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[Animation] La chambre rouge

[Animation] La chambre rouge Brandw10
Mer 21 Fév - 13:51

Sous le signe de l'amour

Animation N°10

La chambre rouge

Découverte haute en chaleur

Lillie, vous êtes convoquée par une vieille connaissance : celle-ci vient d'ouvrir un établissement plutôt... osé, à Opale. Un hôtel pour les amants où toutes les chambres sont à thème. En tant qu'ancienne amie, il voudrait votre avis sur sa dernière création : la chambre rouge, entre donjon et chambre nuptiale. Mais il y a un détail : vous ne serez pas seul pour la visite. Votre ancien ami vous a laissé seule avec Seraphah, une autre de ses connaissances. À vous de faire votre rapport... comme vous le voudrez.*

*Le rp peut se terminer en 6 à 10 postes (mais libre à vous de faire durer le plaisir!)
Lillie
Seraphah
Mer 21 Fév - 15:25

Les plaisirs de la chair n'ont jamais été une préoccupation majeure pour Lillie. Entre une adolescence bouleversée par une brume curieuse et une vie d'adulte aux responsabilités multiples, la Générale n'avait  jamais vraiment eu le temps de se vautrer dans la luxure. Un mal pour un bien, pensait elle souvent. Si d'aventure elle avait dû ajouter à l'inénarrable chaos de sa vie une relation amoureuse, elle savait qu'elle y laisserait bien plus que des plumes d'oreiller. Et pourtant, c'est avec une curiosité nouvelle qu'elle répondit à l'étrange invitation d'Amond Zefil. Ce riche marchand, ami de la famille Moynihan depuis plusieurs décennies, avait eu vent du retour de Lillie à Opale. Contrainte de devoir jouer le jeu de la naïveté pour en apprendre plus sur son père, Lillie avait donc feint un intérêt non dissimulé pour la vie pourtant très monotone des accointances de Lester. Après plusieurs entrevues amicales avec Amond, elle avait fini par accepter dé découvrir son nouvel établissement.

- Voilà donc la fameuse chambre rouge... Observa Lillie en suivant les pas d'Amond dans la dernière pièce de son bordel. C'est très... Rouge.

Elle s'empêcha une grimace. La couleur criarde lui donna des envies de meurtre bien plus que d'amour. Effrayé sans doute de paraître bien fade en sa propre demeure, le patron se pavanait dans une cape aux teintes bleutées et une livrée jaune d'or. Un alliage de couleurs bien loin de la subtilité, et qui aurait abimé n'importe quel iris un peu civilisé.

- Ma chère, voici le rouge de l'amour. Que dis-je, le rouge de la passion ! Et la passion entretient des liens très étroits avec le plaisir... Et la douleur ! Dit-il en actionnant un mécanisme dissimulé, dévoilant derrière le mur face au lit une étrange potence pouvant accueillir, si on en croyait les lanières de cuir y étant harnachées, jusqu'à trois personnes en simultané.

Lillie réprima un haut-le-cœur. Une idée lui traversa l'esprit. Et si elle les attachait, lui et toutes ses idées putréfiées ? Elle lui collerait ses bottes dans les lèvres, disparaîtrait, et le laisserait là, mourir de faim. Il aurait le temps de savourer toute la douleur du monde. Elle sentit sur elle son regard lubrique. Elle hocha simplement la tête. Elle ne lui ferait pas l'honneur d'une esclandre. Il avait obtenu ce qu'il désirait, et il était maintenant temps de mettre fin à la visite.

- Et bien... Merci, Amond. Je n'hésiterai pas à recommander la chambre rouge à quiconque ne souffre déjà pas assez au quotidien. Lester m'attend, je crois que je devrais...
- Oh mais non très chère, ne partez pas déjà, quelqu'un arrive !

La porte s'ouvrit.
Mer 21 Fév - 16:13

La Chambre Rouge

Lillie Moynihan



Opale possédait maintes voluptés, que ce soit à travers ses couleurs éclatantes, qu'à travers les personnes la composant. Il y avait un mélange de modernisme et d'ancien qui donnait du charme à ses habitants. Peut-être était-ce avant tout en raison de sa belle capacité à capter de magnifiques tissus, ou bien car Seraphah avait le chic d'avoir un réseau élargit, mais le fait est qu'Amond Zefil l'avait en favori dans son carnet d'adresse. Ainsi il l'invita dans son nouvel endroit qu'il espérait remporter la palme de tous les opaliens: L'amour facétieux.

L'élémentaire était intrigué, même s'il n'était pas naïf au point de ne pas comprendre que sous ces jolis mots allaient se jouer des scènes très peu innocentes. Mais comme pour asseoir leur relation marchande, il concéda à venir le rejoindre pour "donner son avis". Ce dernier se concentrerait en grande partie sur la décoration parce-qu'il n'était pas feu à se délasser dans ce genre d'établissement qui n'était pas de son fait.

Zefil n'était pas dans le hall d'entrée pour l'accueillir. À la place, une femme en cuissarde, au regard chaloupé au même titre que sa démarche. Un quelque chose de dérangeant en somme. Il lui fit toutefois un beau sourire, n'étant pas impressionné par l'affichage de chair et de cuir. De son côté, il avait préféré une tenue de soie blanche et ocre, qui n'avait rien à voir avec l'ambiance du moment.

Les couloirs possédaient tous une ambiance qui leur était propre. Un instant il y avait des couleurs multicolores - avait-il aperçu une tête de licorne? - puis ensuite venait une ambiance de donjon avec des torches et des chaines attachées au mur. Il hésita à rebrousser chemin. Même s'il avait conscience que c'était pour la jouissance des invités, les donjons de ce type lui rappelait les années de torture qui avaient été siennes.

Enfin, la brune s'arrêta face à une porte ovale qu'elle poussa et l'invita à entrer d'un mouvement de main. Après un hochement de tête, il pénétra dans ce qui semblait être le ventre des enfers. Ce rouge était criant, trop à son goût. Pas le temps pour lui de distinguer encore tous les détails de cette chambre rouge, qu'Amond ouvrit les bras et vint lui faire une accolade digne des meilleurs amis du monde - chose qu'il n'était pas. «Seraphah! Vraiment très heureux que vous soyez venus! J'ai vraiment à coeur que vous puissiez me faire votre rapport concernant cet endroit...Et histoire que cela soit des plus complets, voici votre partenaire en Lillie Moynihan! » Un sourcil s'arqua. Voulait-il dire que cette Lillie...

Il t'observa plus franchement, et nota que non, tu ne pouvais travailler pour lui comme la brune de son arrivée. «Bonsoir Madame.» Son regard se voulait rassurant, avant qu'il ne vienne contempler la salle en son ensemble. «J'entends Amond que vous désirez l'avis d'un homme et d'une femme...Pour le reste, je peux déjà vous dire que la couleur est un peu trop criante, même si je comprends que cela va avec le nom de cette chambre.»

Amond poussa un soupir. «Je pense que vous allez bien vous entendre! Lillie vient de me faire la même remarque...Peut-être devriez-vous vous familiariser avec la passion! héhé. Allez, je vous laisse vous amuser et vous ne partirez d'ici que lorsque vous me ferez un rapport complet!» Pas le temps de répliquer qu'il disparaissait hors de la pièce.

Seraphah se tourna vers toi et parti à rire. «Je crois qu'il se fait de drôles d'idées nous concernant...Si cela vous va, restons ici quelques minutes afin de lui faire croire que nous testons réellement l'endroit.» Après ces quelques mots échangés, il commença à visiter la chambre. Quand son regard se porta sur le mur des lamentations, il le détourna rapidement, préférant se porter sur le lit au satin sanglant. Nonchalamment, son doigt glissa sur le tissu, observant qu'au moins, son choix avait été sûr pour le tissu. On ne pouvait pas lui retirer ça.

[*]
Jeu 22 Fév - 9:18

Elle considéra l'homme un instant après avoir tenté de retenir par une onomatopée surprise le propriétaire des lieux. Elle se jura de lui faire regretter amèrement de l'avoir laissée dans une telle posture. Si elle n'avait jamais été portée sur les choses de l'amour, Lillie n'était pas pour autant une adolescente naïve. Elle savait pertinemment ce qu'Amond attendait de leur rapport complet. Cette simple pensée suffit à lui faire piquer un fard. Elle détourna le regard et l'accrocha à la fenêtre, honteuse de se montrer si embarrassée. "Reprends-toi, Lillie" se dit-elle. "Tu es la Générale de la Révolution, merde, pas une minette au nouvel an lunaire !"

Elle replaça ses longues mèches rosées derrière ses minuscules oreilles et se retourna pour faire face à l'entrant. Elle ne l'avait jamais rencontré auparavant, ni à Xandrie, ni à Opale. Mais tant qu'elle ne serait pas certaine qu'il n'avait aucun lien avec le Magistère, Lester ou quelqu'un de son entourage, elle devait poursuivre son piètre jeu d'actrice. Elle força un sourire à son égard.

- D'où connaissez-vous Amond ? demanda-t-elle simplement, comme si elle engageait une discussion mondaine, faisant fi du lieu. C'est un personnage haut en couleurs, assurément, quoi que toujours moins coloré que cette chambre. Elle hésita un moment avant de faire un pas en avant. Elle tendit sa main à son interlocuteur. Sa grande silhouette d'escogriffe laissait deviner peu de formes dont on disait les hommes friands. Elle avait troqué, en rentrant à Opale, les treillis militaires et les vestes en cuir pour des jeans à la mode et des hauts raffinés. En réalité, elle se sentait comme emprisonnée sous des barreaux de tissu dont elle ne comprenait même pas la beauté. Pourtant, difficile d'arguer qu'un peu d'élégance ne lui allait pas. Elle avait un certain charme, loin de ses bases. Sa tignasse aux accents vifs se reflétait dans le blanc laiteux de ses joues, et ses yeux semblaient avoir vu tout ce que le monde avait à offrir. Même à son âge, son visage gardait les traits de l'enfant qu'elle pouvait redevenir à tout moment, sans que son sourire ne témoigne de la sagesse de la vieille dame qu'elle deviendrait tôt ou tard. Jamais elle n'aurait pensé que la nébula qu'elle hébergeait ait pu la rendre belle d'une telle manière.

- Lillie Moynihan, dit-elle la main toujours tendue. Je suis la fille de Lester Moynihan, un ami de monsieur Zefil. Il n'y avait pas mieux pour en apprendre plus sur quelqu'un que des présentations formelles. S'il connaissait Lester, elle jouerait le jeu encore un moment. Sinon, elle pourrait enfin se montrer sous son vrai jour.
Jeu 22 Fév - 17:31

La Chambre Rouge

Lillie Moynihan



La gêne. Elle t'allait à ravir du peu qu'il en avait aperçu. Toutefois il n'était pas de ceux qui aiment à torturer, qui aiment à détenir un pouvoir par leur ascendant. Tout cela il n'en avait cure, ayant vu comme le pouvoir grignotait autant ceux qui en avaient, que ceux qui se rebellaient contre lui. Pour lui, la vraie finalité d'une existence résidait à l'ouverture d'esprit qu'on parvenait à obtenir au fil des années, et dans son cas des siècles. Quand tu t'approchas pour lui serrer la main, tu pus sentir la chaleur de la sienne et son regard appuyé qui montrait son assurance. Il était coutumier des civilités, mais également des lieux insolites. À dire vrai, ce qui parvenait réellement à le toucher était la beauté et non pas l'audace.

«Il est l'un de mes fournisseurs de tissus...un des meilleurs en son domaine à dire vrai.» Remarqueras-tu son étoffe? Avais-tu ce regard-là? Il en doutait, même s'il ne jugerait pas sur ton apparence. Cette dernière était presque frêle, tout en longueur à l'image d'une orchidée solitaire. Ton panache se reflétait avec discrétion dans le pli de tes lèvres et la profondeur du vert de tes yeux. Face à toi, Seraphah paraissait imposant. Bien qu'il était svelte, à la taille fine, cette dernière était accentuée par la largeur de ses épaules et de son buste. On pourrait sans mal l'imaginer portant l'épée, même si son tissu ne soulignait pas les muscles de ses bras, tu pouvais sentir son assise dans son corps par le biais du charisme des hommes qui avaient l'habitude qu'on les regarde.

L'unique chose au final qui t'échappait était qu'homme il n'était pas. Et c'est ça son ambiguïté, ce qui le rendait au final insaisissable. Mais pas en parole...Il n'était pas de ceux qui faisaient des secrets inutiles. «Enchanté Mademoiselle Moynihan. J'espère que vous n'avez pas suivi les pas de votre père.» Bien sûr qu'il connaissait la réputation de ta famille, comme il connaissait celle de la majorité des familles œuvrant au sein du Magistère. Il ne concevait pas cette volonté d'aller au-delà de tout sentiment pour la science...Même si lui-même avait déjà pris des décisions non exemplaires au sein d'expédition. S'intéresser à un autre être vivant, simplement quand ce dernier était différent...voilà qui était un sujet qui pouvait faire s'enflammer le feu qu'il était.

«Seraphah Von Arendt. Je comprends que c'est en raison de votre filiation que vous avez été invité par Zefil?» Sous entendu que tu n'avais pas de liens directs avec ce dernier.

Son regard ambré revêtait une teinte plus rosé face à ce rouge qui venait se fondre en lui. Il se détourna de toi pour aller s'asseoir sur le lit, d'une façon assez détendue. Les bras tendus à l'arrière de lui, un genou plié après avoir pris soin de retirer ses chausses. «Est-ce votre première fois mademoiselle Moynihan? Je veux dire dans ce genre d'endroit...Je me demande pourquoi a-t-il tenu à vous faire venir ici...et encore plus avec un parfait inconnu. Vous ne me semblez pas femme à rechercher des aventures de ce type.» Son regard se porta sur toi. Sur tes fines épaules et ta peau blanche en écho à ton jeune âge.

De son côté, ses cheveux créaient un voile roux qui se mélangeait parfaitement `la couleur des draps. «Du peu que j'en vois, je pourrais dire à Zefil qu'il n'a pas l'âme d'un cupidon. Je ne sais vraiment pas comment il a pu croire que j'apprécierai l'endroit...et que nous pourrions vivre vous et moi une folle nuit d'amour.» Il rit de bon coeur, espérant dans le fond, que sa façon légère de nommer tout cela t'apporterait un quelconque réconfort.



Ven 23 Fév - 14:50

Elle ne put vraiment expliquer pourquoi, mais la dernière phrase de Seraphah la piqua au vif. N'était-elle pas assez bien pour mériter les égards de cet homme qu'elle venait à peine de rencontrer ? S'il savait l'importance de sa situation, le pouvoir dont elle jouissait à Xandrie, il la supplierait probablement pour passer cette nuit à ses côtés. Ces pensées fugaces quittèrent son esprit aussi rapidement qu'elle y étaient entrées. Elle haussa les épaules dans un sourire forcé. Elle ne pouvait pas constamment rester sur le qui-vive.

- Amond est aussi subtil que ses étoffes. Il ne m'a fait venir ici que pour pouvoir imaginer que j'accepte ses avances. Déjà enfant, je sentais sur moi ses regards. Elle baissa la voix un instant. Il pourrait être derrière la porte, agenouillé, l'œil collé à la serrure que ça ne m'étonnerait pas.

Elle regarda la porte avec une moue de dégoût à peine dissimulée. Manifestement, son vis-à-vis connaissait son père, et encore plus manifestement, il ne le tenait pas en haute estime. Bien. Elle n'aurait pas, au moins avec lui, à jouer le jeu de l'amour familial. Cela dit, cette facilité avec laquelle il avait attaqué l'héritage de Lester la laissa circonspecte. Savait-il des choses qu'elle ignorait quant à son père, au Magistère ou à ses travaux ? Après tout, si elle avait décidé de rester à Opale, ce n'était pas pour satisfaire les envies de Lester, mais bien pour comprendre ce qu'il cachait.

- Je n'ai pas eu la chance de suivre les pas de mon père, non. Je ne suis de retour à Opale que depuis peu. J'ai passé le plus clair de mes dernières années à Xandrie. Opale a toujours eu... Un arrière-goût un peu rance entre mes dents. Dit-elle en haussant les épaules. Mais vous semblez en savoir beaucoup sur mon père, vous aussi. J'espère que vous n'avez pas trop eu à faire à lui. Il a une fâcheuse tendance à se montrer insistant avec ce qui le fascine.

Elle n'aurait su dire pourquoi, mais cet homme avait bien quelque chose de fascinant. Quelque chose dans le regard, ou quelque chose d'absent du regard, justement. Elle avait pris l'habitude de vivre chaque conversation comme une grande partie d'échec. Celle-ci ne faisait pas exception. Souvent, il fallait savoir prendre des risques pour en provoquer chez son vis-à-vis. Elle réfléchit un instant et ferma les yeux. La transformation de son corps ne prit que quelques instants. Elle commençait à s'habituer à la douleur indue par le mouvement de ses os et de ses organes. D'une femme de 30 ans il ne restait plus qu'un enfant d'une dizaine d'années flottant dans les habits de celle qui aurait pu être sa mère. Lovée contre le mur le plus proche de la fenêtre, elle attacha ses cheveux en un chignon soigné. Tout avait changé sinon son regard.

- C'est peu dire que je le fascine. Dit-elle une fois sa transformation terminée. Vous ne m'en voulez pas de prendre mes précautions, Seraphah ? Je me dis qu'il vous est probablement impossible maintenant de tenter quoi que ce soit à mon égard.
Ven 23 Fév - 22:40

La Chambre Rouge

Lillie Moynihan



Goût du passé. De l'enfance. L'écoeurement traversa Seraphah tandis que tu racontais qu'Amond avait pu s'intéresser à toi alors même que tu n'étais qu'une enfant. Il ne comprenait cet attirance qu'avaient les hommes et les femmes vers l'un des leurs. Il lui avait fallu des siècles pour trouver là un quelconque intérêt. À dire vrai, il aime à imaginer qu'il caresse l'âme d'une personne plus que son corps...Sans aucun doute car le sien n'était pas vraiment réel et aussi que personne n'aimait pas passer sa main sur le feu.

«Comment peut-il donc croire qu'on puisse vous séduire ainsi? Il est pourtant clair que vous êtes subtile.» C'est ce qu'il voulait bien imaginer de son côté. Après tout, il ne te connaissait pas. Mais à la vue de ton timbre posé, de cette intelligence qui faisait des étincelles dans ton regard, il ne pouvait en aller autrement. Mais comme tu l'avais bien souligné, Amond n'était pas ainsi. C'est pour cela qu'il suspectait qu'il ne choisissait pas les étoffes mais qu'il avait la main sur une personne des plus connaisseuses.

Il écouta avec attention tes paroles et fut heureux d'entendre que toi aussi tu possédais une certaine amertume envers la ville. «Je ne connais pas votre père personnellement non. Mais ses études au Magistère ne me sont pas étrangères comme beaucoup d'autres choses.» Il tiqua bien entendu sur tes derniers mots. Allant même plus loin en venant y faire écho. «Ce qui fascine doit être scrupuleusement examiné par le Magistère pour ne pas dire autre chose malheureusement.»

Il ne s'attendit pas à ce que tu lui montres l'une de tes prouesses...Toutefois, son regard n'exprima pas la surprise, comme s'il était habitué à ce genre de chose. «Je suis profondément blessé Mademoiselle Moynihan que vous puissiez penser que je serai homme à vous obliger.» Sa voix était presque dramatique en cet instant. S'il n'avait pas un sourire qui étirait ses lèvres, on aurait pu réellement croire qu'il était affligé.

«Vous savez, nous pouvons également nous en aller de ce pas. Après tout, que devons-nous à Amond?» Il était des plus sincères, venant à se redresser, son regard voguant à nouveau sur la pièce. «Je ne comprends pas l'intérêt de tous ces jouets...je veux dire, certains me l'ont expliqué, mais mon intérêt s'est vite tari.» Il commença à lasser ses chausses. «Si je puis me permettre...qu'est-ce qui vous a fait revenir à Opale, vu le peu d'estime que vous portez à la ville?»

Bien sûr que ton regard n'avait pas changé. Toutefois ta voix semblait légèrement différente, un peu plus fluette. Au moins pouvais-tu aisément disparaitre dans une foule.



Lun 26 Fév - 11:40

Elle se moquait un peu de ses états d'âme. Elle semblait avoir compris au premier coup d'œil qu'il n'était pas dangereux, mais cela faisait longtemps maintenant que Lillie avait appris à lier à son instinct certaines règles auxquelles elle ne dérogerait probablement jamais. Elle haussa un rien les épaules et resta prostrée près de la fenêtre. La situation était bien plus complexe qu'elle n'y semblait au premier abord. Si Lillie quittait les lieux maintenant, sans donner satisfaction à Amond, ce dernier s'empresserait de faire remonter l'information à Lester. Et la moindre chose qui mettrait son père en alerte serait un contretemps de plus que Lillie devrait gérer. Si elle voulait coincer Lester, elle devait jouer selon ses règles le plus longtemps possible.

- Je ne lui dois rien, absolument rien. Mais la diplomatie est malheureusement faite de beaucoup de riens qu'on doit à beaucoup de gens. J'aimerais pouvoir agir comme la jeune fille que je suis à présent, mais déjà à son âge j'étais moins bête que ça.

C'était vrai, Lillie n'avait jamais vraiment été une enfant. Le regrettait-elle ? Difficile à dire. Qu'avait-elle manqué de son développement personnel en n'enfreignant jamais les règles, en ne faisant pas ce qu'on fait quand on a neuf ans ? Elle l'ignorait. Cette enfance arrachée à son corps la rattraperait sans doute un jour, quand tout sera plus calme. Mais pour l'heure, il n'était pas question d'agir sans réfléchir. Elle laissa la réflexion de Seraphah sur les jouets présents sur les lieux en suspens et réfléchit à sa deuxième question un peu plus longuement.

- Des affaires familiales. On ne choisit pas sa famille, je ne vous l'apprends pas, et encore moins où elle prend racine. J'espère quand même regagner ma patrie d'adoption le plus rapidement possible. Un rapide regard vers la fenêtre. Et vous, Seraphah ? Que faites-vous ici ? Vous ne souffrez apparemment pas des mêmes vices qu'une grande partie de la population opaline et je doute que votre seul intérêt repose dans l'achat d'étoffes, aussi raffinées soient-elles. Je ne crois pas non plus que vous soyez un scientifique, si ?

Elle avait largement assez parlé d'elle. Elle ne pouvait rien révéler de plus. Du moins pas sans en savoir plus sur cet homme en premier lieu.
Mer 6 Mar - 3:38

La Chambre Rouge

Lillie Moynihan



«Que savez-vous de la diplomatie?» Est-ce que cela avait piqué son intérêt? En partie. Sa curiosité pouvait être facilement allumée, avant que son attention ne reparte vers d'autres contrées. Mais pour l'heure, il se relevait tout en notant que tu préférais "faire semblant" plutôt que d'utiliser l'option qu'il venait de proposer. «Que craignez-vous? Ou devrais-je dire que voulez-vous en adoptant un comportement qui clairement ne vous représente pas? Vous me parlez d'affaires familiales...je comprendrais que vous en taisiez les enjeux.» Est-ce qu'il avait du mal à imaginer les obligations familiales? Qu'en partie. Nombreux de ses amis ou connaissances décidaient d'obéir pour préserver des avantages quelconques...Mais toi qui était déjà partie, pourquoi t'évertuer à te montrer bonne élève?

«Vraiment, qu'est-ce qui vous ferait dire que je ne suis pas un scientifique?» Il attendit ta réponse, avant d'offrir sa réponse. «Je suis un médecin, chirurgien de mon état...La science a cela de fantastique qu'elle donne l'impression de répondre à des lois solides et universelles...» Il avait conscience que ceux œuvrant au sein du Magistère se glorifiaient de cette dernière. «Ce que j'y apprécie c'est qu'elle tente d'expliquer l'invisible...du moins c'est ainsi que je la perçois. Bien loin d'avoir toutes les réponses pourtant, beaucoup se targuent de les avoir.» Ton père était un bel exemple, comme tant d'autres qui ne faisaient pas cas de l'humain avant le pouvoir.

«Depuis quand pouvez-vous prendre l'âge que vous voulez? S'est-il passé un événement particulier? Si tant est que vous avez l'envie de m'en parler.» Il s'approcha doucement de toi...ou de la fenêtre. Un peu des deux après tout. Son regard sembla absorber par la ville et ses couleurs chatoyantes. Sa haute stature semblait d'autant plus grande vu l'innocence nouvellement acquise de tes traits et ta taille d'enfant.

Il ne semblait pas s'en soucier. Seul son art de poser des questions, un petit peu comme toi, mais aussi l'art d'écouter semblait avoir gain de cause. Réellement d'écouter. Pas comme un observateur qui recueille toute information sans faire de tri, mais comme un être intéressé par ta personne.




Mer 27 Mar - 8:45

Sa vie entière avait été consacrée à la dissimulation d'informations. Il avait fallu taire les recherches de son père, taire la maladie de sa mère, taire son pouvoir si particulier, taire son identité pour quitter Opale, la taire pour entrer à Xandrie, puis il avait fallu faire taire sa faim, sa soif, ses pulsions meurtrières pour un bout de pain dans des ruelles mal famées, taire sa fascination pour Elsbeth, taire les plans de la Révolution, taire l'emplacement de ses planques, taire tout ce qui pouvait être dit. Mais voulait-elle vraiment se taire ? N'avait-elle pas envie, une fois dans sa vie, de parler, d'ouvrir grand la bouche pour laisser s'échapper tout ce qu'elle gardait enfoui plus profondément encore que ce satané pouvoir ? Elle serra le poing pour ravaler cette envie, la déglutir péniblement, la sentir parcourir tout son œsophage jusqu'à sous son nombril.

- Depuis... Quelques temps, maintenant. Dit-elle simplement. Avant de sentir le reflux, la vague revenir après avoir léché le sable de sa conscience. Depuis cet âge là, comme vous me voyez. J'ai été habitée lors d'une visite des mines de Myste de la famille Reddington. Un bien drôle d'endroit de villégiature pour un père et son enfant, vous en conviendrez. Mais il faut croire que les enfants sont bien plus intéressants quand ils sont capables de quelques prouesses. Après tout, tous les parents veulent croire au caractère unique de leur progéniture, n'est-ce pas ? Quand bien même ils doivent parfois les pousser dans des directions qui ne semblent pas être les plus adaptées.

C'est presque littéralement ce qui s'était passé pour Lillie. Lester ne l'avait évidemment pas poussé au fin fond de la mine avec ses mains - pas devant témoin - mais le simple fait d'attiser la curiosité d'un enfant au milieu d'un environnement hostile suffisait à prouver sa culpabilité. Étonnamment, Lillie ne gardait pas de souvenir traumatisant de cette journée. Les ennuis avaient commencé bien plus tard, quand, après des mois et des mois, rien chez elle n'avait ni changé, ni grandi. Elle s'était toujours considérée chanceuse. Elle avait entendu des histoires de possession par des nébulas beaucoup plus traumatisantes. Certaines vous changeait en air, en eau, ou en feu, d'autres, disait-on, vous permettaient même de parler avec les morts. Ce que Lillie ne pouvait oublier, en revanche, c'est la douleur insupportable qu'elle avait ressenti lors de sa première métamorphose. Pire, elle devait la revivre à chaque utilisation de son pouvoir.

- Je vous saurais gré, monsieur le médecin, de ne pas céder aux pulsions des gens de votre profession et de ne pas tenter de m'ouvrir le ventre avec les quelques outils disséminés ici par Amond. Vous qui en demandiez l'utilité, je ne doute pas que les esprits les plus tordus leur en trouveraient qu'on ignore encore. Dit-elle avec un sourire taquin.
Mer 27 Mar - 23:03

La Chambre Rouge

Lillie Moynihan



Il écouta. Au-delà des mots, ce qu'il se passait derrière ton expression qui maintenait contenance. Une expression bien trop sérieuse pour une enfant. À l'image de ce qu'il t'était arrivé enfant. Les mines. Il en avait entendu parler. Encore un endroit où on voulait percer les mystères du monde. «Je ne pense pas qu'il faille pousser qui que ce soit. D'après mes observations, l'humain donne le meilleur de lui quand il a décidé d'être quelque part, ou que l'action s'appuie sur ses réelles motivations.» Oui, cela pouvait paraître presque froid, mais il n'en était rien. Un constat n'avait pas besoin d'être habillé d'émotions d'après lui.

Pendant que tu lui faisais une demande qui lui fit étirer ses lèvres vu la taquinerie de tes dires, il commençait à marcher le long de ces murs à la profondeur déroutante jusqu'à ce qu'un détail attire son attention. Ses doigts touchèrent la hache suspendue et la fit pivoter de façon à ce que le mur ne s'ouvre. Il se tourna vers toi, son regard triomphant et pétillant comme celui d'un adolescent. «Un passage secret! Je me disais bien que notre cher hôte me connaissait un peu plus que ça.» Le passage secret découlait immédiatement sur une autre pièce à l'ambiance beaucoup plus à propos.

Il te devança et s'exclama: «N'ayez crainte! Je préfère mille fois la compagnie des vivants que de ce qu'ils contiennent dans leur ventre. Venez je vous prie. J'aimerai vous faire un présent.»

Ce que tu ne voyais pas encore, était que cette pièce était un véritable dressing avec une multitude d'étoffes. La décoration était beaucoup plus délicate, et bien sûr qu'il y avait des tenues affriolantes, mais c'était sans compte l'oeil de Seraphah. «Je crains qu'il n'y ai rien à votre taille présente...Mais si vous me faîtes suffisamment confiance, j'ai déjà la tenue idéale pour vous.» Il se dirigea vers un coin de la salle. «Je ne vous l'ai pas dit, mais vous avez des yeux d'un sublime...Que j'aimerai qu'ils soient mis en valeur, voulez-vous?»

Il se saisit d'un ensemble en soie et flanelle digne d'une femme de la noblesse d'Opale. Sauf que ce n'était pas girly, loin s'en fallait. Ce qui semblait être une jupe était en vérité un pantalon qui donnait cette impression. Loin de vouloir t'imposer une tenue loin de toi, il semblait avoir vu juste entre élégance et force de caractère. Te laisseras-tu tenter?



Mar 2 Avr - 11:24

Jamais encore Lillie n'avait-elle vus autant de vêtements. Il ne s'agissait même pas de voir autant de vêtements au même endroit. Il y avait tout simplement là plus de vêtements que tous ceux qu'elle avait croisés au cours de son existence. Ce dressing dépassait l'opulence et l'entendement. Il allait bien au-delà de la simple coquetterie. Il aurait donné le tournis à la plus sophistiquée des femmes. Pour Lillie, ce fut une découverte encore plus renversante peut-être que les conditions de vie des Xandriens qu'elle avait passé sa vie à défendre. Ainsi donc, à quelques encablures de la misère et de la guerre, certains pouvaient à loisir confectionner et enfiler des vêtements aussi souvent que cela leur chantait ?

Passé ce sentiment de dégoût qu'on ressent face à la futilité d'une situation, Lillie s'interrogea sur le pourquoi. Elle qui ne s'était jamais posée la question du charme ou de la séduction avait une définition bien à elle du "bien" s'habiller. Ainsi, pour bien s'habiller, il fallait avoir des tenues amples - pour ne gêner ni contraindre aucun mouvement - qui contiennent le plus de poches possibles. Il n'était donc pas étonnant de ne trouver dans la garde robe de Lillie que des pantalons cargos et des pulls à capuche avec de larges poches ventrales. Quand l'hiver venait, elle pouvait jouir d'une large collection de vestes en cuir aux multiples cachettes intérieures.

Elle fut bien incapable de réprimer un rire sonore à la proposition de son vis-à-vis.

- Pardon... Pardon, mais il faudrait que je passe encore quelques vies à Opale pour accepter de rentrer dans quoi que ce soit de ce genre. Admit-elle en secouant doucement la tête. Mais si un jour j'ai besoin de devenir quelqu'un d'autre, je ne manquerais pas de faire appel à vos services. Je ne doute pas que vous soyez très compétent dans ce domaine.

Elle s'amusa à parcourir le reste des étagères, à faire défiler entre ses doigts novices les différentes tenues. Certaines étaient volontairement arrogantes, d'autres plus subtiles dans leur évocation des plaisirs charnelles. Les cintres jouaient de leur douce mélodie quand Amond refit irruption dans la première pièce. Le fieffé coquin n'avait évidemment pas pris le soin de toquer à la porte, espérant sans doute surprendre quoi que ce soit qui l'aurait ravi. Il fut bien déçu de retrouver ses deux tourtereaux à discutailler dans le dressing. Les remerciements qu'il leur adressa furent brefs, il avait finalement compris que ces deux-là ne lui rapporteraient jamais le moindre argent. Tout le monde se sépara donc sur un cordial adieu, Lillie gardant le contact de ce drôle d'homme qui ne lui avait pas fait la cour.