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Sweet Darkside [Pv : Ève]

Sweet Darkside [Pv : Ève] Brandw10
Jeu 7 Déc - 2:25
Comme une impression de vivre dans les ténèbres depuis des années.
Ou au moins, un endroit foutrement sombre, assez pour te miner le moral chaque putain de jour que ce monde fait. Comme les périodes hivernales, quand la lumière du jour perd de sa longévité, qu’il fait plus gris, plus triste, plus noir. La flotte s’invite à la fête, le froid vient te geler les miches et les cerveaux déraillent, particulièrement ceux des détraqués. Je sais pas quelles connexions s’éteignent à ce moment-là, mais ils deviennent encore plus tarés qu’ils le sont de base. Je supporte pas cette période merdique, je préfère quand il fait chaud à en suer du fion rien qu’en te déplaçant pour aller pisser. Même si on ne va pas se le cacher, la chaleur aussi excite les dégénérés. Mais eh, même une gamine de six ans serait capable de les émoustiller ces enfoirés de psychopathes.

Je me demande si la scène que j’ai sous les yeux a de quoi les exciter ?
Moi elle me plaît pas du tout, du genre vraiment pas. Si j’étais pas autant habitué aux cadavres, je crois que j’aurais gerbé le sandwich englouti y’a même pas une heure avant de débarquer ici. C’est que j’ai  l’estomac sacrément bien accroché depuis le temps que je suis détective, surtout avec mon activité secondaire. Sang, cadavres, boyaux, tripes, cervelle, tronche horrifiée et évidemment le plus costaud de tous quand c’est ta première fois, cette odeur puante du corps qui pourri. A en juger l’état de celui-ci, je dirais qu’il est plus vraiment frais. Il est cané, aucun doute là-dessus, mais il est surtout en train de pourrir, en témoigne la tache verte appétissante sur son bide. Ce qui veut dire que ça fait au moins plus de quarante-huit heures qu’on s’est chargé de son cas, qu’on l’a gentiment laissé finir son bain, seul. Et surtout mort.

Madame Filemonsen avait raison de s’inquiéter, il est bien arrivé quelque chose à ce pauvre Martin. Quelque chose de sombre, tordu et dégueulasse, à l’image de cette face répugnante que peut prendre cette cité. Opale la Généreuse, c’est clair qu’ils ont le cœur sur la main ici quand il s’agit de zigouiller gratuitement des pauvres types. Et dire que cette pauvre vieille a ruiné ce qui lui restait de ses économies pour m’embaucher, pour que je retrouve la trace de son fils disparu dont elle n’avait plus de nouvelles depuis quelques jours. C’est la partie que j’aime le moins avec ce job à la con, quand tu reviens les pognes dans les poches, l’air con, annoncer la mort du proche mais que tu gardes quand même la thune parce que t’as besoin de pognon toi aussi.
J’ai besoin de fric pour continuer à m’empoisonner le corps avec de l’alcool. J’ai besoin de fric pour continuer à me foutre minable la nuit pour oublier les horreurs que je vois en faisant ce boulot de merde. J’ai besoin.

Et comme j’en ai vraiment besoin à l’instant même où mes yeux mirent la trogne livide de Martin, ma dextre plonge dans la poche intérieur de ma veste de costume, pour en retirer cette petite merveille de fiole que tout bon poivrot possède. Dévisse le bouchon, le regard presque aussi mort que celui de Martin, avant de porter le remède à mes lèvres et d’en boire une bonne gorgée. Liquide qui tabasse, coup de fouet psychologique et anesthésiant de la mauvaise pensée, je me laisse quelques secondes le temps d’apprécier les effets. Même que pour être tout à fait sûr que ça marche, je m’envoie une seconde rasade.
— Tu permets que je m’en allume une, Martin. Je pense pas que ça le fera chier de toute façon, vu la gueule de l’eau de son bain, c’est pas un peu de fumée de cigarette qui va lui pourrir les poumons. — Qu’est-ce que t’as bien pu foutre pour te retrouver dans un merdier pareil ? Le crime est quand même violent, quelque soit le motif. Et je suis pas policier, je sais pas interpréter les scènes de crime, mais j’en ai assez vu pour en remarquer le degré d’intensité. Gorge tranchée, veines des bras tailladées, carreaux de la fenêtre tapissés de giclée d’hémoglobine, baignoire qui dégouline de sang séché. Avec un peu d’effort on aurait pu croire à un suicide, mais le petit message au-dessus de son crâne, écrit avec son propre sang sur le carrelage de la salle de bain, balaie vite cette théorie.

ₜᵤ ₑₛ ₗₑ ₚᵣₒCₕₐᵢₙ

Une délicate attention. Qui en est le destinataire ? Aucune foutue idée. Peu de chance que ce soit moi, il aurait fallu que le meurtrier soit certain que je sois le premier à trouver ce type et surtout, qu’on me foute sur le coup. Probablement plus adressé à un de ses proches, mais qui ? Madame Filemonsen ? Qui pourrait en vouloir à une vieille peau sur le point de rendre l’âme ? Et surtout, qui serait assez impatiente pour pas simplement attendre que son heure vienne naturellement, ce qui m’a l’air d’être qu’une question d’années de mon avis.

Je me demande parfois si la folie des gens n’a aucune limite, ce genre de spectacle m’assure que non. Martin est foutu, mais Martin a été retrouvé. Ce qui suffirait pour que je décarre d’ici et retourne au bureau me retourner la gueule avec une bonne bouteille en attendant que la vieille Filemonsen repasse. Mais ce serait bien trop simple de m’en tirer aussi facilement, parce que je sais déjà comment vont se passer les retrouvailles avec elle. En apprenant que son fils a été assassiné, passé le choc de la révélation et si elle pète pas cardiaque sur le parquet de mon agence, elle va insister pour que je trouve le ou la coupable. Et c’est là, dès l’instant où elle aura formulé ce vœu, que mon second boulot interviendra. Le gratuit. Celui qu’il te suffit de me demander pour que je m’exécute. Même que bien souvent tu demandes pas, je le vois et règle le souci de moi-même.
Comme je le dis souvent, y’a pas mieux qu’un connard pour faire payer un salopard. Tous ces monstres qui tuent, qui violent et torturent, qui pensent pouvoir agir comme chez leur putain de mère, je viens toquer à leur porte pour leur faire payer leur dette. Et souvent, elle est méchamment salée.

Alors je vais nous faire gagner du temps et partir directement sur les traces de notre salopard.
Et pour commencer, il me faut une piste, une trace à suivre. Le message ensanglanté m’apportera rien, j’ai pas suffisamment de neurones à faire briller pour en déterminer un profil ou une autre connerie du genre. Par contre, je peux examiner un peu le cadavre. On dit souvent que les macchabés ne parlent pas, foutaises. Un livide est parfois bien plus bavard qu’un vivant, il faut juste savoir lui délier la langue. Alors mon petit Martin, j’espère que t’es pas du genre timide parce que c’est pour ta petite maman que je fais tout ça.
Éteignant la fin de ma cigarette dans l’évier sur ma droite, je dépose le mégot dans le trou avant de me rapprocher du corps, abaissant ma silhouette. Du bout de mes deux doigts, je décale la tête dans l’autre sens, pour mieux inspecter cette partie-là. La peau du visage ne présente aucune lacération particulière, aucune marque, juste du sang qui coulé. J’inspecte les bras, les mains, le haut du corps qui ne baigne pas dans ce mélange d’eau croupie et de sang. Mis à part les blessures déjà relevées plus tôt, rien d’anormal.

Je suis pas doué pour ces conneries.
Zieute un instant la pièce dans laquelle je me trouve, à la recherche d’un objet qui aurait pas sa place, qui aurait été ajouté ou déplacé, peut-être même modifié. Repousse momentanément la pensée qui m’assaille, cette réflexion qui vient un peu naturellement, la soif. Envie de replonger la mimine dans la poche de ma veste pour m’arroser encore le gosier. Mais pas maintenant, pas tout de suite. Il me faut un truc. Il doit bien y avoir un truc, ce message est pas là pour rien, pas tout seul. En général, ces détraqués aiment s’amuser avec leur audience, leur filer un truc à se mettre sous la dent pour entretenir l’espoir d’une piste à remonter. Martin se montre pas franchement coopératif, mais je suis du genre têtu en plus d’être con. Mon ex-femme me vantait souvent ces deux belles qualités durant nos disputes, me signifiant à quel point ça pouvait être exaspérant à la longue de me supporter. Sans doute pour ça qu’elle a fini par foutre le camp. Sans doute pour ça qu’elle… Bordel. Pas maintenant. Y repenser fera qu’attiser ce besoin maladif de boire, et j’ai pas besoin de ça maintenant. — Tu fais chier, Milja… C’est lâché dans un murmure à moi-même plus qu’à son attention, c’est pas comme si elle risquait de m’entendre là où elle est.

Que je finisse ici et que je me tire.
Si Martin ne veut pas me montrer ses petits secrets, que rien n’est visible de l’extérieur alors je vais procéder à une inspection de l’intérieur. Non, je parle pas de lui fourrer une main dans le derche pour en tirer un secret magique, mais de vérifier à l’intérieur de sa bouche si — Bingo. Juste là, sur la langue. Un symbole taillé à l'aide d’une petite lame.
Les secondes passent, des secondes d’observation dudit symbole.
Parce qu’il me semble familier ce foutu symbole, parce que j’ai l’impression que c’est pas la première fois que je le vois. Et surtout, parce que j’aime pas l’étrange sensation qui me prend aux tripes depuis que j’ai découvert ce putain de foutu symbole.

Je fouille, farfouille et trifouille dans les souvenirs flous d’une mémoire bien trop flinguée à mon goût. Me redresse, récupère finalement cette flasque de bourbon. Une gorgée de whisky pour vous électrifier le cerveau, rien de mieux pour retrouver la mémoire.

Bingo, acte deux. Un nom et un visage me percute le crâne alors que j’avalais l’alcool, manquant d’en recracher la moitié tellement c’est un pas souvenir agréable.

Bordel de merde, pas elle.
Jeu 7 Déc - 18:23

Sweet Darkside

ft Jabbar


« Monsieur Lestrade. Quel plaisir de vous voir ici. »

Ève frétillait sur le petit tabouret de velours, les coudes appuyés sur la table d’une roulette qui avait déjà bien tourné. Il semblait qu’elle eût un don pour débusquer ceux qui la regardaient un peu trop longuement. « Vous me cherchiez ? » demande-t-elle, tandis qu’un léger silence flotte entre les deux, et qu'Ève se plaît à laisser traîner. Il s’agirait là d’une accusation inconfortable pour n’importe qui qui n’avait pas été officiellement invité. Elle finit par le faire voler en éclats d’un sourire trop charmant, joliment mesquin.

« Oh, je me moque de vous, ne m’en voulez pas. C’est absurde, pourquoi me chercheriez-vous, après tout ? A moins que… » – elle lui coule un regard lourd de sens, le dévisage de haut en bas – « Je vous préviens, Détective, je ne suis pas ce genre de femmes. » Et la courbe de ses yeux signifiait alors qu’elle prenait un malin plaisir à le faire tourner en bourrique. Ève savait exactement pour quelle raison le détective se trouvait ici ce soir-même. Allons, Jabbar, je ne te ferais pas l'affront de te rendre la tâche trop facile.

D’une main accueillante, ses ongles parfaitement manucurés, elle tapota sur le tabouret libre à côté d’elle, invitant l'homme à la rejoindre en souriant. Elle jubilait.

« Vous aimez jouer à la roulette ? » – le croupier, un robot affublé d’un uniforme rouge, lui fait écho – « Faites vos jeux ! » et Ève attrape une poignée de jetons qu'elle place sur une sélection de cases, sans sembler y accorder la moindre importance. Elle ne jouait pas vraiment : elle récoltait son dû, avec une confiance agaçante au fond des yeux qu’on avait envie de balayer à coup de ne vend pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué.

« C’est l’un de mes jeux favoris, expliqua-t-elle, alors qu’on écoutait la bille rouler à toute vitesse dans le cylindre.

Saviez-vous qu’il a été inventé par Blaise Pascal ? Ça, on ne vous l’apprend pas à l’école. On préfère vous dire qu’il est le génie derrière la calculatrice. Histoire de vous montrer la voie de l’échec dès votre plus jeune âge. On cherche à tenir les gamins, le plus longtemps possible, très loin de toutes ces choses qui font du bien : le jeu, l’alcool, la drogue, le sexe. Les trucs de grands. Faut surtout pas en parler. C'est pourtant ces mêmes domaines qui brassent le plus d'argent, et ce depuis la nuit des temps. La bille continue de tourner.

Voyez par vous-même, plus personne n’utilise de calculatrice de nos jours. Non, aujourd’hui, les robots et leurs intelligences artificielles s’occupent de tous ces trucs barbants, sans la moindre valeur ajoutée. Elle jette un regard de pimbêche dédaigneuse au robot en face d’elle, qui faisait son job sans jamais se plaindre, pour appuyer son propos. Tandis que le divertissement… Ève esquisse un petit sourire en coin, éloquent.

Ça, ça ne disparaîtra jamais. Si ce pauvre Blaise savait qu’il s’agit là de son seul héritage… Il se retournerait probablement dans sa tombe, lui et ses mœurs irréprochables. On raconte qu’il a consacré une grande partie de sa vie à ramener les libertins dans le droit chemin. C’est amusant, n’est-ce pas ? L’ironie du sort, qui condamne le génie théologique de ce brave homme à l’oubli. Le Casino représente tout ce contre quoi il s’est battu : ici, l’alcool coule à flots, on s’endette pour un shoot de dopamine, et tous les clients puent le sexe avant la fin de la soirée.

La bille termine alors sa course effrénée sur l'une des cases.
Oh ! J’ai gagné, » déclame-t-elle d’une voix où il eût été vain de chercher la moindre émotion, ignorant complètement le discours qu’elle venait de tenir.

La vilaine récupère ses gains et compte chaque jeton un à un. On aurait espéré plus. Mais Ève n’est pas bête : elle sait que si elle rayonne trop de par ses victoires, on la sortira du Casino. Alors, elle mise toujours plus bas. Évite certains tours.

Elle croise ses jambes avec légèreté et fait pivoter son tabouret pour faire face au détective. Ses yeux le dévisagent, lui et sa barbe Mutton Chops, sa pâleur, et la sueur qui goûte sur son front. Une petite moue dubitative, dégoulinante de dégoût, tord ses lèvres mauves. « Vous ressemblez franchement à un pédophile avec cette barbe, on vous l’a déjà dit ? Ça fait coquin, mais vraiment pas  dans le bon sens du terme. » et elle le disait comme s’il s’agissait de la plus grande des banalités, et non d’une confession inavouable que l’on gardait pour soi, pour se moquer auprès de ses amis. Par la même occasion, Ève laissait ainsi entendre qu’elle ne cherchait pas à se faire apprécier. Au contraire, elle semblait sincèrement préférer qu’on la prenne pour une connasse. « Ma mère m’a toujours dit qu’à partir du moment où il est rasé, et à défaut de réelles qualités, un homme peut toujours passer pour intelligent. Vous devriez y songer. » Un petit sourire malicieux sur le bout des lèvres, comme un chat qui s’apprête à jouer avec une souris, elle vient tapoter gentiment le genou du quarantenaire, histoire de se faire pardonner pour son indécrottable impertinence. D’un revers de la main, elle balaye la chose, l’air de dire : oh, ce n’est qu’une petite boutade, ne soyez pas susceptible.
Autour d’eux, on continue de jouer, sans leur prêter attention. Ève, quant à elle, dévisage l’homme sans pudeur et son regard se pose et s’appuie sur la forme de la fiole qui se dessine sous le tissu de sa veste.

Une diablerie scintille au fond de ses yeux. « Vous, vous n’auriez pas été copain avec Monsieur Pascal, » minaude-t-elle, faussement moralisatrice. Alors, Jabbar, on s'paye un p’tit coup au boulot pour faire passer le temps plus vite ? Un rire peu subtil s’échappe de ses lèvres, histoire de sceller cette connivence qu’elle lui impose. « Ça donnerait presque envie de vous sauver. Pas de l’alcool, on fini tous addict à quelque chose, mais de cette tristesse résignée qui vous colle à la gueule. Ne vous en faites pas, je n’ai aucunement l’intention de vous traîner devant le tribunal de votre propre conscience. Personne n’apprécie vraiment l’expérience. Oublions Blaise et ses grands principes moraux, vous m’avez moi, comme amie. Au moins pour la soirée. » ajouta-t-elle comme pour préciser : tout de même, je vous apprécie mais pas à ce point. « Que buvez-vous ? »

Loin, très loin, se tenait la scène de crime qu’avait découverte le détective quelques heures plus tôt.
Pour Ève, c’était déjà il y a une éternité.
Elle avait presque oublié.

On la voyait jubiler, les fesses posées délicatement sur son petit tabouret en velours, le corps confiné dans une jolie robe noire en fourreau, très élégante – le genre pétasse au bureau – emmitouflée dans une fourrure qui devait valoir une fortune et qui coulait mollement sur ses épaules. Elle s’amusait comme une petite folle. Transpirait une insolence presque touchante, mélangée à cette sincérité désarmante avec laquelle elle soutenait le regard du détective. Et pour ça, il était difficile de l’imaginer coupable des affreuses horreurs dont on l’accusait.
Lun 11 Déc - 10:11

— Mademoiselle Cattermole. Un plaisir évidemment pas partagé. Quelle sombre poufiasse, cette femme. C’est la première pensée qui me traverse la caboche pendant qu’elle me dégueule son numéro de la petite peste pimbêche et satisfaite. Un numéro qu’elle maîtrise évidemment à la perfection, à force de le poncer, il faut dire que c’est pas la première fois qu’on se croise, tous les deux. Et comme à chacune des fois où je suis allé la confronter, j’ai cette désagréable sensation dans le bide. Quelque chose qui s’explique pas, sans doute une sorte d’alerte interne, mes tripes qui me disent de pas me fier à cette garce, de pas la laisser m’embobiner ni jouer avec mon crâne. ‘Faut dire que je suis une proie relativement alléchante pour ce genre de psychopathes, un esprit fracturé et un cœur brisé, c’est écrit sur ma tronche que je suis au fond du trou et que je continue de creuser.
Ève Cattermole aime autant jouer avec ma tête qu’elle doit aimer jouer avec ses petits doigts le soir, sous les draps. Et si c’était pas tant une pourriture, si elle me donnait pas tant l’envie de lui gerber à la gueule, je pourrais peut-être trouver ça excitant. Mais tu connais la chanson, quand y’a bien trop de si, tu peux aller te faire foutre. Et l’envoyer se faire mettre, c’est exactement ce que j’ai envie de faire avec Mademoiselle Cattermole, qui dans sa vie a pas dû se faire cogner suffisamment dessus pour apprendre à rester humble. Jubiler devant le type qui pourrait te briser la nuque sur un coup de sang, c’est pas l’attitude la plus intelligente que j’ai vu. C’est le problème avec ces fous, une fois qu’ils ont franchi la ligne, qu’ils ont zigouillé quelqu’un et surtout, qu’ils se sont pas fait prendre, ils se sentent plus pisser. Et si j’en crois ma petite intuition qui me dit que Eve est loin d’en être à son premier meurtre, son attitude de petite connasse victorieuse et intouchable colle parfaitement au profil.

Vous imaginez pas ce que c’est bon de les dégommer, ceux-là.
Quand tu les attends au beau milieu de la nuit, alors qu’ils rentrent chez eux insouciants, s’imaginant avoir encore une fois échappé à la justice, presque sifflotant une mélodie. Quand tu surgis de la pénombre pour leur abattre ta paire de battoirs sur le minois, écraser os et fierté par de grands coups vengeurs. Qu’ils se rendent compte que le pauvre petit détective dépressif qui est venu se présenter à eux, poser ses questions et qu’ils ont pris de haut, jubilant de le voir repartir la queue entre les jambes sans rien d’autre que des soupçons, en a absolument rien à foutre d’attendre une vraie condamnation pour t’éclater la tronche. Que c’est à peine s’il s’embarasse d’avoir des preuves concrètes sur ton cas si son flair lui intime de te démolir.
Mes yeux fatigués s’arrêtent sur les ongles qui tapotent le tabouret, une invitation à la rejoindre. Si j’aime la roulette ? — C’est un foutu jeu de merde, mais il vous va bien. Simple à prendre en main, ennuyeux à en crever. Le genre sur lequel on s’attarde quand on a rien d’autre à foutre. Le genre de jeu sur lequel je m’arrête jamais quand je vais dans un casino, si c’est pour m’emmerder en plus de perdre mon pognon, autant directement aller me faire pomper le dard par une pierreuse. — Pas surprenant. Non, ça m’étonne pas qu’un tel jeu à la con soit son petit favoris.

Quand elle commence à me parler d’un type nommé Blaise Pascal, je sens que je suis bon pour me taper un monologue merdique digne d’un bon psychopathe qui adore s’écouter parler. Alors je vais la laisser jacter autant qu’elle le souhaite, c’est pas comme si j’en avais quelque chose à branler de ce qu’elle me raconte de toute façon. Si j’ai posé mes miches sur le tabouret et mes coudes sur le rebord de la table, j’ai pas pour autant de jetons à parier. J’en ai de toute façon pas envie, me contente simplement de suivre cette foutue bille à la con tourner.
Sur ma gauche, j’ai un type possiblement plein aux as qui racontent à la poufiasse sur ses genoux, probablement avec lui uniquement pour lui sucer tout son pognon en échange de lui vider les burnes quand l’envie vient à sa pompe à fric, comment il est devenu riche. La clé du succès en quatre étapes, comment passer d’une sombre chiasse insignifiante à une personnalité outrageusement célèbre en un claquement de doigts. Garantie sans conneries, y’a même un putain de manuel qui en atteste.
En face, j’ai le son de la bille qui se balade frénétiquement sur la roulette, accompagnée de la voix faussement enjouée et fatalement agaçante du croupier qui anime le tout. Un type dont tout le monde se fout de savoir comment il s’appelle, qui est là simplement pour te dire quelle case, numéro ou couleur t’as fait perdre ou gagner du pognon supplémentaire. Un type que t’insulteras en te faisant virer du casino quand t’auras tout claqué comme un mongole dans cette foutue roulette à la con. Quand ta maman te disais que les jeux d’argent c’est le mal, il fallait l’écouter sac à merde.
Enfin à ma droite, j’ai Mademoiselle Je-pète-plus-haut-que-mon-Derche en train de me déballer sa science sur le Père Blaise, les calculettes et les robots, sans même me soucier de savoir si j’en ai quelque chose à carrer de subir ça. A un moment j’ai levé un sourcil, j’ai cru entendre libertins et je me suis demandé ce que ça venait foutre dans son monologue. Ca aurait été con de louper le seul moment intéressant dans ce flot de merde qu’elle débite. — Pauvre Blaise, hein.

Ouais je sais, j’ai pas fait d’effort. Mais j’en ai pas vraiment envie aussi, je suis pas venu jusqu’ici pour l’écouter me déballer sa merde sans doute chiée d’un foutu bouquin ouvert y’a deux heures. Regardez-la ramasser ses jetons et les compter les uns après les autres, ça me donne envie d’envoyer valdinguer son tapis à travers la salle d’un bon revers de main, histoire de la calmer un peu. Depuis que je suis arrivé, elle fanfaronne, elle s’amuse, se permet de jouer avec le feu, d’en attiser les flammes. Je me demande si elle est assez naive pour me croire incapable de lui exploser le crâne contre la table de jeu ou lui faire sauter le caisson d’une bastos. Je me demande si elle voit derrière les fringues et l’attitude du détective, je me demande si elle ressent le danger à ses côtés. Est-ce qu’elle s’imagine tous ses démons en moi, qui me bouffent depuis des années déjà ? Contre lesquels je lutte chaque instant pour pas les laisser m’avoir ? Est-ce qu’elle a la moindre idée de la connerie que c’est que de jouer avec un foutu monstre comme moi ?

Dis-moi, Ève Cattermole, sale poufiasse de mes deux, qu’est-ce que tu vois quand tu me mires comme ça, avec ton petit air perplexe ?

Un pédophile ?
J’ai l’air d’un foutu détraqué enfileur de mioches avec ma barbe ? Elle se fout de ma gueule cette connasse ?
J’encaisse le coup, il est violent je l’avoue. Cette barbe j’en suis fier, y suis attaché. Elle a fait mon succès dans le temps et c’est en grande partie grâce à elle si j’ai séduis Milja à l’époque. Une femme de goût, contrairement à la garce qui se tient face à moi, incapable de ressentir le charme d’un homme quand il dégouline sous son museau. Mal au cœur donc, mal à la tête aussi. J’avoue que ça m’a gonflé de prendre cette balle pleine tronche sans l’avoir vu venir. Les pognes se sont refermées, tremblotantes et la mâchoire s’est crispée. Quand tu me vois pas affiché cet air naturellement blasé qui me caractérise, c’est souvent parce que la colère a pris le pas. Et c’est le cas, durant quelques dizaines de secondes. Un temps durant lequel je m’enferme dans un mutisme salvateur, j’ai pas envie de péter un plomb ici et être catalogué de criminel. Je lui ferai pas ce plaisir.
Non, à la place je prends le temps de m’allumer une clope. Pas besoin de demander la permission à qui que ce soit à cette table, je les emmerde. J’ai jamais demandé la permission avant de fumer et c’est pas ce soir que ça va commencer, surtout pas maintenant. Le tabac est une pute, je suis bien d’accord, mais il sauve aussi parfois des vies. Ici, celle de cette charmante Ève, qui enchaîne, insouciante. Je laisse faire, prends une bonne bouffée de nicotine et la retient enfermée à l’intérieur pendant un instant, qu’elle fasse son effet, avant de la recracher lentement, un poil plus apaisé. — Attaquer ma barbe c’est moche, Mademoiselle Cattermole, même pour vous. Puis bon, on dirait qu’un rouquin vous a éternué sur la fiole avec vos taches de rousseur plein le tarin et pourtant j’en fait pas une histoire. Alors remballe ton dégoût et viens pas me faire chier là-dessus, parce que je manque pas de mordant moi non plus. — Et votre mère sait de quoi elle parle, je suis d’accord, c’était toujours bien taillé par en bas. Celle-là tu la comprendras ou pas, mais elle m’est venue toute seule, glissante comme couper du beurre. Quelle connerie quand même de ramener sa mère dans la conversation, la pauvre y est pour rien si sa fille est une véritable pourriture ambulante. M’enfin, au moins elle est prévenue, je m’en cogne de ses petits sentiments.

De fait, qu’est-ce que je peux en avoir à foutre que Pascal et moi on aurait pas été les meilleurs amis du monde ? C’est censé m’ouvrir un second trou de balle ou m’empêcher de pioncer la nuit ? Non parce que de ce côté j’ai déjà mon truc et il est efficace.
— Croyez-moi, même si vous le vouliez vous n’y arriveriez pas. Et surtout, à fouiller dans ma cervelle, vous en ressortiriez plus traumatisée que réellement utile. Et vous m’avez franchement pas l’air d’avoir besoin de plus de soucis. Et moi non plus à vrai dire, mais j’ai pas choisi les bons boulots pour ça. Et l’avoir en amie, même pour une soirée, ça m’a quand même tout l’air d’être une bienne bonne idée de merde. Elle me laisse sur le cul quand même cette femme, et ça depuis notre première rencontre. Elle est tellement arrogante et sûre d’elle, certaine que je finirai jamais par la coincer et lui faire payer qu’elle se permet de plonger les mains dans les flammes, et d’y aller avec enthousiasme en plus. Mais son arrogance m’offre l’opportunité d’essayer d’en savoir plus sur ce qui est arrivé à Martin et surtout, de confirmer que ce petit symbole sur sa langue c’est bien un de ceux qu’elle apprécie laisser sur le corps de ses victimes.

Parce que oui, aussi douée qu’elle soit dans son petit numéro de parfaite petite innocente, ça marche pas sur moi. Et je finirai par l’avoir. — Un whisky, sec. Alors en attendant, je vais jouer le jeu et la supporter pour la soirée. Elle finira bien par se griller, tôt ou tard.

J’espère juste qu’elle aura pas grillé mon crâne avant.
Mer 13 Déc - 17:50

Sweet Darkside

ft Jabbar


C’était trop facile, bien trop facile de deviner ce qu’il se passait à ce moment dans le crâne de cet affreux Jojo. Il menaçait presque d'éclater et Ève se demandait combien de temps cela prendrait, et ce que ça lui coûterait. Voilà que ses instincts se réveillent, tandis qu’il serre le poing pour mieux les contrôler. Il s’agit alors de tenir la « bête » bien en place. Ça, Ève ne le sait pas encore, mais c’est tout de même un spectacle délicieux que de voir un homme enfouir chacune de ses pulsions au plus profond de lui-même. Tant de maîtrise contenue à la gloire de prétendre être un type bien.

Mais tu ne l’étais pas vraiment, pas vrai Jabbar ? Et tu as envie que je vois en toi l’homme dangereux. C’est que ça te fait vivre.

Elle pose son petit menton dans la paume de sa main, et ses doigts pianotent doucement sur sa joue. Il fallait l’admettre, Ève joignait des talents supérieurs à se montrer vilaine et son sourire amusé, vaguement cruel, aurait redonné des couleurs à n’importe qui. Son regard glisse ostensiblement sur le poing qui tremble, avant de replonger dans les petits yeux de son interlocuteur. Eh bien Détective, je vous donne des envies de meurtres ? On est pas si différents, finalement, tous les deux. Je comprends Jabbar, il faut que tu me détestes, au moins pour la forme. Après tout, c’est moi la méchante de l’histoire. Elle visualise volontiers toutes les brutalités qu’il imagine, et la correction qu’il se plaît à lui donner dans son esprit. Il aimerait sûrement qu’elle joue de rôle de la femme impressionnée, qu’elle fasse mine de craindre la punition. Dis-moi, Jabbar, ta femme aussi, tu t’imaginais la battre lorsqu’elle refusait de te servir ton whisky ou de te téter le bout de la queue à la fin de la journée ? Ou bien te démontrait-elle une jouissance servile à servir de paillasson à chacune de tes humeurs ? Il parait que le monde appartient aux femmes qui jouent le jeu... Ou peut-être que je me trompe sur toute la ligne. Peut-être que tu lui laissais te lécher les tétons pour lui faire plaisir. Ève se retient de glousser à l’idée. Ça l'amuse autant que ça la dégoûte.

À son habitude, elle analysait les traits de son interlocuteur, mesquine, tandis que lui, se demande combien de claques lui faudrait-elle recevoir pour se montrer docile. Le problème d’Ève, c’est que se faire cogner, haïr et mépriser, ça attisait ses discordances. C’était une guerre qu’on ne pouvait pas gagner, et ses parents l'avaient compris bien assez tôt. La mioche, c’était un casse-couille de première. La manifestation physique de l’emmerdement. Ça la rendait folle de joie de provoquer jusqu’au point de non-retour. Alors, il fallait volontiers s’imaginer que le danger, ça l’excitait. C’était grisant de titiller l’ego d’un homme qui pouvait vous écraser comme un cafard sur le mur d’une cuisine et de le voir se retenir de le faire.

Il ne tarda pas à contre-attaquer et Ève arqua un sourcil, sans chercher à masquer le plaisir que lui procurait le sens de la répartie du détective. Au lieu de lui foutre son poing dans la gueule, il décide de jouer avec elle, et ça lui plaît. Elle l’écoute, très attentive, tandis que ses lèvres s’étirent de part en part. La vilaine le cajolait de son éternel sourire de garce pas tout à fait innocente. De quoi rendre dingue. J’ai touché la corde sensible ? C’est de bonne guerre, Jabbar. Ça me donne presque envie de recommencer…

« Ça ne m’étonne pas. Vous avez la gueule que seule une mère pourrait aimer. »

Visiblement, l’idée qu’il puisse la briser comme une vulgaire poupée n’avait eu aucun effet sur son impertinence. Qu’est-ce qu’on s’amuse, n’est-ce pas ? Ève, du bout des doigts, fait un petit signe au serveur. Le garçon s’empresse de venir prendre la commande, avec un enthousiasme qui éveille la curiosité. Courait-il après les pourboires généreux qu’elle lui laissait, ou bien avait-elle déjà couché avec lui après le service ?

« Deux whiskies, demande-t-elle, un petit sourire tendre sur les lèvres et du velours dans la voix. Cette peste savait se faire apprécier, quand elle voulait. Ses yeux glissent sur le détective assis à côté d’elle.

Secs. S’il te plaît. »

Évidemment, il avait fallu que Jabbar lui déconseille de fouiller dans sa tête, ce qui, de son point de vue, prenait des airs de défis. Après tout, pour faire un boulot comme celui-là, fallait avoir l’estomac bien accroché. Ce n’était pas à la portée de n’importe qui de pouvoir marcher sur les scènes d’un crime et ressortir, l’air de rien. Il y avait des choses qu’on ne pouvait pas oublier, une fois qu’on les avait vues, et les cadavres flottaient autour du détective comme des fantômes étrangers. C’était l’ironie de la chose, ils le hantaient lui, et pas elle. Rien que pour ça, Ève ne parvenait pas réellement à lui en vouloir d’essayer de la coincer. Le regard qu’elle lui adresse est différent, durant l’ombre d’un instant. Espérait-il qu’elle s’attendrisse de ses révélations ? Mais la jolie brune retrouve son naturel dès lorsqu’on pose devant eux deux verres de whisky bien remplis. Il faudra plus que ça.

La diablesse lève pacifiquement son verre à bonne hauteur. Elle bat des cils lorsqu’elle prononce « santé » et que ses yeux brillent d’une complicité sadique. Elle aurait mieux fait de lui souhaiter la réussite, ou encore que le meilleur gagne. Mais il s’agissait là qu’une manière de plus – certes perverse – de lui mettre le nez dans la merde, lui rappeler qu’il avait été complètement amoché par la vie, que ça se voyait et qu’elle n’avait aucunement l’intention de l’aider. Au contraire même. À cet instant, on aurait pu jurer qu’elle avait été envoyée sur terre uniquement dans le but de l’enfoncer davantage. Tout ça, rien que pour toi, mon affreux Jojo. Ne te lamente pas trop longtemps sur ton sort, veux-tu, personne n’aime les hommes qui geignent tout en dégueulant leur virilité sur qui daigne bien les écouter. Mais je respecte. C’est tout bonnement stupéfiant que vous ayez pris le temps de regarder à l’intérieur de vous-même. Ça prouve des capacités d’introspection qui échappent à la quasi-totalité du commun des mortels. Clap clap, j’applaudis, Monsieur Lestrade. Fallait bien lui accorder, il y avait presque quelque chose de séduisant au petit numéro du quarantenaire abattu par la vie et ses épreuves. Il paraît que 80% des femmes préfèrent les moches – une aubaine pour ta catégorie. Comme s’il y avait une espèce d’attrait à laisser sa chance à un laideron. On se dit qu’eux, ils font de leur mieux, parce qu’après tout, ils ont tout à prouver.

« Allons Détective Lestrade, dites-moi donc ce que vous êtes venu faire ici. » Ève laissait peu de place à la suggestion, mais il fallait bien arrêter de tourner autour du pot afin de tirer au clair les véritables intentions du détective. Une étincelle se met à briller dans ses prunelles grises, tandis qu’elle fait mine de se remémorer leur dernière rencontre.

« Oh, de quoi allez-vous encore m’accuser ?! Elle échappe un petit soupir ironique.
Qu’ai-je donc fait, cette fois-ci ? Combien de jeunes vierges ai-je égorgé pour me couvrir le corps de leur sang ? À quel genre de messe noire ai-je encore participé ? Non vraiment, racontez-moi. J’adore écouter vos histoires, vous faites preuve d’une imagination débordante ! Je suis bien plus intéressante lorsque c’est vous qui me décrivez. Dites-moi tout. »

Dites-moi tout à propos de Marty… ? Martin ? Peu importe son nom. Vous savez, il le méritait. C’était un sacré connard. Sa mère ne vous a pas dit qu’il lui collait la gueule dans l'entrebâillement d’une porte pour la claquer si elle refusait de lui donner de l’argent ? Vous n’avez pas remarqué les ecchymoses quand elle est venue vous voir ? Elle, par contre, ne le méritait pas. De perdre un fils. C’est triste, mais je vous assure, elle se portera bien mieux sans lui. C’est une femme bien, elle. Pas comme ce con de Martin. Pas comme moi. Ni comme vous.

C’est drôle parce que personne n’a demandé au Détective Lestrade d’enquêter sur lui. C’était un salopard, il avait le charisme d’un beignet, mais il n'était pas complètement crétin. Il avait compris qu’il valait mieux trouver des gosses qui n'avaient pas de famille, ceux que personne ne réclamerait. Tu me trouverais plus sympathique, si vous savais tout ça ? Il ne faut pas, je ne l’ai pas choisi par conviction. Non, cette espèce de gland s’est littéralement jeté dans mes bras. Je n’avais pas d’autre choix. J’ai un cœur, tu sais. Quand on me supplie, je finis par craquer.

Ève estimait avoir fait un cadeau au reste de l’humanité en rayant de la carte cette sombre merde. Elle s’étonnait même qu’on ne la remercie pas pour ses services. C’était injuste. Elle avala une gorgée en honneur de son propre mérite, laissant l’empreinte de son rouge à lèvres sur son verre, avant d’ajouter :

« Non mais, vraiment… On vous prend réellement au sérieux avec vos rouflaquettes ? On dirait Wolverine, mais version frigo. Sérieusement, c’est horrible, il faut vraiment faire quelque chose. Je dis ça pour vous. J’vous assure, même à l’époque, il n’y a pas une seule femme qui trouvait ça sexy. »