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En rouge et contre tous.

En rouge et contre tous. Brandw10
Lun 7 Aoû - 18:55

Réveil six heures. Maisonnée encore endormie, seuls les bruits dans la cuisine s'activant déjà à cette heure matinale, et les passages des domestiques dans les pièces de vies, ne se faisaient entendre. Elle se réveilla en sursaut, attrapant la dague sous son oreiller dans un mouvement compulsif, automatique et réglé comme une horloge, tout en se mettant sur son séant. Elle laissa échapper un bâillement, en reposant la dague et en sortant de son lit derechef, sans trainer. C'était comme ça que ses deux petits frères -des jumeaux, passaient presque une demi-journée en position horizontale. C'était aussi comme ça qu'ils étaient devenus indigents, et tout boursouflés. Aelis avait dix sept ans, et toutes ses dents de devant. Même si elle se battait régulièrement, rentrant couverte de sang -et pas du siens, elle restait une jeune fille en pamoison dont on enviait statut, richesse et beauté. Il n'y avait point de vilaine cicatrices sur sa joue, ni de guilde des aventuriers dans sa vie. Conscient que sa fille avait des loisirs et des passions avec des goûts particuliers ... Marginaux même, le baron de Rhapsody laissait sa fille vaquer le plus possible, tout en lui rappelant généralement le soir venu, quand elle se glissait par la porte de derrière les bottes crottées, quelles étaient ses responsabilités, engagements et les prérogatives que son paternel avait sur elle par ordre de la loi.

La loi, elle s'en fichait. La loi, elle était pas moral, juste aussi droite qu'un angle de triangle rectangle, et assez tordue pour faire paraître tout son monde plus ... Bizarre. Elle sortie donc de la maison, tricorne sur la tête, manteau sur le dos, et pantalon de lin à l'aspect plutôt cossu pour une certaine catégorie de la populace, sans demander son reste. Elle fila sur le dos de Gamelle, sa jument préférée, d'un blanc pur et dont elle tressait la crinière à la manière des nobles, encore pétrie des traditions de sa famille.

L'essentiel restait que Gamelle filait comme le vent, et ne s'effrayait que peu fréquemment. Elle longea les terres du côté oriental de la capitale, qui donnait presque sur la ville, que possédait les Rhapsody, saluant les jardiniers, et autres employés de la livrée or et ocre qu'elle représentait. Un corbeau sur fond or et rouge, voilà la blason familial. Et comme le voulait la coutume, elle portait la chevalière en or portant le sceau de sa noble lignée, bien qu'elle l'avait en pendentif autours du cou, et non au bout de ses doigts.

Il ne fallait pas trop tester le destin, ni les détrousseurs de la basse ville. Elle se rendait voir une amie, Marye. Une prostituée rencontrée dans un bar, pour laquelle elle s'était prise d'affection. Les deux femmes, complètement différente pourtant, aimaient discuter de sujets plus ou moins triviaux, ou élevés... Marye se trouvant être une redoutable oratrice malgré son statut et son éducation, c'était bien souvent grâce à ce talent, qu'on lui enlevait de sa vertu, chez les nobles les plus immaculés de la ville haute, les Lords aimant  lui apprendre à se servir autrement de ses talents. Sauf que son amie n'était plus une jeune ritournelle, et qu'elle n'avait plus rien à n’apprendre de personne.

Elle arriva devant "La belle de Lys", et frappa trois coups à la porte, le judas s'ouvrant sur un oeil vert irisé, mais sévère.

- Ah c'est toi ma p'tite Aelis.... Fit la propriétaire en déverrouillant la serrure à huit points qui donnait le sésame vers les beautés et les plaisirs charnels les plus courus du quartier des plaisirs en ses terres hostiles à la richesse. C'était pour cela qu'ils venaient tous. Les Damoiseau, les vieux Lords corrompus, les bourgeois "gentilshommes", et tout le gratin se pressait entre ses murs à la tapisserie fleurie, de l'ocre jusqu'au rouge le plus vif, et se collaient le cul sur les canapés boursouflés qui lui rappelaient ses frères, confortable surtout une fois en bonne compagne ; Le frisson du danger en émoustillait plus d'un. L'adrénaline avant de profiter de la jouissance des commodités ... Quid de mieux ?

- Ce sont des barbares, de plus en plus excités ... De plus en plus dangereux ... Je ne sais plus quoi faire, Aelis. Bien sur, personne d'autre que Marye ne connaissait sa véritable identité, dans ses lieux de perditions. Personne ne devait savoir que la baronne de Rhapsody s'acoquinait d'une prostituée pour meilleure amie. Elle serra les dents et les poings dans ses gants de cuirs salis par le chemin jusqu'ici.

- Qu'essayes tu me dires, Camelia ? Ou est Marye ? Que lui est il arrivé ? Pour seul réponse, elle lui montra la porte ouverte sur le lit de la jeune soupirante, qui respirait bruyamment par son nez brisé, et difficilement, à cause de ses côtes broyées. Je l'ai retrouvée ainsi ce matin, elle n'a même pas crier ... Je .. Je suis désolé, je ne peux me permettre de refuser des client tu sais mon chou ... Termina ainsi le laïus de La dame des Lys, la matrone éhontée de l'endroit. Une insulte fusa ... Putain d'enculé de pisse froids ! Elle se tourna vers Camelia, qu'elle fustigea du regard ... Et bien sûr vous ne savez pas avec qui elle était hier soir ... Son regard se fit encore plus dur et froid qu'une lame d'acier, quand la dame qui tenait les comptes acquiesça de la tête.

Elle porta son attention sur Marye ... Elle porta ses yeux sur ses lèvres boursoufflées, sur ses pomettes ensanglantées, sur ses yeux bouffies. Qui t'as fais ça, Marye ???

- Tu sais je ne suis qu'une prostituée, et puis, je suis une bonne fille ... Commença difficilement la jeune fille. Qui ça ?! Lui intima la noble bourgeoise qu'elle était, et elle obtint un nom, comme de juste. Elle savait se faire obéir, la baronne de Rhapsody.

Et le Lord Vesper, n'avait qu'à bien se tenir.

Il allait profiter d'une visite de courtoisie de la future régente du domaine Rhapsody, et d'une famille aussi riche et influente que la sienne.

Et cette visite ne serait pas de courtoisie.



Dernière édition par Aelis Rhapsody le Lun 14 Aoû - 12:45, édité 1 fois
Dim 13 Aoû - 23:01

Tâche absolument ingrate et non-souhaitée que de revenir dans la capitale opalienne. Hélas, même s’il vivait pratiquement en autarcie, les nouvelles du monde et les missions se trouvaient en ce lieu. Cette agitation contrôlée, ce flux constant de mouvements, agaçaient fortement le vagabond qui était habitué à la solitude. S’il connaissait la ville depuis quelques années, la sensation de la connaître depuis toujours brûlait en lui. Artémis comprit un jour que sa Nebula avait depuis longtemps scellé certains de ses souvenirs, notamment ceux de son enfance. Malheureusement pour elle, plus le temps passait et plus le Portebrume prenait le contrôle sur son esprit.

Comme souvent, pour éviter la mondanité des gens d’ici, le vagabond passa par les quartiers les plus impopulaires de la capitale. Il fallait imaginer un ensemble de bâtiments, ce qui créait un ensemble de ruelles labyrinthiques, dans lesquelles s’était construite une forme de « vie ». Une vie salle et absolument sans espoir. Ces ruelles étaient naturellement sombres, sales et puantes. Ici, on mourrait d’infections provoquées par une hygiène déplorables, de meurtres, de faim et, dans tous les cas, bouffés par les rats. La vie dans les bois était bien plus agréable que dans ces quartiers. L’odeur de pisse indiquait que le sol humide l’était parce qu’on urinait où bon nous semblait.  

On trouvait de tout ici. Des hommes et des femmes qui forniquaient dans les coins les plus obscurs, les alcooliques et drogués qui vomissaient contre les murs, des étables peu attirantes où l’on trouvait des restes d’aliments jetés par ceux des beaux quartiers, des cadavres qui gisaient au sol… Les descriptions pouvaient être plus fournies mais celles-ci suffiront amplement. En s’enfonçant davantage dans le quartier, Artémis, qui avait pourtant décidé de ne pas intervenir, ne put s’empêcher de rester spectateur d’un groupe de malfrats qui abusaient d’un pauvre enfant. Ils le frappaient à coups de pied en riant de la situation. Le vagabond dégaina sa lame et la laissa frotter le sol, provoquant un son strident dans le but d’attirer l’attention.

Un homme un peu plus âgé que les autres, caché derrière les brutes, leur ordonna de charger sur le nouvel arrivant. Mauvaise idée. Les détails ne seront pas mentionnés, mais l’épéiste ne fit qu’une bouchée de ses assaillants trop confiants. De l’extérieur, on pouvait croire à une valse, tant les mouvements de l’homme aux cheveux d’albâtre ressemblaient à une danse. Agile, rapide, véloce et sans pitié, les ennemis furent rapidement débordés par tant de violence. Un résultat sans issu et sans surprise. Le chef, voyant ses hommes tomber les uns après les autres, décida de prendre la tangente, mais une dague vint s’enfoncer dans l’interstice de deux briques, pile dans la course du fuyard. Sans que le Portebrume n’ait à dire quoi que ce soit, il comprit toute tentative serait vaine face à lui. Ses yeux brillants interpellèrent aussitôt le chef de bande.

« De Goya ! », s’exclama-t-il avec force. Artémis, lui, ne comprit pas réellement et le vieil homme le comprit à son regard. « Tu es Artémis De Goya. Bordel. Leur expérience a fonctionné. Tu n’es pas mort et même plus fort que jamais. »

Le Portebrume ne préféra pas s’agacer et faire preuve de violence, même s’il ne comprenait pas tout ce que lui racontait cet énergumène. Alors, il préféré faire très simple et très rapide :

« Quelle expérience ? Qui a effectué cette expérience sur moi ? Et qui es-tu ?
- Moi, mon p’tit gars, je ne suis qu’un homme de main, Cherki. J’bossais pour un certain Lord Vesper. C’est lui qui a financé l’expérience. J’ai rien vu et rien compris à l’affaire. J’sais seulement que tu n’étais qu’un gamin quand je t’avais croisé et que t’avais déjà ces billes brillantes.
- Maintenant, Cherki, tu vas me dire où trouver ce fameux Lord Vesper.
- Euh… J’préfère pas. J’tiens à ma vie, tu sais. Ce type, c’est vrai un dangereux.
- Pardonne-moi, Cherki. C’est entièrement de ma faute, je me suis monté trop gentil avec toi.
- Roh… Ne l’prends pas comme ça, c’est bon. C’est aussi pour toi que j’dis ça, tu risques de tomber sur plus fort que toi. Même si je sais que tu t’en cognes un peu. »

Artémis ne répondit pas et conserva son regard sans émotion.

« Vers l’ouest de la capitale, au niveau des falaises qui surplombent le port, tu trouveras une riche demeure. C’est la sienne. »

Le Portebrume récupéra sa dague et disparut aussitôt dans l’obscurité, sans rajouter un mot de plus aux informations reçues. S’il ne dit rien, on connaissait néanmoins sa direction.

Lun 14 Aoû - 12:44
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- Tourne, pique, frappe d’estoc ! Lui fit Ismaël, le lieutenant devenu capitaine de la garde de son père. Pour autant, c’était toujours un peu cachés qu’ils faisaient leur séance. Le père cautionnait à peine, la mère aurait fait une syncope à voir sa petite entrain de se battre contre des ombres et des chimères, des choses qu’elle ne pouvait qu’imaginer, du haut de sa tour d’ivoire, de cette cage dorée qui semblait lui convenir à merveille. Pas à Aelis. Elle, rêvait d’aventure et de combat dantesque, d’une mort honorable et d’une vie de liberté.

- Je te sens pas très concentré aujourd’hui, Al –comme il aimait à la surnommer, qu’est-ce qui t’arrives ? Lui lança son instructeur improvisé, assez perplexe devant les erreurs d’inattentions de sa protégée.

- Rien, rien qui te concerne mon bon Ismaël, t’en fais pas … Lui repondit elle avec cet air farouche de défis, qui voulait dire « essaye de me faire parler si tu l’oses » …

- Bon, eh bien on va arrêter la séance maintenant, dans tous les cas, tu n’es pas dedans … Lui dit il du tac au tac, un peu vexé sans doute que sa protégée ne se confie pas à lui, mais il y’avait des choses qu’elle devait taire, même à lui.

Gamelle piaffait d’impatience en voyant sa maîtresse entrer dans l’écurie qui jouxtait le bâtiment principal. Les embruns de crotte et de paille embaumaient les lieux, mais cela ne la dérangea pas.

- Oui ma belle, nous allons te dégourdir les pattes, une belle promenade nous attend.

Car en effet, le Lord Vesper habitait de l’autre côté d’opale, du côté septentrional, dans une grande propriété, il avait fait fortune en trempant dans toutes les sales histoires Opalienne, que ce soit le myste ou les expériences sur cobaye humain … Tout le monde le savait, mais personne ne disait rien, tellement il graissait de pattes et qu’il avait de l’influence.
Sauf que la petite Aelis, elle, s’en fichait des Astras et de la politique. Elle préférait le fer de sa lame et le sang de ses ennemis.
Elle vola plus qu’elle ne courrait sur sa jument, se déplaçant à travers la ville en criant « PLACE, PLACE ! » et effrayait les moineaux, les corbeaux, les passants et les curieux.

Le temps tournait à l’orge, de grand nuages noirs s’effilochant dans le ciel, un crachin ne tarda pas à tomber, comme un rideau de pluie, le dernier obstacle vers sa destination. Pas de quoi effrayé l’adolescente en colère et téméraire.

Elle arriva au trot vers la propriété, mangée par les lierres fleurissants, et à l’aspect vétuste. Si argent il avait, le Lord Vesper ne le mettait pas dans sa propriété, et elle avait une petite idée du genre de dépense qu’il devait priorisé … Elle serra le poing, ses dents crissant l’une contre l’autre.

Tu ne perds rien pour attendre, mon gars.


En arrivant elle eut la surprise de voir le portail en fer forgé grand ouvert. Elle s’aventura dans le jardin à moitié mort ou plutôt flétrissant, qui donnait une ambiance glauque à la scène. Elle se pencha dans la guérite ou devait se trouver le gardien de ses lieux, mais il était vide et seul quelques traces de sang lui donnait un indice sur ce qu’il avait pû se passer.

- Bordel, on m’a devancé ?? Peut être qu’un ennemi plus retors qu’elle était arrivé avant, et lui enlèverait la primeur d’occire le Lord…. C’est ce qu’elle craignait le plus, ou bien que ce soit un piège ?

Elle avança dans le jardin lugubre, un éclair frappant à quelques centaines de mètres et zébrant le ciel comme un coup de canon à ses oreilles, la fit sursauter.
Lun 14 Aoû - 22:46

Après une longue marche vers la Pointe d’Opale, le vagabond parvint enfin au niveau de l’immense résidence du dénommé Lord Vesper. Sans doute par excès de zèle, le grand portail était ouvert et seuls quelques gardes se trouvaient à l’entrée. Dissimulé dans les bois aux alentours, Artémis utilisa tous ses sens, surtout de son loup, pour identifier le nombre d’individus présents à l’extérieur. Pour l’instant, seulement quatre individus se tenaient à l’entrée du portail, d’autres rôdaient de l’autre côté. Le vagabond souhaita tenter l’entrée en douceur, diplomatique et courtoise, sans effusion de sang. Après tout, sa volonté était d’obtenir des réponses et pas forcément mener une vendetta. Il sortit alors des bois et s’approcha des lentement des gardes, sans montrer la moindre hostilité. Ils l’arrêtèrent à deux mètres de l’entrée pour lui demander de décliner son identité ainsi que le motif de sa visite.

« Auguste Emilion, membre de la guilde des Aventuriers, demandé par le Lord Vesper.
- Lord Vesper ne nous a pas mentionné votre venue. Navré, soldat, mais vous devez faire demi-tour.
- Ne pouvez-vous donc pas le lui demander confirmer avant de me renvoyer ? La route fut longue jusqu’ici et j’apprécierais ne pas avoir fait tout ce chemin pour rien.
- Lord Vesper ne souhaite pas être dérangé. Il est actuellement en pleine entrevue. »

Artémis acquiesça en guise de compréhension. Il se doutait d’un tel scénario. Le but était de se rapprocher sans inquiéter les gardes autour. Lorsqu’il fit mine de rebrousser chemin en remerciant les messieurs, un loup passa au-dessus du vagabond et plongea à la gorge du premier soldat. Les deux soldats les plus proches reçurent immédiatement une dague dans leur gorge, tandis que le dernier n’eut pas le temps de dégainer, l’épéiste lui enfonça sa lame au cœur de sa bouche grande ouverte. Un assassinat rapide et efficace. Les jardins si mal entretenus était constitué de hautes herbes, ce qui arrangea les affaires du vagabond qui cacha les corps en leur sein. Sans même devoir s’exprimer oralement, le loup et l’homme communiquèrent. L’idée était de profiter de ce temps maussade, de cette jungle d’herbes, pour se dissimuler et éliminer discrètement tous les nuisibles.

Des attaques synchronisées, silencieuses, notamment grâce aux sens du canidé qui permettaient de se repérer en étant aveuglé. Personne ne les voyait venir et toute résistance semblait vaine. Si Lord Vesper prenait davantage de soin à s’occuper de son jardin, peut-être que la situation aurait pu être différente. Pour l’heure, cette configuration plaisait grandement au Change-Peau et à son loup qui se fondirent dans cet environnement. Il ne leur fallut guère de temps pour nettoyer l’extérieur du domaine. Peut-être que d’autres étaient encore présents, mais ils se trouvaient bien trop loin pour devenir une gêne. Mais le loup l’alerte immédiatement d’une présence à l’entrée. Se déplaçant bien vite que lui, Artémis lui demanda d’aller voir. Non loin derrière, il le suivit à la trace au cas où la situation dégénérait.

« Une femme. Jeune. Armée. Apeurée par les éclairs. Amie ou ennemie, je l’ignore. Restons vigilants.
- Merci, mon frère. »


Ils avancèrent à pas de loup au cœur de cette dense végétation. Ils étaient tout proches. Artémis tressaillis. Elle semblait si jeune, si fragile. Pourquoi diable s'aventurait-elle dans un lieu aussi terrifiant ?

« Ne te laisser pas berner, mon frère. Elle est probablement dangereuse. »

Le loup avait raison. Un éclair surgit, le vagabond en profita pour, discrètement et rapidement, sortir de sa cachette et se dissimuler derrière la demoiselle. Il garda tout de même une bonne distance pour éviter de recevoir une attaque malencontreuse.

« Qui êtes-vous ? Vous ne ressemblez pas vraiment aux gardes de Lord Vesper. »

Mar 15 Aoû - 19:01
Les différentes marques sur le sol, le sang qui perlaient encore sur les herbes folles du jardin du Lord, tout ces petits détails, mirent la puce à l'oreille de la jeune mais hardie baronne. Il y'avait eu un massacre ici, et il y'a peu de temps. Un éclair frappa le sol à quelques centaines de mètres, sans prévenir, son grondement assourdissant presque instantané. Elle sursauta, son attention détourné quelques instants par le phénomène météorologique, ainsi distraite, elle laissa l'homme derrière elle pénétrer son espace vital. Sa voix grave et rocailleuse se fondait avec l'ambiance assez glauque de l'endroit. L'injective tomba comme une épée de Damoclès, lui coupant toutes possibilités de biaisé ou de ruser. Aussi décida-t-elle de tout lui raconter, et de le tartiner d'explications ...

- Aelis Rhapsody -ce nom n'était pas inconnu dans Opale et elle espérait qu'il fasse effet, si vous voulez tout savoir, Lord Vesper est moi avont une amie en commun, une amie qu'il a ... maltraitée. Et je compte bien le provoquer en duel et même l'occire pour ça. Et vous ?  Elle se retourna et découvrir l'individu, un grand escogriffe bien plus grand qu'elle, les yeux mordorés, un loup impressionnant à ses côtés. Vous ne ressemblez pas aux chiens à son service, et vous m'avez tout l'air d'un vagabond ... Que lui voulez vous, Sieur ? Fit-elle avec un air de défis sur le visage. Toujours paraître plus courageux et solide que l'on ne l'est, c'était le secret du culot et de la réussite.

Aelis était effrontée, remontée à bloc, sa longue épée trainant à sa ceinture de cuir, assez épaisse pour dissimuler quelques poignards dans la doublure. Elle avait prit avec elle du poison. La fiole pendait à sa hanche droite, et serait l'assurance que le Lord, qui était déjà mort pour elle, souffre des heures durant, avant de crever dans un gargouillis de sang. L'ainée des Rhapsody, n'avait aucune pitié pour ceux qui touchaient ses amis et leur faisaient du mal. Elle n'avait aucune honte à utiliser tous les moyens à sa disposition.

- J'entends des bruits de pas, cachons nous pour le moment, si vous le voulez bien ... !?
Dit-elle, ses oreilles perçantes ne la trompa pas, et les sens affutés du loup ayant déjà du repérer les cinq individus qui venaient par là. Cela doit être la relève ... Termina-t-elle par dire, en chuchotant, les lèvres pincées. Elle avait imaginée pouvoir rentrer rien que grâce au sceau familiale, toujours sur un médaillon, autours de son cou, mais là c'était râpé. L'effet de surprise sera notre salut, et votre loup également, qu'en pensez vous ?
Mer 23 Aoû - 23:41

Elle sursauta mais se reprit rapidement, prête à en découdre. Mais s’apercevant qu’Artémis aurait pu s’occuper de son cas bien avant, et qu’il ne l’avait pas fait, suggéra sans doute qu’il ne lui voulait pas de mal. Ainsi, elle répondit à sa question et se présenta. Aelys Rhapsody. Si le prénom ne lui dit rien, son nom lui évoqua quelque chose. Une des richissimes familles d’Opale. Il était donc d’autant plus étonnant de voir la fille d’un noble se rendre seule et armée chez un autre noble, dont la réputation n’était pas des plus rassurantes. Généralement, ceux qui rendaient visite au Lord Vesper n’étaient pas des saints. Alors quand elle lui raconta la mésaventure de son amie et sa volonté de défier en duel son tortionnaire, le vagabond en fut presque bouche-bée. Pour l’instant, il resta silencieux et préféra l’écouter jusqu’au bout. L’expérience lui prouva qu’il n’était jamais bon de couper une personne dans son élan.

Artémis fit un effort considérable pour se taire quand elle affirma son intention de le défier en duel. Quelle idée saugrenue, songea-t-il. A son tour, il devait maintenant se présenter : « Artémis. Artémis De Goya, apparemment. Lord Vesper est, d’après mes sources, celui qui a financé les expériences sur ma propre personne. Cela a engendré des pertes de mémoire. Et, accessoirement, ça a probablement gâché ma vie. J’aimerais donc m’entretenir avec cet individu pour lever le voile sur mes questions. »

Durant leurs échanges, le Portebrume ne cessa d’analyser la demoiselle. Elle était bien armée et semblait savoir user de ses outillages. Il était si concentré dans ses observations que ce fut au loup de l’avertir de l’arrivée d’intrus, puis Aelys. Ils se cachèrent sans attendre. Peut-être une patrouille qui revenait de sa sortie. En remarquant l’absence de leurs camarades, ils sonneraient l’alerte et compromettraient leurs desseins. Il fallait les neutraliser tant qu’ils étaient tous ensemble et d’atteindre leur seigneur. « Je vais sortir sur leur flanc gauche, en neutraliser le plus possible et me positionner face à eux. Le loup et toi les attaquerez de dos. »

Un hochement de tête suffit à se faire comprendre.

Artémis attendit un peu et se jeta dans la mêlée. Il enfonça sa lame dans le flanc droit d’un homme, qui hurla de douleurs. Hélas, il perdit trop de temps à déloger son arme et fut rapidement repoussé par les autres. A l’arrière, l’assaut début et prit les hommes par surprise. Artémis en profita pour de nouveau repartir à la charge, cette fois-ci avec davantage d’ardeurs. Neanmoins, malgré la surprise provoquée par le duo, à l’arrière, les soldats continuèrent de se concentrer sur l’épéiste et parvinrent même à le toucher. Il ploya le genou quand l’un d’entre eux finit par l’atteindre à la jambe. Tandis qu’un autre balança sa lame pour l’achever, Artémis bloqua le coup avec sa main qui fut transpercée. Il gémit de douleurs mais ne cria point. Prenant son courage à deux mains, il profita de l’appui de la lame ennemie pour s’élancer et enfoncer la sienne en plein dans l’estomac. Deux en moins. Le loup en avait neutralise deux également, notamment en leur sautant à la gorge. Il avait essuyé quelques entailles que le Change-Peau avait aussi subi.

« Le bruit a certainement alerté Lord Vesper. », lança Artémis alors qu’il se releva avec difficulté. De la fumée s’échappa de son corps, son processus de régénération était en marche. « Rentrons immédiatement dans le manoir avant qu’il nous échappe. »

Mer 6 Sep - 18:05

Un spectacle sanglant. Pour attirer le plus de soldats de son côté, Artémis fut contraint d’absorber beaucoup plus de dégâts qu’à son habitude. Lorsque les affrontements s’achevèrent, Œil-De-Nuit lécha les blessures de son compagnon, tandis qu’Aelys n’avait que ses yeux pour constater l’étendue des dégâts. Le vagabond saignait abondamment et tenait à peine debout, titubant quelques instants. En temps normal, n’importe quel homme aurait succombé à ces blessures, mais le Portebrume tint bon. De la fumée se dégageait de son corps et ses plaies se refermaient progressivement. Rapidement, il se tourna en direction du loup pour recevoir des informations de sa part. D’après lui, personne n’avait encore quitté le manoir.

Ils partirent à toute vitesse en direction de l’entrée de ce luxueux habitat. Un style plutôt gothique. D’un coup de pied des plus grotesques, mais relativement puissant, Artémis défonça la porte d’entrée et fut accueilli par deux clébards qui lui sautèrent dessus. Trop tard pour dégainer sa lame. Œil-De-Nuit sauta sur le premier chien, tandis que l’épéiste se contenta d’une dague. La férocité du chien le déséquilibra et tomba sous son poids. Pour éviter d’avoir le visage bouffé, le Portebrume offrit son avant-bras et perfora la tête de son ennemi avec son bras libre. Une belle morsure qui sera soignée dans peu de temps. Il se releva et acheva l’ennemi de son compagnon canidé, lui aussi légèrement blessé. Artémis ressentait intégralement ses blessures.

« Œil-De-Nuit, regarde s’il se trouve à l’étage. Je m’occupe du rez-de-chaussée. »

Le loup partit aussitôt, montant les escaliers à toute vitesse. Le Portebrume se mit à courir et tenter de trouver le riche propriétaire des lieux, arpentant les pièces avec attention. Quelques soldats apparurent encore, un peu disséminés à différents endroits. Artémis parvint à en désarmer un d’entre eux, isolé des autres, et à la bloquer dans une des nombreuses pièces du manoir. La pointe de son épée chatouillait légèrement la glotte du jeune homme, à deux doigts de s’uriner dessus. Une jeune recrue qui n’avait pas encore terminé sa formation et qui n’était pas prête de donner sa vie pour son employeur.

« Où est-il ?
- Qu… De qui parlez-vous, messire ?
- De celui qui te paye, pardi !
- Il est déjà bien trop loin, messire. »

L’épéiste appuya davantage sur la peau du jeune homme. Un léger filet de sang commençait à apparaître à l’endroit où la pointe exerçait la pression.

« Dans les cuisines ! Le placard en-face des fenêtres est en réalité un passage vers un accès souterrain ! »

Fait chier, pesta intérieurement le vagabond.

« Œil-De-Nuit !
- J’ai tout entendu. Je passe devant. »


Lorsqu’Artémis atteignit les cuisines, le placard en question était déjà ouvert. Des escaliers menaient aux étages inférieurs. Quand il arriva au bout, son loup l’y attendait déjà.

« Trop tard. Même en courant sans relâche, on ne les rattrapera et dieu seul sait ce qui pourrait nous attendre en route. »

Artémis fut tenté de ne pas écouter son compagnon et de poursuivre la route, mais ils étaient tous les deux fatigués et pourraient ne pas revenir vivant de cette expédition. Lord Vesper reviendrait forcément. Certes, la sécurité renforcée, mais il reviendrait.

« Tu as raison, mon frère. Rentrons. »