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Travail d'influence [Violette & Arno]

Travail d'influence [Violette & Arno] Brandw10
Jeu 24 Aoû - 10:51

Travail d'influence

Violette & Arno



Les derniers événements me tenaient éloignés d'Aramila pour quelques temps, que tout se tasse autour du Concile. J’étais rentré à Etyr, la main bandée et cachée, pour continuer à couvrir la seconde partie de ma nuit en cellule. La première, comme toute information s’était déjà répandue comme une traînée de poudre jusqu’au hameau. Je voyais bien les regards et les messes basses, si ça pouvait faire discuter dans les chaumières, soit.

Je devais passer à autre chose, j’avais voulu trop faire et je m’étais brûlé les ailes. J’imaginais la déception qu’aurait eu mon père et celle que devait avoir mon frère de me voir mettre en péril sa conquête politique. C’était ma mère qui accusa le coup, elle était la seule à être restée et à prendre la barre pendant mes déplacements, pauvre femme. Ma petite entreprise avait jeté un voile sur notre commerce, nous n’étions peut-être pas si respectables que ça et ça allait se faire savoir.

Les jours passèrent, le temps de ne plus sentir la douleur lancinante dans mes doigts et de laisser les choses se tasser. Je regardais dépité notre petit hangar, il était presque plein d’épices et peu de commandes qui partaient ou alors je revenais avec presque autant de marchandise que je partais.

C’est ma faute, je vais trouver un moyen de rattraper ça. On va se refaire, je ne laisserais pas la mémoire de père s’éteindre.

Je fermais les yeux, éloignant l’image du paternel enchaîné sur une chaise dans un cachot, et je reprenais mon œuvre. La routine s’installa à nouveau comme une punition. Non pas que je n’aimais pas être à la maison, mais tout me rappelait mes échecs ici.

Et puis un jour, je découvris une série d'entailles dans l’un des arbres bordant la propriété. Un signal, un lieu, une heure. Petits picotements dans la main toujours bandée. Enfin on me permettait de reprendre du service. Je me rendais donc dans le hameau suivant à la nuit tombée, un peu plus loin que d’habitude. Je m’installais à la taverne locale, commandant une chope de bière tiède en la saisissant d'une façon peu orthodoxe. La journée avait été chaude, on sentait encore cette lourdeur dans l’air, cette chaleur dans la terre et la lassitude dans les quelques paroles échangées par les deux trois fermiers qui peuplaient le lieu après leur labeur.

Je n’eus pas à attendre longtemps pour que le tavernier se rapproche de moi. Il m’indiqua ce que j’avais à savoir, ce pourquoi on m’avait appelé. Ma situation particulière devait me permettre de passer sous les radars. La lente déchéance de notre ferme devait signer notre fin, sauf qu'apparemment on avait aperçu une silhouette grise et qu’elle s'intéresse à un certain commerce, peut-être une porte de sortie pour nous ?

Je comprenais aussi le sous texte. Si elle venait de l’étranger, c’était l’occasion d’étendre l’influence de l’Ordre par delà les frontières, même si ça signifiait se parjurer dans des entreprises à la limite de la légalité.

Si l’Ordre a besoin de ça…


On me faisait comprendre qu’il y avait des chances de croiser cette étrangère dans les parages très prochainement, je finissais mon verre avant de me diriger vers le puits pour me rafraîchir le visage. J’allais attendre, laissant mes oreilles écouter les conversations à portée d'écoute.


Dernière édition par Arno Dalmesca le Lun 20 Nov - 10:42, édité 3 fois
Ven 25 Aoû - 23:04
Le moins que l’on puisse dire c’est que l’intervention directe des agents du magistère dans les affaires du Cartel avait eu un effet significatif sur celui-ci. L’organisation venait de prendre conscience de ses vulnérabilités notamment sa dépendance vis à vis d’Opale et de la cité du savoir. Certes, se trouvant entre les deux nations, elle faisait office de parfait intermédiaire dans tout ce qui touchait aux transactions illégales devant avoir lieu entre les différents pays. Néanmoins cela signifiait également qu’elle était encerclée dès lors qu’elle devait se fournir en dehors de Xandrie elle-même, ce qui était le cas vis-à-vis du Colafée et de tout ingrédient pour ses différentes drogues ayant besoin de climat particulièrement chaud pour se développer.

Rapidement, le Cartel commença à comprendre la nécessité de créer des routes commerciales alternatives directes vers Aramila qui ne devait pas passer ou le moins possible par Opale ou Epistopoli. Les lignes potentielles étaient tracées, tout le monde s’accordant en l’importance que devant jouer Katorrin dans la politique du Cartel.

Néanmoins, il ne s’agissait pas de l’objectif prioritaire. Avant de prévoir le trajet, il fallait déja s’assurer de sécurité les approvisionnements par des contrats avec les marchands d’Aramila. Convaincre ceux qui pouvaient produire de la Colafée, quitte à leur apprendre à le faire en changeant leur mode de culture. On était pas là sur une volonté de transaction mais de recrutement.

Naturellement, il était probable que les autorités de la nation finissent par comprendre ou à défaut leurs services de renseignements, leurs réactions seront scrutés. Faire d’eux de véritables producteurs de colafée générer une masse colossale d’argent pour leur propre population. Arriveraient-ils à la refuser ? Peut-être auraient-ils des intérêts politiques ? Mais cela n’avait que peu d’importance pour le Cartel qui ne brillait pas par son amour du gouvernement actuel de Xandrie infecté de l’intérieur par les éléments révolutionnaires et contestataires du bas peuple.

Quoi qu’il en soit l’expérience se devait d’être tenté pour évaluer la faisabilité du projet et le niveau de tolérance qui pourrait être supporté par Aramila.

C’était à Violette que la mission avait été donnée, son expérience de mercenaire l’ayant fait voyager aux quatre coins du continent. De même avec sa chance de portebrume, il était plus simple pour elle de trouver par hasard ce qu’elle cherchait. C’était au moins une bonne utilité que l’on pouvait donner à son pouvoir de fortune.

C’est en ce sens que désormais, elle parcourait le désert passant d’une oasis à une autre, d’un hameau à un autre en faisait affaire avec les fermiers et les locaux ayant des problèmes économiques et prêts à renier quelques principes pour le bien de leurs familles et de leurs enfants.

Après quelques jours de trajets, elle était arrivée dans un nouvel hameau dont le nom en lui-même ne l'intéressait que peu. Comme à son habitude, elle allait directement à la taverne lieu de toutes les rencontres sociales de ce genre de coin reculé pour se renseigner sur les habitants, se faisant passer pour un alchimiste pharmacien en recherche de personne capable de s’occuper de plantations désertiques.

Posée à la taverne en dépassant suffisamment pour que tout le monde puisse constater son aisance financière, elle attendait que les rumeurs et les discussions fassent le travail pour elle. Plutôt que de démarcher, il était plus simple d’attirer à soi tous ceux déjà faibles face à la cupidité.
Mar 29 Aoû - 9:45

Travail d'influence

Violette & Arno


Il faut dire qu’elle détonnait. Que ce soit la chevelure grise, les yeux ou cette assurance sourde des personnes qui ne sont pas du coin ont en pensant faire fortune auprès du quidam du coin, elle tranchait avec le reste de la scène. Les coups d’œil dans sa direction n’y trompaient pas.

Une alchimiste donc, qui se serait enfoncé si loin dans le désert pour quelques plantes locales. Ça faisait beaucoup d’efforts pour une personne seule, qui plus est une étrangère. Mais personne n’avait l’air de se poser la question.

Le tavernier rongeait son frein, les échanges de regard qu’il cherchait à me faire aller finir par devenir gênant. J’avais bien compris que c’était elle la cible, mais je voulais d’abord voir si d’autres feraient le premier pas.

Rien ne vint, les minutes passèrent tranquillement jusqu’à ce que je fasse un signe au tavernier en me rapprochant de son comptoir. Le manège allait commencer, j’espérais juste qu’il savait mieux jouer la comédie que garder son calme.

« Dalmesca, la même chose ? » Mouvement de tête pour pointer du menton alors qu’il sert sa bière épaisse. « La jeune personne là-bas disait qu’elle cherchait des fournisseurs, tu pourrais faire l’affaire j’imagine. »

Pas mal, juste ce qu’il faut de dédain, le ton de la confidence mais le volume de voix un peu trop haut pour qu’on l’entende quand même autour. J’attrapais ma chope en le remerciant platement, tendait une pièce ainsi qu’une autre pour l’information.

Je regardais dans la direction de l’étrangère. Quand je croisais son regard je détournais mes yeux de rapace, gêné. Ici, on me connait encore comme le fils faiblard des Dalmesca, énième malédiction de cette famille, j'avais jamais fait mieux qu'être un poids et il semblait que j'étais en train de faire pire. Une rasade de bière, elle était plus âpre que la précédente, un nouveau lot sans doute, a du mal avec la pression et brasse mal. Ce tavernier avait de la chance d’être seul à des lieux à la ronde et d’avoir quelques pièces venant de colporteurs de ragots ou de membres de l’Ordre.

Elle avait réchauffé mon gosier plutôt que le rafraichir, mais ça devait me donner le courage d’aller lui parler et de continuer la pièce de théâtre dans laquelle nous jouions. Je marchais de mon pas non assuré, zigzaguant entre les tabourets. Était-elle déjà au courant de qui j’étais aussi bien que je le savais de mon côté ? Dans le doute, mieux valait rester dans le moule, préservant également ma couverture locale.

« B… Bonjour, je… Je peux m’asseoir ? »

Superbe, les réflexes de pleutre reviennent vite.


Dernière édition par Arno Dalmesca le Lun 20 Nov - 10:43, édité 2 fois
Mer 30 Aoû - 0:55

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Ft. Arno


Posée tranquillement sur son siège, accoudée à sa table, la demoiselle observait silencieusement sa bière le regard pensif. Vivre dans le sable depuis quelques semaines la fatiguait déjà. Pour une personne du nord comme elle,habituée aux vents froids et polaires qui venaient tout droit des anciennes terres de Dainsbourg et du reste du nord, le monde désertique n’était pas sa tasse de thé.

La chaleur était difficile à supporter et contrairement au froid on ne pouvait pas vraiment être en mesure de l’éviter, ce n’était en portant des vêtements adaptés pour un effet plus que partiel. Et au-delà de la température, il y avait le problème du sable qui s’amusait avec les aléas du vent à se mettre partout.

Vraiment le climat d’Aramila était insupportable. Entre le désert source de tous ses problèmes et l’humidité agressive des zones tropicales qu’elle n’avait encore qu'effleurer dans sa quête, c’était un monde insupportable pour un nordiste.

Mais bon, elle devait faire avec. Elle avait une mission à faire. Plus vite elle en terminerait, plus vite elle pourrait rentrer chez elle pour rejoindre un climat plus supportable. En plus, l'alcool ici était infecte, mais elle ne pouvait même pas leur en vouloir. C’était comme ça partout dans les campagnes reculées et ça restait toujours mieux que le poison violent qu’était l’alcool epistote.

Ainsi tout en se plaignant intérieurement, la portebrume attendait. Si personne d'intéressant ne se présentait, elle irait bientôt dormir pour aller bouger demain vers une nouvelle oasis.

C’est alors qu’une personne s’adressa à elle, sur un ton assez hésitant. Violette détournant son attention sur lui l’analysa pendant quelques secondes. C’était un peu jeune ça. Il semblait timide sur les bords et avoir une confiance en lui tout à fait relative. Jugement qui restait à relativiser et à prendre avec des pincettes. S’il y avait bien une expérience que la demoiselle avait retenue, c’est qu’il ne fallait jamais faire totalement confiance à ceux qui s’affichaient trop gentils et/ou plein de failles. Tu n’étais jamais à l'abri d’être face à de terribles comédiens.

Haussant les épaules, la criminelle répondit une première fois de manière très laconique.

Si tu veux.

Laissant quelques secondes pour qu’il puisse s’approcher de la chaise en face d’elle, Violetta continuait.

Fait gaffe par contre. Il y a un problème de termite ici.

Elle n’eut même pas besoin d’expliquer pourquoi que derrière elle, quelque chose se ramassait par terre après que sa chaise se fût brisée.

En réalité il n’y avait pas de termite, ce n’était qu’une stupide excuse. Tout cela était la faute de Violette et de sa capacité de fortune. Néanmoins pour des raisons évidentes, elle n’avait pas envie de s’afficher comme source de la malchance dont faisaient preuve tous les gens présents ici, entre chaises fragiles, tables bancales qui facilitaient le renversement de liquide sur son pantalon,...

Une fois que l’espion se fut posé, à moins qu’il n’ose pas se confronter à la solidité de sa chaise, la portebrume s’adressa de nouveau à lui.

C’est quoi ton p’tit nom ? J’imagine que si tu t’ramènes ici c’est pas juste par curiosité ou amour des étrangers.
Sam 2 Sep - 9:32

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Violette & Arno


Ce n’était pas une hallucination, les yeux étaient bien rougeoyants. Je comprenais d’autant mieux que peu avaient osés approchés. Il y a toujours des vieux hommes rugueux prêts à tenter l’expérience, mais il semblait que d’aucun n’avait vraiment réussi à approcher jusque-là.

Un homme tomba plus loin, les pieds de sa chaise se dérobant sous lui alors que j’approchais ma main du tabouret à l’invitation de la Xandrienne. Je me figeais au même moment, regard interrogateur vers le tenancier qui haussa les épaules avant de continuer son œuvre au comptoir. Qui pouvait s’attendre à un mobilier de qualité ici ? Surtout rongé par le soleil et le sable.

J’assurais ma prise, faisait quelques tests pour vérifier la solidité du support avant de m’asseoir à la petite table. Chacun allait à ses occupations, des fermiers partaient rejoindre leur demeure avant d’attaquer une nouvelle journée de labeur et des marchands arrivaient en remplacement pour dilapider leurs maigres revenus. Je cherchais des excuses maintenant que j’étais à cette table. Prenant une autre gorgée, clairement rance.

"Mon petit nom ?... Arno."

Qu’est-ce qui m’amenait en effet, la rencontre avait été un peu arrangé par le tavernier, mais comment expliqué ma situation, quelle carte jouer sans trop en dévoiler. Juste de quoi appâter. Une brise tiède passait sur la place, pas encore assez pour soulever la poussière mais elle devrait avoir le mérite de rafraichir la nuit.

Je pensais à la ferme et aux cultures en cours.

"Et bien… J’ai entendu que vous cherchiez un fournisseur de plantes que vous n’avez pas chez vous. Je.. Enfin, ma famille a une ferme à la sortie du hameau, plus proche de la côte, mon père a lancé l’affaire."

Je reprenais une gorgée de bière, tirant une sale tête devant l’apprêtée. Je sentais la chaleur monter dans mes joues. J’allais demander qu’on me la change où j’allais finir par détruire mon palais. Petite pause bienvenue au milieu du discours.

"Disons qu’en ce moment, les temps sont durs, mais… mais c’est vraiment un bon sol, un bon climat pour la pousse. Je… j’apprends encore, je me débrouille. On va bientôt pouvoir ramasser nos premières récoltes de l’année."

J’étais de plus en plus sûr de moi à mesure que je parlais, je le sentais, je prenais confiance et la bière n'aidait pas à l'inhibition. Il y avait une petite fierté non feinte derrière tout ça, même si ce n’était plus qu’un petit pan de ma vie, qu’un rôle que je jouais dans ma mission, c’était ce que j’avais toujours connu. J’ai toujours des choses à prouver, cette récolte sera réellement la première que j’ai supervisé du début à la fin. Avant ça, je vivais encore avec le fantôme du vieux, sur ses réserves.

"On fait principalement des épices, je ne sais pas ce que vous cherchez… Mon père avait même réussi à faire pousser de la Vapapule, il avait trouvé des plants je ne sais comment. Je sais que c'est recherché, on l'a vendu facilement et à bon prix!"

Si, je savais bien comment il l'avait obtenu, c’était l’un des indices qui avait amené l’Ordre a croire qu’il jouait un double jeu avec Epistopoli. C'était à moi d'écouter maintenant, savoir si elle allait surenchérir. Peut-être que j'en avais trop fait, difficile de prendre au sérieux un jeune garçon tout juste dans la vingtaine qui devait assurer la survie du commerce familial et, surtout, qui semblait avoir du mal à finir sa bière.


Dernière édition par Arno Dalmesca le Lun 20 Nov - 10:43, édité 1 fois
Mer 6 Sep - 21:13

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Ft. Arno



Arno donc…

Tout en s’adossant tranquillement de manière nonchalante sur le dossier de sa chaise, la portebrume toisait du regard la jeune homme avec une arrogance ou tout du moins une confiance en soi particulièrement apparente. L’ancienne mercenaire n’était pas de ces gens qui se forçaient à être humble ou à se plier en quatre pour effectuer des gestes de soumission envers qui que ce soit. Baissez les yeux et garder une posture mesurée n’était pas dans les codes. Jamais.

Balançant un bras derrière le dossier dans le vide, les jambes croisées, elle répondait rapidement.

Tu peux m’appeler Violette. Ce sera plus simple si t’as également mon nom.

Elle le laissa ensuite continuer de se présenter et d’expliquer les raisons de son intervention. De ses dires, il était un simple cultivateur. Débutant dans le domaine. Elle ne pouvait pas vraiment le contredire, en vérité ça se voyait rien qu’en lisant sur son visage. Les paysans n’étaient pas autant des requins que les marchands mais disons que la plupart du temps, à force de devoir vendre leurs produits sur les marchés, ils n’étaient pas du genre à avoir ce genre de ton hésitant.

Si durant la majorité de la petite présentation, Violette gardait une expression assez neutre, elle haussa toutefois un sourcil lorsque Arno commença à évoquer la Vapapule.

Hum... De la Vapapule ? Ici ? C’est pas censé pousser dans des zones plus… tempérées ? Ara’ c’est surtout soit très sec, soit très humide. Votre père devait être fort pour réussir à faire pousser ça ici.

Bon, le crédit qu’elle accordait aux dires du jeune homme restait relatif. Elle avait beau ne pas être une herboriste, à force d’être proche du trafic et de la fabrication de drogue, elle avait fini par connaître plus ou moins les plantes et les minéraux utiles dans la création de certains mélanges, la vapapule en faisant partie.

Enfin, elle lui laissait le bénéfice du doute. De toute façon, elle n’était pas là pour tester son honnêteté ou bien sa connaissance réelle des plantes. Tant que la personne était bien placée et corruptible, le Cartel pourrait tout apprendre de A à Z au plus ignare des hommes.

Se replaçant dans son siège pour prendre toute sa hauteur, la portebrume continuait.

Je vois. Je vois. C’est intéressant.

Vous savez… la paysannerie c’est un boulot que je respecte. Tout le monde ne pourrait pas faire ça.


Tout en s’allumant une cigarette.

Beaucoup de travail. Tout ça pour des ingrats qui ne réalisent pas votre valeur et des résultats qui ne valent pas les efforts posés.

Elle laissa un silence avant d'apposer la cigarette entre ses lèvres et d’inhaler une bonne fois.

Si c’est pas indiscret. Z’avez une famille. Ca doit être dur actuellement. Puis même si les epices c’est mieux que l’alimentaire en général, c’est surtout les marchands qui se gavent j’imagine.

J’peux peut être vous proposer un truc rentable. Dans le monde de l’herbo’, y a des trucs bien plus rentables que les épices. Mais faudrait que je puisse voir à quoi ressemblent vos cultures d’abord.

Mar 12 Sep - 15:40

Travail d'influence

Violette & Arno


Une attitude de prédateur, on les voyait souvent sembler se détendre, c’était le moment où ils savaient tenir leur proie. Violette donc, restait à savoir à quel niveau elle était impliquée avec les Cartels de Xandrie, pas impossible qu’ils aient seulement envoyé un intermédiaire.

Elle écoutait nonchalamment, jusqu’à un certain point.

La prise se resserrait, l'appât de la Vapapule pouvait sembler grossier, mais il fit de l’effet, en plus d’être véridique. Le paternel avait en effet réussi à planter sur les arpents les ombragés de nos terres, l’air marin apportait de l’humidité en plus. Ce n'était pas une quantité industrielle, mais ça avait déjà intéressé certains dispensaires. J’affichais un léger sourire de fierté.

"Et bien, on fait exception. Ne vous imaginez pas des champs à perte de vue, mais il y a de quoi fournir quelques marchands avec ce qu’on produit !"

Voilà bien la seule carte à jouer pour un fermier, la seule fierté de voir l'incrédulité dans le regard d’un citadin qui découvre que la théorie peut être remise en cause avec de la bonne volonté, de la chance… ou des aides extérieures.

L’attaque se préparait, je pouvais voir que les muscles se contractant alors qu’elle allumait sa cigarette. La fumée venait comme par enchantement dans ma direction, ciblant ma bouche et mon nez. Je la chassais de ma main valide en commençant à m’interroger sur les différents aléas quand elle commença à parler des valeurs paysannes. J’avais délaissé le fond de bière tiédit, le regard vers la chope alors que j’assemblais les pièces.

On voulait tous les deux la même chose, les rôles qu’on se donnait ne valait principalement que pour l’assistance qui continuait de jeter des coups d'œil dans notre direction. Quand elle mentionna ma famille, c’est le moment que je choisis pour la regarder enfin dans les yeux, avec une surprise apparente.

"Je… On a toujours fait ça, enfin depuis que mon père a dû venir s’installer ici. Je…"

Quelque chose de plus rentable que les épices ? Ici ? À part creuser pour trouver des diamants, ça allait forcément avoir avec des choses moins recommandable, on y arrivait. Suspicions, mais elle semblait faire fi de savoir si quelqu'un pourrait l’entendre. Je faisais mes calculs, semblant peser le pour et le contre alors que je connaissais la réponse depuis le départ.

Il était temps de prendre une décision en bon chef de famille.

"Si ce que vous dites est vrai… Je vous écoute."

Venir à la ferme à la ferme par contre, avec toute la famille présente, c’était trop risqué pour l’instant. Il fallait que je trouve un moyen de les faire partir, de les occuper et pour ça il me faudrait un plan et du temps. Je savais qui elle était, mais le Arno face à elle devait encore tenir un peu plus longtemps. Qui c’est si n’était pas une nouvelle farce de la Garde ou bien d’un concurrent en quête de preuves contre lui ?

Vous pourrez voir la ferme j’imagine, mais pas maintenant, il se fait tard et puis…

Un sourire las se dessinait au coin de mes lèvres.

... Je ne vous connais pas assez... Et j’ai trop trainé!

Grapillions ce qu’il y a à grappiller. Au pire elle serait embêtée de faire face à une résistance et au mieux elle apprécierait la prudence d’un nouveau collaborateur. Je regardais le rougeoiement de la cigarette s’accorder aux yeux de la xandrienne. Les lieux commençaient à se vider et j’avais assez attiré l’attention pour des mois avec les derniers événements.

Si ça vous va, prenez une nuit ici. C’est rustique, mais c’est le plus simple. Vous avez l’air d’avoir déjà fait de la route aujourd’hui. Demain, si vous le voulez toujours, vous pourrez venir. Sortez d’ici par l’ouest. Je vous retrouverai sur le chemin de la côte.


Je me levais en m’appuyant sur le dossier de ma chaise qui faillit tomber sous la pression de ma main. Il fallait repartir à la pêche pour s’assurer que l’intérêt restait présent. Je laissais apparaître un peu plus de certitude derrière une moue dubitative.

Maudites termites hein… Enfin, puisse Fanthret vous porter chance si vous rencontrez d’autres paysans, d’ici notre prochaine rencontre. Le coin n’en manque pas… Bonne soirée.


Dernière édition par Arno Dalmesca le Lun 20 Nov - 10:44, édité 1 fois
Dim 17 Sep - 13:55

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Ft. Arno



S’accoudant contre la table pour se reposer, tout en regardant ailleurs pour visualiser ce qui se passait dans la taverne, Violette répondait nonchalamment aux réponses du caravanier sur sa réussite à faire pousser une plante tempérée en plein désert.

J’imagine, j’imagine. L’inverse serait étonnant. J’imaginais pas un champ de fleur entier. Déjà une c’est pas mal, mais au moins c’est faisable.

Sans doute que si la portebrume avait une fibre sincère pour les plantes et l’agriculture, cette discussion aurait pu continuer longtemps à force de digression passionnée de la part de la part de la demoiselle, mais ce n’était pas le cas. Violette n’en avait en réalité pas grand chose à foutre, et tout ce que cette discussion lui faisait penser c’était que l’individu en face d’elle avait un relatif talent en la matière, rien de plus rien de moins.

Ce qui l'intéressait c’était surtout de savoir ce qu’il en était vraiment de ses plantations mais pour cela, elle devait les voir avant de pouvoir proposer quoi que ce soit. Le jeune homme semblait toutefois hésiter et Violette le laissa silencieusement cogiter. Ce n’était pas son rôle que de tenter de le convaincre plus que nécessaire. Elle ne devait pas lui forcer la main, c’était à lui d’accepter les choses de sa propre volonté en toute liberté.

Vu sa personnalité, elle pourrait. Mais, il serait moins fiable si cela ne venait pas de lui.

Il proposait de se rencontrer demain, pourquoi pas, cela lui donnerait le temps de réfléchir et de peser les pour et les contres de situation. La Xandrienne n’y voyait pas d’inconvénient. Haussant les épaules en inhalant une gorgée de fumée, elle répondit tout simplement.

D’accord ça me va. De mon coté, ma proposition est toujours valable. Cela dépend juste de vous. Prenez le temps pour réfléchir et vous me direz ce que vous en penserez demain.

Se levant.

Sur cela, je vous souhaite donc une bonne nuitée.

Elle le quitta alors, vaquant à ses propres occupations pour le reste de la soirée en solitaire. Le lendemain à l’aube, comme convenu, elle se rendit sur le chemin de la côte, se posant dans un coin face au soleil levant en attendant l’arrivée de celui qu’elle pensait être un paysan.
Dim 1 Oct - 12:05

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Violette & Arno


Si les quelques indices que j’avais glissé dans mes mots avait trouvé oreille attentive, mais la Portebrume n’en montra rien. Pas bien dramatique, dans tous les cas elle acceptait le point de rendez-vous. Je repassais dans ma tête la discussion, l’attitude et les événements de la soirée encore en passant le pas de ma porte.

La nuit ne faisait que commencer alors que je m’approchais des livres de compte. Ils n’étaient pas bons, les chiffres étaient accablants. Cette petite entreprise mafieuse, sponsorisée par l’Ordre tant que ça n’allait pas trop loin, serait une porte de sortie.

Une feuille intercalée, une liste de noms fournie, elle avait déjà bien couvert Etyl et sa région si j’en croyais les localisations disparates des fermes avec lesquelles le Cartel allait faire affaire. Certaines bien plus grande que notre exploitation, d’autres plus réduites et difficiles d’accès. Un ensemble disparate, difficile de réunir ces petites fourmis sans attirer l’attention. Une autre carte à jouer.

Levé avant l’aurore, je me retrouvais avec une simple binette que je faisais basculer dans la terre meuble et encore humide pour nettoyer une parcelle. C’était toujours une course contre la montre, avant que le soleil ne darde ses rayons et assèche le sol pour la journée. La terre n’attend pas. J’appréciais peu de me retrouver en sueur si tôt, en tout cas mon corps n'appréciait pas, ma main blessée encore moins, chaque secousse provoquant comme une décharge. Pour l’esprit c’était par contre assez reposant de répéter machinalement le même geste, seuls ces petits pics de douleurs venaient me distraire, il fallait que je m'y habitue pourtant. Un ultime coup et je me retournais vers la grange, mon petit frère en émergeait, encore à moitié endormi. Je lui tendais l’outil.

J’ai un rendez-vous, tu peux continuer ?

Il ressemblait tant à notre ainé, des traits un peu moins fins peut-être, avec plus de muscles de cette vie de paysan que l’autre n’en aurait jamais s’il continuait sur sa voie d’esthète citadin. Quand était la dernière fois que je l’avais croisé ?
Je lui indiquais d'un geste de tête une pelle.

Et tu iras creuser au niveau de la souche du vieil arbre dans le champ qu’on a retourné hier, j’ai marqué l’emplacement.


Ce que j’appréciais le plus chez lui ? Il ne pose jamais de question. J’épongeais la sueur sur mon front, nettoyais rapidement mes mains sur mon pantalon et attrapais la sacoche posée à l’orée du champ. Je fouillais à l’intérieur, trouvant le fameux coquillage sur lequel j’exerçais une pression avant de me mettre en route.

Le vent frais peinait à soulever quoi que ce soit sur ce sol encore moite, mais le soleil levant faisait poindre la rosée. Je marchais rapidement, plus sûr que ce que j’avais laissé croire hier. Pas forcément besoin d'employer le même masque sur mon terrain où les curieux sont rares. D’allée à sentier, de sentier à chemin, je longeais la côte jusqu’à tomber sur la mercenaire, elle était déjà là. Je lui adressais un signe de main.

Bonjour Violette, vous avez fait bonne route ? Merci d'avoir pris le temps de venir.


Arrivant à sa hauteur, j’allais lui tendre la main avant de me raviser voyant qu’il restait encore pas mal de terre dessus.

Je ne pensais pas vous voir si tôt pour être honnête, mais c’est très bien. Suivez-moi, on va couper par les champs comme la ferme est un peu à l’écart.

Je l’enjoignais à prendre ma trace, déblatérant longuement sur l’histoire du lieu, de comment mon père était arrivé dans ce coin reculé après avoir fui Dainsbourg, comment il avait pu acheté les terres pour une bouchée de pain à un vieil homme qui avait perdu ses deux fils durant la guerre pour Renon. Bref, je faisais l’article quand bien même la fausse alchimiste n’était pas là pour ça et pourrait commencer à perdre patience. Arrivés au sommet d’une dernière butée, je m'arrêtais.

Voici notre ferme, elle va du muret sur la gauche jusqu’à la palmeraie, qui nous appartient aussi, pour ce qu’on en voit d’ici. De l’autre côté de la ferme vers le sud, on se rapproche de la côte sur quelques acres.


Je balayais l’air du bras, assez fier de cet héritage familial mais qui, pour n’importe quel propriétaire terrien d’un peu d’importance n’aurait été rien d’autre qu’une autre parcelle sur un cadastre. Pour moi, regardant les plants à différents stades d’évolution, c’était ce qui se rapprochait le plus d’un foyer avec tous les souvenirs, bons ou mauvais qu’il pouvait y avoir. Il y avait tout ce qu’il fallait pour en faire un terrain propice à toute sorte de cultures fragiles, une pente douce, des arbres protégeant du vent, un air tempéré venu de la côte. Je voyais la silhouette blanche de mon frère se diriger vers la souche que je lui avais indiqué. Je lui adressais un geste de loin qu’il sembla me rendre.

Alors, vous en pensez quoi ? On fait affaire ?

C’était maintenant le marchand qui jouait sa première carte.


Dernière édition par Arno Dalmesca le Lun 20 Nov - 10:47, édité 3 fois
Mar 3 Oct - 2:37

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Ft. Arno



Posée sur un rocher, la portebrume attendait l’aramilan. En attendant levée depuis l’aube, cette dernière se contentait de regarder le soleil se lever, le tout silencieusement une cigarette entre les lèvres. Pensive et plongée dans ses réflexions pendant tout ce laps de temps, elle ne commença qu’à s'intéresser de nouveau au monde extérieur que lorsque le jeune homme vint de nouveau la rencontrer. La saluant avant de l’inviter à la suivre vers sa ferme et ses plantations.

A ses salutations et ses commentaires, Violette répondit tout simplement.

Tranquille.

Son regard passa d’Arno au ciel.

J’ai l’habitude de vivre avec le soleil, anciennes habitudes. Et puis j’aime pas être pile à l’heure.

Sauf quand elle était sous influence, il fallait dire qu’il était difficile de pouvoir être ponctuel à partir d’un certain taux dans le sang.

Finalement, elle se leva en se tournant vers l’espion. S’étirant un instant les jambes avant de se faire craquer les épaules par quelques mouvements pour se décoincer les articulations, elle termina.

Et bien, allons-y.

Durant le trajet, le paysan commença ensuite à raconter sa vie. Naturellement, la portebrume n’en avait pas grand chose à foutre de son existence elle-même et dans une autre situation, elle aurait sans doute effectivement perdu patience pour lui dire de fermer sa gueule. Mais là, elle ne l’écoutait même pas, regardant ailleurs tout en répondant aléatoirement des réponses type pour faire semblant de porter intérêt à son interlocuteur. “Oui”, “D’accord”,”Je vois”, “En effet”, “Hm” Ce genre de petit mot qui peut importe le sujet et la conversation pouvait facilement s’intégrer à cette dernière.

Enfin, malgré tout elle avait plus au moins compris à travers quelques mots qui revenaient régulièrement le résumé de ses longues digressions. Sa fierté envers sa famille, son histoire, ses racines. Louable. Cela la maraudeuse ne pouvait pas le lui retirer. Pour une Xandrienne, il s’agissait là de bonnes valeurs loin de l’individualisme débridé d’Epistopoli et d’une partie d’Opale. Être fier de ses siens et de sa terre étaient des choses essentielles.

Finalement le Duo arriva jusqu’à la ferme qu’Arno lui présenta. De son coté le regard de Violette passa ici et là, s'arrêta sur les différents détails des cultures ainsi qu’un instant sur le frère qui avançait vers la souche. Elle ne fit toutefois pas très attention à lui, plus concentré sur les cultures que sur les hommes à cette occasion. Posant un genou au sol histoire de prendre une poignée de terre entre ses doigts, ce fut à ce moment que le caravanier proposa de faire affaire.

Restant silencieuse quelques secondes, Violette se releva avant de se retourner vers le jeune homme.

Soit.

Le regard rouge de la demoiselle devint légèrement plus sérieux alors qu’elle croisait celui de son interlocuteur.

Comme je l’ai dit tout à l’heure, il y a des plantes bien plus rentables que celles des simples cultures alimentaires. Ainsi, je serai directe. Êtes-vous disposé à cultiver du Colafée ?

A voir, s’il connaissait déja la plante et ses utilisations. Inutile de lui cacher toutefois, il valait mieux toujours éviter de prendre les gens systématiquement pour des imbéciles, auquel cas on pouvait souvent avoir de mauvaises surprises.

Lun 16 Oct - 9:50

Travail d'influence

Violette & Arno


Bingo, le mot important avait été lâché. Il fallait maintenant contenir l’excitation, mais c’était bien la Colafée qui l’intéressait. On pouvait en voir pousser parfois vers le sud de la ferme. C’était nocifs pour l’homme mais ça permettait aussi d’éloigner certains nuisibles, attirés par l’odeur dont on ne retrouvait ensuite que les corps sans vie.

Je connaissais la plante donc, et j’avais pu lire des rapports sur l’utilisation qui en avait été trouvé à Opale pour me préparer à cet échange. Pauvres petites Musaboises hein ? Enfin, il y en avait eu une invasion dans nos granges l’an dernier, difficile d’avoir de la compassion quand une année de récolte se retrouve mise en danger.

Colafée ? Vous voulez dire les baies orangées ? C’est plus du poison pour les bestioles…

Faire mine d’être surpris de cette demande, poser des questions innocentes en sachant vers où on allait. Tout serait bon par la suite. Se gratter la tête, hésiter, faire la moue, calculer.

J’ai toujours vu ça plus comme une mauvaise plante qu’autre chose… Mais j'imagine que vous savez quoi en faire.

Pour un fermier, ça pouvait sembler ridicule de faire pousser une plante inutile, mais pour un marchand et pour l’amour de l’argent, pourquoi ne pas le faire ? Certaines précautions étaient à prendre bien sûr, notamment pour ceux qui avaient des élevages et ne souhaitaient pas voir leur bétail devenir fou. Nous n’avions rien de tout ça et difficile d’imaginer des répercussions de la garde tant que la connaissance de la transformation de cette plante en drogue serait cachée plus loin au nord.

De plus, les fermiers seraient les derniers qu’on attaquerait, mieux valait s’attaquer à la cause à Xandrie plutôt que laisser entendre que de pieux fermiers qui nourrissent la population aramilanne pouvaient commettre de basses exactions.

J’imagine que c’est aussi ce que vous avez demandé aux exploitants que vous avez rencontrés.

Je réajustais la sangle de ma besace qui commençait à traîner. Autre chose que j’allais devoir réparer… Je pouvais maintenant parier que “l’alchimiste” avait une influence sur ce qui l'entoure. Le cas était trop rare pour devenir banal, mais je connaissais certains confrères qui avaient aussi ce talent pour absorber toute la chance autour d’eux. Va savoir si l’enregistrement du coquillage serait audible ou pas avec tout ça. On verrait ça plus tard.

Afficher un sourire de marchand. Le vent salé du sud qui souffle sur nous, jusqu’en haut de cette butée, entraînant avec lui ce qu’il restait de fraîcheur au sol. Une chaude journée s’annonçait, il faudrait que je plante la graine ce soir

Quand vous dites “bien plus rentable” on parle de combien ?

Le nerf de la guerre, toujours la même chose. La cupidité finissait toujours par l’emporter, mais à voir jusqu’où on pouvait aller. Je savais jongler entre les différents rôles, du jeune propriétaire hésitant au fermier fier, je lui présentais maintenant le marchand rusé. Hors de question de me faire baratiner comme d’autres voisins qui voyaient là une aubaine, alors qu’ils auraient certainement pu en tirer plus. Et, justement, j’avais encore quelques cartes à tirer avant de révéler ma main.


Dernière édition par Arno Dalmesca le Lun 20 Nov - 10:47, édité 1 fois
Sam 21 Oct - 17:08

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Ft. Arno



La proposition était posée, la balle était désormais dans le camp du jeune homme. A lui de décider si au nom de quelques principes inutiles, il faisait fi de la possibilité de changer de sa vie, lui de la vie condamné à l’absence de toute possible d’avoir de l’ambition où l’on cantonnait ceux qui travaillaient dans les champs. En bon esclave servile de guildes de marchands bien plus expertes en négociation de prix qu’un individu normal ne le serait jamais.

Lorsque le paysan fit part de toutes ses interrogations sur cette plante qui lui semblait plus dangereuse et inutile qu’autre chose, Violette se contenta dans un premier temps de simplement hausser les épaules avec sa nonchalance habituelle. Il n’avait pas l’air de comprendre ce qu’était l’utilité de cette plante… Tant mieux pour lui d’être si innocent sur les intentions de chacun. Peut-être que son innocence, voire sa naïveté et sa stupidité le sauveront s’ils jamais il se fait chopper par les autorités de son pays. Enfin.. sans doute était-il plus agréable de se faire attraper à Aramila qu’à Xandrie. Les pratiques et les limites de l’administration pour parvenir à ses fins n’étaient pas du tout les mêmes.

Tout poison avec un certain dosage devient un médicament. Toute plante bénéfique avec un certain dosage devient un poison. Bien souvent ce qui compte, ce n’est pas la plante, uniquement la méthode et les objectifs d’exploitations.

Ce qui était véridique dans bien d’autres domaines. Du moins du point de vue de la demoiselle. Il fallait dire qu’une manipulatrice des variables et les probabilités statistiques de toute chose ne pouvait que voir le monde de cette manière auquel cas l’utilisation de ses capacités serait bien misérable.

Tandis que l’aramilan posait ensuite la question sur le fait qu’elle pouvait avoir fait la même proposition à d’autres personnes, Violette décida de rester particulièrement évasive.

Peut-être.

Il fallait dire que ce n’était pas le genre de question où l’on obtiendrait d’elle une réponse. Quand bien même elle était une gueuse et une grande gueule, sa survie dans son environnement tenait au fait qu’elle savait malgré tout ce qu’était le poids des mots et sur qui elle pouvait parler. L’attention qu’elle portait aux phrases faisait qu’elle était particulièrement attentive sur tout ce qu’on disait autour d’elle et également à ce qu’elle-même pouvait dire. Quand bien même il n’était rien, il n’avait pas à avoir accès à ce genre d’information. Que la réponse soit négative ou positive. On n'était jamais à l'abri du fait que les paroles inconsidérées se retournent contre soi.

Vint ensuite la question la plus importante, celle de l’argent. La source de toute chose avec le désir de pouvoir. Une question qui n’embarrassait pas tant que cela le cartel et Violette.

C’est simple. 8 astras le kilogramme produit. Ça vous va ?

Autrement quasiment 8 fois le prix des céréales et du blé. Une valeur qui défiait toute concurrence, le trafic était toujours plus rentable que l’alimentaire. Naturellement le Cartel comme d’autre aurait pu tenter de casser le prix en profitant de la crédulité paysanne mais il n’en voyait pas l’utilité. Déjà parce qu’il n’était jamais bon d’arnaquer ses partenaires s’ils s’en rendent compte l’objectif étant de créer un lien de confiance plutôt que de peur et du mépris. Mais la sympathie financière du Cartel tenait également du fait qu’ils étaient comme la plupart des paysans, issus des milieux pauvres ou simples. On pouvait y déceler ici presque une solidarité de classe dans ce genre d’action.

Lun 20 Nov - 13:42

Travail d'influence

Violette & Arno


Ma foi, la somme était bien rondelette, je comprenais que des fermiers produisant avant tout de l'aliment de base n’aient pas hésité. Mais pour nous, c’était plus compliqué, les épices, ça rapporte pas mal vous comprenez ? Pas autant certe, que cette proposition alléchante néanmoins, je n’en étais pas à émettre un petit sifflement ou à m’en décrocher la mâchoire, mais les calculs même sans arrière pensée étaient bons pour une plante considérée comme toxique. ça valait le coup de prendre le temps de réfléchir un peu plus. Et de faire mariner un peu la mafieuse.

Un prix intéressant… mais rassurez moi, on parle pas du transport là dedans ? Vous n’êtes pas d’ici c’est assez évident, donc ça aura un prix aussi.


Elle n’avait pas balancé d’informations sur les autres paysans, ni d’où elle venait, mais le problème de la logistique se poserait. Côté face, comment faire arriver à son laboratoire les produits de sources si diverses sans perdre un temps considérable à les acheminer. Pour une alchimiste d’Aramila ça pouvait se comprendre, tout pouvait transiter par là sans souci mais ailleurs… Côté pile, elle était d’ailleurs la Xandrienne et c’était pas pour faire du propre qu’elle allait acheminer ça. ça allait se voir, donc sauf à avoir un laissez-passer pour la Grande Voie avec l’accord de ces diables d’epistotes qui fermeraient les yeux, il faudrait passer par la voie des airs. Sauf que ça allait leur coûter bonbon, surtout à faire ça petit à petit pour ne pas attirer l’attention de la Garde Sacrée.

J'entendis un subreptice claquement, son que je guettais. La conque avait fini son enregistrement. J’avais moins que j’espérais, mais plus que ma simple parole.

Va pour 8 astras le kilo au départ de la ferme. Je vais devoir peaufiner le tout, essayé de planter le Colafée au bon endroit en retirant certaines épices…


Je continuais de marmonner, jouant avec les chiffres dans ma tête. Quelle surface faire, combien de kilos ça représenterait et où le cacher. Car il s’agirait de le cacher, on ne change pas toute ou partie d’une culture agricole locale si rapidement sans attirer des soupçons, il faudrait être plus précautionneux que les autres qui devaient déjà être en train de se vanter de comment ils allaient faire fortune en vendant des mauvaises herbes à une touriste de passage.  

“Je devrais pouvoir faire autour de 40 à 50 kilos à l’année, si ça se passe bien et que ça se développe comme je l’entends. Je sais pas combien vous espérer réunir.”


J’arrachais un brin de paille laissé là, l’écossant  grain par grain de ma main valide. Rien n’était pire que de ne pas savoir quoi en faire et elles commençaient à me picoter. Souffle d’air chaud et salin, le soleil continuait de monter, écrasant peu à peu le relief des collines et des tas de terres à mesure que les ombres rétrécissent. Les petits miracles du quotidien.

Néanmoins, j’aimerais vous faire une autre proposition. Je peux m’occuper de rassembler la Colafée ici pour vous, si je me débrouille bien je devrais même pouvoir la faire sortir d’Aramila sans heurt et en vitesse une fois récoltée. Après… à vous de jouer j’imagine

J’appuyais volontairement sur le vous. Il y avait une évidence pour quelqu’un avec une vision d’ensemble qui va plus loin que simplement les limites terrestres d’une ferme que les paysans qu’elle avait déjà démarché devaient avoir. Et n’allez pas croire que je suis condescend, je viens de la terre moi aussi et certains peuvent être de solides compagnons de beuverie à l’occasion… C’est simplement qu’il y a des échiquiers plus grands sur lesquels jouer que sur cette presqu’île.

Non, elle ne devait pas travailler seule, elle ne le pouvait pas, on parlait d’une logique industrielle là. Trop de discours similaires pour que ça ne s’ébruite pas, il faudrait réduire le nombre d’interlocuteurs. Par chance, les gens du coin devenaient assez taiseux quand ils n’étaient pas dans leurs cercles d’amis, fallait juste éviter qu’ils boivent trop le soir dans les tavernes d’Aramila.
Mer 6 Déc - 18:44

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Ft. Arno



Comme cela était fort prévisible, le jeune homme fut soudainement très intéressé par le prix proposé par le cartel. Qu’importe le territoire, qu’importe la religion, inutile de savoir parler, et dire les bonnes choses, l’argent seul permettait tout. Certains utopistes répondraient alors que des fois les convictions priment sur tout et s’opposent à cette règle, mais la réalité était que dès lors que la personne n’était pas touchée par la folie, elle avait toujours un prix.

A sa question sur le transport, Violette hocha rapidement la tête, validant en avance la réponse qu’il attendait probablement.

Effectivement, uniquement la production. Le transport c’est autre chose, il est d’usage de laisser cela aux véritables professionnels.

Et surtout, éviter de donner accès à trop d'informations pour un même individu. Cette règle ne s'appliquait pas seulement à l’aramila, mais à l’intégralité du cartel, y compris ses plus hauts représentants. C’était la grande capacité de la fosse que son organisation sans chef, automatisé ou personne n’était au courant de tout même les dirigeants. Cela en faisait ainsi une organisation presque immortelle, capable de survivre à quasiment tout et cela malgré la compétence indiscutable du Guet Xandrien.

Ainsi, si Arno tombait, il tomberait seul et en emportant le moins de personne avec lui.

Souriant légèrement lorsque le jeune homme réfléchissait à voix haute à comment il allait faire pour répondre à sa commande, elle reprit la parole lorsque le sujet portant sur la quantité de produits qu’elle attendait.

Ne vous inquiétez pas pour cela. Il n’y a ni date butoir, ni quota à atteindre. Allez au rythme que vous désirez. Peu importe la quantité que vous avez, je la prendrai. Vous n’avez à rendre des comptes devant personne. Vous n’êtes responsable de vos actes que devant vous même.

De toute manière, cela n’avait que peu d’importance, il était loin d’être le seul ici à avoir un contrat avec les trafiquants de drogue du nord. La paresse des uns était toujours compensée par le désir de profit des autres. C’était l’avantage de payer au kilo plutôt que par salaire fixe, une rémunération strictement au mérite encourageait le travail forcé sans que l’on est besoin d’imposer quoi que ce soit.

Vint alors une proposition que la portebrume n’attendait pas. Il voulait devenir un gestionnaire de réseau, un transporteur logistique sur le territoire du sud. Restant silencieuse, la xandrienne le regardait un instant. Visiblement, ce garçon avait de l’ambition et au moins un minimum d’intelligence pour cerner rapidement les problèmes que pouvaient rencontrer le business.

Enfin… l’ambition n’était pas une mauvaise chose, bien au contraire. C’étaient plutôt les gentils satisfaits de leur condition au point de sombrer dans l’immobilisme qui étaient pathétiques et pitoyables. Un bon point pour lui s’il savait faire de ce désir une arme plutôt qu’un problème.

Vous savez, d’où je viens dans le nord, pour chaque proposition de ce genre que l’on nous fait, nous avons un petit dicton. “Rien n’est dû, tout se doit.”

Le commun des mortels avait tendance à croire qu’on lui devait par nature des choses aussi stupide que l’affection ou le respect. Un droit d'avoir une chance. Des droits tout court. Futile et sans intérêt. Dans le vrai monde il n’existe que deux types d’individus. Ceux qui ont prouvé qu’ils sont capables et ceux qui n’ont rien prouvé et qui ne méritent donc rien.

La porte pour ce genre d'affaires vous est toujours ouverte… Néanmoins avant que cela ne puisse devenir réalité, comprenez qu’il faut que je sache de quoi vous êtes capables. En attendant vous êtes tout à fait libre de démarcher d’autres de vos camarades vous-même et de jouer le transporteur pour eux si cela vous plaît. Et si jamais cela fonctionne bien, alors pourquoi pas vous confiez plus. Les responsabilités doivent toujours aller aux plus méritants. Le commerce ce n’est pas que la spéculation et l’investissement, on n'aime pas trop l’incertitude.

Et puis ça permettait de d’abord bien étudier la personne en question avant de prendre une décision.

Mar 19 Déc - 21:53

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Violette & Arno



D’un côté l’opportunité était trop belle, de l’autre, elle était bien verrouillée. Il fallait reconnaître au Cartel sa capacité à faire miroiter une vie meilleure aux pauvres, mais sans qu’ils voient directement qu’ils auront de nombreux plafonds de verre à faire sauter pour se hisser. Sérieusement, quelle production saine et légale pourrait s’en tenir à la bonne volonté de sa base de production seule ? Je veux bien que les prix pratiqués dépassent largement ce qu’il est normalement envisageable pour quelque culture classique que ce soit, mais ils ne vont pas tous convertir leur exploitation du jour au lendemain. Cela prendra forcément du temps, des choix devront être faits, des équilibres trouvés au risque de voir la ferme disparaître. Les innocents s’imaginent sans doute que c’est une énième manne miracle, que perdre un peu de blé par-ci par-là au profit d’une plante toxique ne serait pas dérangeant. Au pire, ils n’auront qu’à revenir à la base ensuite.

Mais qui sait si les sols restent en bon état après cette plante ? Je n’ai jamais entendu parler de sa culture avant à raison, il est possible que les sols ne s’en remettent pas ensuite, que rien d’autre ne pousse. Je sais maintenant ce que veut le Cartel, je devine même quels voisins ont déjà été approchés. Je peux la jouer discrète le temps de mettre les pions en place, est-ce que ça vaut le coup de faire cet effort supplémentaire et d’aller faire moi-même du démarchage ? Non, c’est risqué de s’afficher comme ça, je n’ai pas à être un garde-fou de cette façon. J’imaginais plus une aide du nord pour le transport intermédiaire. Mais on ferait sans, on ferrait petit jusqu’à récupérer ce qu’il y a à récupérer comme informations. Comment assurent-ils le transport ? Par quelle compagnie locale ou étrangère ça passera ? Y a-t’il des convois déjà impliqués ? Beaucoup de questions restent en suspens. Beaucoup de réponses à aller chercher.

J’écoutais les réponses d’une oreille distraite à mon tour, ça carburait là-dessous et j’avais déjà entendu cent fois les rengaines sur le mérite. Les systèmes pyramidaux, je les préfère dans le sable. Devenir un baron de la drogue locale n’était pas mon objectif, alors celui de devenir une vulgaire mule encore moins. Si je voulais monter les échelons, il allait tout de même falloir que je passe par là. Comme elle le disait justement, un passe-droit, ça se prend. Je pourrais tout aussi bien déplacer quelques pièces, des aléas qui peuvent arriver. Ce serait terrible que quelques brigands entendent parler de ces plantes, d’une façon ou d’une autre, et qu’ils viennent récupérer les récoltes, menacer ces honnêtes exploitants, vraiment terrible… Bref, ça sera pour la suite. Je sais me rendre indispensable à ma modeste échelle au besoin. Etyr étant au mieux une marche, je ne devrais pas avoir trop de mal à user d’influence ou à faire en sorte que l’Ordre fasse la main mise sur la partie agricole. Voyez-vous, c’est aussi un avantage chez nous, les étrangers s’imaginent toujours que du fait de la religion, on est plutôt des gentils. Ma main me lance rien qu’à penser à mon tortionnaire passé. Non, les gentils, les bons de ce monde, on les laisse palabrer et faire avancer le monde dans la douce lumière des Douze. On s’assure plutôt dans l’ombre que rien ne vienne les en empêcher de répandre la bonne parole partout dans le monde.

Ou libre de leur dire que ça va servir à faire de la drogue ensuite pas vrai ? Je me retenais de prononcer ces mots, d’arrêter ce petit jeu du chat et de la souris, de faire tomber le château de sable. Il commence à faire chaud et je dois retourner travailler. J’avais eu ce que je voulais, ce qu'on m'avait demandé: mettre le ver dans le fruit. J’aurai de quoi manger plus tard, je prouverai ma bonne foi. J'affichais un air déçu mais revêche en lui tendant la main, comme l’image du marchand peu sûr mais ambitieux, j’en voulais plus, et me contenter des restes n’irait qu’un temps.

Ne tournons pas autour du pot alors, nous avons un accord et je vais avoir du travail on dirait... J’aurai bien le temps de prouver ce que je vaux. Envoyez-moi votre transporteur d’ici… Deux lunes, j’aurai sans doute de quoi remplir un premier sac ou deux.

Ven 29 Déc - 12:25

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Ft. Arno



Les choses s’arrangeaient bien et allaient désormais sur leur fin. Le faux paysan était satisfait, le cartel également. Sans doute si le damoiseau avait un peu de jugeote finirait-il par comprendre totalement dans quoi il s’embarquait. Mais bon, ce serait déjà bien trop tard pour lui. Il était en effet toujours plus difficile de refuser un acquis plutôt qu’un avantage à venir. L’idée de perdre une situation confortable faisait la plupart du temps s’effondrer les sursauts moraux de celui qui découvrait alors pleinement dans quoi il était impliqué.

Nul besoin de menace et de peur, encore que le cartel n’appréciait pas la trahison, uniquement une stimulation de l’avidité naturelle et de l’hypocrisie présent en chaque être.

Enfin. Le jeune homme avait l’air plus motivé qu'hésitant. Tant mieux pour lui, la fougue d’une jeunesse encore pleine d’espoir en l'avenir sans doute.

Tout dépend de vous.

On pouvait imaginer qu’elle pouvait en être jalouse avec sa nature totalement amorphe de son côté, toute volonté en elle n’existant que par réaction à quelque chose. En réalité, elle en était pleinement indifférente. Libre à lui de vouloir prouver quoi que ce soit à des gens qui ne feraient rien d’autre que de l’utiliser et de l’exploiter en manipulant son égo. Si elle avait bien appris quelque chose de toutes ces années où elle mettait sa vie en jeu pour quelqu’un d’autre, c'était que l’effort n’avait que peu souvent pour conséquence la considération d’autrui.

Peut-être cherchait-il autre chose, dans tous les cas il semblait peu satisfait de sa situation actuelle. Le genre à subir une destinée paysanne qu’il ne voulait pas vraiment.

Enfin, ce n’était pas son problème. Jusqu’à preuve du contraire il n’était pas digne qu’elle daigne se pencher sur son cas. D’autant que Violette ne s'intéressait à personne d’autre qu'elle-même et de ce fait son intérêt pour autrui était particulièrement limité.

Deux lunes donc. Et bien d’ici là quelqu’un viendra vous voir.

Pas elle dans tous les cas. Elle avait d'autres choses à faire que de poireauter pour on ne savait combien de temps dans le désert.

Laissant un léger temps de silence, la portebrume terminait.

Si nous sommes d’accord, à moins que vous ayez encore quelques sujets à clarifier, je suppose que nous avons terminé notre affaire.

Elle avait encore du chemin à faire, que ce soit ce village ou Arno, ce n’était alors encore qu’une étape anecdotique à ses yeux jusqu’à ce qu’il soit en mesure de prouver le contraire.
Mer 3 Jan - 9:40

Travail d'influence

Violette & Arno




Le pacte était scellé, d’un côté comme de l’autre. C’était une décision financière qui, on le savait, n’allait pas changer la face du monde. Au mieux, nous nous en tirerions chacun avec un petit bénéfice intéressant et d'autres y perdraient beaucoup, ne me parlez pas d’astras enfin, je parle du reste. Car si Violette et le Cartel étaient surtout intéressés par l’argent de cette manne financière, nous l’étions par quelque chose de moins terre à terre. L’Ordre ne se mettait pas en danger, seul un petit fermier indépendant et en quête de richesse l’était. Mais L’Ordre allait y gagner une porte d’entrée. Et ça valait bien le coup de sacrifier un pion si d’aventure il se faisait prendre.

Je ne me ferai pas prendre, il n’y avait que mon paternel pour se faire avoir par l’avidité et la folie des grandeurs. Je resterai à ma place, sans faire de vagues, une goutte d’eau sur un rocher. L’érosion sera lente, mais érosion il y aura.

Non rien de plus de mon côté, j’attendrais votre gars. Bon, j’y retourne, vous connaissez le chemin retour maintenant, dis-je en souriant, si on ne se croise pas, bonne chance dans votre entreprise !

J’allais donc lui dire adieu, sans savoir que ce ne serait qu’un au revoir pour se retrouver sous d’autres latitudes. Je profitais de ce début de nouvelle journée, là où les rayons du soleil avaient créé des ombres coupant presque chaque épi, sa course commençait déjà à aplatir les perspectives dans les champs, de timides bourrasques venaient faire onduler les cultures. C’était un bel outil et je me surprenais toujours à apprécier ce potentiel calme.

La vie agricole allait devoir reprendre son cours, si l’entreprise était plus obscure que d’habitude avec un contact moins loquace que les simples marchands, dans les faits, ça n’avait pas été plus compliqué que négocier le prix de la prochaine production d’amandes et de safran. Je reprenais le chemin à travers champ vers la ferme, sifflant mon petit frère pour qu’il me rejoigne à la grange et que nous chargions les premiers sacs pour le convoi qui passera demain.


Enfin de retour à Aramila, même si cette chambre étriquée pouvait ressembler à une prison par rapport à la liberté offerte par la ferme, c’était quand même ici que nous devions réussir pour conserver cette indépendance, c’était ici que je me considérais chez moi désormais. Les comptes remontaient doucement, bientôt j'espérais avoir fait amende honorable et pouvoir récupérer mon emplacement habituel plutôt que cette halle grouillante où ils m’avaient isolé.

Je traçais une croix dans le morceau d’une pomme attaquée par un ver avant d’aller me coucher. Je pensais que le message serait assez clair pour l’intermédiaire de l’Ordre qui viendrait chercher mon rapport sur cette prise de position avec le Cartel. La première étape s'était bien passée, à eux de jouer dans l’ombre pour s’assurer que le ver puisse aller jusqu’au cœur du fruit, qu’il puisse prendre une place plus importante et glaner des informations sur ce qui se passe dans les bas-fonds de Xandrie.