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En quête de vérité

En quête de vérité Brandw10
Sam 4 Nov - 0:30

Tu comptes vraiment te lancer à la recherche de ce type ? Il doit se savoir traqué depuis la dernière fois, dit la Nebula, manifestement agacée par cette traque.
- Cela fait plusieurs semaines depuis la dernière fois, il m’a probablement oublié. De plus, il ne sait absolument pas qui je suis. En d’autres termes, ma chère, c’est moi qui mène la danse, rétorqua le vagabond non sans une pointe de satisfaction.

Œil-De-Nuit, la forme matérialisée du Change-Peau, s’était posté devant la propriété du Lord Vesper. Il n’y était toujours pas revenu, tandis que des hommes avaient remis de l’ordre dedans. En effet, quelques semaines plus tôt, Artémis et une certaine Aelys, s’étaient mis en tête d’en découdre avec le monsieur pour des raisons bien différentes. Si la demoiselle avait disparu et semblait avoir abandonné ses recherches, l’homme aux cheveux d’albâtre était de son côté bien déterminé à aller au bout de son objectif. Cette absence du propriétaire de ce domaine signifiait qu’il était soit en voyage, soit dissimulé dans une autre demeure en sa possession.

La bonne réponse semblait être la seconde. Le baron travaillait beaucoup avec la pègre et Artémis savait où cherchait les malfrats avec lesquels il s’acoquinait. Dans les bas-fonds d’Opale, dans une des tavernes les moins fréquentables de la capitale, le vagabond s’était installé à une table, encapuchonné sous sa cape, afin d’écouter les nombreuses conversations. Il y passa beaucoup de temps avant d’obtenir un soupçon d’informations exploitables. En fait, les seules choses recevables furent les propos d’un type concernant un retour du lord dans sa demeure. Artémis aurait pu s’arrêter et patiemment attendre son retour. Mais non. Un retour préparé signifiait beaucoup d’hommes pour assurer la sécurité. Le même type était de bonne humeur car les affaires allaient enfin reprendre. C’était suffisant. Le vagabond quitta le bar.

Il resta non loin de l’entrée, légèrement enfoui dans une ruelle qui donnait un visuel à l’entrée de l’établissement. Patiemment, comme le ferait Œil-De-Nuit, il attendit de la voir sortir pour la suivre jusqu’au moment opportun. Une vingtaine de minutes plus tard, l’homme sortit joyeusement, accompagné de quelques copains, tous un peu éméchés. Le Portebrume les suivit de loin, dans ces rues crasseuses des bas-fonds de cette ville pourtant si riche. Si le groupe se scinda après quelques minutes, la cible se trouvait toujours accompagnée d’un compagnon. Pourtant, la rue se trouvait vide et c’était le moment parfait pour mordre. Tant pis. Il dégaina une dague et s’empressa, à pas de loup, de se placer au dos du premier qui perdra la vie. Il l’égorgea sans aucune hésitation. De sa main libre, il dégaina son épée, bien plus longue, qu’il pointa à la gorge de sa cible.

« Un mouvement, un son, tu te retrouves avec cette pointe au fond de la gorge, compris ? Cligne deux fois des yeux si c’est compris. »

Le pauvre criminel, pourtant si effrayé que cela, cligna deux fois des yeux.

« Bien. J’aurais quelques questions à ta poser avant de te laisser filer. »

Impatient, Artémis saisit brutalement l’homme par le col et l’attira dans une sombre ruelle, à l’abri des regards indiscrets.


Dernière édition par Artémis De Goya le Mar 26 Déc - 15:00, édité 1 fois
Mar 26 Déc - 11:33


« Où se trouve Lord Vesper ? », demanda franchement, sans détour, le vagabond à son nouvel ami. Ce dernier se décomposa totalement. Artémis comprit aussitôt. « Je… Je l’ignore, monseigneur. Je vous l’jure ! »

Deux options : la violence ou la bienveillance. Pour le premier tour, le vagabond jugea bon de rester bienveillant. A son expression, il était évident que le badaud ignorait la position actuelle du Lord.

« Alors, peut-être sais-tu où se déroulera votre prochaine rencontre ? »

Cette fois-ci, le visage du badaud s’assombrit. S’il ne disait rien, il était mort. S’il parlait, il était probablement, d’une façon ou d’une autre, mort également. Mais la seconde option laissait peut-être une chance de s’échapper.

« Dans deux jours, au bois de Lavill, mon-monseigneur. Mais il y aura du monde ! Beaucoup de monde ! Il recherche ceux qui l’ont expulsé de chez lui avant d’avoir la garantie de pouvoir y retourner. »

Un sourire carnassier dessina soudain le visage de l’homme aux cheveux d’albâtre.

« Il semblerait que je sois, de près ou de loin, lié à l’expulsion de ton chef. Autant me rendre à lui directement, qu’en penses-tu ?
- Mais… Mais vous allez vous faire tuer, monseigneur. Là-bas, ce ne seront de faibles comme moi.
- Que le diable m’emporte si je meurs des mains d’un Homme. »

Artémis ne sentait pas au-dessus de son espèce, mais il s’est toujours imaginé mourir des mains d’une entité bien plus terrifiante.

« Merci pour ces informations, mon brave. Si je puis me permettre un conseil, n’honore pas ce rendez-vous de ta présence. »

Le vagabond lâcha sa prise et disparut aussitôt dans le brouillard des bas-fonds, laissant le badaud pantois. Si son esprit n’était pas des plus vifs, il réalisa aisément la boucherie à venir. S’il ne pouvait anticiper l’issue du résultat, il sentait que les pertes seraient grandes. Dans le regard l’homme qui l’avait bloqué dans cette ruelle, flamboyait une volonté inébranlable. Qu’avait fait Lord Vesper pour se faire un tel ennemi ?

« Tsst ! Hors de question que j’me rende au bois ! J’ai une femme et des marmots, merde ! », pesta le badaud en courant, fuyant cette ruelle sinistre, peut-être même son affiliation à ce Vesper.


Mar 26 Déc - 13:13


Deux jours plus tard, en soirée, dans les bois de Lavill.


Brrrr… Tes stupides décisions me font froid dans le dos, Artémis. Quel est l’intérêt de cette quête de vengeance ? Les ambitions humaines ont toujours été un mystère sans nom.

« Si tu n’avais pas tenté de me dissimuler la vérité durant toutes ces années, nous n’en serions peut-être pas là, Nebula. Maintenant, ferme-la. »

Au fond de lui, un loup hurla de joie à cette réplique. Le vagabond, perché à un arbre, identifia la topologie de ces environs qu’il connaissait déjà par cœur. Etant donné l’importance du rendez-vous, le nombre de partisans sera relativement élevé. Mais dans un lieu aussi étroit, le nombre n’était pas nécessairement un avantage. La météo n’était pas très clémente non plus. Aux pieds de l’arbre sur lequel il était posté se tenait son pégase.

« L’ennemi est déjà en approche. File te cacher, Ablette. »

La femelle cabra et galopa vers une direction plus sûre. La traque commença sans plus attendre. Plutôt que d’attendre que tous se rassemblent, Artémis décida d’éliminer les premiers arrivants, ceux qui foulèrent cette forêt les premiers. Il sera aisé de dissimuler les cadavres. Le bois de Lavill était presque une île, coupée de la terre ferme par le Dain et Le Lavill. Isolé de tout, les renforts – s’il y en avait – auraient du mal à intervenir rapidement.

La chasse débuta. Discrètement, l’homme aux cheveux d’albâtre sortit d’un arbre, se faufila derrière un homme et l’égorgea. Le corps s’écroula, Œil-De-Nuit le tira pour le dissimuler, tandis que le Portebrume s’occupait déjà du second larron. Cette fois-ci, ce fut au tour de son Yearrk, invoqué pour l’occasion, qui tira son repas du soir, avant de s’évaporer. Mais il ne fallait pas attirer l’attention par une élimination drastique des hommes. D’autant plus qu’ils arrivaient en plus grands groupes. Ils cessèrent leur chasse et suivirent le amas dans la pénombre. Grâce à l’odorat de son loup, Artémis pouvait les suivre d’assez loin. Suffisamment pour ne pas être repéré. Lord Vesper était dans le lot, il sentait son odeur.

Etonnamment, ils placèrent face à l’homme d’affaires, qui se trouvait à la pointe de la forêt. Etonnant, car ce positionnement facilitait grandement le travail du vagabond. Il ne restait qu’une seule direction pour fuir. Ils se sentaient tous intouchables. Ils étaient une trentaine d’hommes. Le discours commença sans plus tarder. Comme prévu, Vesper ordonna de sécuriser à tout prix son manoir et de retrouver les troubles fêtes de la dernière fois. Une prime serait attribuée si les coupables étaient retrouvés. Quelques abrutis se frottèrent les mains. Ils n’obtiendront rien de plus que la mort. Artémis caressa d’une main son loup, et de l’autre son Yearrk.

« Quartier libre. Eliminons toutes ces raclures. Naturellement, vous pourrez manger tout ce qui se présentera à vous. », dit le dresseur.

Le canidé et le prédateur se léchèrent les babines. Il déplia ensuite sa mitrailleuse Dexar. Le loup et le Yearrk décampèrent à toute vitesse. Le vagabond visa minutieusement un groupe et pressa sur la détente. Les victimes tombèrent comme des mouches. Il se déplaça pour changer d’angle, toujours dissimulé derrière les arbres, tandis que de son côté, Œil-De-Nuit, avait bondit sur un badaud. D’autres voulurent le soutenir, mais le Yearrk arracha la tête de l’un d’entre eux. Le Portebrume reprit les tirs. Les cibles tombèrent comme des mouches, le nombre diminua drastiquement.

Un sifflement, les deux mammifères se dispersèrent, laissant leurs proies dans la crainte et l’incertitude. Ils se regroupèrent bêtement pour voir les assauts venir. Hélas pour eux, ils formaient une cible parfaite pour un tireur amateur. Sans hésiter, Artémis tira sur le regroupement. Finalement, l’un d’eux évoqua l’absurdité de se regrouper et fonça vers le tireur sur le temps de rechargement. L’ermite prit la fuite en rechargeant son arme à feu. Alors qu’ils le poursuivaient, ils furent interceptés par un loup blanc, affamé, qui se battit avec rage, rapidement soutenu par son camarade, la gueule en sang. Et ce n’était pas son sang.

Une dernière salve fut tirée, des hommes tombèrent, mais il en restait encore une quinzaine. Il replia son arme, dégaina son sihil et posa sa main libre à terre. Le cristal de Cognition activé, Artémis eut une rapide vision du futur, des coups à venir, qu’il tenta de mémoriser le plus rapidement possible. Epéiste de formation, il s’apprêtait à le démontrer. Des mouvements d’une agilité féline, sa lame trancha avec une fluidité impressionnante. Il esquiva des coups, élimina des hommes alors qu’ils armaient leurs coups, comme s’il devinait les actions. C’était presque la vérité.

Mais les balles qui le percèrent, derrière les cinq hommes qui lui faisaient face, il ne les avait pas vus venir. Lord Vesper en personne avait profité du capharnaüm pour saisir l’occasion, à une si courte distance, de tirer sur sa cible. Alors qu’il venait de recharger son arme et de recommencer, les hennissements d’un cheval l’interrompit. Ablette, le pégase, fonça à toute vitesse, tête baissée, assenant un violent coup de sabot au tireur. De son côté, Artémis eut le temps de soigner ses blessures grâce à son cristal de Guérison. Entourés d’un loup, d’un Yearrk, d’un pégase et d’un Portebrume bien trop dangereux, les badauds baissèrent les armes. Mais Artémis l’avait annoncé à ses amis :

« Pas de quartier. », lança-t-il d’une voix plus glaçante que la glace qui recouvrait le sol.

Il ne restait plus que Lord Vesper, qui dissimula du mieux possible sa peur. Mais dans ses yeux, si on prenait le temps de les fixer, on pouvait y apercevoir une lueur de désespoir. Cette lueur, l’homme aux cheveux d’albâtre comptait s’y accrocher fermement.

« Lord Vesper, maintenant que nous sommes enfin tranquilles, j’aimerais vous poser quelques questions. Si vous coopérez, cela ne devrait prendre que quelques minutes. Sinon, on prendra le temps de discuter des options possibles. », conclut-il en rangeant son sihil et en saisissant ses deux dagues, le regard brillant de malice.



Mar 26 Déc - 16:50


« Voilà bien longtemps que j’attendais ce moment, Lord Vesper. », fit le vagabond et frottant ses deux dagues entre elles, sans même prendre la peine de regarder sa proie.

Ce dernier frissonna en imaginant ce qui allait probablement lui arriver.

« Mais qui êtes-vous, bon dieu ? Est-ce vous, le massacre dans ma demeure ?
- Ça se pourrait.
- Pour quelles foutues raisons ? »

A ces mots, le vagabond rapprocha ses yeux, étincelants, brillants, lumineux, qui ne pouvaient laisser personne indifférent. Alors, le malfrat bafouilla, recula péniblement, la bouche grande ouverte.

« C-ce n’est pas possible ! On t’avait dit mort ! L’expérience fut un échec cuisant !
- Oui, c’est une erreur assez commune. Beaucoup m’annoncent mort trop tôt. Mais comme vous le voyez, Lord, je suis bien là.
- C-Comment ?
- Disons que la lutte fut assez rude entre la Nebula et moi-même. Une bataille qui dura plusieurs années, durant lesquelles je devais aussi survivre à mon environnement, pour subvenir à mes besoins, sans savoir qui j’étais réellement. En d’autres circonstances, j’aurais probablement pu dompter la Nebula plus rapidement, mais des scientifiques ont décidé qu’il était plus sage de me mettre à la rue, sous prétexte que ma personnalité fut quelque peu perturbée.
- Je n’en reviens pas… Artémis De Goya, en chair et en os, plus fort et plus résistant que jamais.
- Ne joue pas au sentimental, Vesper. Je n’étais pour toi qu’une valeur marchande. Et je vois à tes yeux que c’est toujours le cas. »

Inutile d’en obtenir davantage. Il avait confirmation que cet homme a participé à l’horrible expérience réalisée sur sa propre personne. La vengeance devait être réalisée.

« Tu te leurres sur un point, mon brave. Tes parents ne t’ont pas abandonné parce que tu perdais la boule.
- Cesse ton baratin, Vesper.
- Non. Cette expérience a été commanditée par un groupe d’individus dont le statut dépasse largement le mien. En d’autres termes, même si tes parents ne sont tout blancs, ils n’étaient que des scientifiques sur lesquels on a mis une pression monstrueuse. On menaçait de détruire leur vie, leur famille. Le temps pressait et tu étais un sujet compatible. Ce que tu imagines avoir été un échec fut en réalité un franc succès ? »

Artémis arqua un sourcil et ordonna à l’homme de poursuivre.

« Les tests étaient concluants. Evidemment, un temps d’adaptation était nécessaire, mais ils ne pouvaient pas se résigner à t’offrir à ces types. Qui sait ce qu’ils auraient fait de toi ? Une arme à leur service ? Un esclave sans conscience, n’obéissant qu’à leurs désirs ? Non. Le mieux était de prétendre à un échec et de t’abandonner. Au début, j’étais chargé de veiller de sur toi, tout en t’éloignant le plus loin possible. Mais t’es têtu, mon gars. Tu ne voulais pas quitter Opale, tu trainais dans les bas-fonds, remontant sans arrêt vers le cœur de la capitale. Un jour, j’ai demandé à mes gars de te foutre une baigne et on t’a laissé dans la forêt, avec des vivres et quelques gars pour s’assurer de ta survie. Et un beau jour, tu avais disparu. On te pensait mort. Tes parents étaient effondrés. Et ils le sont toujours. Je ne pourrais te conseiller de les retrouver. Ils te retrouveront par la même occasion. »

L’hommes aux cheveux d’albâtre resta songeur quelques instants.

« Ils, qui sont-ils ?
- Ne te méprends pas. Je reste une ordure, une saleté de truands qui est au cœur de nombreuses affaires pas très nettes. Tu le sais déjà. Tue-moi si tu le souhaites, mais je ne te dirais pas qui sont ces gens. Car ils me tueront à leur tour. A choisir, je préfère mourir des mains d’un enfant de gens respectable. Si je peux te conseiller une seule chose : ne les recherche pas. Ils sont bien trop puissants. »

Il dégaina son sihil.

« C’est donc toi le vagabond dont parlent les rumeurs. Habituellement, tu t’en prends aux monstres, non ?
- Tu vois une différence entre ? Parfois, je me demande lequel a le plus d’humanité. Des derniers mots ? Une dernière volonté ?
- Rien qu’une seule. Magistère. Adieu, Artémis. »

Le sihil trancha la tête du Lord, découpage net.

« Faites ce que vous voulez du corps, chers amis. Quand vous aurez terminé, nous partirons vers une nouvelle contrée. Les gobelins ne nous ont pas tout révélés encore. »

Pendant que le loup, le Yearrk mangeait de la bonne viande fraichement abattue, le pégase broutait de l’herbe ensanglantée et le vagabond réfléchit. Le dernier mot de Vesper, Magistère, lui était clairement destiné. Était-ce les personnes responsables de son sort ? Il aura tout le loisir d’y réfléchir durant son long voyage jusqu’à Epistopoli, au dos de son pégase. Repus, le loup retourna auprès d’Artémis et le Yearrk disparut.

« Il est temps, Ablette. »

En cette nuit hivernale, au cœur du bois de Lavill, beaucoup d’hommes ont perdu la vie et personne ne le saura jamais. En cette nuit hivernale, au cœur du bois de Lavill, un homme au dos d’un pégase s’envola au clair de lune, traversant toute la région d’Opale.