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Fiche de lieu : Marche de Renon

Fiche de lieu : Marche de Renon Brandw10
Dim 19 Mar - 2:18

Marche de Renon

Archevêché épistopolitain

À l'extrême sud-est des terres souveraines de la Cité des Sciences se trouve la Marche du Renon : une région longtemps disputée à Aramila et annexée il y a approximativement quarante ans lors des guerres aramilannes. Selon les interlocuteurs, cette bande de terre située entre les Trois Soeurs et le Goulot revêt différents noms : l’Archevêché de Renon, la Marche de Renon ou encore les « Territoria Novae », comme l'appellent les Sapiarques. Même après plusieurs décennies de paix relative, le paysage du Renon arbore encore de profondes cicatrices issues des batailles sanglantes s'y étant déroulées : cratères d’explosions, temples criblés d'impacts de balles et champs brûlés au feu grégeois sont autant de spectacles lugubres auxquels voyageurs comme locaux sont coutumiers. Aujourd'hui encore, la ville de Renon reste au cœur des tensions diplomatiques entre Aramila et Epistopoli, raison pour laquelle elle est gouvernée d'une main de fer par l'Amiral en personne. Toutefois ce-dernier ne pourrait obtenir le calme et l'obéissance s'il n'opérait pas en binôme avec l'archevêque local, véritable gant de velours que d'aucuns accusent de déformer l'idéologie panthéiste pour rapprocher ses ouailles de la cause épistopolitaine.

Au-delà des remparts de la capitale régionale, la Marche se distingue par son climat subtropical humide, son maquis et ses jungles denses, mais aussi et surtout par ses sols riches en hydrocarbures, stratégiques pour le bon fonctionnement des industries épistopolitaines. Malgré les contestations, les dispositifs de forage n'ont cessé de se multiplier dans le paysage depuis que le territoire s'est vu annexé, polluant les sols des exploitations agricoles et achevant de détruire l'économie locale, déjà bien ravagée par la guerre, de ce que l'on appelait jadis le « Grenier d'Aramila ».

Socialement divisé, le Renon se caractérise par la pauvreté alarmante de ses ressortissants tandis que la bourgeoisie d’Epistopoli se plaît à investir les Territoria Novae, s'arrachant chaque parcelle à grand renfort de ventes duplices et de dépossessions des communautés locales. La tension est donc palpable entre ceux qui se reconnaissent comme partisans d'Aramila, les « réunionistes », et ceux ayant embrassé leur nouvelle vie grâce aux opportunités offertes par les colons epistotes. Les altercations sont nombreuses et les agressions, dégradations et ribambelle d'actes criminels surviennent pratiquement au grand jour, dans un camp comme dans l'autre. Il est donc devenu très difficile de se faire la voix de la raison dans ce territoire où les actes haineux et la discrimination sont devenues monnaie courante, menaçant de le faire replonger à tout moment dans un cycle de violences.

La Ville de Renon

Voilà quarante ans que la ville sinistrée a repris des couleurs après avoir été le point culminant des affrontements lors des guerres aramilannes. Marquée à jamais, elle conserve de profondes marques laissées dans son architecture initiale, aujourd'hui partiellement revisitée par les constructeurs épistopolitains et accentuant le contraste entre sa culture d'origine et son renouveau industriel. Bien que le panthéisme subsiste dans les pratiques locales, force est de constater que les habitants de Renon ont su s'adapter à l'occupation en se tournant progressivement vers la technologie. Çà et là, entre deux rues commerçantes de la vieille ville, on trouve ainsi des immeubles de bureaux et, davantage en périphérie, les usines et raffineries qui se sont invitées dans le décors. La plupart des églises ayant été démolies, durant la guerre ou lors de la reconstruction, il ne subsiste de l'influence du panthéisme que la cathédrale miraculeusement intacte où l'archevêque continue d'assurer son office.
Reflétant l'économie locale désastreuse, les rues de Renon sont réputées malfamées à la tombée de la nuit : malgré l'éclairage assuré par le nouveau réseau électrique et la centrale de charbon, des criminels rôdent dans l'ombre et s'en prennent aussi bien aux voyageurs de passage qu'aux réunionistes et partisans du renouveau. Ceci sans compter les affrontements constants entre les deux camps et le terrorisme local contribuant à l'instabilité de la ville et de ses alentours, malgré la mainmise de l'Amiral et de son armée, installés depuis plusieurs décennies dans la région occupée. Du savoir-faire agricole ou de la gastronomie locale, il ne reste malheureusement plus grand chose tant la production et la consommation industrielles sont privilégiées. Toutefois certains irréductibles continuent à maintenir leur activité pour que des privilégiés, souvent réunionistes, puissent en profiter et ainsi ne pas perdre espoir.

Les Terres de Soufre

Jadis, on disait des campagnes renonnes qu'il s'agissait de l'un des lieux les plus authentiques et les plus charmants d'Aramila : à mi-chemin entre le charme des déserts et la nature étouffante des jungles, ces longues étendues de maquis, entrecoupées de quelques exploitations agricoles, offraient un paysage multicolore et apaisant. Aujourd'hui, il n'en est plus rien. Remplacés par la froideur du gris et le noir de la terre, les champs ont disparu au profit des puits de forage qui parsèment le paysage et détériorent les sols. Les somptueux décors pastel se sont lentement désagrégés jusqu'à ce que même le sol terne et vaseux ne soit plus visible à travers le smog produit par les raffineries, crachant constamment la fumée produite par la combustion des excès de gaz et d'hydrocarbures. Certains campagnards ont même fini par revendre leurs terres à moindre coût, après que leurs cultures se soient mises à pourrir sur place ou que des dolines se soient creusées dans leurs parcelles. Fréquemment, il arrive que le soufre présent dans les nappes de pétrole remonte en grosses quantités et colore l'atmosphère d'une teinte jaunie, donnant ainsi leur nom aux Terres de Soufre.

Évènements

1567 - L'expatriation sanctaine

Alors que les loges secrètes sont démantelées, de nombreux hérétiques fuient Sancta et se réfugient en secret à Renon où l’Église est à la fois moins présente et bien plus clémente. Cherchant en parallèle à tempérer la répression causée par sa voisine, Aramila ignore pendant un temps les mouvements de population jusqu'à ce que Sancta, confrontée à la prépondérance de ses expatriés dans l'archevêché de Renon, sous-entende un rattachement de la région à sa province ecclésiastique pour éviter que cela ne dégénère en esclandre diplomatique. Si le rattachement n'a jamais été discuté en raison de l'instabilité politique du pays à l'époque, beaucoup estiment que c'est de là que serait née la défiance historique entre les deux Hautes Cités, qui aurait survécu à la Révolution et serait une des causes initiales des guerres aramilanne.

1655 - L'impact de la Révolution

Devant le succès de la révolution et la libre pratique des sciences promue par Epistopoli, de nombreux citoyens des terres limitrophes de Renon se prennent à rêver à un développement technologique pour le Grenier d'Aramila. L'influence scientifique finira par déteindre sur les méthodes de production et l'utilisation de machines innovantes pour semer et moissonner, avant que le Concile Œcuménique d'Aramila en interdise l'usage. Cette décision provoquera une nouvelle fuite des cerveaux et une crise démocratique pour l'archevêché, privé d'une partie de sa main d’œuvre étrangère et bon marché.

1859 - La Dernière Guerre

Après six années de ravage causées par la guerre dans les terres limitrophes, Renon et ses campagnes passent officiellement sous le drapeau épistopolitain alors que les forces d'Aramila se retirent définitivement pour consolider les frontières de l'archevêché d'Aramila. Province ou protectorat, le nom importe peu : le nouveau statut laisse dans tous les cas les locaux partagés, bien curieux de savoir à quelle sauce ils vont être mangés.

1893 - La résurgence réunioniste

Plus de vingt ans après la fin des affrontements, le Renon est demeurée une terre sinistrée, contribuant uniquement au profil de quelques nantis et de ceux qui ont su prendre le train épistopolitain en route. La colère gronde et des insurrections poignent, fomentées par certains « réunionistes », rencontrant une réponse toute aussi violente chez les partisans de la cohabitation. À cela s'ajoute la criminalité qui n'a jamais été aussi haute, rendant les rues de Renon particulièrement dangereuses, et le constat de la dévastation des paysages par les nombreuses plateformes de forage et raffineries de pétrole qui polluent et assèchent les sols, causant le désarroi des petits producteurs...