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Val'Ihem Karmine - Je crois me souvenir

Val'Ihem Karmine - Je crois me souvenir Brandw10
Ven 29 Mar - 19:50

Val’Ihem Karmine

Epistopoli / Soldat

 28 ans / 1872
Portebrume / Masculin
Epistopoli
Hétérosexuel / Il
Soldat
Cloud Strife - FF VII

Description


Mon compagnon de chambre ferma la porte derrière lui et me laissa seul dans la petite pièce de la caserne militaire. Les jointures de mes doigts étaient blanches alors que j'agrippai fortement le lavabo surplombé par un miroir rétro éclairé. Le visage que je voyais se refléter était-il le mien ?

Je ne reconnaissais plus ces yeux bleus striés de marques vertes presque luminescentes, ni ces pommettes ressortant légèrement, ni ce nez aquilin, ni ces lèvres fines... Le visage imberbe, encadré par des cheveux blonds en bataille, était marqué par une mine sombre. Ce visage était apparemment mien et pourtant me semblait étrangé.

Le trouble persistait alors que je suivais les mèches de cheveux claires qui pendaient le long de mon visage. Dans un flash, je me souvenais de cheveux sombres, presque noir. Mes yeux aussi étaient faux. Pourquoi me semblaient-ils avoir été verts ?

Du reste, mon corps me semblait plus familier. Je faisais un mètre soixante-quinze, et j'étais plutôt bien bâti. Après tout, j'étais un fantassin et celà paraissait tout naturel. Et pourtant, je ne savais pas si j'avais déjà été aussi musclé. Des souvenirs d’un corps frêle me hantaient. Mais ce qui tiraillait le plus mon esprit troublé était cette pigmentation pâle. N’avais-je pas grandi au soleil, dans des terres arides ?

Ma tête brulait… Mon cerveau ne parvenait pas à délier le vrai du mensonge. À chaque parcelle de peau que j’examinai la douleur s’intensifiait. Est ce que mon épaule n'était pas marquée d’une tache de naissance ? J’étais sur d’avoir une longue cicatrice le long de mon bras droit, faite par les griffes d’une créature pendant une expédition. Où était passée la brûlure sur ma main alors que j’avais renversé l’huile de notre lampe par inadvertance ? Les souvenirs se mélangeaient et je ne me reconnaissais plus.

Au moins, mon uniforme avait quelque chose de réconfortant. L’uniforme des soldats d’Epistoli que je portais fièrement était comme une ancre dans mes souvenirs emmêlés. Je l’avais toujours porté. J’avais toujours été soldat. Un bon soldat. Cette pensée m’arracha un sourire.

Peut-être en faisais-je trop. Je n’avais pas chaumé dernièrement et j’avais été envoyé en mission plus que d’habitude. Il me fallait peut-être du repos ? Non. Ce n’était pas moi. J’avais encore trop à prouver. J’avais réussi à gravir les échelons et je ne comptais pas m’arrêter en si bon chemin. Je n’étais pas encore celui que j’avais toujours rêvé d’être.

Mon sourire disparu. J’avais encore beaucoup à faire et Keir m’attendait. Keir… Un flashback vida le reste de mes pensées. Je me voyais avec mon ami autour du feu de camp de notre poste de garde. J’appréciais toujours ces instants de répit. Il n’y avait pas toujours une bonne entente entre les soldats. On nous apprenait à travailler ensemble, pas à nous aimer. Mais j’avais toujours été admiratif de mes camarades. Pourquoi ? N’étais-je pas leur supérieur ?  Je me souvenais avoir eu des amis, celà avait toujours compté pour moi.

J’avais grandi entouré de personnes aimantes. Je ne savais pas être autrement. J’étais particulièrement optimiste. Les choses étaient telles qu’elles étaient. Et nous pouvions simplement faire notre mieux avec. Alors même si nous étions des soldats, pourquoi ne pouvais-je pas être bienveillant ? J’avais fait le choix de ne pas rejeter ce que j’étais au profit de mes ambitions. Et Samy avait été mon ami… “Était” mon ami ? Samy ou Keir ? Non… Keir ?

Le flashback avait disparu. Et aussi vite qu’il était apparu, je l’avais déjà oublié. Samy m’attendait à la cantine de la caserne. Je devais le rejoindre.

Habiletés et pouvoirs


Hypervélocité - Pouvoir de Nébula
D’aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours été rapide. Je ne saurais l’expliquer. Mais c'est comme s'il existait cette chose en moi, cette puissance… Et d’aussi loin que je m’en souvienne, quand j’arrive à la canalisé, c’est comme si mon corps devenait léger et que je pouvais courir plus vite que n’importe qui sur de plus grande distance.

Entraînant martiale - Aptitude au combat
On m’a souvent fait la remarque que mon style de combat ne ressemblait pas à celui de l’école martiale d’Epistopoli. Je ne sais pas pourquoi. La façon dont je bouge, dont je tiens mon épée, et qui surprend mes camarades me paraît tout naturelle. Je n’imaginerais pas combattre autrement. Et mon art martial porte ses fruits. Je suis rapide, agile, souple et meurtrier. Il m’a sauvé plus d’une fois. Je continuerai de le pratiquer même s’il interroge.

Esprit tactique - Intelligence de soldat
Je ne suis pas arrivé où j’en suis sans aucune raison. J’ai travaillé dur, étudié les théories martiales et tactiques de mes prédécesseurs. Je ne veux pas agir sans réfléchir. Je ne suis pas seul. Je travaille avec mon bataillon et leurs vies importent. Alors je dois savoir faire face aux situations et les garder en vie. Je dois savoir comment frapper, comment nous protéger face au danger dans la brume et en patrouille.

Gladius - Épée batarde
L’arme avec laquelle j’ai probablement le plus d’aisance. Elle complimente parfaitement mon entraînement aux arts martiaux. Et je la trouve plus naturelle que toute arme à feu d’Epistopolie.

Pistolet - Arme de poing
Et pourtant, il faut bien que je sois capable de m’en servir. Je ne suis pas un mauvais tireur. Mais rien ne vaut la proximité pour me défaire d’un adversaire. Mais avec une arme à feu. Ce qui est parfait quand je peux manier une lame d’une main et tirer de l’autre.

Biographie


Avez-vous déjà failli-vous noyer ? Savez-vous quelle sensation l’on ressent quand nos poumons sont privés d’oxygène ?

Lorsque l’on se noie, il est un moment où il devient tout bonnement impossible de reprendre sa respiration, et ce, jusqu’à en perdre connaissance. Ça s’appelle l’apnée volontaire. Vous aurez beau être terrorisé et privé d’oxygène, votre instinct de survie prédomine. Ce réflexe vous empêche de laisser entrer l’eau, quand bien même vous manqueriez d’oxygène. Et ce, jusqu’à ce que vous ayez l’impression que votre tête est sur le point d’exploser. Vous êtes alors incapable de réfléchir, le monde devient flou autour de vous, les sons se mélangent, et pourtant, votre cerveau lutte pour retenir l’eau de s’insinuer dans vos poumons. C’est seulement lorsque vous la laissez entrer que vous arrêtez de souffrir. C’est à ce moment-là que la peur disparaît et que tout redevient calme.

Pour ma part, je venais d’abandonner le calme pour la douleur. Dans un énième sursaut, plus violent que les précédents, je repris conscience. J’avais été tiré de mon sommeil et le manque d’oxygène en était la cause. Je découvrais la phase un de la noyade : l’apnée volontaire.

J’avais d’abord eu l’impression de tomber, sensation désagréable qui vous réveille en sursaut et qui m’avait sorti du coma. Dès que je compris que je ne parvenais pas à respirer, le monde autour de moi commença à se dessiner. J’essayais désespérément d’aspirer une bouffée d’oxygène, le dos cambré, tordu par la douleur. Mais rien n’y faisait. J’aurais dû en être capable. Le peu de clairvoyance qui me restait encore m’indiquait que je n’étais pas sous l’eau. Il m’était impossible de calmer mon esprit. La peur montait et avec elle, la panique, m’empêchant de reconnaître mon environnement.

Des taches de lumières rouges ne tardèrent pas à faire leur apparition. Tout ce qui m’entourait n’était plus qu’un mélange coloré de reliefs indistincts et mouvants. J’apercevais vaguement des formes blanches se déplacer à côté de moi et me donner un peu plus le tournis à chaque fois. Qui étaient tous ces gens qui semblaient danser autour de mon lit ? Pourquoi ne venaient-ils pas m’aider ? Une pression se fit sentir sur mes épaules. De chaque côté de mon champ de vision trouble, deux formes blanches s’étaient arrêtées. Elles ondulaient dangereusement. Pourquoi ne m’aidaient-ils pas ? J’essayais de me débattre en vain. Cela me terrorisait. Il fallait que je me libère de leur emprise. Mais plus je luttais et plus je sentais de mains se poser sur mon corps. Plus je luttais et plus le manque d’air se faisait ressentir. Plus je luttais et plus la douleur s’intensifiait et ma vue diminuait.

Dans un ultime élan d’espoir pour y voir plus clair, je tentai d’écouter les personnes en blouses blanches. Un sifflement aigu accompagné d’un bourdonnement grave faisait barrage aux divers échos qui m’entouraient. Tout comme ma vue, mon ouïe ne pouvait plus que dépeindre un paysage flou et nauséeux.

J’étais coupé du monde. Et plus je m’acharnais à récupérer mes sens, plus la douleur augmentait. Ma tête était comme compressée dans un étau. Je sentais la tension s’accentuer. Elle était devenue palpable. Puis tout à coup, J’eu l’impression d’entendre un ballon de baudruche se percer. Pendant l’espace d’une seconde, la douleur disparut, emportant avec elle, tout le reste. Il y eut un moment de flottement, qui me parut durer une éternité et tout me paraissait clair malgré l’obscurité qui m’enveloppait. Cet instant sembla durer le temps d’un battement d’aile et pourtant j’avais l’impression qu’il s’écoulait infiniment. Tout était silencieux, calme, paisible, réconfortant. Et le ballon de baudruche explosa. Le battement d’aile était arrivée à son terme et tout redevint chaotique.

L’air pénétra enfin dans mes poumons, les remplissant d’oxygène et les forçant à se déployer. Trop rapidement. Trop brusquement. La première inspiration fut semblable à des centaines d'aiguilles frappant une à une les fibres qui se remplissaient d’air. Chaque respiration s’ensuivit d’un cri silencieux qui me ramenait petit à petit à la vie.

Les formes commençaient à se dessiner autour de moi. J’étais dans un lit, à moitié redressé sur un côté, crachant la salive qui s’était insinuée dans mes bronches pendant mon apnée. Et puis la douleur à nouveau. Ma poitrine était brûlante, ma gorge sensible et ma tête sonnait encore. Des mains étaient posées sur mes bras et mes épaules.

Vient alors l’ouïe. J’entendais et comprenais des bribes de phrases autour de moi : « il respire… » ; « plus besoin d’intuber » ; « constante stable » ; « il faut continuer » ; « il faut qu’il soit calme ». Étais-je à l’hôpital ? Était-ce des docteurs ? Qu’avait-il pu m’arriver ? J’essayais de faire appel à ma mémoire, mais quelque chose semblait m’en empêcher. Plus je grattais à la surface de mes souvenirs et plus la douleur s’intensifiait.

Clignant des yeux pour chasser cette dernière, je récupérais enfin la vue. Autour de moi, des médecins m’examinaient. L’un deux, me poussa sans ménagement pour me faire allonger. Je ne lui opposa pas de résistance. J’étais trop faible pour contester. Des fils couraient le long de ma poitrine. Un des docteurs en enfonça une autre sur ma tempe. Elle avait dû tomber pendant mon apnée. Je découvrais alors les nombreux petits câbles gris partant de mon crâne pour rejoindre des ordinateurs dont je ne pouvais voir les écrans. Pourquoi étais-je hospitalisé ? Mais à chaque question, la douleur s’intensifiait.

- Qu’est-ce… Ma voix était enrouée. Les mots me venaient difficilement… que j’ai ? Où… Où suis-je ?

- Il se réveille. Préparez le calmant. Et cette fois, maintenez le dans un état stable.

Je sentis un produit froid et épais se déverser dans mon avant-bras. Un coup d’œil dévoila le cathéter qui en sortait. Je voulais lutter, mais je sentais déjà les effets du calmant. Je ne voulais pas rester dans un état comateux. J’avais trop de questions. Ce n’était pas le moment de me rendormir. Hors de question. Je voulais des réponses.

- Non… Stop… Qu’est ce que… Vous me faites…

Les informations ne parvenaient plus entre mon cerveau et mes muscles. Les mots ne voulaient plus sortir, mes bras ne voulaient plus se lever, et je sentais mes paupières devenir de plus en plus lourdes. J’essayais en vain de me rattacher à tout ce que je pouvais encore voir dans la pièce. Jusqu’à l’écriture en rouge qui marquait le dossier d’un de mes docteurs. “Sujet n°7”.

Ce fut ma dernière vision. Mes yeux étaient à nouveau clos. Comment avais-je pu en arriver là ? Mes souvenirs s’estompaient dès que j’essayais de les attraper. J’avais la sensation frustrante de jouer au « chat et la souris » avec un nuage de fumée. Une seule chose paraissait être évidente à présent : ce que j’avais crû être une chambre d’hôpital n’en était pas une. Ces médecins n’en étaient pas non plus. Leurs blouses blanches étaient celles de scientifiques. Ce fut ma dernière pensée avant de sombrer dans le coma… J’étais leur cobaye.

**********

Keir marchait à côté de moi, un sourire quelque peu niais sur le visage. La caravane avançait en silence, la mine grave. Celà faisait longtemps que le convoi avançait et nous n’allions pas tarder à entrer dans le territoire de la brume. Chaque homme le savait et la bonne humeur avait quitté un peu plus l’expédition au fur et à mesure de la journée. Mais pas Keir. Lui était toujours de bonne humeur. Je crois que c’est pour ça que je l’aimais bien. Sa vie était simple. Les choses étaient telles qu’elles étaient et il fallait faire avec.

- Allez *******, le nom avait paru comme obscurci par un bourdonnement désagréable, je t’ai tout raconté sur moi. Fais un effort. Je ne sais même pas d’où tu viens.

- Je t’ai déjà dis que je n’avais pas envie d’en parler. Je me tournais vers Keir avec un regard sévère. Laisse tomber.

- Bon si tu le prends comme ça. Alors c’est un ordre direct de ton supérieur. Raconte-moi d’où tu viens.

Mon supérieur ? Mais… Cette fois, c’était comme si un brouillard épais avait recouvert la scène. Et le doute disparut en même temps que l’orage disparaissait. Je baissais les bras, abandonnant l’idée même de réussir à faire changer d’idée mon ami. Il avait gagné.

- Très bien. Mais seulement parce que comme ça tu me laisseras tranquille. J’ai grandi à Epistopoli. Enfin pas dans la ville même. Dans un petit village en bordure de la ville.

- Alors tu es de la campagne ?

- Tu vas me laisser finir mon histoire sans m'interrompre sinon je m'arrête là.

- Pardon pardon…

- Donc comme je disais, j’ai toujours été ici. un petit village, des gens simples, il ne se passait pas grand chose. Vraiment pas grand chose… Et quand on a des ambitions…

- Comme toi ? Je lui lançait de nouveau un regard en coin. Pardon… Continue.

- Comme mon père. Il rêvait de plus. Mais le village n’avait pas plus à offrir et lui n’avait rien à offrir à la grande ville non plus. Alors il se consolait dans l’alcool. Et il battait ma mère. Ce n'était pas facile.

- Je suis désolé.

- Mais ma mère était un roc. Elle n’a jamais flanché et s’est occupée de moi et ma soeur pendant tout ce temps. Une soeur ? Oui. Il était sur d'en avoir une. Mais... à la ferme ? Non... Quelque chose n'allait pas... On faisait ce qu’on pouvait pour l’aider à entretenir la ferme de mon père pendant que lui passait sa journée à boire dans un trou. Et puis il est parti. On a jamais su ce qu’il lui était arrivé et nous n’en avons jamais vraiment parlé. Mais notre vie a changé. On savait déjà s’occuper de la ferme sans lui. Mais ce n’était pas suffisant. Les récoltes n’étaient pas bonnes. Et on ne pouvait rien y faire. Ma soeur était trop jeune. N'était elle pas plus âgée que moi ? Mais moi j’étais en âge d’aider. Et j’avais entendu parler des expéditions. On accueillait souvent les aventuriers qui partaient et revenaient de leurs voyages. Je pensais que je pouvais moi aussi en devenir un et aider ma famille. Alors je me suis engagé dans l’armée et le corps des expéditions dès que je l’ai pu. La suite, tu la connais déjà. Je gagne tout juste de quoi les aider et je n’ai pas réussi à atteindre le rang que je voulais.

Je ne l’avais pas atteint ? Pourtant j’étais leur capitaine. Non ? Je… J’étais un simple fantassin. Mais c’était faux. Je savais que j’avais un rôle plus important. Je revoyais l’écusson de mon grade sur mon uniforme. Ce n’était pas celui d’un simple soldat. Je…

- Silence.

- Mais capitaine.

- Silence Keir. Cette fois c’est moi qui donne un ordre. On arrive. Campons ici pour la nuit. Une grosse journée nous attend demain.

Tout le monde s’était tu et sous les ordres du capitaine, le convoi s’activa à dresser les tentes et le campement. Je faisais ma part du travail comme on me l’avait appris et le groupe militaire s'activait autour de moi. Nous avions tous un rôle à jouer. Certains plus que d’autres. Keir était haut gradé, juste en dessous de notre capitaine. Je supervisais les troupes avec le capitaine et les autres faisaient. Non… Keir supervisait les membres du convoi. Et rapidement le campement fu prêt. Seul la voix de Keir brisa le silence une fois que tous commençaient à se reposer.

- Bord*l de… Ça fait mal.

- Tout va bien ?

Je m’approchais de mon ami qui tenait sa main gauche dans sa main droite et tapait du pied sur des brindilles en feu. Je m’activai pour l’aider à éteindre les flammèches avant de risquer un incendie. Il n’y avait rien de pire pour un campement et nous tous étions d’une vigilance extrême avec nos lampes à huile. Personne ne les aimaient. Nous avions été habitués à des technologies moins primitives. Mais nous étions trop proche de la brume pour nous risquer à utiliser l'électricité maintenant. Nous la gardions en réserve pour quand les choses deviendraient plus réelles. Pour demain.

- Ça va laisser une méchante brûlure. Tu devrais aller voir le médecin. On va avoir besoin de toi demain.

- Oui oui… C’est pas très grave. Ça devrait aller. Il m’adressa son sourire habituel. Hey! Merci de m’avoir parlé tout à l’heure. Je vais aller faire voir ça. Profites-en pour te reposer.

Je suivis les ordres de mon commandant et entrai dans ma tente. J’étais épuisé. La marche de ces derniers jours avait été intense. Je retirai mon uniforme de fantassin et déposai mon fusil sur le sol avant de m’enfouir dans mon sac de couchage. Il ne me fallu pas plus de quelques secondes pour sombrer dans les méandres de mon esprit.

**********

Une image trouble flottait dans cet espace sombre. Je croyais apercevoir une mèche de cheveux, bruns, ou peut être roux. Je n’étais pas bien sûr. Un rire résonna dans cet espace vide. Un rire de ceux qui vous font oublier tous vos problèmes. Un sourire qui rendrait inoffensif le plus brutal des hommes semblait se dessiner sur un visage. Un regard intense, aussi profond que les océans de mon enfance. Des traits fins sur un visage angélique. Une voix calme, apaisante, réconfortante…Tous ces détails apparaissaient dans des flashs, les uns à la suite des autres, et j’étais incapable de les assembler. Je la connaissais. Tout du moins, je l’avais connu. J’en avais la certitude. Et pourtant, j’ignorais tout d’elle. Et tout de moi.

Cette désagréable sensation me fit sursauter et me tira de mon sommeil. J’étais étalé sur un sol froid et d’une blancheur éclatante. Mon visage était étendu sur cette surface froide et il était tourné vers un corps un peu plus loin. Je clignais des yeux pour mieux comprendre qui me faisait face. Un homme semblait dormir dos à moi, enroulé dans un sac de couchage lui aussi blanc. Le sac était recouvert de sangle qui semblait le maintenir autour de son corps tremblant. Ses cheveux d’un noir de jais cachaient son visage. Seul le haut de ses épaules était nu. Sur l’une d'elle, l'homme avait une tache de naissance que j’eu tout juste le temps d’identifier alors qu’il se retournait dans son sommeil.

Je compris alors qu’il n’était pas dans un sac de couchage. Une camisole l’entourait et l'empêchait de se lever. Son regard paniqué croisa le mien et la panique me gagna également. J’étais moi aussi immobilisé par la force des sangles qui parcouraient ma prison blanche. Mon regard chercha partout autour de moi si je pouvais trouver de l’aide. La pièce était vide. Les murs, les sols, tout se ressemblait. Si je n’avais pas été allongé, j’aurais eu du mal à différencier le haut du bas. Seul une porte à l’opposé de la pièce donnait un indice.

Le souvenir d’hommes en blouse resurgit violemment dans mon esprit. Qu’allaient ils faire de moi ? Pourquoi est-ce que je ne me souvenais de rien d’autre ? Pourquoi était il si difficile de se souvenir de mon nom ? J’avais trop de questions, et trop peu de réponses… Toutes mes peurs se bousculaient dans un rythme infernal. Où étais-je ? Qui étais-je ? Ma respiration s’accentua, devenant un peu plus rapide, un peu plus saccadée. Tout à coup, il faisait chaud. Je sentais une goutte de sueur se former le long de ma tempe. Je regardais à droite, à gauche, poursuivi par mes pensées, incapable de bouger correctement dans ma camisole. Je n’avais jamais été claustrophobe. Enfin… Je ne croyais pas. Ou peut être que si…

Complètement gagné par la panique, je me débattais inutilement. Comme un fou, je me tortillais dans ma prison, me cognant contre les murs de ma chambre, recommençant une fois, deux fois, trois, dix fois… Comme si le son pouvait faire venir une personne qui pourrait m’aider. Jusqu’à ce que finalement, à bout de souffle, je tombe à la renverse.

J’étais étalé au sol, me tortillant comme une vulgaire limace qu’on aurait graissé dans sa propre bave. Mon rythme cardiaque s’intensifiait. Je pouvais sentir mon pouls battre la chamade. De nouveau, je n’arrivais plus à respirer. C’était comme si tout le monde s’effondrait contre mon corps et me paralysait. L’anxiété avait atteint un tel point que j’étais incapable de bouger, ni même de prendre cette bouchée d’air libératrice. Pourquoi personne ne venait à mon secours ?

- A… A… Aide… A… Le… A l’aide… Ai… Aidez… Ai… Aidez m… Moi…

Alors quelqu’un parla enfin. Après tout ce temps, une voix sonna à mes oreilles. J’étais incapable de dire d’où elle provenait. J’étais persuadé que personne ne viendrait m’aider. Mais je pouvais l’entendre.

- Il fait une rechute. Un appel d’air m’indiqua qu’une porte avait été ouverte. Vite incubez le.

Et à nouveau, ce fut le noir le plus complet.

**********

Nous venions de pénétrer dans le territoire de la brume. Il faisait froid. Notre champ de vision était grandement réduit. Nous suivions les lanternes qui dressaient un chemin pour nous au milieu de ce brouillard. Ce n’était pas la première fois que j'empruntais cette route. C’était le trajet habituel que mon convoi avait l’habitude de prendre lorsque nous commencions nos expéditions. J’avançais mécaniquement. Nous connaissions tous parfaitement les premiers embranchements à prendre. C’était ensuite que les choses allaient se corser.

Tout du moins c’est ce que je pensais. Contrairement aux autres fois, notre chance habituelle n’allait pas nous aider. Nous connaissions tous les risques. Et nous savions que chaque expédition pouvait être la dernière. Mais ça n’avait jamais été le cas. Nous avions simplement épuisé notre chance cette fois-ci. Un grincement avait fait s'arrêter tout le convoi. Un peu plus loin devant, je pouvais voir un de mes camarades relever son arme, prêt à faire feu. C’était notre dernière recrue. un jeune de la ville qui faisait sa première expédition. Je pouvais comprendre sa peur. Mais il ne devait pas y sceder. D’autant plus que je venais de reconnaître l’arme qu’il tenait dans sa main.

- Hey toi ! Range ça !

Mais il ne m’écoutait pas. Je le voyais viser différent endroit devant lui, hésitant. Je ne voyais aucune créature roder autour de la butte qu’il visait inconsciemment. Je n’étais même pas sûr que le bruit qui nous avait fait s'arrêter vienne de là. Mais le jeune soldat avait vu juste. Il y avait bien une forme qui se déplaçait dans la brume. Je l'aperçu une seconde trop tard. Le tort était déjà fait. La déflagration glaça le sang de tout le bataillon. Tous avaient reconnu ce son et s’étaient retournés vers la déflagration d'énergie qui avait jailli de l’arme et percuté le haut de la butte. Un jappement lui fit réponse, suivi de bruits de pas qui s’éloignaient. Tout ça pour ça?

- Espèce d’imbécile ! Le capitaine se précipita sur le jeune homme et lui arracha son arme encore chaude des mains. Ce n’était qu’un simple loup ! Te rends tu comptes de ce que tu viens de faire ?

- Capitaine ! Keir s’était approché également. On ne peut pas rester là. Il faut se…

Un rire à glacer le sang le fit s'interrompre. Tout le monde se figea à nouveau. Un fracas étouffé par la brume se fit entendre un peu plus loin sur le chemin. La seconde d’après, la lampe qui nous servait de point de repère disparu. Comme un seul homme, tout le convoi se rassembla et leva ses armes dans la direction de la flemme disparue. Une silhouette semblait avancer vers nous. Mais elle était encore loin. Nous ne savions pas à quoi nous avions à faire. Nous ne savions pas qu’il était déjà trop tard.

Un hurlement retentit sur ma droite, en direction de la butte qui fumait encore. Là, un corps difforme, humanoïde nous observait tous de ses grands yeux globuleux. Ce corps avait autrefois été humain. Mais il n’en était plus rien. Son rictus trop étiré pour un visage normal, ses griffes, le trahissaient. Nous étions tous perdus…

Le corps de la créature se mit à briller étrangement. Je pouvais presque voir s’y reflétait nos lanternes. Il était déjà trop tard. La cristallisation de sa peau avait commencé et le premier coup de feu qui partit de mon fusil fut sans effet. La balle ricocha sur le diamant alors que le monstre se jetait sur le soldat le plus proche : le jeune homme. Des griffes de pierre incassable dessinèrent trois sillons parfaits sur le bras du jeune qui se protégeait le visage. Le coup suivant avait déjà pris sa vie.

Tout devient chaotique dans le convoi. Tout était désorganisé, et les événements se précipitèrent. Le capitaine activa l'électricité du convoi central dans le but d’écarter la brume. Je pouvais presque sentir la fureur incontrôlable que déclancha cet acte sur le monstre qui nous attaquait. Mais également chez son compagnon. De l’autre côté du chemin, la créature courait vers nous et plus elle se rapprochait, plus elle semblait aller vite. Beaucoup trop vite. Non… La créature de cristal, elle, était beaucoup trop lente. Comme nous tous. Le temps semblait ralentir et se figer.

Nous étions perdus. Je ne pourrais décrire les atrocités vécues cette matinée… Tout le monde était mort. Ou comme nous, en fuite en espérant survivre aux créatures et quitter la brume. Après tout, nous n’étions pas bien loin de la barrière. Nous pouvions encore nous en sortir. Nous n’allions pas pouvoir rester cachés ici bien longtemps. Les débris d’un précédent convoi un peu plus loin de la scène de massacre nous avait permis de nous cacher du regard des créatures avec Keir. Mais elles étaient toujours dans le coin.

- Il faut que je crée une diversion. Il me reste une grenade. J’y vais. Dès que tu entends l’explosion cours.

J’hochais la tête. J’avais trop peur pour parler. Keir lui semblait se maîtriser. Sans lui, j’aurais probablement été tué par les créatures. Il se redressa, s’arma de la grenade et partit en trottinant. Je le suivais du regard, réunissant le peu de courage restant pour me redresser et me préparer à courir. Mais la chance nous avait définitivement abandonné. Il s'arrêta net et tomba au sol en jurant. Sa jambe était prise dans les débris sur lesquels il venait de marcher. Le son avait retenu l’attention du monstre de cristal. Il n’avait pas encore repéré Kair. Mais je le voyais chercher un peu plus loin. Je devais faire quelque chose. L'adrénaline prit le dessus. Je me levais sans réfléchir et courais vers mon commandant.

- Qu’est ce que tu fais ? J’essayais en vain de libérer sa jambe. Cours ! Ils vont nous entendre.

- Tais toi !

- Tu ne peux pas rester là ! M*rde ! Il nous a vu. Vas t’en ! Allez ! Trop tard…

Je me débattais encore avec sa jambe, ignorant les bruits de courses du monstre et les directives de mon ami. Mais un son me fit m'arrêter. Keir venait de dégoupiller la grenade et s'apprêtait à la jeter. Mais nous étions trop proches du monstre qui courait vers nous… Il la jeta quand même et elle rebondit sur le corps réfléchissant, se rapprochant un peu plus de notre position. Dans un ultime réflexe, je baissais la tête et l’enfouissais entre mes bras alors que je voyais le monstre fondre sur nous. Mais il était trop tard pour lui aussi. La déflagration le balaya dans l’autre sens et nous avec lui.

Tout était flou, mes oreilles vibraient, sifflaient… J’étais étendu au sol, le souffle court. Je n’arrivais plus à bouger. L’explosion avait soufflé mes dernières forces. Seuls mes yeux et ma tête ballottante, me permettaient de distinguer un peu plus loin le corps atrophié du monstre qui se tortillait au sol et le corps immobile de Keir. J’essayais de dire son nom, de l’appeler. Mais aucun son ne voulait sortir. Je sentais ma conscience s'étioler doucement. Mais une lumière intense m’empêchait de sombrer. Là, au-dessus de moi, un nuage plus dense semblait me parler. Je ne le comprenais pas. Mais j’avais l’impression qu’il se rapprochait pour chuchoter à mon oreille.

Et quand la lumière disparut, ce n’était plus qu’une impression. Quelqu’un me parlait à l’intérieur même de ma tête, provoquant une douleur plus vive que ce que j’avais connu jusqu’à présent. Je ne comprenais pas cette voix, je ne savais pas à qui elle appartenait, mais je savais ce qu’elle voulait : mon corps.

Tout devint encore plus fou. J’étais perdu dans un combat intérieur qui semblait interminable. Seule une partie de ma conscience semblait encore exister. Et pour une raison qui m’était inconnue, cette partie résistait aux assauts de cette aura étrangère. Elle ne parvenait pas à faire plier cette dernière partie mon être. Cette conscience qui me restait avait le dessus et me permettait de comprendre que nous avions survécu. Keir me tirait sur son dos. L’air chaud qui nous entourait m'indiquait que nous étions sortis de la brume. Nous avions survécu.

Mais à quel prix ? Les jours suivants furent décousus. Mon esprit en lutte ne savait quel jour nous étions et où nous étions. Nous avancions néanmoins. Keir savait ce qu’il faisait. Mais celà ne fut d’aucune aide. Car ma nouvelle condition avait scellé son sort. Nous n’aurions jamais dû retourner à Epistopoli. Le rapport de mon ami avait scellé notre sort. Notre voyage jusqu’à la ville m’avait permis de devenir ce que Keir avait dû voir de ses propres yeux. Je n’étais plus seulement moi. J’était devenu autre chose. Et cette chose avait un grand intérêt pour les hommes de science de la ville.

Mais j’étais incapable de dire quoi que ce soit. Quelque chose m’en empêchait. Je ne savais pas si c’était l’être au fond de moi, ou le produit que je sentais couler dans mes veines. Mes pensées se faisaient de moins en moins précises. Et ma mémoire avec elles. Allongé dans ce qui semblait être un lit d’hopitale, je commençais à me demander ce qui avait bien pu m’arriver. Le visage de Keir disparaît de ma mémoire lui aussi. Pourtant je savais qu’il était important. Je voulais le prévenir, l’aider. J’avais entendu ce que les médecins avaient dit…

- Et pour le soldat qui est venu avec lui.

- Personne ne doit rien savoir. Faites disparaître son dossier. Et lui avec.

**********

Je me réveillais en douceur. Mon alarme venait de sonner et il était l’heure de sortir du lit. Militairement, je me préparai, ajustai mon uniforme et refaisais mon lit. Mon compagnon de chambre était prêt lui aussi et venait de quitter la pièce. Je m’attardais une seconde devant le miroir de la chambre. Le reflet me perturba l’espace d’un instant. Quelque chose me paraissait étrange dans mon propre reflet. Mais le doute ne dura qu’un instant. Je serrais mes mains aux jointures blanchies par le lavabo que j’avais serré. Je ne pouvais pas montrer de signe de faiblesse. J’avais des hommes à diriger.

Un visage familier passa dans mon esprit. Pourquoi était-il familier ? Je ne me souvenais pas l’avoir déjà connu. Un nom flottait dans mon esprit… Keir. Je ne connaissais pas de Keir… Peut-être une nouvelle recrue ? Je secouai la tête et sortis finalement de la chambre. Je ne m’attardais pas en chemin, allant directement à la cantine. Là, un groupe d'hommes était attablé à une table avec Samy.

- Bonjour Commandant. Vous vous joignez à nous ?

- Avec plaisir.

- Alors tu es prêt pour l’expédition ?

Samy avait parlé suffisamment fort pour que je l’entende. Et pourtant sa voix avait paru distante. Quelque chose n’allait pas aujourd’hui.

- Val ? Ce nom paraissait étrange...

- Hum ?

- Prêt pour l’expédition ?

- Oui. Ce sera encore une expédition réussi j’en suis sûr.

Après tout, je n’avais jamais échoué et j’avais rarement perdu des hommes. *Mensonge*. La voix sans parole qui était dans ma tête n’avait fait qu’effleurer la surface de mon esprit. Je ne l’avais pas entendu. Et pourtant elle était bien là. *Réveille toi*.
Je ne travaille qu’avec des personnes avec qui j’aimerai déjeuner / Il/lui

Je me remets au RP après une longue période de creux. J’ai toujours aimé écrire et en ce moment j’ai du temps. Je devrais donc être plutôt dispo mais je ne sais jamais comment mon emploi du temps évolue donc je tiendrais au courant pour ne pas abandonner de RP!

Sam 30 Mar - 18:54

Esprit double

Il est l'heure de remonter à la surface

C'est une belle promesse que tu nous fais avec Val'Ihem, et un retour en force dans le monde du rp! La mémoire est quelque chose de curieux, surtout quand elle est bien cachée quelque part dans un esprit cassé. Il serait dommage qu'elle remonte d'un coup reprendre son souffle: après tout, vous êtes deux désormais, et quelque chose en toi essaye de te murmure à l'oreille tes nouvelles vérités. Il aurait peut-être fallu mieux lire l'étiquette. "Attention, la présence d'une nébula peut entraîner de forts effets indésirables, dont une perte de mémoire tenace, et déclencher l'intérêt non consenti des scientifiques."
Bienvenue encore, en espérant qu'Astrebrume t'aidera à retrouver la flamme du rp!

Rang : Soldat
Pouvoir / Arme :  Hypervélocité (racial) / Arme de poing (pistolet)
Affinité : 6 PA
Astra : +200 Astra

La suite logique

Avant d'aller RP, assure toi de bien recenser ton avatar pour que personne ne te le prenne. Si tu ne sais pas avec qui commencer, tu peux toujours faire une recherche de partenaires ou répondre à celles en cours. Accessoirement, tu peux aussi poster ta fiche pour récapituler tes liens, ta chronologie, tes possessions... Enfin, si ton personnage fait partie d'une organisation, n'oublie pas de demander à la rejoindre ou à l'ajouter, si elle n'existe pas encore.