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Escapade aux archives de Crystech

Escapade aux archives de Crystech Brandw10
Sam 6 Mai - 16:45



Le grand soir était finalement arrivé, se disait Gauss. L'opération de cette nuit avait été préparée pendant de longs mois. La lune était au plus haut, sur son trône étoilé. Il avait encore quelques heures avant que le soleil ne gracie les rues d'epistopoli des ses rayons chatoyants. La cible de ce soir n'était pas une proie facile, en réalité, c'était la mission la plus dangereuse et importante qu'il ait dû accomplir jusqu'ici. Son objectif, les bureaux de Crystech. Ou plutôt l'annexe B de Crystech. Le bâtiment principal, cette haute tour de métal et de vitre, était une cible bien plus alléchante, mais encore bien mieux gardée. Il aurait pu y fouiller directement les laboratoires les plus importants de la compagnie ou, mieux encore, arpenter le bureau du grand sapiarque lui-même. Les informations ainsi glanées, auraient promis à son père des faveurs très enrichissantes de la part du régent. Cependant, ils durent se résoudre à diminuer le prospect de gain afin d'augmenter les chances d'un retour indemne du jeune Blass. L'annexe B était un bâtiment volumineux de plusieurs étages qui renfermait, entre autres, les archives de la compagnie. Il espérait y trouver là, des secrets de production ou alors des anomalies financières qui pouvaient indiquer des entreprises douteuses et dissimulées.

Deux flashes lumineux provenant de la porte d'accès central signalèrent le début de la valse. Perché sur un toit avoisinant, caché dans la pénombre, le hibou se mit en mouvement. Il descendit la façade du bâtiment, en quelques mouvements assurés avec l'aisance d'un félin. L'espion en mission fit un rapide tour d'horizon de la rue éclairé, avant de la traverser à rapides foulés. Face au mur en pierre de l'enceinte, l'agile strigoi usa de son élan pour se propulser et agripper le haut de la muraille. Quelques secondes plus tard, il chutait de l'autre côté pour se diriger vers l'origine des signaux : l'accès secondaire réservé aux livraisons.


Le plus long dans l'organisation de ce vol, a été de trouver un point d'accès et des informations sur le plan du bâtiment. Jusqu'à présent, Gauss s'était cantonné aux particuliers, dans des logements plus ou moins protégés, mais dont on pouvait toujours soit observer de loin, soit s'introduire par une fenêtre ou en crochetant une serrure. Le problème ici, c'est que le bâtiment n'avait quasiment pas d'ouverture sur l'extérieur et que les seuls accès se faisaient via un badge magnétique et étroitement gardé par du personnel de sécurité. Il a donc fallu s'armer de patience pour pouvoir implanter une taupe au sein de ce même personnel.


- Tiens, voici le badge magnétique qui te servira à déverrouiller les accès. Ça n'a pas été facile, mais j'ai réussi à subtiliser un pass de niveau supérieur. Avec ça, pas beaucoup de porte te résisterons à l'intérieur. Tu as deux heures. Après, je pars en patrouille et quelqu'un me remplacera à ce poste.


Gauss acquiesça d'un simple hochement de tête et usa de son tout nouveau sésame pour pénétrer les murs de l'annexe. A partir de là, il sait qu'il erre dans une prison qui se refermera sur lui à la moindre occasion. Il sentit son angoisse prendre le dessus, ses mains devenir moites et son cœur battre avec la clameur d'un tambour. Il se calma un moment et sortit de sa sacoche une blouse blanche qu'il s'empressa d'enfiler. Il vérifia que sa petite carte de personnel pendouillait correctement à sa poche avant. Avec cet accoutrement, sa mission devrait se dérouler plus facilement. L'indic lui avait signalé que des chercheurs en blouse déambulaient parfois dans les couloirs, issus de certains laboratoires du bâtiment. Les vigiles, ne les connaissant pas tous de tête, ne prêtaient pas attention à eux durant leur patrouille. Seule une vérification d'identité était faite à l'entrée du bâtiment. Le strigoi blafard, abaissa son masque à filtre, pour paraître moins étrange, et déambula dans les couloirs en direction des archives. Après un sursaut d'angoisse, il put témoigner de l'efficacité de son déguisement en croisant un garde qui le laissa vacer à ses occupations, non sans quelques regards curieux. Était- ce une pointe de suspicion ou bien, des regards admirateurs de la beauté efféminé du jeune homme ?  Il ne s'en soucia pas plus, et arriva à sa destination. Après un nouveau coup de sésame, l'entre des archives s'offrit à lui. Une grande salle vertigineuse composée d'étagères métalliques qui rassemblait en son sein des milliers de documents relatant les faits et gestes de la firme colossale. Il avait un début de piste par où commencer sa recherche, mais il devait d'abord se repérer dans ce dédale d'étagère mécanisé.

Mar 13 Juin - 23:28
Les tests n’en finissaient pas, Hrodland avait passé plus d’une semaine d’affilée en confinement dans le laboratoire de développement mécatronique de Crystech afin de procéder aux derniers calibrages qui devaient lui assurer un voyage sans encombre à travers le désert d’Aramila. Les chercheurs craignaient d’autant plus que l’expérience d’intervention en situation réelle ayant eu lieu quelques jours avant les tests n’ait altéré son jugement, ce qu’il s’efforçait du mieux qu’il pouvait de cacher derrière son faciès inexpressif et sa colère habituelle. Les scientifiques étaient un peu devenus sa famille, ils étaient bien les seuls à éprouver de l’intérêt pour lui et à converser au-delà des impératifs du jour. En tout cas, c’était ce qu’il aimait penser. Il savait que certains d’entre eux étaient des psychologues pour automates qui s’assuraient de son état mental.

« Est-ce que tu veux que je laisse les rideaux ouverts ? »

Hrodland acquiesça d’un mouvement de la tête. Son corps démantelé par endroits trônait sur une chaise de dentiste qui permettait à l’équipe de maintenance d’accéder à l’entièreté de son corps sans avoir besoin de le faire bouger. Il savait qu’il devait rester en état de veille quand on ne s’occupait pas de lui, mais les psychologues avaient conclu que rester conscient durant la nuit pouvait accélérer son processus d’apprentissage émotionnel.

La vérité, c’était que Hrodland en profitait surtout pour envisager toutes les stratégies possibles contre Asgrevain et Kordred. Il ruminait et canalisait sa colère pour quelque chose de productif, ou tout du moins productif selon lui. Le psychologue quitta la pièce, la plongeant dans une obscurité que seules la lueur sanguine des yeux de Hrodland et les lumières électriques de la ville perçaient.

Ce fut sans doute ce qui permit à la soirée de se dérouler comme elle allait le faire.

Le regard de Hrodland balayait la ville, contemplant l’éclairage des lampadaires qui lui donnaient cet air si familier… si sûr. Et pourtant, ce fut en observant les toits que son attention se porta sur une silhouette accroupie sur un toit, à peine discernable et sans doute quasiment invisible pour des yeux organiques qui n’opéraient pas à 100% de leurs capacités en permanence. Il vit le curieux personnage se lever et bondir depuis le rebord du bâtiment. On lui avait déjà expliqué le concept de suicide, qu’il trouvait assez curieux chez les organiques qui se révélaient extrêmement difficiles à remplacer, contrastant Hrodland et ses congénères chez qui l’on installait systématiquement un dispositif d’autodestruction.

Il voulut se lever de sa chaise pour y voir de plus près, observer la réaction des passants à la bouillie humaine qui devait se trouver par terre, mais manqua de tomber à cause de sa jambe droite démontée. L’automate sautilla du mieux qu’il put jusqu’à atteindre la fenêtre, mais ne trouva aucune trace d’un cadavre, simplement l’ombre silencieuse qu’il avait repérée qui descendait la façade de son perchoir avec une précision de maître. Le mystérieux individu fila ensuite à travers la rue en direction… de l’immeuble de Crystech ?

Hrodland eut un mauvais pressentiment. Il se saisit de sa jambe et de son bras posés sur une table au milieu de la pièce et les reconnecta à son corps, serrant le poing pour vérifier le taux de tension de ses muscles métalliques. Une fois certain de ses performances, Hrodland activa son Nascent, manifestant une couche caoutchouteuse sous les semelles de ses pieds qui neutralisa presque totalement le son qu’il produisait en marchant. L’OAP réfléchit aux endroits qui intéresseraient un potentiel cambrioleur. Un vulgaire ferrailleur ne se serait pas risqué à infiltrer Crystech au vu de la sécurité du bâtiment, et s’il y avait un super-prototype à voler, il s’agissait de la teigne verte qui cherchait ledit voleur. De l’espionnage industriel, alors ? Hrodland pressa le pas, seul le léger vrombissement aigu de ses servomoteurs pouvant trahir sa présence, en tout cas en omettant l’éclairage rouge vif de ses yeux comme il le faisait.

L’OAP parvint à l’étage administratif, au centre duquel trônaient les archives. Il devait s’agir d’un des endroits les plus sécurisés du bâtiment, et l’on n’y entrait pas sans carte d’accès au risque de déclencher une alarme généralisée qui rameuterait one bonne vingtaine d’automates de sécurité.

Ce pourquoi Hrodland décida d’assommer un agent de sécurité qui surveillait l’étage afin de récupérer sa carte magnétique.

Quoi ? vous pensiez qu’on allait se donner la peine de confier un passe-partout d’entreprise à un produit commercial ? heureusement que Hrodland était débrouillard et pragmatique, sinon il aurait dû se contenter d’enfoncer la porte. Le lecteur bipa, déverrouillant la porte dans un « clac » qui indiquait que le verrou magnétique avait relâché sa prise. Le regard menaçant de l’automate balaya la zone alors qu’il longeait délicatement les étagères. Il voulait régler cette histoire le plus tôt possible, il fallait trouver l’intru.
Sam 17 Juin - 10:52
Le coffre au trésor s'ouvrait à lui, dans un calme plat ou seul le son lointain de l'alimentation des machineries cassait la tranquillité du lieu. Il resta là un moment, très attentif à chaque claquement, chaque bruit ambiant, pour s'assurer que personne n'était déjà présent dans la pièce. La voie lui sembla libre et il se relaxa, bien que toujours monté sur ressort. Le lieu était une mine d'or, il lui fallait maintenant creuser. Non pas armée d'une pioche mais d'une liste de mot clés concernant certains modèles encore au stade de prototypes, il se mit en quête des bonnes étagères. L'index du lieu lui servit de guide pour trouver son chemin.

* Secteur B-23, secteur B-23 *

Alors qu'il déambulait parmi ces longues lignées d'archives, il repensa à ses possibilités, à ses plans de secours, à tout ce qui pouvait mal se passer ce soir. Il angoissait entre ces murs. Pas de fenêtre, pas d'ouverture, pas de trou de souris pour prendre le large. Il aurait préféré rester sur ce toit, loin du danger, en hauteur, dans son élément.

* Le voila. Secteur B-23 *

Le strigoi usa du tableau de commande, et activa un bras mécanique qui captura une boîte de document au sein de l'incroyable structure pour la lui présenter. L'activation de la machine mit fin à la tranquillité des lieux, en produisant un ronronnement bien trop bruyant aux oreilles du trépasseur. Les sens en éveil, il était persuadé que ce bruit pouvait réveiller les murs, qu'ils prennent vie et se referment sur lui. Malgré sa logique le rassurant sur le fait que ce boucan ne parvenait pas jusqu'à l'extérieur de la pièce, il ne pouvait s'empêcher d'être aux aguets. Guettant autour de lui, tendant l'oreille, presque à sautiller sur place pendant que la machine lui présentait son butin. Il récupéra la boite avec satisfaction et feuilleta furieusement les documents pour dénicher quelque chose afin de déguerpir au plus vite. Il était bien content que le calme ait repris son droit, calmant son cœur qui accélérait à chaque note lointaine.

- CLACK !

L'espion se stoppa net, son cœur en tambour. Il tendit l'oreille, concentrant toute son attention sur la provenance de cette vibration. Il avait une telle concentration que son esprit s'était presque échappé de son corps pour s'y projeter et y trouver des réponses. Il avait reconnu ce bruit claquant, c'était la porte d'entrée, le seul point d'accès vers l'extérieur. Ou presque. Mais pourquoi maintenant ? Sa logique lui aurait-elle menti et le bruit des machines aurait- il attiré l'attention d'un garde trop fervent ? Ses oreilles ne parvinrent pas à discerner des bruits de pas, ou autre signe d'un danger. Ce qui était encore plus anxiogène pour Gauss, ne pas avoir une longueur d'avance sur ce nouvel être qui pénétrait son territoire le rendait vulnérable. Ses sens lui criaient de prendre ses jambes à son cou. Vite. Il plaça dans sa sacoche quelques documents qu'il avait à peine zyeuter et en jeta d'autre par terre, espérant distraire ce nouvel intrus. Si c'était un savant, nul doute qui passerait du temps à ranger. Il activa également la machine, pour attirer l'attention et camoufler encore plus ses bruits de pas déjà discrets. Il se dirigea le plus rapidement possible à l'opposé de la porte d'entrée, ne voulant pas croiser quiconque qui venait d'entrer. Il pouvait essayer de contourner l'étranger, se diriger vers la porte alors qu'il s'était éloigné. Mais cela restait trop dangereux. Il préféra user de sa carte secrète, une autre échappatoire, les bouches d'aération. Les plans lui avaient indiqué une voie en hauteur qui pouvait mener vers d'autres pièces et couloirs.

Il s'empressa de naviguer dans les allées , tentant un maximum de casser les lignes de vues, rester cacher et profiter de la protection de quelques chariot laissée ici et là. Il aperçut la bouche d'aération en question, à plus de deux mètres du sol, au-dessus d'un rayon. Avec l'agilité et la maîtrise qui était la sienne, il grimpa en moins de vingt secondes tous les paliers qui le séparaient de son issue de secours. Posté en haut du mobilier, il s'engagea à retirer les clapets qui retenaient la protection extérieure, dans une précipitation qui lui fit oublier la discrétion. Alors qu'il avait enfin fini sa tâche, et retirer ce qui bloquait l'ouverture, le bout de métal lui glissa des mains pour retentir deux mètres plus bas.

* Saleté ! Bien joué Gauss, vraiment bien joué … *

Il ne perdit pas plus de temps et s'engouffra dans ce petit couloir exigu en sachant qu'il avait sans doute un poursuivant à ses bottes.