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[Event] La cour des intrigants

[Event] La cour des intrigants - Page 4 Brandw10
Ven 22 Déc - 10:05

La cour des intrigants

Atahara, la prêtresse de la déesse baleine

Atahara se tenait au centre du groupe, une lourde responsabilité pesant sur ses épaules. Les enfants, les yeux grands ouverts, étaient rassemblés autour d'elle, tâchant de puiser du réconfort dans sa présence rassurante. La femme inconnue, le Grigori et les autres membres du groupe écoutaient attentivement les paroles qui s’entremêlaient, cherchant à saisir chaque instruction pour survivre dans ce lieu étrange et cauchemardesque.

Elle répéta à voix haute les instructions de la femme, cherchant à calmer l'agitation et la peur grandissante parmi les plus jeunes. "Nous devons rester tous ensemble au milieu du groupe. Allons-y, tâchons de ne pas ralentir le groupe les enfants, nous allons réussir à sortir d’ici tous ensemble", expliquait-elle, s'efforçant de transmettre de l'assurance malgré la confusion et la terreur ambiante.

Les paroles du Grigori s'ajoutèrent à celles de la femme, révélant la nature terrifiante de cet endroit, les dangers qui les entouraient. Atahara se tint prête, gardant un œil vigilant sur les enfants, prête à les guider vers le portail salvateur si jamais il apparaissait. Elle-même avait le sang glacé, la voix parlait d'un Dieu déchu. Des frissons parcoururent son corps, car elle aussi, était souvent submergée par un ancien Dieu, probablement déchu de son panthéon. Le grand poulpe aux tentacules d'émeraude apparaissait dans son esprit, comme une menace obscure dont la généreuse offre de pouvoir était trop dangereuse. Quelle était cette folie spirituelle qui transformait cette voix invisible ? Qu'est-ce que cette divinité pouvait bien infliger comme souffrance ?

La panique et la folie semblaient gagner certains membres du groupe, tandis que d'autres tentaient de maintenir un semblant de calme et de lucidité. Le soldat Collings, terrifié, tenait son arme, pointant Maël et menaçant de faire demi-tour, submergé par la peur et l'effroi.

La voix du Grigori, chargée d'autorité et de détermination, cherchait à les unir dans cette épreuve, à les inciter à avancer malgré les ténèbres qui les entouraient. Atahara tentait de rester concentrée, encourageant les enfants à ne pas céder à la peur, à être prêts à sauter dans le portail si une opportunité se présentait. Le portail, c’était la seule porte de sortie de cet endroit. Ils n’auraient peut-être qu’une seule chance, alors il ne fallait pas se rater. "Si un portail s'ouvre, ne craignez rien, nous devons sauter dedans. Nous nous retrouverons tous de l'autre côté, ensemble".

Alors que les consignes se multipliaient, l'atmosphère était électrique, empreinte d'une tension palpable et d'un mélange d'émotions chaotiques. Atahara resta déterminée à protéger les enfants, à suivre les ordres pour survivre dans cet environnement déroutant et dangereux.

Spoiler:
Mar 26 Déc - 5:14

Divine comédie

Event


La Belle Morte s’étend, lys de cendres dans ses cheveux blond opalien. Elle a trouvé la sérénité dans son sourire éteint et de ses yeux vitreux qui n’auraient aucun ciel à regarder. Car il n’y avait plus de haut ni de bas, rien qu’un entre deux dérangeant où tout s’entremêle. Vie, mort, rumeur et silence.

Un long sifflement parcourt l’esprit d’Ellendrine, de ses mains tremblantes à sa robe ensanglantée, elle se traîne vers le corps de sa sœur, incapable de réagir. Ses lèvres muettes murmurent une prière. Une main la touche. Elle accepte cette aide d’un membre de son autre famille, pas plus proche, mais plus réelle. Arno. Il recouvre le corps de Darya pour lui offrir la dignité au milieu du néant.

Ils étaient seuls désormais aux pays des gisants. Darya était loin d’être la plus infortunée, car ils y étaient prisonniers tout en étant vivants. Arno avait raison.

Une dernière inspiration prolongée, la scientifique saisit le bras qu’il lui offre et se redresse lentement. Son regard circulaire tente d’embrasser le paysage sans queue ni tête et de se raccrocher à la troupe qui les précède. Un pas, un seul, ou même un regard de travers et ils pourraient basculer hors d’atteinte et s’évanouir dans les limbes. Elle reconnaît se paysage infernal des écrits proscrits du Docteur Kotveik. Nulle issue, nul secours. Juste la perdition.

-« Tu as raison Arno. Pardon de t’avoir entraîné là-dedans. Puisse les Douze te protéger. Nous sommes dans les Limbes. »
Tous deux rejoignent les infortunés, de pauvres enfants, des jeunes femmes pour certaines blessés, un Grigori qui semble faire figure de chef, malgré son aspect impétueux. En temps normal, Ellendrine aurait été enchanté d’une telle rencontre, les circonstances ne laisseront sans doute pas d’espace au dialogue. Elle reconnaît aussi le profil de l’ambassadeur Epistote, Seraphah Von Arendt, scientifique et explorateur de son état, qu’elle avise d’un bref signe de tête. Se détachant d’Arno, elle s’enhardit et use de son autorité sur l’un des soldats, qui la reconnaissent sans mal comme noble figure des Sept en dépit de son état, de son histoire controversée et de sa présence relative au sein de la Cité Resplendissante.

-« Faites-moi une écharpe autour de ce bras, afin que je puisse continuer à avancer. Nous n’avons pas le temps de nous arrêter pour dispenser des soins ici. »

L’un d’eux, plus vif et compétent que les autres s’exécute. Elle grimace sans émettre un son au moment où il replie son coude blessé et l’enveloppe du châle qu’elle portait sur les épaules.

Pendant ce temps, une grande brûlée tente de les organiser. Le groupe se remet en marche et Ellendrine trouve sa place vers le centre, non loin des enfants. Curieuse ironie quand on sait sa maladresse à leur égard, mais c’est encore là qu’elle sera la plus utile et la moins une charge. Elle a une pensée pour Farouk, qu’elle se réjouit d’avoir congédié pour des mondanités indigne de sa protection. En même temps, il avait du devenir fou en entendant les explosions et se ruer en direction du centre-ville dès que la clameur de la foule s’était propagée dans les quartiers.

Aussi résolue et ferme soit elle, elle tremble comme une feuille de l’intérieur et ne peut que se raccrocher à sa foi, un pas après l’autre, pour traverser l’enfer. Ces syllabes moqueuses qui les appellent lui donnent la conviction de devoir être ignorées, comme autant de pièges d’esprits hantés.

Sous leurs pieds s’ouvre un goulet d’acier déchiqueté, lèvres voraces arrachées à la normalité, qui les dévorent. Et le vide béant devient sol sous leurs pieds. Le boyau tremble et se disloque, mais continue, jonché de morts abominables. Elle sert les dents, serrant tout aussi fortement sa main sur l’épaule d’un petit garçon, autant pour le maintenir dans le rang et l’assurer d’une présence adulte que pour se raccrocher à lui. Son cœur se fend en voyant les enfants sinuer entre les membres difformes. Alors qu’elle note pour elle-même l’expression « Dieu-déchu », un soldat perd la raison et menace de les tuer. La situation va exploser, quand soudain, quelqu’un tire sur d’invisibles ficelles en son cœur et tout s’apaise. Un espace de calme plat qui lisse les détonations, la perte de sa sœur, l’errance incongrue en ces lieux maudits.

Il n’échappe pas à la clairvoyance de Lady Brightwidge-Dalmesca que son beau-frère sauve la situation d’une manière fort peu orthodoxe. Elle ne l’avait jamais cru sot, mais ne soupçonnait pas chez lui de tels talents pour la comédie. Pour avoir grandi dans la noblesse d’Opale, elle l’aurait pris pour l’un deux à s’y méprendre.

Une femme achève de désarmer Collings et le grigori reprend le contrôle, avec pour bonne idée de résumer les enjeux à ceux qui en auraient manqué certains fragments, comme c’est le cas pour elle. Le plan de bataille est établi. Il est sûr que personne ne pourra vaincre Yodicaëlle. Ses motivations restent floues, elle aurait pu tout aussi bien les éliminer là-haut, ou les soumettre. A quoi rimait cet étrange enlèvement et ce jeu de chasse à la souris dans les Limbes?

En tout cas, de ses modestes moyens, Ellendrine se prépare à aider les combattants en faisant diversion avec l’un de ses nascent, comme le suggère Maël. Sa main gauche glisse dans une encoche de sa ceinture et y déloge une montre à gousset en argent ciselé.

Au milieu des neiges, Yodicaëlle sourie en psalmodiant. Ellendrine fait alors claquer le couvercle de la montre pour enclencher le pouvoir de chronomancie sur la zélatrice du XIIIème Cercle. Cela devrait faire gagner du temps aux autre pour secourir Réno Callagh et déployer une stratégie afin d'arrêter Yodicaëlle.

Derrière elle retentit un cri glaçant. Un des enfants vient d’être aspiré par le ciel… il est… tombé en haut, laissant un vide dans l’espace qu’il occupait juste avant. Un pas de trop sur le côté. Il s’est éloigné du troupeau, déconcentré. Les Limbes l’ont avalées. Sans doute ne le reverront-ils jamais. Collings se remet à claquer des dents.

-« Pour l’amour du ciel, lieutenant ! C’est le moment de servir Opale. Pensez à votre mère, à votre père et à vos concitoyens et battez-vous ! »
l’invective crument la noble dame.



Résumé:

Mer 27 Déc - 0:54

Les festivités sont ouvertes

La Cour des Intrigants



Les pas se font incertains malgré l’organisation qui a été établie. Incertains car le sol semble se changer en flaque, à moins que ce ne soit de la glace? Sans parler de ces moments où le sol devient le ciel, et le ciel le sol. L’élémentaire gardait le cap auprès de Maël, Maelström dans leur dos prêt à dégainer à tout instant, sa nebula essayant de l’aider pour garder l’esprit au clair...Mais aucun mot ne se voyait échanger, tout le monde était happé par ce film macabre où des voix devenaient tonitruantes avant de se dissoudre dans des courants d’air qui allaient et venaient.

Soudainement, alors que certains enfants pleurnichaient et que le groupe semblait à l’agonie dans sa progression, le jeune soldat se posta devant eux, hurlant qu’il fallait rebrousser chemin, l’Ange devenant sa cible de prédilection. Seraphah jeta un œil à son confrère avant de remarquer que les émotions à la base contradictoires s’apaisaient et qu’une certaine clarté d’esprit reprenait ses droits en lui. Une voix reconnaissable s’éleva alors dans l’assemblée. Il se retourna un bref instant, sachant que Maelström ferait en sorte d’intervenir si Maël ne savait se débrouiller seul. Ainsi, il entrevit un visage...celui d’Arno…auprès de qui se trouve une femme – Ellendrine – dont la réputation dans le domaine de la recherche archéologique n’était plus à faire. Toutefois, le moment n’était pas idéal pour aller lui tenir jasette.

C’est à ce moment-là que Colling se vit désarmer par une femme. Seraphah constata sa droiture et sa belle capacité au combat. Il écouta par après Maël tenter d’éclairer le groupe, avant que ses yeux distingue Reno, en ours, combattre seul Yodicaelle qui semblait être à moitié en transe. Sans attendre l’ordre de Maël se rendre au combat, c’est naturellement qu’ils se mirent à courir à trois, Maelström sortant son sabre, tandis que Seraphah était prêt à expédier autant de flamme qu’il faudrait pour parvenir à déjouer toute tentative de blessure de celle qui les avait amené jusqu’ici.

Spoiler:
Jeu 28 Déc - 19:24

L'oeil hagard

La Cour des Intrigants - Acte I, Chapitre 2



Il faut sortir d’ici, je sentais toujours la douceur et le calme que nous apportait la petite flamme, mais pour combien de temps ? Combien de temps tiendrait-elle ? Combien de temps avant que ces lieux obscurs ne reprennent le dessus. J’avais laissé traîner trop de blessures au corps, trop de blessures à l’âme. Quand je pensais à l’un des rôles que je pouvais endosser, j’avais l’impression qu’il était là, à côté de moi, comme un calque un peu décalé. Eustache était peut-être celui avec lequel j’avais le plus de mal, et celui qui avait le plus de consistance car j’avais endossé ce rôle. Je n’avais pas apprécié celui de l’ange à notre tête, comme s’il plongeait loin en moi. Que pouvais-je y faire ? Si j’avais pu être à la place de Collings, au moins, n’avais-je pas craqué devant tout le monde. Au moins, avais-je apporté ma pierre à l’édifice. Mon regard évitant celui d’Ellendrine, de Seraphah, de Violette, de Lö, je savais dissimuler la vérité dans notre réalité tangible… Mais ici ? Combien de temps avant que les masques ne tombent ?

Les Limbes, voilà donc où nous étions. Je devais reconnaître au Grigori sa capacité à motiver les troupes car nous nous remettions en route. Si nous avancions vraiment, j’avais bien compris que chercher à donner une durée à cette expédition ou une distance était futile. Chaque coup d'œil en arrière pouvait aussi bien nous ramener à deux pas du linceul de la sœur d’Ellendrine, que nous rapprocher d’un abysse plus profond. Les ténèbres et l'odeur rance alentours, les corps déformés et le fer poussant au travers, mon œil s’accrocha à un détail, un espoir. Ça ne bougeait pas. Les pas que nous faisions avaient une logique depuis quelques instants, la température descendait également, nous remontions péniblement pour nous faire accueillir par une bourrasque de vent glacial. Des montagnes maintenant ? Le paysage restait tout aussi irréel, est-ce que cette montagne allait rester en place nul ne le savait, et je n’avais pas envie d’en faire l’expérience.

Une bouffée d’air frais, un regard clair, elle était là. La porte de sortie. Callaghn avait repris sa forme bestiale, mais ça n’avait pas l’air de lui avoir plus réussi que sur la place. Néanmoins, j’étais presque soulagé de ce que je voyais. Car les voix que nous avions entendues venaient de Yodicaëlle et qu’elle n’avait pas l’air dans un état normal. Là où cette sorcière affichait une violente certitude de son action sur la place d’Opale, son assurance semblait s’être fissurée. Les Limbes ne faisaient pas d’exception et là où nous avions pu nous supporter les uns les autres, elle avait avancé seule avec son ennemi. Comment allait Réno ? Mal, assurément, pourtant je ne voyais pas une échappatoire sans le brutal Zoanthrope.

Sarnegrave, papa, Dieu Déchu.

Curieux que le destin qui assemble des pièces dans ce genre de moment incongru. Va savoir depuis combien de temps j’y pensais dans un coin de ma tête, mais enfin, une piste se dessiner et avec elle, un plan. Un plan qui m’amènera jusqu’à Doulek je l’espère, mais qui devrait commencer par sortir de cet endroit. La folle et l’ours devront y aider. Maël allait se lancer à l’assaut, Seraphah et Maëlstrom devraient emboîter le pas, les connaissant. Sans oublier les troufions d’Opale. Pour que ça fonctionne, j’allais devoir aider notre pièce forte en tête. Il avait raison, notre chef de fortune, l’heure n’était plus à la retenue. Je devais mettre toutes les chances de mon côté et ensuite, les Douze devront m’apporter un peu de bonne fortune. Mon regard se tourna vers Violette. Je m'éloignais d’Ellendrine, laissant le fusil epistote avec elle, et passais à hauteur de Lö, lui adressant le même sourire triste qu’elle avait vu sur le visage de Podrick tantôt. Les masques doivent bien tomber un jour. C’était à moi de plonger mes yeux de rapace dans ceux de l’oiseau de tête.

Maël, je vais m’occuper de Réno et la distraire. Faites-moi confiance et ne tardez pas à nous rejoindre.

Il y avait encore de la distance entre notre groupe et le duo, distance que je comptais bien couvrir en ayant recours au sombre et froid cristal qui n’avait pas quitté ma main depuis que nous étions ici. Ce qui devait être un clignement d'œil me sembla durer mille ans.

J’apparaissais dans le dos de Réno, encore invisible de Yodicaëlle si elle restait dans son délire à psalmodier follement. Ces propos me semblaient inintelligibles, comme ralentis. Mes oreilles me hurlaient de fuir, mon esprit m’enjoignait de rejoindre le groupe, ma main déversait déjà le contenu d’une fiole sur les blessures de l’homme-ours.

Callaghn, vous vous êtes bien battu. Mais j’ai encore besoin de vous. Arrêtez-la et… Si je ne m’en sors pas, écoutez bien mes paroles.

Tu es bien sûr de toi Arno, ça ne te ressemble pas. La voix moqueuse d’Eustache, la paresse d’esprit de Podrick. Je n’avais pas le temps pour ça, c’était la dernière carte que j’avais dans ma manche, la dernière que je pouvais abattre. Car vous l’aurez compris cher lecteur, je ne suis ni un grand combattant, ni quelqu’un porté sur la bienveillance et le courage. C’est à peine si j’ai remarqué la disparition d’un enfant pour vous dire. Mais je suis investi d’une mission, cette femme et les siens doivent tomber, si ce n’est pas ici avec moi ce sera plus tard avec d’autres. Pour l’Ordre, je sortais du couvert de fourrure de l’ours, parlant directement à la responsable du chaos d’Opale.

Sarnegrave, il faut partir maintenant… Ils attaquent le temple de votre père !

Le vent ne faiblissait pas et les mots ne seraient entendus que par notre atypique trio, un chef du Treizième Cercle, le Maître de la Guilde des Aventuriers et moi. Pas mal comme auditoire pour les potentiels derniers mots d’un petit fermier d’Etyr non ?

Résumé:

Ven 29 Déc - 10:24

Reno vous toise, le souffle court. Impossible de savoir ce que son regard vous dit. Sans doute parvenez-vous à y lire un peu de surprise, beaucoup de ressentiment, aussi. Ce combat, il ne voulait probablement pas dû le mener seul. Il s'attendait à être suivi, dans sa charge, dans sa marche à travers les Limbes. Le grognement qu'il vous adresse dit autant de sa douleur que de sa colère. Ses plaies suintent d'un sang noirâtre qui tâche son pelage. Fier, il recule d'abord d'un pas lorsque votre groupe approche, grognant de plus belle. Mais un soldat blessé n'est rien s'il le demeure. Vos différentes actions le remettent d'aplomb, assez pour que le voile gris qui s'étirait sous ses yeux se relève enfin. Le zoanthrope ne retrouve pourtant pas sa forme humaine, par choix ou non, vous ne pouvez pas en avoir la certitude.

L'impossibilité des Limbes continuent de vous jouer des tours. Le vent polaire souffle de bas en haut, semblant prêt à vous arracher des bouts de peau. Des flocons gros comme des poings virevoltent, des montagnes naissent et meurent dans un lointain horizon diagonal. Yodicaëlle, dont la silhouette se devine au milieu de ce tableau troué, psalmodie toujours. Elle ne bouge pas d'un iota quand vous vous en approchez, c'est à peine si elle relève les yeux. Plusieurs éclairs jaillissent autour d'elle, crevant le sol de cratères rougeoyants, rendant votre avancée difficile. À nouveau, lorsque vous êtes à portée, tous vos pouvoirs s'annulent. Dans un hurlement caverneux, la sphère s'étend à tout votre groupe. Réno retrouve sa forme humaine, et vous ne redevenez que de simples humains, perdus dans les Limbes, à la merci de quelqu'un que vous ne pouvez pas approcher.

Elle se redresse, tend le bras dans votre direction. Seraphah voit clairement son index la désigner. Il entend clairement ses mots s'aligner. Il ne pourra pas esquiver ce qu'elle prépare. Une lueur bleutée prend vie sous son ongle. L'orbe grossit.

-  Sarnegrave, il faut partir maintenant… Ils attaquent le temple de votre père !

Plus rien. Son bras retombe, l'orbe meurt. Même le vent semble s'apaiser un instant. Yodicaëlle tombe à genoux. Sa longue cape l'enserre comme un linceul. C'est une chrysalide inversée, refermant son cocon sur ce qui autrefois volait. Son regard coule sur Arno. Il n'a plus rien de sévère, plus rien de déterminé. Il est celui d'une enfant, d'une enfant perdue, d'une enfant meurtrie, dont les grosses larmes trahissent le désarroi. Elle est incroyablement belle, elle n'a rien à faire ici. Elle murmure, elle murmure.

- Ce... Ce n'est pas possible. Papa... Papa est mort. C'est... C'est lui qui me demande de servir le Dieu. Comme il les servait tous...

Les éclairs cessent, à leur tour. Le paysage, en revanche, ne cesse jamais de changer. En une fraction de seconde, la plaine polaire se mue en désert aride. Les montagnes s'effondrent, se changeant en sable à leur impact au sol. Une légère bise chaude soulève quelques volutes de grains dorés. Vous pouvez tous voir maintenant Yodicaëlle. Son visage est redressé, elle regarde Arno dans les yeux. Ses cheveux gris coulent en cascade sur son visage baigné de larmes.

- Qui... Qui pourrait lui vouloir du mal ? Il n'a jamais fait que le bien autour de lui. Je... Je perpétue sa lignée. Je fais le bien, pour le dieu, pour les dieux. Faites le bien vous aussi.

Le bout de ses doigts s'activent. En lieu et place d'une orbe bleue, un léger trait d'encre violacé se meut. De son ongle au sol, l'encre coule, et à mesure qu'elle se répand, un portail s'ouvre devant elle. Il est semblable, en tous points, à celui que vous avez emprunté pour suivre Reno. Les soldats de la garde d'Opale, faisant fi de toutes les recommandations d'usage, sont les premiers à se précipiter au travers. Ils disparaissent sans qu'elle ne les arrête.

- Il... Il est en sécurité. Le... Le temple, il est en sécurité. Papa ne risque rien. Sa mémoire non plus.

Elle soupire. Le sable enserre ses genoux nus, blessés. Son regard se perd dans le portail qu'elle vient de créer.
Sam 30 Déc - 22:49

Retour au pays

La Cour des Intrigants


Fends moi le coeur, arrache-moi quelques larmes
Au point où nous en sommes, qu’est-ce qu’une énième lame
dans un cœur brisé?
Voici l’heure du repos



La neige anesthésie la douleur. C’est la première fois qu’elle en voyait, Lö. Ce duveteux tapis blanc et froid qui recouvrait tout devant elle - un changement pour le mieux après les bras cadavériques, les tours, le métal hurlant, les lois chaotiques. L’air lourd et irrespirable, épais comme du goudron qui descend dans la gorge et la brûle. Mais c’est la première chose qu’elle vit, Lö. La neige.

Prunelles se lèvent. Prunelles comprennent. Coeur ressent. Dans cet espace blanc, sous des flocons battants, Yudicaëlle, souffrance. La neige tâchée de sang.

Sous ses mèches bouclées, elle parcourt la scène. Maël - oui, c’était son nom - déclama quelques mots dont elle ne percevait que la puissance, l’appelle. A ses mots, la foule clama. Un appel à se jeter dans l’arène pâle - les mots étaient vides, creux, elle n’aurait su dire là où ils commençaient, et là où ils s’arrêtaient, mais elle ressentait le courage et la détermination derrière chacun d’entre eux. Maël était fort. Pas parce qu’il ne ressentait pas la peur: elle pouvait percevoir ses tremblements et ses doutes derrière son assurance et sa détermination. Mais parce qu’il était capable de les écraser pour souffler le courage à ceux qui l’entouraient.
Ils n’étaient pas nombreux à prendre les armes; elle observait, discrète flamme, souffle impure, perdu. Hespéride éveillée, ce n’est pas ton champ de bataille, pourtant tu t’accroches, persiste, et signe, le canon contre ton épaule et la main sur la détente. Ton pied te brûle, la belle affaire. Enterres-le donc sous la neige, tu l’oublieras vite. Prunelle caresse la scène. Lentement. Tu cherches cette voix brisée qui t’appelle.

Elle se tient là… Là, au sol. Elle prie. Elle appelle. C’est sa voix qu’elle entendait comme un écho lointain dans son esprit ouvert, Lö. Sa voix qui l’appelait, lui racontait une histoire que, petite graine, bourgeon fané, elle n’était pas assez éveillée pour comprendre. Une histoire de Dieu et de contrainte, un conte triste de père et de fille. Qu’est-ce qu’un père, qu’est-ce qu’une fille? Qu’est-ce qu’un dieu? Vides étaient les mots, creux étaient leur sens. Bourgeon fané.
Lö ne percevait que son cœur en recherche, en colère. Maël allait s’élancer. D’autres le suivraient. Elle voyait, les yeux grands ouverts, allait-elle pouvoir avancer avec eux?

Prunelles cherchent, prunelles trouvent. Podrick s’avance, fendant la foule - Podrick, oui? Non. Ici, on le connaît sous un autre nom, chacun à sa manière. Mais pour ton esprit sauvage, tes yeux d’écorce, c’est son regard de ciel où se love la peine et son sourire cousu de tristesse qui composent son nom. Éternelle témoin de ce masque, Lö comprend, son cœur se serre, elle a envie de crier. Les masques tombent - dans les limbes, tomberaient-ils à jamais?
Rapidement, comme la foudre, tout s’enchaîne. Podrick disparaît en un instant, Maël s’élance, les voix appellent, les cris, le souffle chaud du vent. La neige, même la neige disparaît autour de ses pieds presque nus, abîmés par le sol poreux des limbes, et les pavés bien lisses d’Opale. La stratégie d’Arno avait été payante, pour eux tous. Elle avait fini par ouvrir son portail - en abandonnant tout le reste.

Comme une voix lointaine, elle l’appelait. Son cœur triste, malmené. Un cœur brisé, empalé par autant de pointes, elle le voyait chavirer. Ce trou, c’était le chemin, n’est-ce pas? A peine ouvert, quelques-uns d’entre eux s’y engouffraient déjà. Mais derrière le portail, elle sondait plus important, elle sondait plus lourd. Cœur triste, tu es dans le creux de mes mains.
L’hespéride avançait à contre courant - ses pas la menant vers le cyclone plutôt que son œil. Des pensées sauvages se formaient dans sa tête, le début d’un raisonnement de femme, plus que celui d’un enfant. Yudicaëlle était la source du portail - ils ne pouvaient se permettre qu’elle le franchisse. Et en même temps, ses émotions faisaient si mal, appelaient si fort, elle ne pouvait que répondre.

Deux, trois… Ils passaient tous, à présent. Mais Lö arrivait à la hauteur de Yudicaëlle, s’agenouillant devant elle. Candide, sage, elle attrapa ses joues humides, regardait couler les larmes contre ses doigts, sous ses phalanges. A nue face à elle, elle ne pouvait retenir un sourire triste. A travers les limbes, elle l’avait senti, elle avait entendu sa voix et son histoire. Hespéride, fais ton office, endort, atténue. Doucement, elle entrevoit son coeur, elle le manipule, elle le réduit au silence. Envolée, la peur. Envolée, la colère. Il ne subsiste qu’un terrain boueux de paix, de mélancolie où elles pataugent toutes les deux. Cœur triste, te voilà endormie.
Et Lö? Lö n’est pas dupe. Elle gagne du temps. Elle sent chaque membre du groupe disparaître un à un, franchir le portail. Une ombre au - dessus de son épaule - elle n’est plus seule. En relevant les yeux, elle découvre le contour élancé d’un homme qui partage sa chevelure, plante son regard dans ses yeux. Elle comprend. Ses mots lui disent peu, mais son coeur lui parle plus. Elle gagne du temps, pour l’instant, mais ce n’était pas assez. Elle comprend qu’elle doit laisser sa place, qu’elle doit laisser ce cœur triste.

Maël s’approche, et elle voit Seraphah lui dire quelques mots - Lö détourne rapidement le regard vers Yudicaëlle ; quelques secondes plus tard, le cœur de Maël disparaît à son tour à travers le portail. Bientôt, il n’y avait plus que Maelström, Seraphah, Réno et elle pour veiller sur la prédatrice éteinte. L’heure était venue pour elle de lâcher prise. Le pouvait-elle seulement?

“-Cœur triste fermé.” Leur murmura-t-elle. Elle ne lâchait rien. Jamais ses mains ne purent laisser partir Yudicaëlle, et son cœur ne la libéra pas non plus. “Faire, vous.

Ils avaient un plan, elle pouvait sentir leur assurance, aussi elle les regarda agir en maintenant son emprise jusqu’à ce que les sentiments en dérive ne disparaissent totalement de son champ d’émotions. Comment avaient-ils…? Doucement, elle regarda Seraphah, Maël, puis Reno, vaillant cœur revenu de la mort. Ces hommes étaient forts, eux-aussi. Elle les entend parler, ne comprend pas. Mais Réno attrape Yudicaëlle soigneusement.

Fuit.
Fuit.
Cours, petite flamme, tu es à deux doigts de t'éteindre.

Seraphah, Maelström. Ils s’élancent d’abord à travers le portail. Court.

Comme être sous l’eau.
En apnée.
Les yeux fermés.
La bouche cousue.
Si tu l’ouvres, tu étouffes.
Retiens ton souffle…

L’air du désert lui fouetta ses joues, l’odeur du sable et de la poussière, le soleil écrasant, voie des dunes et du vent. Elle ouvrit les yeux. Souffla. Elle n’en revenait pas ses yeux. Comment? Lö inspira. Inspira fort. Inspira tout ce qu’elle pu, car c’était l’air de chez elle. Ses mains se serraient sur le sable, la terre, ses prunelles embrassaient les éclats verts des feuilles rayonnantes, les racines nerveuses, les pierres ocres d’une vieille bâtisse. Tout lui semblait secondaire, à présent.
Un, deux… Ils étaient tous là, bien là, tout le groupe au complet, sain et sauf. “...Maison?

Tout devenait bien secondaire. Elle était chez elle. Enfin. Discours, discours. Ne fuis pas encore, Lö. Tu as peut-être encore une carte à jouer. Les genoux dans la terre, elle levait les yeux. Le dernier acte commençait à peine. Tu ne comprends pas grand chose, n’est-ce pas? Ne détourne pas les yeux, c’est l’histoire qui s’écrit. Esprit de la nature, tu as retrouvé ton berceau, mais tu n’es plus animale. Maintenant, tu as mûri: ne fuis pas. Elle a les yeux grand ouvert sur la foule, en retrait, sans comprendre.  Fidèle témoin de la fin de l’histoire.


Petit résumé:
Dim 31 Déc - 0:58

La tête à l'envers

La Cour des Intrigants



Les limbes étaient la fin des mondes. Ils venaient tous y mourir, tous s’y glisser, pour venir dépayser, pour ne pas dire défigurer, les pensées de chacun des êtres s’y étaient perdus. Seraphah n’échappait pas à ce cauchemar. Toutefois, il avait appris à concentrer son attention sur un seul élément à la fois. On ne peut dans une salle d’opération mettre en péril une vie car une autre préoccupation venait frapper à votre esprit. Ce n’était pas possible. Tout comme il n’avait pas hésité en voyant Yodicaelle psalmodier. Tout comme elle n’avait pas hésité à pointer son doigt sur lui tandis que la voracité des limbes reprenaient le dessus, le pouvoir de l’hespéride soufflé encore une fois par une des spécialités d’une des chefs du 13eme cercle. Au moins n’avait-il pas à montrer sa nature à tous, si elle avait réussi ce qu’elle avait eu en tête.

À la place, Arno se retrouvait à dialoguer avec elle, après avoir secouru Reno. L’élémentaire se demandait quels étaient ses desseins, même si comme vous tous, il n’avait pas demandé à être là. Il avait la même assurance que Maelström à son âge. Marque d’une vie où il avait fallu se débrouiller seul rapidement. Yodicaëlle prononça des paroles qui n’avaient de sens que pour son esprit embrumé. Ses genoux rejoignant le sol qui tourbillonna pour laisser le sable l’accueillir. Le paysage avait changé, encore, pendant que des gardes d’Opale s’étaient déjà jeté par le portail qui venait d’apparaitre. Après tout, ils n’avaient pas tort, c’était la consigne qui avait été offerte.

C’est suite à tout cela, qu’il sentit dans sa main une seringue s’y glisser. Il n’y avait pas besoin de mots avec Maelström. Chacun savait ce qu’il était nécessaire de faire pour assurer la protection de tous, eux en premier. Ils restèrent en retrait, tandis que la femme aux cheveux de feu se dirigea vers ce qui ressemblait davantage à une jeune femme, qu’à celle qui avait causé tant de tort à Opale et à tous les êtres qui s’étaient trouvés sur cette place. Elle se plaça face à elle, et il comprit intuitivement ce qu’elle faisait. Elle la gardait sous contrôle. Cette intelligence émotionnelle était puissante. Beaucoup plus que ce que certains mercenaires, coupés de leurs émotions, pouvaient croire.

Le regard doré du dirigeant observa que tous se dirigeaient vers le portail, qu’aucun ne restait en retrait, qu’aucun ne se faisait happé par les limbes comme cet enfant dont les parents devaient déjà pleurer, si ce n’est pas sa mort, sa disparition.

Quand l’assemblée se réduisit comme peau de chagrin, il s’approcha de Maël et de Reno. « Je vais l’endormir. » Un simple regard vers sa main, la seringue leur étant visible. Reno sembla contracter ses muscles avant de dire qu’il la prendrait en charge. Il s’approche alors de, et un simple regard suffit. Il sentiai que tu captes son prochain geste sans même avoir à te le décrire. L’aiguille se plante dans la jugulaire. Violence? Non. Immédiateté. Déjà Reno rattrape Yodicaelle, tandis que dans un élan, Maelström et lui s’élancent à travers le Portail en simultané à l’hespéride.

La chute est intemporelle. Le sol sur lequel ils atterrissent est beaucoup plus consistant. Nouveau décors. Ou pour être plus exact, le même qui commençait à se dessiner du côté des limbes. Mais ici, ils étaient dans une réalité temporelle et avec beaucoup plus de feuillus.

Seraphah se redresse, tend une main à Maelström et son regard cherche immédiatement Reno avec « la coupable ». Tandis qu’il s’approche de ce dernier, Maelström observe plus attentivement où il se trouve et si tous ceux passés avant eux allaient bien. Il se précipita ensuite vers Seraphah afin de lui souffler l’endroit où ils se trouvaient. Ce dernier ne fut pas ravi de l’information, vu comme les épistopoliens n’étaient pas les bienvenus en ces terres.

« Je lui ai administré une dose d’une belle heure...À voir si nous avons le temps de l’apporter aux autorités compétentes ou s’il en faudra une seconde. » Ce serait la dernière qu’il possédait dans sa besace. « Semble-t-il que nous sommes à Doulek... » Il observa les alentours après avoir clamé le nom du lieu à qui voulait/pouvait l’entendre. « Est-ce que quelqu’un saurait nous dire à combien de temps d’Aramila nous sommes? À moins que les militaires de la cité ne nous tombent dessus entre temps...Après tout, nous venons d’apparaître sans prévenir sur leurs terres. » Il n’était pas habitué à venir dans cette partie d’Aramila, mais il savait comme les militaires étaient les moins à même de discuter avec des diplomates. Il convenait en général de parler chiffre, plus que de trouver un réel accord.

Son regard chercha celui d’Arno. Les limbes n’étaient pas l’endroit idéal pour saluer une connaissance...Au-delà de ça, un accord tacite les liait en terme de discrétion. Son regard ne put s’empêcher de regarder aussi Ellendrine qui se trouvait à ses côtés. Cette dernière l’intriguait depuis de nombreuses années, sans avoir pu encore échanger sur certaines de ses trouvailles archéologiques.

"Si quelqu'un est blessé, merci de nous le dire également. Je peux apporter des soins au besoin. Concernant le rapatriement à Opale, nous y penserons dès que nous en saurons plus sur les moyens que nous avons à notre disposition"

Après tout, même si tout le monde était d'accord pour livrer Yodi à Aramila, encore fallait-il pouvoir s'y rendre. Il doutait qu'elle accepterait de leur créer un portail pour faciliter leur déplacement.

Bien sûr, à l’instant il y avait plus important, et c’est aussi pour ça, en attendant d’autres interventions, qu'il continua d’être attentif aux environs, au même titre que Maelström.

Spoiler:
Dim 31 Déc - 10:13

Les yeux dans les yeux

La Cour des Intrigants - Acte I, Chapitre 2



Aussi sûrement que je m’imaginais déjà errer dans cette sombre dimension pour l’éternité, c’est la pièce retomba sur la tranche. Ce n’était ni pile ni face et, pour l'instant, c'était le mieux qu’on pouvait imaginer. Une faille s’ouvrait, nos amis d’Opale avaient clairement déjà embrayé sans demander leur reste, braves troufions au zèle assumé, peut-être un peu trop alors que leurs derniers pas avant d’atteindre ce qu’on imagine être une sortie se faire dans le sable plutôt que dans la neige. Notre adversaire battue, ça pouvait ressembler à une victoire non ? Non. Pourquoi ce sentiment incomplet ? Pourquoi la tristesse de ce regard émeraude embué de larmes, planté dans le mien, réussit à m’atteindre ? La fragilité, celle qui vient avec la défaite. On se rappelle toujours des vainqueurs et l’histoire des vaincus disparaît. C’était ainsi depuis que le monde est monde.

Faites le bien vous aussi.

C’était ça qu’elle s’imaginait ? Les Limbes l’avaient-elles tant retourné qu’elle en oubliait le massacre d’Opale ? Imaginait-elle que c’était ça le bien ? Il allait falloir qu’elle explique, qu’elle s’explique. Déjà je m'ancre à nouveau dans le réel, comme si cette ouverture qui devait nous ramener chez nous, cet environnement sablonneux qui se substituait à la montagne hostile, pouvait balayer la folie des lieux. Petit à petit, la procession se fit vers la sortie. Un rythme plus mesuré que celui des soldats qui avaient plongé. Je revenais à hauteur d’Ellendrine et lui emboîtais le pas non sans un regard en arrière sur qui je laissais là. Lö, quelle étrange symétrie innocente avec Yodicaëlle… et des gens en qui je pouvais avoir une relative confiance dans cette situation. Soit, ramenez la avec vous, ramenez la sorcière. Ramenez la moi.

Le passage à l’aller avait été un enfer intemporel, le retour ne pouvait qu’être pire. Là où le temps et l’espace s’étaient étirés droit, rectiligne, dans un objectif, il louvoyait maintenant. Je voyais en même temps le passé, je devinais l’avenir. Je voyais mes yeux, mes airs, mes mimiques altérées. Vous êtes tous là, vous avez tous votre vie et votre identité dans cet instant, dans cette éternité. Le sourire sûr et moqueur, l’œil inquisiteur, le sourcil froncé, la main sur le pelage d’un Tamanain. Que d’ancres… Et si nous restions là après tout ? Dans cet entre-deux où il y a tout, où il n’est rien. Non, reviens Arno, ne nous oblige pas à rentrer dans ta petite tête étriquée, nous sommes toi autant que tu es nous maintenant.

Une brise salée, fraîche, qui tente d’affronter ce mur d’air chaud et humide. Je n’ai pas le temps d’ouvrir les yeux que je sens un haut-le-cœur. Je m’éloigne un instant, rendant un repas inexistant sur les marches de pierre. Douce réalité alors que j’entends les enfants se moquer, accompagnés d’une autre voix. Eustache n’était pas décidé à rester tranquillement à sa place. Podrick le remet à sa place, bon bourru simplet, on embête pas Arno. Reviens maintenant, c’est toi le rôle principal, tiens, assieds-toi sur les marches, respire calmement, prend des bonnes goulées de cet air lourd, réel. Et essuie le coin de tes lèvres.

Les derniers arrivent, Maël d’abord, puis mes yeux croisent ceux du garde du corps aux origines aramilannes, un hochement de tête entendu, il comprend vite où nous sommes lui aussi. Il se dirige rapidement vers l’élémentaire de feu qui apparut à sa suite, révélant l’information. Lö ensuite, je ne peux m’empêcher un sourire un peu plus joyeux, dans cette tempête, elle rentrait chez elle, il fallait bien se raccrocher aux petites victoire. Bienvenue à la maison.

Enfin, l’homme-ours et la sorcière. Faites le bien vous aussi. Éteinte grâce à la drogue administrée par le diplomate épistote. Que de cordes à votre arc, même si vous m’avez déjà montré que vous vous y connaissiez en plante.  La question qui fuse après, c’était mon domaine non ? Oui. Je grinçais un peu des dents, deux heures de cet état ne seraient pas suffisantes pour sûr. Peut-être assez pour quitter la ville néanmoins.

Tu en penses quoi Podrick ? À bonne allure par la mer, 4 ou 5 jours… Mais ça veut dire passer par le Goulot et trouver un navire directement, non ?Hum… oui, par la terre alors, à peu près la même durée, mais seulement si… On a des bonnes montures et surtout, qu’on est moins nombreux. Tu as raison, on se ferait voir de toute façon. à moins que...

Je dirais six jours environ, peut-être cinq, si on trouve de quoi rallié par la route, mais… On peut pas voyager avec les enfants et les blessés, trop de monde pour tenir la cadence. Il faudrait partir vite et à moins de dix...

C’était entendu pour moi, après tout, il y avait toujours le risque d’une alerte, qu’elle soit donnée à la Garde Sacrée stationnée en ville ou, pire, que ce soit l’ultime piège de Yodicaëlle et que des renforts de son côté viennent. J'espérais que les autres comprendraient. Maël et Réno ne laisseront pas la captive seule. Pas plus que le dernier groupe qui avait quitté les Limbes en réalité. Que ferait Lö ? C’était l’inconnu, mais son pouvoir pouvait être utile sur la route. Puis-je te demander cette ultime requête, petite flamme ? Puis-je t’éloigner de ton foyer alors que tu viens  à peine de le retrouver ? Et Ellendrine, je me devais de la ramener, autant pour Pietro, que pour son statut. On ne peut pas laisser Opale complètement sur le carreau, pas vrai Eustache ?

Huit en m’incluant, neuf avec notre prisonnière, encore gros, mais faisable. Que faire du reste ? Comment garder l’information pour nous ? Les gardes d’Opale avaient déjà disparu, ça allait forcément s’ébruiter, la question était plus sur la durée de rétention. Pourrions-nous atteindre Aramila avant que la montre ne nous ait rattrapée ? Possible si on évitait les aléas. Je regardais tour à tour ceux que j’imaginais rejoindre le convoi de fortune que je souhaitais former. Et surtout, une information que je ne leur révélerait qu'une fois parti. On ira pas droit vers Aramila, mais on devrait pouvoir jouer la montre si une embarcation nous attendait dans le village de pêcheurs au sud. Nous serions alors déjà dans la Petite Mer, à l'abri. Regard sûr, regard de marchand.

J’aurai bien besoin des deux heures pour vous trouver de quoi nous rendre à Aramila. Et je pourrai vous y guider.

Ce ne serait pas la première fois pour certains. J’espérais avoir déjà prouvé que, parmi certaines de mes capacités, celle de pouvoir gérer une caravane avait été appréciée. J’avais dû leur faire confiance dans les Limbes et ailleurs, à eux de renvoyer la balle. Préparons-nous Podrick, on va avoir du travail, trouve-moi les bonnes bêtes, pour le début de la route, je m’occupe de payer le bon prix pour la suite du trajet avec nos amis des mers.

Résumé:


Dernière édition par Arno Dalmesca le Mer 3 Jan - 8:45, édité 1 fois
Mar 2 Jan - 5:08

Savoir raison garder

Event


La noble Aramilane avait tenté d’aider, à sa façon. C’était oublier qu’un nascent rayonne depuis son objet et ne peut agir directement à distance, si bien que la seule chose qu’elle pourrait ralentir, ce serait elle. Déception. Grise mine. D’un cliquet, elle désactive le nascent. On peut dire que ce marchand de babioles à Qadsak l’a bien roulée en la lui vendant ! A moins de faire une hémorragie et de gagner de précieuses secondes dans l’attente d’un médecin, cela ne sera que peu d’utilité, sauf à l’introduire dans un orifice naturel de la terroriste, ce dont nous épargnerons tentatives et vision. Les Limbes sont déjà un univers de perdition.

Arno l’abandonne. Il lui lègue un fusil. Elle apprécie le geste mais ne pourra malheureusement pas le manier à une seule main. L’archéologue note cependant la disparition stupéfiante de ce jeune beau-frère que l’on décrie comme simplet et voué au commerce à la charrette, quand il vient de déployer des capacités de comédie et ce qui semble être un pouvoir conséquent.
Tout n’est-il qu’un rêve par ici ? Peut-être que lui aussi vient d’être avalé par les Limbes.

Dans tout ce chaos, elle se réjouit néanmoins de voir que le chef de la Guilde des Aventuriers est encore en vie. Son ressentiment en revanche est bien malvenu. Nul ne lui a demandé de s’élancer sans support dans une dimension par trop démoniaque. Loin de l'héroïsme, c'est irresponsable. Ses idées suicidaires ne regardent que lui. La reconnaissance devrait aller dans le camp des sauveteurs d’un chef ayant pris une décision inconsidérée au lieu de protéger ce qui restait d’Opale. Il s’agit tout de même de sa ville de naissance et Ellendrine pince les lèvres à l’idée des dommages qui ont été causés.

Les serres du vent polaire leur éraflent la peau, cinglantes de cristaux gelés. Ellendrine voit son chapeau dérobé par les harpes du vent et tournoyer dans un rugissement furieux avant de disparaître dans le vide entre les montagnes. A l’approche des combattants, Yodicaëlle a un sursaut de vigueur et montre à nouveau les crocs dans ce cercle foudroyant.

La diversion d’Arno, loin d’être inepte, retourne la situation dans la psychée d’une terroriste rongée par la folie, à laquelle répondent les éléments. Ses propos incompréhensibles ne trouvent que peu d’échos en la chercheuse. Elle tente cependant d’entendre ses mots, de s’accrocher à des bribes de sens. Le géniteur de la terroriste servait donc des êtres, un Dieu. Cela ramènerait sa longévité à… des temps mythiques.

Personne n’est préparé au renversement du paysage de la glaciation à l’aridité, de la verticalité à l’horizontalité. Sa main toujours fermée sur la crosse du fusil, son bras entoure une enfant et la serre contre elle, en repliant la tête et en s’accroupissant pour les protéger d’une nuée de sable. Et éviter un autre drame. On se croirait de retour au pays.

Enfin, Yodicaëlle semble rouvrir un portail. Les pleutres de la garde abandonnent les civils en se ruant dedans tête la première. Ellendrine est exaspérée ; trop de témoignages de la lâcheté des hommes sont venus la frapper la même journée. Pietro lui-même s’en était remis à son frère cadet pour la secourir. Au moins, Aramila était venue. Opale n’avait fait que battre en retraite. Nulle sororité ne vient étreindre son cœur pour autant face aux genoux blessés de la terroriste. L’ambassadeur Seraphah Von Arendt ne doit son salut qu’à un concours de circonstance. Folle et dangereuse, voilà ce qu’elle est.

A son tour, Ellendrine est entraînée par Arno vers le portail avec l'enfant. Au moment de sauter dans le portail, la petite fille trépigne. Elle a peur. Comment lui en vouloir devant ce qui saute aux yeux comme une anomalie flagrante à la réalité ? Elles finissent par sauter avec Arno. Le voyage donne l’impression de choir sur un panneau de théâtre. Se retournant comme une pièce de monnaie, elle passe de l’autre côté. D'un seul coup abrupt, les voilà allongées dans le sable.

Soulagée des limbes, bien que Yodicaëlle soit toujours dans l’équation, elle est prise de tournis.
-« Ici ! Par ici… s’il vous plaît monsieur Von Arendt. » gémit-t-elle.
Cette nouvelle chute ne l’a pas épargnée.
« J’ai reçu une balle dans le bras. Je crois qu’elle n’est pas ressortie. Sauriez-vous vous en occuper ? »
Elle savait qu’il était une éminence du monde médical, mais doutait qu’il eut emporté tout son matériel. Pendant que le médecin la surprend à puiser ses ustensiles dans les poches de son homme de main, elle tente de reprendre prise sur les discussions. Yodicaëlle la meurtrière est temporairement neutralisée. Mais cela sera éphémère.

Les autres sont occupés à échafauder un plan plus ou moins saugrenu pour rallier Aramila en effectif réduit, dans une course à l’échalote contre Opale. C'est bien les hommes! Il paraissait tomber sous le bon sens qu’il fallait remettre la prisonnière à l’entité la plus proche capable de la contenir et de prévenir toute évasion. Si les gardes d’Opale ne s’étaient pas volatilisés dans la nature, peut-être aurait-elle pu faire valoir son autorité sur eux pour contraindre le groupe.

Elle restait néanmoins l’épouse du tribun d’Etyr…

-« Attends un peu mon beau-frère… je crois que vous allez tous un peu vite en besogne… »

Elle grimaça comme Seraphah maniait une pince pour le retirer la balle, ce qui ôtait un peu à la prestance de son intervention. Pour compenser, elle éleva la voix et articula avec autorité.
-« Je suis noble de naissance Opalienne de l'une des Sept famille. Tout comme je suis noble Aramilane d’adoption. Les terres que vous envisagez de traverser son celles de ma famille et de l'archevêché dont je dépends. Je pense pouvoir vous assurer, en trait d'union entre ces nations, que l’enjeu n’est pas de savoir qui va emprisonner et interroger cette meurtrière… »
Imperturbable, Seraphah analysait les berges de la perforation et des tissus adjacents et aseptisait la plaie afin de procéder à la suture chirurgicale. De son côté, Lady Brightwidge n'en démordait pas. Malgré les sillons cendreux des pleurs qui avaient ruisselé sur ses joues, nul doute qu'une noble s'adressait à l'assemblée. Respect et fermeté mêlés.
« Elle doit avant tout être neutralisée. L’endormir n’est pas suffisant. Je refuse qu’on expose mes concitoyens Aramilans à ce fléau. Qu’on lui ôte sa capacité de nuisance… Ambassadeur ! »
Elle apostropha ainsi Maël ; comme elle n’était pas sans ignorer le bottin des personnes d’influence. C’est qu’il y avait peu de grigoris de renom en Urh.
« Récupérez ses cristaux jusqu’au dernier. Ôtez-lui sa robe, ses bijoux, n’omettait pas un repli de tissu. Gardez-les au nom de la neutralité de l’Alliance. »
Voyant les regards sur elle et les enfants en train de pleurer, elle compléta.
« Ne me jugez pas ainsi, je le ferais moi-même si j’étais en état. » Elle grimaça de nouveau car le fil tirait sur sa blessure à mesure que les points prenaient forme.

« Avez-vous considéré que Doulek puisse être une alliée ? Ils ont peut-être même des pégases à nous prêter. Ou peut-être sera-t-on capable de l’emprisonner sur place en compagnie d’une sentinelle pourvue d’un pouvoir complet d’abrogation. En réalité, j’ai ressenti une nausée semblable à l’abrogation sur la Grande Place. Était-ce elle ? Si nous parvenons à trouver ce cristal, nous pourrions en tout cas le retourner contre elle, à défaut de la maintenir endormie indéfiniment… dans tous les cas, aucun d’entre vous n’a de mandat, ni de l’Alliance, ni de sa nation d’origine, pour prendre seul une décision pareille. Vous devez savoir qu’elle pourrait avoir de lourdes conséquences diplomatiques. Avant l'attentat, le fiasco était déjà affligeant. Avec la douleur et la peine, les gens ne seront plus du tout rationnels... il faudra des coupables. Ce ne sera pas nous, ni Aramila. Je ne suis pas une femme politique. Monsieur Von Arendt est ce qui s’en rapproche le plus ici. J’espère que vous entendez mon raisonnement. A défaut d’autre autorité, je prends donc la responsabilité au nom d’Aramila. »

Le soleil devait lui remettre les idées en place en plus de lui rafraîchir le teint. Ou bien, étaient-ce les bons soins de Seraphah. Se remettre en action l’aidait et une fois rafistolée, elle se releva en lissant sa robe brunie de sang pour en chassé des grains de sable.

-« Autre chose encore. Si d’aventure des acolytes du XIIIème Cercle tentaient de libérer leur complice… idole, ou quoi qu’elle puisse représenter pour eux, nous n’aurons pas d’autre choix que de la supprimer sur le champ et sans états d’âme. Tant pis pour l’interrogatoire. Même si je pense que nous gagnerions à lui parler de ce « Dieu déchu » et de son année de naissance."

Sa main resserrée sur le fusil ne laissait aucune place à l'imagination. Si quelqu'un vacillait, elle carrerait une balle entre les deux yeux de Yodicaëlle elle-même.



Résumé:

Mar 2 Jan - 17:39

Tout les bobos n'ont pas de causes stylées...

Event



Curieusement, plutôt que de donner la réplique au groupe, Yodicaelle avait décidé de s’effondrer sur elle-même. De toute vraisemblance brisée mentalement par quelque chose que Violette n’avait pas réussi à cerner. Il y avait vraiment quelque chose de particulier et de mystique dans cette histoire. Mais bon, jusqu’ici et à preuve du contraire, rien de tout cela ne la concernait vraiment excepté ce qui concernait ses blessures.

Pas le temps de tergiverser ou de réfléchir à des explications, l’heure était à la fuite de cette dimension infernale. Avec la majorité du groupe, la maraudeuse traversait ainsi le portail qui au départ semblait signifier une arrivée dans le désert, petite feinte alors que le véritable point d’arrivée était la jungle.

Venant d’Opale, en moins d’une journée le groupe se trouvait désormais au sud d’Aramila. Quelque peu dubitative et stupéfaite, Violette restait muette un instant. Comment était-ce possible ? Soit les portails étaient aléatoires, soit le concept d’espace était décalé entre son monde et celui qu’elle venait de visiter.

Enfin… Encore une fois, il n’était pas l’heure de faire des théories. Sortir de cette dimension n’était que régler le premier des problèmes. Maintenant fallait-il gérer le prisonnier, rejoindre la civilisation et surtout les répercussions politiques de toute cette histoire.

S’affalant contre un grand arbre pour se reposer avant de lever la tête vers la canopée, elle écoutait tout d’abord silencieusement le groupe réagir et débattre de tout ceci. Le choc thermique de passer d’un environnement sec tempéré opalin, à la chaude humidité de la jungle c’était comme entrer dans une piscine où l’air était à 30 en venant de l’extérieur où il faisait 0 degré.

Aux demandes de Seraphah, elle leva faiblement sa main indemne en souriant.

Pas besoin d’expliquer pourquoi.

Elle écouta ensuite les dires des deux aramilans qui suivaient, commençant à discuter de détail politique qu’elle ne connaissait absolument pas. Après tout, elle avait toujours pensé que Doulek était juste une ville d’Aramila. Étrange toute cette histoire.

Quoi qu’il en soit, la vieille semblait être d’un froid pragmatisme qui n’était pas pour déplaire à la portebrume qui avait de toute manière tout intérêt à être de son côté, si elle ne voulait pas être un jouet de la politique interne du sud.

J’ignore tout de vos rivalités entre sudistes, mais je pense qu’à part vous deux, tout le monde ici ne doit pas en avoir quelque chose à foutre. Ne pas passer par Doulek, quoi que vous fassiez, fera que le trajet aller-retour fera au minimum une semaine entière. C’est un environnement hostile, entre les enfants, les blessés et ceux qui ne sont pas habitués aux aléas du sud comme les maladies et la chaleur, il y aura plus de morts que de vivant ici dans une semaine.

Libre à vous de regarder le ciel vers des conséquences lointaines mais pensez à regarder à vos pieds ce qui est imminent.


Elle afficha un regard entendu en direction d'Arno. Elle avait bien compris que ce type était aussi peu clair qu'elle l'était elle même. Yodicaelle n’était à l’instant T qu’un sujet secondaire aux yeux de la maraudeuse. Ainsi libre à Arno de tenter quelques carabistouilles une fois que tout le monde et surtout elle serait hors de danger. Dans le cas contraire, il était hors de question qu’elle risque quoi que ce soit pour les ambitions et les idéaux de ce paysan aux multiples facettes.

Résumax:
Mer 3 Jan - 18:10

Schemers court

starring Jane Kaldwin & event participants

J'avais suivi sans aucune interruption tout ce qui se passait. Je sentais bien que je n'étais que peu concernée par les évènements sous mes yeux. En même temps, moi simple humaine mortelle qu'étais-je à côté d'une hespéride ou d'un grigori ? Voilà que je me retrouvai aux côtés d'un être qui avait une affiliation divine et d'un changeforme. D'un autre côté, savoir qu'ils ne disposaient plus de leurs pouvoirs aux côté de Yodi, je me sentais un peu plus leur égale mais en plus armée d'une arme parmi le dernier cri de l'armurerie militaire d'Epistopoli.

Sortir des limbes avait été d'une rare satisfaction. Une heure de plus et j'y devenais folle. Lorsque je sentis le froid me glacer sur place, le vent me fouetter le visage, je me dis que je préférai encore être là car j'avais à nouveau la sensation d'être dans le monde réel et non dans un paysage de cauchemar. Malheureusement je grelottai aussi, j'étais vêtue d'une manière bien peu pratique pour affronter le froid. Je ne pris plus la peine de mettre en joue Yodi, d'autres se chargeaient déjà de la menacer malgré son manège magique.

Lorsque nous changeâmes encore de paysage pour atteindre le parfait opposé à savoir le désert brûlant, je me disais que si après tout cela je ne tombai pas malade avec ces changements brutaux de température, c'était un miracle. Puis les choses prirent une autre tournure lorsque désormais nous comprîmes toustes que nous étions en Aramila et que Doulek était le plus proche. Merde. Ce n'était pas pour maintenant que je pouvais disparaître. Nous aurions atterris n'importe où ailleurs sur Uhr, j'aurai pu bénéficier de l'aide de mes agents sur place ou dans le coin pour m'exfiltrer sans demander mon reste mais pas ici et notre présence en Aramila était bien moins répandue qu'ailleurs. Le fusil en bandoulière, je ne m'impliquai pas dans la discussion, j'étais en terrain inconnu et mon contact le plus proche était sans doute à des dizaines de kilomètres d'ici. Je retirai ma veste et me retroussa les manches de chemise pour espérer avoir moins chaud. Ça me faisait peine à le dire mais n'importe quel plan pour se barrer d'ici me convenait. Je préférai les laisser échafauder ça eux mêmes.

Résumé:
Jeu 4 Jan - 16:42

La cour des Intrigants

Acte premier, Chapitre 2 - Opale

Le froid, la chaleur,
la neige, le sable,
la violence, le calme,
les limbes... Uhr.

Les souvenirs d’un voyage dans les tréfonds des terres brûlées s’imposent à lui, et Maël ne se laisse pas surprendre. Si le choc des températures est perturbant, ce changement d’environnement n’est pas surprenant. Déjà le portail franchi, il analyse. Une chaleur étouffante, humide, des espèces végétales propres à la jungle, l’absence de Brume, un ciel dépourvu de nuages... Peu d’endroits correspondent à ces critères, et le sud d’Aramila s’impose à son esprit. Autour de lui, une clameur étouffée. Le temps se suspend, les enfants s’effondrent, les regards s’échangent. Libéré de l’emprise des limbes, l’esprit du grigori s’éclaircit à son tour. Maintenant est venue le temps des décisions. Chacun y va de son avis, et le grigori écoute avec attention. Doulek. Une proposition de les mener ailleurs. Aramila.

Son regard d’or se braque sur celle qui s’estime assez noble pour diriger, alors même qu’elle clame ne pas posséder de pouvoir. Elle l’apostrophe sans cérémonie et les dents du diplomate se serrent. Malgré tout, il se penche vers la criminelle endormie. Ellendrine n’a pas tort, et le diplomate a tôt fait de fouiller le corps de la femme, sans que ses mains ne s’attardent plus que nécessaire. Un à un, il remet les cristaux à Réno, l’un des seuls ici en qui il a confiance. Si leur couleur et l’utilisation qu’en a faite Yodicaelle lui donnent de précieux indices sur les pouvoirs qu’ils renferment, rien ne lui permet d’identifier ceux qui lui seraient utiles. Lorsqu’il se redresse, une froideur inhabituelle peint ses traits habituellement candides. Comme tout le monde ici, son sang-froid arrivait à ses limites.

Il me semble que vous ayez encore moins de légitimité que moi pour décider de ce qui sera fait de cette femme, jeune noble, charge le grigori d’une hargne inhabituelle, piqué par la supériorité que clame Ellendrine. Je suis diplomate de l’Alliance et en l’absence du Chancelier, j’ai toute autorité pour émettre un mandat. Contrairement à vous, affirme-t-il en la fusillant du regard.

Il s’approche d’elle alors que le noble épistote termine ses soins. Il la regarde de haut, certain de sa supériorité, et s’évertue à détruire ses arguments.

Avez-vous envisagé que Doulek pourrait être une ennemie ? contrecarre-t-il avec arrogance. C’est elle qui nous a menés ici, en avez-vous seulement conscience ? dit-il en désignant la représentante du Cercle. Et pourquoi vouloir revenir ici, croyez-vous ? Elle y a certainement des alliés. Il observa cette fois la réaction des autres personnes présentes. Peut-être même nous trouvons-nous à l’endroit même où l’attentat a été fomenté. Quelle confiance pouvons-nous avoir en cet endroit, sachant cela ?

Il rencontre le regard de son vieil ami. Comme à son habitude, l’élémentaire arrive d’un simple mouvement de tête à l’empêcher d’aller plus loin. Il respire un coup, ferme les yeux une seconde. Seraphah a raison. Il doit garder son calme, ou toute son autorité s’envolera plus vite qu’un bataillon d’eshim.

—  Privée de ses pouvoirs, elle n’est plus d’un grand danger. Ligotons-la, tout simplement. Couplé aux toxines, cela devrait suffire. Ensuite... L’Alliance est neutre et respectée. Elle voudra interroger cette femme. Maître Callaghn, êtes-vous d’accord avec cela ? Seraphah, mon ami, qu’en pensez-vous ? demande-t-il à chacun, convaincu de leur soutien respectif.

Il lève les yeux vers le groupe. Même s'ils sont désormais sortis de l’enfer des limbes, le grigori a à cœur d’honorer le rôle de guide qu’on lui a précédemment assigné. Le danger est désormais écarté, mais le combat n'est pas tout à fait terminé et Maël est convaincu qu’il a encore un rôle à jouer.

—  Nous sommes tous blessés, assoiffés, perturbés par ce que nous venons de traverser, et entreprendre un voyage dans le désert dans cet état serait en effet du suicide. Pourtant, nous ne pouvons pas nous attarder ici. Pas avec elle. Que ceux qui le souhaitent restent ici et pansent leurs blessures, ils ne risquent pas grand-chose. Les enfants et les blessés ont besoin de repos. Il n’est cependant pas question de remettre Yodicaëlle aux autorités de cette ville : une enquête devra être menée. Que ceux qui souhaitent faire partie de l’escorte vers Aramila s’approchent.

Il observe d’un œil attentif le mouvement de ceux qui l'entourent. La plupart choisissent probablement de demeurer là. Le voyage a déjà été bien assez éprouvant. Pourtant, plusieurs se réunissent autour de lui.

Vous, fit-il en désignant Arno, vous semblez bien connaître cet endroit. Vous avez une heure pour trouver ce dont nous avons besoin. Laissez ceux-là vous aider, dit-il en désignant d’autres volontaires du regard. Seraphah, peux-tu veiller à ce que cette terroriste demeure endormie durant ce temps ? En cas de besoin, je compte sur toi pour agir.


Résumé:
Ven 5 Jan - 3:01

La tête à l'envers

La Cour des Intrigants



Les discussions s’élevaient, au même titre que la chaleur se faisait plus humide et alourdissante. Seraphah se dirigea vers Ellendrine Brightwige, imminente archéologue, qui avait répondu en premier à son appel. En passant, il fit un geste vers Violette pour la prévenir qu'elle serait la prochaine, et il prit la peine d’hocher de la tête envers deux autres personnes. Tandis que la noble commençait à poser ses connaissances suite à l’intervention d’Arno, il analysa la plaie, avant que Maelström ne lui fournisse tout le nécessaire pour l’extraction de la balle; il était assez satisfait du résultat, la couture était impeccable. Étant habitué à des opérations de plus hauts calibres à Epistopoli, ou encore à ce type d'intervention au sein même de la Brume lors de ses expéditions, il parvena à suivre toute la conversation.
Jusqu’à ce moment où Maël sembla hors de lui, s’approchant de la noble avec une façon de se comporter qui ne lui ressemblait pas. C’est ainsi que Seraphah l’intima par le regard à garder son calme, mais le mal était fait. Il n’avait pas besoin d’être empathe pour noter la tension dans les mâchoires d’Ellendrine.

À dire vrai, Seraphah ne comprenait pas pourquoi son ami, Maël, était autant offensif. Certaines des informations qui avaient été énoncé étaient à ses yeux pertinentes. Toutefois, ce qui était rassurant et de bon aloi, c’était de savoir que Yodicaëlle était détroussée de la majorité de ses cristaux...Mais il était bien placé pour savoir qu’elle pouvait toujours en détenir un. Mais lequel? C’est ainsi que les allégations de la noble Aramilane prenait tout leur sens...Ayant uniquement une dose de plus de tranquillisant, si leurs pouvoirs devenaient impuissants face à elle, elle pourrait aisément s’éclipser...ou pire nous foudroyer si c’était cela qui lui restait en jeu.

«Les solutions ne sont pas infinies. J’en pense donc que votre proposition concernant l’interrogatoire de la terroriste est légitime. Je me permettrai toutefois d’être présent en tant que témoin de neutralité. L’attaque s’est faite à Opale, contre toutes les régions. Nous sommes également dans les terres aramilanes et comme vous l’avez mentionné, nous sommes à court de membres ayant les connaissances requises pour ce genre de situation. » Il porta son regard sur toutes les personnes présentes, et notamment les blessés pour lesquels son aide serait requise. Maelström n’avait pas attendu son feu vert et allait prendre soin des bleus ou de toutes blessures mineures, pendant qu’il poursuivait : « Je resterai auprès d’elle oui, avec Reno également. Comme mentionné, je n’ai plus beaucoup de tranquillisant...À moins d’avoir les plantes adéquates pour en recréer, mais je crains que le concentré soit moins importants et donc moins tenace. Dame Brightwige a toutefois raison sur deux choses, si je puis me permettre...Si elle venait à être un danger comme précédemment, il conviendrait de l’empêcher de nuire, nous ne pouvons pas risquer un autre drame. » Il connaissait l’importance de récolter des informations, mais pas au détriment de la sécurité des états. Il reprit : « Nous avons tous noté en effet, que certaines de nos capacités disparaissaient quand Yodicaëlle le voulait. » Son regard se porta sur Reno : « Savez-vous reconnaître le type de cristaux qui pourrait avoir un tel effet d’annihilation? »

Après ces derniers échanges qui avaient été exprimé d’une voix moins porteuse, il ajouta à l’intention de Maël : « Je crois sincèrement que Dame Brighwige nous serait utile...vous l’avez dit vous-même, tout le monde est épuisé, et nous en faisons partie. » Il porta une main ferme sur l’épaule du Diplomate. « Elle connaît ces terres, et surtout elle a beaucoup plus de connaissances que son statut peut le laisser penser. Nous ne savons pas quelles rencontres seront les nôtres en prenant la route, mais avoir une personne qui relie Opale et Aramila pourrait être une bonne chose. » Il se doutait que l’aplomb de la noble d’Opale avait pu donner l’impression qu’elle savait mieux que toi, mieux que n’importe qui. Mais il s’avérait que les scientifiques avaient cette façon de s’affirmer qui pouvait, quand on était fatigué, donner l’impression d’un orgueil, là où il n’y avait que réalisme. C’était l’impression que l’élémentaire avide de savoir avait noté au cours de sa longue existence.

Il alla se retirer pour se poser auprès de celle qui n’avait de son charisme qu’un souvenir dans l’esprit des habitants d’Opale. Il fit signe à Violette d’approcher. Le temps qu’Arno récupère ce qu’il faut pour leur voyage, il ferait son possible pour aider, tout en restant attentif au réveil de la prisonnière. C’est ainsi qu’il laissa Reno porter toute son attention sur cette dernière. De son côté, il se mit légèrement en retrait pour s’occuper de la grande brûlée – vérifier notamment où en était sa cicatrisation et aussi sa douleur – laissant Maelström comme un garde, prêt à intervenir avec un nouveau tranquillisant.

Spoiler:
Ven 5 Jan - 3:36

La souveraineté aramilane encore piétinée

Event


Le ton est guerrier est les paroles cinglantes. Ils imposent leur suprématie. A défaut d’avoir été dressé par les lacérations des mots Brightwidge durant son existence, les piétinements des Cassandre sur son corps plus tôt et les tentatives des Limbes de transformer son esprit en broyat, l’archéologue reste opiniâtre. Elle est même devenue en quelque sorte une experte en domptage de bêtes sauvages…

Ce n’est pas la violence du tempérament qui la fait céder mais le regard alentours qui lui fait comprendre qu’elle est vaincue. Au moins le Grigori a-t-il retiré la menace des cristaux de Yodicaëlle du plateau de jeu. Elle ressemblait pour le moment à une misérable poupée de chiffon. Il ne faudrait pour autant sous-estimer ses ressources personnelles et celles de ses séides en terrain dégagé. Le désert est plein d’illusions et la jungles remplie de pièges.

-« Si vous dites que le rôle d’un diplomate est de décider et non de négocier, en tant que femme et Aramilane sur son sol, je suis sans doute trop sotte pour vous contredire… vous gagnez... Espérons. » dit-elle dans un sourire enjôleur, qui contient autant d’amour qu’une cuve d’acide.

« Néanmoins, ne croyez pas vous débarrasser de moi si facilement.
D’une part, le chemin de ma maison est sur votre route, d’autre part, je serai témoin formel de cette traversée, qui sera rapportée par écrit dans son déroulé aux archevêques ainsi qu’aux Sept. »
répliqua-t-elle sereinement sur des mots soigneusement choisis et articulés.

De son point de vue, ennemis ou pas tapis dans Doulek, le risque inhérent au voyage était conséquent. Doulek pouvait contenir un nid de vipères, mais ce n’était sans doute pas toute la cité qui aurait fait sécession au grand jour de l’autorité de l’Eglise, au risque de représailles mortifères en présence de témoins internationaux gradés. D’ailleurs, elle n’excluait pas une folie liée aux souvenirs d’enfance de Yodicaëlle dans le choix plus ou moins accidentel du portail de sortie des Limbes.

La garde de Yodicaëlle aurait été temporaire, le temps qu’un convoi Aramilan décide en haut lieu de ce qui était le plus sûr. De tout cela, elle ne put rien exprimer étant donné l’étonnante fermeture et agressivité d’un diplomate, qui avait davantage des airs de général des armées.

-« Merci, pour vos bons soins, , ambassadeur Von Arendt. »
La conjuration des hommes étrangers ayant décidé à la place des locaux et des femmes ce qu’il convenait de faire de la captive, il n’y avait plus qu’à se plier en veillant à ce que cela s’organise le mieux possible. En cela, au moins, elle avait toute confiance en Arno pour trouver les moyens d’y parvenir. Contrairement au reste des Dalmesca, elle ne voyait pas les tords dont on pouvait l’accabler. Pour la pensée colonisatrice du reste d’Urh envers Aramila, il faudrait réagir, plus tard.

Ellendrine eut néanmoins une subtile expression d’appréciation à l’endroit du diplomate Epistote qui promettait de tout faire pour protéger le peuple Aramilan d’un éventuel retour de flamme de Yodicaëlle. Il était bon de voir certains protagonistes se montrer raisonnables. Elle ne jugea pas utile d’en rajouter, de peur de jeter de l’huile sur le feu. Il se pouvait qu’elle ait le temps de saluer verbalement la tempérance de Seraphah Von Arendt un peu plus tard en chemin.

Se tournant avec un air composé de douceur et de compréhension vers Atahara, Lö, les Xandriennes et les enfants Opaliens, elle tenta de les rassurer sur leur sort.

-« Pour ceux qui sont de retours à la maison, ce doit être un soulagement immense. Loués soient les Douze. » dit-elle selon la formule consacrée, bien qu’elle n’en partage pas la foi. « Pour les autres, vous devez vous sentir encore plus inquiets. Compte tenu de la crise internationale et votre statut de victimes, vous pourrez certainement trouver un abri en tant que réfugiés de guerre auprès du sénéchal, qui représente l’archevêque de Doulek, parti à Opale. Il vous fournira des soins, de la nourriture, de l’eau, un lit et des vêtements, comme le veut la tradition d’accueil d’Aramila… Comme vous n’avez rien à faire avec les intrigues politiques, vous ne devriez pas être pris à parti. Il aurait été préférable que les soldats Opaliens restent pour vous escorter et expliquer la situation. Malheureusement, le convoi va devoir repartir dès que possible. Je ne suis pas familière des usages, mais j’image que dès que les communications auront pu faire leur œuvre, on vous proposera une solution de rapatriement facilité vers votre foyer. »


Dès qu’elle eut fini de jouer les intendantes, encore une fois, par faute de quelqu’un de mieux placé dans la vie locale, elle s’en retourna à un calme olympien. Elle passa son châle sur la tête pour se protéger des puissants rayons du soleil, tançant le grand ailé d’un regard oblique. Il avait plutôt intérêt à avoir raison, sans quoi son témoignage serait aussi envoyé au Chancelier en personne.




Résumé:

Lun 8 Jan - 13:15

La chaleur du lieu contraste en tous points avec le froid mordant des Limbes. Les esprits eux aussi s'échauffent sous les rayons aiguisés du soleil de Doulek. Vos avis comme des grains de sable tombent dans un sablier sans fond. Reno grogne avec insistance, préférant dans un premier temps panser ses plaies et s'assurer de la capture de Yodicaëlle. Mais très rapidement, vos échanges l'agacent. Une fois les cristaux récupérés des mains de Maël, le vieux guerrier s'assure d'avoir l'attention de tout le monde. Il n'est pas du genre à tergiverser, encore moins à prendre en compte les avis de chacun. Sa voix rocailleuse tonne comme un soir d'été.

- La prisonnière du Treizième Cercle part pour Aramila immédiatement. Ce n'est pas sujet à discussion. C'est à l'Alliance qu'il revient de mener l'enquête et à personne d'autre. Il vous toise, comme pour s'assurer qu'aucun d'entre vous ne prenne la parole. Il semblerait que vous ayez un peu plus de courage pour défendre votre bout de gras que lorsqu'un portail s'ouvre sous vos pieds.

Un crachat gluant quitte ses lèvres pour s'écraser au sol. Yodicaëlle est ligotée, dépourvue de tous ses pouvoirs. Elle ne montre aucune forme d'hostilité, ni aucune envie de se libérer. Ses yeux fixent l'horizon sans qu'aucune de vos paroles ni gesticulations ne parviennent à les en détacher. C'est une coquille vide, une enveloppe ouverte, où plus aucune âme ne loge. Elle a pourtant ce drôle de minuscule sourire aux lèvres, ce simple rictus, comparable à ceux qu'ont les enfants trop heureux de retrouver le confort d'une couette après une longue journée d'hiver.

Une fois le convoi pour Aramila formé, Reno en prend la tête, sa prisonnière à sa suite. Votre marche est lente, pesante, lourde. Le voyage est long, silencieux, assoiffant. À Doulek, où quelques curieux ont cru voir une drôle de scène quelques instants plus tôt, la vie suit son cours. Ceux qui décident d'y rester y sont accueillis avec toute l'hospitalité du sud. Le temple est intacte, et le prêtre qui y officie vous en fait la visite sans rien vous en cacher. Vous en apprendrez certainement plus sur les Sarnegrave en choisissant de demeurer à Doulek. Pour les voyageurs, interroger Yodicaëlle pendant le trajet ne vous apportera aucune réponse. La femme aux cheveux blancs reste muette, les yeux rivés sur votre point de départ. Ses quelques murmures ne vous sont en rien audibles. Elle refuse de boire, refuse de s'alimenter, si bien que Reno est contraint de forcer le pas.

La capitale est encore loin, et les questions, elles, n'ont toujours pas de réponses. Que se passe-t-il à Opale ? Comment la ville gère-t-elle la catastrophe ? Combien de temps s'est écoulé depuis l'ouverture du portail vers les Limbes ? D'autres attaques ont-elles eu lieu ailleurs sur le continent ? L'après catastrophe vous apportera probablement quelques réponses. Pour ce qui est de Yodicaëlle, l'Alliance décidera de la marche à suivre. Si un interrogatoire semble à l'heure actuelle impossible, l'organisation a sans doute des moyens de lui délier la langue. Pour le reste, le mystère sera probablement aussi difficile à percer que le désert est long à traverser. La clé est pourtant là, quelque part, attendant sagement comme un grain de sable blanc au milieu des dunes infinies.