Dim 2 Juin - 14:50
Sous le vent du désert
Ft. Ahavah Sahaqiel
Et pourtant, malgré ce danger, malgré cette cause commune contre laquelle lutter, le monde continuait de se déliter. Les tensions entre les factions n’avaient jamais été si fortes. Aramila et Epistopoli étaient sur le pied d’une guerre plus froide que les Sept Glaciers, Xandrie menaçait d’un jour à l’autre de se laisser emporter par le mouvement révolutionnaire qui grondait dans ses mines et Opale se préparait tant bien que mal pour sa plongée dans la Brume. Seul Panoptès, Chancelier de l’Alliance, continuait de se soucier du plus important : le sort du monde, le Mandebrume et son objectif, Zénobie. Outre la route qu’il traçait vers le nord, d’autres initiatives étaient nées de cet objectif de stopper le faux dieu. Celui, par exemple, des origines de l’Arbre-Dieu et de son lien avec l’enclave. Et bien que le panthéisme n’eût jamais paru aussi bancal que depuis les révélations de la dernière année et la montée du kobolisme, les textes sacrés conservaient malgré tout de nombreux secrets. Comment, et surtout pourquoi, était né le panthéisme ? Qu’est-ce que cette religion pouvait expliquer sur ce qui s’était passé lorsque la Brume avait envahi le monde ?
Cela faisait un moment que Maël menait des recherches pour le compte de l’Alliance. Son rôle de diplomate s’était récemment mué en celui de chercheur. Un chercheur dont la mémoire sans faille et l’expérience de la Brume étaient beaucoup trop précieuses pour être gaspillées, en ces temps troublés où la fiabilité n’était plus une valeur sûre. Il avait mené ses recherches d’abord dans les lieux les plus évidents : les bibliothèques des grandes cités, celle d’Andoria, les ruines de Dainsbourg... mais il lui semblait évident qu’il ne trouverait pas de réponses à des questions aussi mystérieuses dans des endroits aussi iconiques. Ainsi, il avait entrepris de trouver des endroits moins connus, susceptibles de cacher de petits trésors de connaissances. C’est là qu’il en avait entendu parler. La Veilleuse. On disait qu’elle était là depuis longtemps, et que même les vieillards l’avaient toujours connue ainsi, jeune et érudite. La Veilleuse. Elle tenait une librairie dans le quartier de Khar-Toba, une librairie religieuse où, comme personne, elle arrivait à promouvoir les valeurs du panthéisme. La Veilleuse. Un nom donné aux rares grigoris qui foulaient le sol d’Uhr.
Le soleil maintenant haut dans le ciel, Maël se fondit dans ses rayons, se déplaçant vers la cité à l’aide de son cristal de lumière avant d’atterrir à l’ombre d’un palmier. Le Rempart de la Foi, comme à son habitude, semblait être d’un autre monde. Ici, pas de fils électriques, pas de vrombissement de voiture ou d’éclairage artificiel. La ville prenait vie avec le soleil, étirant sur les visages des habitants des sourires sympathiques et une simplicité unique en son genre. Le temps semblait figé quelque part dans un passé plus primitif et Maël en était presque mal à l’aise. Pourtant, il était souvent venu dans la cité du sable au cours du dernier siècle, mais il ne s’était jamais vraiment habitué. Il n’arrivait pas à se sentir chez lui. Mais se sentait-il jamais chez lui ? Camouflant ses ailes sous une cape, il s’engagea dans les rues de terre battue. Il demanda à un marchand où se trouvait la fameuse librairie. Celle-ci était visiblement connue, car une dame qui passait par là s’exclama sur la bonté de la jeune Veilleuse et se proposa de le conduire chez elle.
Il ne savait presque rien de la propriétaire, mais quelque chose au fond de lui le poussait à vouloir la rencontrer. Était-elle vraiment une grigori ? La plupart des Veilleurs étaient des eshims qui n’avaient rien connu de la grande Zaravoda. Mais quelque chose lui disait que celle-ci était différente. Et, au delà de sa mission, quelque chose en lui brûlait de la rencontrer.
— Bonjour, s'exclama le grigori en poussant la porte. C'est ouvert ? On m’a dit qu’il était possible de faire des trouvailles incroyables ici !