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Brume ou vapeur ? [Lewën]

Brume ou vapeur ? [Lewën] Brandw10
Jeu 13 Avr - 15:13
Le soleil se trouvait bien haut dans le ciel en ce milieu de journée. Halie avait fini par prendre son courage à deux mains pour se rendre en ville. Après tout, elle connaissait mieux Xandrie qu'Opale, alors qu'elle vivait plus proche que cette dernière. Sérieusement, qu'est-ce qui n'allait pas chez elle ? Quitte à découvrir une ville, autant choisir la plus proche, non ?

Enfin. Toute erreur pouvait être réparée, selon elle. C'était d'ailleurs ce qu'elle espérait faire en s'aventurant sur les pavés de la Lumineuse, serrant les dents face à la profusion d'empreintes émotionnelles. Non. Elle s'était entraînée. Elle pouvait résister. Et puis, elle avait une promesse à tenir. Et pour cela, elle ne pouvait pas se permettre de se laisser submerger.

D'un autre côté... Comment le retrouver ? Elle ne savait pas où il vivait. Elle ne savait même pas s'il se trouvait en ville. Soudain, elle fut distraite par une pensée parasite. Avait-il gardé son bracelet ? Elle ne pourrait pas lui en vouloir s'il s'en était débarrassé, après tout, il n'en connaissait probablement pas la valeur et, même s'il lui avait été reconnaissant de son cadeau sur le moment, il restait qu'elle ne lui avait pas laissé le choix lorsqu'elle le lui avait passé au poignet. Peut-être s'était-il rendu compte que, finalement, un bijou féminin, ce n'était pas pour lui.
Restait néanmoins une troisième solution : il pouvait ne pas s'en être débarrassé, sans pour autant le porter... En le gardant simplement chez lui, dans un endroit précis ou même oublié au fond d'un tiroir... Tout était possible. Lui demanderait-elle des nouvelles ? Elle décida qu'elle aviserait, en fonction des émotions qu'elle détecterait en lui quand ils se rencontreraient... S'ils se rencontraient. Elle soupira. Elle n'arriverait à rien en marchant ainsi au hasard, attirant les regards de par son apparence atypique. Voilà pourquoi elle n'aimait pas les villes. Elle ne s'y sentait pas à l'aise ! Et pourtant, elle finissait toujours par y revenir. Pourquoi ? Etait-elle donc masochiste ?

Soudain, elle eut une idée. Mais pour cela, il lui faudrait se cacher, pour ne pas attirer l'attention plus que nécessaire. Et quelle meilleure cachette que les toits ? Aussitôt pensé, aussitôt fait ! Elle grimpa le long d'un mur, évitant les fenêtres, puis parcourut les toits jusqu'à avoir rejoint l'un de ceux qui entouraient la place principale. Une fois en place, elle prit un moment pour offrir son visage aux rayons du soleil, qui gagnaient en puissance en cette saison. Bientôt, elle ne pourrait plus faire cela, au risque de finir brûlée.

Brûlée... Elle leva le bras, qu'elle observa. Puis elle rassembla ses deux cristaux. Voilà qui lui permettrait d'attirer l'attention sans rien détruire. Concentrée, elle mua un bras en feu, l'autre en eau, et se prépara à sculpter la vapeur qui surgit lorsqu'elle mit se deux bras en contact. Quelque chose qu'ils avaient en commun... Soudain, elle eut une idée qui la fit sourire.

De longues minutes plus tard, des volutes envahirent la place, au centre desquelles se dessinait un nagora géant. Maintenant, il restait à attendre. Pas trop longtemps, du moins, elle l'espérait. Elle ne savait pas combien de temps elle pourrait tenir.
Sam 6 Mai - 15:08

Brume ou vapeur ?

Avec Halie Lunia



Lewën était sur la place du marché, ne prenant pas garde au brouhaha habituel qui régnait sur la place. Il avait laissé tombé la veste face au soleil qui grimpait haut dans le zénith, sentir les rayons lui réchauffer le dos était un petit plaisir qu’il ne se refusait pas, bien au contraire.

Le commerçant en face de lui était d’une bonhomie exagérée pour attirer la clientèle, et surtout, la faire revenir. Il apostropha le médecin, le tutoyant pour créer un lien de complicité qui agaça notre homme plus qu’autre chose. Résultat, Lewën déclina toutes propositions faites par le vendeur et trouva un autre stand de fruits et légumes plus calme. Il marcha tranquillement, claudiquant d’une étale à l’autre sans vraiment de but précis, observant les produits proposés ci et là, s’arrêtant quelques secondes ou encore quelques minutes pour effectuer un achat. Comme cette potion vendue à l’ombre d’un parasol au coin de la place. Elle rendrait invisible. Le dépigmenté ne se serait pas risqué à débourser le moindre Astra s’il n’y avait pas eu cette démonstration prouvant la véracité du liquide.

Le tumulte ambiant se mua soudainement en vacarme. L’agitation prit un air de drame et des cris fusèrent suivis d’une fuite massive de la populace. La tension parcourut tout le corps de l’ancien militaire qui s’arrêta net pour analyser la situation.

- La Brume envahit Opale ! pouvait-on entendre.
- Fuyez !

Les gens se bousculèrent, certains n’hésitant pas à piétiner ceux tombés à terre déséquilibrés par la bousculade. Des enfants pleurèrent, des femmes les attrapèrent à la volée pour courir loin de la menace.
La Brume … Le cœur de Lewën loupa un battement. Il s’était arrêté à Opale pour économiser assez d’Astras afin d’organiser une expédition dans l’être qui envahissait Urh. Et voilà qu’elle venait à lui. En longeant les murs il put remonter à contre courant pour observer l’envahisseuse … La Nebula qui l’habitait ne s’agita outre mesure contrairement à ce qu’il avait pu ressentir dans ses explorations passées. Quelque chose clochait. Il en eut la certitude lorsque, arrivé sur le lieu d’intrusion, il aperçut la “Brume” qui prenait une forme étrange … S’élevant dans les airs au lieu de raser le sol des rues, celle-ci se mouvait avec légèreté pour former … Une Nagora ? L’homme resta quelques instants perplexes, perdu dans ses pensées, jusqu’à ce qu’on le percute à l’épaule. Il se rattrapa de justesse au mur voisin avant d’y voir un début d’hypothèse. Et si la Brume n’en était pas, commandée par un être de la nature ? Qu’il se doute de la personne qui fabriquait cette vapeur ne ferait pas avancer les choses en cet instant. Le brouillard qui envahissait la place de la ville devait cesser, la peur commune l’avait emportée sur la raison et risquait bien de créer des blessés inutiles.

Observant la mouvance du nuage, Lewën comprit que sa création provenait du toit d’une boutique de cachemire. Le toit, les hauteurs … Un indice supplémentaire sur la fauteuse de trouble. Inconsciemment il toucha le bracelet qu’il portait toujours au poignet avant de s’élancer à l’assaut du bâtiment. Il ne pouvait escalader les murs comme une certaine hespéride grimpait aux arbres, il opta pour passer par l’intérieur du magasin qui avait fermé ses portes sous la menace. Il réussit à s’y introduire et à prendre les escaliers après avoir débattu de longues minutes pour qu’on le laissa faire. Il était suivit de près par le gérant qui s’assurait que notre homme ne profitait pas de la situation chaotique pour voler dans ses réserves situées aux étages. Arrivé sous les combles, Laouën passa la tête par une petite fenêtre pour essayer d’apercevoir la personne sur le toit, en vain. Il tenta d’appeler, coûte que coûte :

- Halie, c’est vous ?

Aucune réponse, il lui semblait pourtant que le nuage commençait à se dissiper.

- Halie ? C’est Lewën ! Je suis en dessous !

Le vacarme des rues l’empêchant d’entendre une quelconque réponse, il commença à vouloir se hisser par le velux avant de voir apparaître des bois de cerf dans son champ de vision.


Dernière édition par Lewën Digo le Sam 8 Juil - 16:32, édité 1 fois
Dim 7 Mai - 17:05
Pourquoi la panique se répandait-elle, à l'instar de sa création ? Enfin, au moins, si celui qu'elle cherchait se trouvait dans les parages, il ne pourrait pas rater son signal. S'il ratait la vapeur, il entendrait les cris, croiserait la population... Auprès de laquelle il faudrait qu'elle s'excuse, à un moment. Ou pas. S'ils ne savaient pas qu'elle en était à l'origine, elle devrait pouvoir s'en sortir.

Néanmoins, il mettait du temps. Halie commençait à penser qu'elle avait fait tout cela pour rien, que son mentor n'était pas là. Et qui aurait pu lui en vouloir ? Après tout, elle ne lui avait pas demandé son emploi du temps. Mais il lui avait fait part de son intention de s'établir dans cette ville... Serait-il parti en vacances ? Ce ne serait vraiment pas de chance, mais c'était possible. Quoi qu'il en soit, il était inutile de continuer à effrayer les habitants. Elle coupa donc le flux de magie. La vapeur ne tarderait pas à se dissiper d'elle-même. Et, quitte à se trouver là, autant en profiter un peu. Elle n'avait pas trouvé celui qu'elle cherchait, soit. Mais ici, aucune branche, aucune feuille ne la séparait des rayons de l'astre solaire. Ce qui lui permettrait plus facilement de prendre des coups de soleil... Mais pour l'instant, elle voulait seulement profiter. Elle s'allongea sur le toit, dont les tuiles lui réchauffaient le dos alors que l'astre lui-même se chargeait de son ventre. Elle ferma les yeux. Il serait si facile de s'endormir, ici...

Attendez, était-ce une voix qu'elle avait entendue ? D'un autre côté, en ville, il y avait des centaines de voix, tous les jours, partout.

Cependant, elle bondit sur ses pieds lorsqu'elle entendit autre chose. Un nom. Lewën. C'était lui qu'elle cherchait ! Donc, il était là. Mais où ? Elle ne le voyait pas. En dessous ? Elle se pencha sur le bord du toit. Personne dans la rue. Où pouvait-il donc se trouver ?

C'est à ce moment qu'elle se souvint. Ces constructions dont elle ne pouvait déterminer la matière contenaient souvent des humains. C'étaient leurs logements, si elle se souvenait bien. Mais comment y entrer ? Prudemment, elle se glissa donc le long du mur, jusqu'à ce que, à l'angle d'une fenêtre, elle se trouve nez-à-nez avec lui. Eh bien voilà ! Finalement, ses efforts avaient payé !

- Attention.

L'ayant invité par ces mots à s'écarter, elle se hissa jusqu'à la fenêtre pour le rejoindre à l'intérieur du bâtiment. Elle remarqua immédiatement l'autre humain, qu'elle salua d'un signe de tête. Puis elle sonda les environs. Il ne lui semblait pas percevoir d'autre empreinte émotionnelle. Ils n'étaient donc que trois. Bien. Elle observa alors les deux hommes, s'adressant d'abord à l'inconnu.

- Je suis désolée, je crois que c'est de ma faute, ce mouvement de panique.

Puis elle se concentra sur l'autre homme. Celui qu'elle cherchait. Avant de lui parler, elle l'observa avec attention. Il semblait bien portant, il n'avait donc visiblement pas gardé de séquelles de son passage par chez elle. Elle remarqua au passage qu'il avait gardé le bracelet, ce qui fit naître un sourire sur ses lèvres, mais elle ne fit pas de commentaires. Au lieu de quoi, elle déclara simplement :

- Donc voilà, j'ai tenu ma promesse. Je suis venue vous voir.
Lun 15 Mai - 12:08

Brume ou vapeur ?

Avec Halie Lunia



S’il s’attendait à cela … A leur séparation, une promesse. Puis une nouvelle ville à appréhender, de nouveaux défis, un quotidien qui s’installe et sa routine. Lewën détestait la routine. Le bracelet lui rappelait son aventure, et pourquoi il était là encore aujourd’hui. Son but. La Brume … Pourtant au fil de ses rencontres son obsession avait diminué, laissant place aux liens, amicaux, professionnels, telle une toile qui se tissent autour de sa Nebula, l’invitant à laisser son hôte vivre encore de son plein gré. La voix gutturale de l’homme qui l’avait suivi jusqu’ici le sortir de sa pensée.

- Comment ça votre faute ? s’adressa-t-il à Halie de son accent roulant les “R”.

Le médecin décida de couper court, ne laissant pas le temps à l’intéressée de répondre de peur que les choses ne s’aggravent.

- Nous devons y aller, merci Monsieur pour votre hospitalité. ne peut-il s’empêcher d’ironiser. Un feu sur votre toit peut être à l’origine de la fumée qui a provoqué le mouvement de foule. Halie en a arrêté la propagation, il n’y a plus rien à craindre.

Il n’avait pas menti, pas vraiment. Il avait émis une suggestion, une hypothèse qu’il laissa s’insinuer comme être la vérité dans l’esprit du marchand. Il avait affirmé la seule chose qui était vraie, Halie, avait arrêté la propagation de la vapeur. Lui-même ne savait pas comment l’hespéride avait réussi ce tour de passe-passe, il le lui demanderait, plus tard. L’heure était à la fuite.

Dehors le chaos s’évanouissait à petit feu - sans mauvais jeu de mot - et quelques blessés légers se traînaient dans les coins de rue. Avant de s’approcher d’eux pour vérifier leur état, Laouën prépara sa partenaire.

- Vous n’y êtes pour rien si les hommes agissent avant de réfléchir, ne vous accusez pas, ne vous excusez pas. Je voudrais m’assurer que personne ne nécessite de soin si cela ne vous dérange pas. Avec votre aide si possible, nous irons plus vite. Si la charge émotionnelle est trop marquée, dites le moi et je vous mènerai au calme.

Il s’avança près d’une mère tenant son enfant pleurant dans les bras, se présentant elle finit par le laisser regarder le visage rougit du bambin. Plus de peur que de mal. Il n’eut pas de parole de réconfort pour le petit, sa mère s’en chargerait bien mieux que lui. Elle même rassurée de la certitude du médecin. Tout allait bien. Il alla ainsi de corps recroquevillés à visages tuméfiés. La pire de ses auscultations rapides, un poignet vraisemblablement cassé d’un vieillard étant tombé dans la cohue. Lewën l’enjoignit de le suivre pour lui préparer une attelle au cabinet. Le grincheux refusa “J’en ai vu d’autres Monsieur le Médecin ! Ce n'est pas une petite fracture qui va m’empêcher d’avancer !
Il s’appuya sur sa canne, un cri tremblotant de douleur s’échappa. Sa fille le sermonna mais le vieux n’en démordait pas. Notre homme laissa ses coordonnées à la femme, il ne pouvait aller contre la volonté des patients.
S’approchant d’Halie, il l’invita à quitter les lieux pour retrouver, quelques kilomètres plus loin, la quiétude de son quartier et de son cabinet médical.

- Venez, entrez. dit-il en lui ouvrant la porte.

Tout était parfaitement en ordre, le bureau dans l’angle gauche où ne s’échappait aucune feuille ou crayon, tous les dossiers étaient consciencieusement rangés dans les meubles d'archives juste derrière. Sur la droite, un rideau séparait l’office de l’auscultation où des instruments étaient parfaitement rangés sur le plan de travail. Une petite fenêtre permettait d’apprécier la lumière naturelle. Lewën pouvait ainsi aérer régulièrement la pièce. Sur une patère au mur, gisait son costume sombre de corbeau médical, le masque pendant sans vie, bec vers le bas.

- Suivez-moi.

Là, une petite porte menait à un sellier sans lumière où étaient entreposés sur les étagères onguents, décoctions, pansements, et autres nécessaires à soins. Une nouvelle porte au fond menait à des escaliers qu’ils empruntèrent pour atterrir dans un petit appartement. Rien de très cosy, ni spacieux. Un espace fonctionnel pour dormir et manger. Lewën n’y avait pas mis de touche personnelle, l’endroit était austère, froid, mais pratique. Par habitude posa sa gabardine sur le porte manteau avant de déposer ses achats sur la petite table ronde de la cuisine. Il invita Halie à s'asseoir sur la chaise en bois avant d’user des technologies d’Opale pour faire chauffer de l’eau, proposant à sa convive un thé.

- Je suis désolée, je ne m’attendais pas à avoir une invitée, avez-vous faim ? Je peux préparer  une soupe aux légumes bouillis. Il fronça les sourcils, une soudaine question existentielle en tête. Mangez-vous de la viande ou du poisson ?

L’homme n’était pas des plus affables, il souhaitait malgré tout que l’hespéride se sente à son aise.


Dernière édition par Lewën Digo le Sam 8 Juil - 16:33, édité 1 fois
Mer 17 Mai - 21:22
Elle n'eut pas le temps de répondre à l'inconnu que son ami (pouvait-elle l'appeler ainsi ?) l'invitait à le suivre vers l'extérieur. Ses émotions véhiculaient une notion d'urgence qui la convainquit de ne pas protester et de simplement le suivre sans un mot. Quelles que soient ses motivations, elles ne lui permettraient certainement pas de le déranger.

Une fois à l'extérieur, il lui adressa de nouveau la parole. Elle hocha la tête :

- Prenez cette partie de la place, je m'occupe de l'autre.

Puis elle se concentra sur les personnes qu'elle venait de se désigner. Elle n'eut pas à faire face à des cas trop graves, dans les pires cas, quelques paroles réconfortantes suffirent.

Alors qu'elle terminait avec un enfant qui avait réclamé de pouvoir toucher ses cornes et jouait à présent avec, elle fut rejointe par son aînée. Avec douceur, elle se libéra de l'étreinte de l'enfant, laissant le soin à sa mère de lui expliquer pourquoi il devait la laisser partir. Puis elle suivit son professeur (car il était en train d'accepter de le devenir, n'est-ce pas ?) jusqu'à ce qui semblait être son lieu de travail. Elle observa les lieux avec intérêt, n'osant cependant pas aller explorer s'il ne l'y invitait pas. Après tout, ce lieu lui appartenait, il décidait donc de qui pouvait y entrer et ce que ces personnes pouvaient y faire.

Lorsqu'il l'entraîna plus loin, elle ne put résister et enflamma son bras pour éclairer l'espace sombre qu'ils traversèrent. Dès que la lumière naturelle fut de retour, elle s'éteignit elle-même. Cette fois, elle pourrait parier qu'ils se trouvaient chez lui... Si elle savait ce que c'était, le pari. Il fit immédiatement chauffer de l'eau, lui proposant... Du "thé" ? Elle avait déjà entendu parler de ces plantes. Mais, puisqu'elles ne poussaient pas dans sa forêt, elle n'avait jamais eu l'occasion d'y goûter.

- Pourquoi pas. Mais vous ne gardez pas les plantes, si je ne me trompe pas ? Je pourrais les garder ? Voyez-vous, il n'y en a pas chez moi, j'aimerais les étudier...

Puis il lui proposa de la nourriture. Immédiatement, elle se sentit gênée.

- Ne vous inquiétez pas pour ça, je ne vais pas piocher dans vos réserves alors que je suis venue sans prévenir... Mais pour répondre à vos questions... C'est très récent, mais un voisin m'y a initiée, oui. Même si j'avoue que c'est loin d'être ce que je préfère...

Elle se demandait d'ailleurs si l'explication n'était pas aussi simple que cela : il n'était tout simplement pas dans sa nature de manger les animaux qui lui servaient de voisins. Et si, un jour, elle décidait de tester de la viande ou du poisson qui ne venait pas d'une forêt ? Cela y changerait-il quelque chose ? D'un autre côté, elle ne risquerait rien à essayer...

Néanmoins, elle se sentit obligée de faire la conversation.

- Sinon... Comment allez-vous, depuis la dernière fois ?
Sam 8 Juil - 17:12

Brume ou vapeur ?

Avec Halie Lunia



Lewën sourit à l’hespéride. Une question anodine qui souvent, dans le monde des humains, relevait d’une simple politesse. Il doutait qu’Halie en connaisse la coutume et croyait en la sincérité de l’interrogation. Tout en infusant les feuilles de thé, il répondit amicalement à l’être de la forêt.

- Je vais bien merci. Comme vous pouvez le voir, je me suis installé sur Opale contrairement à mes plans initiaux. Il prit la peine de préciser ses intentions primaires. Je devais rester ici le temps d’une escale avant de longer la côte pour rejoindre le bois Lavill proche de Dainsbourg.

Versant l’infusion dans deux tasses il tendit un petit bocal à la femme avant de s’installer en face d’elle.

- Ce thé est pour vous, enfin si vous aimez. Vous pourrez vous en faire des infusions chez vous.

A peine eut-il posé son séant qu’un miaulement se fit entendre.

- Vous n’avez rien contre les chats ? demanda-t-il sans vraiment en douter.

Ouvrant la fenêtre qui donnait sur le toit de la maison voisine, un chat de couleur flamboyante entra sans ménagement.

- Je ne sais pas à qui il est, j’ai eu le malheur de lui donner un bout de viande un jour et le voilà qui me rend régulièrement visite.

Il ne l’avouait pas mais au fond de lui Lewën appréciait la compagnie du chat roux, indépendant, câlin à ses heures, la présence du félin égayait sa solitude. Il attrapa un morceau de poisson séché et le mis dans une assiette qu’il servit au sol. L’animal ronronna en mangeant et vint se frotter à la jambe du médecin une fois fini, miaulant de satisfaction.

- Tu n’en auras pas d’autre petit gourmand. Répondit Lewën en lui grattant l’arrière de l’oreille.

Halie observait la scène avant de se permettre d’intervenir. Elle expliqua à son hôte que le chat ne réclamait guère d’autres mets, il exprimait sa gratitude. Le roux sauta sur les genoux de l’hespéride et si lova.

- Vous comprenez tous les animaux ? S'intéressa le dépigmenté. Vous pouvez communiquer avec eux ?

Halie lui expliqua son affinité avec la faune et la flore et détailla son don racial. Attentif, Lewën l’écoutait sans la couper. Il comprenait mieux pourquoi l’hespéride évitait les villes pleine d’êtres aux sentiments et intentions qui pouvaient vite la tourmenter. L’interrogeant sur ceux qui l'accompagnaient, Lewën se rappela soudain d’un objet que lui avait laissé l’Aramilan blessé.

- Malouad s’est remis de sa mésaventure, vous nous avez sauvé la vie là-bas. Il ouvrit une boîte pour en sortir une amulette. Les guerriers d’Aramila m’ont remis ce talisman. Il représente la tête d’un Lugrin, un ver des sables. C’est un animal sacré pour eux. Je pense qu’il serait d’accord et ravi que je vous l’offre pour vous remercier et en guise de guide. C’est ainsi qu’il me l’a présenté.

Il remit le présent à Halie qui l’observait avec attention. Son visage s’illumina d’un sourire.

- Vous sentez-vous prête à ce que je vous fasse visiter cette ville ? Nous pouvons rester dans le calme de ces murs sinon.
Dim 30 Juil - 22:37
Ainsi, il avait changé d'avis... Pourquoi ? Serait-il indiscret de lui poser la question ? Enfin, quoi qu'il en soit, il s'agissait de son ami le plus proche en ce monde. Si lui refusait de lui répondre, personne n'accepterait. Alors, autant tenter sa chance.

- Hum... Ne répondez pas si c'est indiscret, mais... Qu'est-ce qui vous a fait changer d'avis ? Vous avez trouvé quelque chose d'intéressant dans cette ville ? Du moins, de suffisamment intéressant à vos yeux pour vous couper l'envie d'en partir ?

Elle accepta le bocal avec gratitude. Cela lui rappela autre chose.

- Il faudra décider d'un moment pour se revoir, à l'avenir, si vous restez ici. J'aurais moi aussi un cadeau : je sais trouver un miel qui semble faire plaisir à tous ceux qui y goûtent... J'aimerais que vous puissiez le tester aussi.

D'ailleurs, Artémis connaissait-il ce miel ? Enfin, ils avaient cuisiné avec ensemble, mais... Connaissait-il son coin ? Probablement. Après tout, il vivait également près de lui.

L'irruption d'un invité surprise la tira de ses pensées. Silencieuse, elle observa les interactions des deux amis. Car oui, aussi bien leurs interactions que les émotions qui émanaient de chacun d'eux démontraient une forte amitié. L'espace d'un instant, elle se sentit un peu jalouse. L'ami le plus proche de cet humain était visiblement ce chat. Pas elle. Néanmoins, elle se reprit vite. Les émotions négatives n'avaient pas leur place ici. Elle devait déjà s'estimer heureuse qu'il l'accepte, même s'il ne comprendrait probablement jamais à quel point leur amitié était importante pour l'hespéride. Pour une fois qu'elle se liait sincèrement et (elle l'espérait) durablement avec un humain... Pour une fois qu'elle voulait voir quelqu'un de manière désintéressée, pas pour apprendre, mais seulement pour se voir... Certes, à l'origine, elle avait voulu qu'il lui enseigne sa version de leur art commun. Et même encore à ce moment, s'il lui proposait des cours, elle accepterait avec joie. Mais elle ne les demanderait plus à cor et à cris. Elle avait appris à voir au-delà du médecin en lui. À voir... L'humain. Celui qu'il était réellement, même si elle se doutait qu'elle ne connaîtrait jamais tous ses secrets... Et n'en avait aucune envie. Après tout, chacun avait droit à son jardin secret.

Elle offrit quelques caresses à l'animal lorsqu'il la rejoignit. L'avantage d'être complètement perméable aux émotions qui circulaient autour d'elle, c'était qu'elle pouvait lui prodiguer exclusivement les caresses qu'il préférait. Peut-être gagnerait-elle ainsi un nouveau meilleur ami... Mais non. Cette place était réservée à Lewën. Elle ne la lui volerait pas.

Lorsque l'humain lui proposa un nouveau cadeau, elle hésita. Il l'avait déjà remerciée avec les feuilles de thé. S'il lui offrait quelque chose de plus... Halie, qui ne connaissait comme système d'échange que le troc, avait du mal avec le concept de cadeau qui ne demandait rien en retour. Aussi, elle déclara :

- Je ne peux pas accepter. Sauf si vous acceptez mon miel en échange. Ce sera mon paiement pour le thé, et l'amulette... Pour mon aide. Même si je n'ai pas l'habitude de monnayer l'aide apportée simplement parce que je vous apprécie.

Néanmoins, les valeurs étaient équivalentes. De la nourriture contre de la nourriture, de la protection contre de la protection.

Puis il lui proposa une visite... baissant le regard vers le chat qu'elle câlinait toujours, elle hésita. Certes, un jour, il faudrait qu'elle connaisse Opale mieux que Xandrie. Mais la perspective de se balader en ville n'avait pour elle rien de réjouissant. C'était toujours une épreuve. À moins que...

- Il doit y avoir des moments où la ville est moins fréquentée, non ? Dans ce cas, pourquoi ne pas essayer à ces moments-là...

La nuit, par exemple. Halie n'avait aucunement conscience que la nuit était le paradis des truands de tous genres. Mais dans tous les cas, Lewën serait là, non ? En cas de problème, ils pourraient se protéger mutuellement. Et puis, il était hors de question qu'elle se balade au milieu d'une foule. Elle l'avait déjà fait, et cela ne lui avait clairement pas réussi.
Mer 16 Aoû - 16:22

Brume ou vapeur ?

Avec Halie Lunia



- Hum... Ne répondez pas si c'est indiscret, mais... Qu'est-ce qui vous a fait changer d'avis ? Vous avez trouvé quelque chose d'intéressant dans cette ville ? Du moins, de suffisamment intéressant à vos yeux pour vous couper l'envie d'en partir ?

Il s’attarda un instant avant de trouver une réponse convenable. D’abord, il y avait eu l’argent. Il ne pouvait continuer sa quête sans le sou, s’aventurer dans la Brume était onéreux si l’on espérait en revenir. Ensuite, les rencontres. Ou plutôt, la rencontre. Celle qui avait fait de lui un aspirant à la Guilde des aventuriers, celle qui avait fait que la Brume n’était plus sa seule préoccupation. Elle.

- J’ai été obligé de m’arrêter ici pour gagner assez d’Astras pour continuer mon chemin …

Halie connaissait-elle le système monétaire dans lequel le monde était plongé ?

- Ce sont des pièces d’or que l’on donne en échange d’autres choses. Elles ont plus ou moins de valeurs selon leur taille. Il en sortit une pour montrer à l’hespéride à quoi elle ressemblait au cas où elle ne connaissait pas la frappe étoilée de l’écu. J’ai aussi fait des rencontres ici, j’exerce mon métier pour aider les habitants du coin. Il ne précisa pas la rencontre décisive dans son choix mais ne pouvait cacher l’émoi qui se dégageait de ses sentiments. Et je fais maintenant partie de la Guilde des aventuriers, c’est une organisation qui me permet de réaliser des missions de toute sorte. Elle me permettra sûrement d’atteindre le but que je me suis donné avec les moyens nécessaires pour y parvenir.

Il but une gorgée de thé avant d’avouer, dans un souffle de confidence.

- Je souhaiterais étudier la Brume et ses secrets.

Attentive, Halie finit par lui montrer sa gratitude suite aux différents présents qu’il lui avait donné, il accepta avec plaisir de goûter au miel dont elle parlait et convint qu’il lui faudrait revenir la voir.

- Nous partirons dans la soirée, Opale n’est pas une ville qui s’endort si tôt, mais je commence à connaître les rues tranquilles que nous pourrions traverser sans vous bouleverser.

Il fallait rester prudent, bien que n’ayant jamais rencontré de mésaventures, il savait la ville aux mains de familles qui vendraient chaires et âmes pour le pouvoir. Izydore lui avait longuement parlé de la cité à la demande du médecin. Lewën avait une intarissable soif de connaissance aussi bien sur son art, que sur l’environnement qui l’entourait. Mieux valait savoir où mettre les pieds pour mieux appréhender une situation indélicate. Il connaissait à peine la partie émergée de l’iceberg mais était encore loin d'en connaître les fonds submergés.

Il laissa le temps à Halie de profiter du chat et de finir sa boisson avant de lui proposer une première découverte de l’architecture d’Opale.

- Suivez-moi, j’aimerais vous montrer quelque chose.

Ils empruntèrent un nouvel escalier qui les menèrent plus haut dans le bâtiment, passant deux autres étages qui abritaient des voisins calmes avant de mener à une trappe. Lewën attrappa l’échelle en bois posée sur le mur et la cala sur le rebord de l’ouverture pour y grimper, ouvrant le carré de bois sur un ciel jaunissant. Le soleil s’attardait encore un peu à l’horizon, habillant la ville lumière de ses couleurs chatoyantes. Le dépigmenté invita l’hespéride à s’installait à ses côtés, elle n’eut aucun mal à le rejoindre.

- Vous voyez le gros bâtiment qui surplombe la ville ? dit-il en montrant le palais. Il s’agit de la tour d’Opale, là où les grandes décisions sont prises. Et sûrement les pires, tut-il.

Il tourna de trente degrés vers l’Est pour indiquer un bâtiment plus sombre.

- Là-bas, la sombre construction, c’est le Magistère. N’allait jamais près de ces murs. Conseilla-t-il. Il avait entendu quelques rumeurs à propos du laboratoire et craignait qu’elles se dévoilent vraies.

Il se tourna pour faire face au Sud.

- Ce soir nous irons par là-bas. Il montra le phare qui surplombait la côte. Le port foisonne toujours de monde, les marins auront pour la plupart quitté le pavé pour rejoindre les tavernes en début de nuit. Voir les bateaux tanguer au rythme du remou avait quelque chose d’apaisant, il souhaitait faire découvrir ce moment à Halie. Ensuite nous ne tarderons pas trop, mieux vaut ne pas s'attarder trop tard quand le soleil n’est plus là.

Il savait qu’ils auraient le temps de retrouver la sécurité du petit appartement, il fallait attendre les heures les plus sombres et se rendre aux mauvais endroits pour se mettre en danger, chose qu’il ne ferait pas en présence de l’hespéride. Du moins, c’est ce qu’il pensait alors.

Ils patientèrent là un peu moins d’une heure, profitant de la vue sur les toits avant de s’engager dans les ruelles. Lewën n’était pas le meilleur des guides, il tentait d’expliquer l’histoire de quelques bâtissent importantes lorsqu’il le pouvait mais marchait pour la plupart du temps silencieusement, laissant le regard de la jeune femme cerf découvrir le monde urbain. Il répondait à ses questions si elle en posait, et bientôt ils arrivèrent au port, la nuit s’étant installée tranquillement. Les étoiles étaient invisibles tant la ville regorgeait de lumières qui masquaient les lueurs naturelles.
Contre toute attente, un navire amarrait, la confusion sur les lieux troubla la quiétude des promeneurs.

- Nous pouvons rentrer si vous le souhaitez. s’inquiéta le guide improvisé.

Mar 22 Aoû - 17:35
Les astras ? Encore ? Halie avait vraiment du mal à comprendre ce système.

- Oui... à Xandrie, on m'en a montré aussi... Mais je ne comprends toujours pas... Comment est-ce que vous pouvez savoir la valeur d'un aliment ou d'un service ? Franchement, le troc est beaucoup plus simple. Vous voulez de la nourriture, vous en offrez aussi. Vous voulez un service, vous en rendez un autre. Et tout est beaucoup plus simple.

Néanmoins, elle écouta avec attention sa présentation de la Guilde des aventuriers. Voilà qui l'intéressait bien plus. Rendre service à autrui, et être reconnu pour cela, c'était parfait ! Pour un peu, elle pourrait également demander à rejoindre cette guilde. D'ailleurs...

- Est-ce que c'est très peuplé ?

En cas de réponse positive, il n'y aurait plus de question à se poser, elle ne rejoindrait pas l'organisation. Dans le cas contraire... La question mériterait d'être posée.

Puis il lui confia vouloir étudier la Brume... Elle pencha la tête sur le côté, intriguée. Pourquoi tant d'intérêt ? Après tout, elle avait été en contact avec la Brume... Et cette entité lui avait laissé un meilleur souvenir que les autres entités plus physiques rencontrées plus tard.

- Pourquoi ne pas simplement lui poser vos questions ?

Touchante naïveté ! Elle ignorait complètement que son expérience assez positive ne se reproduirait pas forcément avec un non initié... Même si elle n'avait jamais réellement subi la moindre initiation. Mais vous avez saisi l'idée.

Le soir ? Bien. Elle attendrait. Cependant... Que faire en attendant ? Comme s'il avait lu dans ses pensées, il l'entraîna à sa suite. Elle le suivit sans poser de questions. De toutes façons, quelque chose lui disait qu'elle aurait toutes ses réponses bien assez tôt. Il lui suffisait d'être patiente. Et ça, elle savait le faire.

Elle le suivit sur le toit, heureuse de retrouver les hauteurs. C'était ça, son domaine. Même si ces hauteurs-ci comportaient bien trop peu de bois à son humble avis...

Néanmoins, elle porta son regard sur les bâtiments qu'il lui indiquait... Sans parvenir à leur trouver le moindre réel intérêt. Peut-être parce que, faute de connaître d'organisation semblable, elle ne comprenait pas leur fonction ? Néanmoins, polie, elle ne lui fit pas part de ces impressions.

Elle resta donc silencieuse, appréciant simplement la solitude couplée à la compagnie de quelqu'un en qui elle avait confiance, bercée par sa voix dont elle finit par ne plus capter les mots sans que cela ne la dérange réellement, jusqu'au moment de se balader. Elle le suivit donc docilement, n'ayant, pour une fois, même pas envie de grimper sur les toits. Elle voulait voir le monde comme lui le voyait, même si cela ne devait durer que quelques heures.

Lorsqu'ils arrivèrent près de l'eau, elle eut le réflexe de lever la tête, cherchant les étoiles. Il ne semblait pas y avoir... Elle ne put dissimuler sa déception lorsqu'elle retrouva enfin sa voix.

- Excusez-moi, je ne veux pas être insultante, mais... Vous aimez vraiment cette.... Ville ?
Lun 28 Aoû - 14:42

Brume ou vapeur ?

Avec Halie Lunia



L’agitation nouvelle ne semblait pas encore atteindre l’hespéride qui, d’un air incertain, lui demanda s’il aimait réellement cette ville. Il ne s'était pas vraiment posé la question d’aimer ou non, il y était, c’est tout, et c’était pour lui la meilleure occasion de se rapprocher de la Brume.

- J’ai toujours vécu dans des structures comme cette ville, j’y suis donc habitué.

Il fut coupé par l’un des loups de mer qui venaient d’accoster, la traversée avait dû être longue car l’homme ne remplissait plus ses tissus, son corps perdu dans les étoffes flottantes.

- Bien l’b’soir braves gens. L’heure est un peu tard’ pour s’balader non ? Z’avez peut-être envie de vous amuser un peu ?

Dans sa main, un pochon empli d’une poudre brune. Lewën s’interposa naturellement entre l’homme et Halie, voyant l’intérêt qu’il porta soudainement à sa partenaire.

- C’sont d’beaux bois qu’vous avez là m’selle, c’est qu’ça doit ête lourd.

- Vous devriez rejoindre votre équipage, j’ai l’impression qu’ils ont besoin de vous. ordonna le médecin, inflexible.

En fond, le navire. Quelques gardes étaient présents pour veiller au bon déroulement du déchargement et vérifier, sans nul doute pensait alors le dépigmenté, à ce qu’aucune marchandise illégale n'entrait dans le port. Il était clair que le matelot portait sur lui de la drogue, la cale en était-elle remplie ou s’était-il seulement ravitaillé lors de l’une de ses escales ?
Lorsqu’il partait en expédition sur les flots, il n’était pas rare que quelques herbes se passent de main en main pour aider les militaires à tenir le coup, surtout face aux dangers que représentait la Brume. Quand il s’agissait de quelques feuilles, Lewën fermait alors les yeux. Tant qu’il ne reconnaissait pas de stupéfiants durs. Il proposait des remèdes plus sains pour pallier à la peur des recrues, la drogue était interdite, les dénoncer était risque de renvoi. Certains n’auraient pas été contre, préférant le déshonneur aux terreurs de la Malice.

Le marin qui les avait accosté préféra se retirer non sans un sourire goguenard à l’adresse du “couple”. Pas l'échauffourée du côté des quais, la cargaison devait être en ordre. Ou la drogue bien cachée? Toujours est-il qu’il ne valait mieux pas traîner dans les parages, bien que la ville Lumière n’ait pas la réputation des bas-quartiers de son pays, Lewën préférait éviter les ennuis. Il n'était définitivement qu’un piètre guide, risquant une confrontation à son invitée surprise.

- Venez Halie, rentrons.

Alors qu’il faisait demi-tour, l’hespéride ne lui emboîta guère le pas, quelque chose semblait la tracasser.

Ven 1 Sep - 18:25
L'homme qu'ils rencontrèrent ne lui inspirait clairement pas confiance. Elle n'avait que rarement rencontré des émotions si... étranges. Elles semblaient décousues, mais quoi qu'il en soit, il était clair qu'il leur faudrait trouver un moyen de s'éclipser au plus vite. Lëwen sembla le comprendre, puisqu'il s'interposa. Reconnaissante, elle n'hésita pas à s'abriter derrière l'écran qu'il lui offrait face à... Au... Malfrat ? Marin ? Elle n'en savait rien et n'était pas vraiment certaine de vouloir le savoir.

Et quelle était cette poudre ? Elle avait une odeur qui n'inspirait pas confiance à Halie. Elle lui rappelait une plante... Une plante qui ne devait pas pousser dans sa forêt, autrement, elle aurait immédiatement su de laquelle il s'agissait. Mais elle l'avait déjà croisée. Peut-être lors de ses voyages ? Elle n'en savait rien, et ne le saurait probablement jamais. Cependant, ce qu'elle savait, ce fut ce qu'elle ressenti, une fois le malfrat-marin aux étranges émotions parti. Elle senti autre chose. Comme une douleur diffuse...

Alors que Lewën semblait vouloir partir, elle lui prit doucement la manche.

- Attendez... Est-ce qu'on peut aller voir par là-bas ? Ces... Trucs sur l'eau ? Il y a quelque chose...

Halie ne savait pas ce qu'était un bateau, elle n'en avait jamais vu. Elle n'avait même jamais vraiment vu de cours d'eau plus important que le ruisseau du Havre. Bien sûr, elle connaissait les lacs, mais la mer, les canaux, tout cela lui était inconnu. Elle ne savait pas qu'on pouvait trouver autant d'eau au même endroit. Mais en cet instant précis, le moment n'était pas à ce genre de considérations. En effet, elle voulait absolument découvrir la source de ses sensations... Et apaiser l'animal qui souffrait, dans la limite de ses capacités. Car elle se doutait qu'il s'agissait d'un animal. Un humain aurait attiré ses congénères, du moins, elle le pensait. Un animal... Les humains lui semblaient plus qu'insensibles à la cause animale. Une raison de plus qui la poussait à ne pas vivre parmi eux.
Mar 26 Sep - 11:25

Brume ou vapeur ?

Avec Halie Lunia



Halie le poussa vers le navire qui commençait à être déchargé. Lewën l’arrêta, mieux valait ne pas se faire plus remarquer. Le visage de l’hespéride se contracta d’une douleur émotionnelle que le médecin ne pouvait comprendre. Elle insista, il dû faire montre de diplomatie pour ne pas la brusquer.

- Halie ce n’est pas prudent, les marins sont parfois revêches et la garde est partie, faisons de même.

Elle lui expliqua alors qu’elle sentait de la souffrance pour des êtres, de nombreuses âmes. C’était une raison bien suffisante pour ne pas aller à la confrontation ce qui sembla échapper à la demoiselle. Des caisses semblaient être déchargées depuis quelques minutes sur le quais. Sachant qu’elle ne lâcherait pas l’affaire, Lewën trouva un compromis.

- Montez sur les toits et faite vous discrète pour les suivre, vous me guiderez, je passerai par les ruelles.

Il savait pertinemment ne pas avoir le talent d’escaladeur de l’être aux bois, il pourrait plus facilement se mettre à couvert derrière des étales, rebord de porte et autres cachettes improvisées. Halie progressait vite perchée sur les bâtiments, il eut du mal à la suivre et crut même perdre sa trace près d’un entrepôt où un groupe s’affairait. Des conteneurs en bois étaient amassés, une odeur âpre s’y dégagée. Les caisses étaient entassées dans une bâtisse servant de hangar, Lewën pouvait entendre s’échapper des petits couinements. Halie avait ressenti la misère des êtres coincés dans les boîtes. Comment se sentait l’hespéride à l’approche de toute cette détresse ?
Le médecin se mit plus à couvert encore lorsque des hommes approchèrent, sécurisant les lieux. Ils saluèrent les passant d’un regard inquiétant les invitant à s’éloigner des lieux. Exercice auquel les personnes sensées s’éxécutèrent aussitôt. Lewën ne savait pas comment ces types avaient réussi à tromper la garde mais il fallait à tout prix les avertir de ce qu’il se tramait. Il aperçut la silhouette d’Halie qui traversa un toit, il était dans l’incapacité d’attirer son attention sans risquer de se faire remarquer. Ils devaient partir ! La situation devenait trop dangereuse pour eux seuls, s’ils se faisaient prendre Lewën ne donnait pas cher de leurs peaux.

A son grand désarroi il vit l’hespéride disparaître derrière un mur, sûrement y avait-il derrière l’arrière cour du bâtiment dont la porte, grande ouverte, était gardée par un homme. Celui-là ne semblait pas être un loup de mer … Que faire ? Que faire ! L’homme réfléchit, inquiet à la manière de récupérer Halie sans faire de grabuge. La mission lui semblait plus impossible que périlleuse et pourtant, il l’entreprit. Récupérant son cristal d’hypervélocité dans une main, il chercha au sol de quoi attirer l’attention des forbans, recherche infructueuse devant la propreté de la rue. En solution de repli, il utilisa un astra pour tenter de détourner l’attention de l’homme. Il le jeta aussi fort qu’il pu, le bruit de la pièce retentit à peine contre les pavés, couvert par le bruit des marins déchargeant leur butin. Échec.

Une autre idée germa dans l’esprit du médecin qui décida de risquer le tout pour le tout. Il quitta sa cachette pour s’éloigner des lieux, contournant les ruelles jusqu’au camion de myste permettant le déchargement du navire jusqu'au quartier. Le reste était récupéré par les marins qui portaient par deux les caisses. Rabattant sa cape sur la tête, il se mélangea aux hommes affairés et se glissa derrière une caisse qu’un gros costaud commença à soulever.

- Tu tiens ? beugla l’autre.

Lewën grogna une affirmation en soulevant l’arrière de la caisse et se mit à marcher ne voyant pas le trajet. Il n’était pas taillé pour l’exercice et cela lui coûta de porter la charge lourde. Son binôme dû sentir sa faiblesse et s’en plaint.

- T’as une force de mouette ou quoi ? La terre ferme te ramollit les biscotos gars ou bien ?

Mal assuré, Lewën raffermit sa prise et grogna en guise de réponse. L’autre râla avant de poursuivre.

- C’est bien ma veine d’être avec le rejeton …

Arrivés devant l’entrepôt, l’imposteur baissa la tête et pénétra sans difficulté. Ils posèrent la caisse et le médecin en profita pour se faufiler au milieu de celles déjà entreposées. Deux hommes se chargeaient d’ouvrir les caissons de bois et de faire le tri, d’un côté ils en sortaient des cages renfermant des musaboises, et ils entreposaient de l’autre le reste. Il lui sembla voir l’éclat d’un métal mais ne s’y attarda guère, fixant son but : la porte de derrière. Il en vit un des deux hommes y amener la cage dont une musaboise inerte gisée pour la délester à l’extérieur avant de revenir continuer le tri. Activant une nouvelle fois son cristal, Lewën se précipita en un coup de vent dans l'arrière-cour pour y découvrir quelques cages où la mort semblait planer. Pas de toit ici, Halie ne devait pas être bien loin en espérant qu’elle ne se soit pas faite prendre. La boule au ventre il ne l’aperçut guère et s’aventura à l’appeler par chuchotement. Il finit par apercevoir un bout de bois derrière un conteneur et s’y approcha à pas de loup. Une respiration saccadée en émanait, il y risque un coup d'œil et vit Halie roulée en boule acculée par la détresse des musaboises. Un imperceptible soulagement l’envahit bien vite rattrapé par la réalité : ils étaient dans de beaux draps et devaient s’échapper ! Mais d’abord il fallait que l’hespéride reprenne ses esprits. Il s’en approcha pour lui parler doucement, ils étaient pour le moment seuls et devaient vite réagir pour avoir une chance de s’évader sans être vu.
Devant l’affliction de l’être des bois, Lewën ne prit pas de gant, il n’y avait plus de temps à perdre. La secouant, il l’obligea à le regarder dans les yeux.

- Halie ! Chuchota-t-il prestement. Pour sauver ces bêtes il faut prévenir la garde de la ville. Il faut qu’on parte au plus vite, sans qu’ils nous aperçoivent compris ?!

Elle le regardait sans vraiment le voir, il insista en s’approchant de son visage, appuyant chacun de ses mots :

- Il Faut Partir Maintenant !

La vague de colère qui le traversa dû être un coup de fouet pour l’hespéride qui se releva, l’animosité défigurant l’innocence habituelle de son visage. Il lui indiqua le muret par lequel elle s’était introduite. N’ayant pas la dextérité d'Halie, il prit une cage pour s’en servir de trépied afin de l’aider à grimper le mur. Il en vit le tressautement de la musaboise qu’elle contenait. Ouvrant la petite porte de fer, il attrapa l’animal dont la respiration était si faible qu’elle semblait déjà un pied dans les limbes. Il jeta un œil rapide sur les autres cages mais le temps était compté et les animaux sûrement trépassés. Il glissa la musaboise dans la grande poche de sa cape, petite et légère elle n’avait plus que la peau sur les eaux. Pas besoin d’être hypersensible pour être atteint par cette ignominie. Il posa la cage contre le muret et entreprit de l’escalader. Il s’assura de ne pas être vu et se glissa de l’autre côté. Halie en fit de même sans montrer une quelconque difficulté. Il prit sa main pour vite se mettre à couvert dans une rue adjacente avant de ralentir une fois la distance mise entre les lieux du méfait et eux. il s’accorda une pause pour sortir la musaboise et vérifier son état. Elle risquait de rendre l’arme à gauche à tout moment, ils devaient vite agir.

Halie resta silencieuse, plus blanche que jamais. Ils se pressèrent et très vite ils rejoignirent les appartements de Lewën. Sans plus réfléchir il apporta les premiers soins au petit animal avant de le laisser se reposer, toujours inconscient, une fois que son état lui semblait stabilisé. Il y avait passé plus d’une heure et ne s’était pas aperçu de l’état menaçant de l’hespéride jusqu’à ce qu’il ne s’adresse à elle. Halie était à deux doigts de partir dans les vapes lorsqu’il l’assit sur la chaise d'auscultation. Choc émotionnel avancé, son corps avait joué le rôle de pare choc sentimental et les fêlures se fendaient en hématomes affectifs. La psyché était un domaine bien plus abstrait que le corps dont seul le sommeil dans lequel s’enfonçait l’hespéride pouvait soigner.

Lewën resta au chevet d’Halie durant ses deux jours de coma et veilla sur la petite musaboise. Il finit par lui donner le nom de Curie en hommage à une éminente scientifique epistote du passé. Une des premières à avoir bravé les interdits de la religion pour faire connaître le nom de science.

Remise sur pied, Halie repartit se ressourcer dans sa forêt de l’Arbre Dieu non sans que Lewën lui ait fait la promesse de tout faire pour sauver les musaboises, ce monde étant trop inconnu et émotionnellement intense pour qu’elle puisse lui prêter main forte.


Suite du RP : ICI