Lun 7 Aoû - 19:47
Raphaël Meridian
Contade / Vagabond
- 28 ans / 22 Raphalos 1872
- Portebrumes
/ Masculin
- Aramila
- Pansexuel / Il
- Ancien soldat devenu vagabond
- Noctis FF15
Description
J’attrapai un morceau de miroir brisé et le levai à hauteur de visage. Il était crasseux, recouvert de sang et de poussière. Je prenais ma gourde et versai quelques gouttes sur un tissu relativement propre. À l’aide du miroir, je faisais une toilette succincte, laissant de nouveau apercevoir les traits fins de mon visage. Je faisais peine à voir. Mes cheveux noirs, recouverts de poussière, tendaient vers le gris. En plus d’un shampoing, ils auraient bien eu besoin d'une coupe. Mes yeux bleus s’attardèrent sur une tache récalcitrante sur la pointe de mon nez aquilin. Il allait falloir plus qu’un peu d’eau… J’essayais quand même de faire partir la poussière de mes pommettes saillantes, ou encore de ma barbe qui commençait à prendre la même couleur que mes cheveux. Cette fois, mes yeux s'arrêtèrent dans leur propre reflet. Depuis que la Nebula et moi-même avions fusionné, ils n’avaient plus la même lueur. J’étais presque sur de les avoir vu changer de couleur par instant, hésitant entre leur bleu naturel et un rose inquiétant.
Ça ne servait à rien. Je laissais tomber le miroir au sol, abandonnant ma toilette, pour me revêtir. Tant que je ne serais pas en ville, je ne pourrais pas faire mieux. Je remettais ma tunique sale, cachant mon corps couvert d'ecchymoses. J’avais beau avoir fortifié mon corps durant toutes ces années dans l’armée, cela ne m’avait pas protégé lors de mon dernier affrontement. Tous les muscles de mon corps étaient meurtris. Au moins, cela ne se voyait pas avec les haillons que je portais. Cela permettait également de cacher les cicatrices sur mon dos et mes jambes, souvenir douloureux des ordalies subies pendant mon enfance. À part ces mêmes blessures sur mes mains, mon corps plutôt mince ne laissait rien paraître dans ces vêtements amples. Et je ne savais pas à qui ils avaient appartenu, mais cela devait être un géant. Je n’étais ni très grand, ni petit, mais leur ancien propriétaire devait faire deux mètres.
Je m'asseyais finalement sur une chaise en bois qui avait survécu dans la vieille bâtisse en ruine. Qu'avais-je bien pu faire pour mériter cela ? Mes parents auraient certainement eu une explication toute trouvée. Je n’avais pas assez prié, je n’avais pas assez eu la foi, ou peut-être avais-je tout simplement pêché. J’avais beau rejeter leur mode de vie et leur façon de penser, je n’avais pas rejeté les dieux pour autant. Et j’essayais de vivre selon certains de leurs principes. Après tout, j’étais né durant le mois de Raphalos, l’Esprit de l’empathie. J’étais particulièrement attaché à cette valeur. J’essayais d’être bon, juste, honnête.
Honnête… C’était peut-être là que ça avait commencé à pêcher. J’avais fui la maison familiale parce que je ne reconnaissais pas leurs rites. J’avais menti pendant des années avant de finalement partir… Pour rejoindre l’armée. Un autre concept auquel je ne croyais pas réellement. Je n’étais pas prêt à combattre d’autres vies, encore moins à en prendre une. Et pourtant, j’avais fini par devenir un caravanier. Un rôle qui m’avait amené à mentir, trahir, et tuer pour une cause qui n’était pas vraiment la mienne. J’avais fermé mon esprit, je m’étais renfermé sur moi-même, ignorant tous mes instincts naturels.
Ce n’avait pas été mes plus belles années. J’étais d’un naturel chaleureux, bienveillant et social. J’aimais avoir des amis. Pendant mon enfance, je n’avais pas eu beaucoup d’amis. La seule personne qui avait compté pour moi, ma famille avait réussi à détruire notre relation. Dans la Garde Sacrée, j’avais fait de bonnes rencontres, découvert l'amitié et la fraternité pour la première fois. Avant de là aussi, quitter mon environnement pour me retrouver dans un pays étranger, avec des soldats que j’étais destiné à tromper. Comment se faire des amis dans ces conditions ? Et pourtant, j’avais découvert que l’ennemie n’était pas si diabolique que ça. Rien n’était jamais tout blanc ou noir. Cela m’avait poussé à remettre en question plus d’une fois les ordres des Caravaniers. Mais j’avais toute ma vie était formaté pour suivre les ordres. Et c’est ce que je finis par faire.
Néanmoins, vivre dans une nouvelle nation avait de quoi satisfaire ma curiosité. Je découvrais tant de nouvelles choses et de nouvelles cultures. Tout ce que j’avais lu dans les livres ne reflétait qu’une infime partie de ce qu’ils se passaient en dehors de ma ville natale. C’est probablement de mieux comprendre le monde qui me poussa, petit à petit, à déserter les rangs des Caravaniers. Et à commencer à mieux comprendre que cette vie ne me correspondait pas. Tout compte fait, peut-être avais-je mérité les événements de ces derniers jours… Et il était encore difficile de le voir comme une opportunité.
La vie qui s’ouvrait devant moi était un canevas vierge. Enfin, presque, j’avais une épée de damoclès au-dessus de la tête… Je n’avais pas encore processé ma nouvelle condition et cet être paranormal qui vivait dans mon corps. Je le sentais dormir en moi. Ou plutôt ni réellement éveillé ni assoupi. Il attendait un faux pas, une erreur de ma part. Si ma chance ne revenait pas vite, il n’aurait pas à attendre bien longtemps. J’avais eu l'occasion de lire quelques textes peu rassurants de ce que devenaient les êtres comme moi. Mais tout ce que j’avais lu, je l’avais appris des livres du temple. Peut-être existait-il d’autres oeuvres plus scientifiques à ce sujet.
Je tirai un bouquin de ma sacoche, déroulant délicatement le ruban qui le maintenait fermé. Oui, je savais où me rendre et quoi faire. J’attrapai le petit morceau de charbon qui me servait de crayon, et commençai à rédiger quelques mots. Peut-être existe-t-il une solution à mon problème.
Ça ne servait à rien. Je laissais tomber le miroir au sol, abandonnant ma toilette, pour me revêtir. Tant que je ne serais pas en ville, je ne pourrais pas faire mieux. Je remettais ma tunique sale, cachant mon corps couvert d'ecchymoses. J’avais beau avoir fortifié mon corps durant toutes ces années dans l’armée, cela ne m’avait pas protégé lors de mon dernier affrontement. Tous les muscles de mon corps étaient meurtris. Au moins, cela ne se voyait pas avec les haillons que je portais. Cela permettait également de cacher les cicatrices sur mon dos et mes jambes, souvenir douloureux des ordalies subies pendant mon enfance. À part ces mêmes blessures sur mes mains, mon corps plutôt mince ne laissait rien paraître dans ces vêtements amples. Et je ne savais pas à qui ils avaient appartenu, mais cela devait être un géant. Je n’étais ni très grand, ni petit, mais leur ancien propriétaire devait faire deux mètres.
Je m'asseyais finalement sur une chaise en bois qui avait survécu dans la vieille bâtisse en ruine. Qu'avais-je bien pu faire pour mériter cela ? Mes parents auraient certainement eu une explication toute trouvée. Je n’avais pas assez prié, je n’avais pas assez eu la foi, ou peut-être avais-je tout simplement pêché. J’avais beau rejeter leur mode de vie et leur façon de penser, je n’avais pas rejeté les dieux pour autant. Et j’essayais de vivre selon certains de leurs principes. Après tout, j’étais né durant le mois de Raphalos, l’Esprit de l’empathie. J’étais particulièrement attaché à cette valeur. J’essayais d’être bon, juste, honnête.
Honnête… C’était peut-être là que ça avait commencé à pêcher. J’avais fui la maison familiale parce que je ne reconnaissais pas leurs rites. J’avais menti pendant des années avant de finalement partir… Pour rejoindre l’armée. Un autre concept auquel je ne croyais pas réellement. Je n’étais pas prêt à combattre d’autres vies, encore moins à en prendre une. Et pourtant, j’avais fini par devenir un caravanier. Un rôle qui m’avait amené à mentir, trahir, et tuer pour une cause qui n’était pas vraiment la mienne. J’avais fermé mon esprit, je m’étais renfermé sur moi-même, ignorant tous mes instincts naturels.
Ce n’avait pas été mes plus belles années. J’étais d’un naturel chaleureux, bienveillant et social. J’aimais avoir des amis. Pendant mon enfance, je n’avais pas eu beaucoup d’amis. La seule personne qui avait compté pour moi, ma famille avait réussi à détruire notre relation. Dans la Garde Sacrée, j’avais fait de bonnes rencontres, découvert l'amitié et la fraternité pour la première fois. Avant de là aussi, quitter mon environnement pour me retrouver dans un pays étranger, avec des soldats que j’étais destiné à tromper. Comment se faire des amis dans ces conditions ? Et pourtant, j’avais découvert que l’ennemie n’était pas si diabolique que ça. Rien n’était jamais tout blanc ou noir. Cela m’avait poussé à remettre en question plus d’une fois les ordres des Caravaniers. Mais j’avais toute ma vie était formaté pour suivre les ordres. Et c’est ce que je finis par faire.
Néanmoins, vivre dans une nouvelle nation avait de quoi satisfaire ma curiosité. Je découvrais tant de nouvelles choses et de nouvelles cultures. Tout ce que j’avais lu dans les livres ne reflétait qu’une infime partie de ce qu’ils se passaient en dehors de ma ville natale. C’est probablement de mieux comprendre le monde qui me poussa, petit à petit, à déserter les rangs des Caravaniers. Et à commencer à mieux comprendre que cette vie ne me correspondait pas. Tout compte fait, peut-être avais-je mérité les événements de ces derniers jours… Et il était encore difficile de le voir comme une opportunité.
La vie qui s’ouvrait devant moi était un canevas vierge. Enfin, presque, j’avais une épée de damoclès au-dessus de la tête… Je n’avais pas encore processé ma nouvelle condition et cet être paranormal qui vivait dans mon corps. Je le sentais dormir en moi. Ou plutôt ni réellement éveillé ni assoupi. Il attendait un faux pas, une erreur de ma part. Si ma chance ne revenait pas vite, il n’aurait pas à attendre bien longtemps. J’avais eu l'occasion de lire quelques textes peu rassurants de ce que devenaient les êtres comme moi. Mais tout ce que j’avais lu, je l’avais appris des livres du temple. Peut-être existait-il d’autres oeuvres plus scientifiques à ce sujet.
Je tirai un bouquin de ma sacoche, déroulant délicatement le ruban qui le maintenait fermé. Oui, je savais où me rendre et quoi faire. J’attrapai le petit morceau de charbon qui me servait de crayon, et commençai à rédiger quelques mots. Peut-être existe-t-il une solution à mon problème.
Habiletés et pouvoirs
Héritage Orthodoxe - Éducation religieuse et ignorance du monde extérieur
Entrée 52 - 22 Raphalos 1890
J’ai dix-huit ans aujourd’hui. Je deviens officiellement un adulte. Enfin pour Aramila. Apparemment, je ne suis pas encore adulte à l’extérieur de la ville. Ça doit être bien. En fait, tout ce qu'il se passe en dehors de mon quartier doit être bien… J’ai oublié ma leçon de la veille. Mon anniversaire a commencé avec un sermon sur l’importance des douze. Si je ne retiens pas mes leçons, c’est que je ne les respecte pas. Et si je ne les respecte pas, c’est que ma foi n’est pas sincère. Et si ma foi n’est pas sincère… Et bien, je suis punie. Ou plutôt, je dois me punir… Pour mon anniversaire. Je l’ai fait. Comme à chaque fois. Mais je n’en peux plus de lire les textes saints, de prier autant, de devoir tout faire correctement sinon je n’accéderai pas à l’Isthe. Et apparemment ma famille non plus… Alors il est plus simple de me taire et de suivre leurs leçons. J’espère qu’un jour, je pourrais voir le monde. Les livres de la bibliothèque du Père Lucas n’aident pas vraiment à comprendre ce qui existe dehors. Mais un jour, je ne serai plus là, et je connaîtrais autre chose que ce que veulent les 12 pour moi et ma famille.
Formation militaire - Rigueur, endurance, armes à feu, armes de hast, épées et obéissance
Entrée 164 - 12 Bahlam 1892
Cela fait plusieurs mois que j’ai rejoint la Garde Sacrée. C’est très différent de tout ce que j’ai connu jusqu’à présent. Je passe mes journées à m'entraîner et à nettoyer les écuries. Malgré tout, ma famille me manque. Je n’aurais pas pensé que ce serait le cas, mais ils me manquent. J’essaie de ne pas y penser. Et l'entraînement aide. J’ai découvert que je n’étais pas mauvais avec une arme à la main. Mais pour être 100% honnête, je ne sais pas si j’ai pris une bonne décision. Vivre dans l’armée a ses avantages. Mais je ne suis pas sûr d’être prêt à faire la guerre, si cela devait arriver. Je ne suis pas sûr de le vouloir non plus…
Ex-Caravanier - Espionnage et assassinat
Entrée 297 - 04 Azoriax 1895
C’est mon premier assignement. Je ne m’étais pas attendu à passer d’une armée à une autre. Cela fait plusieurs mois que je m’entraîne pour ce jour, mais je ne m’étais pas attendu à ce que tout se précipite ces derniers jours. À partir d’aujourd’hui, je ne suis plus un citoyen Aramilan. Je suis Epistotes. J’y ai toujours vécu. Et aujourd’hui, je m’engage dans l’armée D’Epistopolie. Mon entraînement militaire devrait être un atout. Mais c’est étrange de rejoindre l’armée que j’ai été formée à combattre. D’autant plus que je dois adhérer à leur idéologie, les soutenir, et tout ça pour les trahir. Je devrais peut-être faire attention à ne pas laisser traîner mon carnet…
Vagabondage - Équipement
Entrée 486 - 20 Keladron 1900
Je ne sais plus quoi faire… Tout le monde me croit probablement mort. Et ce n’est pas être pas plus mal. Je n’aurais plus à me battre, plus à faire semblant. Je ne suis pas un soldat. C’est peut-être le meilleur moyen de faire table rase, et de me faire pardonner pour mes actes. Je vais enterrer mon armure de soldat, et je devrais probablement faire de même avec mes papiers. Je devrais bien trouver quelques armes et quelques pièces qui traînent sur le champ de bataille histoire de pouvoir atteindre la ville la plus proche.
Inventaire :
Nebula - Hypervélocité
Entrée 491 - 27 Keladron 1900
Je n’avais jamais ressenti ça auparavant. Je ne saurais pas comment le décrire avec précision. C’est comme un cri, bestial et primaire, pourtant sourd, provenant du plus profond de mes entrailles. Cette créature qui vit en moi, je la sens bouger, essayer de prendre le contrôle, mais je sens aussi le pouvoir qu’elle renferme. Ce pouvoir semble couler dans mes veines. Nous le partageons. Je ne sais pas encore comment le maîtriser. Il va et vient quand l'adrénaline monte. Alors le monde autour de moi devient flou, mon corps devient léger, et les distances semblent se réduire. En réalité, malgré le monstre qui veut prendre possession de mon corps, cette sensation est grisante. Je n’avais jamais expérimenté une puissance comme celle-là. Je pourrais même apprécier la sensation de liberté que procure cette vitesse surnaturelle. Pour autant que je parvienne à mieux la maîtriser pour ne pas finir encastré dans un mur.
Entrée 52 - 22 Raphalos 1890
J’ai dix-huit ans aujourd’hui. Je deviens officiellement un adulte. Enfin pour Aramila. Apparemment, je ne suis pas encore adulte à l’extérieur de la ville. Ça doit être bien. En fait, tout ce qu'il se passe en dehors de mon quartier doit être bien… J’ai oublié ma leçon de la veille. Mon anniversaire a commencé avec un sermon sur l’importance des douze. Si je ne retiens pas mes leçons, c’est que je ne les respecte pas. Et si je ne les respecte pas, c’est que ma foi n’est pas sincère. Et si ma foi n’est pas sincère… Et bien, je suis punie. Ou plutôt, je dois me punir… Pour mon anniversaire. Je l’ai fait. Comme à chaque fois. Mais je n’en peux plus de lire les textes saints, de prier autant, de devoir tout faire correctement sinon je n’accéderai pas à l’Isthe. Et apparemment ma famille non plus… Alors il est plus simple de me taire et de suivre leurs leçons. J’espère qu’un jour, je pourrais voir le monde. Les livres de la bibliothèque du Père Lucas n’aident pas vraiment à comprendre ce qui existe dehors. Mais un jour, je ne serai plus là, et je connaîtrais autre chose que ce que veulent les 12 pour moi et ma famille.
Formation militaire - Rigueur, endurance, armes à feu, armes de hast, épées et obéissance
Entrée 164 - 12 Bahlam 1892
Cela fait plusieurs mois que j’ai rejoint la Garde Sacrée. C’est très différent de tout ce que j’ai connu jusqu’à présent. Je passe mes journées à m'entraîner et à nettoyer les écuries. Malgré tout, ma famille me manque. Je n’aurais pas pensé que ce serait le cas, mais ils me manquent. J’essaie de ne pas y penser. Et l'entraînement aide. J’ai découvert que je n’étais pas mauvais avec une arme à la main. Mais pour être 100% honnête, je ne sais pas si j’ai pris une bonne décision. Vivre dans l’armée a ses avantages. Mais je ne suis pas sûr d’être prêt à faire la guerre, si cela devait arriver. Je ne suis pas sûr de le vouloir non plus…
Ex-Caravanier - Espionnage et assassinat
Entrée 297 - 04 Azoriax 1895
C’est mon premier assignement. Je ne m’étais pas attendu à passer d’une armée à une autre. Cela fait plusieurs mois que je m’entraîne pour ce jour, mais je ne m’étais pas attendu à ce que tout se précipite ces derniers jours. À partir d’aujourd’hui, je ne suis plus un citoyen Aramilan. Je suis Epistotes. J’y ai toujours vécu. Et aujourd’hui, je m’engage dans l’armée D’Epistopolie. Mon entraînement militaire devrait être un atout. Mais c’est étrange de rejoindre l’armée que j’ai été formée à combattre. D’autant plus que je dois adhérer à leur idéologie, les soutenir, et tout ça pour les trahir. Je devrais peut-être faire attention à ne pas laisser traîner mon carnet…
Vagabondage - Équipement
Entrée 486 - 20 Keladron 1900
Je ne sais plus quoi faire… Tout le monde me croit probablement mort. Et ce n’est pas être pas plus mal. Je n’aurais plus à me battre, plus à faire semblant. Je ne suis pas un soldat. C’est peut-être le meilleur moyen de faire table rase, et de me faire pardonner pour mes actes. Je vais enterrer mon armure de soldat, et je devrais probablement faire de même avec mes papiers. Je devrais bien trouver quelques armes et quelques pièces qui traînent sur le champ de bataille histoire de pouvoir atteindre la ville la plus proche.
Inventaire :
- Dague
- Épée
- Pistolet à silex
- Tenue de haillons
- Carnet de notes
Nebula - Hypervélocité
Entrée 491 - 27 Keladron 1900
Je n’avais jamais ressenti ça auparavant. Je ne saurais pas comment le décrire avec précision. C’est comme un cri, bestial et primaire, pourtant sourd, provenant du plus profond de mes entrailles. Cette créature qui vit en moi, je la sens bouger, essayer de prendre le contrôle, mais je sens aussi le pouvoir qu’elle renferme. Ce pouvoir semble couler dans mes veines. Nous le partageons. Je ne sais pas encore comment le maîtriser. Il va et vient quand l'adrénaline monte. Alors le monde autour de moi devient flou, mon corps devient léger, et les distances semblent se réduire. En réalité, malgré le monstre qui veut prendre possession de mon corps, cette sensation est grisante. Je n’avais jamais expérimenté une puissance comme celle-là. Je pourrais même apprécier la sensation de liberté que procure cette vitesse surnaturelle. Pour autant que je parvienne à mieux la maîtriser pour ne pas finir encastré dans un mur.
Biographie
Entrée 53 - 22 Raphalos 1890
Finalement, mon dix-huitième anniversaire n’est pas si mal. J’ai rencontré quelqu’un aujourd’hui. Elle est extraordinaire et en sait déjà tellement plus que ma famille. Depuis que je suis enfant, j’ai toujours vécu dans la peur. Si je ne respectais pas les règles, si ma foi n’était pas sincère, alors je devais me faire pardonner. Et je suis loin de penser comme ma famille. Je ne crois pas qu’il faille se priver aujourd’hui, souffrir aujourd’hui pour un jour peut être atteindre l’Isthe. Je ne suis même pas sûr qu’un tel lieu existe. Et s’il existe, je préfère penser que j’y accéderai en aidant mon prochain plutôt qu’en me flagellant. Mais ma famille ne pourrait pas comprendre. C’est pourquoi dès que j’ai un instant de libre, loin du travail à la brasserie de mon père, je pars explorer la ville, le plus loin possible de mon quartier. Et c’est là que je l’ai rencontrée.
Je passais par la place du marché quand sa voix résonna à mes oreilles. La fin de la journée approchait et certains marchands avaient déjà commencé à remballer. D’autres, comme elle, tentaient encore de vendre leurs articles jusqu’à ce que le marché ne ferme. Elle vendait des livres. Et d’après ses arguments de vente, les livres ne provenaient pas que des écrits religieux de Aramila. J’étais intrigué et mon regard se posa sur elle un instant. Elle était d'une beauté envoûtante, virevoltant dans une robe colorée qui semblait défier toutes les conventions. Elle portait ses cheveux lâches, et sur son visage se dessinait un sourire taquin, comme si elle connaissait tous les secrets enfouis dans les livres qu’elle vendait. Intimidé par sa liberté et sa légèreté, je n’osais pas approcher. Mais c'est à ce moment-là que nos regards se sont croisés. Le sourire qu’elle m’adressa me fit perdre consistance. Pour masquer mes joues qui devenaient écarlates, je m’approchais rapidement de son échoppe, plongeant ma tête dans le premier livre que je pouvais trouver.
Le livre en question portait le sceau d’une autre ville et ne semblait pas parler de religion. C’était rare de mettre la main sur ce genre d’ouvrage. J’attrapais un second bouquin, oubliant pendant un instant le regard de la jeune femme. J’avais beau passer des heures dans les bibliothèques de la ville, certains de ces livres parlaient de lieu que je n’avais jamais vu et d'autres dont on ne m’avait jamais parlé. Je feuilletai rapidement chaque bouquin, envieux que d’autres aient une telle collection. J’aurais aimé pouvoir repartir avec au moins un de ces livres. Mais ils étaient trop chers et si mes parents le trouvaient… C’est à ce moment qu’elle s’adressa à moi pour la première fois. Sa voix était douce et envoûtante. J’en ai presque oublié ce qu’elle m’avait demandé. Elle voulait simplement savoir si j’avais fait un choix pour pouvoir fermer sa boutique. J’ai dû reposer le livre et lui dire que je ne pouvais pas en acheter. Je ne sais pas pourquoi, mais je pense avoir lu dans son regard qu’elle a compris. Et plutôt que le regard de mes parents, j’ai vu dans ses yeux de la compassion et de la bienveillance.
Je suis reparti les mains vides, mais elle m’a dit qu’elle serait là dans deux jours avec de nouveaux livres. Nous n’avons échangé que quelques mots et quelques regards, mais j’ai déjà l’impression qu’elle me connaît. C’est stupide, je sais. Mais je serais au marché quand elle reviendra.
Entrée 70 - 30 Pthelior 1890
J’ai fait le mur ce soir. Nous nous sommes retrouvés à la nuit tombée près du port. Ces derniers mois ont été comme un rêve. Tout n’a pas été simple pour autant… J’ai dû redoubler d’efforts pour être le parfait enfant. Mes parents pensent que j’ai enfin trouvé la foi. Ce n’est pas toujours évident, mais je crois qu’ils ont acheté mon baratin. Ils ont relâché leur étreinte et me font un peu plus confiance. Ça me permet de filer en douce plus souvent et d’aller la retrouver. Malgré tous mes mensonges, elle me fait oublier cette vie. Ça en vaut la peine, même si ce n’est que pour quelques minutes avec elle. Et ce soir était magique.
Elle m’attendait, dans une robe aussi colorée qu’à son habitude. Quand elle m’a vu, un sourire à illuminé son visage. Elle m'a lancé un clin d'œil complice, qui effaça tous mes problèmes. Sans un mot, elle m'a tendu la main, m'invitant à la suivre dans les rues du port, jusqu’à un rempart à l'abri des regards qui surplombait les navires amarrés aux pontons. Assis à côté d’elle, mon coeur battait la chamade. À chaque fois que nos bras s'effleuraient lorsque je voulais attraper un morceau de pain et de fromage dans le panier qu’elle avait emporté pour nous, mon coeur manquait un battement.
Nous sommes restés longtemps sur le rebord de pierre, à manger et discuter. Elle me racontait sa vie dans le quartier voisin, un endroit plus libre, où les règles religieuses étaient moins oppressantes. Je découvrais son enfance et ses rêves. Elle me parlait avec passion de son désir de vivre sa propre vie, sans contrainte aucune à voyager et découvrir le monde. À chaque fois que je l'écoute, je me sens compris et accepté. Elle ne me jugeait pas pour mon malaise face à notre société, au contraire, elle espérait que je saurais m’en délivrer. Cette rencontre me donne l'espoir qu'il est possible de vivre autrement, de transcender les frontières de mon quartier et de découvrir un monde nouveau et fascinant.
Je pourrais rester avec elle et découvrir le monde. Je n’aurais besoin de rien d’autre. Le souvenir de sa tête posée sur mon épaule restera gravé dans ma mémoire et dans ce journal. Je n’oublierais jamais cette sensation.
Entrée 156 - 24 Keladron 1892
Je les hais. Ils ont réussi à tout gâcher. Je ne sais pas depuis combien de temps, ils sont au courant. Mais ils ont été trop loin. Dans quelques jours, je dois rencontrer ma future femme. Mes parents ont décidé de m’interdire de sortir de la maison, de revoir celle que j’aime, ils ont envoyé une lettre à sa famille expliquant notre relation et y mettant fin, annonçant que je me marierai prochainement. Je ne pourrais plus la revoir… Sa famille a répondu, n’ayant d’autres choix que d’accepter les faits. Aramila prône la liberté de culte. Personne ne peut s’opposer aux traditions de ma famille parce qu’elles diffèrent des autres. Ils ont demandé à leur fille de faire un trait sur moi. Je ne peux pas m’y résoudre. C’est la fois de trop. Je ne peux pas rester ici.
Entrée 157 - 24 Keladron 1892
Elle est partie… Je ne sais pas où. J’ai fui de chez ma famille pour la retrouver. Mais ses parents l’ont envoyée à la campagne chez son oncle. C’est la première fois que je les rencontrais. Je comprends d’où vient sa bienveillance. Mais il est trop tard. Ses parents ne peuvent rien faire pour moi. Je suis orphelin par choix, sans métier, sans maison, sans argent. Je n’ai rien à lui offrir pour mener la vie qu’elle veut. Ils ne me diront pas où elle est partie. Mais je ne rentrerais pas chez moi. Je n’ai plus rien à perdre. Elle était ma seule amie, la seule personne qui me comprenait. Je n’ai plus rien. Je préfère encore m’engager dans la Garde Sacrée que de rentrer chez moi.
Entrée 159 - 02 Lugrilen 1892
J’ai rejoint la Garde Sacrée. S'enrôler dans l’armée était beaucoup plus simple que ce que j’avais imaginé. En revanche, le travail est difficile. Mes journées sont divisées entre le nettoyage de la caserne et l'entraînement militaire. C’est épuisant, mais au moins, cela m’occupe l’esprit. J’espère qu’elle va bien… Je n’arrive pas à penser à autre chose. Les derniers jours ont été intenses. Les blessures des épées en bois aident… J’apprends à manier la lance et le sabre pour l’instant. Si cela comprend beaucoup de renforcement physique pour être en forme, je crois que j’apprends à apprécier l’escrime. Cela demande de la rigueur. Au moins, j’aurais retenu ça de ma vie avec mes parents.
Je découvre aussi la vie en dehors de l'entraînement. La caserne est comme une petite ville à l’intérieur d’Aramila. J’y découvre tous les corps de métier et sa structure si bien huilés. On dirait une fourmilière toujours en pleine agitation. Chacun a son rôle et accomplit sa tâche pour ne pas ralentir l’engrenage. Je crois que c’est pour ça qu’il existe une telle camaraderie entre les militaires qui vivent avec moi. Cette fraternité que je découvre est grisante. Je suis le petit nouveau et je regarde tout ça à l’écart pour l’instant. Mais je vois déjà les ressemblances et différences avec mon ancien quartier.
Là-bas, nous vivions tous sous les mêmes règles et principes. Mais il n’y avait pas d’entraide. Nous nous surveillions. Il était question de règles à respecter sous peine de punition. Car les règles allaient permettre aux individus de rejoindre l’Isthe. Ici, les gens s’entraident. Il y a des règles et des punitions. Mais elles existent pour s’assurer que le groupe puisse avancer, coopérer et survivre. Mes camarades de chambre sont là depuis plus longtemps et semblent l’avoir bien compris. Je crois que c’est pour ça qu’ils m’aident à m’intégrer. Pour l’instant, je suis le maillon faible de la caserne. Alors ils m’aident à ne plus l’être. Je crois que je serais le nouveau à aider jusqu’à la prochaine recrue. Alors je devrais l’aider comme ils l’ont fait avec moi. Je crois que j’aime ça.
Entrée 217 - 18 Fanthret 1894
Cela fait plusieurs jours que nous sommes postés à la frontière entre Amarila et Epistopoli. C’est plutôt calme. On nous a donné l’ordre de monter la garde à la tour de guet et de s’assurer que personne ne s’approche trop de la frontière. Cela ne change pas beaucoup de mes affectations jusqu’à présent. En entrant dans la Garde Sacrée, j’avais eu peur de mon rapport au conflit et à la mort. Mais finalement, je n’avais eu qu’à arrêter quelques voyous et de temps en temps des groupes de mercenaires. J’avais déjà croisé le fer et aucune vie n’avait jamais été prise. Si c’était cela qu’être militaire en temps de paix, alors ce n’était pas trop mal. Je voyageais, mangeais à ma faim, pratiquais presque l'escrime comme un sport et mes camarades étaient devenus mes amis. Je n’avais pas à me plaindre.
Entrée 218 - 18 Fanthret 1894
J’ai pris une vie aujourd’hui… J’ai besoin de mettre de l’ordre dans mes pensées. Je revois sans cesse le regard de l’homme qui s’est empalé le long de mon épée. J’ai conscience que c’était lui ou moi. Mais cette sensation de dégoût ne me quitte pas. Je pensais en être incapable, que cela ne m’arriverait jamais. J’étais dans le déni et aujourd’hui je ne peux pas retourner en arrière. Cet acte restera avec moi pour toujours.
Nous étions à la tombée de la nuit. Tout était calme et nous nous apprêtions à dîner. L’ambiance était plutôt joviale dans le camp. Nous n’étions pas suffisamment sur nos gardes. Et c’est là que tout s’est accéléré. Les sifflements de plusieurs carreaux d'arbalète perturbèrent le silence de la nuit et frappèrent en plein torse les gardes du rempart. L’un d’eux tomba à la renverse, s’écrasant au sol à quelques mètres de moi. D’un coup, les cris envahirent le camp. Des hommes surgirent de l’ombre et se mêlèrent au chaos qui régnait dans la tour de guet. Je saisis mon sabre, tentant de ne pas laisser la panique me gagner. Les combats faisaient déjà rage.
Tout se passa tellement rapidement. Le groupe qui nous attaquait était en infériorité. Dans l’obscurité, je parvenais difficilement à comprendre qui ils étaient. Mais leur tenue faisait plus penser à des bandits qu’à autre chose. Les Gardes Sacrées avaient le dessus. Mais un bandit réussit à arriver jusqu’à moi. Un réflexe me sauva, repoussant la lame de son épée dans une parade simple. Aussi proche de moi alors que nos lames se rencontraient, je pouvais lire dans ses yeux le désespoir. Ses compagnons avaient beau mourir autour de nous, ils n’avaient pas le choix. Il avait l’air faible et pourtant, il était habité d’une rage intarissable. J’avais beau le tenir à distance, il ne ralentissait pas. Je n’avais pas voulu continuer ce combat. Il y avait assez à manger pour eux aussi. Pourquoi en venir jusqu’ici. Aurais-je été le seul à leur tendre un bol de ragoût ? Pourquoi avait-il fallu que pour me libérer de son emprise, ma lame traverse son corps ?
Le combat avec les bandits avait pris fin. La grande partie de mes compagnons s’en est sortie sans blessure si ce n’est les 3 gardes abattu par les carreaux. Mais aucun attaquant n’a survécu. L’ambiance n’est plus la même au campement. Je vois encore le sang sur mes gants même après les avoir nettoyés. Je vois encore son regard avant que la vie ne le quitte…
Entrée 282 - 10 Themiatis 1895
J’ai passé un examen pour une promotion au sein de l’armée. Et j’ai reçu une proposition étrange. Un homme m’a reçu pour me donner les résultats de mon test. Il m’a demandé de quitter l’armée et de rejoindre les rangs d’un groupe dans lequel je pourrais avoir plus d’impact qu’en tant que simple soldat. Je ne sais pas quoi en penser. Et pourtant, j’ai accepté.
Je ne sais pas pourquoi. L’armée n’a jamais été une vocation. Mais je ne connais plus rien d’autre. Je ne crois pas être fait pour être un soldat pour autant. Le souvenir des vies que j’ai prises reste ancré dans ma mémoire et me hante dans mes rêves. Peut-être est-ce encore un moyen de fuir ou une échappatoire ? Je ne sais pas en quoi consiste ce groupe. Mais je n’ai rien à perdre à leur dire oui.
Entrée 318 - 21 Nagidir 1896
Ma nouvelle vie dans l’armée Epistotes ne change pas beaucoup de ma vie dans l’armée Aramilan. Je m’entraine, je nettoie, je mange, je dors et j’entre dans une nouvelle camaraderie. Je crois que je ne suis pas mauvais pour prétendre que je suis Epistotes. Personne ne me soupçonne. En revanche, j’ai plus de difficulté à me lier d’amitié. D’une part parce que je leur mens, mais aussi parce que je suis amené à les trahir. J’ai envoyé mon premier rapport à l’ordre des Caravaniers. Je les informes de la vie dans la caserne et de ce que j’y entends. Je crois avoir surpris une conversation intéressante entre un haut gradé de la caserne et un représentant du gouvernement. Ce n’est peut être rien. Mais je suis habitué à écrire des notes. Alors j’ai envoyé ce que j’ai entendu. On ne sait jamais.
Entrée 325 - 31 Themiatis 1896
Apparemment les notes que j’ai envoyées aux caravaniers les ont intrigués. Ils m’ont demandé d’en apprendre plus. Je dois avouer que le métier d’espion est aussi inquiétant que palpitant. Ils m’ont demandé de suivre le haut gradé et le représentant et de les tenir informés. J’obéis à leur ordre et je leur envoie tout ce que je trouve. Mais j’ai parfois peur de me perdre. Je ne sais pas si mes actes sont portés par un besoin de fuir le monde qui m'entoure et de m’enfermer dans un mensonge ou si je crois réellement à mes actions et celles de mes maîtres.
Entrée 349 - 19 Fanthret 1898
Cela fait longtemps maintenant que je suis les ordres des Caravaniers et leur envoie toutes les informations que je trouve sur l’armée Epistote ainsi que sur mes deux cibles. Et aujourd’hui ma mission a changé.
Entrée 350 - 20 Fanthret 1898
Je suis devenu un assassin.
Entrée 351 - 11 Themiatis 1898
Nouvelle mission.
Entrée 352 - 27 Keladron 1898
Encore une autre.
Entrée 353 - 10 Bahlam 1898
Pourquoi est-ce que je continue ?
Entrée 354 - 07 Raphalos 1899
Je n’en peux plus. Je ne sais plus qui je suis, pourquoi je continue de suivre les ordres… Ça fait trop longtemps que je ne réfléchis plus. Je n’aime pas ce que je suis devenu et ce que j’ai accepté de faire. Je veux fuir, partir loin de tout. Mais je ne sais pas si cette fois, je pourrais. Est-ce que les caravaniers me laisseront faire ? Est-ce que je deviendrais une nouvelle cible sur le carnet d’un autre assassin ? Je ne veux plus suivre les ordres…
Entrée 355 - 09 Nagidir 1899
Je n’ai plus donné de nouvelles au Caravanier depuis maintenant un mois. Je me sens revivre. C’est comme si une autre personne avait pris possession de mon corps pendant ces dernières années. Je me réveille d’un long sommeil. Mais je ne suis pas libre pour autant. Je fais toujours partie de l’armée Epistote. Et je ne sais pas quel sort réservent les Caravaniers aux déserteurs. Je crois que j’ai peur. Peur d’être confronté à mes actes, peur d’être rattrapé par mon passé. Je ne peux pas rester dans cette caserne. Je serais trop facile à retrouver. Mais je ne peux pas fuir pour autant. J’ai suffisamment de problèmes pour être envoyé en cour martiale ici aussi. Je pourrais demander à être transféré… Oui, au moins, je serais plus difficile à retrouver avant d’avoir une solution viable.
Entrée 356 - 14 Nagidir 1899
J’ai trouvé une solution… Et c’est l’idée la plus stupide que je n’ai jamais eue. Je me suis enrôlé dans les expéditions. Je change de caserne demain pour rejoindre un corps de l’armée qui devrait partir dans quelques jours. Je ne sais pas ce qu’il m’attend. Mais au moins, personne n’ira me chercher là-bas. Avec un peu de chance, on oubliera mon nom et qui je suis. Enfin… Si je survis.
Entrée 427 - 14 Ioggmar 1900
Cela faisait un moment que je n’avais plus écrit dans mon carnet. Il faut dire que les expéditions sont intenses et laissent peu de temps pour se reposer. Il faut être alerte et toujours sur ses gardes. Les technologies d’Espitopoli sont impressionnantes. Elles donnent l’impression d’être en sécurité. Mais j’ai vu suffisamment d’atrocité dans la Brume pour ne me reposer que sur elles.
Malgré tout, j’avais imaginé la Brume très différemment. Elle est aussi terrifiante que ce que la religion m’a appris en grandissant à Aramila. Mais elle paraît également… Vivante. Je me l’étais toujours imaginé comme étant une brume corrosive, abritant des créatures utilisant son ombre pour se repaître des voyageurs perdus. Après avoir vu un homme activer sa prothèse de bras pour se défendre d’une Gargouille, je compris assez rapidement que la Brume était le vrai danger. C’était comme si elle avait intentionnellement réagi et attaqué l’homme. Il y avait quelque chose d'étrangement organique dans son comportement. Et cela m’intriguait énormément. J’étais comme conquis par cette créature méconnue et terrifiante.
Mais ce n’est pas pour autant un plaisir que de s’aventurer dans la Brume. Les expéditions ne sont pas tendres. Je m’en sors bien jusqu’à présent. Mais j’ai vu de nombreux camarades disparaître. J’ai le chic pour prendre les bonnes décisions semble-t-il. Je ne sais pas vraiment pourquoi je m’accroche. Je crois que c’est une façon pour moi d’expier mes péchés. C’est assez ironique quand on sait que j’ai fui ma famille qui pratiquait l’ordalie. La pomme ne tombe jamais vraiment bien loin de l’arbre.
Entrée 485 - 19 Keladron 1900
Je le sens bouger en moi. Je n’ai jamais ressenti quelque chose comme ça… Cette douleur fulgurante, qui s’est emparée de moi, était la plus grande douleur que je n’ai jamais ressentie. Notre expédition se déroulait plutôt bien pourtant… Jusqu’à ce que nous nous fassions attaquer par un Fledermaus. Ce fut un carnage. Je n’avais jamais vu une créature vivre dans la Brume comme ça. Elle surgissait de l’ombre pour nous déchiqueter les uns après les autres. Alors nous avons répliqué. Les éclairs ont jailli de toutes parts et le combat dégénéra. La Brume devint enragée et ce fut le chaos.
Je ne sais pas comment je parvins à en réchapper. Mais quand je fus enfin à l’abri des combats, pensant avoir survécu, j’étais en réalité seul et perdu, plus en danger que je pouvais le penser. Je vagabondais dans la brume, cherchant un lieu pour m’abriter. Et c’est là que je l’ai rencontré. C’était comme un concentré de brume, flottant seul au travers du brouillard. Je ne saurais comment l’expliquer, mais je suis presque certain que nos “regards” se sont croisés. L’instant suivant, la Nebula se précipita vers moi sans que j’ai le temps de réagir.
La douleur était telle que je ne pouvais plus tenir sur mes jambes. C’était comme si des mains invisibles étaient parvenues à se saisir de mon cerveau et l'écrasaient petit à petit. J’avais l’impression d’entendre des milliers de voix chuchoter à mes oreilles. Le sang dans mes veines brûlait. Un voile noir s’était abattu sur mes yeux. Je ne sais pas comment j’ai survécu. Je luttais contre une force invisible, priant pour que ce ne soit pas la fin. Et tout à coup, la douleur disparut pour être remplacée par un malaise indescriptible. J’ai lu des ouvrages sur les Portebrume, je sais qu’ils ont acquis des pouvoirs de la brume. Je ne savais pas qu’elle vivait en eux, cherchant à prendre le contrôle de leur corps.
Je ne sais pas ce que je vais faire… Encore une fois. Est ce que le monstre qui s'agite dans mes entrailles va réussir à s’échapper ? Que deviendrais-je s'il réussit ? Il y a encore tant de choses que j’ignore. Peut-être pourrais-je trouver des réponses auprès des scientifiques d’Epistopoli ? Si j’arrive à y rentrer. La brume semble étrangement calme en ma présence depuis que la Nebula est en moi… Peut-être y parviendrais-je ? Mais que pourrais-je bien dire à mes supérieurs une fois rentrés ?
Et si je ne leur disais rien ? L’expédition a été décimée. Même si des survivants arrivent à rentrer, ils pensent probablement que je suis mort. C’est peut-être ma chance de repartir à zéro. De ne plus fuir. Il est peut-être temps que je trouve ce que je veux faire. Je rêvais de voyager… C’était notre rêve… Il n’est peut-être pas trop tard…
Finalement, mon dix-huitième anniversaire n’est pas si mal. J’ai rencontré quelqu’un aujourd’hui. Elle est extraordinaire et en sait déjà tellement plus que ma famille. Depuis que je suis enfant, j’ai toujours vécu dans la peur. Si je ne respectais pas les règles, si ma foi n’était pas sincère, alors je devais me faire pardonner. Et je suis loin de penser comme ma famille. Je ne crois pas qu’il faille se priver aujourd’hui, souffrir aujourd’hui pour un jour peut être atteindre l’Isthe. Je ne suis même pas sûr qu’un tel lieu existe. Et s’il existe, je préfère penser que j’y accéderai en aidant mon prochain plutôt qu’en me flagellant. Mais ma famille ne pourrait pas comprendre. C’est pourquoi dès que j’ai un instant de libre, loin du travail à la brasserie de mon père, je pars explorer la ville, le plus loin possible de mon quartier. Et c’est là que je l’ai rencontrée.
Je passais par la place du marché quand sa voix résonna à mes oreilles. La fin de la journée approchait et certains marchands avaient déjà commencé à remballer. D’autres, comme elle, tentaient encore de vendre leurs articles jusqu’à ce que le marché ne ferme. Elle vendait des livres. Et d’après ses arguments de vente, les livres ne provenaient pas que des écrits religieux de Aramila. J’étais intrigué et mon regard se posa sur elle un instant. Elle était d'une beauté envoûtante, virevoltant dans une robe colorée qui semblait défier toutes les conventions. Elle portait ses cheveux lâches, et sur son visage se dessinait un sourire taquin, comme si elle connaissait tous les secrets enfouis dans les livres qu’elle vendait. Intimidé par sa liberté et sa légèreté, je n’osais pas approcher. Mais c'est à ce moment-là que nos regards se sont croisés. Le sourire qu’elle m’adressa me fit perdre consistance. Pour masquer mes joues qui devenaient écarlates, je m’approchais rapidement de son échoppe, plongeant ma tête dans le premier livre que je pouvais trouver.
Le livre en question portait le sceau d’une autre ville et ne semblait pas parler de religion. C’était rare de mettre la main sur ce genre d’ouvrage. J’attrapais un second bouquin, oubliant pendant un instant le regard de la jeune femme. J’avais beau passer des heures dans les bibliothèques de la ville, certains de ces livres parlaient de lieu que je n’avais jamais vu et d'autres dont on ne m’avait jamais parlé. Je feuilletai rapidement chaque bouquin, envieux que d’autres aient une telle collection. J’aurais aimé pouvoir repartir avec au moins un de ces livres. Mais ils étaient trop chers et si mes parents le trouvaient… C’est à ce moment qu’elle s’adressa à moi pour la première fois. Sa voix était douce et envoûtante. J’en ai presque oublié ce qu’elle m’avait demandé. Elle voulait simplement savoir si j’avais fait un choix pour pouvoir fermer sa boutique. J’ai dû reposer le livre et lui dire que je ne pouvais pas en acheter. Je ne sais pas pourquoi, mais je pense avoir lu dans son regard qu’elle a compris. Et plutôt que le regard de mes parents, j’ai vu dans ses yeux de la compassion et de la bienveillance.
Je suis reparti les mains vides, mais elle m’a dit qu’elle serait là dans deux jours avec de nouveaux livres. Nous n’avons échangé que quelques mots et quelques regards, mais j’ai déjà l’impression qu’elle me connaît. C’est stupide, je sais. Mais je serais au marché quand elle reviendra.
Entrée 70 - 30 Pthelior 1890
J’ai fait le mur ce soir. Nous nous sommes retrouvés à la nuit tombée près du port. Ces derniers mois ont été comme un rêve. Tout n’a pas été simple pour autant… J’ai dû redoubler d’efforts pour être le parfait enfant. Mes parents pensent que j’ai enfin trouvé la foi. Ce n’est pas toujours évident, mais je crois qu’ils ont acheté mon baratin. Ils ont relâché leur étreinte et me font un peu plus confiance. Ça me permet de filer en douce plus souvent et d’aller la retrouver. Malgré tous mes mensonges, elle me fait oublier cette vie. Ça en vaut la peine, même si ce n’est que pour quelques minutes avec elle. Et ce soir était magique.
Elle m’attendait, dans une robe aussi colorée qu’à son habitude. Quand elle m’a vu, un sourire à illuminé son visage. Elle m'a lancé un clin d'œil complice, qui effaça tous mes problèmes. Sans un mot, elle m'a tendu la main, m'invitant à la suivre dans les rues du port, jusqu’à un rempart à l'abri des regards qui surplombait les navires amarrés aux pontons. Assis à côté d’elle, mon coeur battait la chamade. À chaque fois que nos bras s'effleuraient lorsque je voulais attraper un morceau de pain et de fromage dans le panier qu’elle avait emporté pour nous, mon coeur manquait un battement.
Nous sommes restés longtemps sur le rebord de pierre, à manger et discuter. Elle me racontait sa vie dans le quartier voisin, un endroit plus libre, où les règles religieuses étaient moins oppressantes. Je découvrais son enfance et ses rêves. Elle me parlait avec passion de son désir de vivre sa propre vie, sans contrainte aucune à voyager et découvrir le monde. À chaque fois que je l'écoute, je me sens compris et accepté. Elle ne me jugeait pas pour mon malaise face à notre société, au contraire, elle espérait que je saurais m’en délivrer. Cette rencontre me donne l'espoir qu'il est possible de vivre autrement, de transcender les frontières de mon quartier et de découvrir un monde nouveau et fascinant.
Je pourrais rester avec elle et découvrir le monde. Je n’aurais besoin de rien d’autre. Le souvenir de sa tête posée sur mon épaule restera gravé dans ma mémoire et dans ce journal. Je n’oublierais jamais cette sensation.
Entrée 156 - 24 Keladron 1892
Je les hais. Ils ont réussi à tout gâcher. Je ne sais pas depuis combien de temps, ils sont au courant. Mais ils ont été trop loin. Dans quelques jours, je dois rencontrer ma future femme. Mes parents ont décidé de m’interdire de sortir de la maison, de revoir celle que j’aime, ils ont envoyé une lettre à sa famille expliquant notre relation et y mettant fin, annonçant que je me marierai prochainement. Je ne pourrais plus la revoir… Sa famille a répondu, n’ayant d’autres choix que d’accepter les faits. Aramila prône la liberté de culte. Personne ne peut s’opposer aux traditions de ma famille parce qu’elles diffèrent des autres. Ils ont demandé à leur fille de faire un trait sur moi. Je ne peux pas m’y résoudre. C’est la fois de trop. Je ne peux pas rester ici.
Entrée 157 - 24 Keladron 1892
Elle est partie… Je ne sais pas où. J’ai fui de chez ma famille pour la retrouver. Mais ses parents l’ont envoyée à la campagne chez son oncle. C’est la première fois que je les rencontrais. Je comprends d’où vient sa bienveillance. Mais il est trop tard. Ses parents ne peuvent rien faire pour moi. Je suis orphelin par choix, sans métier, sans maison, sans argent. Je n’ai rien à lui offrir pour mener la vie qu’elle veut. Ils ne me diront pas où elle est partie. Mais je ne rentrerais pas chez moi. Je n’ai plus rien à perdre. Elle était ma seule amie, la seule personne qui me comprenait. Je n’ai plus rien. Je préfère encore m’engager dans la Garde Sacrée que de rentrer chez moi.
Entrée 159 - 02 Lugrilen 1892
J’ai rejoint la Garde Sacrée. S'enrôler dans l’armée était beaucoup plus simple que ce que j’avais imaginé. En revanche, le travail est difficile. Mes journées sont divisées entre le nettoyage de la caserne et l'entraînement militaire. C’est épuisant, mais au moins, cela m’occupe l’esprit. J’espère qu’elle va bien… Je n’arrive pas à penser à autre chose. Les derniers jours ont été intenses. Les blessures des épées en bois aident… J’apprends à manier la lance et le sabre pour l’instant. Si cela comprend beaucoup de renforcement physique pour être en forme, je crois que j’apprends à apprécier l’escrime. Cela demande de la rigueur. Au moins, j’aurais retenu ça de ma vie avec mes parents.
Je découvre aussi la vie en dehors de l'entraînement. La caserne est comme une petite ville à l’intérieur d’Aramila. J’y découvre tous les corps de métier et sa structure si bien huilés. On dirait une fourmilière toujours en pleine agitation. Chacun a son rôle et accomplit sa tâche pour ne pas ralentir l’engrenage. Je crois que c’est pour ça qu’il existe une telle camaraderie entre les militaires qui vivent avec moi. Cette fraternité que je découvre est grisante. Je suis le petit nouveau et je regarde tout ça à l’écart pour l’instant. Mais je vois déjà les ressemblances et différences avec mon ancien quartier.
Là-bas, nous vivions tous sous les mêmes règles et principes. Mais il n’y avait pas d’entraide. Nous nous surveillions. Il était question de règles à respecter sous peine de punition. Car les règles allaient permettre aux individus de rejoindre l’Isthe. Ici, les gens s’entraident. Il y a des règles et des punitions. Mais elles existent pour s’assurer que le groupe puisse avancer, coopérer et survivre. Mes camarades de chambre sont là depuis plus longtemps et semblent l’avoir bien compris. Je crois que c’est pour ça qu’ils m’aident à m’intégrer. Pour l’instant, je suis le maillon faible de la caserne. Alors ils m’aident à ne plus l’être. Je crois que je serais le nouveau à aider jusqu’à la prochaine recrue. Alors je devrais l’aider comme ils l’ont fait avec moi. Je crois que j’aime ça.
Entrée 217 - 18 Fanthret 1894
Cela fait plusieurs jours que nous sommes postés à la frontière entre Amarila et Epistopoli. C’est plutôt calme. On nous a donné l’ordre de monter la garde à la tour de guet et de s’assurer que personne ne s’approche trop de la frontière. Cela ne change pas beaucoup de mes affectations jusqu’à présent. En entrant dans la Garde Sacrée, j’avais eu peur de mon rapport au conflit et à la mort. Mais finalement, je n’avais eu qu’à arrêter quelques voyous et de temps en temps des groupes de mercenaires. J’avais déjà croisé le fer et aucune vie n’avait jamais été prise. Si c’était cela qu’être militaire en temps de paix, alors ce n’était pas trop mal. Je voyageais, mangeais à ma faim, pratiquais presque l'escrime comme un sport et mes camarades étaient devenus mes amis. Je n’avais pas à me plaindre.
Entrée 218 - 18 Fanthret 1894
J’ai pris une vie aujourd’hui… J’ai besoin de mettre de l’ordre dans mes pensées. Je revois sans cesse le regard de l’homme qui s’est empalé le long de mon épée. J’ai conscience que c’était lui ou moi. Mais cette sensation de dégoût ne me quitte pas. Je pensais en être incapable, que cela ne m’arriverait jamais. J’étais dans le déni et aujourd’hui je ne peux pas retourner en arrière. Cet acte restera avec moi pour toujours.
Nous étions à la tombée de la nuit. Tout était calme et nous nous apprêtions à dîner. L’ambiance était plutôt joviale dans le camp. Nous n’étions pas suffisamment sur nos gardes. Et c’est là que tout s’est accéléré. Les sifflements de plusieurs carreaux d'arbalète perturbèrent le silence de la nuit et frappèrent en plein torse les gardes du rempart. L’un d’eux tomba à la renverse, s’écrasant au sol à quelques mètres de moi. D’un coup, les cris envahirent le camp. Des hommes surgirent de l’ombre et se mêlèrent au chaos qui régnait dans la tour de guet. Je saisis mon sabre, tentant de ne pas laisser la panique me gagner. Les combats faisaient déjà rage.
Tout se passa tellement rapidement. Le groupe qui nous attaquait était en infériorité. Dans l’obscurité, je parvenais difficilement à comprendre qui ils étaient. Mais leur tenue faisait plus penser à des bandits qu’à autre chose. Les Gardes Sacrées avaient le dessus. Mais un bandit réussit à arriver jusqu’à moi. Un réflexe me sauva, repoussant la lame de son épée dans une parade simple. Aussi proche de moi alors que nos lames se rencontraient, je pouvais lire dans ses yeux le désespoir. Ses compagnons avaient beau mourir autour de nous, ils n’avaient pas le choix. Il avait l’air faible et pourtant, il était habité d’une rage intarissable. J’avais beau le tenir à distance, il ne ralentissait pas. Je n’avais pas voulu continuer ce combat. Il y avait assez à manger pour eux aussi. Pourquoi en venir jusqu’ici. Aurais-je été le seul à leur tendre un bol de ragoût ? Pourquoi avait-il fallu que pour me libérer de son emprise, ma lame traverse son corps ?
Le combat avec les bandits avait pris fin. La grande partie de mes compagnons s’en est sortie sans blessure si ce n’est les 3 gardes abattu par les carreaux. Mais aucun attaquant n’a survécu. L’ambiance n’est plus la même au campement. Je vois encore le sang sur mes gants même après les avoir nettoyés. Je vois encore son regard avant que la vie ne le quitte…
Entrée 282 - 10 Themiatis 1895
J’ai passé un examen pour une promotion au sein de l’armée. Et j’ai reçu une proposition étrange. Un homme m’a reçu pour me donner les résultats de mon test. Il m’a demandé de quitter l’armée et de rejoindre les rangs d’un groupe dans lequel je pourrais avoir plus d’impact qu’en tant que simple soldat. Je ne sais pas quoi en penser. Et pourtant, j’ai accepté.
Je ne sais pas pourquoi. L’armée n’a jamais été une vocation. Mais je ne connais plus rien d’autre. Je ne crois pas être fait pour être un soldat pour autant. Le souvenir des vies que j’ai prises reste ancré dans ma mémoire et me hante dans mes rêves. Peut-être est-ce encore un moyen de fuir ou une échappatoire ? Je ne sais pas en quoi consiste ce groupe. Mais je n’ai rien à perdre à leur dire oui.
Entrée 318 - 21 Nagidir 1896
Ma nouvelle vie dans l’armée Epistotes ne change pas beaucoup de ma vie dans l’armée Aramilan. Je m’entraine, je nettoie, je mange, je dors et j’entre dans une nouvelle camaraderie. Je crois que je ne suis pas mauvais pour prétendre que je suis Epistotes. Personne ne me soupçonne. En revanche, j’ai plus de difficulté à me lier d’amitié. D’une part parce que je leur mens, mais aussi parce que je suis amené à les trahir. J’ai envoyé mon premier rapport à l’ordre des Caravaniers. Je les informes de la vie dans la caserne et de ce que j’y entends. Je crois avoir surpris une conversation intéressante entre un haut gradé de la caserne et un représentant du gouvernement. Ce n’est peut être rien. Mais je suis habitué à écrire des notes. Alors j’ai envoyé ce que j’ai entendu. On ne sait jamais.
Entrée 325 - 31 Themiatis 1896
Apparemment les notes que j’ai envoyées aux caravaniers les ont intrigués. Ils m’ont demandé d’en apprendre plus. Je dois avouer que le métier d’espion est aussi inquiétant que palpitant. Ils m’ont demandé de suivre le haut gradé et le représentant et de les tenir informés. J’obéis à leur ordre et je leur envoie tout ce que je trouve. Mais j’ai parfois peur de me perdre. Je ne sais pas si mes actes sont portés par un besoin de fuir le monde qui m'entoure et de m’enfermer dans un mensonge ou si je crois réellement à mes actions et celles de mes maîtres.
Entrée 349 - 19 Fanthret 1898
Cela fait longtemps maintenant que je suis les ordres des Caravaniers et leur envoie toutes les informations que je trouve sur l’armée Epistote ainsi que sur mes deux cibles. Et aujourd’hui ma mission a changé.
Entrée 350 - 20 Fanthret 1898
Je suis devenu un assassin.
Entrée 351 - 11 Themiatis 1898
Nouvelle mission.
Entrée 352 - 27 Keladron 1898
Encore une autre.
Entrée 353 - 10 Bahlam 1898
Pourquoi est-ce que je continue ?
Entrée 354 - 07 Raphalos 1899
Je n’en peux plus. Je ne sais plus qui je suis, pourquoi je continue de suivre les ordres… Ça fait trop longtemps que je ne réfléchis plus. Je n’aime pas ce que je suis devenu et ce que j’ai accepté de faire. Je veux fuir, partir loin de tout. Mais je ne sais pas si cette fois, je pourrais. Est-ce que les caravaniers me laisseront faire ? Est-ce que je deviendrais une nouvelle cible sur le carnet d’un autre assassin ? Je ne veux plus suivre les ordres…
Entrée 355 - 09 Nagidir 1899
Je n’ai plus donné de nouvelles au Caravanier depuis maintenant un mois. Je me sens revivre. C’est comme si une autre personne avait pris possession de mon corps pendant ces dernières années. Je me réveille d’un long sommeil. Mais je ne suis pas libre pour autant. Je fais toujours partie de l’armée Epistote. Et je ne sais pas quel sort réservent les Caravaniers aux déserteurs. Je crois que j’ai peur. Peur d’être confronté à mes actes, peur d’être rattrapé par mon passé. Je ne peux pas rester dans cette caserne. Je serais trop facile à retrouver. Mais je ne peux pas fuir pour autant. J’ai suffisamment de problèmes pour être envoyé en cour martiale ici aussi. Je pourrais demander à être transféré… Oui, au moins, je serais plus difficile à retrouver avant d’avoir une solution viable.
Entrée 356 - 14 Nagidir 1899
J’ai trouvé une solution… Et c’est l’idée la plus stupide que je n’ai jamais eue. Je me suis enrôlé dans les expéditions. Je change de caserne demain pour rejoindre un corps de l’armée qui devrait partir dans quelques jours. Je ne sais pas ce qu’il m’attend. Mais au moins, personne n’ira me chercher là-bas. Avec un peu de chance, on oubliera mon nom et qui je suis. Enfin… Si je survis.
Entrée 427 - 14 Ioggmar 1900
Cela faisait un moment que je n’avais plus écrit dans mon carnet. Il faut dire que les expéditions sont intenses et laissent peu de temps pour se reposer. Il faut être alerte et toujours sur ses gardes. Les technologies d’Espitopoli sont impressionnantes. Elles donnent l’impression d’être en sécurité. Mais j’ai vu suffisamment d’atrocité dans la Brume pour ne me reposer que sur elles.
Malgré tout, j’avais imaginé la Brume très différemment. Elle est aussi terrifiante que ce que la religion m’a appris en grandissant à Aramila. Mais elle paraît également… Vivante. Je me l’étais toujours imaginé comme étant une brume corrosive, abritant des créatures utilisant son ombre pour se repaître des voyageurs perdus. Après avoir vu un homme activer sa prothèse de bras pour se défendre d’une Gargouille, je compris assez rapidement que la Brume était le vrai danger. C’était comme si elle avait intentionnellement réagi et attaqué l’homme. Il y avait quelque chose d'étrangement organique dans son comportement. Et cela m’intriguait énormément. J’étais comme conquis par cette créature méconnue et terrifiante.
Mais ce n’est pas pour autant un plaisir que de s’aventurer dans la Brume. Les expéditions ne sont pas tendres. Je m’en sors bien jusqu’à présent. Mais j’ai vu de nombreux camarades disparaître. J’ai le chic pour prendre les bonnes décisions semble-t-il. Je ne sais pas vraiment pourquoi je m’accroche. Je crois que c’est une façon pour moi d’expier mes péchés. C’est assez ironique quand on sait que j’ai fui ma famille qui pratiquait l’ordalie. La pomme ne tombe jamais vraiment bien loin de l’arbre.
Entrée 485 - 19 Keladron 1900
Je le sens bouger en moi. Je n’ai jamais ressenti quelque chose comme ça… Cette douleur fulgurante, qui s’est emparée de moi, était la plus grande douleur que je n’ai jamais ressentie. Notre expédition se déroulait plutôt bien pourtant… Jusqu’à ce que nous nous fassions attaquer par un Fledermaus. Ce fut un carnage. Je n’avais jamais vu une créature vivre dans la Brume comme ça. Elle surgissait de l’ombre pour nous déchiqueter les uns après les autres. Alors nous avons répliqué. Les éclairs ont jailli de toutes parts et le combat dégénéra. La Brume devint enragée et ce fut le chaos.
Je ne sais pas comment je parvins à en réchapper. Mais quand je fus enfin à l’abri des combats, pensant avoir survécu, j’étais en réalité seul et perdu, plus en danger que je pouvais le penser. Je vagabondais dans la brume, cherchant un lieu pour m’abriter. Et c’est là que je l’ai rencontré. C’était comme un concentré de brume, flottant seul au travers du brouillard. Je ne saurais comment l’expliquer, mais je suis presque certain que nos “regards” se sont croisés. L’instant suivant, la Nebula se précipita vers moi sans que j’ai le temps de réagir.
La douleur était telle que je ne pouvais plus tenir sur mes jambes. C’était comme si des mains invisibles étaient parvenues à se saisir de mon cerveau et l'écrasaient petit à petit. J’avais l’impression d’entendre des milliers de voix chuchoter à mes oreilles. Le sang dans mes veines brûlait. Un voile noir s’était abattu sur mes yeux. Je ne sais pas comment j’ai survécu. Je luttais contre une force invisible, priant pour que ce ne soit pas la fin. Et tout à coup, la douleur disparut pour être remplacée par un malaise indescriptible. J’ai lu des ouvrages sur les Portebrume, je sais qu’ils ont acquis des pouvoirs de la brume. Je ne savais pas qu’elle vivait en eux, cherchant à prendre le contrôle de leur corps.
Je ne sais pas ce que je vais faire… Encore une fois. Est ce que le monstre qui s'agite dans mes entrailles va réussir à s’échapper ? Que deviendrais-je s'il réussit ? Il y a encore tant de choses que j’ignore. Peut-être pourrais-je trouver des réponses auprès des scientifiques d’Epistopoli ? Si j’arrive à y rentrer. La brume semble étrangement calme en ma présence depuis que la Nebula est en moi… Peut-être y parviendrais-je ? Mais que pourrais-je bien dire à mes supérieurs une fois rentrés ?
Et si je ne leur disais rien ? L’expédition a été décimée. Même si des survivants arrivent à rentrer, ils pensent probablement que je suis mort. C’est peut-être ma chance de repartir à zéro. De ne plus fuir. Il est peut-être temps que je trouve ce que je veux faire. Je rêvais de voyager… C’était notre rêve… Il n’est peut-être pas trop tard…
Je suis mauvais pour ce genre d'exercice ahah / Il
Salut salut, je suis plutôt habitué des forums (enfin je l'étais, ça fait un bout de temps que je n'avais plus écrit) et j'aime beaucoup le concept du votre. Les possibilités sont nombreuses et j'ai pris du plaisir à lire. J'aime beaucoup ce genre d'univers. Alors je ferais un effort pour répondre du mieux aux possibles RPs ! Je suis généralement plutôt disponible mais il peut arriver que je me fasse ensevelir par une montagne au travail...