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Rose rouge et ciel bleu

Rose rouge et ciel bleu Brandw10
Mer 26 Juil - 17:37
Voir de nouvelles têtes à Lavill, c'était pas tous les jours ! S'il y avait de plus en plus d'aventuriers qui venaient ou passaient par le village en reconstruction, il fallait bien reconnaître qu'il s'agissait souvent des mêmes têtes brûlées. À moins qu'ils se ressemblent ? Metzi serait-elle davantage capable de reconnaître un automate d'un autre automate qu'un aventurier d'un autre ? La question ne se posa pas, heureusement peut-être. Il était dans tous les cas probables qu'elle en est oubliés quelques uns.. Celui qu'elle n'avait pas oublié c'était le vieux Jake qui lui ramenait toujours des petits souvenirs de ses différents voyages. Des morceaux éparses de ce vaste monde qu'elle espérait, un jour, parcourir. Un jour. Au côté d'un ami automate. Ce serait le rêve !

Mais pour le moment, son ami automate n'était qu'un coeur de métal. Un coeur froid et inerte. Et ce n'était même pas encore son ami. Si elle voulait très fort le réparer, elle n'avait pas les pièces nécessaires ici et aller les chercher, cela signifiait voyager au moins jusqu'à Xandrie. Elle n'avait que ses jambes et certainement pas assez d'économies pour acheter ne serait-ce que le pied gauche de l'automate.. et avec un pied.. on va pas loin.. Loin de désespérée de sa situation, Metzi tâchait de réunir les bouts de métal qu'elle trouvait ou qu'on voulait bien lui troquer, si elle pouvait fabriquer elle-même le corps principal.. Mais quelle forme devrait-elle lui donner ? Un grand automate lui demanderait des années de collecte et de travail, avec ses ressources actuelles. Pourvu que Jake ait voyagé à Epistopoli, ce paradis sur terre et lui ramène une cellule d'énergie. C'était sans doute trop demandé..

Les pieds dans la neige, de la suie sur le front, Metzi travaillait dehors, elle astiquait des petites pièces et la luminosité était parfaite. Assise sur un tabouret, un torchon sale sur un épaule, un autre sur les genoux, elle semblait totalement absorbée par son travail mais elle avait l'oreille fine, aussi tôt que la neige se mit à crisser sous une botte, elle relevait promptement le nez.

- Jake ?!

Ses grands yeux bleus tombaient sur une silhouette inconnue surmontée d'un tourbillon flamboyant, qui n'était vraisemblablement pas Jake, à moins qu'il ne soit devenu une femme et qu'il ait changé de couleur de cheveux. C'était faisable, cela dit.


Dernière édition par Metzi le Mer 6 Sep - 16:40, édité 1 fois
Mer 23 Aoû - 16:01

ROSE ROUGE ET CIEL BLEU
Le pélerinage

Heather, réveille-toi le chemin est long jusqu’à Opale. Ces mots semblaient lui être chuchoté par l’astre levant, alors qu’elle était allongée sur une branche d’un grand cerisier dont les fragrances sucrées lui chatouillait le bout du nez. D’un bâillement étiré et quasiment sourd, elle se redressa tout en fixant l’horizon. La journée s’annonçait resplendissante, le vent était frais mais la température plutôt agréable en cette saison. Il devait être aux alentours de six heures du matin passé, et nous éclipserons ses préparatifs constitué d’un bain dans une eau trop fraîche, d’une collation à base de cerises et d’autres choses sans grand intérêt.

Sept heures et des brouettes, nous voilà parti pour les six heures de marches qui séparaient son point de chute des dunes d’Oman à son arrivé aux abords du Lavill et de son village éponyme, sa dernière halte avant Opale. Tout ce détour n’avait pas uniquement pour but de rester en sécurité et de s’éloigner des sentiers les plus fréquentés, son statut faisait d’elle une cible de choix. Il s’agissait également d’un pèlerinage, de prendre un temps pour se recueillir une dernière fois sur un lieu qui avait marqué sa relation avec Siana. Prendre le temps de souffler après ces dernières années, qui avaient en un claquement de doigts entrainer des changements radicaux et sans retour possible dans son existence.

Son cœur n’avait cessé de se serrer alors qu’elle longeait les cours d’eaux, se contractant et sautant un battement à son arrivé à l’entrée du village. Elle suffoquait presque tant ses émotions s’emportaient et l’emportaient sur son contrôle de soi. Pourtant, à côté de Xandrie, Lavill faisait bien peine à voir, c’était comparer une jeune pousse à un chêne millénaire. L’Étoile erra dans les rues tâchant de reprendre ces marques dans cet endroit qui avait tant changé en l’espace à peine plus d’une dizaine d’années. Elle tâchait de filtrer les émotions des personnes aux alentours, et de s’en détacher pour ne pas finir submergée, un exercice bien difficile pour toutes personnes de sa race.

S’arrêtant devant une échoppe, des bruits de crissements et de frottements métalliques attirèrent son attention et elle s’avança dans une petite cour où une femme pastel et haute en couleur semblait travailler des petites pièces avec minutie. L’Hespéride se trouva nommée Jake et répondit aussitôt en arborant un joli sourire.

- Heather, enchantée

Elle tâcha de se concentrer sur les émotions de son interlocutrice du moment, un brin de surprise et une pincée de déception. Qui que ce Jake puisse-t-être, la travailleuse semblait l’attendre. Rouge s’avança d’un pas délicat, dénotant une certaine prudence pour ne guère empiéter trop sauvagement dans l’espace de son vis-à-vis.  Elle attrapa une pièce de métal presque rutilante et en admira la minutie dont il avait fait preuve pour la nettoyer.

- Peut-être que vous pourriez m’aider jeune femme, à double titres. elle marqua une pause pour capter totalement l’attention de miss pastel. Je viens de Xandrie et pour certaines raisons j’ai décidée de faire escale ici, mais impossible de retrouver la taverne où j’allais jadis « Lavill la» me semble t-il. Un léger rire s’échappa tant le nom sonnait comme une blague réalisée par un enfant. Seriez-vous si elle existe encore ? Oh et, j’aurai besoin de graver quelque chose sur une plaque, et ce n’est pas tant dans mes cordes que dans les vôtres, j’ai déjà la plaque et bien sûr je vous paierai !

S’amusant tout au long de sa tirade avec la pièce d’acier, Heather, un brin enfantine s’amusait à refléter le soleil tantôt dans les mèches de la jeune femme que sur les murs ou la neige aux alentours. Feignait-elle ce côté immature ou relâchait-elle réellement la pression, la vérité se trouvait peut-être entre les deux. Dans tous les cas, elle espérait sincèrement que l’artisane accepterait à minima la seconde tâche !

Mer 6 Sep - 17:53
Ce n'était pas Jake. À l'évidence. Le tourbillon rubis qui se présentait. Ezer ? Ça lui disait rien à l'arc-en-ciel. Pas du coin, ça c'était certain. Non contente d'être une étrangère, voilà que la flamboyante chipait un truc sur son atelier et se mettait à jouer avec. Il y en a qui travaille ici ! C'est ce qu'aurait dit Al' avant de voir s'il pouvait lui vendre quelque chose. Metzi la regarde faire, un peu curieuse. Est-ce que c'était une aventurière ? Elle était seule mais son groupe était peut-être plus loin ? Où elle faisait partie de ses quelques têtes brulées qui se lançaient seules, tête la première, dans la brume ? Et revenaient sans. Sans leur tête. Ou un petit bout confus. Elle avait pas vraiment l'air d'une aventurière cela dit.. Mais qu'est-ce qu'une étrangère viendrait faire à Lavill si elle n'allait pas en direction de la brume ? Metzi tente de se rappeler ses leçons de géographie, en vain. Elle abandonne d'ailleurs momentanément l'idée de deviner les intentions ou objectifs de son interlocutrice lorsque cette dernière évoque le nom de la taverne.

- Elle s'appelle plus com'ça.

Et c'était pas un changement récent. Celle qui venait pour "certaines raisons" avait fréquenter la taverne plus de dix ans en arrière. Metzi plisse les yeux avec suspicion, faisant peser sur le visage trop innocent de la nouvelle venue, le bleu perçant de ses prunelles inquisitrices. Une longue seconde s'écoula avant que le visage juvénile ne se détende totalement comme si Metzi avait brusquement oubliée l'objet de sa suspicion.

- Je vous accompagne. Dit-elle tout naturellement, s'essuyant les mains sur le torchon qui trainait sur son épaule.

Elle se redressait, poussant des mollets le tabouret sur lequel elle était assise depuis plusieurs heures. S'étirant tranquillement, elle passe devant la dénommée Ezer pour lui montrer la voie. Elle se tournait cependant vers la rouquine avant d'entamer la marche, pointant du doigt la pièce que l'étrangère avait entre les mains.

- Vous avez sali mon travail.

Son visage impassible n'exprimait pas la moindre colère. La dame rouge ne s'était peut-être pas rendu compte que la pièce avec laquelle elle jouait avait été minutieusement nettoyée, dans ses moindres méandres, fissures presque invisibles et fourbes recoins. Avait-elle ruinée plusieurs heures de travail ? Sans doute pas, ou bien l'artisan ayant effectué ce travail ce serait énervé, n'est-ce pas ? Bien loin de s'énerver, Metzi ne retirait même pas la pièce des mains de l'étrangère. Elle faisait trop confiance aux inconnus, c'était certain.

- C'est par là.

Factuelle, la demoiselle avançait.

- Matériaux et dimensions ?

Factuelle et claire, comme tout bon artisan...

- De votre plaque.

Trop sympa Metzi. Se tournant légèrement vers l'étrangère, la jeune fille l'observait à nouveau, sans chercher à s'en cacher. Une tignasse pareille, elle s'en serait souvenu si elle l'avait déjà croisé, pas vrai ?

- Vous faisiez partie des premiers aventuriers à venir à Lavill... Elice ?

C'était ça son nom, pas vrai ?
Sam 9 Sep - 15:48

ROSE ROUGE ET CIEL BLEU
Le pélerinage

Rouge haussa un sourcil à la réponse négative quand au lieu de sa destination, la taverne « Lavill la ». Presque déçu que ce nom qui les avait tant fait rire elle et Siana ait changé, il n’y avait plus qu’à espérer que le lieu n’ait pas trop changé. Au moins la taverne n’avait pas fini entièrement démoli, et bien que les souvenirs restent dans l’esprit, il fait toujours chaud au cœur de se poser dans un endroit familier.

L’espionne lorgnait le visage face à elle tout en scrutant les émotions de son vis-à-vis. La vitesse avec laquelle ces derniers passèrent d’une certaine méfiance à une pointe de bienveillance était remarquablement étonnant. Soit Heather avait bel et bien réussi son coup, soit miss pastel était particulièrement crédule quant à la bienveillance du monde. Pour une question d’égo, il fut décider que la première option était la plus probable.

- Vous avez sali mon travail.

Jonglant encore de la pièce entre ses doigts, elle se stoppa net en fixant la pièce pour l’examiner à nouveau. De son œil d’ignare de l’artisanat, elle ne voyait pourtant aucun changement et regarda presque sceptique son accompagnatrice. Elle reposa dès lors la pièce d’acier sans chercher davantage d’explication.

- Navrée, je ne pensais pas « salir votre travail », je vous assure avoir attention pourtant ! on aurait presque pu entendre les guillemets dans sa prononciation tant elle doutait d’avoir pu salir quoi que ce soit. Mais je vous suis sincèrement reconnaissante de m’y mener !

Légèrement tatillonne voir maniaque la miss pastel ? Au moins elle prendra soin de la plaque de Niobium. Alliage particulièrement résistant qui va sans doute requérir une certaine minutie pour le graver.

- Du Niobium, quarante centimètres de long, quinze de haut, trois d’épaisseur. Elle est dans mon paquetage.

Heather était arrivé près d’un an avant, elle songeait tout en suivant sa guide qui commençait à cheminer jusqu’à la taverne, restant à un ou deux pas derrière cette dernière. De longues secondes passèrent avant qu’elle reprenne, s’arrêtant un instant pour peser le pour et le contre de révéler la véritable information. Que risquait-elle ? Sa paranoïa professionnelle tendait à prendre le dessus, lentement mais sûrement. L’héspéride pressa le pas pour rejoindre miss pastel et

- Avant même les premiers aventuriers. Peu après la chute de Dainsbourg, mais j’imagine que vous n’étiez pas née. Un temps de pause, elle repris subitement sa posture et prestance. Oh et, c’est Heather pas Elice, mais vous pouvez m’appelez Rouge tout simplement. D’ailleurs ma guide a-t-elle un nom ? Lâchait-elle amusée par miss pastel, qui paraissait tantôt enfantine tantôt très sérieuse. Une véritable girouette cette demoiselle.

Si vous avez un moment, je peux vous offrir un verre et vous expliquer ce dont j’ai besoin pour cette plaque?

Cette proposition n’était pas totalement franche, il s’agissait plus d’un moyen pour en savoir plus sur Lavill et également sur l’étrange personnage qui la guidait. Heather s’interrogeait sur ce qu’elle pouvait transporter dans son dos. Une arme ? Une prothèse ? Un étrange sac bidouillé ? Peut-être était-il trop tôt pour ces indiscrétions. Rouge refreina ses questions qui dansaient allègrement dans le fond de son crâne.

Mer 13 Sep - 20:16
Les prunelles azur se lèvent, confrontent le ciel, plus aussi bleu. La pâleur de cumulus éparses envahirait bientôt la trame de fond de cette étrange rencontre. Qu'importe la blancheur à venir, les couleurs célestes avaient déjà trouvé refuge sur les épaules pourtant sales de l'ange. Elles volaient, d'une mèche à une autre, en pastels infinis, cascadant le long de ses bras, s'essayant à couvrir l'étrange attirail qui occupait déjà son dos. L'arc-en-ciel balance légèrement sa tête sur le côté, jetant un regard par dessus son épaule à la femme derrière elle qui semblait remettre en question sa culpabilité.

- Même des bottes propres laissent des empreintes.

Et la voilà qui porte un index à son menton comme si elle était une sorte de sage à longue barbe. L’imitation ne serait pas aussi comique si la jeune fille n’y mettait pas le plus grand sérieux. Elle se retourne pour reprendre sa route. Elle n’était pas certaine, en réalité, d’avoir bien retenu les sages paroles de son maître. Lui-même jouant, par intermittences seulement, le rôle du sage. Peut-être avec plus de brio que son apprentie. N’était-ce pas des “bottes neuves” ? Cela ne devait pas changer grand-chose, non ? Des bottes neuves devaient être propres alors le sens ne devait pas tant changer que ça, n’est-ce pas ?

Quant à l’explication, elle était vraisemblablement tellement évidente qu’elle se passait de vocalisation. Ou alors elle était laissée libre à interprétation.

La chevelure rubis n’aurait pas le temps d’y réfléchir très longtemps car voilà que son guide tourne au coin de la prochaine rue avant de s’arrêter quelques mètres plus loin sous une enseigne fraîchement repeinte. La demoiselle regarde fixement cette enseigne et elle donne l’étrange impression de la découvrir pour la première fois.

Sur le panneau de bois suspendu au-dessus de l’entrée, on a peint un peu maladroitement pour recouvrir, sans doute pas pour la première fois, les anciennes écritures. La calligraphie est plus élégante que le coup de pinceau, elle trace en lettre de charbon le nom de l’établissement. Il semblerait que les habitants de Lavill, ou tout du moins les tenanciers, aient un sens bien à eux des jeux de mots.

Lavill à Jouase

Metzi tourne la tête dans la direction de la dame rouge.

- Ça devrait être là.

Ça devrait. Quel guide en or avez-vous trouvé là  ! Elle entre cependant, d’un pas assuré, comme si son ignorance était tout à fait incapable de faire frémir le moindre de ses muscles. L’atmosphère chaleureuse enveloppe immédiatement les deux jeune femmes, au fond de la pièce, un vieux piano résonne sous les doigts en partie mécaniques d’un grand barbu, derrière le comptoir, une femme à la peau d’ébène agite mollement le torchon avec lequel elle essuyait ses verres.

- [color:2b9b=7EC488]Salut Metzi, qu’est-ce que tu nous amènes aujourd’hui ? Un coquelicot égaré ?

Le visage avenant de la barmaid sourit aimablement à la nouvelle venue et les suit un instant du regard alors que la dénommée Metzi rejoint ce qui pourrait sembler être sa table habituelle.

- Ah oui, mon nom, c’est Me..

On vient de te le dire, Metzi ! C’était il y a quinze secondes !

- Meme, conclue-t-elle.

- [color:2b9b=7EC488]Metzi, rectifie la barmaid, sans étonnement.

- Metzi, répète la dénommée, comme si c’était sa première réponse.

La femme d’ébène hausse les épaules et questionne ses clientes sur ce qu’elles veulent boire. L’ange laisse la primeure à la pas-si-étrangère-que-ça et commande un whisky.

- Avant les premiers aventuriers, vous avez dit. Qu’est-ce qui vous a amené ici ? J’ai toujours cru qu’il n’y avait même pas de ville ici avant la brume.

Curieuse, la jeune femme laissait librement s’exprimer toutes les questions qui lui passaient par la tête.

- Le Niobium c’est pas n’importe quoi que vous avez là, vous voulez y graver quoi ?

Si Metzi se questionnait déjà sur la difficulté du travail qu’on allait lui demander de réaliser, elle ne sembla pas s’interroger sur sa rémunération. Les informations étaient plus précieuses que l’argent, sa soif de connaissance plus grande que celle d’enrichissement. Seulement, Metzi oubliait -pour ne pas changer- que ce n’était pas avec des info qu’on achetait des parties d’automates. Quoi que ?

Approchant de leur table, la barmaid posait les commandes des deux clientes et devant Metzi trônait désormais un grand verre de lait. L'arc-en-ciel levait des yeux plissés d'injustice en direction de leur serveuse qui affichait un petit sourire convenu, pas d'alcool pour les enfants. Et pas d'alcool pour Metzi.