Mer 26 Juil - 18:15
Otto Strauss
Opale / Dirigeant
- 555 ans
- Élémentaire (Terre)
- Campagne d'Opale
- Géosexuel
- Magnat du Myste
Philosophe des profondeurs - Judas Iscariot, de Loran Desore
Description
Toi, Otto Strauss, magnat du Myste, philosophe des profondeurs, sorcier des tunnels, messie des mines, paysan simplet.J'aime quand tu nous parles du monde d'en-dessous, de la terre nourricière, de la mort qui nourrit la vie et inversement et de tout le toutim. Tu parles de la mort, des fourmis, des vers de terre, de la terre et de la roche, de long en large, obsédé que tu es par la vie et par les mécaniques de la vie.
Les cadavres tombent et sont dévorés par la terre et ils rejoignent le grand Tout organique qui constitue ce qu'on appelle le plancher des vaches et y a rien de plus naturel et beau c'est le cycle sur lequel Astrebrume tourne depuis des millions d'années oh bah oui c'est beau quand même.
Tu descends dans tes mines, pour goûter la terre et la roche, pour goûter le Myste. Les mineurs ne sont pas indifférents à ta présence inhumaine, car parmi eux tu inspires les penseurs et tu dégoûtes les peureux.
TÉMOIGNAGES DES EMPLOYÉS BEAUX ET ÉLEVÉS DE MONSIEUR STRAUSS :
L'excentrique Monsieur Strauss... grands Dieux, qu'il est génial !
Ses travaux sur ce dernier siècle nous ont gratifié d'une avance formidable sur nos concurrents. Les techniques de forage, de minage et d'extraction qu'il a théorisé et élaboré sont proprement fascinantes.
Et puis, monsieur Strauss, il est doté d'un flair... Il sait où ouvrir une nouvelle mine, il sait où ordonner un forage, il sait exactement quels minerais vous allez trouver avant même que vous n'ayez commencé à creuser. C'est parce qu'il comprend la terre mieux que personne, il lui parle, il lui chante, il l'aime profondément.
C'est quasiment mystique, à ce niveau-là !
Le boss, je le surprends à dévorer de la terre parfois. Avec des grands cailloux et tout dedans. Sa bouche s'élargit bizarrement et il enfourne comme ça des kilos de terre dans son gosier. Ce dingue mange même du Myste parfois, il dit que c'est une sorte de fantaisie régressive, qui le propulse dans le ventre de sa Mère Astrebrume, à l'époque où tout était simple.
Son corps est habité de vers de terre. Sans rire. Ils lui sortent des oreilles et du nombril, il leur a donné des noms et les cajole autant que ses ouvriers.
Je sais pas quoi en penser. On sait tous que c'est un monstre, il le cache même pas.
Monsieur Strauss aime nous considérer comme des petites fourmis.
"Je suis la Reine Fourmi" il a hurlé hier dans le tunnel central, pour qu'on entende tous bien.
"Je ponds mes propres fourmis ouvrières" il a ajouté en rigolant.
On a rigolé à sa blague pour ne pas le vexer, même si j'ai pas compris ce qu'il voulait dire par là.
Monsieur Strauss n'est pas intéressé par l'argent. Il l'utilise comme outil pour ouvrir plus de mines, creuser plus profondément, explorer la Brume. Monsieur Strauss est un entrepreneur amoureux de ce qu'il fait.
Il traite bien ses ouvriers, je crois, enfin, mieux que d'autres en tout cas. Il les paye très bien, mais leur demande de prendre des risques immenses. Beaucoup de ses ouvriers sont affligés de mutations atroces à cause de ça, mais en contrepartie, ils nourrissent très bien leur famille... Monsieur Strauss aussi, il descend dans les profondeurs de la planète, lui aussi touche et manipule le Myste que ses hommes récoltent, lui aussi nage dans la Brume sans protection.
C'est un fou, un visionnaire, un monstre, un crétin, un génie. La plupart des gars l'apprécient, parce qu'il est toujours poli, et il semble candide, voire simplet.
Si vous dépassez sa nature mystique et inhumaine, et que vous le regardez pour ce qu'il est vraiment, il ne reste qu'une sorte de paysan simplet, sincère et efficace dans son job.
Habiletés et pouvoirs
ÉLEMENTAIRE VIVIFIÉ DE TERRE.PARLE A LA TERRE, MANGE LA TERRE, COMPREND LA TERRE, FAIT L'AMOUR A LA TERRE
SA TERRE INTERIEURE EST TRES FERTILE ET RICHE EN NUTRIMENTS
ET AUSSI Y A DES VERS DE TERRE DANS SON CORPS. C'EST SES PETITS AMIS
C'EST TOUT
Biographie
Au commencement, il y avait la terre, le témoin silencieux et granuleux de l'Histoire de notre planète. Un mélange chaotique de sédiments, de rochers et de matière organique en décomposition, que la Mère Astrebrume utilise comme base pour nourrir ses ouailles.La terre se gorge du sang des hommes qui se battent au-dessus d'elle. Elle absorbe leur douleur et la mort, et aussi bien qu'elle absorbe la pluie, elle absorbe les pleurs des survivants.
Elle absorbe aussi leur espoir tandis qu'au-dessus d'elle, on construit une petit maison, et puis une ferme. C'est une petite famille qui est venue s'installer au-dessus de la terre. Le patriarche de la famille commence à prendre soin de la terre, de ses grandes mains abimées : il sue sang et eau pour creuser de larges sillons dans la terre, qu'elle ressent comme un agréable chatouillement. Il nourrit la terre de graines et de grandes quantités d'engrais. La terre, excitée et revigorée, devient fertile comme jamais elle ne l'a été.
En remerciements, la terre devient très volontaire pour les aider. Elle laisse des fruits et des légumes se développer en elle, majoritairement des patates ; des tonnes de patates. Elle distribue les nutriments, elle harmonise l'hydratation. Elle surveille le cycle des saisons qui coulent doucement sur elle, des décennies durant. Et la petite famille se rend à l'évidence : cette terre qu'ils ont acheté est exceptionnelle, d'une qualité formidable comparée à ce à quoi on devrait s'attendre dans une région si montagneuse, cette productivité est proprement surnaturelle. La petite famille se dit qu'ils ont été bénis par les Dieux.
Cependant, on ne sait pas trop pourquoi, mais un beau jour, le patriarche de la famille s'effondre raide dans son champ ? Un problème cardiaque non traité dans sa jeunesse, qui est venu à bout de lui la quarantaine approchant. La terre décide, en guise d'hommage, d'assimiler son corps, de l'utiliser pour nourrir les patates. Se faisant, la terre joint à ce doux hommage un secours plus pragmatique : pour soulager la peine de sa petite famille, elle prend, après avoir fait disparaître son corps, la forme du patriarche.
La terre devient monsieur Strauss, un bon père de famille.
Madame Strauss sait bien que son Otto est devenu différent. Plus mystérieux, plus timide. Il ne vieillit pas aussi...
Mais il s'occupe si bien des champs, et il s'occupait des enfants à l'époque où ils étaient encore en vie. Ils ont traversé la perte de leurs deux fils ensemble. Il ne la bat plus du tout, cela fait longtemps qu'il n'a plus levé la main sur elle. Il est devenu aimable et doux, attentionné.
Alors même si comme elle le soupçonne, un monstre a pris sa place, est-ce si grave que cela ?
La chose sera restée auprès d'elle, jusqu'à ses côtés sur son lit de mort. Irina Strauss présente des traits creusés, la beauté de sa jeunesse depuis longtemps ravagée par une vie de travail et de tourments. Otto, par contre, n'a pas changé d'un iota depuis maintenant quarante ans.
Ces petites bestioles subissent une existence misérable durant 80 ans au mieux, puis meurent lamentablement seuls dans leur lit. La chose de terre était bien placée pour savoir ce qu'était la mort, après tout ; elle s'en est toujours nourrie. Mais cette mort-là était différente. C'était celle d'une créature à laquelle elle s'était attachée.
Alors la chose se jure de ne plus jamais s'attacher à ces petites bêtes si fragiles, afin de ne plus se retrouver triste comme elle l'est actuellement. Et Irina Strauss rend son dernier soupir dans les bras de la chose de terre.
Le nouvel Otto quitte la ferme, et dit adieu à la terre qui l'a vue naître.
Monsieur Strauss abandonne la ferme familiale et devient mineur.
L'équipe de la Mine Valence a toujours été un peu circonspecte devant l'ardeur d'Otto. Cet homme fait la quarantaine, mais se démène dans sa tâche, sans s'épuiser, et est doté d'un vrai don pour flairer les filons de Myste.
Il est bizarre, presque mystique. Une sorte de philosophe des profondeurs. Il parle à ses collègues du monde d'en-dessous, de la terre nourricière, de la mort qui nourrit la vie et inversement et de tout le toutim. Il parle de la mort, des fourmis, des vers de terre, de la terre et de la roche, de long en large, obsédé qu'il est par la vie et par les mécaniques de la vie. Il le fait avec un sourire énorme, tout en assénant de grands coups de pioches dans la roche, puis il plonge sa main dans la terre et en dégage des tonnes comme si c'était rien.
Puis, il se lèche les doigts.
Qui es-tu, Otto ? Une sorte de sorcier des tunnels, un messie des mines ?
Le canari chante dans sa cage.
Otto réconforte les mineurs à ses côtés, ils boivent ses paroles au rythme de leurs grands coups de pioches. Faute au Myste auquel ils sont exposés en permanence, certains ouvriers exhibent d'atroces mutations. Otto les rassure et leur rappelle qu'il les trouve magnifiques, et que la Brume n'est pas leur ennemie. La présence de cet homme étrange, à l'aura inhumaine, réconforte ces hommes sales, exténués et blessés, qui boivent ses paroles.
Sous leurs yeux ébahis, le messie des tunnels dévore terre, roches et myste, régulièrement, comme pour leur démontrer qu'il est autre chose. Depuis combien de temps travaille-t-il dans les mines, cet Otto, à la crinière orange noircie par la terre ? C'est comme s'il avait toujours été là.
Le canari ne chante plus.
- ÉVACUEZ !
TIREZ VOUS ! La voix du chef d'équipe résonne dans les tunnels.
Les regards s'inondent de peur autour d'Otto. Ils lâchent tous leurs pioches à l'unisson, et commencent à courir.
Trop tard.
Ce jour-là, le coup de grisou emporte la vie de 31 collègues d'Otto, plus 17 blessés graves. Miraculeusement, Otto s'en sort indemme.
Dans l'éboulement qui suit l'explosion, des trombes de terre et de roche se déversent dans les tunnels, dévorant les cadavres des collègues d'Otto.
- Bonsoir, Otto.
Monsieur Valence invite Otto à prendre un siège. Il est rare qu'il reçoive un simple ouvrier dans son bureau. Ainsi, Otto se sent très spécial.
- T'es le mineur le plus productif que j'ai jamais vu en 80 ans de carrière, mon brave Otto.
- Merci, patron.
- Allez, dis moi tout. Je voulais être sûr que tu tenais le choc après les... évènements de la semaine dernière. Si t'as besoin d'une pause, je peux te donner deux jours.
- Non, ça ira, patron. Je vais très bien.
- Dis m'en plus.
- Jacquot, Ioan, Victor, tous les autres... Ils ont tous rejoint la terre, patron. Ils sont retournés dans le ventre de leur mère, d'une certaine manière. Je suis sûr que leur matière organique nous donnera un beau parterre de pâquerettes à la surface, d'ici une vingtaine d'années.
Otto sourit. Oui, il fera cela. Il incitera ses anciens collègues à nourrir de belles pâquerettes.
Monsieur Valence lui rend son sourire. Il se trouve que le magnat Hector Valence a lui aussi un point de vue particulier sur la mort. Il peut à loisir y échapper, tant qu'il reste capable de consommer le sang de ses semblables.
- On m'avait prévenu que tu avais un humour macabre, mais je ne m'attendais pas à un tel détachement. J'aime bien ce... franc-parler. Alors...
Monsieur Valence ne sourit plus du tout.
- Sois encore franc avec moi, Otto. Comment as-tu survécu ? Tu as été pris dans les éboulements, avec tous les autres. Pourquoi es-tu indemne ?
- La Terre et la Brume sont mes parents, monsieur Valence. Regardez. Je peux emprunter votre coupe-papier ?
- Fais donc.
Otto s'empare du coupe-papier et se sectionne habilement l'index de la main gauche. Celui s'écrase sur le bureau de monsieur Valence, sous la forme d'un petit monceau d'une terre bien brune et fraîche, qu'on devine fertile et saine à souhait. Un régal pour les yeux et pour le nez.
- C'est étonnant ce que tu me montres là, Otto.
- La Terre et la Brume sont mes parents.
- Ça, tu me l'as déjà dis. Est-ce comme cela que tu détectes les bons gisements ? Tu... explores les profondeurs en utilisant ta nature d'élémentaire ? Tu te faufiles dans la terre et entre les rochers ?
- Oui, monsieur Valence.
- Mon brave Otto, tu peux abandonner ta pioche.
- Quoi ? Mais j'aime mon travail monsieur Valence, je veux pas partir...
- Tu ne pars nulle part. Tu restes, mais je te réserve une promotion qui devrait te ravir.
Quelle occasion en or pour Hector Valence. Bien utilisé, cet élémentaire pourra presque littéralement lui chier du Myste.
En plus, Otto est un peu bête et peu éduqué. Tant qu'on le laisse au contact de sa terre et de ses cailloux, il est totalement inoffensif. Sa tendance à se laisser béatement porter par les évènements en fait un pion parfait.
Otto Strauss, au fil des ans et des succès, finit bras droit du géant du Myste, Hector Valence.
Ironiquement, malgré son excentricité et sa simplicité d'esprit, Otto gagne au fil des années de nombreux points dans le secteur R&D de la compagnie Valence. Il ne comprend pas les calculs de résistance des matériaux ou la logistique impliquée dans l'élaboration d'une nouvelle chaîne d'approvisionnement, mais il comprend la terre, la roche et le Myste, dans une sorte d'intuition extraordinaire liée à ses origines élémentaires.
Monsieur Valence se fiche bien de la science. Le brave Otto arrive à faire mieux que ses chercheurs diplômés, seulement en utilisant son flair, son pif. Ça suffit à développer des techniques avancées de forage et d'extraction, ça suffit à déposer des dizaines de brevets et à mendier des subventions auprès du conseil d'Opale. Les nouvelles mines Valence fleurissent comme des pâquerettes, parfois sur le territoire xandrien via de généreux pots de vins aux monarques locaux, parfois directement à la lisière des territoires conquis par la Brume, là où le danger est maximal.
Otto se retrouve avec de plus en plus de responsabilités, et d'argent dont il ne sait que faire. Le brave Otto est un petit paysan propulsé millionnaire en seulement deux décennies. Durant ses cinq siècles d'existence, il n'a jamais eu à intellectualiser de grandes quantités de richesses. Bien sûr, il avait compris que la société utilisait les astras comme mesure, pour savoir qui a le droit de se procurer quoi. Mais des milliers et des millions ? A quoi ça sert, autant d'astras ?
Alors Otto teste des expériences humaines pour riches.
Des hôtels gigantesques.
Des spas somptueux.
Des putes de luxe.
Des drogues giga-délires.
Des croisières opulentes.
Ben non, Otto s'ennuie. Rien ne fonctionne, sur lui. Il ne comprend pas pourquoi les riches humains grillent leur temps dans ces vanités, eux qui ont pourtant si peu de temps à vivre (environ seulement 80 ans !)
Alors après ses vacances, Otto est exténué, las. Comme si sa vie avait été éventrée et tout le sens arraché.
Vient l'heure de reprendre ses fonctions. Oh ! Monsieur Valence lui a réservé de nouveaux projets miniers. Oh ! Un nouveau chantier à lancer, de nouvelles technologies à imaginer, un lieu dangereux, plongé sous la Brume, des profondeurs vertigineuses !
A la fin, il y aura encore la terre.
Peu importe ton origine sociale, ton patrimoine ; peu importe tes luttes et tes tragédies ; peu importe le bonheur total que tu auras accumulé dans ta courte vie. Ton corps finira invariablement par retourner à la terre, régalera les vers et les pâquerettes, ton énergie sera offerte à d'autres formes de vie toutes aussi miraculeuses que toi. Tu es un maillon du cycle. Tu n'es jamais né, et tu ne mourras jamais. La nature n'admet ni début, ni fin.
On est tous immortels, pense Otto devant le joli champ de pâquerettes laissé par ses défunts collègues.
Salut c'est Ratamahatta / Coucou
Ce perso est un self-insert