Ven 15 Juil - 19:47
L'orchestre inonde le hangar d'ondes électriques, c'est un son hystérique faisant tourbillonner les âmes. Dansant à s'en dévisser les hanches, les dizaines de silhouettes glissantes sous les stroboscopes... Tu devines derrière les fumigènes colorés des excroissances, des tentacules, des queues ou des museaux, des ventres gonflés ou des fractales de jambes, ou encore des yeux vadrouillant hors de leurs orbites -mais toujours bien fonctionnels.
Ils sont les enfants de Ratamahatta, c'est-à-dire mes enfants, ils sont aussi mes parents et parfois mes amants et bien plus encore lors des cérémonies de fusion d'âmes ! Ils sont aussi mes oeuvres d'Art et lorsque j'ai envie de les exposer, c'est dans mes cérémonies festives, mes grosses teufs, que ça se fait. L'Art de la Chair et de la Brume nécessite du Mouvement pour être complet : je suis un sculpteur du VIVANT, et en tant que tel je me nourris du Mouvement et surtout surtout, de l'HYSTÉRIE. Lorsqu'ils dansent, qu'ils suent, à moitié nus et souvent imbibés de mes drogues jusqu'aux os, mes compagnons dévorent goulument leur vie, sans se préoccuper des lendemains moroses.
Et si cette vision te rend pas heureux alors tu n'as rien à foutre là. Je suis un sculpteur du VIVANT et je me contrefous des cadavres.
Les cadavres c'est dans la Haute-Ville que tu en verras, ils peuplent les opéras et les bals masqués.
Nous sommes dans un hangar désaffecté, à cinq kilomètres du coeur d'Epistopoli. Dans les quartiers ouvriers peuplés par les esclaves de la Ville-Lumière. C'est ici que les rêves meurent, mais moi je les ressuscite.
- R, ta poudre brune, elle était, wow, démente, il me dit. Elle a transformé mon cerveau en caramel et il me coule dans la bouche.
Je suis assis sur un fauteuil aux côtés de l'un de mes nombreux amigos. Cet amigo là je ne le connais guère que depuis quelques semaines seulement. Transformé récemment. Je l'ai bien réussi, je me donnerais 7/10. Non, plutôt 6,5/10. La restructuration oculaire aurait du être... plus fine... Il voulait de gros yeux, "comme les mouches" disait-il, mais je n'ai pas réussi à lui peindre les parfaites sphères globuleuses qui s'imposaient, j'ai raté le lissage, et la symétrie est inexacte à hauteur de 2 millimètres.
Quel gâchis ! Il est très satisfait de son corps, mais moi, quand je le vois, je voudrais lui arracher ses yeux et lui en peindre illico presto de nouveaux, et ceux-là seraient exactement tels le chef d'oeuvre que je visualisais dans ma tête.
Il s'appelle Hector. Hector est un 6,5/10. Mais dans sa tête, il est un 12/10. Tant mieux pour lui. Tant mieux.
- Tant mieux, que je lui réponds, je t'avoue que je ne sais plus trop ce que c'est cette poudre brune ? C'était peut-être du phénoxamol C en cristaux ? Se faire caraméliser le cerveau c'est bon signe : ton esprit va devenir doux et sucré. On pourra se faire des tartines avec !
Il ricane mais cesse rapidement lorsqu'il remarque que je plaisantais pas : alors il se repongle dans sa poudreuse. Je mentais pas, je sais plus ce que c'est. Ratamahatta, ange de la liberté, est béni d'une rigueur scientifique irréprochable lorsqu'il s'agit de développer de nouvelles drogues visant à tartiner des esprits caramélisés. Mais parfois, il oublie d'étiqueter ses nouveaux produits, tout simplement ! Avoir un corps parfait ne dispense pas d'être un petit peu tête en l'air.
- Dis moi si tu entends des voix dans ta tête à un moment, d'accord ? Ça me confirmera que tu as tapé dans mon phénoxamol.
- Ok R ! Super fiesta, R ! Géniaaal !
- Ah ?
Cependant, tu l'auras remarqué, Ratamahatta n'est pas, ce soir, exactement immergé dans sa propre fête. Il se contente de la contempler de loin, assis dans son fauteuil en velours, au chaud sous son peignoir, comme à son habitude. Une mélodie accablante parasite le malheureux cerveau de Ratamahatta. C'est immensément beau mais pas suffisant. Si mon Oeuvre est belle mais pas PARFAITE, ben, à quoi bon, je ferais aussi bien de tout arrêter et de me trancher les veines avec des éclats de miroir, tu ne crois pas ?
- Une super fiesta ? Non, ça va pas. Ça va pas du tout cette fête. Il manque un piment, une épice ! Elle est fade. Elle manque de barbarie ! Belle mais fade. Raah !
- Q-Quoi, tu délires ? Elle est trop cool, ton phénomachin est trop bon, tout le monde s'éclate, et la voix dans ma tête me raconte des blagues totalement déglingos, YAHAAAA ! C'EST UNE GIGA SUPER FÊTE, R !
- Retourne utiliser ton petit cul à bon escient : en le faisant bouger sur le dancefloor ! Comme ça j'aurai de la place mentale pour réfléchir... Je peux pas réfléchir quand une jolie bestiole que j'ai fabriqué (toi par exemple) danse à côté de moi. Laisse-moi tranquille. Ratamahatta a besoin de réfléchir et-
- Ouais ouais j'ai compris, je m'en vais... Oh la la la toi alors hein dis donc pfff...
Ainsi donc, au milieu de cet ouragan d'hystérie, je réfléchis à ce qui pourrait bien manquer à ma fête pour qu'elle en devienne parfaite. Je ne sais pas. Qu'est-ce qui manque ? Un incendie, une incursion de la Brume, une anomalie temporelle ? Ou tout simplement une rencontre amusante ? Là, l'imperfection de ma fête me donne envie de l'annuler, et de tout faire exploser derrière moi.
Ils sont les enfants de Ratamahatta, c'est-à-dire mes enfants, ils sont aussi mes parents et parfois mes amants et bien plus encore lors des cérémonies de fusion d'âmes ! Ils sont aussi mes oeuvres d'Art et lorsque j'ai envie de les exposer, c'est dans mes cérémonies festives, mes grosses teufs, que ça se fait. L'Art de la Chair et de la Brume nécessite du Mouvement pour être complet : je suis un sculpteur du VIVANT, et en tant que tel je me nourris du Mouvement et surtout surtout, de l'HYSTÉRIE. Lorsqu'ils dansent, qu'ils suent, à moitié nus et souvent imbibés de mes drogues jusqu'aux os, mes compagnons dévorent goulument leur vie, sans se préoccuper des lendemains moroses.
Et si cette vision te rend pas heureux alors tu n'as rien à foutre là. Je suis un sculpteur du VIVANT et je me contrefous des cadavres.
Les cadavres c'est dans la Haute-Ville que tu en verras, ils peuplent les opéras et les bals masqués.
Nous sommes dans un hangar désaffecté, à cinq kilomètres du coeur d'Epistopoli. Dans les quartiers ouvriers peuplés par les esclaves de la Ville-Lumière. C'est ici que les rêves meurent, mais moi je les ressuscite.
- R, ta poudre brune, elle était, wow, démente, il me dit. Elle a transformé mon cerveau en caramel et il me coule dans la bouche.
Je suis assis sur un fauteuil aux côtés de l'un de mes nombreux amigos. Cet amigo là je ne le connais guère que depuis quelques semaines seulement. Transformé récemment. Je l'ai bien réussi, je me donnerais 7/10. Non, plutôt 6,5/10. La restructuration oculaire aurait du être... plus fine... Il voulait de gros yeux, "comme les mouches" disait-il, mais je n'ai pas réussi à lui peindre les parfaites sphères globuleuses qui s'imposaient, j'ai raté le lissage, et la symétrie est inexacte à hauteur de 2 millimètres.
Quel gâchis ! Il est très satisfait de son corps, mais moi, quand je le vois, je voudrais lui arracher ses yeux et lui en peindre illico presto de nouveaux, et ceux-là seraient exactement tels le chef d'oeuvre que je visualisais dans ma tête.
Il s'appelle Hector. Hector est un 6,5/10. Mais dans sa tête, il est un 12/10. Tant mieux pour lui. Tant mieux.
- Tant mieux, que je lui réponds, je t'avoue que je ne sais plus trop ce que c'est cette poudre brune ? C'était peut-être du phénoxamol C en cristaux ? Se faire caraméliser le cerveau c'est bon signe : ton esprit va devenir doux et sucré. On pourra se faire des tartines avec !
Il ricane mais cesse rapidement lorsqu'il remarque que je plaisantais pas : alors il se repongle dans sa poudreuse. Je mentais pas, je sais plus ce que c'est. Ratamahatta, ange de la liberté, est béni d'une rigueur scientifique irréprochable lorsqu'il s'agit de développer de nouvelles drogues visant à tartiner des esprits caramélisés. Mais parfois, il oublie d'étiqueter ses nouveaux produits, tout simplement ! Avoir un corps parfait ne dispense pas d'être un petit peu tête en l'air.
- Dis moi si tu entends des voix dans ta tête à un moment, d'accord ? Ça me confirmera que tu as tapé dans mon phénoxamol.
- Ok R ! Super fiesta, R ! Géniaaal !
- Ah ?
Cependant, tu l'auras remarqué, Ratamahatta n'est pas, ce soir, exactement immergé dans sa propre fête. Il se contente de la contempler de loin, assis dans son fauteuil en velours, au chaud sous son peignoir, comme à son habitude. Une mélodie accablante parasite le malheureux cerveau de Ratamahatta. C'est immensément beau mais pas suffisant. Si mon Oeuvre est belle mais pas PARFAITE, ben, à quoi bon, je ferais aussi bien de tout arrêter et de me trancher les veines avec des éclats de miroir, tu ne crois pas ?
- Une super fiesta ? Non, ça va pas. Ça va pas du tout cette fête. Il manque un piment, une épice ! Elle est fade. Elle manque de barbarie ! Belle mais fade. Raah !
- Q-Quoi, tu délires ? Elle est trop cool, ton phénomachin est trop bon, tout le monde s'éclate, et la voix dans ma tête me raconte des blagues totalement déglingos, YAHAAAA ! C'EST UNE GIGA SUPER FÊTE, R !
- Retourne utiliser ton petit cul à bon escient : en le faisant bouger sur le dancefloor ! Comme ça j'aurai de la place mentale pour réfléchir... Je peux pas réfléchir quand une jolie bestiole que j'ai fabriqué (toi par exemple) danse à côté de moi. Laisse-moi tranquille. Ratamahatta a besoin de réfléchir et-
- Ouais ouais j'ai compris, je m'en vais... Oh la la la toi alors hein dis donc pfff...
Ainsi donc, au milieu de cet ouragan d'hystérie, je réfléchis à ce qui pourrait bien manquer à ma fête pour qu'elle en devienne parfaite. Je ne sais pas. Qu'est-ce qui manque ? Un incendie, une incursion de la Brume, une anomalie temporelle ? Ou tout simplement une rencontre amusante ? Là, l'imperfection de ma fête me donne envie de l'annuler, et de tout faire exploser derrière moi.