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[Event] Le fleuve

[Event] Le fleuve - Page 2 Brandw10
Dim 29 Jan - 23:32


Le Fleuve

- ft.  une vache titanesque


Le chaos croulait entre les herbes fauves et a travers le brouillard épais, comme une trainée de poudre prête à être incendiée. Dans cette confusion de mouvements, de bruits et de lumières, Percéphale avait perdu palmes avec le réel, l'espace d'un instant trop désarçonnée par cette cacophonie de foudre et de voix. Une douleur vive assenée à son crâne, ses rhinophores et ses sensations dressés à vifs, elle mit un moment à se ressaisir. De brusques éclairs avaient tonnés contre la terre et fendu l'air comme une seule lame; et devant ses yeux grèges hasardés vers le titan, brume dissipée de l'horizon, s'élevait ce maudit bovidé, hideux, difforme, aberrant. Cette vache. L'écume aux lèvres, le poil sale, la chair pendante, et l'attitude démesurée. A ses pattes infectes foulant la boue, une fumée dense et grise avait fait son chemin autours de la Perce-rive et de ses compagnons, et en jetant un regard d'incompréhension à son côté, interpelée par un cri, elle découvrit le sort de Tiphaine. Elle semblait à la fois tétanisée et en proie à une épouvante sans pareil. De son corps brûlé s'échappait comme des nappes de cendres et sa voix se brisait au moindre mot. Et puis, de nulle part, comme dans un monde onirique où rien n'avait plus sens, la vision de Persival se floua pour prendre la forme d'un souvenir nouveau et d'une nostalgie étrangère. D'une sensation de bien être qui lui fila la nausée quand elle entrevit le visage de Lawrence. D'une confusion qu'elle n'arriverait pas même à expliquer de ses mots.

D'un mouvement hâtif, le triton ferma les yeux et se secoua la tête, paumes sur la peau. Est-ce que ce vaste scénario avait le moindre sens ? Elle avait entendu des récits impressionnants dans sa jeunesse; mais rien, Ô grand rien n'égalait le désordre et l'agitation qui régnait sous ses yeux. Les voix de ses compagnons atteignaient à peine son esprit. Tout n'était que chaos et sensations intrusives et violentes. Il lui fallut un instant pour se calmer et faire le vide autour d'elle. Elle ne savait pas ce que le vieux capitaine allait encore trafiquer, mais on ne lui dirait pas deux fois de décamper de là.

D'un bond, Percéphale se leva, attrapa la seconde par le bras et, sans attendre d'assentiment, l'entraîna avec elle loin de ce tumulte. On entendait la voix bruyante de Lawrence retentir dans leurs dos, et cette musique insoutenable traçant ses échos dans l'air encore pesant. « Laissons-le se débrouiller avec sa foutue musique. J'avais dit que ce serait pas la dernière chose que j'entendrai avant de mourir, et je compte bien tenir parole. » Un coup d'oeil à Tiphaine lui assura que, dans ses yeux, l'orage n'était pas passé. On lui avait raconté des histoires similaires. Deux esprits dans un seul regard. Elle comprenait à demi-mots ce qu'il se passait, bien qu'incertaine. « Essayons d'être en vie encore un peu, ok ? »

Devant elles, quelques mètres plus loin, on entendait la cohue du reste du groupe - mais leurs éclats n'annonçaient rien de bon. Allons bon, qu'est-ce qu'il se passait là bas ? Cette trainée de poudre, prête à flamber à la moindre étincelle, s'insinuait encore sous leurs pieds et jusqu'au reste du convoi; on distinguait très péniblement des silhouettes qui n'étaient pas à leurs côtés plus tôt encore. Les couleurs d'Epistopoli brillaient à travers le brouillard épais. Mains toujours sur le manche de sa hallebarde, à l'affût, la nudibranche guetta le danger. Ils étaient à nouveau au bord du rivage. Elle fit signe à sa comparse d'être discrète et se glissa aux bords de l'eau, en retrait, dans une volonté d'humidifier sa peau et de préparer ses mécanismes de défenses.

Quand, désarçonnée, une bourrasque d'air vint lui prendre la gorge, agresser ses rhinophores et noyer sa vision à nouveau. Je déteste ce qu'il se passe.


Mar 31 Jan - 23:31

POST MJ : LE FLEUVE

N’y a-t-il pas de plus grande joie que de retrouver ceux qui nous sont cher alors que tout semblait perdu ? Mireille comprenait cette joie, elle la vivait du plus profond de son être, à notre grand désarroi…

Cette musique, cette voix, Naufragé, tu réalisais peu à peu qu’elle te reconnaissait, que la bête de somme maudite que tu avais osé emmener jusque sur nos terres désirait de nouveau voyager avec toi. Nous n’étions pas parvenus à la soumettre, tant et si bien qu’elle était devenue ce que nous redoutions le plus : un nouveau monstre que ni les mortels, ni nous ne pouvions espérer dompter. Son seul maître était un détestable ectoplasme dont la présence nous enrageait de plus en plus.

Non, cette fois-ci, nous étions préparés. Elle n’était pas la première, mais son existence nous rappelait que nous devions à tout prix en faire la dernière. Nous nous jetions inlassablement sur elle, chaque fois repoussés par son pouvoir volé. La foudre ne frappait plus le sol, mais l’air en était empli. Nous savions qu’elle fatiguerait, que son pouvoir s’épuiserait, nous ne lui laisserions aucune chance, pas comme avec les autres…

Mireille suivit la cacophonie du radiocassette, chacun de ses pas faisant trembler le sol sous vos pieds. Les impacts secouèrent vos adversaires, qui reprirent alors conscience de l’horreur de la situation alors que notre cher Amir en déchiquetait déjà un de ses griffes acérées comme s’il tranchait à travers une simple feuille d’aluminium. Le capitaine de l’escouade ne savait que faire, désemparé devant le flot d’émotions qui s’insinuait dans son esprit. Sans les lentilles de verre fumé de son masque, vous auriez pu apercevoir une larme couler sur sa joue alors qu’il se mordait la lèvre. La terreur emplissait chaque recoin de son âme, mais il était un soldat investi d’une mission capitale, ses actions aujourd’hui allaient changer la face d’Uhr, il ne pouvait pas reculer. Prenant son courage à deux mains, il saisit de sa main tremblante le sabre qui pendait à sa ceinture et rugit en réponse au tonnerre et à l’assaut mental d’Halie, assénant un grand coup de taille qui aurait séparé sa tête de sa nuque si Jeleb n’avait pas tout mis en œuvre pour renverser vos adversaires. Éole, pensant ton heure venue, tu te trouvas également sauvée par la rafale de vent de ton camarade alors que tu te retrouvais projetée au sol.

Percéphale, Tiphaine, le carnage dont vous étiez témoins vous rappelait la bestialité dissimulée dans le cœur de l’Homme. Deux soldats étaient encore vivants, l’un d’entre eux saisi à la gorge par le monstrueux lézard qu’était devenu Amir qui, d’une pression brusque de ses longs doigts griffus, fit cesser ses gesticulations par un craquement sinistre et répugnant. Jetant le corps dans la rivière, il s’avançait d’un pas lent et menaçant vers le dernier soldat. Vous pouviez le voir tenir un objet rectangulaire relié à un appareil sur son torse. En temps normal, nous n’aurions pas permis que l’outil fonctionne, mais le titan que l’ectoplasme avait rallié à votre cause nous empêchait d’interférer pour le moment. Pressant un bouton de plastique rouge, il parla par-dessus le grésillement de sa radio, tentant de contenir le tremblement de terreur qui l’envahissait.

« Sergent… si vous m’entendez… le wyrm arrive… faites en sorte que nous ne soyons pas mo-»

Alors que sa voix se faisait plus sereine face à l'inévitabilité de sa mort prochaine, une lance s’enfonça dans son torse, juste au-dessus de l’appareil. Amir retrouva petit à petit sa forme humaine et, laissant tomber le corps de sa victime au sol, il se saisit du microphone.

« Si tu m’entends, Stolos, tu as trente minutes pour déposer les armes et sortir de la cité. Tu sais ce qui t’attend si tu tentes autre chose. »

Le paisible aramilan vous semblait désormais être l’homme le plus impitoyable à avoir parcouru notre grisaille. Tournant la tête en direction du béhémoth à cornes, il fronça les sourcils, l’air inquiet et empli de doute.

« Lawrence... vous parvenez à contrôler cette chose ? »

Il prit une grande inspiration, tournant son regard vers la cité perdue.

« Nous allons avoir besoin de toute la puissance de frappe dont nous disposons. Et d'un moyen de transport. Une créature de cette taille pourrait nous mener jusqu'à Dainsbourg en un rien de temps, vous pensez qu'elle en serait capable ? »

résumé:
Mer 1 Fév - 1:34



J’arrive pour la fin de la bagarre.
Et c’est sûrement pour le mieux.
Je ne sais pas si j’aurais pu résister à la tentation de lancer Mireille sur les survivants de l’escouade. Avec toutes les conséquences cataclysmiques qu’une telle action aurait pu déclencher.

Tandis que je mesure d’un regard intrigué les cadavres Epistopolites, ce brave Amir vérifie que je ne risque pas de tous nous faire tuer.
Lawrence... vous parvenez à contrôler cette chose ?
Autant qu’un marin peut prétendre contrôler la tempête, rétorqué-je avec un sourire en coin.

Rassurant, n’est-ce pas ?
A ma grande surprise toutefois, le chef de notre petite équipée ne commence pas à me traiter de tous les noms, puis à exiger que j’éloigne Mireille des membres de l’expédition. Maintenant que ma petite Toph est dans le cirage, j’avoue que je m’étais préparé à ce qu’on finisse de faire la route jusqu’à Dainsbourg tous seuls, ma vache et moi.

Nous allons avoir besoin de toute la puissance de frappe dont nous disposons. Et d'un moyen de transport. Une créature de cette taille pourrait nous mener jusqu'à Dainsbourg en un rien de temps, vous pensez qu'elle en serait capable ?
Au contraire donc, je constate que le nomade est plus audacieux qu’il n’en a l’air.
Ou alors, les enjeux sont suffisamment élevés pour justifier une telle prise de risques. Les sourcils froncés, j’ai le sentiment que la situation m’échappe... mais s’il y a une chose que le métier de Capitaine a vite fait de vous apprendre, c’est qu’il ne faut jamais trop tergiverser.

Ce serait un pari, avoué-je en me frottant la barbe. Nous autres, gabiers, nous nous contentons de hisser les voiles quand le vent souffle, et de prier à fond d’cale quand la mer se déchaîne... mais jouer les opportunistes m’a bien réussi jusque-là.
Nascent à la main, je prends une profonde inspiration.
Je conjure l’image du Mireille, qui baisse délicatement la tête pour nous inviter à son bord, avant de reprendre la route vers Dainsbourg. Ma pensée matérialisée dans le canon du pistolet, je lève mon arme vers la tête du mastodonte, et je fais feu.

Que chacun pèse les risques en son âme et conscience. Il est toujours possible de remettre à flot les embarcations et de terminer le voyage plus lentement.
En réponse à l’impulsion mentale, la vache colossale commence à rapprocher son mufle. Me servant d’un de ses naseaux comme d’une prise d’escalade, je me hisse maladroitement sur son museau ; il est clairement visible que je commence à fatiguer.

...mais si vous estimez que la situation est suffisamment urgente, et que vous souhaitez avoir votre mot à dire sur la conclusion des événements qui se trament à Dainsbourg... alors, vous êtes les bienvenus sur Le Mireille.

Perché sur le mufle de la créature, je tends la main aux inconscients qui décideront de me suivre à bord.


***


[Event] Le fleuve - Page 2 VW2Phqm


Au fait, Amir, vous êtes Portebrume, pas vrai ? Pendant la traversée, soyez gentil de prendre le temps de donner quelques tuyaux à mon maître d’équipage, dis-je à mi-voix à notre chef d’expédition tout en désignant Tiphaine du menton. J’ai vu bien des matelots possédés par une Nébula, mais jamais de gaillard qui paraît avoir autant la tête sur les épaules que vous-même. La petite est déboussolée. Voyez si vous pouvez faire quelque chose pour elle, vous voulez bien ?
En provenance du radiocassette, un petit air de jazz tranquille souligne mes paroles.
Auquel Mireille répond d'un mugissement bonhomme, faisant trembler ciel et terre.


Actions:
Mer 1 Fév - 14:02
Visiblement, cela n'avait pas fonctionné. Mais Halie ne pouvait rien faire d'autre. Alors, laissant ses alliés se charger du combat, elle était en pleine crise existentielle lorsque la bourrasque la cueillit comme une feuille morte. Elle eut même l'impression d'être projetée dans les airs pendant quelques secondes avant de retomber au sol, où elle resta, étourdie. Elle n'était pas bien certaine de ce qu'il s'était passé... Pendant les instants ayant précédé la tornade, elle était concentrée sur son attaque mentale. Après qu'elle l'eut forcée à esquiver (car l'idée ne lui en avait pas traversé l'esprit), elle se retrouva sonnée au sol. À ce moment, elle souhaita ardemment être plus lourde. Cela l'aurait certainement gardée au sol. Et elle aurait probablement reçu le coup de lame de plein fouet.

Néanmoins, elle reprenait déjà ses esprits lorsqu'elle entendit les deux hommes discuter. Pardon ?! Ils ne pouvaient pas être sérieux ?! Elle jeta un coup d'oeil au monstre. Etaient-ils bien certains que cet animal ne leur voulait pas de mal, d'abord ? Alors, elle tenta de percer le rideau des émotions du titan... Mal lui en pris. Evidemment, elle aurait dû s'en douter. Les émotions d'un animal aussi énormes étaient puissantes en conséquence. Cette simple incursion de reconnaissance l'assomma presque. Alors, elle dut renoncer. Ce qui lui fit prendre une décision.

- Je vote pour reprendre les bateaux. Quelque chose me dit que ce qu'il vient de se passer n'est qu'une fraction de ce dont cette bête est capable.
Dim 5 Fév - 17:57
Tant qu’elle n’entend pas de coup de feu, Éole se sait encore en vie. Son instinct lui dit de bouger, de continuer à se mouvoir, de ne pas céder à la tentation de baisser les bras et de regarder son futur tueur droit dans les yeux, juste au-dessus d’une arme braquée impitoyablement sur elle. Il ne lui restait qu’une seconde ou deux avant de se redresser et se remettre complètement debout, mais une violente rafale l’envoie à nouveau face contre terre en lui laissant la possibilité d’amortir in extremis sa chute avec ses mains. Autour d’elle, des exclamations émises par des voix légèrement altérées, et d’autres claires comme de l’eau de roche, lui indiquent qu’alliés comme ennemis ont été désarçonnés. Sous le coup de l’adrénaline, ses sens lui transmettent des informations qu’elles décident d’ignorer pour la plupart, si bien qu’elle ne prend pas immédiatement le temps de chercher l’origine de la manifestation venteuse salvatrice. Les remerciements attendront la fin des combats.

Lorsqu’elle parvient à retrouver son équilibre dans ce combat chaotique, Éole remarque que l’incertitude a changé de camp. Face à la force d’Amir et la ténacité de ses compagnons, la menace épistote semble avoir été vaincue, à l’exception du dernier membre de l’escouade encore en vie, apeuré par la puissance et la soif de sang du chef aramilain. Comprenant l’échec de sa mission et l’issue probable de cet affrontement, son attention se porte soudain sur un outil de communication, puis sur la lance qui vient de transpercer son armure au beau milieu de son rapport. Éole fronce les sourcils, tandis que ledit « wyrm » évoqué quelques instants plus tôt, s’empare de l’appareil pour s’adresser au responsable de cette folie, dont le nom rappelle vaguement quelque chose à la jeune femme.

– Quelqu’un peut m’expliquer ce qu’il se passe ? Ce Stolos là, ce ne serait pas un autre chef d’escouade ? On nous parle de coalition, d’alliance et de bien d’autres mots porteurs d’espoir, mais on préfère oublier tout ça dès qu’une occasion se présente ? Incroyable…

Avec une colère non dissimulée, la xandrienne récupère sa rapière d’un geste sec et donne un coup de pied rageur dans un des masques épistote qu’elle envoie à une dizaine de mètres de là. Toutes ces péripéties, et l’impression d’avoir échappé à une mise à mort quasi certaine et pathétique, commencent à faire beaucoup. Sa langue se délie et sa contenance se fragilise.

– Merci pour l’invitation, mais non. Je préfère encore retourner sur une embarcation. J’ai peur que vous n’attiriez trop l’attention, et, pour être tout à fait honnête, je ne souhaite pas chuter de trente mètres.

Éole ne tenant déjà pas en place sur la terre ferme, sa décision était prudente et judicieuse. Sans attendre les avis suivants, elle se dirige vers le fleuve et fait le point sur la situation, une tâche difficile dans son état. Voyant qu’elle n’arriverait à rien avant de s’être calmée, elle s’assoit sans grâce sur la berge et rumine ses pensées.
Mer 8 Fév - 0:44

POST MJ : LE FLEUVE

Si le luxe du choix semble s'être profilé pendant un instant à l'horizon, il semble désormais s'être évanoui et seuls quelques uns n'ont pas encore pris leur décision. Les autres sont retournés aux canots et ont déjà envisagé de s'éloigner du bord. Certains rameurs les plus réceptifs ont peut-être même déjà senti un changement dans l'air ; les derniers affrontements n'ont pas plu à la Brume. Et celle-ci possède une façon bien singulière de laver les pêchés. Il est même possible, en tendant l'oreille, d'entendre les pleurs d'une fillette l'espace d'un instant. Est-ce encore une illusion ? Est-ce réel ? Dans tous les cas, ça ne semble pas le bon moment pour flancher et penser à autre chose qu'à ramer.

Le vent a changé de sens, il souffle vers les ruines, et les eaux sont devenues plus tumultueuses. Le fleuve lui a grossi, il est sorti de son lit et semble entraîner les pirogues vers une déviation : une bouche béante et sombre taillée dans la roche qui pourrait aussi bien correspondre à des accès aux égouts de la ville. Ce n'est qu'une supposition. Dans tous les cas, les embarcations se dirigent à grand pas vers cet étrange bras du fleuve qui n'existait pas auparavant et ne cesse de prendre du volume ; le courant extrêmement véloce laisse planer le risque de vous briser les os. Non pas sur les parois, mais bien sur l'épaisse grille en fer qui bloque l'accès à ce qui peut bien se trouver en-dessous.

Tandis que la pression ne fait qu'augmenter, entrainant les marins d'eau douce vers un douloureux trépas, il semble n'exister aucune issue, même pour les meilleurs nageurs. Ceux qui sont restés sur la terre ferme peuvent avoir suivi leurs camarades et il sont d'ailleurs les seuls à pouvoir leur porter assistance.

Après tout, la grille n'est pas si solide, peut-être qu'avec un poids suffisamment important, elle pourrait céder ?
Jeu 9 Fév - 15:24
Elle n'avait pu que hocher la tête, faire quelques pas, soutenue par les bras qui l'entouraient. Les mots de son capitaine, ceux de sa voisine d'une autre race, ceux des autres, aussi, étaient aussi flous que leurs visages. Même son odorat semblait la fuir, encore qu'elle était capable de discerner l'odeur du sang sous celle de la fumée qui ne la quittait plus. Le voile baissée devant ses yeux se levait, peu à peu, mais ce qui se cachait dessous n'était en rien plus plaisant à voir. Tout avait l'air d'un rêve, ceux qu'on fait avant même de dormir, quand le corps ne répond plus mais que l'esprit chavire. Quand tout, même les choses les plus indicibles, s'ancrent dans la réalité comme un bateau au port. Elle voyait sans voir, observait sans comprendre. Ces corps disloqués, ce monstre de son côté, cet autre, redevenu humain.

Elle revint peu à peu à elle. Comme si la brume qui l'habitait désormais était allée se terrer quelque part ailleurs dans son esprit. Le calme avant la tempête, sans aucun doute. Elle retrouva la vue, parfaitement, puis chacun de ses sens. Elle secoua la tête, comme au réveil. Certains de ses camarades embarquaient déjà sur des bateaux. Elle cracha au sol, comme pour se débarrasser d'un goût fuligineux.

- Put' de put' de put' ! Siffla-t-elle. Qu'est-ce que c'est que ce merdier ?

Le vent qui se levait chassa tout ce qui restait de fumée. Son esprit redevint plus clair, elle oublia un moment la désagréable sensation de ne plus être seule. Elle se souvint d'une des phrases de Rosarque, alors qu'elle apprenait tout juste à lire les vents. L'vent porte jamais d'bonnes nouvelles. Et même s'il le f'sait, ce serait pour les emmener loin d'ce monde de merde, crois moi. Les barques commencèrent à subir la pression des flots déchaînés, la berge se peuplait de choses qu'elle ne pouvait nommer.

- Faut pas qu'on les perde de vue, Capitaine ! Dit-elle en se mettant à courir sur la rive, essayant tant bien que mal de garder le contact visuel avec le reste du groupe.

Elle fit la première à remarquer cette grille, avide des corps qu'elle attirait à elle. Elle la pointa du doigt, sans même s'assurer qu'elle avait été suivie jusque là. Elle mit la main à sa hanche, attrapa le manche de son fouet solidement accroché à sa ceinture. Elle ne prit même pas le temps de réfléchir, l'adrénaline l'en empêchait. Elle activa le nascent et la corde se changea en eau. D'un mouvement de poignet vif, elle lança la corde sur la grille. Il lui fallut plusieurs tentatives pour finalement accrocher le métal rouillé. Elle tira de toutes ses forces, passant son regard de la grille aux barques qui s'approchaient dangereusement.

- V'nez m'aider ! Lança-t-elle à qui pouvait l'entendre, les mains solidement fermées sur le manche de son fouet.
Jeu 9 Fév - 18:01
Une fois de plus, ils semblaient divisés. Mais, cette fois, les deux groupes pouvaient se voir... Et il semblerait que la minorité avait raison. En effet, ceux qui étaient restés sur la terre ferme ne se retrouvaient pas forcés à aller dans une direction qu'ils n'avaient pas décidée... Sans pouvoir rien y faire. Ce n'était pas, pas bon du tout... Si cela continuait, ces évènements risquaient de miner le moral de ses alliés, ce qui iraient contre eux... Et elle se maudit. Pourquoi ne pouvait-elle influer sur les émotions d'autrui que négativement ? En ce moment précis, elle aurait aimé leur insuffler du courage, de la confiance, ou quoi que ce soit de similaire.

Mais tel n'était pas le cas. Alors, il fallait... Attendez, n'était-ce pas une grille, là-bas ? Sur laquelle ils fonçaient ? Et le courant était si fort qu'il était impossible d'y échapper... D'un autre côté, s'ils sautaient tous à l'eau, ils prendraient moins de place, et peut-être pourraient-ils, à défaut d'aller à contre-courant, tenter de passer entre les barreaux ?

Néanmoins, quelqu'un eut une meilleure idée... Et plus rapidement. Elle aurait adoré obéir aux paroles lancées par l'humaine, mais son bateau ne semblait pas coopérer. Décidémment, elle avait rarement pris d'aussi mauvaises décisions... Elle tenta de faire dévier sa trajectoire pour se donner la possibilité de porter l'assistance demandée. Mais, évidemment, ses bras n'étaient pas assez puissants, et la déviation obtenue était encore insuffisante.

- S'il vous plaît ! Aidez-là, si vous pouvez !

Malgré l'épuisement, elle continuait de tenter de se rapprocher, bien consciente de s'épuiser pour rien... Mais au moins, personne ne pourrait lui reprocher de ne pas avoir essayé.
Sam 11 Fév - 15:58
Les évènements se précipitent.
Les embarcations sont emportées par le courant, dans un reflux tumultueux qui n’est pas sans rappeler le nouveau système de latrines-à-tourbillon qui fait fureur à Epistopoli.

Pas de temps à perdre. Tandis que Toph se précipite à la rescousse, je ramasse vite fait la radio appartenant au soldat, qu’Amir vient d’utiliser pour contacter le dénommé Stolos, et je la fourre dans ma besace.
Je me dépêche ensuite à la poursuite de mon maître d’équipage.

Faut pas qu'on les perde de vue, Capitaine !
J’sais bien, cocotte !

La moitié de nos effectifs sont en jeu.
Je vais faire confiance à Mireille pour se débrouiller toute seule un moment, ou pour suivre le mouvement de son plein gré. Je pourrais tenter de l’influencer pour qu’elle brise la grille, mais hé... c’est un bestiau de 50 mètres de haut.
Ce serait aussi prudent que d’attaquer l’édifice à la batterie de lance-missiles.
L’effondrement que cela pourrait provoquer ne nous rendrait pas service pour la suite de l’expédition (...à condition d’y survivre).

Plus dégourdie, maintenant que la vie de nos gars sont en jeu, Tiphaine déploie son fouet aqueux. La grille ne semble pas bien solide, c’est un coup à tenter. A son appel, je rejoins la donzelle et je l’aide à tirer ; il est temps de prouver que les biceps du Capitaine, c’est pas que d’la gonflette.

V'nez m'aider !
J’obtempère, refermant mes grosses paluches sur la poignée de l’épée-fouet de mon maître d’équipage, et puis je tire de toutes mes forces, en soufflant comme un mulet.
Sauf qu’un peu d’aide ne serait pas de refus.
Amir, Percéphale, bougez-vous un peu l’mou, vous voulez bien ?!

”récap”:
Dim 12 Fév - 16:01

POST MJ : LE FLEUVE

Chacun donne du sien pour empêcher le drame de survenir, malheureusement la pression de l'eau est si forte que la grille semble à peine bouger. Pire, sous l'effet de la Brume, une mince rigole émanant du fleuve remonte le long du fouet et parasite sa structure, provoquant davantage de tension dans le filin aquatique. De l'autre côté, Tiphaine, Le Naufragé et Percéphale continuent de tirer de toute leurs forces sans se rendre compte du péril qui les attend. La Brume est décidément très facétieuse et n'entend pas faire de survivants, car voilà que les trois sauveteurs se retrouvent happés soudainement, tirés vers les eaux et projetés à grande vitesse en direction de la même grille qu'ils essayaient de dégager.

Le temps se fige. La situation est critique et les aventuriers ne peuvent que remarquer à quel point ils demeurent impuissants face à cette force environnante qui a décidé d'éradiquer leur existence. Seul un miracle pourrait les sauver. Certains de ceux dont la vie vie défile devant leurs yeux peuvent entendre un grondement sinistre émanant de la berge. Brusquement, une ombre s'étend et la silhouette de son propriétaire s'écrase à une vitesse folle sur la trajectoire du courant infernal. Quelque chose de gigantesque vient de sauter en direction des eaux, précisément là où se trouve la grille. Sous le poids du pachyderme, qui se trouve n'être nul autre que Mireille, le sol s'effondre, emportant grille, eau, futurs naufragés et Naufrageur.

Dans un trou béant creusé dans la roche, nappé de ténèbres, tout le monde chute.

Quelques instants plus tard, c'est la découverte. Malgré les toux et les gémissements de douleurs, tous sont sains et saufs. Par chance, Amir possède des allumettes sur lui et parvient à dénicher un exemplaire encore fonctionnel : il éclaire ainsi ce qui semble être des souterrains. Loin au-dessus, une lueur blanche indique d'ailleurs que les voyageurs ont dévalé une sacrée hauteur. C'est un miracle qu'il n'y ait pas eu de pertes.

Du moins, jusqu'à ce que quelqu'un remarque que le sol mou et rugueux sur lequel les aventuriers ont atterri est en vérité la peau de quelque chose de massif ayant amorti leur chute. Mireille. Son souffle léger indique qu'elle est encore en vie, mais sûrement pas pour longtemps. Par amour pour son maître, elle aura sauvé l'expédition ; une vague de tristesse submerge ceux qui s'en rendent compte...
Lun 13 Fév - 11:17
Et voilà que ceux qui voulaient les aider se retrouvaient dans le même pétrin qu'eux... Leur situation était peut-être même pire, puisqu'ils n'avaient pas d'embarcation pour les empêcher de couler... N'écoutant que son bon coeur, Halie les repêcha. Ou du moins, c'était ce qu'elle voulut faire. Le monstre qu'elle avait voulu fuir en remontant sur la canot semblait décidé à ne pas les laisser partir, et, par conséquent, lui fit complètement oublier son intention précédente en décidant de les rejoindre. Effrayée malgré elle, elle observa le mastodonte s'écraser sur la grille, envoyant par la même occasion tout le monde à l'eau.

Enfin, à l'eau ? Non, plutôt... Dans les airs ? Que se passait-il ? S'était-elle vraiment noyée, cette fois ? Mais pourquoi ne s'était-elle pas sentie même un peu mouillée ? Tout cela était de plus en plus étrange...

Soudain, un choc. Mouais. Si elle était morte, elle ne sentirait pas cette douleur, n'est-ce pas ? Elle ne pouvait pas mourir deux fois de suite, après tout, non ? Alors, cela voulait dire... Que le cauchemar continuait.

Et en parlant de cauchemar... Elle réalisa soudain que le "sol" était vivant. Alors, elle se hâta de descendre de la créature, et s'en voulut soudain de l'avoir traitée de monstre. Après tout, c'était sûrement à elle que tout le monde devait d'être encore en vie... La chose qu'elle remarqua ensuite fut que le souffle qu'elle percevait ne correspondait clairement pas à celui d'un animal de cette taille. Alors, n'écoutant que son instinct de guérisseuse, elle procéda à un examen aussi rapide que possible avec un patient de cette taille, puis lança à la cantonnade :

- Il y a peut-être un moyen de l'aider. Mais pour ça, il me faut des plantes. Donc on doit retourner à la surface. Que ceux qui sont d'accord avec moi me suivent. Les autres... Je n'ai pas d'ordre à vous donner.

Puis, sans prendre le temps de s'assurer qu'on l'avait entendue, elle se lança dans le boyau, qui était, après tout, la seule issue possible. Il n'y avait plus qu'à espérer que ce chemin menait effectivement à la surface...
Résumé :
Mer 22 Fév - 21:15

POST MJ : LE FLEUVE

Un certain temps s'est écoulé pour permettre au groupe de s'organiser. Si tout le monde semble s'en être sorti vivant, certains semblent avoir décidé de s'aventurer d'eux-mêmes dans les étranges souterrains sans en informer leurs camarades. D'autres ont décidé de se joindre à Halie pour tenter de sauver Mireille en rejoignant la surface, dans l'espoir de trouver un moyen de guérir ses blessures. Amir n'est pas de ceux-ci. Regrettant le manque de discipline, la Sentinelle n'est obnubilée que par un seul objectif : retrouver Stolos et son groupe qui étaient justement censés explorer la zone. Le commandant et une poignée d'aventuriers ont donc avisé un chemin en pente, supposant qu'il leur permettrait de rejoindre les profondeurs des souterrains.

Halie, alors que tu poursuis ton ascension dans la pénombre, montant des marches terreuses dans ces étranges catacombes, des bruits commencent à se faire entendre tout autour de toi. Des petits crissements et des tic, tic, tic à la surface du sol qui ne présagent rien de bon. Si tu avais de quoi éclairer l'endroit, tu remarquerais que tu es encerclée par des insectes géants qui envisagent de faire de toi leur prochain repas. Ils n'ont pas de mauvaises intentions, mais il n'y a pas souvent des mets aussi juteux qui se perdent dans les environs. Par chance, certains de tes coéquipiers ne sont pas loin derrière toi et tu jurerais apercevoir des lueurs danser à l'extrémité du tunnel. Même si elles sont encore loin, il y a peut-être quelqu'un qui vient dans ta direction ?

Les autres, vous êtes libres de suivre Amir, d'attendre sur place ou d'accompagner Halie !.

HRP : Ceci est le dernier tour de la Partie 1 pour le Fleuve !
Jeu 23 Fév - 11:18
Après avoir couru pendant un moment, elle finit par se décider à ralentir le rythme. Après tout, si elle s'épuisait avant d'atteindre la surface, cela n'aiderait pas la créature. Alors, elle progressa en marchant. C'était plus lent, mais elle irait probablement plus loin. Et si on ajoutait à cela le fait qu'elle ne connaissait pas les lieux, et ne pouvait donc pas savoir quelle distance il lui restait à parcourir... Oui, mieux valait s'économiser.

Et rester prudente. En effet, elle venait d'entendre des bruissements qui ne lui disaient rien de bon. Quoi que... Elle avait entendu dire que, lorsque l'un des sens d'une personne devenait inutilisable, les autres devenaient plus sensibles. Et dans ces souterrains, Halie ne voyait rien. Ses oreilles avaient-elles pris le relais ? Augmentaient-elles les sons produits simplement par la vie ordinaire des souterrains ? Ou était-ce une autre sorte de monstres... Non. Ce n'était pas cela. Il ne fallait pas que ce soit cela.

Alors, elle reprit sa course. Elle le sentait, à présent, chaque minute passée dans ces souterrains la rapprocherait un peu plus de la folie. Il fallait qu'elle sorte, d'une manière ou d'une autre. La santé physique de Mireille n'était plus la seule à être en jeu. La santé mentale d'Halie venait d'entrer dans la balance. Et cela venait de changer ses objectifs : à présent, elle ne pouvait simplement plus se permettre d'échouer. Alors, quitte à ce que ses poumons explosent, elle irait jusqu'au bout, coûte que coûte.
Ven 24 Fév - 12:16
Le courant avait gagné. Il avait tout emporté : les aventuriers, leurs espoirs, les forces vaines de Tiphaine et des siens. Le désespoir a ceci de cruel qu'il laisse toujours visible en son sein le chemin d'une possible rédemption. Avant de brutalement couper la lumière. Noir. Plus que des cris pour habiller les ombres. Des corps malmenés, soulevés, noyés. Des amas de chaire en suspension, les âmes qui les habitent chevillées à elles. Le fouet n'y avait rien fait, tous les barouds d'honneur ne se soldent pas par un succès. Tiphaine l'apprenait à ses frais.

Son corps heurta le sol, ou ce qui recouvrait le sol. Elle regarda autour d'elle mais ses yeux la trahissaient une nouvelle fois. Elle avait vu le Capitaine et Percéphale entraînés avec elle. Mais elle ne voyait plus rien. Et sa voix lui revenait sans cesse, rebondissant contre les murs d'une caverne trop exiguë. Si le Capitaine avait lui aussi atterri ici, il l'aurait entendue. Elle se précipita vers la surface, suivant l'autre silhouette qui ouvrait la voie. Les ordres d'Amir n'avaient plus aucune importance maintenant : il n'avait pas pu anticiper le pire, il n'anticiperait pas plus ce qui suivrait. Il fallait qu'elle retrouve Lawrence, si tant est qu'elle pouvait encore le retrouver. Si sa chute à lui n'avait pas été amortie, son corps gisait probablement plus loin, brisé. Elle le savait. Mais elle se devait de le vérifier.

Ses membres endoloris l'empêchaient de progresser rapidement dans ce pierrier souterrain. Le bourdon soudain qui lui envahit les tympans ne présageait rien de bon. Elle ne pouvait pas s'arrêter, pas maintenant. Il fallait qu'elle regagne la surface. Sans plus y réfléchir, elle libéra une quantité phénoménale de fumée autour d'elle et de l'aventurière qui la précédait. Assez, peut être, pour empêcher quiconque ou quoi que ce soit de les attaquer. Elle continua à chercher à tâtons son chemin. L'air se fit plus moite, plus humide. Elle posa la main sur une pierre trempée, suivit le chemin que prenait le mince filet d'eau qui coulait là. Elle se rapprochait. Ses appels répétés au Capitaine demeuraient sans réponses. Chaque fois que le nom de Lawrence lui revenait dans un écho sourd, l'inéluctable issue lui paraissait plus claire.

Tout revient à la Brume. Même ceux qu'on dirait nés pour la combattre.