant diffusait sa vitalité à travers sa force tranquille, maintenant qu’il se tenait, prince des ronciers, au-dessus de l’abîme. La croissance généreuse des lianes de ronces était féérique.

Ellendrine, quant à elle avait retrouvé son air concerné et étudiait l’environnement avec attention. L’attaque de frayeur qui l’avait frappé ne la rendait pas fière, mais c’était déjà du passé. Et elle n’avait pas besoin du constat de Violette pour savoir les embûches de celui qui entend violer le repos des temples et des usines de civilisations bellicistes. Où croyait-elle qu’elle avait obtenu son cristal de domptage ?

Ce qui ne la rassurait pas est que ses facultés de dissuasions ne pourraient rien contre la Danseuse-des-Lacs. Tout au plus pourrait-t-elle surprendre l’ennemi si le clan des aigles ou les gardiens ours tentaient de les prendre à revers. Aussi laissa-t-elle Violette et Feynor prendre la tête de l’expédition.


Farouk et elle étaient médusées par l’avatar en formation de la Danseuse des Lacs. Son holographe déjà dégainé, elle ne pouvait pas manquer une preuve d’archive aussi rare qui aurait fait sortir n’importe quel botaniste de la tombe. Cette rencontre changeait toutes ses considérations quant à ce qu’ils auraient pu découvrir.

Il se trouvait que non seulement la plante était une conscience avancée capable de prendre visage et de s’exprimer à leurs oreilles, mais qu’en plus elle était des plus bavardes et leur en apprenait énormément. L’archéologue pris sur elle d’attendre que les premiers échanges avec Violette et Feynor laissent une ouverture avant de s’avancer un peu vers l’avatar végétal.
-« Bonjour, Mandragore. Ou peut-être dois-je vous appeler différemment, si ceux de votre espèce possèdent des noms individuels ? »

-« Bonjour, femme humaine. » répondit la plante d’une voix dure et monocorde en scrutant Ellendrine.
« Les patronymes et les prénoms ont peu de signifiance pour nous, comme il est difficile de percevoir les limites entre une mère et ses rejets. Nous avons d’autres manières de sentir nos différences qui échappent à votre entendement et vos sens limités…. Vos corps ont un début et une fin, ce qui n’est pas le cas pour nous qui nous entremêlons et nous transformons. Et toi, qui es-tu donc ? »

-« Je suis Ellendrine d’Aramila. » se présenta-t-elle comme si elle était une sorte de princesse ou de personnalité internationale. « Et voici mon ami Farouk. Je suis archéologue et, si nous accompagnons ce groupe d’explorateurs, nos motivations sont tout à fait scientifiques. Nous n’entendons pas interférer avec votre écosystème… personnellement, je suis impressionnée. Nous ne nous attendions pas à rencontrer une conscience avancée… Cela dépasse les découvertes géographiques que je pensais faire ici et remet en question certains paradigmes philosophiques. »

Du coin de l’œil, elle suivait les autres, se doutant bien que ses débats ontologiques auraient tout pour les fatiguer et peut-être agacer Feynor et Violette, qui pensaient à la montre. Les Aigles et Rykjal pourraient finir par les rattraper, si ce n’étaient pas les autres. Mais elle faisait parler la plante de manière non-agressive, ce qui était déjà un gain en soi. Pour elle, il était important de nuancer les motivations qui l’animaient. Violette, Feynor, Duscisio, Ellendrine et Farouk ne tiendraient pas dans le même sac. Il en faudrait peut-être même plus de deux, pour peu que cela importe à la Danseuse des Lacs si jamais son ire devait fondre sur eux.

-« Mmmm, j’ignore si je devrais me sentir flattée, ou au contraire insultée que l’humanité soit encore surprise de l’intelligence du règne végétal. Nous supportons le sol sur lequel vous marchez et retenons la terre de nos racines sous la pluie pour l’empêcher de s’éroder. Nous étions là des millions d’années avant vous. Nous survivrons des millions d’années après votre extinction. N’est-elle pas déjà en bonne voie hors de ce que vous nommez l’Enclave ? Et peut-être même, en son sein… …
Cela dit, il est agréable de constater que certains spécimens humanoïdes sont un peu plus ouverts que les autres. Vous semblez connaître votre place dans ce monde. »

-« Depuis combien de temps avait vous instauré cet accord avec les trois clans de zoanthropes carnivores des Monts d’Argent ? Vous allez penser que j'aurais pu le demander à Freynor Sangrépées ici présent. Mais étrangement, je pense que vos réponses seront plus directes et il est plus à propos pour une chercheuse de faire des recoupements.»
-« Cela doit se mesurer à deux de vos générations, pour le contrat actuel. »
-« Je vois. Reste-t-il d’autres Mandragore en Urh ? »
La plante laissait pousser des ronces suspicieuses autour de ses épaules.
« Cela est possible. Mais auquel cas, je n’ai pas eu d’échange avec mes congénères depuis des centaines d’années. Cela me manque, d'ailleurs. Vous vous doutez bien que je peux agir comme je l’entends et vous divulguer ce qui concerne mes racines, mais que je ne dirai rien de la localisation ou du nombre possible de survivantes de mon espèce. »
-« Je respecte votre droit de réserve. Ma curiosité est constitutive de mon activité professionnelle. J’espère que vous ne m’en tenez pas rigueur. »
-« Nullement. » répondit la Mandragore d'un calme non moins prédateur.

Freynor Sangrépées commençait tout de même à s’impatienter de ce conciliabule plus intéressé par la science et la métaphysique que par ses luttes de pouvoir. Elle se dépêcha de parler de sa nouvelle marotte.
-« Que pouvez-vous me dire sur l’Abre-Dieu ? Notre Histoire est volontairement élusive et les textes religieux sont assez poétique, ce qui brouille les interprétations. Mais je suis une spécialiste en dite "interdite", jusqu'à peu, désormais au cœur de nos enjeux présents. »

-« Il est enchevêtré de légendes pour nous aussi. Il était là avant que votre espèce invasive ne pullule sur ce sous-continent et que mon espèce ne commence à décliner. Nous avons bien plus de points communs avec lui que vous ne pourriez penser. Lui aussi a un régime alimentaire spécial. »

Les bruits des combats lointains s’intensifiaient. La Danseuse des Lacs ne cillait pas. Sa conscience multiple était capable de pourfendre les envahisseurs à l’entrée de sa caverne tout en répondant doctement aux questions d’Ellendrine sans mobiliser plus de ressources que cela. Elle y voyait un indicateur de sa puissance.

-« Une dernière question de ma part : vous avez dit que vos fleurs étaient comme vos enfants, n’est-ce pas ? » Un regard intense seul répondit à l’introduction de la scientifique. « J’entends que vous ne voulez pas céder votre fruit le plus précieux à des personnes avides qui ne vous respectent pas. Et je ne suis pas là pour juger de la sagesse de la quête de Violette… ma mission se bornait à la guider sur le terrain. Mais le clan des Aigles, là-haut, s’est allié à des hommes sans scrupules d’En-Bas. Ils viendront par la force s’en prendre à vous tels les pires sauvages. Peut-être que nous pouvons vous aider ? »

Un rire frémissant dans les feuillages, l’avatar de la Danseuse des Lacs se redressa, bruissant de nouvelles ramifications.
-« Qu’est-ce qui vous amène à penser que j’ai besoin d’être aidée de vous, humaine ? »
-« Je n’ai pas la prétention d’être indispensable. Je voudrais seulement défendre une espèce rare dont vous avez dit qu’elle était en voie d’extinction. »

On verrait bien si son argument pèserait moindrement dans la balance ou non. Si oui, l’Aramilane espérait que la maraudeuse saurait s’en souvenir lors de son ascension, malgré le caractère scélérat de son engeance. Il ne semblait pas nécessaire de se lancer dans une extermination de l’ensemble de la plante en vue d’obtenir une portion infinitésimale de son être. Restait à l’en convaincre sans la froisser mortellement. L’élémentaire de plantes semblait avoir un grand élan de fascination envers la Danseuse et s’avança pour l’exprimer… lui aussi avait du changer d'avis sur la nécessité d'exterminé ce monstre sacré du règne végétal.


Dim 31 Mar - 16:25



Temple des ours / Mont d'argent

Fanthret 1901



Violette passe la première. Si Duscisio fait de son mieux pour avoir un contrôle maximum pour pouvoir assurer leur sécurité, la maraudeuse lui suggère tout de même de rester pas trop loin.

- Soyez rassurée. C’est pour avoir tout le monde dans mon champ de vision.

Ce n’est pas totalement vrai bien sûr. Duscisio n’a pas besoin de les avoir à porter de vue pour savoir qu’elle approchera. Il s’est approprié ses racines pour les immobiliser tout en sentant une nouvelle qui pourrait pousser vers eux et les prendre pour cible. Qu’importe.
Le groupe s’avance et entre enfin dans le temple. Alors qu’ils ne posent que quelques pas à l’intérieur, une nouvelle voix retentit. On pourrait croire à cette voix qu’un autre humain se trouverait ici, mais il n’en est rien. Il n’y a personne autour d’eux. Seulement la plante. Violette répond par une autre question, avant de répondre correctement à cette nouvelle voix qui s’adresse à eux. Des explorateurs, ce n’est pas entièrement exact. Ce n’est pas complètement faux non plus.
Par contre, la voix remarque effectivement que les explorateurs sont bien trop armés pour une simple exploration. L’élémentaire est toujours connecté à la plante jusqu’à qu’elle disparaisse sans qu’il comprenne comment. À la place, un enchevêtrement de végétaux prend forme comme le ferait un élémentaire. Trop jeune pour arriver à une telle rapidité, Duscisio est émerveillé en premier lieu par l’exécution de la forme jusqu’à qu’elle prenne une apparence la plus humaine possible.

- Oh ! S’exclame l’élémentaire. Quel magnifique créature !

Émerveiller par la déité locale, Duscisio ne pouvait s’empêcher d’exprimer ses sentiments à l’égard de ce spectacle. Oui. Si telle est la danseuse des lacs, alors celle-ci est superbe. Il pourrait très bien attirer son regard un instant. S’il advient à croiser le sien, la créature remarquera un semblable par nature. Il suppose d’abord que la connections qu’ils avaient par le biais des racines l’ait aidé à prendre forme. Si les questions sur sa nature d’élémentaire ou de dryade, la plante ricane avant de lui répondre par quelques phrases complexes sur ce qu’elle est et ce qu’elle n’est pas. Si elle se fait désirer pour ce nommé, c’est en souriant que Duscisio compris également où elle voulait en venir.

- Une mandragore. Dit-il d’une même voix.

Bien sûr qu’il connaissait cette plante. Il y a quelques écrits sur cette plante mystique. Comme elle l’a précisé, cette plante a trop longtemps été exploité. Le fait qu’elle se trouve dans un lieu aussi isolé la protège des méfaits des hommes à en acquérir encore et encore pour servir de potions ou autres onguents miraculeux. La femme sylvestre qui se présente à eux est une rareté parmi les raretés.

Le mensonge ne passe pas auprès d’elle. Violette a beau dire qu’elle reste une exploratrice, la mandragore ne devrait pas être provoquée trop longtemps. La maraudeuse privilégie donc la vérité, la plus directe qui soit. Malheureusement, sa demande ne sera pas satisfaite. Les arguments qu’exempte la plante ne peuvent mettre que Duscisio d’accord.
Tout se tient, tout se comprend. Même s’il pensait il y a plusieurs heures qu’il pourrait sauver la petite chèvre d’un destin tragique, il se résout à l’oublier.

- Au risque de vous surprendre, Violette. Je suis d’accord avec elle… Même à votre mort, vous n'êtes pas si différent des animaux. De la chair en décomposition nourrissant des insectes qui entretiennent la terre. Pour ce qui est de ses fleurs, j’y renoncerai… Une mandragore est bien trop précieuse pour finir dans n’importe quelles mains… Même les miennes.

C’est bien un élémentaire qui parle. Même si on parle en siècle, Duscisio sera à même de mourir en retrouvant le sol tel qu’il l’a quitté en tant que graine. Il se refuse aussi d’avoir l’une de ses graines en sa possession. Elle serait pourtant l’une des graines les plus exceptionnelles, si ce n’est la seule, dans sa collection.

Chacun ici portait déjà sa curiosité. C’est au tour d’Ellendrine de lui faire la conversation. Farouk ne se fait pas non plus attendre en sortant un drôle d’appareil. L’échange entre humains et plantes est des plus passionnants, il faut l’avouer. L’élémentaire reste captivé du début à la fin en ne manquant aucune nouvelle information qu’il gravera lui-même dans sa mémoire. Certaines questions le heurtent tout autant sur l’intelligence des plantes. Si la mandragore ne sait si elle devait être flattée ou insulté, Duscisio reste boudeur sur cette remarque. C’est dur d’entre dire qu’une plante puisse être stupide. Néanmoins, l’élémentaire paraît vraiment très jeune comparé à elle. Lui parler en tête-à-tête à l’avenir est très instructif, comme elle pourrait l’être avec ses congénères disséminé ici et là sur Astrebrume. Ellendrine se permet de petites escapades pour questionner sur l’arbre-dieu dont on ne sait pas grand-chose. C’est sans se rappeler qu’après cette escapade, il se pourrait que Duscisio s’y rende pour une tout autre affaire.

C’est en revenant dans le vif du sujet, à savoir l’acquisition d’une fleur de Mandragore maintenant qu’elle est identifiée, sans oublier qui s’envenime là-haut et à proposer son aide. Aide à défendre une espèce rare en voie d’extinctions.

- Il n’y a rien à faire, Ellendrine. Soupire Duscisio. Peu importe notre geste ; l’homme n’aura de cesse d’exploiter ce qui peut l’être. Vous pouvez aussi bien convaincre de rendre une espèce protégée, il y aura toujours de la contrebande… Partager sa localisation ou celle de ses sœurs, elles n’auront de cesse d’être chassées. La demoiselle Mandragore ici présente ne fait que se défendre et survivre comme nous le faisons tous.

- Vous devez être le responsable de mes racines dormantes. Quelle étrange rencontre que de voir une jeune fleur se mêler aux humains. Nous ne sommes pas si différents.

- Désolé pour ce désagrément, j’ai été missionné pour mes compétences. Notre connexion n’a aucune hostilité, je voulais juste en savoir plus sur vous et assurer notre sécurité. Dommage qu’il fasse si froid, je serais venu régulièrement vous rendre visite.

Tant pour cette connexion que la conversation, il gardera pour lui ce qu’il a appris sur elle. Ce genre d’information ne se partage pas. Même s’il parle avec un corps fabriqué pour communiquer, l’élémentaire reste attiré par la mandragore. Oui. Vraiment dommage qu’il fasse si froid.

- Excusez-moi, mademoiselle. Continue-t-il à défaut de pouvoir lui donner un nom. Quelle est la nature de cet accord ?

Il sait déjà par l’échange avec l’archéologue que l’accord dure depuis deux générations, mais rien sur la nature de celui-ci. Sans compter qu’il est préférable de jouer carte sur table en rappelant une information importante liée à la quête de Violette.

- Il y a deux autres groupes qui sont à votre recherche pour la même raison que nous… Je crains que votre tranquillité ici ne soit menacée… Sans douter de votre capacité à vous défendre, bien entendu… Loin de là.

Préférant lui demander directement qu’à Freynor qui pourrait mentir, comme il l’aurait déjà fait au moins deux fois jusqu’à aujourd’hui. Il n’est pas oublié non plus. Une question lui est directement attitrée.

- De plus, Freynor… Donnez-moi votre cristal de pouvoir.

Durant un aparté, Ellendrine lui a fait part de la dangerosité du chef de meute dans le tunnel, comme celle du cristal dont il aurait pris possession. Afin de ne pas être découvert, Violette n’a pas été mise au courant. Il tend le bras, c’est non négociable. Le vieux loup aurait-il l’intention de l’utiliser pour faire quelque chose qu’il pourrait regretter ? Le regard de l’élémentaire est méfiant à juste titre maintenant qu’il sait qu’il est capable de mentir. Si bien que Duscisio est de lui-même une menace. Le chef loup a intérêt à faire le bon choix.

Dim 31 Mar - 17:52

L'heure du choix

Ellendrine - Duscisio




Violette était de plus en plus vexée par cette plante qui lui refusait ce qu’elle voulait. Cette insipide créature qui s’appuyait sur son âge pour se draper d’une soi disante sagesse, validant sa progéniture au détriment de toutes celles des vies qu’elle dévorait pour survivre. Les êtres de longue vie avaient le don d’être terriblement ennuyeux avec leur paternalisme désuet.

Elle lui rappelait en un certain sens Séraphah, ces races, puissantes de naissance. Que pouvaient-elles comprendre de ce qui naissaient en bas, désuet et faible… Qui étaient-ils pour tenter de lui apprendre des choses ? Qui étaient-ils pour tenter de la comprendre.

Ces êtres, ce regard, cette posture, ce ton… Oh oui… qu’est ce qu’elle les haïssaient…

Au moment où Duscisio commençait à tenter de la convaincre de rejoindre la position de la Mandragore, la maraudeuse se retourna vers lui, un regard noir et dur qui montrait une colère froide qui n’allait qu’en s’amplifiait à mesure que l’élementaire de nature empilait les mots sous le regard bienveillant de Feynor qui souriait légèrement du spectacle.

Une fois que l’herboriste eut terminé, la xandrienne lui répondait sur un ton sec et d’une colère de plus en plus mal contenue.

Est ce que tu penses vraiment que j’en ai quelque à foutre des paroles de merde de putain d’entité qui glorifie un système dont ils sont les seuls bénéficiaires. Hum.. Laisse moi rire putain de merde. Ca relativise la douleur et le deuil de centaines de personnes tout ça parce que tu te fais bouffer deux trois feuilles par des chenilles.

Le jour où tu verras ta famille consumée par le froid et la faim, dévorée par des monstres, tu pourras me raconter les joies du cycle naturel, Elementaire.


Elle avait appuyé sur le mot élémentaire, histoire de parfaitement définir la différence qu’il y avait entre eux. Il n’avait aucune légitimité à lui parler de ce sujet à ses yeux.

Pendant ce temps, la Mandragore était restée silencieuse.

Je peux comprendre ta douleur jeune fille. Le monde soufre de l’injustice naturelle entre les races c’est dommageable mais…

C’est comme ça ?

La plante se retourna vers Feynor qui jusqu’ici était resté silencieux. Elle le regarda un instant avant de tilter.

Maintenant que cela me revient… De quel groupe parlez vous ? Il n’y a rien. Pas de combat à la surface. C’est simplement les cérémonies sacrificielles au lac.

Pas de combat ? C’était pour les sacrifices qu’elle montait ? D’un côté c’était plus logique venant d’une plante consciente. Elle n’avait que peu d'intérêt à dévorer devant ses fidèles, leurs frères, leurs sœurs ou leurs enfants.

Qui vous a dit ça ?

Sans même réfléchir, Violette dégaina son pistolet tirant une balle sur Feynor qui s’arrêta net figé dans l’espace. De la télékinésie ?

Oups ? Je me suis peut-être trompé.

Il leva le doigt et la balle tomba au sol, dans le même temps une puissante pression psychique commença à frapper sur les autres membres de l’expédition.

Mon cul ouais…

Le loup souriait davantage.

Le sentiment d’urgence est la base de toute manipulation. Enfin… rien de personnel… Au revoir ?

Le loup aurait pu par surprise probablement tuer chacun des membres ici par cette surprise dimensionnelle mais il avait l’air étonnamment de valoriser la vie dans une moindre mesure pour ne pas tuer préventivement des gens.

La mandragore de son côté n’avait pas non plus l’intention de se laisser faire et envoya des racines de différentes tailles que Feynor brisa avec peu d’effort de sa télékinésie vraisemblablement purifiée. Sans un mot de plus, il leva alors l’index, générant au bout de celui ci une sphère gravitationnelle qui absorbait les débris en les comprimant de manière extrême dans une boule compact avant de relâcher la pression, renvoyant tous les fragments telle une mitrailleuse pour anéantir les racines environnantes. Attraction… probablement purifiée vu sa maîtrise. C’était mauvais… S’il était bel et bien purifié, cela signifiait qu’il pouvait créer des portails dans les dimensions et enfermer le groupe dans les limbes pour une mort certaine. Dans un endroit aussi exigu et avec temps de fragment à manipuler, il était clairement en position de force.

Il regarda alors la mandragore dont le corps humain avait perdu un bras et la moitié du visage.

Tu te reposes trop sur ta force naturelle. Ton expérience de tes pouvoirs est trop faible pour que tu sois une menace sérieuse pour moi.

Qu’est ce que… tu veux…

Combattre ma mort prochaine… Je suis un être d’exploration et de connaissance. Lorsque l’on devient vieux et que l’on connaît sa limite, la mort est tout aussi terrifiante que déprimante. J’ai un moyen de sauver ma vie… Je comprends ta peine et je la partage… Mais de mon point de vue ma vie est supérieure à la tienne tout comme l’inverse est vrai de ta perception.

Quoi ? Tu as l’air surprise… Pour une personne qui parle si bien de cycle naturel, tu sembles effrayée de te confronter toi même à tes prédateurs…


Hypocrite.

Il se tourna alors de nouveau vers le groupe, toujours écrasé par sa télékinésie.

Je sais que je vous ai berné et je m’en excuse. Sachez que je m’excuse de cela et que si vous le désirez nous pouvons trouver un accord. Je respecte chacun d’autre vous. Découverte, Connaissance, Loyauté, Pouvoir. Des motivations divergentes mais fascinantes. N’écoutez pas ce monstre assoiffé de sang et prétendument humain, les mandragores sont connues pour être des créatures vicieuses…

Et toi tu l’es pas ? Arrête de blablater et dis nous pourquoi tu essayes de nous convaincre malgré la situation. T’as besoin d’aide c’est ça…

La plante a dû s'arrêter de bouger,les ours vont venir inspecter sans doute. Allions nous et chacun pourra repartir avec ce qu’il désire…

Violette tu auras ta fleur… Ellendrine tes connaissances…


Il n’évoquait même pas Duscisio, jugeant que c’était déja un cas perdu. Il savait très bien qu’il ne serait pas difficile de convaincre Violette. Elle n’avait aucun intérêt à se battre pour la Mandragore. Il y avait plus de doute dans la posture d’Ellendrine. Il lui donnait une chance, néanmoins il était prêt au cas où.