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Un moment, loin du pouvoir

Un moment, loin du pouvoir  Brandw10
Sam 14 Jan - 10:29
Un moment, loin du pouvoir

Xandrie dit " la juste" , mais qu'avait-elle de juste à la regarder de plus près ? Rien.
Les inégalités sociales s'étalaient à la vue de tous et chacun semblait se complaire dans le dédain. Il suffisait de s'enfoncer un peu plus dans la cité, de quitter les beaux quartiers pour s'en apercevoir. Plus on avançait et plus les bâtiments étaient délabrés.Alors certes Xandrie était accueillante, car toutes les races y étaient représentées, mais les monstres comme beaucoup les appelaient et étaient relégués aux portes de la ville. Quant aux différents quartiers, la plupart étaient représentatifs de leur occupant, formant des clans par races.
Ekiel Reyes avait vu sa patrie d'accueil changée au fil des décennies et pas qu'en bien. Lui qui venait des bas fonds, qui avait connu la misère, savait ce que pouvait ressentir ceux qui y vivaient. Il avait eu la chance de s'en sortir, pour finalement arriver là, où il en était aujourd'hui. Mais, il n'oubliait pas pour autant d'où il venait. Ces personnes n'étaient pas toutes mauvaises et la seule solution pour améliorer les choses était de renverser la monarchie et le Roi qui n'avait que faire de son peuple. Ça, le Strigoi l'avait compris depuis des années.

Ekiel Reyes avait gravi un à un les échelons du pouvoir. Il ne regrettait qu'une chose, que son père adoptif n'eut pas l'occasion de voir cela. A n'en pas douter, l'homme aurait été fier de son fils. Peut-être même aurait-il ressenti une certaine gloire.
Cela presque deux ans que le Strigoi officiait comme Chef d’État et personne au sein du conseil ne s'y était opposé. Quant au Roi, il profitait de son temps, laissant les ministres diriger le pays. Une aubaine pour Ekiel qui œuvrait dans l'ombre pour la révolution. Il avait la place rêvée pour gangrener la monarchie de l'intérieur et personne ne se doutait de quoi que ce soit.


En cette fin d'après midi, une énième réunion des ministres venait de se clôturer avec son lot discussions sur les affaires en cours. Le prix du myste était une des principales préoccupations du moment d'Ekiel. Opale les saignait à blanc, vidant les caisses de Xandrie et il était temps d'agir. Seulement voilà, ces confrères étaient moins enclins à le suivre de peur de s'opposer aux sept familles. Bref, rien de constructif n'avait abouti, hormis quelques dossiers de moindre importances.
Il avait regagné son appartement en fin d'après midi, jetant sa sacoche de cuir sur un fauteuil près de l'entrée, bien décidé à s'aérer la tête et se changer les idées. Il changeait de tenue afin d'en revêtir une moins protocolaire, mais tout aussi raffinée, taillée sur mesure. Il mettait un point d'orgue à être toujours impeccable quelles que soient les circonstances. L'éducation qu'il avait reçu y était pour quelque chose.
Une fois prêt, il quittait son logement et gagnait la rue. Dans son quartier, Ekiel Reyes était une figure reconnue et il dut se plier à maint salut et divers échanges de politesse avant de pouvoir avoir la paix. Il profitait de ce petit moment de liberté, s'arrêtant parfois devant les devantures de magasins. Rien ne trouvait grâce à ses yeux, ce jour-là. Il poursuivait donc son cheminement au gré des rues, s'enfonçant plus profondément dans la ville, dans des quartiers moins cossus, mais fréquentables.

C'est là, qu'au détour d'une ruelle, il aperçut un visage qui ne lui était pas inconnu. Il connaissait cette femme de nom, mais n'avait jamais eu l'occasion de lui être présenté. Elle était la cheffe d'une guilde et pas n'importe laquelle, celle des Monétaristes. On lui avait rapporté que la Dame avait un fort caractère et qu'elle était avide de pouvoir. Ekiel Reyes n'était pas le genre d'homme à se faire une opinion sur des commérages. Il avançait jusqu'à elle de son pas léger pour la saluer et l'apostrophait.

" Damoiselle Eriel ?! "

Une légère pause, une fois son attention captée, avant de poursuivre de son timbre de voix grave et chaleureux.

"Ekiel Reyes Zadicus. Mes hommages. "

Il s'inclinait légèrement avant de la fixer de son regard clair. La femme était belle et devait être dans la trentaine à vue de nez. Des cheveux sombres, des yeux verts, un corps élancé, tout chez elle reflétait un certain standing, signe évident qu'elle appartenait à la haute société.

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Dernière édition par Ekiel Reyes Zadicus le Sam 21 Jan - 9:39, édité 1 fois
Ven 20 Jan - 18:33
Depuis l’apparition de son pouvoir, elle ne sort plus tellement. La profusion d’agitation et de personnes qui caractérise Xandrie est taxante : assaille sa psyché et son énergie. Pourtant se tenir recluse dans sa Guilde n’est pas viable : il faut savoir se montrer et même créer des apparitions remarquées, sans quoi on ne la percevra que comme un dragon assis sur son trésor avant de l’oublier complètement. C’est pourquoi deux rendez-vous avaient été prévus dans la cité ce jour-là : l’un chez un négociant avec qui la Guilde avait un accord sur la vente d’épices, l’autre chez un petit commerçant ayant demandé un emprunt. Y aller en personne n’est pas nécessaire mais lui apporte de la visibilité, lui donne l’occasion de se donner en (sobre) spectacle – Senna associe souvent ses apparitions à quelques dons généreux de la Guilde aux habitants, afin de leur rappeler que cette dernière n’a pas uniquement le regard tourné au loin.

Ces obligations terminées, elle se surprend à se prendre au jeu des ruelles tentaculaires de la cité. Ces jours-ci son pouvoir est bien en laisse, et l’ébullition permanente de Xandrie la gagne sans l’étouffer, l’emplit d’une énergie agréable. La cité n’a pas son pareil pour assaillir les sens : architectures et couleurs bigarrées, effluves entêtants de nourriture, exclamations témoignant d’une grande activité tout autour. Elle se laisse flâner sans but – occasion rarissime –, laisse son esprit se vider de la mécanique habituelle tournant à pleine vitesse pour la Guilde. Jusqu’à ce qu’on l’interpelle.
L’homme se mouvant avec grâce jusqu’à elle n’est pas difficile à reconnaître. Il est d’une beauté sculpturale et vêtu élégamment ; elle connaît ses traits par les rumeurs. L’ascension politique d’Ekiel Reyes avait mis la haute société de Xandrie en émoi : les aristocrates se pâment sur sa beauté comme sur sa fascinante droiture morale, d’une immense rareté au sein du gouvernement. Il doit s’agir du ministre le moins favorable à Opale, et conséquemment au plus grand sens éthique. Senna lui adresse un sourire poli et incline la tête, comme pour saluer un égal.

–– Monsieur le ministre, quelle coïncidence. C’est un plaisir de vous rencontrer en chair et en os.

Elle s’interrompt, interpellée par une présence non loin d’eux. Elle ne l’aurait pas spécialement remarquée si la signature émotionnelle en question n’était pas si singulière, si étrange.

–– Cependant, je crois que nous sommes observés.
Ven 20 Jan - 20:22
Une fois n'étant pas coutume, une fois les soins à son petit coin de paradis terminés, Halie se perdit dans les branches, observant les humains qui passaient occasionnellement sous les cimes. Jusqu'à ce que quelque chose l'interpelle. Ce groupe... Premièrement, c'était un groupe, ce qui était assez rare pour être souligné. Et... ils semblaient transporter quelque chose. Intriguée, attirée par les couleurs et les odeurs qui s'échappaient de la cargaison, laissée un peu plus loin pendant que les humains prenaient visiblement une pause, elle vint explorer tout cela de plus près, prenant soin de ne pas être vue.

Après un moment d'exploration... Et d'espionnage, elle comprit qu'il s'agissait d'une caravane de marchands en route pour vendre des biens d'Opale à Xandrie. Alors, elle fit un crochet par chez elle, bien décidée à rémunérer les marchands pour ce qu'elle s'apprêtait à faire, puis se glissa dans la caravane. En effet, depuis son aventure avec Alae, elle avait envie de voyager. Alors, pourquoi ne pas commencer, accompagnée de la présence rassurante de ceux qui lui avaient tant appris au cours du dernier siècle ? Bien sûr, elle était consciente qu'il ne s'agissait pas exactement des mêmes personnes, mais peu lui importait. C'étaient des humains, et c'étaient des voyageurs. C'était suffisant.

Au cours du voyage, elle fit de son mieux pour ne pas se faire remarquer... Ce qui lui fut finalement assez facile. En effet, qu'elle fasse attention ou non, son pouvoir lui indiquait lorsque l'un des marchands s'approchait. Elle n'avait alors qu'à se faufiler dans la cachette la plus proche. De plus, pour se nourrir, elle ne piochait ni dans les réserves, ni dans le stock des marchands. Elle se débrouillait par elle-même, allant cueillir des fruits ou des plantes dans les environs à chaque pause, avant de revenir pour le départ. Une parfaite petite passagère clandestine, plus discrète que jamais.

Ainsi, le voyage se passa calmement, sans incident majeur à déplorer. Lorsqu'enfin Xandrie fut en vue, Halie n'eut d'autre choix que de rester prostrée au fond de la caravane, terrassée par le soudain assaut d'émotions qui l'assaillait. Alors, elle prit une décision. Dès que le convoi se fut arrêté, certainement pour installer son étal, elle déposa le pot de miel qu'elle avait emmené dans le but de le troquer contre le service de transport et prit la fuite. Elle était convaincue que son cadeau suffirait : après tout, pour elle, le miel valait cher : il était dangereux de le récolter, et il pouvait aussi bien servir de remède que de gourmandise ou de conservateur. Alors, elle se disait que, quel que soit la manière dont ses transporteurs comptaient s'en servir, il leur serait utile : ils pouvaient l'utiliser eux-mêmes. Et s'ils le vendaient, ils en tireraient un bon prix...

- Clandestine !

Oh non. Elle avait été reprérée. Pour la première fois depuis le départ. En temps normal, elle se serait expliquée, mais là... Elle recherchait juste un endroit plus calme. Alors, sans demander son reste, elle grimpa sur un toit dès qu'elle le put. Et son pied glissa, manquant de la faire chuter. Décidemment, ces toits n'avaient rien à voir avec ses branches... Plus durs, moins naturels, il blessaient ses pieds nus. Mais elle n'avait pas le temps de s'inquiéter pour cela. Jetant un coup d'oeil dans la place d'où elle était sortie, elle remarqua certains marchands. Ils la cherchaient donc encore ? Alors, doucement, elle se laissa glisser du côté opposé du bâtiment avant que ses poursuivants n'aient l'idée de lever les yeux.

Après avoir pris un moment pour reprendre son souffle dans un coin d'ombre, elle perçut des voix. Oh. Alors, elle n'était pas seule. Les marchands l'avaient-ils déjà remarquée ?

Lorsqu'elle remarqua les personnes qui l'observaient, elle eut envie de disparaître sous terre. Non, ce n'étaient pas les marchands... C'était pire. Des citadins, des vrais. Rien qu'en observant leurs vêtements, elle pouvait constater à quel point ils venaient de mondes opposés. Mais, alors, pourquoi ne fuyait-elle pas une fois de plus ? Simplement car la femme lui avait parlé. Indirectement, certes, mais la politesse lui interdisait de ne pas répondre et de partir comme une voleuse... Dont elle était loin.

Néanmoins, alors qu'elle cherchait quelque chose à dire, rien ne sortit. Alors, elle recula, disparaissant un peu plus dans son coin d'ombre, comme si cela allait faire en sorte que ces personnes l'oublient.
Dim 22 Jan - 11:17
Un moment, loin du pouvoir

Senna le saluait en retour avec un "Monsieur le Ministre" qui lui rappelait combien sa charge le poursuivait, alors qu'il tentait de s'en éloigner pour quelques heures.

"C'est effectivement une aubaine de vous avoir aperçu dans cette foule si dense. La cité est si étendue que nous avions peu de chance de nous croiser. J'espère cependant que ma façon de vous aborder en plein rue, ne vous a pas paru trop cavalière. Si tel est le cas, je m'en excuse. Il y a longtemps que nous aurions dû être présentés, mais cela ne s'est jamais fait, aussi ai-je un peu forcé le destin. "

Il lui adresse un sourire dévoilant une dentition parfaite.

"Vous plairait-il que nous fassions quelques pas de concert, comme deux citadins lambda?

Alors qu'il posait la question, la dame lui faisait remarquer qu'ils étaient épiés. Il suivait le retard de Senna en direction des toits et apercevait une créature tapie dans l'ombre. Ekiel remarquait alors les longues cornes de cerf et s'étonnait de la voir si loin de son environnement.

"Une Hespéride, ici à Xandrie, voilà qui n'est pas singulier. Je me demande ce qui a pu l'attirer ici. "

Un regard à Senna avant reporter son attention sur l'Hespéride quand un peu plus loin des cris retentissaient, se rapprochant d'eux.

" Par là! Elle est partie par là, j'en suis sûr!"

" Faut la trouver les gars! Regardez partout, elle doit pas être loin."

Ekiel Reyes se demandait pourquoi, cette fille était recherchée. D'ici à ce que le guet soit sollicité cela n'irait pas loin.

"Connaissez-vous cette créature, Dame Eriel? Elle semble en bien mauvaise posture."

Il fixait alors la créature cornues.

"Hé vous! Pourquoi avez-vous quitté la forêt ? Et pourquoi vous cachez- vous sur les toits ? "

Il lui fit signe de les rejoindre d'un geste souple.


Codage par Libella sur Graphiorum


Dernière édition par Ekiel Reyes Zadicus le Mar 24 Jan - 10:23, édité 3 fois
Lun 23 Jan - 17:18
–– Je vous en prie, ne vous excusez-pas – vous avez bien fait de m’interpeller. J’aurais bien accepté votre proposition mais j’ai peur qu’elle ne soit irréalisable : alors même que nous voulons passer pour des citoyens ordinaires, l’étrangeté nous rattrape.

Se détournant momentanément de son interlocuteur, elle jette un oeil à la créature des toits. Ekiel doit avoir une meilleure connaissance qu’elle des races d’Uhr : elle-même aurait cru à une zoanthrope. Ses cornes de cerf accrochent après tout le regard : elle est quelque part entre apparence humaine et créature des bois.
Senna ne dispose pas de connaissances poussées vis-à-vis des Hespérides, mais elle connaît leur rareté, leur longévité et leur symbiose avec leur environnement naturel. Elle les aurait volontiers imaginés comme des créatures vénérables au regard ancien et aux membres de chênes, aux savoirs immémoriels et d’une immortalité criante. Or la créature qui les épie timidement est profondément juvénile : de l’apparence aux émotions, tout en elle reflète une innocence naïve. Elle semble en pleine découverte de tout ce qui l’entoure.

–– Une Hespéride… Xandrie serait devenue plus cosmopolite encore que je ne la connaissais, à mon insu. Non, je ne l’ai jamais vue – vous l’avez identifiée avec plus de facilité que moi. Sa présence ici, ses ennuis… Tout cela est décidément bien étrange.

Faisant quelque pas vers le toit, elle agrémente les questions d’Ekiel des siennes.

–– Puisque déjà tu es là, pourquoi ne pas descendre nous expliquer ta situation ? Nous sommes certainement moins menaçants que ceux qui te recherchent ; peut-être même pourrions-nous te protéger, si tu nous en convaincs.
Lun 23 Jan - 17:52
L'homme l'avait interpellée... Mince...Comment était-elle censée réagir ? Et les voix et la colère venant des marchands la perturbaient.

- Mais pourtant, j'ai payé ! Et cher !

Peut-être l'évaluation de la valeur n'était-elle pas la même entre leurs deux peuples ? Mais Halie ne connaissait aucun autre commerce que le troc. Et son miel suffisait généralement à acheter ce qu'elle voulait... Si on mettait de côté le fait qu'elle n'avait acheté qu'une seule chose de toute sa vie, et uniquement par coquetterie. Ce qu'elle utilisait au quotidien, elle le frabriquait elle-même.

À présent qu'elle avait commencé à parler, autant répondre aux questions.

- Euh, alors... Je voulais voyager. Pour une fois... Et donc, j'ai rejoint leur groupe. D'accord, je ne leur ai pas demandé leur avis, mais je ne les ai pas dérangés et n'ai rien volé, je me nourrissais par moi-même avec ce que je trouvais sur le chemin. J'apprécie les humains, je ne leur veux pas de mal !

Sentant des larmes d'incompréhension... Et de douleur monter, elle s'interrompit, le temps de les réprimer. Puis elle reprit :

- Mais je leur ai offert mon bien le plus précieux en échange. J'estime que c'est une rémunération suffisante, non ?

Soudain, elle eut une idée. Cette ondine... Elle lui avait laissé un message... Observant un peu mieux les vêtements des deux inconnus, elle lança, comme une bouée à la mer :

- Vous... Vous save lire, non ? Alors... Vous pourrie peut-être me lire ça ?

Elle sortit alors le papier, froissé à force d'être resté sur elle pendant si longtemps, mais, elle l'espérait, encore lisible. Peut-être pourrait-elle enfin savoir ce que l'étrangère avec qui la communication avait été compliquée avait voulu lui dire avant de la quitter ?
La lettre :
Mar 24 Jan - 10:21
Un moment, loin du pouvoir

La chef de de guilde était conscilliante et acceptait les excuses du Ministre sans mal, affirmant qu'il avait eu raison de l'apostropher.  Elle venait à lui faire remarquer qu'il leur serait bien difficile de cheminer côte à  côte comme de simple citoyens et Ekiel esquissait un faible sourire à cette affirmation.

" Je crains hélas que vous n'ayez raison. Que voulez, parfois il est bon de penser que l'on peut laisser nos obligations et notre rang derrière nous. Chose, qui vous en conviendrez est rare. "

Tout comme lui, la dame venait à remarquer la créature sur le toit et s'étonnait de savoir la ville si cosmopolite. Senna confiait ne l'avoir jamais rencontré et trouvait sa présence  fort étrange. En cela Ekiel Reyes la rejoignait dans son raisonnement.
A son tour, elle interrogeait l'Hesperide lui demandant la raison de sa présence dans la cité, affirmant qu'ils étaient sûrement moins effrayants que ceux qui la poursuivaient. Elle n'avait pas tord en un sens.

Après un léger moment de panique, c'est ainsi que le Ministre le perçu, la créature finissait par leur adresser la parole, bredouillant quelques mots. Restait à savoir de quoi elle parlait. Très vite elle leur expliquait avoir voyagé clandestinement. Qu'elle ne les avait pas dérangé et surtout rien volé. Qu'elle s'était débrouillé seule afin de pouvoir à ses besoins. Afin de les convaincre, elle ajoutait ne vouloir  aucun mal aux humains.
En cela, le Strigoi la croyait.

Les Hespérides n'étaient pas une race belliqueuse. La plupart étaient pacifiques, ne souhaitant qu'une chose, vivre en harmonie avec la nature et tous les êtres vivants. Seulement voilà , leur doux rêve était une utopie irréalisable. La nature profonde de chaque personne étant totalement différente.

Tout en parlant l'Hesperide était au bord des larmes et semblait prendre sur elle. Elle devait être apeurée si loin de chez elle. Voici qu'elle poursuivait annonçant avoir payé et que cela était suffisant. Mais payé quoi? La question demeurait. Soudain voici qu'elle farfouillait dans sa poche et sortait un morceau de papier, leur demandant s'ils savaient lire.

  " Si nous savons lire?! Bien entendu. Approchez et je vous lirai ce que vous voulez. Et si ce n'est moi, la dame à mes côtés s'en chargera, si vous préférez. N'ayez pas peur, nous vous protégerons de vos poursuivants." 

Ekiel se voulait rassurant, mais parviendrait à convaincre la frêle créature?


Codage par Libella sur Graphiorum

Ven 10 Fév - 19:38
–– C’est sûrement même chose impossible, lâche t-elle pensivement au ministre. Lui, plus que beaucoup, doit comprendre le caractère envahissant des affaires de la cité, constamment prégnantes, et même obsédantes. L’esprit, avide de solutions, tournant à plein régime pour résoudre les mêmes problèmes.

S’ils avaient été seuls, elle aurait mené leur entretien dans cette direction familière, mais la présence de cette étrange créature apporte une atmosphère insolite. L’hespéride, privée des lois prévisibles et de la stabilité inhérente à son environnement, semble aussi perdue et inoffensive qu’une enfant à l’abandon. Aussi naïvement émotive et ignorante des règles qui l’entourent.

–– Précieux pour toi, mais sa valeur est relative. Le troc est devenu une pratique archaïque, en tous cas dans les villes. Ici, on paie nos achats en monnaie – les astras.

Rencontrer par hasard un membre du gouvernement, puis devoir expliquer les bases les plus élémentaires de l’économie d’Uhr à un être immémorial et au bord des larmes. Sa journée n’avait décidément pas pris la tournure envisagée. Elle espère simplement que ses paroles la calmeront un peu – sa panique palpable et son émoi deviennent doucement contagieux, occupent la périphérie de son esprit. C’est distrayant. Peut-être qu’une lecture apportera une distraction bienvenue.

–– Approche et donne ton papier à celui que tu souhaites. Nous te le lirons.
Ven 10 Fév - 20:14
Le troc, archaïque ? Non, elle ne pouvait pas y croire. C'était tout ce qu'elle connaissait ! Le fossé entre elle et les humains était-il donc si profond ? Et quelle était donc cette "monnaie" dont la dame lui parlait ? Etait-ce cela que s'échangeaient les marchands qu'elle observait souvent avec curiosité, du haut de ses arbres qui la dissimulaient ? Cela expliquerait en effet de nombreuses choses... Mais ce n'était pas le moment de se perdre dans de telles considérations. Elle en aurait bien le temps une fois de retour à sa solitude... Si toutefois elle trouvait un moyen de rentrer. Mais il s'agissait là aussi d'un sujet dont elle s'inquiéterait plus tard.

La curiosité revenant à la charge, elle s'approcha de la femme :

- Des... Astras ? Est-ce que je pourrais savoir à quoi ils ressemblent ?

Néanmoins, elle ne s'atendait pas à grand-chose : après tout, si cette "monnaie" était ce que ces gens troquaient contre ce dont ils avaient besoin... Elle ne pourrait que comprendre cette femme si elle refusait, en pensant peut-être qu'Halie voudrait la voler. Evidemment, cela n'était aucunement son intention, mais comment pouvait-on le savoir, sans la connaître ?

C'est à ce moment que la voix de l'homme retentit. Ah. C'était vrai qu'il était là... Poussée par la curiosité, l'espace d'un moment, elle avait oublié l'existence de l'homme, à qui elle tournait à présent le dos. Alors, elle lui fit face, juste le temps de lui adresser ces quelques mots :

- Ne me protégez pas. S'ils me trouvent et veulent me punir, je sais maintenant qu'ils ont raison. Je ne les en empêcherai pas. Et vous, ne venez pas vous impliquer dans des histoires qui ne vous concernent pas. Cela dit, je vous remercie pour vos bonnes intentions.

Il lui était facile de percevoir la sincérité de celui qui lui semblait humain. Néanmoins, peut-être parce qu'elle était une femme, ou peut-être parce que son interlocutrice précédente s'était montrée moins distante, c'est à elle qu'Halie tendit sa lettre, accompagnée d'un commentaire pour en expliquer le contexte :

- ça m'a été laissé par... Quelqu'un avec qui je pense qu'on a entretenu un immense malentendu. Et... J'avoue ne pas avoir été tendre avec elle, je m'attends à la fois à un mot d'excuse et à un flot d'insultes. Je m'excuse d'ailleurs si c'est ça... Je ferai ce que vous voudrez pour me faire pardonner si vous lisez quoi que ce soit de... D'inapproprié, disons.

En réalité, elle ne savait pas trop à quoi s'attendre. Donc, elle se préparait à tout.
Dés :
Sam 11 Fév - 10:23
Un moment, loin du pouvoir

Il est vrai qu'échapper à son destin et à sa charge de travail, à sa position était une chose quasi impossible, mais ici en flânant dans les rues et ruelles de Xandrie cela devenait presque possible pour peu qu'on ne tombe sur personne de la haute société qui nous connaissance. Et présentement c'était Ekiel Reyes qui était tombée sur Senna Eriel au détour d'une rue, puis sur cette créature qui semblait méfiante et curieuse d'en apprendre plus sur ce qu'elle ne connaissait pas ou peu, le monde des hommes et leurs coutumes. Comme cette interrogation sur les astras et le fait de savoir à quoi cela pouvait ressembler. Elle semblait plus intéressée par la monnaie que par le fait d'apprendre que le troc était une devenu obsolète depuis des années pour ne pas dire des siècles. Puis voici qu'elle semblait se rappeler la présence du Ministre et lui adressait la parole d'une façon qui fit tiquer le Strigoi en son fort intérieur bien qu'il restait égal à lui même.
Elle avait une façon bien à elle de voir les choses et trouvait presque normal de devoir se faire corriger si ceux qui la poursuivaient venaient à la retrouver.

"Il y a d'autres façons d'agir que de corriger une personne qui ne sait pas quels sont les us et coutumes qui se pratiquent ici. Vous ne voulez pas être protégée, fort bien, je respecte votre choix, mais sachez que j'en ai le pouvoir. "

Elle le remerciait et Ekiel laissait l'Héspéride échanger avec Senna. La fille des bois venait à tendre la lettre à Sena lui expliquant brièvement ce qu'il en était, semblant plus en confiance avec une autre femme. Il s'adressait alors principalement à Senna.

"Dame Eriel, je vous laisse entre femme, après tout, le contenu de cette lettre ne me regarde en rien. Quand vous en aurez terminé, rejoignez-moi devant la devanture du tailleur, un peu plus loin. Nous pourrons alors converser de choses sans doute plus à même de vous intéresser, si vous le désirez bien entendu, Dame Eriel. Damoiselle des bois, ce fut un plaisir de vous rencontrer. Bonne chance pour la suite de votre visite de Xandrie."

Un salut courtois et le Strigoi s'éloigne afin de laisser les deux femmes s'entretenir.

Codage par Libella sur Graphiorum
Dim 12 Fév - 19:58
–– À votre aise, monsieur le Ministre. Dans ce cas, à tout à l’heure.

De toute évidence, Ekiel Reyes s’était senti de trop face à la tournure particulière, assez personnelle, que prenait la conversation. Une erreur à rectifier ensuite – il serait dommage de laisser partir un acteur politique de taille sur une note amère.
Pour le moment, Senna se tourne vers la jeune hespéride, goûtant l’étrangeté relative d’une discussion dépourvue d’orientation utilitaire. Cette simplicité a son avantage. Tout dans la créature qui lui fait face – de sa disposition au flux émotionnel qu’elle émet, en passant par son apparence singulière – lui confirme ses bonnes intentions. Et si satisfaire sa curiosité dans des propos aussi détournés des affaires courantes n’a pour elle que peu de sens, il est agréable de ne pas avoir à se tenir sur ses gardes. De fait, elle sort sans crainte un astra de sa bourse et le soumet pour inspection.

–– Puisque je te montre mon argent, il me paraît logique de me présenter également. Mon nom est Senna Ériel. Et voici un astra : tu le reconnaîtras à son symbole, son métal et son poids. Ici, tout ce que tu peux acheter vaut son prix en astras.

Esquissant un sourire amusé, elle repense à la droiture morale évidente de l’hespéride – cela fait longtemps qu’elle n’a pas constaté cette espèce d’honnêteté poussée jusqu’au scrupule.

–– Ton attitude a sa place dans cette cité ; du moins dans l’image que cette dernière espère renvoyer. Mais je ne suis pas sûre que les choses doivent prendre une tournure si dramatique. Ton crime n’est certainement pas si grave, n’est-ce pas ?

Dépliant la lettre lui ayant été présentée, elle jette un oeil curieux sur ses quelques lignes. Rien d’impoli ou dont elle arrive à faire sens sans contexte : le contenu semble tout aussi farfelu que la présentation correspondante. Chaque interaction présente est imprégnée d’une étrangeté indicible ; l’hespéride semble appartenir à un tout autre monde.

–– Voici le contenu de ta lettre.

Sa lecture achevée, les pensées de Senna se dirigent vers le ministre attendant sa venue. Il serait de mauvais ton de le laisser attendre, et stupide de ne pas profiter d’une opportunité de converser avec un ministre. Elle devrait prendre congé, mais elle ressent de son interlocutrice des vagues de perplexité suffisamment fortes pour l’empêcher de l’abandonner dans la cité bouillonnante.

–– J’espère avoir répondu à tes interrogations. Pourquoi ne pas rejoindre l’homme qui nous accompagnait tout à l’heure ? Si tu as d’autres questions, tu pourras les poser sur le chemin.
Dim 12 Fév - 20:57
Il avait les moyens de la protéger ? Elle ne put retenir un petit sourire légèrement ironique.

- Je n'en doute pas. Vous n'auriez pas proposé un service que vous seriez incapable de rendre. Je ne vous connais pas, mais je ne pense pas que vous soyez ce genre de manipulateurs.

Elle passa sous silence la dissonnance qu'il lui avait semblé percevoir, l'espace d'un instant. Peut-être n'était-il simplement pas d'accord avec elle, ou ne la comprenait-il pas... Quoi qu'il en soit, tant que cela ne voulait pas dire qu'elle lui avait fait du mal d'une manière ou d'une autre, il pouvait bien penser ce qu'il voulait. Après tout, elle ne serait pas étonnée que leurs différences culturelles amènent une distance... Qui devint finalement rapidement bien trop réelle. Euh... Avait-elle fait une bêtise sans s'en rendre compte ?

Elle répondit d'un signe de tête à l'au revoir, ne pouvant se résoudre à en verbaliser un équivalent. En effet, elle était bien décidée à le retrouver pour s'excuser... Mais d'abord, elle devait accorder son attention à la femme. Il ne fallait surtout pas qu'elle fasse une bêtise avec elle aussi. D'ailleurs, elle se présentait. À Halie d'en faire autant :

- Je suis Halie, de... Je crois que vous l'appelez la forêt de l'Arbre-Dieu.

Puis elle se lança dans l'examen de la pièce, un examen aussi approfondi que possible sans la toucher. En effet, elle craignait que le moindre geste dans sa direction soit vu comme une tentative de vol ou quoi que ce soit d'aussi négatif.

- J'imagine que chaque produit vaut un nombre différent de ces pièces... Mais je ne comprends pas. Le troc me semble beaucoup plus simple. Pourquoi vous embêter à utiliser un intermédiaire entre deux objets ou services, alors que vous pouvez les échanger directement ? Ah, attendez... Peut-être parce que vous êtes trop nombreux pour savoir ce que chacun possède ou sait faire ?

Puis la voilà qui semblait plaider pour son intégration dans la ville... Halie secoua doucement la tête :

- Je vous remercie, mais, comme Monsieur... Vous aussi vous inquiétez trop. Je ne prévois pas de rester. Je voulais découvrir ce nouveau lieu, mais... Il y a trop de monde, ici. Dans la forêt, on peut se créer des bulles, sans aucun être aux alentours, pour reposer son esprit. Ici... ça me semble impossible.

Elle ne cherchait pas à dénigrer le lieu que cette femme semblait avoir choisi pour y vivre. Elle donnait son point de vue, ni plus ni moins. Pour ce qui en était du crime...

- Je... Ne sais pas. Qu'est-ce que vous penseriez, vous, de quelqu'un qui voyage avec vous sans vous demander la permission... Mais qui sait se faire assez discret pour que vous ne vous en rendiez compte qu'à l'arrivée ?

Elle pensait avoir parfaitement décrit sa situation. Finalement, peut-être pourrait-elle se reconvertir en conteuse d'histoires ?

Puis elle écouta la lecture de la lettre. Alors, elle n'avait pas eu de mauvaises intentions ? Mais d'un autre côté, à quoi cela lui servirait-il de le savoir ? Après tout, ce n'était pas comme si elles avaient de grandes chances de se revoir... Pensive, elle récupéra son papier.

- Merci beaucoup.

Alors qu'elle se demandait encore ce qu'elle devrait faire de ces informations, sa compagne du moment lui proposa de rejoindre l'homme... Une fois de plus, elle hésita.

- Euh... Il vous a invitée, oui, mais moi... Il m'a clairement dit au revoir. Je ne sais pas si je suis invitée... Même si j'aimerais m'excuser si j'ai fait quoi que ce soit de mal, c'est vrai...

Néanmoins, elle ne savait toujours pas ce qu'elle était censée faire. Lui en voudrait-il si elle suivait son invitée ? Elle fit d'ailleurs signe à cette dernière d'y aller. Ils semblaient se connaître, et bien s'entendre, elle ne voudrait pas être un obstacle dans leur conversation. Mais elle aimerait également savoir quelle erreur elle avait faite.

- Qu'est-ce que vous en pensez, vous ?

Sa question n'était pas claire. Lui demandait-elle quelle erreur elle avait faite ou si ses excuses seraient acceptées ? Peut-être un peu des deux, finalement.
Dim 12 Fév - 22:19
Un moment,loin du pouvoir


Ekiel s'était donc éloigné des deux femmes afin de les laisser converser tranquillement. Il cheminait en direction de l'échoppe du tailleur lorsqu'il était abordé par une patrouille du guet.

" Monsieur, il n'est pas prudent pour un homme de votre rang de se promener sans escorte. Voulez-vous que nous nous chargions de votre sécurité jusqu'au palais?"

Ekiel posait un regard sur la patrouille composée de trois personnes, deux hommes et une femme.

"Je vous remercie, mais cela ne sera pas nécessaire."

"Mais Monsieur,  il est de notre devoir de vous..."

Le Strigoi levait la main.

"Votre devoir est de sécuriser la cité et veiller à ce qu'il n'y ait pas de débordements. Qui plus est, je suis à même de me défendre. Je vous remercie cependant de vous soucier de ma personne. Poursuivez votre ronde, je vous prie."

"Fort bien, Monsieur."

La patrouille s'éloignait alors, reprenant son activité première. Ekiel Reyes poussait un léger soupire. L'anonymat.... voilà une chose qui lui manquait en certaines occasions. Il ne la connaissait plus depuis bien des décennies à présent. A peine la patrouille éloignée qu'il se voyait abordé une fois de plus, par un haut dignitaire de Xandrie. Décidément ce n'était pas son jour. Il échangeait des longues minutes avec cet individu avant que ce dernier ne le laisse à son tour.
Et voici que Dame Eriel venait le rejoindre comme il le lui avait demandé, mais.... car il y avait un mais...l'Hespéride l'accompagnait. Sans doute la monétariste l'avait-elle invité à se joindre à eux, mais dans quel but ? Par charité ? Par compassion? Peu importait. Une chose était sûr, ils ne pourraient aborder des sujets importants en sa présence.

"Que diriez vous d'aller prendre un verre et de converser dans un endroit plus calme?"

Égale à lui même, Ekiel Reyes se montrait aimable et courtois.

" Je vous laisse le choix du lieu, Dame Eriel."


Codage par Libella sur Graphiorum
Jeu 16 Fév - 17:22
–– De la forêt de l’Arbre-Dieu… Dans la région d’Opale, non ? Pourquoi s’aventurer si loin de ton habitat ?

Encore plus insolite d’associer Halie à la cité aux mille lumières : créature si paisible et repliée sur son environnement, quand Senna n’a eu affaire qu’à leurs magnats industriels et divers personnages avides du monde. Elle observe, amusée, le délicat manège de l’hespéride autour de la pièce.

–– C’est exact. Le troc te paraît plus simple car il suffit à tes besoins ; il convient à des communautés locales où l’on échange des biens et services du même type. Ici, il y a de grandes disparités économiques ; dans les produits et compétences possédés également. Et les échanges se font à plus large échelle : on importe des biens venus de contrées lointaines. La monnaie permet de poser une valeur objective sur les produits, et d’accumuler de la valeur pour soi ; et elle convient mieux aux autres opérations économiques modernes.
Et pas d’inquiétude, je vois bien que tu n’es pas à ta place ici. Tu as raison : on n’y est jamais vraiment tranquille.


Une réflexion à laquelle elle peut exceptionnellement s’identifier : à Xandrie elle tâche de cultiver des moments de calme imparfaits et trop fugaces pour son esprit, et elle ne constate que trop bien la grande difficulté avec laquelle la cité se prête à ce genre d’atmosphères. En réponse aux interrogations morales d’Halie, elle hausse nonchalamment une épaule.

–– Ce qui m’importerait serait de n’être ni dérangée ni volée ; le reste ne m’intéresserait pas. Mais les personnes auxquelles tu as eu affaire ont dû s’attendre à ce que tu paies pour profiter de la protection de leur groupe, et en astras.

L’hespéride n’est décidément pas dénuée de scrupules : Senna hésite entre amusement et impatience face à son hésitation. Elle n’est pas habituée à prendre de telles pincettes.

–– Je ne connais pas bien son caractère ; tu peux essayer de présenter des excuses si tu le souhaites. Dans tous les cas, il sera trop poli pour refuser ta présence.
Il s’agit d’un membre éminent du gouvernement de la cité : c’est le ministre des affaires étrangères. Et en tant qu’hespéride issue d’une autre région tu es, en quelque sorte, une affaire étrangère. Peut-être a-t-il considéré avoir une forme de responsabilité à ton égard.


Justement arrivées à la hauteur d’Ekiel Reyes, Senna prend les devants tout en laissant la place à Halie de formuler le discours souhaité.

–– Monsieur le Ministre, je vous présente Halie, de la forêt de l’Arbre-Dieu, en courte visite dans notre cité.

N’ayant pas l’habitude de profiter des nombreux divertissements offerts par la ville, elle jette un oeil rapide aux alentours ; son regard se pose sur la première taverne visible non loin.

–– Fort aimable. Allons ici.

Le ministre avait bien camouflé sa perplexité quant au retour de l’hespéride, mais elle ne doute pas qu’il eût du s’étonner de son choix. Elle-même aurait préféré une discussion plus sérieuse et ne se serait certainement pas permis une telle fantaisie sans l’intervention de son pouvoir. Profitant d’un moment d’inattention d’Halie, elle adresse à Ekiel Reyes quelques paroles discrètes.

–– Vous excuserez, j’espère, le manque d’intimité de notre conversation. Une discussion d’un autre ton aurait certes été préférable. Or comme vous le savez, nous sommes loin d’être anonymes ; et Halie, citoyenne étrangère parfaitement ignorante de nos us et coutumes, a été vue en notre compagnie. De fait, tout acte potentiellement irresponsable de sa part viendrait se refléter dans notre réputation.
Jeu 16 Fév - 18:44
Pourquoi aller si loin ? C'était une très bonne question, en réalité.

- Eh bien... Depuis que j'ai rencontré un grigori, je pense qu'il a étendu ma curiosité naturelle. Maintenant, j'ai envie de voyager... Et donc, j'ai rejoint discrètement ce groupe de marchands, sans vraiment savoir où ils allaient.

C'était une démarche plus qu'imprudente, elle ne s'en rendait compte qu'à ce moment. Qui sait quelle créature mal intentionnée elle aurait pu rencontrer sur le chemin ? Et, même si elle aurait pu détourner un adversaire, qui lui disait que les bandes avides des richesses transportées par les marchands n'attaquaient pas en groupe ? D'ailleurs, si elle était capable de se battre, elle aurait peut-être pu faire passer sa présence pour une envie de les protéger, ce qui aurait pu mieux passer, n'est-ce pas ? Quoi qu'il en soit, ce n'était pas le cas. Elle n'avait ni les compétences ni l'envie de se battre, même pour le compte d'autrui. Cette question n'avait donc aucune raison d'exister.

Puis elle reçut une explication du système monétaire, explication qui fit naître une grimace sur ses traits.

- Il n'y a rien à faire, votre système me semble toujours compliqué. Enfin, j'imagine que c'est dû au manque d'expérience, on ne peut rien y faire. Merci pour votre patience et vos explications, en tous cas.

Lorsque la femme lui parla de celui qu'elle semblait avoir offusqué, elle en resta songeuse et marcha un moment en silence à ses côtés, avant de trouver quoi répondre :

- Je ne suis pas d'accord. Les affaires étrangères, ce sont plutôt les relations entre les cités, la diplomatie, non ? Je n'ai aucune forme d'autorité ou de pouvoir à Opale, je n'y suis même jamais allée. Autrement dit, je ne pense pas être d'un quelconque intérêt... Je vais lui présenter mes excuses, puis je vous laisserai, je pense que ce sera le mieux. J'ai bien conscience de vous ennuyer, l'un comme l'autre.

Lorsqu'elle fut présentée, elle esquissa un geste de politesse mal assuré, car uniquement appris par observation, avant de décliner l'offre :

- Je ne pense pas qu'il soit justifié que je vous accompagne. Après tout, je ne connais rien aux astras, je n'en ai pas, et il est hors de question que vous payiez pour moi, car je ne pense pas être capable de vous rembourser. Alors, avant de vous laisser, je voulais juste m'excuser, Monsieur. Est-ce que c'est simplement le fait d'avoir été ignoré ? Ou autre chose ? Mais je vous sens vexé. Sachez que ce n'était pas mon intention. Si je peux faire quelque chose pour me faire pardonner, n'hésitez pas à me le dire.

Et ensuite, elle les laisserait tranquilles. En effet, plus le temps passait, plus elle se sentait comme une gêne pour eux, un poids qu'elle avait hâte de leur retirer. Mais pas avant de s'être rachetée.
Ven 17 Fév - 18:31
Un moment, loin du pouvoir


Les dames n'avaient pas tardé à rejoindre Ekiel qui entre temps avait écarté quelques importuns d'un simple regard. A présent qu'elles se tenaient près de lui, Senna s'empressait de lui présenter l'Hespéride annonçant par la même occasion la courte visite de cette dernière.
Une courte visite, ce n'était pas plus mal après tout, une ville telle que Xandrie n'était pas faite pour une créature comme elle. Trop différente de son élément. Et ne parlons pas des usages en cours ici bas. Il prenait le temps de la détailler de longues secondes, avant de s'adresser à elle.

"Eh bien Damoiselle Halie de la foret de l'Arbre-Dieu, soyez la bienvenue à Xandrie. J'espère que votre séjour se passera mieux qu'il a commencé. "

Ekiel Reyes trouvait vraiment étrange que Senna ait invité l'Hespéride à se joindre à eux, mais n'en fit pas cas. Cela avait quelque chose de pittoresque et de rafraîchissant après tout. Alors pourquoi pas. Très vite la monétariste proposait de s'installer dans un rade un peu plus loin. Voilà un choix peu commun. Cette taverne n'était pas la meilleure de la cité, mais pas la pire non plus d'après les quelques rumeurs qui courraient sur l'établissement.

" A la corneille borgne. Et bien allons-y. "

Voici que soudainement Halie était distraite par un flot de personnage tous plus bariolés les uns que les autres, des saltimbanques et que Senna lui glissait quelques mots à l'oreille. Ekiel Reyes l'écoutait attentivement et hochait la tête en signe d'assentiment.

" Il va de soit qu'il serait des plus malencontreux que nos réputations en pâtissent. Je comprends aisément votre choix de l'avoir convié à nous rejoindre et ne vous en tient pas rigueur, rassurez-vous. Nous parlerons de choses plus sérieuses un autre jour, à n'en pas douter." 

Il revenait poser son regard azur sur Halie qui s'émerveillait de tout et n'importe quoi, avant qu'elle ne vienne à s'excuser. S'excuser mais de quoi ? D'être rester avec Dame Eriel ? De toute évidence il y avait un mal entendu.

" Moi, vexé ?! Nullement. Je pense que vous avez mal interprété mon départ et le fait que je vous laisse entre femmes. Je pensais que vous préféreriez vous entretenir de cette lettre en privé avec Dame Eriel. "

Halie enchaînait sur le fait qu'elle n'avait pas d'astras et qu'il était hors de question qu'on vienne à payer pour elle. Elle ajoutait que si elle pouvait faire quelque chose pour se faire pardonner, il fallait le lui dire. Voilà qui n'était pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Un mince sourire apparaissait à la commissure des lèvres d'Ekiel Reyes.

"Vous faire pardonner, vraiment ?! Et bien en ce cas, accompagnez-nous à la taverne et aucun refus n'est envisageable. Vous êtes mes invitées."

Il effectuait un geste souple du bras, les invitant à prendre la direction de la taverne .Une fois devant cette dernière, galant, le Strigoi leur ouvrait la porte afin de les laisser entrer.

"Mesdames, je vous en prie. "

A l'intérieur c'est l'effervescence, les conversations allaient bon train, les serveuses slalomaient entre les tables, apportant victuailles et boissons. Soudain un silence de plomb, lorsque que Senna et Ekiel étaient reconnus, puis quelques murmures alors que le tenancier de l'établissement ne s'avançait vers le trio.

"Monsieur le Ministre, Dame Eriel, Damoiselle, soyez les bienvenus dans mon humble établissement. C'est un honneur de vous recevoir.. Un honneur. "

L'homme trapu hélait alors une serveuse.

"Derdre, la meilleure table pour ces Messieurs Dames et vite. "

La fille acquiesçait et s'empressait de déloger des clients qu'elle installait un peu plus loin avant de revenir promptement débarrasser et nettoyer la table en question.
Ekiel Reyes ne doutait pas un seul instant que sa venue ici, alimenterait les choux gras des gazettes de la cité. Et plus encore parce qu'il étaient en  charmantes compagnie. Les commérages allaient bon train et bientôt tous le gratin de Xandrie se demanderait ce que ces trois là tramaient ensembles.
Ekiel Reyes remerciait l'aubergiste et le laissait les guider jusqu'à leur table. Toujours aussi prévenant, il tirait les chaises de ces dames leur permettant de s'asseoir avant de prendre place lui même.

" Apportez-nous une bouteille de votre meilleur vin, à moins que ces dames ne désirent autre chose ?" 

Il les questionnait alors du regard, tour à tour.


Codage par Libella sur Graphiorum
Lun 20 Fév - 17:44
Le court échange entre Ekiel et Halie lui laisse le temps de méditer sur les paroles de cette dernière. L’hespéride ne lui semble pas dénuée d’une veine farouche, à l’image de sa nature sauvage qui fait tout autant partie d’elle qu’un de ses organes : récalcitrance à se plier à certains de leurs usages, à accepter une explication ou même une invitation. Étrangement, d’une politesse qui frise l’impolitesse. La curiosité aventurière l’ayant poussée jusqu’ici est mise à rude épreuve, tant la dissonance entre sa disposition et son environnement actuel est évidente. Senna ne serait pas étonnée qu’elle déguerpisse à la première opportunité, désireuse de se défaire de toutes ces complexités des contacts urbains.

C’est sans compter sur la sollicitude chaleureuse du ministre, qui se plie au caractère insolite et impromptu de ces circonstances imposées avec une grâce appréciable.

–– C’est avec plaisir que j’accepte votre invitation.

Elle jette un oeil circonspect à la taverne quelconque, choisie avec hâte. Ses sorties en ville, taxantes, sont suffisamment rares pour qu’elle ne soit pas particulièrement renseignée sur les meilleurs établissements offerts par Xandrie. Note à elle-même : demander à son secrétaire de lui présenter une liste d’endroits propices à des apparitions remarquées pour une personne de haut rang.

Quoique celle-ci a aussi du bon, au vu du manège amusant du tenancier. Une visite spontanée, une compagnie insolite : la surprise est accrue. De quoi alimenter les rumeurs et les journaux durant les prochains jours, voire même les prochaines semaines si elle parvient à capitaliser sur cette opportunité. Une excellente distraction pour ses partenaires en affaires comme ses opposants, occupés à se demander ce qu’elle manigance.
Préoccupée par l’évaluation des mérites de cette tactique, Senna est finalement tirée de ses pensées par la commande d’Ekiel.

–– Le vin me convient très bien, mais je ne suis pas sûre qu’Halie soit habituée à l’alcool. Une autre nouveauté à éprouver, peut-être ?
Lun 20 Fév - 18:48
Elle hocha la tête, incertaine. Il semblait pensait qu'elle resterait plusieurs jours... Mais plus le temps passait, plus elle se doutait que c'était impossible. Après tout, il fallait certainement des astras pour se loger également, non ? Et, de toutes façons, à quoi ressemblaient les logements des villes ? Il était très probable qu'elle ne s'y sente pas aussi à l'aise que dans les branches ou son arbre. Néanmoins, peu désireuse de lancer un nouveau débat, elle se contenta de hocher la tête, acceptant doucement la salutation de l'homme.

Homme qui ne tarda d'ailleurs pas à la piéger. Ah. La manière dont il présentait son invitation à présent l'empêcher de tenter une nouvelle fois de se défiler. Elle suivit donc ses compagnons... Derrière lesquels elle eut très envie de disparaître dès qu'ils eurent franchi le seuil du bâtiment. Il y avait tant de personnes réunies au même endroit... Si seulement elle était plus résistante mentalement... Lorsqu'elle était avec ses deux compagnons improvisés, elle pouvait se concentrer sur eux sans être trop distraites par les émotions parasites, l'espace en extérieur étant plus important, et permettant donc aux nuisances de se diluer. Ici... C'était comme si elle entrait dans un concentré mental. Et elle n'était pas certaine d'apprécier.

En temps normal, elle aurait protesté quant au fait que d'autres personnes aient été chassées pour leur permettre de s'installer. Mais là, elle voulait simplement pouvoir s'isoler. Lorsqu'elle eut rejoint sa place, elle prit un temps pour, les yeux fermés, tenter de s'adapter à la nouvelle configuration. Sans grand succès.

Lorsqu'elle rouvrit les yeux, elle promena un regard sur ses deux compagnons, celui qui semblait détenir les lieux, et réalisa que tous les trois la regardaient, comme s'ils attendaient qu'elle dise quelque chose. Euh... Oups ? Elle avait visiblement raté quelque chose d'important... N'osant pas poser de questions, elle tenta, comme on lance une bouteille à la mer (chose qu'elle n'avait d'ailleurs jamais faite) :

- Euh... Oui ?

Etait-ce seulement l'une des réponses possibles après la potentielle question qui lui avait été posée ? La pauvre n'en savait rien.
Ven 24 Fév - 17:37
Un moment, loin du pouvoir

L'ambiance à l'intérieur de la taverne semblait bonne enfant et l'humeur joyeuse des clients communicative, mais pas de quoi dérider notre Strigoi qui affichait toujours un air sérieux, voir trop. D'ailleurs savait-il s'amuser et profitez de la vie ? Certains diraient que non, alors que ceux qui le connaissaient bien, ne vous divulgueraient rien à ce propos.  Un mystère planait autour de cet individu, connu de tous à Xandrie.
Sena était la première à accepter l'invitation à prendre un verre. Quant à Halie, elle n'avait d'autre choix que de suivre le mouvement. Il fallait dire qu'elle s'était piégée toute seule et que le Strigoi avait usé de cette perche tendue. Certes ce n'était pas très fair-play, mais tant pis. De toute façon, il n'allait pas l'abandonner en pleine ville sous peine qu'elle causes d'autres soucis et que cela retombe sur Dame Eriel ou lui même.

Confortablement installé, autour d'une bonne table, Sena, le tavernier et Ekiel attendait la réponse de l'Héspéride quant à savoir si du vin lui convenait.  Bien que Dame Eriel semblait en douter de part la nature de la créature. Très vite le ministre notait le changement d'attitude de la demoiselle, comme si le fait de se retrouver enfermer dans un espace clos avec autant de monde,lui causait de l'inconfort. Quand elle rouvrait les yeux et les interrogeait de son « Euh... Oui ? » Ekiel posait sur elle un regard curieux avant de reprendre de son timbre de voix calme.

"Je vous demandais si du vin vous conviendrait, Damoiselle Halie ? Sinon, je gage que le tavernier vous servira ce que vous désirez ? Est-ce que vous vous sentez-bien ? "  

Un coup d'oeil à l'aubergiste.

"Oui, oui, bien sûr. "  

L'homme se pliait en quatre pour servir ces invités si respectables qui le gratifiaient de leurs présences. Laissant le temps de réflexion à Halie, il s'adressait à Sena.

 " A l'occasion Dame Sena, il faudra que je m'entretienne avec L'ambassadeur Zidramir et vous même. Pensez-vous cela envisageable ? "


Codage par Libella sur Graphiorum
Dim 26 Fév - 17:08
Halie est visiblement en proie au malaise : dans cet espace clos, elle se recroqueville sur elle-même. Si le peu que Senna connaît des hespérides est vrai, il n’est pas difficile d’imaginer la source de son tourment. Une créature hypersensible, habituée aux grands espaces et à la solitude à portée de main, confrontée à ces concentrés d’émotions propres aux villes. Ce comportement lui rappelle ses propres débuts avec le même pouvoir : cette sensation de se sentir envahie par les émotions fourmillantes de n’importe qui, de se perdre soi-même. Constatant la lutte intérieure d’Halie, Senna éprouve une certaine compassion, mais n’irait pas jusqu’à venir à son aide. L’existence de son propre pouvoir est un secret habilement gardé, qu’elle ne révèlerait sous aucun prétexte ; de toute manière, la maîtrise de l’hypersensibilité de sorte à la rendre supportable est un chemin qui doit s’accomplir seule. Elle se contente de contempler silencieusement l’hespéride, attendant sa réaction.

La question d’Ekiel la tire de ces pensées. Il n’a pas mis longtemps à réorienter la discussion vers des considérations professionnelles. Il doit être une de ces personnes dont l’esprit reste obnubilé par le travail en toutes circonstances, comme elle. Fort bien.

–– Oui, cela me paraît tout à fait possible. De quoi souhaitiez-vous vous entretenir ?

Elle jette un oeil préventif au tenancier obséquieux, se tordant les mains et paraissant absorbé par leur discussion. Il ne faudrait pas qu’il soit trop bavard. Senna tire quelques astras de sa bourse et les fait glisser sur la table dans sa direction, le tout avec un clin d’oeil malicieux.

–– Bien entendu, nous comptons sur votre discrétion.