Light
Dark
Bas/Haut

A quoi veux-tu trinquer ? [Libre]

A quoi veux-tu trinquer ? [Libre] Brandw10
Mar 23 Aoû - 16:10
Calme, tranquille. Paisible. Vide et sombre, en soi.
Son poing s'écrase sur le bar, chope vidée. Peut-être a-t-elle voulu faire davantage de bruits, juste pour briser un peu ce silence assourdissant. Elle aurait pu hausser la voix, également, s'adresser au serveur en face. Mais pour dire quoi ? Elle n'en sait rien. Et elle n'aurait voulu se mettre tant en avant, sans raison.
Alors elle s'est juste contentée de finir son verre, de lancer un petit coup d’œil au tavernier. Bien sûr qu'il comprend de suite. Elle hochera de la tête, pour confirmer sans mots son désir. Et, ne perdant pas de temps, il se saisit d'une nouvelle boisson qu'il préparera pour elle.
Quinnerelle, dans toute sa splendeur. Quand elle s'ennuie. Qu'elle n'a rien à faire. Et que dans le fond, elle n'a pas envie de trouver quoi faire. Ce moment étrange et embêtant, où ton cœur te somme de te mettre au labeur, faire quelque chose, n'importe quoi. Mais où il t'implore en même temps de ne rien faire et de laisser couler et le temps, et le breuvage.
Alors, notre guerrière n'aura pas perdu trop d'occasions, s'aventurant dans un lieu qu'elle a bien connu, et où on la connaît tout autant. Bon, ce n'est pas le moment le plus fier qu'elle peut présenter, en tant que soldate et exploratrice de bonne renommée. Mais il lui arrive aussi de ne se préoccuper de rien d'autres. Jusqu'à ce qu'on vienne et parvienne à lui faire entendre raison.
Pour l'heure cependant...

- A la votre, lance-t-elle, le nouveau verre à peine en main levé.

L'homme qui l'a servie ne lui adresse qu'un petit sourire, amusé.
Elle boit une première gorgée. Se rappelle presque qu'il y a eu une période, où elle a pu exécrer ce genre de liqueur. Mais le temps et l'ennui peuvent nous faire nous accommoder de pas mal de choses.
De nouveau, l'aventurière en pause laisse sa chope. Rumine, tout bas.
Non, elle n'a pas envie de repartir. Elle se sait sur le départ, bientôt. Pour repartir à Xandrie, pour de futures vaines rencontres dites diplomatiques, où il s'agit juste en fait de bras de fer verbaux. Quoi de mieux que de voir en première loge la relation entre ton pays et ton seul allié se détériorer ? Pas qu'elle puisse y faire quelque chose. Mais bon, y faire face ne la rassure de moins en moins, pour la future situation d'Aramila.
Et, alors qu'elle en est bien plongée dans ses tourmentes, elle croit entendre une voix, des pas, qui se font assez forts, dans son dos. Des clients, en pleine après-midi en cette taverne isolée ? Chose assez rare. Ne résistant pas à la tentation, elle se retourne, donnant crédit et intérêt à cette nouvelle présence. Tant que ça peut la détourner rien qu'un instant de pensées noires et inutiles...
Mar 6 Sep - 7:24
Il grogna, et tenta de rendre son visage amical. Ce n’était pas facile. Il avait passé de nombreuses heures, des jours durant, à s’observer dans la grande glace en pied qui trônait dans sa chambre. Le résultat avait rarement été probant, et il n’arrivait pas facilement à imiter les expressions des petites créatures qui grouillaient sur ces terres. Leurs tronches mollassonnes et leurs peaux grasses et huileuses leur permettaient facilement de tirer des gueules plus clémentes que la sienne. Pis, y’avait la lumière dans leurs yeux. Elle n’était pas spécialement facile à imiter : il n’était pas un herbivore. Il ne broutait pas, et ne prenait pas l’air absent des ruminants. Il essaya tout de même. C’était essentiel qu’il y parvienne, ou au moins qu’il fasse une impression autre que celle qu’il faisait généralement. Le garde, à quelques pas devant lui, finissait d’inspecter les marchands qui le précédaient dans la file. Il n’y avait pas grand-chose à dire sur leur chargement : les salades n’étaient pas une couverture servant à dissimuler bombes et substances illicites. L’idée l’amusa, mais il retint son sourire. Il fallait rester concentré, et se rappeler que le troupeau n’aimait pas qu’il montre les dents.

Enfin, ce fut son tour. On le regarda. On le détailla. On lui demanda son nom, puis on lui demanda de l’épeler. On le regarda de nouveau. Il n’aimait pas le regard de ces gens. On observa son équipement : un sac, et son arme. On eut besoin de temps pour comprendre que c’était bien une arme. On lui demanda ce qu’il venait faire ici, et il répondit honnêtement qu’il était là pour affaires. Moins honnêtement sans doute, il mentit sur leur nature, et plus important, sur le fait qu’il venait d’un autre endroit qu'Opale. C’était sans doute mieux. Ou en tout cas, plus productif. On le regarda encore, et par espièglerie, il fit bouger en rythme les muscles saillants de ses pectoraux, alors que son sourcil droit se levait et s’abaissait en rythme. Personne ne trouva cela amusant, et on lui demanda de se calmer. Il se calma. Puis, enfin, on le laissa entrer dans la cité. Ravi, il adressa un grand sourire aux gardes, et ignora leur grande impolitesse, et leurs sursauts qu’il choisit de penser étonnés.

Il erra quelques temps dans l’endroit populeux, observant les visages des petites choses. Elles se déplaçaient, vaquant à leurs petites occupations à l’aide de leurs petites mains, portées par leurs petites jambes. Somme toute, elles lui semblaient très semblables aux spécimens d’Opale. Ils étaient plus bronzés, peut-être, ce qui s’expliquait sans doute par le climat plus chaud de l’endroit. Il n’était pas zoologue, et ne pouvait pas se prononcer de manière définitive sur ce sujet. Il n’y était pas venu souvent, et il voulait mieux connaître les rues de la ville. C’était comme de pénétrer dans un autre monde, un monde qui lui semblait bien pittoresque : après les feux brillants et industrieux d’Opale-la-précieuse, il se sentait comme un intrus venant violer les traditions ancestrales d’une tribu arriérée. C’était sans doute optimiste, mais il ne s’interdisait rien. Cette fois, il laissa son sourire éclairer tout entier son visage, le croquant comme un vaste croissant de lune. Il s’autorisa encore quelques heures de promenade oisive, avant que la faim ne le prenne au corps.

Enfin, qu’elle se manifeste de manière plus impérieuse : il était rare qu’il n’ait pas faim.

S’arrêtant dans le premier établissement sur son chemin, il se courba légèrement pour passer la porte, et se faufila à l’intérieur. L’endroit était sommairement éclairé, et les quelques personnes occupaient à s’y abimer étaient ou des soiffards invétérés, ou des marginaux. Des gens plaisants à son propre cœur, dans les deux cas. Il s’approcha du bar, et regarda le tenancier, lui adressant un mouvement rapide du menton. Les salutations d’usages ainsi expédiées, il lui étala ses demandes :

« A manger. En quantité. A boire. En quantité. »

Jetant quelques pièces sur le bois fatigué qui s'étendait entre lui et le propriétaire du trou, il s’autorisa à étudier un instant les gens qui occupaient le reste de l'espace. Pas grand-chose d’appréciable. A part une humaine. Elle avait pas l’air à sa place, ici. Lui non plus, il supposait. S’il voulait rester discret, et se montrer intelligent, c’était sans doute pas la meilleure idée possible que d’aller la voir. Il renifla, et passa sa langue sur l’arrière de ses dents épaisses. Il attendit un instant, réfléchissant un peu, avant de finalement bouger du comptoir. Il y avait quelque chose d’intéressant à faire, ici. Quitte à jouer au touriste, autant le faire jusqu’au bout. Il se dirigea vers la jeune femme, détaillant rapidement son apparence. Elle avait le corps d’une combattante. Le maintien d’une professionnelle. Sa viande était dure. Coriace. Il aimait ce qu’il voyait. Il s’installa en face d’elle, écartant une chaise inutile pour se dégager un peu d’espace, posa en travers son arme pour s'en faire un siège et visa son cul dessus.

« Bonjour, fit-il avec ce qu’il espéra être une expression amicale. J’suis Tlaxlheel. J’aimerais partager mon repas avec toi. »

Il avait hésité sur la manière de se tenir et de parler, mais pensait que ne pas trop en faire serait le mieux. Peut-être se trompait-il, mais il doutait que la jeune femme apprécie particulièrement les intonations de la noblesse ou les accents trop trainants des classes les plus basses. Il aurait aussi pu adopter une attitude plus formelle, plus militaire, mais il préférait éviter, pour des raisons évidentes. Non. Quelque chose de simple, une présentation affable et sans prétention, mais qui expliquait tout de même que sa requête s'approchait de manière critique vers l'injonction. C’était ça qu’il fallait. Il posa une main sur la table, doucement, sans bruit, et attendit une réponse de sa nouvelle interlocutrice.


Dernière édition par Tlaxlheel Azcalxotil le Dim 2 Oct - 6:21, édité 1 fois
Ven 9 Sep - 12:10
Des pas semblant lourds écrasant le plancher, une voix pour le moins forte s'élevant dans la pièce pour exiger au serveur... Le genre de présence qui aime s'imposer. Quinnerelle s'est donc retournée, afin de voir, jauger. Et détaille du regard le nouveau client présent à quelques mètres. Une corpulence massive, à la taille et aux attraits qui lui font bien vite deviner qu'il appartient à une autre race que la sienne. S'il ne semble pas très volontaire à l'idée d'exprimer ses envies, en les limitant par juste quelques mots, son image pourrait faire comprendre qu'il n'est pas là pour plaisanter ici. Enfin, on a de tout, en ces tavernes, notre guerrière le sait, l'a bien vécu depuis ses nombreuses escapades en ces places. Elle-même, en soi, bien qu'elle se trouve dans un lieu de détente, n'aime pas bien rire. Disons qu'elle a juste espéré pouvoir se vider la tête, en même temps que se remplir la panse.
Et visiblement, elle a enfin une issue temporaire à ses lamentations.
Les deux se sont échangés un regard, et si la blonde a fini par se retourner, pour continuer sa boisson, elle entend maintenant la cadence de la créature se faire plus forte, en sa direction. Et, du coin de l’œil, elle l'aperçoit finalement, à proximité.
Si elle s'attend à ce qu'il prenne place au bar, il n'en est rien. Et elle finit par lui accorder un coup d'œil, lorsqu'il s'adresse à elle.
Une salutation, suivie par une une présentation. Et voilà qu'il demande à prendre son repas auprès d'elle. La combattante arque un sourcil. En soi, elle n'en a pas toujours, des demandes de la sorte. Déjà, car elle n'a pas souvent de compagnie, mais en plus... Cela lui semble si spontané, innocent. Eh bien que cela la surprenne, elle n'aurait pu dire que cela lui déplaise réellement.

- Je bois plus que je ne mange, à vrai dire.

Son plan initial, après tout, n'était que d'anéantir ses idées par la liqueur. Bien qu'elle ait pu céder au caprice stomacal et consommer quelques vivres. Enfin, elle a voulu se montrer honnête, et préfère surenchérir, histoire de ne pas passer pour plus désagréable qu'elle n'est ;

- Mais prends un siège, j'te prie, Tlaxlheel. Moi, c'est Quinnerelle.

Elle bafouille un peu, en prononçant son prénom. Espérons que ça ne s'est pas perçu, ou que ça n'en soit pas perturbant.
La blonde reprend une gorgée. Elle n'est pas tant pressée à l'idée de papoter. Mais s'il y a bien quelques interrogations classiques mais qui l'intriguent...

- Pas que j'en sois une réelle habituée de ce genre de lieu, mais je t'ai jamais vu dans le coin. Tu viens d'où ? Les temps ne sont pas des plus glorieux, en Aramila en ce moment. J'ai du mal à concevoir qu'on ait pu trouver plaisir à se perdre dedans, en tant que voyageur.

Elle repose sa chope.

- Mais t'as le droit de ne pas répondre. Je suis bien placée pour savoir que même la beuverie ne saurait effacer les tensions politiques lorsque ces derniers sont trop fortes et amères.
Dim 2 Oct - 6:32
La créature en face de lui semblait curieuse. Curieuse, et bavarde. Il aimait bien ça : ça rendrait la conversation plus facile que d’avoir à extraire quelques paroles moribondes d’un pauvre machin desséché par ses implorations. Ils avaient souvent du mal à parler, eux, et plus encore quand ils apprenaient à le connaître, lui. Sans doute était-ce trop tôt pour se dire qu’il pouvait faire copain-copain avec sa nouvelle interlocutrice, que tout était gagné, et qu’il avait le champ libre. Ses lèvres se retroussèrent légèrement autour de ses défenses, et il se retint de les caresser. Fallait se calmer. Il avait passé un bon moment à voyager, tout seul, et à modérer ses appétits. Il était capable de se retenir encore, et de considérer que la porte entrouverte qu’il avait en face de lui n’était pas une invitation à y entrer avec ses pieds crasseux. Cela viendrait sans doute. Sans doute. Mais pas maintenant. La laissant terminer, il se tapa le genou du plat de la main, le bruit de sa chair épaisse sur le métal qui protégeait son articulation emplissant la taverne d’une détonation vite crevée. Ses lèvres achevèrent le mouvement initial, et finirent de dévoiler sa dentition impeccable, un grand sourire illuminant sa gueule. Elle semblait précautionneuse, et attachée à la préservation de son humeur. C’était une chose bien rare : la plupart des gens ignoraient qu’il était un être profondément sensible, pensant que son apparence reflétait ce qu’il était à l’intérieur. Son large poitrail se souleva, un rire qu’il voulut léger le secouant, et il répondit ensuite :

« T’inquiète pas ! J’suis un livre ouvert, avec des mots écrits en gros et des images, répondit-il. J’ai rien à cacher. Les histoires de politique, j’laisse ça aux autres. »

Il se pencha légèrement en avant, presque imperceptiblement, secouant dans les airs la main qui venait de s’écraser sur son genou avant de la poser, plus délicatement, sur le bois de la table. Il s’agissait de ne pas exploser le vieux meuble, qui semblait particulièrement fragile. Tous, chez les courts-sur-pattes, semblait toujours particulièrement fragile.

« J’viens d’Opale, mais chut, c’est un secret, fit-il en clignant de l’œil. J’suis là pour affaires. Rien de grave ! fit-il en levant une main apaisante, avant de la reposer sur le bois, et de le caresser distraitement. Rien de grave. Ou d’immoral, ou même d’illégal. J’ai juste besoin de retrouver quelqu’un, et de lui parler. Mais j’veux pas t’ennuyer avec ça. »

Il marqua une courte pause, alors qu’on lui apportait à manger. Ce genre d’endroit ne proposait que rarement de choisir ce que l’on voulait manger. Le tenancier balançait dans de la flotte de la viande, ce qu’il avait comme légumes et quelques herbes, et laissait mijoter le tout. Ce n’était pas là le genre d’exemple le plus alléchant de ce que pouvait produire cette région perdue du monde, mais il s’en contenterait. La portion mise à sa disposition était sans doute copieuse pour ces petites créatures et leurs petits crocs. Il signala son assiette, et la choppe qui l’accompagnait, avant de lever dans la direction du serveur trois doigts, et d’hocher de la tête devant son air incrédule. Le message étant passé, il se retourna vers sa pitance, et plus important vers Quinerelle. C’était un nom d’herbivore. Un nom de petit oiseau, de pigeonneau en sauce. Piaf Quinnerelle dans son velouté de champignons sur son émulsion de carottes. L’image était vivide. Il la balaya rapidement, la congédiant à l’arrière de son esprit, et reprit rapidement :

« Et toi ? T’viens souvent ici ? T’fais quoi dans la vie ? Enfin tu vois. Parle-moi de toi. »

Une approche d’un rare charisme. Mais il voulait se concentrer sur son repas. Il regarda les couverts mis à sa disposition, les trouvant trop petits. Soupirant, il ouvrit le sac de voyage qu’il avait balancé à son côté, et fouilla rapidement dedans, en sortant des ustensiles plus appropriés. Cet endroit faisait preuve à l’endroit des nobles représentants de sa race d’une discrimination aussi ordinaire que permanente. Il en était bien triste. Retenant un reniflement amusé, il s’attaqua ensuite à son encas, attendant une réponse.
Mar 15 Nov - 12:56
Quinnerelle hausse des sourcils, en voyant son accompagnateur gesticuler, autant des mains que de par son expression faciale. Il en fait, du bruit, d'ailleurs, s'étant appliqué une claque au niveau de la jambe. Quelques regards se tourneront un instant sur eux, avant de prétendre comme si de rien n'était. Peut-on seulement passer inaperçu, à vrai dire, devant une créature à l'apparence et aux manières bien prononcées ? Ce n'est pas pour déplaire la guerrière, cela dit. Ça fait presque l'animation, et elle sait en avoir bien besoin pour l'heure, vu les idées noires qui la guettent encore. Par cette même motivation, elle lui a laissé la porte grande ouverte pour s'installer à ses côtés le temps de prendre son repas. Lorsqu'il lui répond, annonçant qu'il est prêt à tout livrer le concernant, et admettant qu'il laisse les conversations politiques aux autres, elle ne peut se retenir de commenter ;

- Tu as bien raison. Il vaut mieux fuir ces futilités autant que se peut, tant qu'on en a la chance. C'est simplement des querelles de grands enfants avides de richesses, si tu veux mes mots.

Aurait-elle parlé trop vite ? En tout cas, son voisin de table ne relèvera pas. Mais il est vrai que la combattante ne ménage pas forcément ses termes, lorsqu'il s'agit de parler du fond de sa pensée. Enfin, elle saura se tenir et se taire, lorsqu'il est question des principes, valeurs, et lois d'Aramila. En face de ses supérieurs, du moins. Car ici, bien loin de sa zone de travail, là où les limites se retrouvent flouées autant de par le laisser-aller des uns et de l'alcool des autres, la liberté d'expression se manifeste davantage. Avec beaucoup de pincettes, cela dit. Les engrenages, paroles véhémentes et bagarres peuvent s'enclencher pour un rien. Heureusement, les gardes ne se trouvent jamais très distant des buveurs, à raison.
Quinnerelle ne le quittera pas des yeux, lorsqu'il annoncera sa provenance.
Opale. Vraiment. A-t-elle espéré qu'il en soit simplement xandrien, un comparse d'une autre terre ? Ce sont bien les seuls vrais « alliés » restants, à vrai dire. Et il ne fallait pas suivre la moitié de l'histoire amarilanne pour se rendre compte qu'Opale n'est pas leur meilleur partenaire. De même pour Epistopoli, en fait. Se feront-ils seulement un jour une meilleure réputation auprès des citées voisines ? C'est à en douter, au vu de la différence matérielle et des croyances qui les séparent. Mais il ne vaut mieux pas poser trop de mots et pensées là-dessus, elle n'aurait su, au bout d'un temps à qui donner raison, si tant est qu'il y ait un peuple moins sot que d'autres. Mais bref, elle ne cherchera pas à nuancer un regard sérieux et jugeur, bien qu'intriguée. Venir d'aussi loin, pour des affaires ? Il précisera ensuite que ce n'est rien de grave. Ou d'immoral. Puis illégal. Quinnerelle ne peut s'empêcher de lâcher un souffle, rieuse.

- Oh, rends-toi bien compte ; c'est en appuyant autant dessus que tu me parais davantage suspect !

Mais est-ce là en fait toute la blague ? Elle n'a su dire. Sa main reviendra chercher son breuvage, ce dernier trop longtemps perdu sur le comptoir, manquant de lèvres accostant son bord. Elle laissera une nouvelle gorgée enflammer timidement son gosier, avant de continuer la discussion.

- Je ne chercherai pas à creuser plus ton histoire pour le moins curieuse. Mais à vrai dire, cette personne doit être des plus chanceuses, pour que tu en viennes des fins fonds d'Opale pour la guetter ici.

Elle lève les yeux, étirant son sourire d'un côté, puis d'un autre, avant de lâcher d'un ton plus nuancé et sarcastique ;

- … Ou très infortunée, en fait. Mais encore une fois, ça ne me regarde pas, il est vrai.

Car la jeune femme s'en doute bien ; une créature de la sorte, a l'apparence et la posture imposantes... ça ne vient pas à tout le monde que pour parler. Elle plaint déjà son futur interlocuteur, ce dernier devant peut-être être condamné pour certaines actes commises.
Tlaxlheel l'épatera encore deux bonnes fois, lorsqu'il recommandera les plats à peine reçus, et en sortira des couverts plus adaptés à ses poignets. Bien qu'en soi, le tout apparaît presque évident, vu la situation. Quinnerelle finit enfin par se décider à répondre aux interrogations de cette nouvelle connaissance.

- Je suis dans le bataillon d'exploration. Mais accessoirement garde et soldate, officiellement.

Elle trempe une fois encore sa bouche dans sa boisson, comme pour y pécher ses prochaines paroles.

- Officieusement, disons que je ne suis qu'une survivante. Enfin, tu vois l'idée. J'aspire à donner un peu d'éclat à Aramila.

« … Comme toute autre être perdu, trop longtemps confronté à la vision et religion de cette faction » songe-t-elle doucement.

- Si je m suis retrouvée ici... Eh bien j'ai juste pris congé de mes fonctions pour l'heure. Et j'ai voulu le faire entre deux mousses, pour une fois. Il n'y a pas meilleur rempart à ton travail que la beuverie, tu me diras.

Du coin de l’œil, elle voit le tavernier s'empresser de préparer les autres plats destinés à son accompagnateur, qui entame déjà sa première assiette. D'une politesse bienveillante, elle ne pourra retenir la formule habituelle à ce genre de cas.

- Bon appétit.

La téméraire se demandera un instant s'il ne serait pas question pour elle aussi, de prendre un petit quelque chose pour emplir plus encore son estomac. Mais la boisson, en soi, ce n'est déjà pas rien. Bien que ça n'en sera jamais la meilleure option. Elle tentera de reprendre place dans leur discussion, sans forcer, si jamais son voisin désire être tranquille dans son repas.

- Tu te plais dans nos terres, jusque là ? Du peu que je sache et aie pu voir, nos mondes sont bien différents. Ça ne doit pas être le plus amusant de devoir s'aventurer sur nos contrées pour un opalins.

La dernière partie de sa phrase se finit dans un murmure, comme par prudence pour lui, ne voulant pas que les autres tables sachent ou se prennent la tête avec ce genre d'information.