Ven 13 Oct - 8:06
TKT
Jane, Chaya
Xandrie, automne, milieu d’après midi, les bas-fonds de la capitale.
Lieu de honte mais lieu massif. Si Xandrie n’était pas une cité où se démontrait un flux de violence aveugle et continu envers le tout venant. En matière de pauvreté et de chaos urbain en revanche, la capitale du nord défendait avec merveille son titre.
Dès lors que l’on s’éloignait des quartiers et des routes de ceux qui avaient l’argent et le pouvoir, la qualité de la cité déclinait rapidement. Les rues devenaient des ruelles, les demeures de simple maison de pierre construite de plus en plus anarchiquement sans un plan. Puis au bout d’un certain temps… les bidonvilles…
Ici il n’y avait pas de véritables maisons en matière, il y avait des maisons composées de tous les types de matériaux que l’on pouvait récupérer. Pierre, bois, tôle,... Il fallait avoir de l’imagination pour construire avec des choses si hétérogènes au point que cela en devenait presque impressionnant.
Les ruelles d’autant était aussi bien luxueuses, il n’y avait plus que des chemins de tueur souvent boueux à cause des pluies et de l’humidité marécageuse de sol qui n’étaient que partiellement asséchés. Des planches constituaient des chemins pour que les bottes ne foulent pas cette terre humide qui n'était pas constituée que d’eau. Il n’y avait pas d’égout, il fallait bien jeter certaines choses quelque part.
Ici plus que nulle part ailleurs, c’était le monde de la pauvreté, de la véritable pauvreté. Celle dont il n’y avait aucun espoir de sortie. Celle que le pouvoir tentait de cacher en la déconnectant le plus possible de toutes les routes commerciales.
Un monde dans un monde, celui du Cartel. Celui-ci, contrairement à bien d’autres organisations de sa nature sur ce continent, n’était pas un groupe contrôlé dans l’ombre par des élites aristocratiques vivant dans des châteaux paradisiaques. C’était un ordre né de la pauvreté par la main des pauvres. Ce qui n’avait aucun avenir pour nourrir les leurs autrement que par la violence et le vice. Les quartiers comme on pouvait dire.
Quand bien même, les puissants du cartel avaient les fonds pour s’en aller, chacun décidait de rester ici avec les autres. L’endroit avait beau être infecté être les odeurs qui rongeaient les narines, la violence des conflits avec le Guet ou encore les parasites et bestioles en tout genre qui ne rôdait pas ici. Ça restait le quartier, la racine. Et on ne quittait pas ses racines comme ça même avec les moyens d’avoir une vie bien plus confortable.
La guilde des espions n’avait alors pas à s’étonner lorsque cette dernière reçu de la part de la fosse, une invitation dont le lieu était une maison perdue au milieu des bidonvilles. Il était en effet extrêmement rare de voir le Cartel sortir officiellement de son “territoire”. Encore plus quand l’invitation était faite par des personnes de haut niveau dans la hiérarchie, en l'occurrence un maître d’une des quatre branches de l’organisation. Rang obligatoire pour respecter un maître de la guilde.
Habitude de la maison, le communiqué était très lacunaire, le message étant enrobé d’une forme minimaliste. Il ne fallait pas y voir une provocation, le Cartel Xandrien n’était tout simplement connu par son amour des formes, de la politesse et du langage de complaisance. Venant d’un monde violent, le discours était souvent direct, ne s'intéressant que peu à ce que pouvait ressentir autrui en écoutant des mots parfois violents et insultants.
Le message sur le fond était également incomplet. Il était fait demande du support de la guilde sur une opération risquée mais très rémunératrice sans entrer dans les détails. Le Cartel ne voulait pas de preuve écrite de son implication dans cette affaire de toute évidence.
Rendez-vous était donc donné pour parler à vive voix de cette affaire où le cartel expliquerait à la guilde que cette dernière avait récupérée des renseignements sur la présence dans le nord d’une cargaison intéressante de nascents. Celle-ci ayant besoin du support de la guilde pour organiser un petit vol massif…
Naturellement, la guilde des espions, bien plus prudente que son interlocutrice émettait quelques doutes vis à vis de la sécurité des sources du Cartel et des répercussions d'une telle aventure. Malheureusement pour eux, le Cartel n'avait de toute évidence aucune envie d'écouter leurs avertissements. Le monde appartenait à ceux qui prenaient des risques pour saisir leurs chances après tout. Ainsi, les criminels restaient intransigeants sur leur volonté de commettre le larcin.
Voyant bien que le cartel ne changerait pas d'avis, la guilde des espions décida d'accepter d'apporter son aide dans l'opération. Négociant son prix sur les nascents en demandant une petit part de ceux ci. Ce que le Cartel accepta pour une infime partie d'entre eux, offrant en échange un prix sur le reste de la cargaison si besoin de la part des espions.
Accord fut conclus et le vol, malgré la réserve des espions, pouvait désormais commencé...
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Quelques jours plus tard, début de soirée, Oman.
Le soleil se couchait sur cette ville commerciale de l'ouest de Xandrie. Ville commerciale dont le réseau fluvial par le lac proche et restait impressionnant. Toutes les marchandises qui venaient d'Opale passait par ici. Et c'était le cas pour les nascents, entreposés dans la cité jusqu'à leurs envoies dans les mines de Xandrie.
Dans les ruelles non loin des grands entrepôts de la ville, Violette accompagnée d'autres agents du Cartel là pour l'occasion attendaient l'arrivée de leurs partenaires de circonstance. Bien évidemment dès qu'il y avait une mission compliquée, c'était toujours sur elle que ça retombait. Depuis l'affaire du Magistère c'était inévitable il fallait dire. Et quand bien même cela là faisait chier au plus haut point. Elle ne pouvait pas contester des ordres qui venaient de si haut.
Clope au bac, posé par terre et adossée contre un mur. La portebrume observait silencieusement la lune naissante en attendant que les informateurs arrivent. Elle avait elle même ses propres informations mais rien qui ne pouvait valoir ce qu'avait à offrir la guilde des espions.