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Money and intelligence never looked that good

Money and intelligence never looked that good Brandw10
Ven 26 Jan - 21:32

Money and intelligence never looked that good

starring Jane Kaldwin & Chāyā Lelwani

Une lettre, légèrement parfumée et avec l'une des écritures les plus élégantes qui m'était donné de voir avait fait son apparition dans une de nos boîtes aux lettres mortes. L'agent l'ayant récupéré, intrigué par la faible odeur émanant de l'enveloppe l'avait faite analyser lorsqu'il la ramena au siège et l'expert l'ayant évalué certifia qu'elle était sans danger. Le plus intrigant encore, était que la lettre portait le sceau de la guilde des monétaristes. Les "banquiers" comme ils étaient surnommés chez nous voulaient donc nous parler. À l'intérieur de la lettre, je pus constater à nouveau à quel point la détentrice d'une telle écriture nous montrait toute l'étendue de sa calligraphie. Le contenu fut cependant très succinct, rien d'anormal à cela. La guilde des monétaristes demandait à rencontrer la nôtre afin de lui faire part d'une affaire importante. En temps normal, une affaire se concluait par un échange de lettres, un lieu de rendez vous pouvait être aussi convenu avec un contrat ou encore dans de rares occasions, un contact électronique se nouait, pour celles et ceux qui en possédaient les moyens. Ici, la lettre comportait quelque chose qui ressemblait à une signature, assorti de deux vers d'un poète agalien. Ils n'étaient pas là par hasard, c'était un code établi entre nos guildes, celui qui était employé ici était pour signaler que leur cheffe serait bien présente. En effet, c'était important...

La réponse ne tarda pas à être envoyée. Un lieu y fut indiqué ainsi qu'une heure. À compter de la réception de la lettre, sur confirmation de l'agent surveillant la boite aux lettres morte, les monétaristes disposaient de 3 jours pour prendre leurs dispositions. Quant à moi, je me préparai à la négociation qui allait survenir et nous fîmes la requête à nos indics au sein des monétaristes de nous renseigner autant que possible sur eux et leur préparation. Lorsque je recevais des clients, je ne faisais pas comme les officiers à indiquer des taudis comme lieux de rencontre ou encore des endroits abandonnés. Lorsque la Courtière en personne se déplaçait, c'était dans un cadre très différent. Une maison coquette non loin du lac Xandrie fut investie. Officiellement elle appartenait à une riche famille de Xandrie mais pour services rendus, la famille nous prêta la demeure en échange d'un tarif privilégié à nos services car c'était aussi des clients de longue date. Le Guet du coin fermait les yeux sur ce que nous y faisions tant que la petite localité demeurait dans le calme. Tout était prêt.

La maison, peu massive mais très accueillante avait été spécialement refaite pour pouvoir héberger des agents et que des affaires y puissent se conclurent en toute quiétude. Les murs furent protégés afin que le son ne s'en échappe pas et de multiples échappatoires avaient été aménagées si le lieu était pris d'assaut. Un mur protégeait les accès et il y avait un petit quai non loin menant au lac en suivant le petit cours d'eau qui se jetait dans le dit lac. La végétation et les arbres formaient une protection naturelle tandis que des fleurs de lotus et des nénuphars finirent d'égayer des lieux déjà fort plaisants. Dans la maison il y avait peu de lumières, tout était fait pour la tranquillité des transactions avec la Courtière. Les premiers opérateurs arrivèrent sur place deux jours avant le rendez-vous afin de préparer la maison et de sécuriser les lieux. Le dispositif de surveillance et de protection augmenta au fur et à mesure que notre rencontre approchait alors.

Chāyā Lelwani avait reçu comme instructions complémentaires provenant d'un message déposé à son attention au siège de la guilde et à n'ouvrir sous aucun autre prétexte à part que ce fut en sa présence, qu'elle pouvait venir accompagnée mais que lors de la négociation, elle devait être seule et qu'enfin, un agent allait se présenter à elle et sa troupe pour les guider jusqu'au lieu de rendez vous. Je l'autorisai à garder ses armes, je le serai moi même mais sa garde devait rester à l'écart de la pièce principale. Quant aux miens, ils resteraient éloignés de nous. Un mot de passe avait été fourni seulement à Chāyā par l'agent venu les récupérer et qu'elle seule avait le droit de prononcer. C'était ensuite un premier barrage d'opérateurs à l'entrée de la propriété à franchir, où la cheffe des monétaristes donnait son mot de passe. Une fois ce barrage passé, il y en avait un second qui contrôlait les arrivants en s'assurant du mot de passe à son tour et que les gardes de Lelwani restent bien en dehors de la pièce principale de la maison même s'ils avaient le droit d'entrer dedans.

Une trentaine d'agents environ montaient une haute garde, des agents à l'entrée de la propriété à mes gardes du corps affectés à la mission, en passant par les agents de contrôle aux entrées et ceux patrouillant dans les jardins de la propriété, au mur de la propriété et même de l'équipe fluviale auprès du quai. Il y avait du plus des drones qui surveillaient des endroits déserts afin de laisser le moins d'angles morts possibles. Bob, mon automate allait rester en surveillance juste sous le toit avec vue imprenable sur la table des négociations.

Nous fûmes prévenus de l'arrivée de la délégation des monétaristes un peu rapidement, ils étaient en avance... Dans nos oreillettes, les agents informèrent dûment leurs collègues de l'arrivée de l'équipe des financiers ainsi que de leurs passages aux différents postes de contrôle. Des agents ouvrirent les portes pour Lelwani et les refermèrent d'eux mêmes afin que tout se passe au plus vite avant de revenir patienter à leur poste les mains jointes. La maison était peu éclairée, les gardes de Lelwani furent invités à se mettre à l'aise dans une salle à manger de la maison tandis que leur cheffe était conduite dans le salon principal. Ce fut une double porte ouverte par deux opérateurs à l'instar de leurs collègues costumés qui donnèrent à Lelwani le temps d'embrasser les lieux de la négociation. Le salon était richement décoré, la famille habitant ici avait un faible pour les plantes xandriennes en pot et la verdure. Des peintures représentant des paysages comme des calligraphies parsemaient les murs et un tapis représentant le dragon de Xandrie occupait une bonne partie du sol de la pièce. Des bougies enfermées dans des prisons de papier tamisaient leur lueur sauf une suspendue au dessus de la table, donnant l'impression d'un rai de lumière éclairant pour le moment seulement une paire de main enchevêtrées, les miennes en l'occurrence. Lelwani si elle faisait attention pouvait à peine remarquer les ombres furtives de mes gardes du corps dans les recoins sombres du salon et les deux autres se tenant derrière moi à moyenne distance.

Lelwani s'approcha de ma table et ce fut à mon tour d'entrer en scène. Assise bien droite sur mon siège, je m'avançais légèrement afin que le rai de lumière éclaire mon visage masqué. Bonsoir... mademoiselle Lelwani... dis-je, douce.

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Mer 7 Fév - 19:30


Women of power

En compagnie de Jane Kaldwin


Épineuse était la rose parée de rouge. Entre deux hommes en costumes noirs, le yukata d'un éclatant écarlate aux motifs modernes ne saurait passer inaperçu. Se plait-elle à jouer les jeunes filles nobles, elle qui était née loin, bien loin, des dorures. Mademoiselle Lelwani pouvait-elle vraiment passer inaperçue ? Ou qu'elle aille, roulaient astras et contrats, ils tintaient dans son sillage, les délicats grelots de son ascension. Alors, non, elle ne serait pas anonyme dans les rues de Xandrie, même à l'heure du loup. On l'imagine se rendre à quelques soirées mondaines ou auprès d'une riche famille prête à ouvrir les portes de sa précieuse fortune. Certains l'imagine, dragon de rubis, lovée sur une montagne d'or. D'autres connaissent celle qui arpentait les rues de Xandrie, aimable visage toujours prêt à donner son aide. Dans les ombres peut-être, un frère verra la Renarde sous le masque de la belle.

Et aucun ne verrait, celle qu'elle était.

Cela n'avait aucune importance. Celle qu'elle était n'existait pas, seule comptait celle qu'elle donnait à voir. Ce soir, elle devait être la banquière. Demain elle serait une rose. La nuit suivante, un poignard. Elle n'était rien de plus que ce qu'on lui demanderait d'être. Pieuse. Monstre. Sainte. Démone. Soeur. Mort.

Cela avait toujours été ainsi. Bien avant qu'elle ne rejoigne les caravaniers, elle avait fabriqué ses propres masques et avait choisi, délibérément, de ne plus croiser le regard de celle qu'elle avait été. Elle était ce qu'elle dessinait sur ses traits, elle était ce qu'elle voulait. C'était sa plus grande force, son don le plus précieux et certainement le plus désiré par ceux qui désormais, désignaient les masques qu'elle devait porter. Elle avait toujours aimé ce jeu, toujours éprouvé du plaisir à s'emparer des codes de ceux qui se pensaient intouchables ou invisibles, peu lui importait, l'enfant qu'elle avait abandonnée sur une décharge épistote.

Alors, pourquoi devrait-elle s'interroger aujourd'hui ? Pourquoi sentait-elle sur son épaule, le menton de son éternelle amie, attendant, patiente, qu'elle se saisisse du sanglant trésor qu'elle avait volé quelques jours plus tôt ? Pourquoi, la question s'insinuait dans son esprit, serpent diabolique, lorsqu'elle essayait de faire le vide dans sa tête pour trouver l'approche la plus logique ? Elle ne voulait pas se perdre dans la bibliothèque d'Omniscience, il lui fallait un plan clair et défini à l'avance. Une méthodologie stricte. Elle n'avait pas l'intention de se servir de l'âme d'un dieu pour des desseins égoïstes. Pourtant, le serpent revenait, harcelant sa psyché et la seule question qui suintait de sa langue fourchue était on ne peut plus égocentrique.

Qui es-tu ?
Toi qui n'a pas de nom.

- Madame ?

Ses paupières sont closes depuis un moment maintenant alors qu'elle marche entre ses deux chaperons, elle ne s'est pas rendu compte qu'elle avait dépassé les portes de leur destination. Elle devait se reprendre. Et immédiatement. Revenant sur ses pas, elle observe le lieu du rendez-vous et son oeil de renarde s'aiguise. Ils n'avaient pas lésiner sur la sécurité, les espions. Elle avait déjà pu s'en rendre compte par des moyens bien moins officiels mais, la guilde avait beaucoup changée depuis l'avènement de leur nouveau dirigeant. Ou nouvelle dirigeante. Peut-être répondrait-elle à cette interrogation une fois à l'intérieur ?

Les trois monétaristes passent un à un les différents contrôles, se soumettant volontiers à ce protocole qui devaient tous les rassurer mais qui faisait grimper d'un cran la vigilance de la caravanière. Si c'était un guet-apens, elle aurait du mal à s'en extirper. Ses hommes étaient loyaux et capables mais ils n'étaient pas caravaniers. Et si sa couverture avait été compromise ? S'ils étaient tous ici pour le cristal ?

Sa respiration mesurée, contrôlée, ne laisse rien percevoir de la paranoïa qui s'insinue dans ses veines, poison latent. Ne pas faire de conclusions hâtives. Observer, analyser, s'adapter. Ses hommes restent dans une pièce voisine, gardant avec eux un coffret de bois laqué qui avait, lui aussi, passé les contrôles. Les doubles portes s'ouvrent devant elle. Les prunelles rubis détaillent l'intérieur du salon, richement décoré, dans le style traditionnel xandrien, un délice pour les yeux et une multitude d'armes possibles dans ces babioles métalliques exposées ici et là. Les portes se referment derrière la monétariste alors que ses prunelles se posent enfin sur les mains puis le visage de son hôte.

Elle avait l'art de la mise en scène, Chāyā l'admettait bien volontiers, elle avait du style. La monétariste avançait d'un pas, inclinant légèrement le menton, rendant son port altier d'autant plus solennel.

- C'est un plaisir de faire votre rencontre.

Relevant le menton, elle esquisse un sourire à destination des ombres qui veillent bien sagement, dans le dos de leur supérieure.

- À tous.

Polie et malicieuse, la jeune femme les saluent tout en soulignant leur nombre. Y avait-il besoin d'autant d'oreilles ? La table se dresse entre elle et son hôte, un fauteuil confortable attendait son délicat derrière. Elle restait cependant tout à fait immobile, ses yeux posés sans agressivité sur le visage masqué.

- Avant que nous commencions, me permettez-vous de vous offrir un modeste présent ?

Est-ce qu'elle avait instantanément deviné qui se tenait devant elle ? Non. Mais. La sécurité relevée au maximum. Le lieu cossu. Et le cadeau. Ce cadeau qui était vraisemblablement destiné à la Courtière. S'il ne s'agissait en face d'elle que d'une subalterne, elle n'oserait pas s'emparer du présent de sa cheffe, non ? Et s'il s'agissait de la cheffe en question, elle devrait quitter son bureau si elle voulait son cadeau.

On apporte de la salle annexe, le coffret de bois fort simple que les monétaristes avaient pourtant pris la peine de porter jusqu'ici. Chāyā s'en empare avant qu'il n'ait pu approcher le bureau et la voilà qui se met à genoux, passant élégamment une main sous ses genoux pour éviter de froisser le bas de son kimono. Elle s’assoit à peine sur ses talons alors qu'elle ouvre le coffret sur un service à thé.

- Peut-être l'un de vos nombreux hommes aura la gentillesse de nous trouver de l'eau chaude ?

C'est qu'elle demande des faveurs avec une voix si aimable qu'on peinerait à lui refuser un si petit effort. Non ? Elle reste en tout cas au sol, visiblement peu décidée à s'installer au bureau de la Courtière. Qu'elle vienne distribuer ses cartes sur le tapis. Assises au sol plutôt que de chaque côté d'un imposant bureau, elles seraient plus à égalité. Et c'était certainement ce que cherchait la monétariste, briser l'ascendant qu'avait prise l'espionne en choisissant le lieu, les hommes, les règles. Après tout, Chāyā Lelwani n'était certainement pas parvenue au poste qu'elle occupait en se laissant dicter les règles du jeu.  
Jeu 22 Fév - 20:26

Money and intelligence never looked that good

starring Jane Kaldwin & Chāyā Lelwani

Le... "présent" en question avait été inspecté de fond en comble après un passage au détecteur de métaux, sous l'œil d'un agent issu des gardes. Je fus prévenue en amont que mon invitée ne venait pas les mains vides. Tentative de corruption ou bien simple politesse visant à gâter son hôte ? Difficile à dire et c'était ma première rencontre avec Chaya Lelwani. Je considérai donc avec attention une femme plus petite que ce à quoi je m'attendais mais avec un doux visage de porcelaine et un habit xandrien pour l'occasion, un yukata. Travailler dans les finances assurait un bon train de vie visiblement... On m'avait faite une description de la cheffe des monétaristes mais ça ne rendait pas vraiment honneur à la personne physiquement présente devant moi. Chaya Lelwani était une belle femme, avec une aura étrange autour d'elle qui plus est...

Elle se savait surveillée. Elle se doutait sans doute de qui elle avait en face d'elle, je n'avais pas besoin d'en dire plus. Elle fit immédiatement appel à son cadeau, resté dans la salle précédente et que j'autorisai sur un mouvement de tête et du menton à entrer dans le salon. Ce fut une femme agente qui avait quitté son poste près de la double porte qui s'absenta momentanément et revint avec le coffret en bois contenant le service à thé que Lelwani voulait m'offrir. Malgré le fait que je m'interrogeai sur ses motivations, je ne pus m'empêcher de trouver délicate l'attention, en grande amatrice de thé. Chaya délesta le chargement des bras de la collègue et revint se poster sur le tapis, devant le bureau. L'opératrice en fut surprise mais elle reprit son poste. Moi, je fixai Lelwani...

Elle avait des manières ce petit bout de femme, c'était agréable... un peu trop parfait même à mon goût qui n'était pourtant pas à ce point versé dans la culture xandrienne. C'était tout de même admiratif que de la voir faire, j'en aurai été incapable. Lorsqu'elle exprima sa requête, je ne répondis pas immédiatement. Elle ne voulait donc pas s'assoir à ce bureau ? Voilà qui était étrange... D'ordinaire quelqu'un qui se permettait ce genre de remarque se prenait une réplique bien méritée et d'ailleurs, je sentis bien que ça s'agitait derrière moi. Je tournai légèrement la tête pour faire comprendre à mes agents de rester à leur place. Pour une fois, j'avais envie de faire une exception. Cette femme avait le don de se faire "obéir"... Et puis je n'avais pas très envie de refuser la perspective de boire un peu de thé. Je confirme le rapport de l'équipe 1, madame. Le service à thé de mademoiselle Lelwani est clair et limpide, sans danger. Dans mon oreillette, si cela était nécessaire, Bob me confirma à nouveau que je pouvais y aller. Je me levai donc de mon bureau, toisant la petite Lelwani agenouillée sur le tapis de toute ma hauteur pendant un instant... avant d'enchaîner. J'ai même mieux que ça à vous proposer. Apportez donc l'eau chaude demandée. Amenez aussi une table à thé.

Je fis signe à deux agents qui gardaient une autre porte et l'un d'eux s'exécuta. La table à thé arriva derrière moi, dans les mains d'un colosse en costume qui posa délicatement la table sur le tapis avant de reprendre son poste derrière.

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Je fis le tour de mon bureau pour m'assoir confortablement sur le tapis en tailleur, de l'autre côté de la petite table à thé où Lelwani avait déjà posé le service dessus. Je faisais face à ce petit visage et ces yeux de plus près... Je ne dis rien avant que l'eau chaude n'arrive. L'agent eut même une attention supplémentaire et en plus de l'eau chaude, il avait apporté une petite plante en pot pour agrémenter la table. Je le remerciai d'un signe de tête avant de laisser Lelwani faire sa petite cérémonie du thé. Quant à moi, assise en tailleur, les mains posées sur les genoux, je l'observai faire. Fascinante à regarder... Mais je ne pus m'empêcher aussi de détailler sa personne et je devais admettre que tout devant moi était agréable à regarder. Je savais qu'elle était armée mais pour le moment, je ne détectai aucune menace imminente. J'eus même une impression étrange, cette sensation de déjà-vu, comme si je l'avais connue ailleurs ou déjà croisée. Une familiarité très bizarre alors que je n'avais sûrement jamais vu cette femme de ma vie avant ce soir... Je regardai dans ces prunelles rouge sang, je ne pus m'empêcher de ressentir un frisson mais ce n'était pas de la peur que je ressentais... Au moment où Lelwani allait mettre les feuilles de thé, j'arrêtai son geste d'une main délicate. J'ai mieux à vous proposer qu'un simple thé vert... Amenez-nous le Montagne Bleue ordonnai-je assez sèche.

Mes gardes du corps les plus proches connaissaient ce thé dont je raffolai. Issu d'un producteur local mais qui vendait sa marchandise dans tout le pays voire au delà -où là il était vendu à des prix exorbitants- le Montagne Bleue était un thé noir très fruité et un brin sucré, aux arômes de fleurs et de fruits rouges, notamment de fraise. Je ne le partageai pas avec n'importe qui à vrai dire mais au vu du numéro de Lelwani, j'avais bien envie de le lui accorder. Le thé arriva rapidement, dans un bocal et laissé à disposition de la cheffe des monétaristes.

Le thé était en train d'infuser doucement... Trois minutes, pas plus. Je fixai à nouveau la jeune femme devant moi... et prit la résolution de tomber le masque. J'aurai de toute façon l'air très bête à vouloir boire mon thé avec. Le masque disparut et se transforma instantanément en un léger foulard autour de mon coup, révélant par là même mon visage à mon interlocutrice. J'aurai pu en faire un moment solennel mais je n'en voyais pas l'intérêt. À présent, mademoiselle Lelwani... Je vous écoute enchaînai-je après que nos coupelles furent remplies du beau liquide ambré et floral. J'attendis cependant pour boire mon breuvage.

Mar 27 Fév - 20:21


Women of power

En compagnie de Jane Kaldwin


Elles s'agitent. Les ombres dociles. Le coquelicot sauvage qui pousse, au milieu de leur salon, ose défier l'ordre établi. De quel droit ? Aucun autre que celui qu'il s’octroie. Derrière son bureau, la reine noire rappelle à l'ordre ses troupes, d'un simple mouvement du menton. Puis, elle vient s'assoir, de l'autre côté du tablier. Pas de cases noires et blanches ici. Pas davantage qu'elle ne trouverait en Chaya Lelwani, une reine blanche pour adversaire.

Dorée uniquement.

Tant qu'on ne grattait pas trop, sous la surface.


La courtière aurait l'amabilité de faire apporter non seulement de l'eau mais aussi une table appropriée et même un thé au nom poétique. Ainsi, la monétariste ne s'était-elle pas trompée dans le choix de son présent. Un coup de chance. La caravanière sourit sous les traits délicats de la monétariste. Elle ne prendra pas ombrage qu'on refuse son thé. L'espionne devait assurer ses arrières. D'autant plus au vu de son rang et de la manière dont était disparue celle qui occupait, avant elle, son poste. Les choses avaient beaucoup changées au sein de la guilde depuis l'avènement de leur nouvelle dirigeante. Fallait-il y voir l'essor inéluctable d'une nouvelle génération qui s'était saisit de l'opportunité pour pouvoir s'exprimer ? Ou le calcul méthodique et avisé d'une usurpatrice ?

Qui était vraiment la Courtière ? Elle qui ne donnait aucun nom à sa vis-à-vis.

Au moins avait-elle l'aimable attention de lui montrer son visage. Cela aurait été dommage de le garder caché. Le thé avait ce pouvoir là aussi. Quelle heureuse conjoncture. La Renarde l'observe sans tenter quoi que ce soit pour le dissimuler. Puisqu'elle avait choisi de se démasquer, elle ne lui ferait pas l'affront de ne pas en profiter. Il y a de l'assurance sur ses traits pourtant fins, plus féminins que ce que la monétariste se serait imaginé. Il fallait dire qu'elle avait pu admirer tout à la fois sa taille, sa carrure et sa démarche lorsqu'elle avait quitté le bureau pour la rejoindre. Elle était grande et athlétique, ses cheveux courts brossés sur un côté, elle était très différente du bout de femme qu'était l'ancienne dirigeante des espions xandriens. Elle avait quelque chose de droit, presque militaire, dans sa façon de marcher, un peu, dans sa façon de diriger, beaucoup. Cela ne semblait pas avoir fait de mal à sa guilde et, pour ce qu'elle en avait vu, cela convenait aux hommes désormais sous ses ordres.

Le yukata murmure, froissement élégant, doux à l'oreille et sur la peau de celle qui tend un bras pour servir les deux tasses qu'elles partageront. Trois minutes se sont écoulées. Et la Courtière semble pressée, d'en venir au fait. Elle trace une ligne droite jusqu'à son objectif. Chaya sourit alors qu'elle repose délicatement la théière sur la table de bois. Ses deux mains se referment sur la tasse sans anse, avant qu'elle ne lève le thé et ses vapeurs parfumés, jusqu'à ses lèvres carmines.

- Il y a quelques années de cela, des émissaires opalins ont eu la délicatesse et le plaisir de traverser nos frontières et de visiter notre charmante capitale. Ils espéraient trouver au sein de la guilde des Monétaristes, un accord rutilant. Probablement, nous quitter avec plus d'astras que ce qu'ils avaient à vendre, n'en valait. Vous devez connaître le genre d'opalins dont je veux parler.

Si la guilde des espions ne savaient pas reconnaître un opalin à deux cents mètres, elle méritait sans doute de changer de camp. Les rubis se font mirages derrière la vapeur florale. Puis elle ferme les yeux et amène le bord de la tasse contre ses lèvres, le liquide ambré s'y laisse happé, sans résistance. La monétariste buvait la première, signe qu'elle faisait confiance à son hôte, peut-être. Ou qu'elle avait les moyens de se prémunir de tout empoisonnement. Le récipient quitte ses lèvres, à regret.

- Délicieux.

Commente-t-elle, cette bouche brillante. Avant de reprendre.

- Quant à nous, nous espérions pouvoir les délester d'un bien qui pesait inutilement sur leurs finances. Une mine, proche de notre frontière commune, inutilisée puisque devenue inutilisable. Un investissement qui n'est pas rentable n'est qu'un poids mort pour des têtes déjà bien occupées à se mystifier dans l'autosatisfaction.

Oh que les opalins devaient avoir les oreilles sifflantes, ces derniers temps.

- Les xandriens sont plus durs à la tâche. Et une mine, de notre côté de la frontière, devrait donner ses fruits et ses bénéfices, à ceux qui y vivent. Partagez-vous cet avis ?

La tasse s'abaisse, chaude entre les mains délicates, elle perd momentanément tout intérêt aux yeux de Chaya. Elle veut entendre la réponse que donnerait son interlocutrice avant de poursuivre.
 
Jeu 21 Mar - 18:31

Money and intelligence never looked that good

starring Jane Kaldwin & Chāyā Lelwani

Je gardai le silence devant Lelwani pendant qu'elle s'affairait. Était-elle vraiment une xandrienne... J'en avais l'impression même si je n'arrivai pas à me détacher de la tête qu'elle avait quelque chose d'ailleurs. En tout cas, sa gestuelle pour préparer le thé et le servir me rappelait beaucoup ce que j'avais déjà vu faire par ici. Elle connaissait son affaire. J'avais par conséquent affaire à quelqu'un qui était du style raffiné et calme et j'en éprouvai un discret soulagement. Je n'aimais pas avoir affaire à des rustres cyniques qui se prenaient pour des caïds à cause de leur statut, de la taille de leur flingue ou tout simplement parce que c'était des abrutis mal élevés qui manquaient de savoir-vivre. D'un autre côté, toute la mise en scène pour rencontrer la guilde des espions calmait généralement les ardeurs des plus inconscients ou bien c'était mes gardes qui se chargeaient de faire comprendre qu'ils n'étaient plus dans leur cour de récré mais la mienne et si ma prédécesseure était plus ouverte, j'avais imposé un changement drastique à l'image de la guilde. Les gens qui traitaient avec nous devaient prendre conscience que nous n'étions pas n'importe qui et que nous avions un pouvoir que des gouvernements ou des institutions peuvent craindre et tant pis si ça mettait mal à l'aise. Mieux valait se faire craindre que respecter.

Le petit bout de femme devant moi ne me craignait pas du tout, voire était même à l'aise. Peut-être qu'elle n'avait rien à craindre... Elle avait un beau et jeune visage, un brin enfantin je trouvai même. Le teint était immaculé, très clair de peau qui contrastait avec la rougeur de ses yeux et de ses lèvres, comme si elle venait de tremper ses lèvres dans du sang. J'avais rarement vu une telle finesse de traits, les paupières aussi longues... presque comme un tableau vivant. Elle n'avait vraiment pas fait les choses à moitié pour notre rencontre en terme de présentation. Contrairement à moi qui était restée dans ma tenue habituelle, je notai que son yukata était d'une certaine facture et rendait bien avec sa personne. Nulle extravagance, pas d'accoutrement chamarré mais l'apparence était choisie avec un certain goût, me prouvant encore que Lelwani était quelqu'un qui savait prendre soin d'elle et qui avait un respect des manières. C'était une très belle femme et au fur et à mesure que je la détaillais, mon cœur fit une petite embardée. Elle me plaisait... Très légèrement, je rougis.

Nous étions néanmoins là pour affaires aussi, je restai professionnelle. D'où j'étais je pouvais sentir le doux fumet fruité du Montagne Bleue que j'aimais tant. Des arômes de fraises, une senteur florale comme si elle avait été cueillie en montagne... Elle aussi l'aimait visiblement. Je m'emparai à mon tour de la coupelle de thé et mon cerveau se mit automatiquement en route car la discussion venait de commencer. Sur pilotage automatique, je gardai la coupelle chaude en main et l'écoutai. Je pense avoir une idée, en effet. Comme beaucoup de... nobliards d'Opale qui prennent Xandrie pour leur bac à sable personnel. Elle but le thé et je ne l'imitai pas immédiatement. À son commentaire, je ne souris pas mais j'étais satisfaite. Produit localement répondis-je avant d'attendre qu'elle ne reprenne le cours de notre discussion d'affaires et de boire le plus calmement possible mon thé, sans faire de bruit.

Je vois. En une déclaration, je compris toute l'animosité qu'elle avait pour les gens d'Opale. Je devais admettre que je ne voyais pas vraiment de quelle mine elle parlait, il fallait que j'en sache davantage. Avec de la chance peut être qu'un tour dans nos archives serait fructueux... Une mine. Qui se trouve en plus de notre côté de la frontière. Hm... Des opalins, je suppose donc que c'est une mine de myste ? Ma question fut posée sur la table et lorsque sa réponse la rejoignit, je sentis que les enjeux venaient de monter. Rien d'étonnant à ce que des nobliards d'Opale se soient pointés... Je ne répondis pas d'emblée à sa question et reprit une gorgée de ma coupelle de thé. Il est rare que des opalins ne laissent une guilde de Xandrie acquérir un bien qu'ils ont achetés en venant ici. Si vous arrivez à l'acquérir, comme vous dites... ce seront normalement bien les xandriens en premier qui en bénéficieront.

Je finis dans un geste habile et délicat ma coupelle de thé puis me tamponnait doucement les lèvres avec une serviette à côté. Je vérifiai le contenu de celle de Lelwani, voyant qu'elle en contenait encore un peu. Je m'emparai toutefois de la théière et je resservis un peu mon invitée, tenant d'un doigt le couvercle et déversant dans un jet liquide quasi parfait une petite quantité de thé pour la remplir. Puis et seulement après, je me resservis en thé. Je lui fis un petit signe de tête en signe de reconnaissance avant de reprendre la discussion. C'est une tâche peu évidente à laquelle vous vous attelez, mademoiselle Lelwani même si je suis certaine que vous n'agissez pas par seule... bonté envers ces chers nobliards étrangers pour leurs finances. Ni que vous vous déplacez en personne pour nous prévenir de vos intentions... J'aimais cet instant dans la discussion où j'allais impliquer ma guilde. Où mon personnel, mon matériel et nos moyens allaient être mis en œuvre... Mais elle était la cliente et moi celle qui allait lui mettre à disposition mes services. Je resserrai mes jambes pour poser mes coudes puis mes mains à plat l'une sur l'autre sur le bord de la petite table à thé. Qu'attendez vous de nous, exactement... ?

Mer 27 Mar - 17:55


Women of power

En compagnie de Jane Kaldwin


Elles s'observent. Avant d'avancer leurs pions. Comprendre qui se trouvait, de l'autre côté de l’échiquier. Qui était-elle, cette femme qui se plaisait à prendre le titre de celle qui jouait les intermédiaires ? C'est ce que devait tâcher de déterminer la monétariste, avant de poursuivre la conversation. Cette entrevue, avait bien des objectifs, et jauger la nouvelle tête des espions xandriens n'en était pas des moindres. Un partenariat de longue date se devait d'être choyé mais se reposer sur l'existant, n'était pas suffisant. D'autant plus lorsque les deux organisations avaient changé de têtes dirigeantes. Se contenter de vieux accords, fonctionnels mais impersonnels, était risqué et d'un ennui mortel. Comme un vieux couple, engoncé dans la routine. Menacé, peut-être un jour, par l'attrait de l'infidélité.

La vapeur délicieuse s'élève entre les deux femmes. La Courtière ne semblait pas davantage porter les opalins dans son coeur. S'il n'était pas feint, cela leur faisait un point commun. Avec un peu de chance, elles partageraient aussi celui d'être exigeantes, en matière de partenaires. L'espionne devinait rapidement qu'il ne s'agissait pas d'une modeste mine de fer mais que le précieux myste était au coeur de l'affaire. Chaya répondait à sa question d'un simple mouvement du menton, acquiesçant, curieuse de voir jusqu'où l'intellect de sa vis-à-vis l’amènerait.

Elle tend doucement sa tasse lorsque la maîtresse des lieux propose de la resservir, portant la théière dans sa direction avant de se servir elle-même. La monétariste s'autorisait une gorgée supplémentaire avant d'accorder toute son attention à la Courtière qui, plaçant ses coudes sur la petite table, réduisait l'espace entre elles. Brillait dans ses prunelles sombres, une lueur féroce, l'envie d'être de la partie, qui ne déplaisait pas à la monétariste.

- Nous avons tenté de nous emparer de cette mine, lorsque l'opportunité s'est présentée, il y a quelques années. Sous l'égide de mon prédécesseur. Hélas, nos négociations furent victimes d'un attentat qui, vous vous en doutez, vit mourir tous nos espoirs de concrétisation.

La Courtière devait avoir entendu parler de cette affaire, à moins qu'elle ne fut pas en Xandrie depuis longtemps. Ce qui donnerait dans les deux cas, une information supplémentaire à Chaya.

- À l'époque, nous avons commis deux erreurs. Sous estimer l'importance de la guilde des mineurs et ne pas faire appel à vos services.

Monsieur Huang, le précédent dirigeant des monétaristes, était un homme plein de ressources mais il avait été juste un peu trop confiant. Il avait su endosser avec humilité son rôle dans l'échec cuisant de cette négociation mais, il était certain que l'évènement l'avait profondément marqué et qu'il avait accélérer sa décision de laisser son siège. Chaya abaissait lentement la tasse entre ses mains, jusqu'à la poser sur la petite table.

- Aujourd'hui, la mine qui était déjà en piteux état a, semble-t-il, été complètement abandonnée par les opalins. L'opportunité se présente à nouveau à nous, de récupérer ce qui se trouve déjà sur notre sol.

Le grenat se redresse, grimpe le long des bras de l'espionne, sur ses mains, avant de plonger dans son regard, toute l'intensité de ce qui semblait être une affaire d'astras autant que d'orgueil xandrien et monétariste. Récupérer ce qui était leur. Et claquer le bec à quelques opalins dans le processus.

- Je ne suis cependant pas femme à me contenter de suppositions et de demi-informations. Voilà pourquoi je voudrais que vous enquêtiez sur la mine afin de savoir si elle est effectivement abandonnée, ainsi que sur les actuels propriétaires. Trouvez leur talon d’Achille, les lignes manquantes sur leurs livres de comptes, leurs vices bien mal cachés et les cadavres qu'ils ont oublié dans leurs placards. Trouvez, ce qui les déstabilisera. Nous nous occupons de les faire tomber.

Redoutable, se fait le rubis. Illuminé de cette flamme intérieure. Dévorante. Il ne faisait pas bon, se mettre à dos Chaya Lelwani. Délicate, pourtant, lorsqu'elle se penche légèrement en avant, réduisant à son tour, l'espace entre elles. Pour murmurer à sa seule attention.

- Serez-vous à la hauteur de mes attentes ?
 
Dim 5 Mai - 18:55

Money and intelligence never looked that good

starring Jane Kaldwin & Chāyā Lelwani

Derrière ce joli visage se cachait une ambition certaine, un désir de montrer ce qu'elle était capable de faire. Alors qu'elle expliquait sa requête, mon esprit remarqua comme nous étions similaires. Toutes les deux à la tête d'organisations puissantes et importantes de leur pays, arrivées par la force des choses, un détachement de nos prédécesseurs... et une volonté de marquer de son empreinte sa guilde et le cours des évènements. J'eus comme l'intuition que nous étions au début de quelque chose, que ça n'allait pas seulement s'arrêter à cette mine... Probable, avec la révolution qui traîne et les gens qui essaient de mener leur vie tant bien que mal. Je vois fut ma seule réponse à la mention de l'attentat. Je me souvins de cet évènement lors de la préparation de la réunion. L'attentat avait sans doute coûté sa place au dénommé Huang d'une manière ou d'une autre et avait fragilisé les monétaristes. Heather m'en avait brièvement parlé lorsque j'étais encore Ombre, il y a maintenant des mois.

Il est probable que les Opalins ne vous laissent pas faire... glissai-je avant que Lelwani n'enchaîne. Je remarquai que la jeune femme était bien plus patriote que je ne l'étais. Pour moi, Xandrie était mon gagne-pain ou du moins, une part non négligeable de mon fonds de commerce mais restait un terrain de jeu comme un autre. J'aimais ce pays pour sa nourriture, ses paysages, certains de ses gens, une part de son atmosphère et de son état d'esprit mais en public, sans la casquette de la Courtière, je restai attachée à mon pays d'origine Epistopoli, avec tous ses travers et ses avantages, notamment ceux inhérents à ma classe sociale. Elle semblait également très attachée à son organisation. Sur ce point là, je la rejoignis. Pour moi qui est dans les arcanes du renseignement depuis des années, avoir à portée de main l'organisation de renseignement potentiellement la plus puissante d'Uhr avec une telle débauche de moyens et de personnels à faire presque jalouser les huiles epistotes sans oublier la lucrativité de la guilde, il était facile pour moi de placer ma loyauté.

Lelwani exprima clairement ses intentions quant à ma question et je ne répondis pas immédiatement. Dans mon oreillette, Bob me confirma Cela a été clairement enregistré, Courtière de sa voix robotique imitant son ton innocent. Je terminai ma seconde tasse calmement avant de la reposer... puis de reporter à nouveau mon regard sur ce minois un peu trop près à mon goût mais très loin d'être repoussant. Je ne bougeai pas de ma position. En d'autres termes, vous voulez disposer de tous les moyens de pression possibles sur les Opalins. En effet, vous êtes déterminée, mademoiselle Lelwani. Les termes restaient polis mais je compris le message. Un discret sourire se dessina sur mes lèvres. La perspective de faire chier des nobliards opalins et peut être un peu le Magistère -car ça restait une mine de myste- me réjouissait bien que j'espérai d'abord que les nobles morflent. Nous vous aiderons donc à savoir.

J'aimais cette détermination dans son regard rougeoyant, une envie de faire payer derrière ce masque immaculé, une farouche volonté de vivre l'instant et d'en être actrice pour son pays. Je détaillai ce visage, ses lèvres pulpeuses, ce mignon nez... Je frôlai de près la trentaine, elle était sans doute bien plus jeune que moi avec ce visage. Vous aurez ce que vous venez de demander. Les nobliards, surtout ceux d'Opale se salissent toujours les mains, même par procuration pour ce genre d'acquisition. Nous ne devons pas non plus exclure que le Magistère a peut-être aussi placé une taupe au milieu de tout ça, notamment quand il est question du myste. Bien entendu si c'est le cas, vous le saurez... Vous comprendrez donc aisément qu'il s'agira d'un contrat qui vous demandera un certain investissement. La question de l'argent pour cette mission allait bien arriver mais au delà du salaire pécuniaire qu'il fallait de toute façon nous verser, je visai aussi autre chose pour la guilde.

Dans votre cas, étant donné que vous êtes un client particulier, nous estimons que la question financière peut être abordée plus tard. Nous n'accordons ce genre de... faveur qu'à une liste de clients privilégiés. La somme pécuniaire que nous vous demanderons vous sera détaillée lorsque nous estimerons l'ampleur des moyens nécessaires. Je souhaite cependant aborder autre chose... Je regardai la théière avant d'ouvrir le couvercle pour regarder ce qu'il restait comme thé. Hm, à vue d'œil, j'estime qu'il en restait à peine assez pour nous deux. Je vous ressers ? demandai-je d'un ton plus informel et beaucoup moins professionnel qu'à l'instant. Je me repris une tasse. Le thé était encore un peu chaud, presque tiède... Je comprends votre volonté de reprendre cette mine. Vous ne serez sans doute pas les seuls à vous y intéresser. Les mineurs le seront, le Guet aussi, Opale... Cela fera du monde bien impliqué dans cette affaire. Je pris une gorgée de mon thé, le goût du fruit étant plus fort, plus amer. Je croisai mes doigts ensemble sur la petite table. Mon auriculaire droit frôla sa main...

Mon regard se baissa légèrement sur ses lèvres, puis son cou et son décolleté... Je détournai le regard pour ensuite regarder l'arête de son nez. Bien joué Jane tu as été un peu trop voyante, pas du tout discrète... Nous souhaitons davantage nous impliquer parmi tous ces... gens, tout en restant à notre place. Il m'est important de renforcer nos liens, d'abord avec vous bien sûr mais aussi avec tous les autres de près ou de loin. Nous voulons rappeler que nous restons des partenaires importants. De plus, nous souhaitons avoir un droit de regard sur la mine. Nous souhaitons aider à son exploitation et à savoir ce qui s'y passe. De plus dans l'éventualité où il faudrait déloger des importuns par la force qui s'y sont installés, nous sommes d'accord pour y apporter notre aide technique, si celle ci est demandée bien sûr. Et par là, renforcer notre influence officieuse en Xandrie.

Mar 7 Mai - 22:39


Women of power

En compagnie de Jane Kaldwin


Sont-ils fiables, ces corbeaux à qui la renarde confie ses intentions ? Sans doute pas davantage que les autres joueurs autour de la table. Iront-ils colporter aux oreilles opalines ? Ils pouvaient aussi bien être déjà embauché par ces derniers pour enquêter sur la guilde des Monétaristes. Jouer sur tous les tableaux. Cela ressemblerait bien à ces espions sans allégeance. Pourtant cela n'avait au final, que peu d'importance. Il n'était pas question de fidélité ici, pas encore, mais de finesse d'esprit. Un jeu d'échecs où elles avaient toutes deux des pièces à perdre. Et à gagner.

La demande est rapidement acceptée. L'espionne semble comprendre qu'il n'y aura sans doute pas que quelques têtes nobles à surveiller. Le Magistère, peut-être, sauf si la mine était réellement vide ou inexploitable. Il n'avait en tout cas pas bouger le petit doigt depuis ces trois dernières années. La Courtière poussait sur le côté la question des astras, s'attirant un regard curieux de la monétariste. Si l'espionne mettait cela de côté c'est qu'elle avait davantage à demander. Voilà qui était nouveau.

Une inclinaison du menton, pour accepter une nouvelle tasse de thé et l'encourager à poursuivre. Leurs mains s'effleurent lorsqu'elle se saisit de la tasse et le rubis se redresse sur des prunelles parties en balade. L'espionne se serait-elle perdue dans ses pensées ? Ou dans les plis de son vêtement ? La monétariste ne froisse pas son visage de porcelaine mais note, dans un coin de sa vaste mémoire. Nous souhaitons davantage nous impliquer parmi tous ces... gens. Commence la dame, enroulant ses intentions d'un demi-mystère. Nous voulons rappeler que nous restons des partenaires importants. Comment comptait-elle faire cela pour les opalins que la monétariste venait lui demander de déstabiliser ? Faire de futurs clients parmi ceux qu'elle devait espionner ? Cela serait tout de même assez aventureux, du moins, en s'affichant au côté des monétaristes.

Il devenait en tout cas évident que les espions ne s'étouffaient pas dans leur patriotisme. Déchus de leur place auprès de la royauté depuis près d'un demi siècle, ils ne semblaient pas déterminé à la retrouver. C'était une information intéressante. De plus, nous souhaitons avoir un droit de regard sur la mine. Nous souhaitons aider à son exploitation et à savoir ce qui s'y passe. Chaya boit tranquillement sa deuxième gorgée de thé. Tiédit et amer. Il n'est plus si agréable. La dernière phrase ressemble davantage à une proposition qu'à une demande. De l'aide pour déloger ce qui pourrait se trouver dans les entrailles de la mine. Cela pourrait être utile, si elle n'était pas vide et une fois qu'elle serait officiellement entre leurs mains.

Elle prend son temps, la monétariste. Sur cette troisième et dernière gorgée. Avant de reposer délicatement la tasse sur le plateau.

- Les partenariats que vous nouez n'appartiennent qu'à vous. Votre communication aussi. Avec qui vous souhaitez faire affaire et avec qui vous souhaitez vous afficher, ne regarde que vous. Le rubis se pose sur le visage de l'espionne. Une trentaine d'années. Humaine ? Si c'était le cas, elle était jeune. Jouer sur tous les tableaux peut-être lucratif. Bien que cela me semble être un jeu délicat dans votre position. Puisque la confiance est la mise de départ de vos clients. Saurait-on encore vous accorder notre confiance, si nous apprenions que vous espionnez dans notre organisation pour le compte de nos concurrents ?

Elle penche légèrement la tête sur le côté, moins interrogative que ne le laisse penser sa question. Moins naïve sans doute aussi. Elle remettait cependant les pendules à l'heure. Si les monétaristes apprenaient qu'ils étaient le dindon de la farce, cela ne serait pas bon pour la guilde des espions. Et l'espionne devait se douter que s'ils avaient les moyens de s'accorder leurs services, ils auraient les moyens pour vérifier qu'ils n'étaient pas utiliser comme poule aux oeufs d'or à leur dépend.

La dirigeante des monétaristes redresse la tête, elle n'a guère besoin de réponse en réalité.

- Vous êtes des partenaires importants et vous le resterez si nous n'avons pas à remettre en question la confiance réciproque qui fait le socle de nos collaborations. Cependant, je crains ne pas comprendre ce que vous entendez par "avoir un droit de regard" sur cette mine, ni davantage en quoi exactement vous aideriez à l'exploiter ? Comprenez que je ne suis pas venu ici chercher des actionnaires.

Était-ce ce que la Courtière cherchait ? Avoir des parts sur les bénéfices futurs de la mine ? Un approvisionnement en myste ? Un oeil sur les affaires internes des monétaristes concernant l'exploitation de la mine ? Les yeux carmins dardaient sur l'espionne un rouge vif, entêtant, implacable et terriblement calme. Il semblait pourtant bien dangereux de se risquer à marcher sur les plates-bandes des monétaristes.