Jeu 17 Aoû - 19:06
Une ville accueillante
Ft. Keshâ'rem Evangelisto
Se retrouver seul dans Epistopoli n’était pas aussi simple que je l’aurais cru. Je me rendais compte que je ne connaissais pas la ville. Tout ce que je connaissais était la caserne et quelques ruelles bien habitées où j’avais commis mes méfaits. Mais tel un automate agissant par instinct, j’avais agi machinalement pour oublier mes escapades nocturnes. Je reconnaissais parfois une rue, une impasse, un chemin, pour m’y perdre plus tard. Le moi de cette époque s’effaçait petit à petit. Et ce n’était peut-être pas plus mal. Mais j’aurais préféré ne pas être une âme perdue dans cette grande ville bétonnée qui me paraissait si étrangère.
Se rendre vers le centre n’était pas tant un souci. J’avais fait mon ascension vers la haute ville, là où les riches et le savoir étaient réunis. Mais trouver mes réponses n'était pas aussi simple. Les regards sur mon chemin n’était pas bienveillants. Et peu importe à qui je demandais, les habitants m’ignoraient dans le meilleur des cas, ou me dénonçaient aux automates policiers dans le pire des cas. Au moins, n’avais-je pas oublié comment bouger. J’étais toujours l’ombre que j’avais été par le passé. J’arrivais à éviter la plupart des gardes. Mais pour aller où ?
Nulle part. J’étais perdu. Alors je retournais à mon point de départ, seul lieu qui me semblait naturel et rassurant. Enfin, plus qu’ici. Je ne savais toujours pas quoi penser de R. Il m’avait laissé partir de mon plein gré. Mais ses promesses de connaissances avaient de quoi susciter mon intérêt. Et pour m’avoir fait passer les portes de la ville, travailler pour le mutant n’était pas si cher payé. Mais je ne lui faisais pas confiance pour autant. Malgré tout, c’était le seul endroit que je connaissais. Et y retourner n’était là non plus pas si simple.
Je n’aurais su dire combien de temps j’avais déambulé dans la ville. Mais je ne retrouvais plus mon chemin. Je descendais vers la basse ville, mais les rues et les allées m’étaient inconnues. Pourtant, je voyais le niveau de vie baisser à vue d'œil. Je savais ou du moins je croyais aller dans la bonne direction. Mais les regards n’étaient pas plus bienveillants. J’étais loin de transpirer la richesse. Mes vêtements étaient sales, tachés de crasse et de poussière. Mais j’étais propre. j’avais pu me rafraîchir et manger à ma faim. La plupart des personnes qui m’entouraient ne pouvaient pas en dire autant. Je n’avais pas une pièce en poche et pourtant, je sentais que les vagabonds des bas quartiers étaient intéressés. Une âme errante attirait toujours. Au pire, je n’avais rien sur moi. Au mieux, j’avais quelques piécettes mendiées ou volées dans la haute ville.
Ce n’était pas le cas, mais un petit groupe d'individus avait l’air de penser autrement. La nuit commençait à pointer le bout de son nez. Et dans la ville polluée, cela était synonyme de nuit noire et néon allumé. À leur lueur, je pouvais voir les ombres me suivre à la trace. J’étais seul et ils étaient peut-être cinq. Ce n’était pas mon premier affrontement. Mais ce n’était pas à mon avantage. Pour autant, je ne voulais pas dévier de mon itinéraire. Je n’étais pas sûr d’aller dans la bonne direction. Mais hésiter pouvait être fatal. Et si j’avais raison, au moins serais-je protégé par les hommes de R. Si ce n’est qu’ils auraient très certainement effrayé mes poursuivants seulement via leur aspects étranges et déformés. Mais si les ombres savaient où j’allais, ils n’en démordaient pas pour autant.
Tiens… Une ombre semblait manquante. Je tournais la tête rapidement pour regarder derrière moi. Dans les recoins de la rue sombre, j’apercevais quatre personnes louches. Où était passé le cinquième ? Devant moi. Une silhouette était sortie de l’ombre pour me fermer le chemin. La ruelle n’était pas bien large et à moins d’une acrobatie je n’avais pas beaucoup d’espace pour fuir. Le grand gaillard ne me facilitait pas la tâche. Derrière moi, je sentais les quatre autres refermer tout espoir de fuite. Je ne voyais pas la situation s’améliorer.
“Eh bah alors ? On est perdu ?”
Malin. Réparti impeccable. Ça allait être captivant. Mais jouer au plus malin maintenant n’aller pas m’aider à m’en sortir. J’étais cerné et les brigands ne se gênaient pas pour afficher fièrement les coutelas et autres instruments de torture qui dépassaient de leurs vestes et manteaux. Une femme jouait grossièrement avec une dague courbée en affichant un sourire sournois. Un des hommes avait des points si large qu’ils auraient pu être confondus avec une massue. Un autre avait une main tremblante sur la crosse de son arme à feu. Le dernier dans mon dos était plus discret, mais pas au point de dissimuler ce qui semblait être une épée sous sa cape. Le Goliath devant moi n’aurait pas eu besoin d’arme. Mais les gants cloutés qu’il frottait dans ses paumes n’allaient pas être tendres.
“Je sais où je vais. Mais merci.”
“Oh pas de soucis, l'ami. Mais tu sais, comme on t’a jamais vu dans le coin, nous, on s’inquiétait pour toi. Et on voudrait pas que tu te retrouves seul et paumé dans ce quartier. Il y a des types louches par ici. Là bas, il vaut que tu évites cette rue. Et la rue d’après sur la gauche. En fait, soi quand même prudent dans le coin. Mais nous, on connaît bien la ville. Si t’as besoin de guide, personne ne t'embêtera. Alors tu vas où mon grand ?”
“Je rentre juste chez moi.” Je faisais un pas en avant pour continuer mon chemin. Mais il ne comptait pas se pousser. “C’est pas très loin.”
“Je comprends l’ami. Pas de soucis. Tu as l’air de savoir ce que tu fais. Mais tu sais, les infos c’est pas gratuit. Tout travail mérite salaire dans cette ville. Tu peux rentrer chez toi après nous avoir payé notre dû. On demande pas grand-chose. Je t’ai rencardé sur au moins trois rues à éviter. Ça fait bien 300 Astras tout ça.”
“300 Astras ?” M’avait-il bien regardé ? Tout le monde aurait pu deviner que je ne les avais pas. “Je n’ai même pas la moitié de ça.”
“Ce n’est pas moi qui fixe les prix l’ami. C’est la dame là-bas.”
La jongleuse de couteau me dévisageait toujours avec son large sourire. De toute évidence, cette histoire ne pouvait pas bien finir. Je n’avais pas un sou et ils ne comptaient pas en rester là. La question était donc à qui serait le plus vif et agirait en premier. Je n’allais pas prendre le moindre risque à ce niveau-là. Quelles étaient mes options ? Le géant, une fois au sol ne pourrait bien faire grand-chose, et de toute évidence, en tant que leur chef, cela me ferait gagner du temps. D’autant plus qu’il me libérerait le chemin pour la suite. Mais L’homme au pistolet était déjà prêt à dégainer et je ne courais pas plus vite que les balles. L’homme à l’épée ne m’inquiétait pas outre mesure. Mais il ne fallait surtout pas que les deux gros bébés m’attrapent avant d’avoir pu m’échapper. Et la femme au couteau avait l’air sufisament rapide pour placer un coup avant que je ne m’enfui. J’allais devoir prendre un risque.
“Voilà tout ce que j’ai.”
J’approchais ma main de ma besace en bandoulière. Elle était proche de ma dague, sûrement plus efficace que mon épée dans une si petite allée. Je faisais donc le premier mouvement. J’attrapais mon arme et me jetais sur l’homme au pistolet. Il avait déjà sa main sur l’arme, mais était trop lent pour réagir. Je l'empêchais de pointer son arme sur moi et donnais un coup de lame de ma main libre. Le coup laissa un large filet de sang sur son torse et son bras tenant le canon. Blessé et hébété, je pointais alors son propre canon en direction du géant. Le coup parti droit dans son épaule, faisant sursauter le reste du groupe qui fit un bon de recul. Sauf l’homme à l’épée qui dégaina et se précipita sur moi. Toujours au corps-à-corps avec mon adversaire, je me déplaçais pour le placer entre moi et la lame. Le pauvre se retrouva embroché au bout de l’arme, s’affaissant lourdement et entraîna l’assaillant avec lui. Le boxeur encore intact se jeta en avant et décrocha un coup droit vers ma tempe.
Le temps se figea un instant. Tout paraissait plus lent autour de moi. Dans la nuit, mon ombre fit un bond sur le côté, si rapide que l’homme manqua son coup et tomba à la renverse. Ma lame se planta alors violemment dans son dos et remonta jusqu’à sa nuque. Il ne restait plus que 3 bandits. Le géant se relevait à peine du coup à l’épaule. Le second aussi, mais son arme était toujours ensevelie sous le poids du tirailleur et du boxeur. Un coup bien placé de mon pied sur son pied dégagea un craquement sonore. Si l'homme n’avait pas de prothèse, il en aurait probablement besoin à l’avenir. Dans un hurlement de rage qui retint toute mon attention, le chef fonça sur moi. Mon couteau n’allait probablement pas l’achever vu la masse de muscles qui le protégeait.
Pourtant, ce ne fut pas lui qui porta le coup. Dans mon dos, je sentis une main ferme enfoncer sa lame jusqu’à mes côtes. La dague ripa contre l’une d’elles et ressortit de la chair sans performer d’organe vital. J’avais suffisamment eu affaire à ce genre de blessure pour savoir que j’étais chanceux, mais que cela faisait particulièrement mal. Mon cri de douleur fut effacé par la brute qui nous attrapa tous deux et nous plaqua au sol.
Un second coup de feu retentit dans la ruelle. J’avais attrapé mon pistolet à silex et tiré dans l’abdomen du monstre. Son poids pesait bien plus lourd que précédemment, mais je sentais encore le poids de sa respiration sur mon corps. J’essayais tant bien que mal de repousser le poids mort, sentant que seul lui me permettait d’éviter un autre coup de la femme qui essayait de remettre la main sur son couteau. Mordant ma lèvre pour ne pas crier de douleur, je me relevais tant bien que mal et me propulsais en avant. Puisant dans le pouvoir de mon hôte, je souhaitais mettre le plus de distance entre les survivants et moi. Un dernier cri, cette fois de la femme, se fit entendre. Elle avait jeté son couteau qui malgré ma vitesse, se figea dans mon triceps droit, proche de ma première blessure dont le sang commençait à recouvrir les vêtements de mendiants offerts par R.
Ce n’est que quelques ruelles plus loin que je m'arrêtais. J’entendais encore les cris de la femme. Mais je n’avais plus la force de puiser dans la vitesse de la Nebulla. Ni dans la mienne à dire vrai. Elle m’avait épargné une mort instantanée. Mais si je ne trouvais pas quelqu’un pour me soigner. Je n’allais pas tarder à savoir ce qui arrivait aux portesbrumes après la mort. Désespéré, je sonnais à la première porte que je trouvais. Sans réponse. Puis à une seconde. Et encore une autre. Jusqu’à finalement m'effondrer à genoux dans ce qui ressemblait à une petite boutique de mécanicien encore ouverte.
“Aidez-moi s’il vous plaît.”
Se rendre vers le centre n’était pas tant un souci. J’avais fait mon ascension vers la haute ville, là où les riches et le savoir étaient réunis. Mais trouver mes réponses n'était pas aussi simple. Les regards sur mon chemin n’était pas bienveillants. Et peu importe à qui je demandais, les habitants m’ignoraient dans le meilleur des cas, ou me dénonçaient aux automates policiers dans le pire des cas. Au moins, n’avais-je pas oublié comment bouger. J’étais toujours l’ombre que j’avais été par le passé. J’arrivais à éviter la plupart des gardes. Mais pour aller où ?
Nulle part. J’étais perdu. Alors je retournais à mon point de départ, seul lieu qui me semblait naturel et rassurant. Enfin, plus qu’ici. Je ne savais toujours pas quoi penser de R. Il m’avait laissé partir de mon plein gré. Mais ses promesses de connaissances avaient de quoi susciter mon intérêt. Et pour m’avoir fait passer les portes de la ville, travailler pour le mutant n’était pas si cher payé. Mais je ne lui faisais pas confiance pour autant. Malgré tout, c’était le seul endroit que je connaissais. Et y retourner n’était là non plus pas si simple.
Je n’aurais su dire combien de temps j’avais déambulé dans la ville. Mais je ne retrouvais plus mon chemin. Je descendais vers la basse ville, mais les rues et les allées m’étaient inconnues. Pourtant, je voyais le niveau de vie baisser à vue d'œil. Je savais ou du moins je croyais aller dans la bonne direction. Mais les regards n’étaient pas plus bienveillants. J’étais loin de transpirer la richesse. Mes vêtements étaient sales, tachés de crasse et de poussière. Mais j’étais propre. j’avais pu me rafraîchir et manger à ma faim. La plupart des personnes qui m’entouraient ne pouvaient pas en dire autant. Je n’avais pas une pièce en poche et pourtant, je sentais que les vagabonds des bas quartiers étaient intéressés. Une âme errante attirait toujours. Au pire, je n’avais rien sur moi. Au mieux, j’avais quelques piécettes mendiées ou volées dans la haute ville.
Ce n’était pas le cas, mais un petit groupe d'individus avait l’air de penser autrement. La nuit commençait à pointer le bout de son nez. Et dans la ville polluée, cela était synonyme de nuit noire et néon allumé. À leur lueur, je pouvais voir les ombres me suivre à la trace. J’étais seul et ils étaient peut-être cinq. Ce n’était pas mon premier affrontement. Mais ce n’était pas à mon avantage. Pour autant, je ne voulais pas dévier de mon itinéraire. Je n’étais pas sûr d’aller dans la bonne direction. Mais hésiter pouvait être fatal. Et si j’avais raison, au moins serais-je protégé par les hommes de R. Si ce n’est qu’ils auraient très certainement effrayé mes poursuivants seulement via leur aspects étranges et déformés. Mais si les ombres savaient où j’allais, ils n’en démordaient pas pour autant.
Tiens… Une ombre semblait manquante. Je tournais la tête rapidement pour regarder derrière moi. Dans les recoins de la rue sombre, j’apercevais quatre personnes louches. Où était passé le cinquième ? Devant moi. Une silhouette était sortie de l’ombre pour me fermer le chemin. La ruelle n’était pas bien large et à moins d’une acrobatie je n’avais pas beaucoup d’espace pour fuir. Le grand gaillard ne me facilitait pas la tâche. Derrière moi, je sentais les quatre autres refermer tout espoir de fuite. Je ne voyais pas la situation s’améliorer.
“Eh bah alors ? On est perdu ?”
Malin. Réparti impeccable. Ça allait être captivant. Mais jouer au plus malin maintenant n’aller pas m’aider à m’en sortir. J’étais cerné et les brigands ne se gênaient pas pour afficher fièrement les coutelas et autres instruments de torture qui dépassaient de leurs vestes et manteaux. Une femme jouait grossièrement avec une dague courbée en affichant un sourire sournois. Un des hommes avait des points si large qu’ils auraient pu être confondus avec une massue. Un autre avait une main tremblante sur la crosse de son arme à feu. Le dernier dans mon dos était plus discret, mais pas au point de dissimuler ce qui semblait être une épée sous sa cape. Le Goliath devant moi n’aurait pas eu besoin d’arme. Mais les gants cloutés qu’il frottait dans ses paumes n’allaient pas être tendres.
“Je sais où je vais. Mais merci.”
“Oh pas de soucis, l'ami. Mais tu sais, comme on t’a jamais vu dans le coin, nous, on s’inquiétait pour toi. Et on voudrait pas que tu te retrouves seul et paumé dans ce quartier. Il y a des types louches par ici. Là bas, il vaut que tu évites cette rue. Et la rue d’après sur la gauche. En fait, soi quand même prudent dans le coin. Mais nous, on connaît bien la ville. Si t’as besoin de guide, personne ne t'embêtera. Alors tu vas où mon grand ?”
“Je rentre juste chez moi.” Je faisais un pas en avant pour continuer mon chemin. Mais il ne comptait pas se pousser. “C’est pas très loin.”
“Je comprends l’ami. Pas de soucis. Tu as l’air de savoir ce que tu fais. Mais tu sais, les infos c’est pas gratuit. Tout travail mérite salaire dans cette ville. Tu peux rentrer chez toi après nous avoir payé notre dû. On demande pas grand-chose. Je t’ai rencardé sur au moins trois rues à éviter. Ça fait bien 300 Astras tout ça.”
“300 Astras ?” M’avait-il bien regardé ? Tout le monde aurait pu deviner que je ne les avais pas. “Je n’ai même pas la moitié de ça.”
“Ce n’est pas moi qui fixe les prix l’ami. C’est la dame là-bas.”
La jongleuse de couteau me dévisageait toujours avec son large sourire. De toute évidence, cette histoire ne pouvait pas bien finir. Je n’avais pas un sou et ils ne comptaient pas en rester là. La question était donc à qui serait le plus vif et agirait en premier. Je n’allais pas prendre le moindre risque à ce niveau-là. Quelles étaient mes options ? Le géant, une fois au sol ne pourrait bien faire grand-chose, et de toute évidence, en tant que leur chef, cela me ferait gagner du temps. D’autant plus qu’il me libérerait le chemin pour la suite. Mais L’homme au pistolet était déjà prêt à dégainer et je ne courais pas plus vite que les balles. L’homme à l’épée ne m’inquiétait pas outre mesure. Mais il ne fallait surtout pas que les deux gros bébés m’attrapent avant d’avoir pu m’échapper. Et la femme au couteau avait l’air sufisament rapide pour placer un coup avant que je ne m’enfui. J’allais devoir prendre un risque.
“Voilà tout ce que j’ai.”
J’approchais ma main de ma besace en bandoulière. Elle était proche de ma dague, sûrement plus efficace que mon épée dans une si petite allée. Je faisais donc le premier mouvement. J’attrapais mon arme et me jetais sur l’homme au pistolet. Il avait déjà sa main sur l’arme, mais était trop lent pour réagir. Je l'empêchais de pointer son arme sur moi et donnais un coup de lame de ma main libre. Le coup laissa un large filet de sang sur son torse et son bras tenant le canon. Blessé et hébété, je pointais alors son propre canon en direction du géant. Le coup parti droit dans son épaule, faisant sursauter le reste du groupe qui fit un bon de recul. Sauf l’homme à l’épée qui dégaina et se précipita sur moi. Toujours au corps-à-corps avec mon adversaire, je me déplaçais pour le placer entre moi et la lame. Le pauvre se retrouva embroché au bout de l’arme, s’affaissant lourdement et entraîna l’assaillant avec lui. Le boxeur encore intact se jeta en avant et décrocha un coup droit vers ma tempe.
Le temps se figea un instant. Tout paraissait plus lent autour de moi. Dans la nuit, mon ombre fit un bond sur le côté, si rapide que l’homme manqua son coup et tomba à la renverse. Ma lame se planta alors violemment dans son dos et remonta jusqu’à sa nuque. Il ne restait plus que 3 bandits. Le géant se relevait à peine du coup à l’épaule. Le second aussi, mais son arme était toujours ensevelie sous le poids du tirailleur et du boxeur. Un coup bien placé de mon pied sur son pied dégagea un craquement sonore. Si l'homme n’avait pas de prothèse, il en aurait probablement besoin à l’avenir. Dans un hurlement de rage qui retint toute mon attention, le chef fonça sur moi. Mon couteau n’allait probablement pas l’achever vu la masse de muscles qui le protégeait.
Pourtant, ce ne fut pas lui qui porta le coup. Dans mon dos, je sentis une main ferme enfoncer sa lame jusqu’à mes côtes. La dague ripa contre l’une d’elles et ressortit de la chair sans performer d’organe vital. J’avais suffisamment eu affaire à ce genre de blessure pour savoir que j’étais chanceux, mais que cela faisait particulièrement mal. Mon cri de douleur fut effacé par la brute qui nous attrapa tous deux et nous plaqua au sol.
Un second coup de feu retentit dans la ruelle. J’avais attrapé mon pistolet à silex et tiré dans l’abdomen du monstre. Son poids pesait bien plus lourd que précédemment, mais je sentais encore le poids de sa respiration sur mon corps. J’essayais tant bien que mal de repousser le poids mort, sentant que seul lui me permettait d’éviter un autre coup de la femme qui essayait de remettre la main sur son couteau. Mordant ma lèvre pour ne pas crier de douleur, je me relevais tant bien que mal et me propulsais en avant. Puisant dans le pouvoir de mon hôte, je souhaitais mettre le plus de distance entre les survivants et moi. Un dernier cri, cette fois de la femme, se fit entendre. Elle avait jeté son couteau qui malgré ma vitesse, se figea dans mon triceps droit, proche de ma première blessure dont le sang commençait à recouvrir les vêtements de mendiants offerts par R.
Ce n’est que quelques ruelles plus loin que je m'arrêtais. J’entendais encore les cris de la femme. Mais je n’avais plus la force de puiser dans la vitesse de la Nebulla. Ni dans la mienne à dire vrai. Elle m’avait épargné une mort instantanée. Mais si je ne trouvais pas quelqu’un pour me soigner. Je n’allais pas tarder à savoir ce qui arrivait aux portesbrumes après la mort. Désespéré, je sonnais à la première porte que je trouvais. Sans réponse. Puis à une seconde. Et encore une autre. Jusqu’à finalement m'effondrer à genoux dans ce qui ressemblait à une petite boutique de mécanicien encore ouverte.
“Aidez-moi s’il vous plaît.”