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L'artefact perdu des Saraphs

L'artefact perdu des Saraphs  Brandw10
Jeu 20 Oct - 1:35
Tlaxlheel & Séréphina


L'artefact perdu des Saraphs

Un gala de charité sous fond de vente aux enchères. C'était l'événement de la semaine pour les nobles d'Opale. La plupart y étaient conviés pour forger des relations, d'autres pour dépenser leur argent et d'autre encore, comme elle, afin de rencontrer des personnes en particulier. Elle avait été invitée par une famille en particulier, l'une des familles fondatrice de la ville. Cela n'arrivait pas souvent et il fallait bien avouer que Séréphina essayait de ne pas trop se mêler aux jeux politiques de la cité. Elle avait bien trop à faire pour cela, bien trop d'aventures à vivre que pour perdre bêtement sa tête. On l'avait invitée à cette prestigieuse soirée et on lui avait demandé de rencontrer le nommé Tlaxlheel Azcalxotil. Il s'agissait d'un saraph de taille impressionnante et un autre noble d'Opale. Il semblait être un membre imposant, même parmi les siens. La rousse ne pouvait se targuer de connaître beaucoup cette race, elle n'en avait d'ailleurs jamais rencontré bien qu'elle ait lu pas mal de choses sur eux. Elle était intriguée malgré elle, par les secrets dissimulés par les saraphs. Ils étaient spéciaux, particuliers, uniques. Et tout le monde savait combien la strigoi était passionnée de choses uniques.

Le pourquoi de cette demande était plutôt simpliste en réalité. On désirait l'engager afin qu'elle parte à la recherche d'un artefact ancien, perdu il y a des années de cela. On lui demandait de prendre contact avec Tlaxlheel, car il s'agissait d'un artefact saraph, elle devait donc aller à la pêche aux informations afin de tenter d'en apprendre plus sur les particularités de ce dernier. On la payait une somme rondelette pour retrouver l'objet et Séréphina ne crachait jamais sur un peu d'argent en plus, après tout, elle était bien archéologue à ses heures perdues à cause de son métier. Et elle demeurait toujours discrète sur ses travaux, la concurrence faisant, elle ne désirait pas voir ce qu'elle voulait, lui passer sous le nez. Le tout faisant, elle avait été choisie par le patriarche de la famille Excelior. Elle n'avait jamais véritablement eu de contacts avec cette famille, elle ignorait d'ailleurs pourquoi ils désiraient tant à retrouver cet artefact, mais elle n'était pas bien assez payée que pour commencer à poser des questions. Après tout, ce n'était pas son problème.

Séréphina termina de mettre sa robe couleur rouille et saisi son sac à main. Elle embrassa Rhosyn sur la joue avant de leur souhaiter à elle et Daeron, une excellente soirée. Cette fois, son garde du corps attitré ne l'accompagnerait pas, elle ne désirait pas paraître suspecte dans un quelconque sens. Et puis, seule, elle semblerait bien plus inoffensive qu'elle ne l'était en réalité. Généralement, les hommes étaient bien plus à l'aise avec une femme seule, qu'une femme accompagnée de sa fidèle ombre. Et puis il fallait bien avouer que Daeron n'était pas le plus commode des hommes. La nuit était déjà tombée sur la cité, lorsque la jeune femme quitta sa demeure. Elle se déplaça rapidement jusqu'au lieu de la soirée et montra son invitation au garde à l'entrée. De multiples lumières dansaient dans la haute salle, qui était déjà remplie de monde. Séréphina jeta un coup d'œil aux alentours, mais ne remarqua pas de peau rouge. Elle s'était renseignée sur l'apparence du saraph et on lui avait assuré qu'elle ne pourrait pas le manquer.

Mar 25 Oct - 8:33
« J’entends ce que tu me dis, fit-il en passant une main délicate sur sa dernière création, observant d’un œil particulièrement critique l’assemblage. Tu comprends mon rôle : je sers de garde-fou. Je préserver l’équilibre entre les familles. Je ne suis pas le seul à remplir ce rôle, et certainement pas le plus essentiel à cela. Mais tout de même. »

Il déplaça légèrement la balle métallique, la faisant rouler sur les contours bien dessinés de l’épine dorsale de son sujet. Les os jutaient sous la peau, tendaient l’étendue diaphane comme un tissu disputé par deux mégères. Sa langue claque dans sa bouche. Trouvait le bon endroit où arrêter l’objet était compliqué. Il ne voulait pas qu’il tienne seul, ou qu’il se place au milieu du dos. C’était déjà fait, trop facile, et sans intérêt. Il fallait trouver la position de déséquilibre parfait, qui mettait en exergue la tension du corps.

« Donc, si je rencontre cette… Séréphina, très joli nom d’ailleurs, il faudra faire attention à ce que je n’ai pas l’air de trop favoriser la famille Execelior, tèrs respectable d’ailleurs. C’est une question d’équilibre. »

Arrêtant brusquement son mouvement, il se concentra totalement sur son œuvre. Il laissa son regard parcourir les courbes du corps. Il y avait quelque chose. Pliant légèrement les genoux, il passa sa main sous la poitrine de la jeune femme, tâtant la chair, avant de remonter vers les épaules, de descendre les bras puis de lever ses griffes inquisitrices. Il prit grand soin pendant son examen de maintenir au même endroit la sphère révélatrice. La matière pliait correctement. Il y avait là quelque chose d’intéressant. Ixlatlt en imploration. Cho-tl’katl en exil. Izta devenant grande. Les titres se succédaient, les visions brûlaient ses paupières, et l’espace d’un instant, il vit quelque chose de beau, il sentit sous le cuir fertile de son corps la roche et le métal qui accouchaient d’une fièvre belle et éternelle. Il se releva, et autorisa pour la première fois en une heure le métal qui refaçonnait la colonne vertébrale de la créature bipède à quitter son dos, la serrant dans sa main avant de l’envoyer s’y briser. L’os craqua, le corps se plia en deux comme un linge qu’on s’apprêterait à ranger dans une armoire, et Tlaxlheel se retourna vers l’homme qui demandait ses services :

« C’est important, l’équilibre. »

Trois jours plus tard, il s’habillait des symboles multiples de son rang et de son pouvoir. L’or enserrait l’émail de ses dents et de ses cornes, les anneaux brillants rendant ces dernières (spécialement blanchies pour l’occasion) en flèches d’ivoires. Son corps était drapé dans un vêtement ample, qui chez d’autres personnes aurait caché le corps même le plus impressionnant. Et sans doute sa musculature roulante n’était-elle dans cet accoutrement plus que suggérée. Mais cela lui permettait d’occuper l’espace avec un impérieux plus exigeant qu’à l’accoutumé. Le serviteur à l’entrée lui demanda son invitation. Tlaxlheel le regarda, montra les crocs, son sourire affable promettant de corriger toute forme supplémentaire d’impertinence. Il ne connaissait pas tous les gens qui travaillaient à la sécurité de la ville, loin de là. Mais il savait en revanche que tout homme venant d’Opale et ayant déjà tenu une arme connaissait son nom, et plus important encore savait qui il était. L’autre ouvrit la bouche, hésitant entre le besoin de suivre le protocole et celui d’éviter de déplaire à l’ogre qui lui faisait face.

Tlaxlheel pénétra l’enceinte du bâtiment. C’était peut-être une saloperie mesquine et inutile, mais il fallait savoir apprécier les petits plaisirs lorsqu’ils se manifestaient. On lui avait expliqué qu’il avait deux choses à faire, ce soir. La première était de se montrer. Un message était passé, et il devait signer la lettre, apposer un sceau. Cela ne serait pas dur. Il fallait encore retrouver Séréphina. On lui avait mentionné une jeune femme aux cheveux longs et roux, au visage doux, de petite taille et à la peau blanche. Ca ne l’avançait que très peu. Il balaya l’endroit du regard, profitant de sa haute taille pour repérer les lieux. Deux-cents convives affairés et braillards, dont certains se rassemblaient déjà en petits essaims bourdonnants. Il ramassa distraitement une coupe sur un plateau qui passait par là, la taille ridicule du verre entre ses deux doigts ne l’amusant que très peu. Il produisait en déglutissant plus de salive qu’il n’y en avait dedans. Il but tout de même, et finit par trouver quelqu’un qui devait ressembler à ce qu’il était venu chercher.

Il se rapprocha d’elle, se rappelant juste à temps qu’il était inconvenant lorsque l’on se trouvait en bonne société d’expulser hors de son chemin les gens incapables de s’en écarter à temps. S’arrêtant devant la petite chose, il se racla la gorge, et prit la parole, tentant de prendre l’air aussi affable que possible :

« Madame Citaly ? Tlaxlheel Azcalxotil. Un plaisir que de vous rencontrer. »