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[1889] Une expédition mouvementée

[1889] Une expédition mouvementée Brandw10
Jeu 3 Aoû - 15:28
[1889] Une expédition mouvementée Fantasy_art_tristram_concept_diablo_iii_caravan_1600x900_30969

Le convoi s’était rassemblé à Marie-du-Val en vue d’un passage par la voie menant à la Xandrie, entre les Monts d’Argent et la Veuve. Une voie chaotique et un col difficile à passer mais qui avait surtout pour lui que la Brume y était particulièrement dense. Du fait de la complexité concernant cette voie, il n’était pas rare que la voie terrestre soit préférée plutôt que le passage aérien. Les caravanes étaient rarement attaquées sur cette zone, mais il y avait des accidents chaque année à déplorer. Raison pour laquelle la Guilde mettait parfois à disposition des Patrouilleurs pour faciliter ces trajets-là. Ils demeuraient ceux qui connaissaient le mieux la Brume. A part la Brume, et les Spectres et les … bref. Ils pouvaient limiter les dégâts.

C’était sur ce type de mission, profitant d’un temps au Puits d’Aspharos qu’un coursier était venu trouver Ryker pour l’informer de sa prochaine destination, faisant fi des congés qu’il pensait pouvoir s’octroyer. Il se mit donc en route, bougon, vers la prochaine caravane à escorter. Il connaissait bien ce passage pour l’avoir plusieurs fois pratiqué en solitaire, non sans quelques dégâts, mais il ne fallait considérer la Brume comme acquise. Il se retrouva donc à Marie-du-Val en quelques jours, prêt à supporter les affres d’un voyage frugal. Peut-être qu’un détour par Xandrie lui permettrait enfin de pouvoir prendre un peu de repos … mais il déchanta vite en contemplant l’ampleur de la caravane qu’il devrait accompagner. Le Patrouilleur soupira d’avance. Il ne dormirait pas beaucoup durant ce trajet, c’était même étonnant qu’il soit le seul à être …

- Ah, vous voilà ! L’autre est arrivée il y a déjà deux jours. Si tout va bien, nous serons prêts à partir demain matin. Vous êtes là juste à temps, on commençait à s'inquiéter ! le harangua un des responsables de la caravane alors qu’il venait à peine de mettre un pied dans le camp.

L’autre ?

- Je vois. Pouvez-vous m’indiquer où est l’autre ? fit-il, conscient que son uniforme l’affichait tel un furoncle sur le front d’un noble.

Owen, un petit bonhomme dégarni mais à la barbe étoffée, lui indiqua l’enseigne d’une taverne où de nombreux voyageurs avaient élu domicile en attendant le départ de la caravane. Au cochon dodu, nom d’une originalité crasse. Le Patrouilleur rajusta son barda et le remercia d’un signe de la tête avant de se diriger vers l’auberge. Tant de monde dans un village comme celui de Marie-du-Val était prompt à générer beaucoup d’animation : les caravanes s’étaient muées en un petit marché permanent et beaucoup d’artistes se produisaient çà et là pour délester les voyageurs en vue des richesses à venir lorsqu’ils arriveraient en Xandrie. Tous ne logeaient pas dans des bâtiments et de nombreuses tentes étaient disséminées çà et là. A en voir l’activité, l’économie du village en prendrait un sacré coup après le départ de cette expédition un peu plus fournie que ce que le Patrouilleur attendait. Il n’était pas rare que ses instructions soient sommaires, après tout il était l’un des rares avec assez de bouteille pour s’arranger d’à-peu-près tout. Et l’un des rares sans fait d’armes particulièrement notable aussi.

Il esquiva quelques marchands à la volée et soupira lorsque son uniforme lui apporta la peur et la crainte des gens du commun. Il y avait une aura mystique autour des fous furieux de son espèce, et beaucoup s’accordaient à dire qu’ils étaient maudits ou assez dérangés pour s’être épris de la Brume. Et bien parfait, cela lui ferait un peu de vacances, bien qu’il n’aurait pas dit non à un bain pour se nettoyer de la poussière qu’il avait avalé durant son périple. Ryker poussa la porte de la taverne, bien animée en ce début de soirée. Une musique douce s’échappait du fond de la scène où quelques troubadours se produisaient au son des choppes qui se cognaient et des rires gras d’un futur prospère. Ils oubliaient la Brume, mais ça, c’était habituel. Ils ne s’en rappelaient qu’au moment de se glisser dedans.

Le Patrouilleur s’approcha du comptoir et fit un signe au tavernier, lui indiquant un hypocras. Il glissa quelques pièces et posa son barda à côté de lui. Aucun tabouret de libre, c’était bien sa veine. Le verra à ses lèvres, il se tourna vers l’assemblée et chercha du regard l’autre. Qui lui avait-on collé cette fois ? Il espérait ne plus avoir affaire à de foutus Portebrume. C’était déjà éreintant de surveiller la propre gelée qu’était sa caboche sans devoir s’assurer que ses comparses ne flanchent en pleine brume. Enfin, personne ne savait ce qu’il était et il se garderait bien de le révéler. Il serra les dents, et chassa Lestat de ses pensées.

- Merci, ma chère, de me rappeler aussi souvent que tu n’es pas morte … se murmura-t-il à la seule attention de sa Nebula qui venait de prendre un malin plaisir à lui vriller le cerveau pour lui rappeler que lui aussi pouvait flancher à tout instant … et qu’il se rapprochait de l’Errance chaque jour.

L’hypocras avait un goût de cendres maintenant. Il le posa, soupira. Malgré ses années dans la Brume, c’était toujours ces instants qu’il redoutait le plus : le calme avant la tempête. Le moment où tout semblait suspendu avant les drames. L’instant où tout était beau, agréable et … parfait pour sombrer dans la mort et la douleur.
Jeu 3 Aoû - 17:29

Ah ça non. Elle n'en revenait pas, complétement abasourdis par le manque de professionnalisme affligeant qu'affichait son compagnon d'armes et de guilde. Cela faisait deux jours. Deux jours qu'elle faisait les cent pas, ou le pied de grue, devant l'établissement ou étaient descendus tous les caravaniers, pour l'occasion. Elle passait le plus clair de son temps à fumer cigarette sur cigarette, écrasant d'un talon rageur ses mégots en s'imaginant qu'ils étaient son binôme. Ah ça, elle s'en souviendrait de Ryker Lestat. Déjà, elle se coltinait l'un des patrouilleurs les plus controversé de la guilde, alors, qu'il confirme sa terrible réputation de lambda éhonté, d'escogriffe sans volonté, de ... Simple maraudeur en faite. Cela la faisait déchanter. C'était sa première mission depuis que la nébula avait jetée son dévolu sur elle. La première depuis que vivait en elle un morceau de brume, un morceau d'horreur et un monstre ... Elle était le monstre que craignait la plupart des gens. Son secret bien gardée pour le moment, elle faisait fit des pulsations qu'elle sentait en elle, comme une seconde vie qui grandissait au fur et à mesure, de plus en plus ... Sans jamais lui laisser le choix ni la possibilité de l'oublier.

Oublié son ancienne vie de noble embourgeoisée, ses économies se résumait à peau de chagrin et elle mangeait rarement autre chose que c'elle chassait. Outre les missions qui lui ramenait quelques victuailles, et surtout des astras bienvenus, elle ne roulait pas sur l'or. Elle était même ce qu'on pouvait appeler la "lie" de la société. On ne la considérait que quand on avait besoin d'elle et surtout, on la dévisageait, regard en coin, quand elle passait dans les villages qui ne connaissaient l'unifrome de patrouilleurs, et la guilde, que pour ses frasques et son manque de noblesse.

Chemise en lin blanche, corset en cuir ou battait Justice, son glaive fétiche, et quelques effets personnels dont elle avait besoin, Aelis était rentré se mettre à l'abris des intempéries, et de la tempête qui pointait le bout de son nez, un vent violent soulevant ses cheveux d'albâtre, et lui donnant des frissons dans cette tenue légère qu'elle portait toujours, qu'importait les situations. Elle avait bien son grand manteau en laine, mais elle le trouvait gênant pour se sortir de situations délicates, et de la plupart des bagarres qu'elle provoquait quand les hommes ... faisaient leur scène de séduction, et leur tour de passe passe qui les faisaient passer pour des crétins.

La porte s'ouvrit, le vent s'engouffrant dans la taverne en soulevant jupons, et questions, soufflant les conversations pour quelques secondes d'observation de la nouvelle tête qui arrivait enfin. Elle reconnut le costume que portait son homologue, et qu'elle évitait de mettre en avant la plupart du temps. Elle le mira du coin de l'oeil, sans vraiment le regarder, et il s'installa sans demander son reste à une table isolé, tandis que le barde continuait ses méfaits, lui cassant les oreilles avec ses chansons idiotes. Aelis posa quelques deniers sur le comptoir, attrapant les deux bières qu'on lui tendis, et se dirigea vers l'inconnu, qui était forcément Ryder Lestat.

On lui avait fait une description fidèle après tout. Un grand brun, l'air maladif mais musculeux, avec un justau corps de la guilde en cuir, et plusieurs épées. Cela collait.

Elle s'approcha de la table, et déposa la bière devant le fameux patrouilleur, celui dont la réputation le suivait comme les mouches le faisaient d'une viande avariée. Après tout, il en avait presque l'odeur, le bougre.

- Alors comme ça, on arrive et on met les pieds sous la table ? Sacrément efficace, la légende des patrouilleurs... Qu'elle commença par dire, s'installant en face de lui, et mettant les pieds sur la table de manière nonchalante... Pendant ce temps la, y'en a qui ont bossés... eux Qu'elle termina par dire, observant ses ongles d'un air distrait.

Et encore, elle se trouvait magnanime.

La nebula en elle semblait se terrer dans un coin obscur de son esprit, comme invisisble, mais toujours perceptible. Elle essayait de lui parler, elle connaissait cette sensation. Elle connaissait donc elle pouvait l'éviter. Elle n'écouterait pas un mot du monstre en elle, qui sembla s'agiter quand Ryker posa ses yeux dans les siens. Un peu comme si elle essayait de la prevenir, de lui dire que ...

Mais non, c'était impossible. Les nébulas, c'étaient des erreurs de la nature, des rebuts, des dangers et des ennuis. Jamais elle ne leur attribuerait une vertus. Elle ne transigerait pas. Elle serait intraitable avec l'entité habitant en elle. Et peut être alors, éviterait-elle de finir comme tous les autres ...
Jeu 3 Aoû - 23:15
Elle ne sentait pas mauvais. Ce qui était déjà un bon point pour elle, l’innocence de la jeunesse. Il n’aurait su la situer entre l’adolescence et l’âge adulte. Quoi qu’il en fût, les prostituées n’apportaient pas de bières à leurs clients, donc ça ne devait qu’être l’autre. Un bout de femme avec de la goule et un brin détestable, mais à en voir ses manières et son attirail, elle devait sortir de la fabrique des parfaits petits aventuriers. Quelle veine, encore une qui se berçait d’idéaux sur la grandeur des aventures : on lui avait coller de la surveillance de nourrisson. Bon, on se calme. Cela voulait dire que la mission n’était pas périlleuse, non ? Ou qu’ils manquaient trop de recrues … Le Patrouilleur la laissa finir sa diatribe. Il termina son hypocras d’un trait et s’empara de la bière pour la lever devant elle avec un sourire un peu coincé. Il leva la chope et s’en versa une rasade. De la pisse d’âne, voilà qui faisait honneur à la réputation de Marie-du-Val.

- Parfait, tu m’indiqueras ma caravane et les latrines avec ceci ? ricana-t-il, tout en défaisant la boucle de sa cape qui s’écrasa sur la chaise avec un nuage de poussière.

Il fit jouer ses articulations pour les dégourdir et reprit une gorgée de la pisse d’âne. Amère, au final, de quoi masquer le mauvais goût.

- Tu dois être celle qu’on m’a collé dans les pattes ? Les règles nous obligent à être deux a minima pour une telle caravane, mais si tu veux dès le départ être désagréable, on peut s’attribuer les chariots et ne pas se croiser du périple. Par contre, faudra pas venir mendier quand les jiangshis auront boulotté ta moitié … grommela le grossier personnage.

Il défit sa ceinture et posa son arme sur le côté de la table où était venue le rejoindre la donzelle. Il prit ses dagues et les posa à côté de son verre vide d’hypocras et dégrafa les boucles de ses bottines avec un soupir de soulagement.

- Avant de commencer à me courir dans les jupons, sache que j’ai été déboulonné de mes foutus congés pour venir ici par ce que j’étais le damné Patrouilleur le plus proche. Alors soit gentille, et ne commence pas par te mettre les vieux crevards dans mon genre à dos.
continua-t-il, tout en défaisant ses affaires au fur et à mesure pour se mettre un peu plus à l’aise.

Il sentait une forte odeur de musc et d’effort que la terre du voyage n’aurait su amoindrir. Il prit une nouvelle gorgée de la bière et fit une grimace en l’avalant. Dix années. Dix pleines et putain d’années et il était toujours debout. Il se faisait l’impression d’un vieillard dans la soixantaine alors qu’il n’avait, à tout casser, pas plus de quinze ans d’écart avec la jeune femme. Mais déjà à son âge, il avait vu le pire que la Brume avait à offrir. Un peu de tolérance, un peu moins d’aigreur. Mais on ne se refaisait pas quand on était un briscard éprit de solitude. Il posa sa main gauche bien à plat sur la table pour dissimuler un tremblement nerveux. Il ravala un de ses tocs compulsifs et soupira encore. C’était encore son influence à Elle, cette foutue colère. Ryker serra les dents. Le manque de sommeil avait trop tendance à laisser des brèches dans son esprit.

- Désolé. Le voyage tout ça. Et beaucoup de monde. Je n’aime pas beaucoup la foule. se reprit-il dans un bafouillis qui tranchait avec le personnage. Il tendit une main vers Aelis. Merci d’avoir veillé au bon déroulement du périple et désolé d’arriver aussi tard : j’ai fait aussi vite que j’ai pu à pied.

Il glissa un coup d’estoc dans son esprit à la Chose. Qu’elle reste en place et cesse de gigoter. Et ce serait pire au fur et à mesure du voyage. Mais il savait la tenir en laisse. Il l’entendit couiner au fond de sa tête. Bien. A ta place, sale Nebula.

- Hm. Merci pour la bière. Et … toi, quel est ton nom ?


Dernière édition par Ryker Lestat le Ven 4 Aoû - 0:15, édité 1 fois
Ven 4 Aoû - 0:09
Elle piqua un fard dès les premières phrases. On eut dit une cocotte minute qui se gonflait, lentement, sûrement, jusqu'à l'explosion. A fleur de peau, l'écorchée vive sentait le ton caustique de son partenaire comme une attaque. Elle se força à récupérer la main sur ses émotions, et à respirer surtout. Respire sacrée sotte, respire et laisse le finir. Au fond d'elle, elle sentit, car plus qu'aucun autre sens, quelque chose s'agiter et lui enserrer le cœur, c'était celui du touché que la nébula lui envahissait le plus. Comme une main froide et obscur, qui s'accaparait son organe vital, et pompait de plus en plus vite, elle était toute rouge maintenant.

Elle décida de ne pas tenir compte de ses remarques, et se fendit simplement d'un grommèlement, se rembrunit sur sa chaise, se tassant encore de quelques centimètres. Un point pour lui, balle au centre, ballet des serveuses et des gens qui dansaient. L'ambiance était repartie de plus belle, comme si l'arrivé de Lestat avait enfin cessé de soulever tout un tas de questions, sans réponses. Le simple fait que l'aventurière avait été le voir, signalait qu'il n'était ni une menace, ni un criminel d'aucune sorte. Probablement. Elle, se demandait encore qui était ce Ryder Lestat. Qui pouvait se targuer de dix ans dans la brume sans jamais avoir été croqué suffisamment fort pour que l'envie de s'y balader ne lui passât. Pour qu'aucune force d'aucune sorte n'eut entaché son Curiculum Vitae, ni ses chausses. Il était une légende, il le prouva en lui faisant fermer son caquet de merdeuse sortie des jupons de ses parents, encore inconsciente et avec ce sentiment d'invincibilité qu'accompagne la jeunesse.

Elle souffla, et le regarda du coin de l'oeil tout en minaudant, attrapant sa main, elle sentit à son contact tout un tas de choses. Elle sentit sa nebula se tordre, et lui agripper le cœur, comme si elle mourrait, comme si elle s'éteignait, ou peu importait ce que faisait une nebula en rendant l'âme -si tant était qu'elle puisse rendre quoi que ce soit d'autre que fou, ou en ... disparaissant ? Un arc électrique lui fit lâcher la main rapidement, et un étourdissement lui fit cligner des yeux, baisser la tête, comme une petite fille sage. Ce qui ne lui ressemblait pas du tout quand on la connaissait.

- Ae.. Aelis Rhapsody m'sieur Lestat, oui, moi je vous connais -de vue au moins, et j'ai déjà entendu parler de vous ... J'espère que vous vous formalisez pas pour mon ton, hein, j'ai jamais été adepte de la lèche, ni des bonnes manières ... Elle replongea ses yeux verts émeraudes dans ceux du barbus mystérieux en face d'elle ... Ma mère se retournerait dans sa tombe, si elle était morte, et à m'entendre, elle serait foudroyée par le chagrin, à n'en pas douter ... Elle haussa les épaules.

- Reposez vous, faites bon bain, bonne chaires et bonne boisson ... C'est la maison qui offre ... Fit elle en désignant d'une main dans laquelle une boisson dégoulina de quelques gouttes sur ses mains blanches mais criblées de cicatrices, le chef de la caravane qui les regardait intensément ... Faisons de notre mieux pour bien nous entendre, au moins pour le décorum .... Qu'elle lâcha en levant son verre en direction du caravanier, un homme à la coupe de barbe sévère, bronzée comme un Amarilien, et au regard gris clair, comme s'il lisait en voue comme dans de l'eau de roche. Notre homme ne semble pas trop commode, mais il paye bien ...

Elle haussa encore les épaules ... Alors, des conseils et des expériences à partager avec votre cadette ? Qu'elle dit, innocente et pourtant tranchante, comme Justice, son glaive affuté comme un rasoir, qui frottait sous la table contre le genou de Lestat.

Je vous vois venir, rien de tout ça n'était délibéré.

Ven 4 Aoû - 0:45
Le Patrouilleur étrécit ses yeux à la poignée de main. Ferme mais fugace. Cela ne l’avait pas aidé à suffisamment jauger la demoiselle mais ça irait. Rhapsody, ce nom ne lui disait rien bien qu’elle laissa entendre qu’elle était issue du gratin sociétal. Un endroit qu’il répudiait donc c’était, somme toute, logique.

- Je préfère la franchise à la politique. répondit-il, avec un petit sarcasme qui en disait assez long au regard que lui jetait le chef de la caravane non loin de là : il n’était pas difficile à reconnaître avec sa livrée.

Le décorum aurait voulu que Ryker se présente à lui dès son arrivée, mais au diable ces flagorneries. Ils avaient payé pour une escorte, pas une passe.

- Premier point, Cadette, méfie-toi de la générosité des gens. lui fit-il, adoptant malgré elle le surnom qu’elle venait de lui servir sur un plateau. Ils sont tous souriant par devant mais la facture revient toujours à la Guilde … et la Guilde la déduira de ton salaire.

Il salua le caravanier avec sa choppe avec un grand sourire que ce dernier ne lui rendit pas. Un simple geste de la tête. Je sais qui tu es, je sais que tu seras à ton poste demain. Le reste ne m’intéresse pas. Bien reçu, chef. En l’état, ne restait qu’à espérer que Cadette avait bien fait son travail de préparation et balisé un chemin pour le lendemain. Il soupira, posa sa chope. Il attrapa sa main gauche et l’empêcha de trembler avec son autre main. Toujours lorsque les souvenirs remontaient. Peut-être que l’épée qui l’avait touché et qu’il avait cru pour une tentative d’approche charnelle l’avait aussi mis bien mal à l’aise. Il se racla la gorge, décala sa chaise. A quoi jouait-elle ? Il se gratta la barbe, chassa les frissons qui lui coulaient dans le dos. Une simple maladresse, on avait qu’à se dire ça.

- Quant à mes expériences … à part ne pas mourir je n’ai rien à partager. Sinon te dire que ce n’est pas ta faute : ils signent tous une décharge en faisant une telle expédition. Ton job c’est de faire en sorte que le moins possible d’entre eux ne meure … ou ne devienne quelque chose que tu devras tuer. Mais ça, ça c’est selon le bon vouloir de la Brume. Cette saloperie n’a jamais jugé utile de me dévorer, c’est la seule raison pour laquelle je suis encore en vie aujourd’hui.

Ça, et ça.

- Mais bon, peut-être que ça va s’arrêter demain. Qui sait ? Ça s’rait pas un mal ceci dit … conclut-il en vidant sa bière.

Ah, la langueur de l’alcool qui taisait un peu ses raideurs et courbatures. Il tira de son sac quelques rations séchées, bien décidé à ne pas avoir de retenue sur son salaire, puis entreprit de les avaler en quelques bouchées. Il mâchonna la venaison sous l’œil inquisiteur de Cadette.

- Le meilleur conseil que je peux te donner, c’est celui que m’a donné mon premier chef d’expédition pendant qu’il se faisait dévorer les jambes par un Warg. Cours et sauve ta vie avant tout. ponctua le Patrouilleur en déchirant le morceau de viande avec ses dents. Je … heu …

Putain, Lestat. Ferma ta putain de gueule. Quelle idée de lui toucher le genou aussi, ça n’aidait pas à garder le contrôle. Elle ne tenait plus en place depuis que la gamine les avait touchés. Et Ryker avait depuis longtemps abandonné l’idée de comprendre ce qui se passait dans la psyché tordue de sa Nebula et ce qui l’excitait.

- Désolé, la fatigue. Je ne … suis pas si expansif d’habitude. C’était … ma première … expédition dans la Brume … et le Patrouilleur y est resté. Ce que je veux dire … bref. Les héros ne pas font long feu. Et si tu crèves, tu sauveras moins de gens. Alors profil bas, et apprend à abandonner quand le jeu est terminé. fit-il en rivant ses yeux ambrés dans le regard émeraude d’Aelis.

Silence.

- Biiien. Il est peut-être temps d’aller dormir en vue de ce qui nous attend.
Ven 4 Aoû - 18:44
Parait qu’on est toujours déçu, et que les premières fois sont aussi douloureuses que bizarres. Pour une fois que les dictons avaient raison, elle n’allait pas se plaindre, juste subir et serrer les dents. Lestat était un animal étrange, un genre de vieux briscard mais avec beaucoup de sensibilité, et une sacré dose de cynisme. Elle appréciait le personnage. Elle se laissa porter par le flot de paroles discontinuant, et écouta jusqu’au bout son homologue partager sa propre première, sa propre expérience du terrain, sa verve et sa gouaille étant agréable à entendre. Il avait une façon nonchalante d’être, mais on sentait l’homme de poigne par-dessous toutes ses flagorneries. Et il avait un sacré savoir vivre, n’en déplaise à la mère d’Aelis, les hommes du peuple lui plaisaient plus que ceux des hautes tours et des grands manoirs d’Opale. Pas franchement le genre d’homme qu’elle aurait ramené pour un diner en famille, il restait séduisant.

- Oui, allons nous coucher, je pense que le voyage vous a épuisé, monsieur le senior ! Dit-elle en souriant et se fendant d’un clin d’œil, en effectuant une petite courbette de la main.

Simple, sobre, chic, efficace. Elle se leva, son glaive de trois pieds de longs suivant sa route, et n’asticotait plus le genou du vilain patrouilleur. Elle ne savait que penser de lui, elle verrait bien avec le temps et les épreuves sur la routes, de toutes manières. Il n’y avait rien de mieux que de tester, éprouvé les théories, car la pratique était souvent différentes des idées que l’on s’en faisait. Le monde des pensée, des chimères et des idées, était bien éloigné de celui des actes, des faits et du palpable.

Saigner, suer, vivre. Voilà tout ce qu’elle demandait, qu’on lui laisse l’opportunité d’une vraie liberté, d’un vrai vent de fraicheur qui lui permettrait de gonfler les voiles de sa vie, pour avancer, même contre le courant s’il le fallait. Contre les préjugés, les idées préconçues et le destin, lui-même, elle combattrait. Elle ne se laisserait jamais faire sans rien dire, ne se rendrait pas sans combattre.

Lendemain matin, huit heures.

Sa nuit avait été peuplée de rêves étranges. Elle s’était réveillée plusieurs fois dans la nuit, en sueur, avec cette sombre impression qu’on l’épiait, mais pas dans le monde réel. Que quelqu’un pénètre son cœur, passe encore, mais qu’on s’incruste dans sa tête n’était pas prévu au programme. Le soleil se levait sur Marie du val, et le coq chanta faux pendant quelques longues minutes interminables. Elle se força à se lever, et fit sa toilette dans le broc qui était installé sur le petit meuble dans le coin de sa chambre individuelle. Encore un luxe, encore un truc qu’on enlèverait de sa paye, apparemment. Elle ne savait pas tout ça, et comprenait mieux l’empressement du caravanier à paraitre généreux avec elle, si c’était elle-même qui payait... La cruelle ironie du sort ne lui échappa pas ...

Elle qui était si proche de sa bourse en temps normal.

Toc, toc, toc.

Trois coups qu’elle frappa à la porte de Ryder Lestat, espérant qu’il n’avait pas eu la subite envie de faire une grasse matinée, et qu’il fut prêt à partir. Elle avait hâte.

Elle voulait faire ses preuves, et montrer à tous ce qu’elle avait dans le ventre.
Lun 7 Aoû - 14:01
L’aurore était l’instant où le Patrouilleur aimait s’échapper des recoins exiguës des constructions humaines pour aller contempler le brouillard se faire chasser par les premiers rayons du Soleil. Cela lui rappelait que son combat n’était pas vain et qu’après la nuit venait quelques rais d’espoir et d’optimisme. Cette matinée là ne fit pas exception. Levé bien avant l’aube, il était sorti après avoir emporté une boisson chaude qu’il avait siroté en passant entre les caravanes. L’inspection du matin, il avait étudié les chariots à la lumière des étoiles et de la Lune, le jour s’imposa peu à peu à lui pour lui permettre de discerner davantage les préparatifs. Il alla ensuite là où une colline surplombait le petit village pour mieux se rendre compte de la quantité de caravanes qu’il aurait à surveiller. La lumière fit écho aux chants des gallinacés, tandis que le Patrouilleur finissait sa boisson devenue froide à présent. Tout était en ordre et le silence de la nuit se substitua aux voix humaines dans une timide naissance qui prit de plus en plus de volume. Des sons métalliques, des cris. Tout se mettait peu à peu en ordre. Il revint à la taverne, rendit sa tasse avec un signe de la tête à destination du tavernier.

- Bonjour Cadette. lui fit-il en apparaissant à côté d’elle alors qu’elle toquait à sa porte. Tout est en ordre, les caravanes se préparent au départ.

Il lui fit un clin d’œil et s’engouffra dans sa chambre pour récupérer son barda déjà empaqueté et brossé. Il avait meilleure mine que la veille, la nuit avait fait des miracles. Tout comme son petit rituel matinal pour dompter sa Nebula. L’écorce de saule avait cette vertu qu’elle atténuait ses migraines et la gardait à distance pour un petit temps. Dans une eau chaude, elle l’aidait à garder le contrôle. Bien entendu, c’était aussi un antalgique reconnu.

- Sire Bronn doit être en train de préparer ses ouailles. Si tu es prête, je te propose d’aller manger un petit bout et d’aller prendre nos consignes ? Bien plus affable que la veille, il se risqua même à sourire. Je doute qu’ils aient prévu des chevaux pour nous, j’espère que tu as des bottes confortables et résistantes.

Le Patrouilleur descendit dans la grande salle et les deux assiettes qu’il avait demandé au passage venaient d’être posées sur une table à l’écart. Un gruau consistant et des tranches de lard avec du pain épais. Le tavernier leur apporta quelques œufs à mesure qu’ils s’installaient. C’était la dernière occasion de faire bonne chaire avant le grand départ. Ryker échangea quelques banalités avant de se lever de nouveau, une fois son repas terminé. Il était temps d’aller rencontrer le grand chef de tout ce beau monde. Sa caravane serait celle de tête, comme la tradition l’exigeait, et son second serait en fin de convoi. Les deux patrouilleurs cheminèrent entre les chariots qui commençaient à se mettre en file indienne, les chevaux hennissaient et piaffaient d’impatience après tous ces jours arrêtés.

- Ah, vous voilà. Qui prend la fin du convoi ? fit Bronn, aussi direct qu'avenant.

- Je m’occupe de la queue de pont, c’est le point le plus risqué. Nous effectuerons des allées toutes les deux heures pour relever les éventuels soucis. Qui sera le point de pivot chez vous ?


- Mon fils sera au centre. Mon frère à la queue. Vous vous réfèrerez à lui. Madame, vous réfèrerez donc à moi. Vous pourrez entreposer votre barda dans ma caravane. continua le chef de caravane, avec un signe de tête envers Aelis.

- Très bien. Nous ferons transiter les informations via votre fils. Cadette, on se retrouvera tous les deux au milieu à heures fixes. A pieds. En attendant, Sire Bronn, nous allons sonder la Brume et vous attendrons sur la route pour prendre nos postes. Attendez-vous à du grabuge : la Brume rôdait dans la vallée cette nuit. termina Ryker puis il lui adressa un signe de tête et fit signe à la jeune femme de le suivre.

Ils s’éloignèrent de la tête de caravane et s’engouffrent sur la route qu’allait suivre le convoi, Ryker ne sachant que trop bien quelle mine devait tirer à présent le chef de caravane. La Brume qui rôdait dans le Val, n’importe quoi mais cela suffirait à les rendre précautionneux. Et face à un convoi de cette taille, ils seraient chanceux s’ils ne faisaient que dérouter une attaque ou deux. Il avait vu les marchandises, et nombreux étaient les artéfacts honnis par la Brume dans ces caravanes …

- Désolé d’avoir pris la main si tu avais déjà l’habitude de ces protocoles. Quoi qu’il en soit, Cadette, tu auras aussi le rôle le plus ingrat : aller sonder la Brume pendant que moi je m’occuperai de chasser quoi que ce soit qui ait pu être réveillé par notre passage pendant la route. On va aller voir ce qu’il y a par là histoire de dérouter toute chose qui serait déjà sur notre passage … qu’en dis-tu ?
Lun 7 Aoû - 16:41


Elle s'était presque imaginée le surprendre au lit à cette heure là. D'autant, la voix famillière de strentor derrière elle, la fit sursauter de quelques milimètres, et elle se fustigia pour cette réaction pourtant et simplement, humaine. La peur est un frein pas un moteur certes, mais il s'avère parfois salutaires de mettre les bout, comme lui avait fait remarqué son "mentor", ou tout du moins l'homme d'experience auquel elle avait affaire. Elle retenait la leçon, même si au fond d'elle elle se croyait incapable de fuir devant le danger qui pourrait guetter l'un de ses camarades. Douce et innocente ? Non, simplement idéaliste. Cela faisait des années qu'elle avait perdu la candeur et la fraicheur d'une douce jeune fille, depuis qu'elle avait enfilé ses bottes et avait quitté le foyer famillal pour l'aventure.

Elle mangea, sans grand appétit, se forçant à ingurgiter ce qui se présentait devant elle, comme un automate. La pression, le stres, l'anxiété. Ses émotions dégoulinait d'elle comme l'eau le faisait des plumes des Anatidés. Sur son épitaphes, elle voulait qu'on note : Aventurière sans peur ni reproche. Et surivre n'était pas son but premier, elle avait presque perdue le goût de vivre, depuis quelques temps. Elle voulait mourir de manière glorieuse, dans le sang de ses ennemis, quelque chose que l'on puisse conter dans une ode au courage, et à la force de l'esprit. Une volonté perçante, comme la pointe d'une flèche porter à chaud, l'animait.

Elle suivit le mouvement sans s'imposer, il lui semblait tout naturel, que Ryder prenne le commandement de leur duo, comme une évidence depuis ce matin, comme si tout était d'une simplicité enfantine, coulait de source comme l'eau d'un lac de montagnes. Elle acquiesçait, répondait aux questions de manières évasives et automatiques, comme ses être de métal que l'on fabriquait non loin d'ici, vers Epistopoli. Aelis mâchait une plante de manière presque frénétique, aux vertus sensées vivifier corps et esprit, et préparer pour une traversée de la brume. Les fleurs de Mashia, qui ne poussaient que dans le ventre du monstre aux dents et au ventre de coton, et qui décelait autant de merveilles que d'horreurs.

Si elle était distraite, il y'avait bien une seule et unique raison à son apréhension. Là, tapie dans l'ombre de son esprit, deux yeux la regardaient. Epiaient. Et se délectaient du mal que cela donnait à la "cadette" pour avoir un comportement adéquat, ou tout du moins qui lui ressemblait un tant soit peu. Chaque fois qu'elle fermait les siens, deux yeux de feu semblaient vouloir la prévenir, lui dire quelque chose. Depuis qu'elle était devenue Portebrume, l'obscurité caché derrière ses deux paupières n'existait plus, elle semblait être le pont vers son monde interne, intestin et vicieux, il lui montrait des images qu'elle ne voulait souvent pas comprendre, ni voir.

C'était son chemin de croix, sa propre épée de damoclès, son fardeau. Elle devait composer avec. Quand Ryder proposa de quitter la civilisation pour s'enfoncer sur le chemin qu'ils devraient parcourir, elle secoua la tête de manière à chasser les pensées qui l'accablait. Elle opina du chef ci après, lui donnant encore l'air de minauder de la pire des manières. Elle ne supportait pas les façons de son corps, quand elle se trouvait trop proche de lui. Aelis se promit de surveiller ce tas d'os et de chair, sensé lui obéir, mais qui n'en faisait qu'à sa tête ; Sûrement le coeur d'ailleurs.

- Allons-y, je serais moins distraite une fois sur le sentier, et puis j'ai besoin de me dégourdir les idées ... Qu'elle lança en montant comme le ferait un cavalier émerite, sur le cheval qui l'attendait devant l'auberge, piaffant déjà d'impatience de lui aussi, dégourdir ses membres. Je prends la tête, sieur Lestat, vous prendrez la suite, comme ça on en aura l'habitude pour le convoi ... Elle lui décocha un regard entendu, et fit claquer ses rênes sans attendre de réponse.

Le vent dans ses cheveux, filait à toute allure à mesure que son cheval avançait. Elle avait lancé un simple galot pour couvrir les quelques centaines de mètres qui la séparait de la fin du village, et attendit son homologue avec beaucoup d'aprhénsion. Comportement d'enfant qu'il pourrait gourmander, mais elle avait la fougue de la jeunesse chevillée au corps, corps longiligne comme une branche d'arbre verte, souple et ondulant au rythme des pas de son cheval, qu'elle calma pour la suite.

- J'ai déjà été le plus loins possible seule, mais je vous attendais pour la suite
. Qu'elle fit en désignant les bandes luminescentes présente sur certains arbres, et qui balisaient la route que devait emprunter la caravane. La brume était moins éloignée il y'a deux jours ...

Ce qu'elle ennonça comme un fait, pouvait peut être s'avérer incongrue aux oreilles du vétéran, mais elle n'en avait pas conscience.

Mar 22 Aoû - 13:21
Le Patrouilleur la regarda partir à cheval. Il soupira et tourna les talons, n’ayant que ses bottes pour pleurer. Ces créatures surnaturelles et bruyantes n’étaient que des aimants à problèmes. Elles se blessaient pour un rien, avaient tout le temps besoin de manger et attiraient bien trop l’attention. De plus, il se trouvait être trop haut dans la Brume pour pouvoir observer les chemins et les traces sur le dos ces bestioles agressives. Il emboîta donc le pas d’Aelis mais à pied, sans plus se presser que cela. Il lui fallut donc quelques bonnes minutes pour la rejoindre. Certes, il aurait pu avoir son canasson et descendre pour le guider dans la Brume … mais c’était trop de contraintes. Avec un soupçon de mauvaise foi.

- Je crains de ne pas pouvoir courir aussi vite, Cadette. fit-il avant de s’accroupir devant la Brume.

Il observa la sente et se gratta la barbe face aux dernières fumerolles de Brume qui disparaissaient face au soleil. La jeune femme n’avait pas tort.

- La Brume avance et dévore tous les jours. De plus en plus ces derniers temps. Ces événements sont devenus bien trop rapprochés, Cadette. Je crains que nous voyions Uhr se recouvrir de Brume de notre vivant. soupira-t-il, un brin dépité. Allons, avançons et voyons ce qui se cache sur le sentier que nous devons prendre. On attachera ton cheval en bas : ils ont tendance à trop attirer ce qui se tapit dans la Brume.

Ryker entama la descente d’un bon pas, et il ne lui fallut que quelques minutes pour rejoindre le début du sentier. Les feuillus se substituaient peu à peu aux résineux pour offrir la vue inquiétante d’une trouée qui s’engouffrait dans la Brume. Le chemin était balisé, mais il n’en restait pas moins dangereux. La route faisait plusieurs mètres de large et la terre était battue, témoin qu’elle était empruntée assez souvent. Il n’était pas rare qu’un convoi s’en sorte bien par cette voie, mais l’inverse était tout autant vrai. Surtout avec un convoi aussi long : ce qui rôdait dans la Brume aurait le temps de s’organiser pour l’attaquer.

Le Patrouilleur s’accroupit en recherche de quelque trace à même de lui donner davantage d’informations sur ce qui avait pu passer ici de manière récente. Le sol était encore humide de la rosée et la terre portait les traces de quelque vie sauvage. Il releva des ongulés sauvages et des suidés mais rien qui n’excéda la taille normale de ces animaux. Il se tourna vers Aelis.

- Rien d’inquiétant : l’avantage de la Brume c’est que la vie sauvage peut se développer sans grande crainte de l’Homme. Et … les prédateurs aussi. murmura-t-il en avisant l’imposante trace d’un loup, les pattes en diagonale et assez peu marquée. Fait étrange, cela traduisait une course de la part de la créature, qui s’éloignait de la forêt.

Rien d’anormal dans cette région. Il soupira à nouveau puis avança vers la suite du sentier pour ne s’arrêter que devant la Brume qui avait cessé de refluer. Comme à son habitude, la substance malicieuse darda ses doigts impérieux dans sa direction. Il fit un pas rapide pour ne pas laisser entrevoir à Aelis que le brouillard n’était pas opposé à sa venue et disparut dans la fumée comme si cette dernière venait de le croquer séant. Comme à son habitude, la voix de sa Nebula se fit plus présente, plus pernicieuse. Il la tassa bien au fond de sa psyché pour étouffer son rire sec.

- Allons bon, ça, ça n’est pas normal. lâcha-t-il après quelques mètres. Cadette, viens-là. C’est bien une carcasse de loup ça ?


Mer 23 Aoû - 16:05
Gamelle la suivait depuis toute gamine dans toutes ses aventures, dans ses plus belles victoires, dans ses pires tracas. C'était triste à dire mais elle était surement la meilleure amie dont aurait pu rêver Aelis. Du genre à se taire quand on lui parle. Pas avec la langue constamment pendu comme se foutu Ryker, qui n'avait même pas prit la peine d'avoir une monture. Elle comprenait mieux son retard -peut être était il aussi mental qui sait ? et sa fatigue de la veille. Se deplacer à pied dans Uhr était une hérésie.... Mais qui était elle pour juger hein ? Une simple cadette, rien de plus. Elle arrêta gamelle là ou la brume commençait à étendre ses doigts charnues, gourmand et fantomatiques. Elle fit comme à son habitude. Attachant le cheval juste pour qu'il se sente maintenu, mais en lui laissant la possibilité de fuir si le danger était imminent. Aelis préférait son cheval, à n'importe quel autre être humain ... Alors que dire de Lestat ? Oui, il prenait pour son grade, mais il le méritait, pour l'instant.

- Alors si ça c'était un loup, je me fais bonne sœur à Aramilla. Lâcha-t-elle pour appuyer les dire de Lesta. Dégainant Justice, elle fit le tour du périmètre à petit pas, comme si le moindre bruit aurait pu prévenir le prédateur d'un prédateur -un hyper prédateur en quelque sortes, qu'ils étaient là. Etait-ce déjà la fin pour notre jeune héroïne... ? A peine démarré et déjà enterrée ? Elle fit un tour, posa la main sur le sol, y mit son oreille mais n'entendit rien de suspect ... Pour le moment.

- Je sais pas s'il y'a un rapport, mais les dernières traces les plus fraiches nous indiqueraient que son tueur serait bipède .. Vous pensez à quoi, Sieur Lestat ? Des brigands ?

Ou pire, des séraph ou autre connerie qu'elle ne connaissait pas encore sur le bout des doigts.


Jeu 2 Nov - 12:18
Contre toute attente, ce ne fut pas la Brume qui se mêla de leurs affaires cette fois-ci, mais bien une main humaine quoi qu’altérée. Remontant les traces, les deux aventuriers tombèrent nez à nez avec un zoanthrope en forme d’ours. Ce dernier, entouré de quelques menus brigands, semblait avoir légèrement perdu les pédales et fait de son quatre heures l’un d’eux. La troupe semblait avoir eu pour objectif d’attaquer le convoi, mais cela ne s’était pas passé comme prévu et la Brume s’était jouée d’eux et avait dérobé l’esprit de ce qui semblait avoir été leur leader. Pas étonnant que cette chose se repaisse d’un loup, mais bon … c’était peut-être ce qui avait commencé à lui faire péter un boulon.

Cadette et lui se cachèrent dans les débris d’un camp de fortune, visiblement assez fortifié pour justifier une forte activité criminelle dans la région. Il ne fallut pas plus de quelques minutes pour que les rugissements du zoanthrope ne se fassent assez puissants pour attirer d’autres types de prédateurs dans la Brume et quelques charognards vinrent pointer le bout de leur nez, ce qui induisit une mêlée générale entre les différentes parties prenantes de ce petit conflit.

- Leçon numéro 1, Cadette, la Brume s’occupe bien souvent des affaires humaines toute seule. lui fit le Patrouilleur, avant de sortir son arc de son dos. Leçon numéro 2, l’honneur ne compte pas pour les morts.

Il banda son arc et encocha une flèche. Le trait fila dans l’air et la Brume pour se planter droit dans le dos de l’ours humanoïde dont la rage ne fit que s’amplifier. Il rugit, se tourna et commença à trancher tout ce qui passait à sa portée. Il découpa hommes et fortifications, ne faisant que peu de cas des coups d’épée de ce qui furent ses compagnons. Débordés sur tous les fronts, avec des créatures musant dans la Brume qu’ils ne purent identifier, les brigands furent vite dépassés et à mesure que la Brume s’intensifiait, le sang coulait de plus en plus fort. Seule la toison du zoanthrope dépassait et il en fut vite réduit à brasser dans le vide tant sa rage avait fait fuir les créatures opportunistes. Ryker pesta et attrapa une autre flèche. Il fit signe à Aelys de s’occuper de produire des étincelles tandis qu’il entourait sa flèche de tissu. Ils enflammèrent cette dernière puis, d’un tir qu’il mit du temps à lâcher, envoya le trait enflammé se planter droit dans la fourrure du zoanthrope qui ne s’enflamma qu’au bout du troisième en hurlant de rage. Trop peu de cervelle pour comprendre ce qu’il se passait. Les êtres de la Brume lâchèrent des crissements stridents avant de finir de lui régler son compte.

- En avant, Cadette, il faut presser la caravane, je gage que tout ira mieux à partir de là … nous enverrons un rapport, il semble la Brume ait voulu nous rendre service aujourd’hui … et profiter de nous pour lui enlever cette épine dans le pied.


La Brume n’était pas toujours cabotine avec lui, c’était donnant-donnant et cela expliquait sans doute pourquoi il n’était pas encore mort. Les deux aventuriers parvinrent à argumenter pour presser le pas, ce qui épargna de nombreuses difficultés à la Caravane : pour une fois qu’une aventure se passait sans encombre … et qui sait, peut-être le début d’une longue collaboration entre Ryker et la petite Aelys ?