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Sable dans l'engrenage [Pv Ratamahatta]

Sable dans l'engrenage [Pv Ratamahatta] Brandw10
Mar 19 Juil - 21:55
Une époque de feu, de sang et de sueur. Le bruit assourdissant des machines et l'odeur acre des huiles de moteur. Les cliquetis des écrous et des vis qu'on resserraient, ou des marteaux qui frappaient l'acier pour lui donner la forme désirée. La fumée épaisse que dégageaient les fourneaux quand on s'y approchait, et les cuve de métal en fusion qui avançaient en ordre de bataille, les unes derrière les autres, sur les raques aériens. La fonderie, c'était le berceau du progrès, la première maille de la chaîne qui reliait la science, à son application la plus concrète. Bien beau de discuter, échanger, d'avoir des théories... Il faut aussi des mains pour les mettre en pratique, et des matières premières pour leur donner forme. Ne restait que le génie, lui et sa lampe qu'on frottait tous les jours, pour lui donner vie. La fonderie, c'était aussi le terreau parfait pour les grèves, et les réclamations du peuple y étaient généralement, si ce n'est solutionnées, au moins écoutées. 

Il faut dire que si les scientifiques et les hauts dirigeant étaient la tête, les fonderies étaient le centres névralgiques de l'activités Epistople. Un centre nerveux agacé, à vif, gonflé et prêt à éclater. Eustache n'en était pas à sa première grève, aussi laissait-il les petits nouveaux s'exprimer, avant de venir faire son discours. L'observation, lui permettait de mieux comprendre, et une meilleure compréhension, c'était le premier pas vers la victoire, et vers encore plus de grabuge.

Seul objectif du jeune homme à cette époque. Faire sauter la roue de son ornière et abattre une pluie de merde sur la bourgeoisie. Leur faire payer la mort de sa mère, et celle de son père. Tous deux victimes du système, broyer par la roue impitoyable du destin, créer par les grands cerveaux de la haute ville.

- Ca sert à rien, il faut frapper un grand coup ! Disait l'un des ouvriers avec son bonnet rouge, et des moustaches encore plus impressionnantes que celles d'Eustache. 

- Et tu veux faire quoi de mieux ? On a déjà essayé les grèves partielles, on a déjà proposé des solutions aux patrons, nous écoutent pas ... Fit un autre, lunette sur le nez, entrain d'ajuster une machine. 

- Il faudrait qu'on rassemble tous les gars, qu'on intensifie le mouvement, qu'on durcisse le ton ... Fit un troisième et dernier larron, derrière les hauts fourneaux qui fumaient. Eustache aussi. Son cigare en bouche, un cuir marron lui donnant l'air d'un pilote d'astronef, il s'avança pour briser la formation des comploteurs de la troisième fonderies qu'il visitait aujourd'hui... 

- Ecoutez mes camarades, je comprends votre douleur. J'ai perdu mon père dans les mines, ma mère s'est tuée à la tâche pendant que moi, j'réparais les merdes d'en haut, comme un bon toutou fidèle. Mais c'est fini maintenant, j'ai pris mon destin en main, et je vous invite à en faire de même. Réunissez tous vos gars, cette semaine c'est grève totale et blocus de la fonderie. Vous n'êtes pas seuls, sachez le, les autres fonderies sont avec nous. Aujourd'hui, c'est une simple réunion, mais demain ... Oui, demain, les choses sérieuses commencent ...  Dit-il avec passion, sa verve convainquant les trois hommes devant lui. Si l'entreprise serait une armée, ils en étaient les lieutenants.

- Je vous laisse, préparez vous, demain, rendez vous sur l'esplanade du quartier des zingueurs, avec tout ceux qui rêvent d'un meilleur traitement, d'une meilleure considération, et qui veulent vivre, plus que survivre.   Il leur avait donné tous les éléments de language en quelques phrases, il comptait maintenant sur eux pour faire passer la bonne parole auprès de leur troupeau : Nous méritons mieux, que les restes et la mort.  

Et il disparut, direction le quartier générale. Henry Blackwood devait lui présenter un contact, qu'il disait "pouvoir tout changer"... Il espérait que c'était vrai, tandis qu'il se dirigeait vers le "Dernier Verre", l'établissement ou les grévistes avaient leur habitude, et surtout ceux de sa bande. Réputé malfamé, pour autant la nourriture était pas si dégeu, et les verres assez propres pour pas avoir à ramener le sien, de crainte d'attraper une hépatite, ou une connerie du genre que le patron pouvait charrier dans sa salive.

Il passa la porte, tandis que les têtes se tournèrent, il fit signes à ceux qui lui étaient fidèle, et se calant derrière la table habituelle, cala ses pieds sur le meuble avec soulagement. Encore une bonne chose de faite, n'en restait plus qu'une centaine d'autre à accomplir. Devant lui, étaler par dizaine, des machines, des moteurs en pagaille, des écrous et des vis pour assembler ce qui ressemblait à un drone.

Tout ça pouvait attendre, une petite mousse fut poussé du comptoir sur un plateau, et déposé avec délicatesse par Judie, devant lui. Ah, oui, la soif. Il oubliait souvent que s'hydrater était important, heureusement que l'ami du bar avait pour habitude de lui rappeler que c'était la base d'un corps sain.

Et ne manquait plus que l'esprit saint, pour aller avec.