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Retrouvailles Hasardeuses [Le Sort réserve toujours des surprises]

Retrouvailles Hasardeuses [Le Sort réserve toujours des surprises] Brandw10
Lun 11 Mar - 2:15



Retrouvailles hasardeuses

Ft. Keshâ'rem Evangelisto





We are the echos

Aucune idée de comment se trouvait Opale. Les pensées de Maelström ne cessaient de voleter d'une personne à une autre, tentant de distinguer la moindre informations qui pourraient être utiles à Seraphah mais également à lui-même. Pour se donner une idée des dégâts. Pour se donner une idée de l'envergure de l'aventure qu'ils venaient de vivre. Malgré les autres personnes de haut rang qui se trouvait au-dessus des airs avec eux, il n'y avait rien d'intéressant. Alors son esprit continuait de vagabonder. Retournant sur toi. Keshrä'em. Étais-tu de retour à Epistopoli? Ils auraient du être là avec toi. Mais il avait beau le mentionner à l'élémentaire ce dernier ne cessait de lui rappeler que le sort en avait voulu ainsi. Trop facile. Pourtant il n'avait aucun autre contre-argument à soumettre. Sa place était auprès de Seraphah quand il s'agissait de missions. Mais que toi tu avais du partir sans eux...

Le voyage était particulièrement long. Seraphah avait fait parvenir une missive au Marquis pour qu'on ne se mette pas à sa recherche. Toutefois, en tant que diplomate, il avait hâte d'aller au conseil et de voir les informations qui avaient pu être récoltées. Dans ce genre de moments, leurs escapades pour la connaissance aux pyramides étaient vite occultées, bien qu'il avait déjà en tête une autre destination auprès de l'arbre Dieu, afin qu'urh tout entier ne se retrouve pas sous la Brume.

La situation était ainsi particulièrement inquiétante, mais il ne pouvait sciemment le montrer. Quand le monde commençait à changer, la majorité du monde ne voulait pas voir la réalité en face. C'était déjà inconcevable qu'Opale possédait désormais une place qui ressemblait plus à un trou qu'à ce qu'elle avait été jadis, pour envisager qu'elle puisse se faire grignoter par la Brume, ou vandaliser à nouveau.

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Quand ils arrivèrent au Marquis, ils s'empressèrent tous deux, auprès du Majordome de s'enquérir de Kesha. Le soulagement ressenti du fait qu'il soit là, fut rapidement éclipsé par l'attitude qu'il avait adopté: un hermite silencieux au fond de son lit...Seraphah regarda alors Maelström: «Tu me pardonneras auprès de lui...Je vais te laisser lui parler en premier lieu. Je vais de mon côté obtenir information sur la situation plus globale suite à tout ce qu'il vient de se produire...Et je suis certain que des affaires m'attendent.» Le Porte-brume acquiesça silencieusement. Après tout, il était certain que Seraphah doive prendre soin des affaires étrangères comme des siennes. Mais il ne s'était pas attendu à un tableau de son protégé aussi dramatique. À dire vrai, il aurait cru le voir débarquer de l'ascenseur pour les accueillir.

Chaleur. L'eau coulait sur son corps éreinté de cette expédition imprévue. Ses yeux se fermaient tandis qu'une main se trouvait sur le carrelage, son visage tourné vers le bas. Il prenait soin de se détendre, de respirer...Il ne savait pas trop où il en était envers celui qui était en peu de temps, devenu un rayon braisé dans son quotidien. Il n'y avait pas de promesses entre eux, et il savait qu'il avait plutôt intérêt à ne pas s'attacher. Kesha lui ayant déjà prouvé qu'il était homme d'un instant, même si ces instants pouvaient se renouveler. Mais loin d'être immature, il savait que  sa place était auprès de lui en cet instant. Même s'il ne connaissait pas encore la teneur des événements que le jeune homme avait du vivre, son comportement lui laissait présager quelque chose de sombre.

Il revêtit une tenue qui accentuait sa noblesse de coeur. Son élégance n'étant plus à prouver depuis longtemps. Il y avait quelque chose de plus cérémonial sur ses traits, ce qui pouvait le rendre légèrement plus âgé qu'il ne l'était. Cela dépendait toujours des circonstances, son physique semblant dégager quelque chose de différent en fonction de ses humeurs. Sans parler de sa barbe taillée qui lui donnait une certaine prestance.

Ainsi vêtu, il poussa un soupir et parti de ses appartements vers le tien. Il toqua à ta porte. Une première. Puis une seconde fois. Le silence semblait ici son seul ami, alors il décida d'actionner la poignée et de pénétrer sur les lieux. L'ambiance était tamisée, presque sombre en ce début de soirée. Il percevait ta silhouette, dans le lit...endormi? Il n'en avait pas l'impression. Le reste de la pièce avait su garder contenance. Sans aucun doute qu'on avait tenu à faire le ménage même si tu te trouvais dans la pièce.

«Kesha'rem.» Sa voix était de velours. Posée. Contenue. Pourtant, il en était tout autre à l'intérieur de lui. C'est ainsi que son pas fut un peu plus pressé qu'imaginé afin de venir s'installer sur le lit et de saisir tes yeux des siens. «Je suis désolé...»commença-t-il. Ses paupières cachèrent la vivacité du vert de ses yeux, ces derniers se perdant sur les draps. «Désolé de ne pas avoir été là pour toi.» Désarmant. Son regard qui vint chercher à nouveau le tien pour venir se loger en plein cœur. Il sentait. Que ça n'allait pas. Que c'était grave. Il était autant désarmé que percutant à cet instant, uniquement pendu à tes lèvres tandis que tes battements de coeur le torturaient de leur brouhaha.



Dernière édition par Seraphah Von Arendt le Mar 19 Mar - 23:29, édité 1 fois
Lun 11 Mar - 6:20



Retrouvailles hasardeuses

Ft. Seraphah Von Arendt / Maëlstrom






Les jours et les nuits n’étaient qu’un continuum sans fin qui s’étalait devant lui. Depuis Yfe cette chose rôdait en lui, se repaissait de sa tristesse, de ses doutes et de sa solitude. L’homme Gris avait fortement contribué à son émergence et à sa croissance en le jetant en pâture au miroir et en le droguant avec des psychédéliques. Grâce à la bonté d’une médecin de l’Alliance qui avait plaidé contre ces mauvais traitements, il était sorti à temps d’Opale. Chaque instant perdu le voyait s’éroder un peu plus.

Cela ne se voyait pas ici, où l’on ne voyait de son état qu’un jeune homme affalé à trop dormir et trop peu manger. Mais en bas, dans le monde du rêve, Keshâ lui cédait du terrain, pied par pied. Bien qu’il ressente sa poussée jusque dans l’éveil, il redoutait chaque phase de sommeil comme une confrontation décisive vers sa réclusion aux franges de l’inconscient.

A force de s’empêcher de dormir, il ne savait d’ailleurs plus trop ce qui relevait du réel ou de l’imaginaire. Il chantait en permanence ce refrain qui tissait les fils de la prison aquatique de sa nebula au fond de lui, ne sachant plus trop s’il les fredonnait vraiment ou en imprimait une image mentale se répercutant telle une onde dans son esprit. Il s’y consacrait si pleinement, qu'il devenait lui-même cette onde d'inertie pour la contenir et gagner encore un peu de temps.

Il n’entendit pas frapper à la porte, hébété et transi. Les domestiques défilaient depuis des jours comme des fantômes gardiens de son chevet déclinant. Ses yeux troubles hésitèrent en cherchant l’origine du son dans la pièce. En se posant sur Maëlstrom, ils finirent par le reconnaître. Son visage se ranima d’un coup en un vif mouvement de recul. Après lui avoir voilé ses yeux, la nébula lui avait volé sa voix. Elle se faisait passer pour qui elle souhaitait sans ses songes, lui laissant penser qu’il avait à nouveau succombé à la fatigue sans s’en rendre compte. Qu’allait-t-elle lui prendre cette-fois ?

Son visage se déroba et se tourna vers la table basse, où se trouvait une carafe d’eau presque vide. La soif le tenaillait tellement. Se pouvait-il qu’il ressente à ce point la soif s’il était vraiment endormi ? La présence chaude de Maëlstrom près de lui était une vision qu’il n’espérait plus. On l’avait oublié. Tous l’oublieraient. Sauf elle qui tendait ses bras innombrables vers lui.

Ses doigts bandés effleurèrent la main de l’homme. Elle semblait dense et tiède. C’est à se moment là que son expression se déformerait normalement pour devenir caustique si la nébula voulait se jouer de lui par une autre de ses réflexions.
-« Maëlstrom ? C’est toi. » dit-il d’une voix confuse.

Aussitôt ses yeux débordèrent de larmes et il laissa sa tête tomber contre son torse.
-« Je suis tellement content que tu ailles bien. »

Il voulut ajouter quelque chose mais son propos était incohérent, noyé dans un sanglot qu’il ne pouvait réprimer plus longtemps. Depuis la mort de Déméphor, il n’avait pas versé une seule larme. Mais son corps tout entier semblait empli de larmes prêtes à le submerger. Tout en donnant l’impression d’être effondré contre lui, son bras le serrait très fort dans son dos jusqu’à froisser son habit.

L’holographe qu’il avait rapporté d’Yfe reposait telle une sphère sur un présentoir à côté du crâne inanimé sur la table de chevet.

Mar 12 Mar - 16:56



Retrouvailles hasardeuses

Ft. Keshâ'rem Evangelisto





We are the echos

Pas d'échos à ses excuses. Seulement une voix éraillée par le manque d'eau et ce geste mû par ce qu'il percevait comme du désespoir. Il te laissa l'étreindre, choqué de contenir de ses bras tes sanglots qui se voulaient plus virulents que tes paroles. Il se questionnait à cet instant. Sa main se portant sur ta nuque, sa chaleur t'enveloppant tandis que son autre main se porta au bas de ton dos. Sécurité. Il voulait que tu te sentes en sécurité avec lui. Il baissa le visage un instant, respirant ton odeur, se rendant compte par les sens plus que par la conscience que ce qu'il s'était produit à Yfe avait du être particulièrement éprouvant pour ne pas dire plus. Il avait tant de question, ton bandage ne lui ayant pas échappé...

C'est ainsi qu'il te murmura à l'oreille: «Je suis là maintenant, d'accord.» Oui, tu t'étais inquiété pour lui, sans doute pour Seraphah également...Mais ton attitude n'avait pas rapport avec ça. Ses yeux se mirent à regarder autour de vous tandis qu'il continuait de t'étreindre. Il aperçut alors le crâne avec à ses côtés un holographe. Curieux, il n'était pas l'élémentaire qui se serait précipité. Malgré ses airs parfois énigmatiques et même durs, il possédait une forte empathie. Doucement, sa main délaissa ta nuque pour venir souligner l'angle de ta mâchoire, venant se saisir de ton menton afin de redresser en douceur ton visage, pour que vos regards puissent plonger l'un dans l'autre.

«Keshâ...J'ai besoin que tu me dises tout ce qu'il t'est arrivé...Je ne parle pas de la mission. Je parle de ce que toi tu as ressenti, tu as vécu, d'accord?» Son ton était presque celui d'un commandant qui demandait rapport à son soldat. Mais il savait que les événements traumatiques n'étaient pas ceux qu'on abordait, mais ceux qu'on minimisait. Il espérait que sa demande était suffisamment claire. Quand il perçut un changement dans ton regard, même minime, il se dégagea de ta prise afin de se lever et d'aller servir un grand verre d'eau. «Qu'est-il arrivé à ta main? Pourquoi ce bandage?» Il revint vers toi, te tendit le verre, et se rassit. Il n'était pas disposé à se laisser manger par l'émotion. Il voulait t'offrir tout l'espace dont tu pourrais avoir besoin.

À cet instant, le constat des marques sur ton corps, l'énervement qui avait été le sien, ainsi que la dureté de ses paroles, étaient mis de côté. Il restait à ton écoute. Toutefois, après t'avoir débarrassé de ton verre une fois celui-ci bu, il posa une main sur la tienne, afin que tu ressentes que tu n'étais plus tout seul. C'était fini. Il était de retour.



Dernière édition par Seraphah Von Arendt le Mar 19 Mar - 23:29, édité 1 fois
Mar 12 Mar - 20:58



Retrouvailles hasardeuses

Ft. Seraphah Von Arendt / Maëlstrom




Quand il envisageait l’aventure, Keshâ’rem y avait toujours vu un concept d’évasion associée à des expériences colorées. Lui qui n’avait jamais eu de foyer n’envisageait pas le sentiment de coupure et l’incertitude du retour vers les siens. Durant son périple dans le ciel d’Urh et à travers les épreuves d’Yfe et Opale, il avait eu tout le loisir de s’inquiéter du sort de Seraphah et de Maëlstrom et de réaliser à quel point son monde s’effritait sans eux.

Mais il était là maintenant. La main de Maëlstrom posée sur sa nuque le contenait, ici, dans cette chambre. Pris d’un emballement irrépressible de sa respiration, les larmes n’arrêtaient pas de couler et il se noyait dans son odeur, comme s’il voulait respirer à travers sa peau, tant son contact physique lui était indispensable.

Dans toute la tension et les défis endurés, jamais il ne s’était autorisé à craquer. Il ne pouvait vraiment s’effondrer que maintenant qu’il était dans les bras de l’un des seuls qui ne prendrait pas avantage de sa situation. Ce  n’est qu’une fois gorgé de sa chaleur et de son calme que son souffle finit par arriver à une certaine accalmie, sous la main de Maëlstrom qui relevait son menton vers lui.

Même s’il était épuisé, ses yeux humides ne se détournaient pas de ceux de Maëlstrom. Des nombreuses heures qu’il avait passé à répondre de ce qui s’était passé à Yfe, c’est la première fois qu’on lui demandait réellement comment il se sentait. Lui-même ne le savait pas trop, quand bien même il était évident que son état allait de mal en pis.

Quand Maëlström se leva, il sentit un grand froid l’envahir, comme si l’aura protectrice du balafré était la seule l’épargnant de la poussé conquérante de sa nébula à travers ses veines glacées. Ses souvenirs si prenants lui paraissaient décousus, tout comme pouvait l’être la chronologie d’un songe.

-« Nous avons… nous avons tué un dieu. Demephor. » se souvint-il gravement… " les gens ont été gentils. J’en étais étonné. Sauf Jeremiah. C’est un horrible Opalin envoyé par le magistère…. »
A mesure qu’il réfléchissait, il perdait un peu de vue la question centrale de Maëlstrom visant à connaître son ressenti. « Il y a beaucoup de choses que je dois vous dire rapidement. C’est grave, je ne sais pas si Seraphah est au courant de tout. »

Le jeune homme avait englouti son verre d’eau en s’efforçant de marquer une pause entre les gorgées. Maëlstrom menait la conversation vers son bandage, ravivant sa douleur par son attention.

-« Ce sont juste de vilaines ecchymoses. Nous marchions dans les couloirs de la tour d’Yfe, à Dainsbourg. Nous trouvions souvent les corps des soldats du Régent dans un état déchiqueté. Puis, les Jiangshi qui les avaient tués nous ont trouvés. Ils étaient si nombreux… si nombreux qu’ils roulaient comme une vague à travers le couloir depuis le plafond à gauche et à droite. C’est l’une d’entre elle qui m’a blessé en serrant mon poignet. Mais on s’en est tous tirés. »

Aux rencontres anticipées avec sa nébula, s’ajoutaient les sombres visions des créatures rencontrés entre le labyrinthe et la tour. Pendant qu’il parlait, le souvenir de la confrontation s’aviva. La Jiangshi aux cheveux gras, partiellement chauve, âgée, le scrutait de prêt de son regard torve. Sa main repoussait son front hargneux alors qu’elle claquait des dents pour essayer de le mordre, quand son autre main attrapait son avant-bras pour essayer d’arracher ses protections de laine et de cuir.

Instinctivement, cette image qui imprimait son esprit et sa rétine se projeta dans le cristal de télépathie et s’imposa à celui de Maëlstrom en une photo saisissante, le son des râles de l’armée des morts-vivant en plus.

Jeu 14 Mar - 2:23



Retrouvailles hasardeuses

Ft. Keshâ'rem Evangelisto





We are the echos

Confiance. Un sentiment qui s'était tissé tellement vite entre vous. Un sentiment qui allait dans les deux sens, au-delà des malentendus des névroses de chacun. Parce que le passé laissait des traces indélébiles. Il suffisait de le regarder pour le noter. Est-ce qu'il aurait pu modifier son apparence? En avait-il seulement envie? Ses cicatrices lui rappelaient qu'il n'était rien dans la Brume et pour ceux qu'il avait cru être ses frères. La jeunesse possédait ses écueils. Mais pas quand il te regardait à cet instant. Que du contraire. Il trouvait que ta capacité à t'abandonner contre lui était louable dans un monde qui rejetait la moindre larme. Le sort fut tout de même rompu quand il se leva. Vous aurez tout loisir de dormir ensemble comme autrefois dans le désert si tant est que tu accepterais de te laisser aller. Loin d'être dupe il notait les cernes sous tes yeux et le ton de ta voix était bien trop parcellaire pour croire que tu allais bien.

Tes premières paroles étaient intrigantes. Tuer un dieu? Rien que ça? Il retint le nom. Il retenait tout ce que tu disais parce qu'il était expert en cela. Il remarqua comme tu voulais prévenir Seraphah d'un danger...Le regard d'un vert vif du Porte-Brume pouvait paraître aussi tranchant qu'une lame en cet instant. Tu n'avais pas répondu à sa question première. C'était remarquable que de vouloir faire ton rapport comme un soldat...mais tu n'en étais pas un. Cette aventure solo était venue bien trop tôt, il n'en démordrait pas.

À l'énonciation des Jiangshis, il commença à se faire une meilleure idée des horreurs que tu avais du voir. Il était en partie soulagé toutefois d'apprendre que ton bandage était dû à un serrement de poignet plutôt qu'à une attaque directe. Mais il y avait ce qu'il pouvait voir et ce qui imprégnait l'âme plus que le corps. Cette parcelle lui restait encore inconnue tandis qu'il recevait l'image que tu venais de lui projeter sans doute malgré toi. Le regard de Maelström vacilla un instant, juste le temps des quelques secondes où l'image s'était imposé à son esprit ainsi que les sons des morts.

Quand il revint à cet instant, il se saisit de ton visage de ses deux mains, comme si ces dernières étaient une coupelle et toi le plus précieux des liquides. «Actuellement Seraphah apprend énormément de choses sur la situation, et je ne doute pas que tu as des choses très importantes à nous soumettre...» Il laissa un silence vous envelopper. Te rendais-tu seulement compte qu'il te voyait pleinement dans toute la fébrilité de ton être? «Mais il n'y a rien, absolument rien, qui ne peut attendre encore une nuit tu m'entends?» Il prononça soigneusement ces mots afin que tu les entendes dans leur profondeur. «Cela se voit que tu n'as pas dormi depuis un certain temps...au point que tu es incapable de me dire comment tu te sens.» Injuste. Il se doutait que tu ne voulais surtout pas approché cet état, alors mieux valait parler du factuel, aussi douloureux que ce dernier pouvait l'être.

Une main resta sur ta joue, tandis que la seconde s'empara avec douceur de ton poignet bandé. «J'aimerais que tu t'allonges avec moi.» Le geste fit suite à la parole immédiatement. Il commença à s'allonger, une main venant se porter à ta taille, t'invitant avec une légère pression à faire de même, tout ça sans te quitter des yeux. Était-ce ses années d'expériences avec des hommes traumatisés au sein de leurs expéditions? Il faisait preuve d'un immense calme et d'une certaine perspicacité...À dire vrai, il avait appris à te connaître au fil des mois bien plus que son attitude ne pouvait le laisser penser.

Une fois que tu fus allongé face à lui, il attrapa le drap afin de vous en revêtir. Son regard toujours ancré dans le tien, il vint caresser tes cheveux avant d'ajouter: «J'aimerais que tu respires au diapason de ma propre respiration....et surtout que tu acceptes de lâcher...Seraphah et moi sommes là désormais, et nous ne comptons plus te quitter de si tôt. Tu auras tout loisir à ton réveil de nous raconter en détails ton expédition et tes trouvailles...Tout ce que je veux moi, c'est que tu me dises comment tu te sens maintenant.» Cela pouvait apparaitre comme simplet, mais il avait vraiment à coeur de savoir si tu te sentais bien avec lui, et surtout de sentir un relâchement dans ton corps, en vue d'une nuit qu'il souhaitait régénératrice.


Dernière édition par Seraphah Von Arendt le Mar 19 Mar - 23:28, édité 1 fois
Mar 19 Mar - 16:45



Retrouvailles hasardeuses

Ft. Seraphah Von Arendt / Maëlstrom


Les mains de Maëlstrom encadraient son visage. Elles étaient douces, car c’était un homme soigneux de lui-même, mais un peu caleuses aussi, car il était aussi un combattant coriace. Ce qu’il disait était presque secondaire tant il avait attendu ce moment où il pourrait enfin cesser de lutter.

Il acquiesça. Rien n’était si urgent. Car le monde était sans doute déjà perdu. Quoiqu’il fasse. Quoique l’humanité puisse faire. Le premier domino avait amorcé une réaction en chaîne depuis longtemps. Elle était inarrêtable. Tout serait emporté sur son passage. Même si la surface restait lisse, l’orage grondait en profondeur, tout comme sa nébula enrageait dans ses fondations, s’évertuant à les saper.

Il lui était douloureux d’entendre Maëlstrom énoncer le constat de son état. Mais quelle douceur de le sentir auprès de lui, sans éclair dans le regard, comme il prenait soin de lui, comme avant. Son regard humide dit oui. Quand son corps gourd essaya d’obéir à la pression de la main de Maëlstrom, il sentit combien le mouvement ne lui était plus naturel, comme s’il était piégé dans des phases irrégulières.

Le corps de Keshâ’rem était lourd, si lourd contre le matelas. C’est comme s’il était tombé du ciel et s’était échoué là, pour ne plus jamais se relever. Ses yeux las papillonnaient encore à la recherche du vert émeraude de son amant. Sa poitrine se soulevait périodiquement, mais son souffle était aussi faible que celui d’un nourrisson.

Le drap les recouvrit d’un monde ouaté où tout était diffus, sans parvenir à chasser ce froid gerçant dans ses veines. Si ce n’était la présence si enveloppante, si complète, du corps de Maëlstrom face à lui. A défaut de vaincre le blizzard en lui, il pouvait l’entourer et le recouvrir jusqu’à l’oubli. Ses mots le touchaient énormément. Il aurait voulu dire quelque chose, mais il se sentait débile, comme incapacité. Tout ce qu’il parvint à faire est de s’approcher maigrement de lui pour être dans son étreinte, respirant dans sa poitrine, contre son ventre, à son diapason. Ses forces le quittaient en même temps qu’il s’ouvrait et se laissait tomber toujours plus profondément, avec le sentiment de peser une tonne ; et presque de traverser l’édredon, pour s’enfoncer dans le sol et tomber à travers les étages du Marquis.

-« J’ai mal. Ca ne va pas, Maël. »

Ses doigts firent l’effort de se tendre vers le poignet de l’Aramilan, où ses mains étaient enchevêtrées, afin de le caresser à cet endroit où la peau était si fine et si claire.

De cet aveu sans fioritures, Keshâ’rem glissa dans un sommeil de pierre sans même s’en rendre compte. Il se sentait à l’abri avec Maëlstrom et oublia totalement les fléaux de l’existence. Son corps était immobile, mais habité par une tension palpable qui s’évanouit alors qu’il devenait inerte. Bien entendu, le sommeil fut dépourvu de rêves. Et c’est tant mieux, car la nébula n’eut ainsi pas l’occasion de le confronter une nouvelle fois.

Il se réveilla en proie à une forme d’amnésie stagnante. Était-ce le jour ? Ou bien la nuit ? Où était-il ? Il était Keshâ. Courbaturé, mais bien en vie et lui-même, un jour de plus. Le corps tiède de Maëlstrom l’enveloppait toujours de ses bras et il prit le temps de profiter de ce moment de communion où le protebrume semblait l’avoir pardonné. La fatigue était toujours écrasante, mais son esprit profitait d’une certaine clarté et de forces retrouvées.

Le temps qu’il se sauve très délicatement du lit sur la pointe des pieds pour faire un bon brin de toilette, car il avait une tête à faire peur et ne devait plus sentir très bon, il retrouva Maëlstrom bien réveillé dans sa chambre. Il avait quitté le lit et l’invitait à le rejoindre dans le salon.

Son regard lavande s’attarda un instant sur le crâne en se disant qu’il était trop tard pour le cacher sous une taie d’oreiller. Après avoir pris un verre d’eau et des raisins dans la corbeille à fruits du salon, il prit la parole le premier, depuis sa banquette.
-« Il est arrivé plein de choses en peu de temps. Mais il m’est arrivé quelque chose de terrible en particulier. Je sais que je dois en parler le plus vite possible. Mais c’est dur. J’ai du mal à le faire. »

Son teint était toujours un peu cireux, mais ses yeux avaient l’air plus grands et présents. Qui plus est, le fait de s’être vêtu correctement lui donnait l’impression de redevenir un peu lui-même, ou en tout cas de ressentir un peu plus la dignité d’un être humain.

Son menton pointa vers le bas, sur ses genoux soigneusement repliés, quand sa main finit par se placer sur l'avant bras de Maëlstrom à côté de lui.
-"Est-ce que tu m'en veux toujours? ... j'ai besoin de le savoir."

Les morsures du strigoi étaient à peine cicatrisées. Celle à sa cuisse n'était d'ailleurs pas très jolie. Et Maëlstrom n'avait aperçu que celle à son cou. Cette passade rocambolesque de leur voyage avait laissé des traces dans leur relation, qui n'avait d'ailleurs jamais été clairement définie. Alors qu'il ressentait ce parasite grouiller dans son âme, il voulait savoir combien de salissure son ami voyait déjà en lui. Peut-être pour savoir s'il pourrait supporter son regard en s'éloignant encore davantage de la pureté.

Mar 19 Mar - 23:28



Retrouvailles hasardeuses

Ft. Keshâ'rem Evangelisto





Confirmation. Son regard se porta sur toi avec douceur. Comme l'était ta caresse dans le creux de son poignet. Insaisissable. Cet instant l'était. Perdu entre deux aventures. Maelström savait que Seraphah viendrait au rapport dès le lendemain. Parce que l'élémentaire était insaisissable et en même temps il était facile de deviner ses intérêts quand on le connaissait bien. Contrairement à toi. Il ne te connaissait pas tant que cela. Quelques mois n'étaient rien face à plusieurs années. Toutefois, cela allait au-delà de ça. Il y avait une intimité forte entre vous et en même temps vous aviez tous deux vos secrets. Alors il t'en avait voulu. Sans doute t'en voulait-il encore. D'avoir eu ce privilège de dormir avec lui si souvent, au point qu'il n'avait pu respecter ses propres règles. Il n'était pas fait pour une relation. Mais ce que vous avez créé était ce qui s'en rapprochait le plus pour lui. Il n'aimait pas ça. Pas vraiment.

Épuisement. Il se saisit de lui. Après tout, voyager pendant des jours prenait beaucoup d'énergie. Le Marquis étant suffisamment solide pour lui permettre de se laisser totalement aller. C'est ainsi que ses songes se firent silencieux. C'était toujours ainsi depuis sa nebula. Le silence. Qu'il avait cru de mort. Avant de le considérer comme régénérateur. C'est toujours dans ces moments-là qu'il apparaissait. Stature imposante, regard vif. À l'image qu'il aurait du être à quelques centimètres près. Il avait appris à l'aimer. Parce que dans les débuts il avait du lutter. Contre cet autre qui n'avait pas la langue dans sa poche. Et aujourd'hui, au sein des songes, ils voyageaient dans des endroits fabuleux, ils se parlaient par télépathie, respectant le silence...

Le bruit de l'eau dans la douche le ramena sur les berges de votre réalité. Son regard se plissa face à la lumière éclatante du jour. Le soleil se levait relativement tôt, il était presque étonné de ne pas avoir eu de Seraphah assis sur le lit à l'attendre. Sans trop tarder, il se leva, et alla se servir un verre d'eau. Au moins semblais-tu apte à reprendre forme humaine. Son regard traina à nouveau vers l'holographe et le crâne, sans pour autant aller les inspecter. Après avoir pris quelques raisons, il alla s'installer dans le salon, appelant au passage la réception pour commander un vrai repas. Cette journée ne serait certainement pas comme la soirée.

Quand tu fus installé à ton tour, il écouta attentivement tes premiers mots au-delà de ton regard qui captait bien vite l'attention. Ce regard se déroba tandis que c'est ta main qui se porta sur son avant-bras. Maelström n'exprima pas de nouvelles expressions tandis qu'il vint cueillir ton menton afin que tu le regardes dans les yeux. Ces derniers étaient si vifs, qu'au-delà de ce que tu avais du mal à avouer, ils étaient toujours très captivants. «Tout ce que tu as besoin de savoir c'est que peu importe ce que tu veux m'avouer, je ne te laisserais pas seul avec ça, d'accord?» Pas doué. Pour parler de ces histoires là. Il n'irait pas là. Malgré tout ce qu'il venait de se produire, et surtout cette boule dans son ventre en apprenant que tu n'étais plus toi-même, il ne pouvait se résoudre de s'avouer que tu pouvais compter un peu plus que d'autres personnes dans sa vie. Et c'était pour ça qu'il ne voulait pardonner. Pardonner à lui-même d'avoir cru que ce genre d'affaires pouvaient être pour lui.

Malgré ses mots, malgré ce que tu pourrais percevoir comme une non réponse, il laissa glisser sa main de ton menton, le long de ton bras, jusqu'à se loger dans ta main. Il était toujours très difficile de lire sur ses traits. Sauf quand ces derniers étaient particulièrement froids et impassibles...Là, tu sentais son attention sur toi et son soutien. Ce qui n'avait pas été le cas suite à l'épisode dans le désert. «Parle moi Nishrem».
Mer 20 Mar - 1:08



Retrouvailles hasardeuses

Ft. Seraphah Von Arendt / Maëlstrom



En voyant Maëlstrom s’asseoir à côté de lui dans ce salon si familier, qu’il n’occupait pourtant que depuis quelques mois, il eut l’illusion de la normalité. L’aurore montait sur le ciel gris d’Epistopoli et, déjà, les honnêtes citoyens s’affairaient. Les dirigeables sillonnaient les cieux.

A être assis ici, c’était comme si l’arc d’Yfe était vraiment derrière lui. Il en était revenu. Mais, tout en fixant ce regard impénétrable que Maëlstrom posait sur lui, il se demandait encore s’il ne rêvait pas, si par extraordinaire, tous les derniers événements en rapport à l’Astronome, Demephor et même le magistère n’étaient pas du fait de sa pure imagination. Et si, en fin de compte, il se trouvait toujours là-bas, quelque part dans la Brume, sous la puissance des Sept Glaciers… dans le labyrinthe, à subir les tours du Liechi.

Sous la fluidité de son don de télépathie à présent vivifié, il exprima malgré lui la vision saisissante de cette longue silhouette amassant écorce, crâne et andouillers dans un cri angoissant. Une vision paradoxale tenant plus du cauchemar qui imprégnait les lieux, car lui-même ne l’avait jamais vu. C’était une vision que Jeremiah lui avait envoyé après son combat, qui se répercutait maintenant en écho lointain dans l’esprit de Maëlstrom.

Était-ce le nouveau chemin que trouvait son âme pour parler, alors que les mots lui devenaient aussi piquant ? Le toucher de leur peau ne faisait que faciliter la transmission de l’influx télépathique. Ces assauts fantomatiques ne parvenaient pas à ébranler l’ancienne Sentinelle. La fermeté de son regard n’avait pas vacillé.

-« D’accord. » Son mot renfermait toute sa confiance. Spinelle violet contre émeraude.
Maëlstrom avait le droit de lui en vouloir. Au moins, il ne l’avait pas enfoncé et lui était d’un réconfort inexprimable.
-« J’étais dans la tour d’Yfe. Avec tous les autres… »

Trois coups marqués frappèrent à la porte. Le service de chambre avait choisi ce moment pour faire entrer le petit-déjeuner demandé par Maëlstrom. Coupé dans son élan, Keshâ’rem affecta le silence de circonstance pour ne pas exposer toute son intériorité en spectacle au personnel de l’hôtel ; lequel saisit néanmoins l’intimité du moment et écourta la sarabande d’explications fleuries qui allaient habituellement avec la présentation des plats. La deuxième serveuse se fit plus indiscrète que la gouvernante, dévisageant Keshâ, qui était malgré lui devenu l’objet de rumeurs par son comportement étrange des derniers jours au sein du Marquis.

Quand la porte se referma sur la gouvernante, il tenta de reprendre. Mais le saut paraissait plus difficile, maintenant. Son ventre se gonfla d’une nouvelle inspiration, comme s’il tentait de remonter dans le prochain train pour sa déclaration.
-« Nous nous sommes battus contre un automate, enfin… l’Astronome… et… j’ai été attaqué par la brume... J’ai une nébula. »

C’était tout ce qu’il y avait à dire. Plus il aurait donné de détails, plus cela lui aurait semblé obscène et horrible à raconter. De ce sentiment de honte dont il n’arrivait pas à se départir, il ne trouvait pas d’explication. C’était presque de sa faute si c’était arrivé. Peut-être aurait-il du lutter davantage, cesser de respirer, pour l’empêcher d’entrer dans ses poumons.

Maëlstrom avait tenté une parole, peut-être un infime mouvement. Une vision le fouetta. Un éclat bleuté. Cette fois, ce n’était pas Keshâ qui l’envoyait inconsciemment. C’était elle. Le bout de brume n’était pas enchanté de voir cette présence encombrante rôder autour de son hôte et lui disputer la maîtrise de son cœur.

Un grand miroir aux tâches irisées de mercure était bordé de boiseries dorées. La silhouette était ramassée en une posture tordue sous un amoncellement d’étoffes effilochées. Sans que son corps ne se meuve, son long cou s’allongea lentement jusqu’à retourner complètement sa tête de travers vers Maëlstrom. Bien qu’elle n’aie pas de bouche, un râle gutturale et sifflant souffla le portebrume.
-« Il est à moi ! » La voix était celle de Keshâ.

L’apparition défiait les lois de la raison, car les traits de son visage étaient lisse, comme un ballotin de paille sur lequel on aurait étiré une peau humaine. Un épouvantail mangeur d’âme. Soudain, deux paupières se dessinèrent au centre de ce grand désert. Leur ouverture avait la violence d’une cisaille qui révéla deux yeux de spinelle violet en tout point identiques à ceux de Keshâ.

Il était impossible de projeter quelqu’un par télépathie. La rupture du contact mental avait cependant tout d’une claque magistrale. Si l'entité-parcelle de brume avait pu le déchiqueter, elle ne l'aurait pas lâché jusqu'à ce qu'il s'éloigne de celui sur qui elle affermissait son emprise vénéneuse.

-« Maëlstrom ? » s’éleva, la même voix, emprunte de doute.
« Est-ce que tu l’as sentie ? »
Mer 20 Mar - 3:20



Retrouvailles hasardeuses

Ft. Keshâ'rem Evangelisto





Est-ce que le silence de ses rêves revêtiraient désormais ses moments en ta compagnie? Il se posa la question un bref instant, après qu'une vision lugubre se soit inscrit dans la rétine de son esprit. Une nouvelle habitude? Une volonté de ta part d'être de plus en plus immersif? Le Porte-Brume ne cherchait nullement à comprendre. Il était telle une urne dont l'unique volonté serait de recevoir ton esprit, mais surtout ce qui semblait tant d'étreindre l'âme autant que taire ta voix. Il ne comprit que partiellement ce qu'il entraperçu, se demandant si ce que tu voulais lui dire allait avoir le moindre lien ou non.

Quand tu te décidas enfin à t'exprimer, vous fûtes interrompus. L'odeur de la viande marinée lui monta aux narines, lui faisant se rendre compte qu'il avait de l'appétit. Mais il était tant pris par ce moment qu'il fut aisé de revenir à toi tandis que le silence reprenait possession des lieux. Tout comme l'hésitation semblait à nouveau venir t'englober. Il pressa ainsi ta main, pour venir te montrer que tu ne l'avais pas perdu en cours de route. Il n'avait pas d'idée sur ce qu'il t'était arrivé. C'est ainsi qu'il t'entendit balbutier quelques mots, et finir ta phrase par ce simple, mais lourd de sens, mot qu'est "nebula". Ce fut alors l'histoire de quelques secondes. Il ne s'était pas attendu à ce que toi aussi tu te fasses agripper par la Brume, le risque était présent à tout instant au sein de cette dernière...Mais l'ayant lui-même vécu, il eu l'infime sensation de ce que cela devait être avant de ressentir la dangerosité de la tienne.

De la voir se dérouler à partir d'un miroir. De ressentir l'apesanteur qui se trouvait tout autour d'elle. Et quand ce cou, informe, commença à se diriger vers lui, il sentit le soutien de sa propre nebula, même si cette dernière était depuis longtemps silencieuse face à sa réalité. Mais elle avait senti elle aussi de la menace qui allait être proférée avant même qu'elle ne le soit. «Tu es à lui!» Loin de se démonter, il avait répondu mentalement du tac au tac. Il savait comme la lisère était fine entre maîtriser la nebula et se perdre en elle, et même si cette dernière était à la fois monstrueuse et entichée de toi dans son regard, il ne comptait pas la laisser te bouffer...Parce qu'elle semblait être de cet acabit.

Contact rompu. Brutalement. Maelström te voyait à nouveau. Tu pouvais percevoir qu'il avait été happé, ailleurs, pendant l'affaire de secondes qui avaient été très percutantes. Ta voix, similaire à la nebula, l'amena à te regarder plus en détails. Il savait qu'il devait en référer sans tarder à Seraphah parce que ce dernier saurait préserver ton esprit, pour que tu ne vires pas fou. «Je l'ai vu Kesha.» Il se redressa sur son siège, lâchant ta main afin de poser ses coudes sur ses genoux et passant ses mains dans ses cheveux avant de les utiliser comme réceptacle pour son visage. Il poussa un soupir, avant de tourner son regard vers toi: «Tu vas devoir apprendre à cohabiter avec elle...Tu vas devoir lui apprendre qu'elle est chez toi. Et lui montrer à chaque seconde que tu es le maître à bord.» Il te savait plus fort que ta silhouette pouvait le laisser penser. Tu as survécu à la rue, et même à cette satanée tour d'Yfe! Il te faisait confiance, même si une colère bouillait en lui dans le même temps.

Conflit impossible au demeurant. Il n'aurait pu laisser Seraphah...mais lui n'aurait pas du te laisser partir sans eux.

Il se leva afin de se servir à manger. Son silence pouvait être angoissant, alors même qu'il l'utilisait pour rassembler ses pensées. «Est-ce qu'elle te parle? J'aimerai que tu me dises tout ce qu'elle te dit. Absolument tout. Note sur un carnet si tu as peur d'oublier mais chaque jour je veux que tu me racontes, d'accord?» Il revint sur le canapé, déposant son assiette sur la table basse avant de te regarder franchement: «On va en parler à Seraphah et il va pouvoir t'aider comme il a été là pour moi, ok? Maintenant si tu as des questions, des peurs, des doutes...dis moi tout.» Il insistait beaucoup sur ce point car il savait que la volonté première de la nebula sera de te couper de tes soutiens. D'autant plus qu'en lui ayant montré son vrai visage, il avait pu voir sa coriacité et que les moyens qu'ils mettront avec l'élémentaire, seront à cette hauteur là.
Jeu 21 Mar - 18:12



Retrouvailles hasardeuses

Ft. Seraphah Von Arendt / Maëlstrom



Faisait-il exprès de t’imposer ces visions ? Pas vraiment. L’art était bourgeon. Il s’étendait vers la lumière, dans les possibles, entretissés avec ses connexions neuronales. La conscience et la maîtrise viendraient un autre jour.

Maëlstrom le regardait maintenant avec une forme d’avidité, comme s’il cherchait à percer les apparences. Son annonce ne pouvait pas le laisser sans réaction. Quant à sa confirmation qu’il avait vu la nébula, même s’il ne savait pas comment il avait pu faire, cela le réconforta dans l’idée qu’il ne se faisait pas des films. Il n’était pas complètement fou.

Mais l’effervescente réflexion de Maëlstrom était assez ambigüe. Il ne savait pas trop quoi en penser, bien qu’il soit content de ne plus être seul livré à son sort. Etait-ce bon signe qu’il se replie et cogite ainsi. Sans doute que oui.

Il hocha faiblement de la tête. Il aurait voulu que Maëlstrom lui dise qu’il n’était pas trop tard pour le délivrer de cette visiteuse indésirable, qu’on pourrait extraire chirurgicalement sa nébula, grâce à une technologie d’avant-garde. Même s’il savait au fond que ce n’était pas possible. La déclaration de Maëlstrom ne fit que confirmer une chose : il était foutu. Cohabiter avec cette chose ? Il l’avait pourtant vu. Digne des œuvres d’épouvante, elle allait le dépecer. Il savait sa résolution fragile et ses frondes être de l’esbrouffe qui ne la divertirait pas longtemps. Ces quelques jours lui avaient paru interminables et tenus lieu de demi-vie. Comment pourrait-il être à nouveau un humain fonctionnel dans ces conditions ?


-« Mais comment je vais faire ? » concéda-t-il, désarmé.
« Elle est vraiment très forte. Et je ne fais que m’affaiblir un peu plus à chaque heure. »

Survivre à la violence et la misère exigeait sans doute de receler certaines ressources. Quant à les reconnaître, c’était autre chose. Les traumas répétés avaient cela de tragique qu’ils obéraient la capacité à s’estimer et à faire revivre encore les mêmes schémas délétères d’emprises et d’auto-destruction. Keshâ’rem voyait en lui des intentions fébriles et une morale sans conviction, quand la nébula se présentait en armes, conquérante et sans merci. Elle n’avait d’ailleurs pas besoin de repos. Contrairement à lui.

Voir Maëlstrom se servir à manger raviva un appétit coriace, son pauvre estomac était dans les talons. Une part de lui répugnait à l’idée de s’alimenter dans ses circonstances, mais son corps criait à l’aide. Ainsi finit-il par imiter Maëlstrom, car il était plus facile de passer à l’acte avec quelqu’un.

Une première bouchée de sachimi vint le revigorer, alors qu’il mâchait le poisson qu’il trouvait un rien caoutchouteux.
-« Pas vraiment. Enfin, pas au début. C’était comme un grand vide que rien ne peut remplir. Comme si j’allais m’effondrer sur elle… puis, elle a arraché des bouts de moi et s’en est nourrie. On dirait qu’elle me copie… elle… elle apprend. Maintenant, elle a ma voix. »

Rien de tout cela ne le rassurait grandement. C’était la crise. Mais au moins, il avait un ami à qui en parler, quelqu’un qui le comprenait, car il avait vécu la même chose. En plus, il s’en était sorti. Non ? Keshâ’rem avait toujours considéré la transformation de Maëlstrom comme un détail de l’histoire. Il considérait ces infortunés réputés Maudits comme des légendes urbaines aux qualités surhumaines, capables de dompter leurs forces intérieures. Maintenant qu’il le vivait, il n’en menait pas large et suppliait le ciel de ne pas se faire dévorer. Mais comme il le savait à présent, il n’existait pas de dieux. En tout cas, ceux-ci n’avaient pas la forme qu’on leur avait promis, s’ils existaient. Et aucun n’avait l’air d’être à son écoute. Sauf Maëlstrom. Lui l’écoutait. Et il s’accrochait religieusement à son soutien et ses conseils.

-« Je ferai tout ce que vous me direz. J’écrirai dans un carnet mes cauchemars. Car c’est souvent là qu’elle devient plus forte et utilise mon imagination pour se développer… je ne sais pas si je serai capable d’y survivre. Pas sans vous. Ne me laisse pas, Maëlstrom. »

C’était peut-être un peu mélodramatique, mais il se sentait aussi désespéré que s’il était accroché sur la falaise intérieure du cratère d’un volcan, piégé à la verticale au-dessus des vapeurs de souffre brûlantes et trop tétanisé pour bouger.
-« Je ne sais pas comment je peux faire pour dormir sans qu’elle m’attaque… et aussi, j’ai voilé les miroirs de la salle de bain. Car j’ai l’impression qu’elle me regarde. C’est bizarre à dire, mais j’ai l’impression qu’elle s’accroche à mon image et qu’elle m’aspire. »

Il se résolut à manger quelques bouchées bien méritées en mâchant lentement. L’envie de vivre n’était pas si anecdotique quand on luttait contre une nébula décidée à nous en déposséder. Après Yfe et la rencontre avec les hommes du magistère, Keshâ n’était plus sûr d’avoir envie de vivre dans ce monde. Mais la chaleur de Maëlstrom et ces bouchées gourmandes paraissaient plus tangibles que le monde entier et il reprenait un peu de substance.



Dernière édition par Keshâ'rem Evangelisto le Mer 17 Avr - 4:30, édité 4 fois
Jeu 11 Avr - 4:13



Retrouvailles hasardeuses

Ft. Keshâ'rem Evangelisto





Cela arrivait bien plus régulièrement qu'on ne l'imaginait. Les nebula s'infiltraient et ne voulaient plus repartir. Certaines plus coriaces que d'autres. Certaines plus conscientes que d'autres. Parce que la vérité était là. L'expérience était différente pour chacun. Et il avait d'ores et déjà perçu que la tienne était plus vivace que la sienne. Il n'avait pas d'explication à cela, il les laissait à l'élémentaire. Mais être face à cette nouvelle vérité l'amenait à se replonger dans son propre passé. À ce long moment dans un lit d'hôpital de fortune, à ne jamais cesser de rêver, à voir ce borgne qui lui souriait sans rien comprendre à ce qui lui arrivait. Entre la vie et la mort, les rêves ont un goût de cendres.

La fatigue et la peur teintaient ta voix. Cela ne lui permit pas de replonger dans ses souvenirs qu'il préférait taire. Après tout, tu connaissais l'histoire de ses cicatrices, mais pas toute l'histoire. Comment cela s'était passé psychiquement...et maintenant tu le vivais. Il sentait ta fébrilité, il savait comme ton équilibre était à l'heure d'aujourd'hui précaire et comme la nebula pouvait devenir pire qu'un fantôme car même en fermant les yeux, elle serait toujours là.

Il avait au moins ce mérite de parler de ce qui t'arrivait comme un fait important oui, mais qui n'était pas sans ressources. C'était avant tout cela qu'il voulait que tu retiennes, que les choses pourraient se poser d'ici quelques temps.

Toutes les informations que tu lui communiquais, il les gardait en mémoire, notamment ce qui concernait les miroirs et cette impression qu'elle t'observait à travers eux. Après tout, actuellement, on ne savait pas le cadeau qui venait avec elle. «Il n'est nullement question de te laisser Keshâ. D'ailleurs, cela n'aurait pas du se passer, pas pour une affaire d'aussi grande importance.» Mais les événements s'étaient ainsi produit, et cela ne pouvait être changé. «Mais maintenant que les choses sont telles qu'elles sont, on mettra en place ensemble les solutions qui existent...Regarde moi, c'est après tout ce qui m'était arrivé.» Et si tu ne l'avais pas vu à l'oeuvre, jamais tu n'aurais pu croire qu'une nebula l'habitait. Il espérait que tu fasses ce rapprochement, sachant qu'en même temps tu étais des plus épuisés donc pas forcément le plus à même de faire des connexions.

À peine avait-il finit ces quelques mots qu'on frappa à la porte avant que celle-ci ne s'ouvre avec grandiloquence, au même titre que le personnage qui fit son entrée. «On m'a signalé que le repas vous a été servi...» Façon de certifier qu'il ne serait pas rentré comme dans une auberge, même si Maelström était bien placé pour savoir que l'élémentaire ne s'enquiquinait pas des convenances. «Seraphah, nous avons quelque chose à te dire.» L'air grave du porte-brume ne plut point à l'esthète qui s'approcha de vous, son regard aspiré vers toi qui lui apparaissait comme minuscule dans ce que tu dégageais...

Il avait pris connaissance que tu avais été interrogé à Opale et à cet instant, il se demandait si c'était cela qui t'avait rendu moins "brillant". Son regard exprima le soucis, et il vint se poser à tes côtés, une main venant se poser sur ton épaule opposée de là où il se tenait. Il venait ainsi t'enlacer les épaules, son parfum venant à tes narines tandis que sa main libre se porta à ton menton afin que tes yeux ne lâchent pas les siens. «Que s'est-il passé Maelström?»

Cette proximité pouvait te décontenancer, c'était bien la première fois qu'il se montrait si prévenant et tactile envers toi. «Une nebula.» Maelström n'avait pas besoin d'en dire plus. Et le regard de feu de Seraphah sembla soudainement prendre vie sans qu'on ne puisse comprendre s'il s'agissait de fureur ou d'autre chose. «Comment vous sentez-vous Keshrä'hem?» Opale n'était plus que fumée en cet instant dans son esprit. Il voulait savoir comment allait celui qui aurait du rester le chanteur du Marquis au lieu de devenir un aventurier malgré lui. Sa question visait avant tout à te donner parole et à sonder à travers cette dernière comment tu te portais réellement. Parce qu'en parallèle, il pensait déjà aux soins qu'il devrait t'apporter. Après tout, il était de la même nature à ce que tu portais désormais en toi.
Mer 17 Avr - 16:05



Retrouvailles hasardeuses

Ft. Seraphah Von Arendt / Maëlstrom


La fatigue ne le rendait pas optimiste. Mais il ne demandait qu’à croire les paroles rassurantes de Maëlstrom. Il voyait en lui un homme capable de maintenir une apparence sereine. Là où une surface placide laissait imaginait un grand lac intérieur fait de sérénité, il savait à présent que bouillonnait en dessous un courant furieux. Indomptable. Maëlstrom lui paraissait d’autant plus exceptionnel de conserver son équilibre. A première vue, il le faisait sans effort.

Keshâ’rem doutait de pouvoir un jour se réapproprier le flot de ses pensées comme il le faisait. L’instant le laissait néanmoins puiser le réconfort tant attendu. On verrait demain.

Le bref mouvement d’air qui précéda l’entrée de Seraphah dans la pièce signala sa présence si particulière, faite de chaleur et de vivacité. Son élégance pleine de couleurs était inimitable et suffisait à rendre le monde plus merveilleux. Il n’en revenait pas de le revoir. Depuis Opale, il s’était fait une raison : les geôles du magistère deviendraient sa nouvelle demeure. L’homme Gris remplacerait toutes ses conversations amicales. Peut-être aurait-il fini par attendre ses entretiens d’une joie anticipée, à force de moisir à l’isolement durant des lustres.

Le contact du bras de Seraphah autour de lui était une oasis dans le désert. Ses manières intimes pouvaient sembler incongrues en tant qu’employeur. Pour Keshâ’rem qui s’étaient habitué à ce qu’il lui dessine des formes invisibles dans le creux de sa main, ces gestes étaient devenus on ne peut plus naturels. L’odeur de son parfum complexe monta à ses narines et ne fit que rehausser la tangibilité de l’élémentaire à ses sens. Pourtant, ce n’est pas à lui que Seraphah s’adresse directement. Il l’absorbe de son regard enflammé. Le sien est tailladé de spinelle violet et n’est que déchirure malgré le masque lisse de sa peau.

Pourtant, il en avait assez d’être à terre. Il ne voulait plus qu’on le plaigne. Mais que pouvait-il dire d’autre que la vérité.
-« Mal. Mais déjà beaucoup mieux depuis que vous êtes arrivés. »

Il désignait aussi bien Maëlstrom que Seraphah. Cela était-il clair ? A son tour, il étreignit pleinement Seraphah pour se noyer dans sa chevelure, dont il s’imprégna profondément du parfum. Déjà, il sentait sa pression artérielle redescendre.

-« C’est idiot. Je sais que vous êtes pratiquement immortel. Mais j’ai pensé que vous aviez peut-être péri comme tous les autres à Opale… et ça m'a brisé le cœur... je pensais que c’est moi qui revenais des plus grands dangers de la Brume. Et finalement, toute la ville d’Opale était ravagée. Personne n’a rien voulu me dire pendant que j’étais enfermé. »
Il n’arrivait pas à décider si cette mesure de contention de l’information avait pour but de le torturer psychologiquement ou de ne pas lui donner de grain à moudre pour façonner des mensonges plus perfectionnés si on le prenait pour un collaborateur secret du XIIIème Cercle.

-« Attendez. » intima—t-il en se reculant.
Il essayait de rassembler ses esprits pour dire quelque chose qui lui tenait à cœur, une leçon apprise. Les mots n’étaient pas facile à toucher de son esprit et il se sentait tout petit en menant son autocritique.

-« Je sais que ce n’était pas votre choix de m’envoyer là-bas, seul. Ce n’était pas ma faute non plus… en tout cas, pas d’un point de vue rationnel à cet instant… mais, tout ce que j’ai fait avant a participé à me mettre en danger… je me rends compte maintenant, que j’ai eu beaucoup de chance de m’en sortir indemne, même en considérant ma condition de… avec la nébula… »
Il terminait son introduction cahoteuse, mais il y avait bien sûr un fond en deçà qu’il essayait d’exposer.

-« J’ai peur de beaucoup de choses. Je suis quelqu’un de prudent. Et pourtant, je me retrouve souvent dans des situations périlleuses, comme si une part de moi cherchait à s’exposer au risque… comme si j'avais besoin de l'intensité du danger... Une part de moi aspire peut-être à la souffrance ou à la mort. Aussi, je ne suis pas juste une victime. En l’état, je dois me considérer responsable des choix qui ont conduit à me faire du mal… je l’ai compris en restant longtemps seul et dans l’incertitude de cette chambre de l'Alliance, et lorsque j’ai du faire face dans mon esprit à cette autre moitié. Elle n’accepte que la vérité. Et elle s'en saisira contre moi si je n'y fais pas face.»

Il secoua négativement de la tête. Il ne prévoyait pas de dire tout cela et c’était plus difficile qu’il n’aurait pu l’imaginer. C’était comme si une main invisible se refermait sur sa pomme d’Adam. Une douloureuse pique lui traversait la gorge. Un tremblement intérieur commençait à se propager dans ses membres.

« Je suis désolé, Seraphah. En de multiples occasions, je vous ai désobéi. » Il énumérait : « à Qasak, sur la route des pyramides, en partant sans vous le dire enquêter en Xandrie sur le tueur à la rose violette… ... ... j’en déduis qu’il y a quelque chose de cassé en moi, qui me conduit toujours à prendre les pires décisions… Plus que jamais, j’ai l’impression de ne plus pouvoir me faire confiance, avec un esprit aussi fracturé…" Une larme finit par déborder de ses yeux et roula sur sa joue. "Aussi, je m’en remets à votre jugement. Je vous promets de vous soumettre mes intentions avant d’agir, car mes actes risquent d’avoir des retombées sur vous. Je suivrai vos instructions… pas juste comme employé, mais parce que c’est ce qu’il y a de mieux pour tout le monde. »