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[PARTIE 2] La dimension corrompue

[PARTIE 2] La dimension corrompue - Page 2 Brandw10
Ven 16 Aoû - 0:57

Intrigue
La dimension corrompu

Ft. Nimrod & Ryker
MJ : Lö

Le froid poignant s’infiltrait jusqu’à ses os et tout son corps luttait à renfort de violents frissons. Les doigts qui enserraient son épée avaient perdu leurs couleurs et il ne sentait plus ses orteils dans ses chaussures remplies de neige. Pourtant, son regard était fixé sur le fond de la caverne et son visage témoignait d’une concentration profonde. Il avançait lentement, à pas de loup, à l’affût du moindre bruit, prêt à réagir malgré son corps endolori. Malgré tout, lorsqu’une masse sombre et brillante lui fonça dessus, il eut toutes les peines du monde à l’éviter. Il se jeta maladroitement sur le côté, le froid brimant sa souplesse naturelle, ses ailes gelées l’empêchant d’effectuer une roulade convenable. Pourtant rodé par l’expérience, il sauta sur ses pieds et fit face à la chose. Un golem, à n’en point douter. Il était grand et large, composé d’obsidiennes. Ses yeux, minuscules et quasi invisibles dans cet amas de pierre brillante, brillaient d’une émotion reconnaissable entre mille : la peur. Et il ne semblait pas près de se calmer. Il allait foncer sur lui à nouveau !

— Attends ! lança spontanément Maël de la voix la plus claire possible, tout en rengainant son arme d’un geste. Arrête-toi !

Son exclamation eut le mérite de surprendre le colosse, qui marqua un temps d’arrêt pour le fixer, visiblement un peu curieux. Cela ne fut toutefois pas suffisant pour l’emporter sur l’agitation à laquelle il était en proie, car il n’attendit qu’une demi-seconde avant de se lancer à nouveau vers Maël, bras ouvert pour le saisir. Cette fois réchauffé par l’adrénaline, le grigori réagit beaucoup plus promptement et glissa sous la poigne du golem pour éviter l’assaut.

— Je ne te veux pas de mal, lança-t-il en vieil Urhois en se souvenant de la situation à laquelle ils avaient été confrontés plus tôt.  

Sauf qu’il ne parlait ni l’Uhrois, ni le vieil Uhrois, ni le grigorien ou le gobelorc. En fait, comprit Maël, il ne parlait tout simplement pas. Car même si ses tentatives de communication semblaient intriguer le bonhomme, celui-ci n’avait à aucun moment tenté de lui parler. Ce golem n’avait probablement jamais été confronté à d’autres humanoïdes, même si son regard brillait d’une intelligence vive. Sachant que le froid améliorait les capacités mentales de ces créatures, celui-ci aurait pu devenir un vrai génie ! Comme il était dommage qu’il ne puisse pas rester avec lui... mais pour l’instant, il avait d’autres choses à penser, et il ne devait pas se laisser distraire : il n’était même pas dans la bonne dimension !

— Je sais, je rentre chez toi sans permission, poursuivit malgré tout Maël dans sa langue natale pour faire la conversation. Mais je te jure, je veux juste éviter de mourir de froid dehors. Oh, doucement ! s’exclama-t-il en évitant un nouvel assaut beaucoup moins enthousiasme.  

Dans le fond du regard du golem, la fureur se calmait doucement, laissant place à une frustration résignée. Soupirant de soulagement, Maël continua à soliloquer.  

— Tu vois, je suis arrivée ici sans le vouloir, et j’aimerais mille fois mieux subir les Terres brulées qu’être coincé chez toi en étant aussi peu équipé, dit-il d’un ton enjoué. Ne t’inquiète pas, je ne te ferai rien ! Il se désigna. Ma-ël, dit-il doucement. Ma-ël. Ça te va, si j’explore ton chez-toi ?

Le golem ne fit pas mine de bouger et Maël se tourna pour aller explorer plus loin, tout en gardant son nouveau colocataire à l’œil. À mesure qu’il s’enfonçait, ce dernier semblait devenir de plus en plus méfiant, ce qui ne ralentit pas le grigori, qui redoubla toutefois de prudence. Plus au fond, la luminosité diminuait, mais la glace donnait un aspect fabuleusement lumineux à l’endroit et Maël n’avait aucune difficulté à évoluer dans la caverne. Le golem le suivait en restant à bonne distance, mais lorsqu’ils franchirent un tournant, celui-ci se mit à paniquer. D’un mouvement que Maël ne perçut que du coin de l’œil, le géant se projeta sur la paroi avec force, secouant la grotte d’un puissant tremblement. Les vibrations qu’il percevait n’ayant rien de rassurantes, il entreprit de rebrousser chemin aussi vite que possible. Juste à temps, car un instant plus tard, la caverne s’effondra à l’endroit précis où il s’était trouvé quelques secondes plus tôt ! Le tremblement le projeta au sol, sans toutefois le toucher.  

C’est en contemplant les décombres que Maël le perçut. Le miroitement qui brillait au fond de la caverne.

Et Valek et sa chaleur, de l’autre côté.  

Sans attendre une seconde, sans même adresser un dernier regard au golem... Maël franchit la faille.
Mar 20 Aoû - 14:12
L’odeur du sang. C’était son élément, la quête qui poussait chacun de ses pas. Il cherchait le meurtrier et se glissait dans l’infâme fragrance de sa détestable âme. Le Patrouilleur ne cilla pas lorsque les cendres de la bataille lui fouettèrent le visage. Il connaissait ces éclats, ces cris et cette odeur humide gorgée de souffrance. Les cris, les pleurs. L’odeur des déjections humaines qui suintait des tripes ouvertes par la guerre. Son élément, celui de la peur et de la mort. Pas celle qu’il inspirait, non, mais celle dans laquelle il avait vécu toute sa vie. Celle qui avait entouré ses pas et fait de lui cet être maudit par la Brume. Qui avait maudit tous ceux qui avaient un jour croisé sa route, comme le corps sans vie d’Aelys dans ses bras. Il cherchait des yeux Nimrod. Ses lèvres découvraient ses dents en un rictus sauvage. Son cœur tambourinait dans sa poitrine. Il sentait sa nebula, sa part de Brume, s’agitait et stimuler ses instincts de survie mais … mais pour une fois il était aux commandes. Il était celui qu’il devait être. Le guerrier. L’assassin.

Il leva la tête, comprit. Il était ailleurs. Dans un autre temps, dans un autre combat. Quelque chose traçait sa destinée. Il en avait assez de ces jeux, de ces mesquineries : comprendre le mystère ne rimait plus à rien. Il était mis à l’épreuve ? Devait avancer ? Alors soit, il danserait cette valse. Il la profanerait l’épée au clair et la rage au ventre. Il se taillerait une route de sang dans ces époques dissolues et trouverait le chemin qui le ramènerait à sa proie. Il avait affronté la Brume pendant des années, il n’avait pas peur des hommes. Il n’avait peur que d’Elle.

Le Patrouilleur fut pourtant arrêté bien trop vite, entre les éclats d’obus et les cratères retournés de terre et de chairs. Quel était cet endroit, quel était cette époque ? Le Renom ? Il n’en avait cure. Cela pouvait très bien être le futur, il passerait. Il serra le corps d’Aelys contre lui, les toisa de son épée dégainée. Il portait ostensiblement le symbole de sa fonction. Il avait donc affaire à un temps trop reculé pour la Guilde … ou à des imbéciles. Ils menaçaient un Mort gris, alors il leur apprendrait pourquoi la mort marchait avec lui, pourquoi elle hantait chacun de ses pas et nourrissait les peurs à son sujet. Il n’était plus qu’une boule de haine bercé dans les maléfices de Valeek, qui se justifiait de ses actes en y projetant l’argument que tout ça n’était qu’illusions et manipulations. Jamais il n’aurait à souffrir de ces conséquences. Il sentit le canon dans ses côtes. Une verrue qu’il lui tardait d’arracher.

- Laissez-moi passer et continuer ma traque et tout se passera bien. grogna-t-il dans un épistote rugueux et de bas étage.

Il maîtrisait les langages courants mais cela restait superficiel. Il prit l’instant d’attente pour une mécompréhension mais … les soldats éclatèrent de rire. Ils étaient augmentés, c’était presque sûr dans ce contexte. Leurs armes étaient en tout point supérieures aux siennes. Il serra les dents, grommela une insulte et lâcha son épée. L’arme se planta dans le sol et les épistotes ricanèrent. Celui qui avait planté son canon dans ses cotes le força à avancer mais Ryker resta immobile. Il posa lentement le corps d’Aelys au sol et l’épistote en profita pour le pousser plus fort. Le Patrouilleur tomba un genou à terre et serra les dents. Il posa malgré tout la défunte avec délicatesse. Il se releva quand l’imbécile l’attrapa par sa cape.

- Arrête … murmura Ryker, tout en essayant de se relever.

- Sinon quoi, Arami-rien ? Tu vas te pisser dessus comme tous les autres ? Tu n’as toujours pas répondu la question du Caporal. ricana le soldat qui s’affairait à maintenir son canon dans son dos.

Le Patrouilleur ne cilla pas et attrapa d’une main le canon avant de pivoter. Il entoura le soldat autour de lui et s’empara de son arme pour la saisir à une main. Bien que peu habitué à pareil équipement, il parvint à trouer le ventre dudit Caporal avant de décharger un deuxième tir dans la poitrine d’un second soldat. Les deux autres ouvrirent le feu mais il se servit du corps de celui qu’il avait attrapé comme d’un bouclier. Il sentit les tirs lui écorcher le bras et l’épaule mais parvint à lancer le cadavre du soldat sur l’un des épistotes avant de fracturer le crâne du dernier à l’aide de la crosse du fusil. Il piétina le drapeau aramilan en se rapprochant du dernier vivant et écrasa son poigner lorsqu’il parvint à se dégager. Le Patrouilleur devenu fou l’attrapa par la gorge tandis que son pouvoir d’abrogation se diffusait en lui. Si l’imprudent avait été doté du moindre pouvoir, la peur aurait certainement achevé de le faire hurler. Mais il tentait de se débattre. Ryker bloqua son autre bras et essuya un coup de genou dans le ventre qui faillit le faire lâcher. Il grogna de douleur et roula à terre. Il se redressa et attrapa un fusil tombé à terre. Il exécuta une roulade pour se protéger du tir du soldat épistote qui s’était lui aussi redressé mais il le cueillit en pleine tête. Son crâne vola en éclat dans un mélange de sang, cervelle et os.

Le Patrouilleur resta à terre, maculé de boue et de sang. Les explosions continuaient tout autour de lui. L’adrénaline redescendait peu à peu, ses douleurs se faisaient de plus en plus réelles. Des acouphènes engluaient sa perception du monde et son esprit brisé ne se rattachait qu’à une seule chose tangible : sa vengeance. Il rampa jusqu’à Aelys, posa sa main sur son corps froid et ne put juguler les larmes qui commencèrent à jaillir. Il se rassembla à genoux à ses côtés et ses mains crochetèrent ses vêtements pour les froisser de sang et de boue. Il hurla sa douleur dans le chaos de la bataille. Après d’interminables minutes à pleurer, à lui demander son pardon, il finit par se redresser et s’emparer de son épée. Il regarda le corps de la jeune femme. Se baissa pour croiser ses mains. La débarrassa de son collier. Il s’approcha du drapeau aramilan et l’utilisa pour entourer son corps. Il ne savait quoi faire. Il erra encore, jusqu’à trouver un endroit épargné par les obus, auprès d’un arbre et d’un semblant d’église dévasté. Il la déposa là. Chercha de quoi creuser. Prendrait le temps qu’il faudrait. Que ce fut dans l’heure ou dans des éons, il le retrouverait.

- Si ce n’est qu’une illusion, alors la guerre sera ton tombeau. Si nous sommes bien dans le passé … alors je reviendrai sur ta tombe. lui promit-il. Tombée à Valeek, je suis sincèrement désolé Cadette.

Mar 20 Aoû - 22:49
Le Spectre ne montrait pas de signes extérieurs de lassitude, malgré l'harcèlement dont il était victime. Le spécimen qui le suivait ne tarissait jamais de lui poser des questions, probablement une forme de mécanisme adopté par le prédateur pour amener sa proie dans ses filets. Il ne savait pas bien s'il prenait davantage de risques en étanchant sa soif de savoir ou si l'inverse serait synonyme de catastrophe. Il s'essaya donc au mutisme alors que la Chose le questionnait sur son origine, son identité.

Elle ne sembla pas apprécier le silence soudain. Il ne fallut que quelques secondes pour que son visage vire au cramoisi, ses serres cliquetant sur les branches de l'arbre où elle s'était récemment posée. Ainsi c'était cette option qui menaçait de le mettre le plus dans le pétrin ; dans l'immédiat, il ne pouvait se permettre une nouvelle escarmouche. Il devait continuer à jouer.

« - Je viens d'un autre monde, » répondit Nimrod, persuadé qu'il n'avait pas rejoint sa réalité. « Et j'y retourne. »

La bête sembla retrouver sa fausse jovialité enfantine, il s'était gagné quelques précieuses secondes. Avant qu'une nouvelle question ne fuse. Puis une autre. À chaque interrogation résolue, deux autres poignaient, dans un rythme de plus en plus infernal. À force, l'acteur perdait toute forme de concentration, n'avançant que plus difficilement vers la destination inconnue où le monstre était, pour rappel, censé le mener.

« - Stop. Tu veux des réponses ? D'abord, indique moi la direction. C'était le marché. »

Le piaf s'ébroua avant de vaguement secouer une aile en devant de nous. Pas franchement utile, jugea l'opalin, mais il ferait avec. Il était fort probable que la grosse pie ne sache même pas où elle le menait, mais c'était son meilleur atout pour l'instant.

« - Maintenant réponds à mes questions.

- Bien, bien... Je suis un tueur. J'ai tué puis été blessé. Et ce que j'ai à t'apprendre : le silence. »

Les réponses ne semblèrent pas plaire à la Chose, mais il n'en avait cure : il lui avait dit ce qu'il voulait savoir et apercevait à présent, à quelques broussailles de sa position, un étrange miroitement dans l'air. Une fenêtre. Malgré ses blessures, il accéléra le pas, ce que le piaf remarqua lui aussi, avant de percevoir à son tour l'apparition. Ce dernier trouva le moyen de se mettre sur son chemin, à quelques pas de son objectif. Ils n'en avaient pas fini ? Tiens donc... Et maintenant sa parlotte se faisait frénétique, comme si la Chose redoutait d'être laissée seule avec sa vieille amie : la solitude.

« - Bouge de là, je dois traverser. Et j'ai déjà répondu à ta question. Quant aux autres... ne serais-tu pas curieux de le découvrir par toi-même ? »

Le flot ininterrompu de parole se brisa soudain ; la bête le dévisageait.

« - Tu n'as jamais connu autre chose que ces bois désolés, non ? Livré à toi-même, avec pour seule existence un esprit tourmenté par l'ignorance. Tu veux savoir ? Eh bien suis-moi, mais il faudra d'abord que je passe. J'ai deux bons amis qui en savent bien plus encore de l'autre côté.

- Des amis ?

- Oui.

- Tu mens... Ce ne sont pas tes amis... Tu es un menteur ! MENTEUR ! MENTEUR MENTEUR MENTEUR ! »

Le visage de la Chose s'était soudainement transformé ; voilà que ses pattes griffues s'ouvraient devant elle tandis qu'elle chargeait en direction de l'acteur. Celui-ci parvint à esquiver l'assaut à temps, grâce à ses talents d'acrobate et son poids plume, bondissant bien plus haut que quiconque pour dépasser l'obstacle. Mais la harpie restait véloce : elle eut tout juste le temps de tourner sur elle-même pour refermer l'une de ses serres sur sa jambe. Le sang jaillit, en même temps que son mollet se faisait lacérer, mais malgré cela Nimrod parvint à se réceptionner dans une roulade de l'autre côté... et sauter tête la première dans la brèche.

Il avait reconnu les pierres de Valeek ; il ne savait toutefois s'il s'agissait encore d'une illusion des Limbes, d'une autre époque ou bien d'un quelconque artifice. Il n'eut pas grand mal à se le figurer en voyant l'état des ruines autour de lui. La réalité devint encore plus crue lorsque la douleur lancinante dans sa jambe l'invita à constater les dégâts : une estafilade profonde barrait sa jambe, au point que son tibia était quasiment apparent. Aucune artère n'avait été sectionnée, c'était déjà ça. Il se défit de son manteau, déjà bien abimé, et en déchira un grand pan de tissu pour se faire un garrot de fortune.

Nimrod n'était pas médecin, mais il se doutait qu'il n'irait pas bien loin sans davantage de soins. Ses côtes brisées l'obligeaient à respirer par petites bouffées et la blessure au niveau de son bras s'était rouverte. Malgré tout, la volonté du Spectre primait et le poussait à continuer.

Après un long instant passé à lutter contre la somnolence, dos au mur qui faisait face au portail, le strigoi décida de se relever. Et de poursuivre en direction du destin funeste... le sien ou celui de ses coéquipiers d'infortune.
Jeu 22 Aoû - 12:26
Maël et Nimrod

Tête à tête, face à face. Comme on se retrouve ici, cher ami?

Premier oiseau à retrouver son chemin dans le chaos de l’espace et du temps, Maël traverse le miroitement qui le ramène, comme un phare dans la nuit, au fort Valeek. La première chose que tu ressens est la chaleur: les hauteurs gelées de la montagne ne font qu’amplifier la température tiède du lieu, te donnant l’impression d’une fièvre soudaine alors qu’il n’en est rien. Un regard autour de toi te permet de restituer une salle sur les hauteurs du fort qui donne sur un pont ouvert, menant droit à une tour - du moins, ce que tu en distingues. Elle est parsemée de tant de miroitements qu’il est dur d’en dresser ne serait-ce que les contours.

Tu n’as pas le temps de beaucoup t’attarder - un bruit sourd attire ton attention derrière toi. Tu te feras peut-être la réflexion que ton miroitement a disparu, comme celui de Nimrod qui s’évanouit aussitôt l’avoir recraché lourdement sur le sol. Blessé, saignant, laissant derrière lui une traînée rouge et visqueuse jusqu’à ce qu’il trouve refuge contre un coin de mur. Mais rien ne reste un coin de mur très longtemps. Le Nora’Sinh n’aura sûrement pas eu le temps de bien comprendre le mauvais sort dont il a été victime, tendant vers toi ses doigts crochus avant que tu ne disparaisses tout à fait dans l’air frais de la nuit.

Autour de vous, pas de miroitants, pas de créatures ni de dangers, seuls l’impression étrange que vous n’êtes pas seuls - que quelque part, quelque chose vous observe à travers l’espace et le temps.

Autour de vous, les miroitements s'ouvrent, se referment de façon chaotique, mais rien n’est plus chaotique qu'au-delà du pont, près de la tour. Mais c’est autant un champ de mine qu’un salut… Au fort Valeek, rien n’est tout à fait ce qu’il semble être.  
Ryker

Les doigts couverts de sable, tu sens tes articulations pulser d’une douleur lancinante. A trop soulever la poussière, c’est comme si tu en étais devenu un peu. A genoux, tu viens de laisser ta cadette à son destin. Peut-être que si tu reviens sur tes pas, à des dizaines d’années de là, elle t’attendra toujours, anomalie dans le temps, dans le sable, témoin secret et éternel des méfaits de Valeek et d’un strigoï qui tue à travers le temps.

Le Renon n’est plus que l’ombre d’une région déchirée par la guerre, mais tu as accompli ton œuvre, tu as fui, laissant derrière toi les soldats epistotes que tu as attaqué - ou plutôt, dont tu t’es défendu. Cela scellera-t-il ton avenir? Condamné à rester à Renon jusqu’à ce que mort s’en suive?

Tu sens un mouvement sur ton poignet. Discrète petite crispation, tu vois une petite main, les doigts encore gonflés de l’enfance qui essaye d’attraper ta manche. Cette main est au bout d’un corps minuscule, peut-être cinq ou six ans, une petite à la peau foncée, dorée comme un soleil. Elle te regarde en tremblant - une victime de la guerre comme tant d’autres Aramilans qui ont vu leur vie bouleversée par l’avidité de quelques-uns. Mais ce n’est pas la guerre qu’elle remarque… C’est ton épée.

Mon…Monsieur, s’il vous plaît… On a besoin d’... D’aide…” Elle te tire désormais, t’indique l’église derrière toi. “Mon frère parti dans tr… Un trou, mais le trou brille et l’a emmené ailleurs.”

Elle pointe l’église du doigt. Sa porte entrouverte qui baille en grinçant, à chaque nouveau murmure du vent. Le ciel s’assombrit au dessus du Renon. Et la petite qui t’implore de le sauver… Au fond de toi, tu devines ce qui a emporté son frère, la malice aussi vilaine que la Brume qui t’a elle aussi condamnée.

S’il vous pl…Plait, sauvez mon frère…

Elle est brave, cette petite. Elle retient bien ses larmes, peut-être mieux que toi.
Maël et Nimrod

Vous vous faites face, toujours, l’odeur du sang vous pourrie les narines. Et brusquement, un troisième bruit, avant même que l’un ait pu ouvrir la bouche pour rappeler à l’autre qu’ils étaient jadis un groupe uni.

Un pouf, lourd. Surprenant.

Entre vous deux, Maël et Nimrod, c’est un enfant qui vient de tomber d’un miroitement à mi-hauteur d’un mur. Il tient dans ses mains bronzées un bâton comme une épée, et vous dévisage sans trop comprendre. Perdu, lui aussi? Il vous braque alors sans crier gare - pour lui, vous êtes autre chose, et visiblement un ennemi. Mais pour vous, il ne paye pas de mine. Pas  assez pour être ne serait-ce que l'ombre d'une menace. Victime, ami... Ou caillou dans une chaussure, allez-vous ne serait-ce que le considérer?

Le miroitement derrière lui ne s’est pourtant pas refermé…
Sam 31 Aoû - 17:04

Intrigue
La dimension corrompu

Ft. Nimrod & Ryker
MJ : Lö

La chaleur l’accueillit comme un coup de poing, lui coupant le souffle comme s’il s’était jeté dans un lac gelé. Le choc le fit faillir et ses genoux rencontrèrent la dureté du sol sans même qu’il y prête attention. Il entendait son sang battre dans ses tempes et une douleur fulgurante lui montait à la tête alors que ses derniers frissons secouaient son corps. Il n’entendait rien, le bruit de son cœur trop assourdissant, le changement de température trop soudain. Pourtant, rapidement, les battements de son cœur revinrent à la normale et ses doigts s’engourdirent, signe que les sensations y revenaient peu à peu. Il s’obligea à prendre de grandes respirations et si sa tête continua de le faire souffrir, il parvint malgré tout à se remettre sur ses pieds et à regarder autour de lui. Était-il revenu au point de départ ? Non, pas tout à fait. C’était Valeek, ou du moins, ce qu’il croyait être Valeek, mais il ne se trouvait plus dans le hall dans lequel il avait débouché plus tôt. Il était dans une autre salle, en hauteur, toujours entouré de ces étranges miroitements ou plutôt, comme il avait fini par le comprendre, de ces failles spatiotemporelles. Là, une tour éthérée, dressée de l’autre côté d’un pont en arche qui surplombait le vide. Miroitement ou réalité ? Franchement, l’architecture de ce lieu n’était à ne rien y comprendre, et une angoisse planait dans la gorge du grigori. Qui était-il pour penser pouvoir mettre fin au phénomène ? qui était-il pour croire pouvoir vaincre le temps et l’espace ? avançait-il vraiment, ou ne faisait-il que s’enfoncer dans ce labyrinthe sans queue ni tête ?

Un chuintement discret le sortit de ses réflexions, lui évitant de se perdre dans les méandres de son propre esprit pour l’ancrer dans la réalité. Nimrod. Celui-ci venait de traverser une faille et ce qu’il put percevoir avant que celle-ci ne disparaisse le convainquit que celui-ci avait été confronté à autre chose que le froid. Il ne sembla faire aucun cas de la température, toutefois pas plus qu’il ne l’avait été, il ne semblait en capacité de comprendre ce qui l’entourait. Son souffle était court et le sang coulait en abondance de sa jambe. Presque immédiatement après, un petit corps apparut. Un enfant. Encore autre chose ! Était-il réel, ou n’était-il qu’une illusion, comme avaient semblé l’être les ouvriers qu’ils avaient croisés plus tôt ? Était-ce pertinent de s’attarder sur lui, ou même sur ce miroitement qui ne semblait pas vouloir se refermer ? Maël grimaça avant de se décider. Il s’approcha du strigoi, étonnement heureux de retrouver une trace de réalité dans ce lieu incompréhensible, même s’il n’avait sans doute pas été prudent de faire confiance à l’acteur. Il se secoua malgré ses membres encore endoloris et, ignorant le gamin qui les observait avec la peur dans les yeux, il désigna la jambe de l’opalin.

On ne proteste pas, dit Maël avec sa légèreté habituelle après avoir déchiré un plan de sa tunique pour panser la jambe du strigoi. Tu ne voudrais pas te vider de ton sang, non ?

Le pansement de fortune ne ferait pas long feu, mais la compression aiderait peut-être à arrêter le saignement. Visiblement, ce qui avait attaqué le strigoi n’était pas humain, ses blessures le prouvaient, mais Maël ne posa aucune question. Il ne savait pas ce qu’avait affronté son acolyte et ne tenait pas à le savoir, pas plus qu’il ne chercha à savoir où se trouvait Ryker et Aelis. À quoi bon les chercher ? Les failles n’en faisaient qu’à leur tête, de toute façon, sans logique ni modèle identifiable. Si Nimrod et lui étaient apparus au même endroit, tout portait à croire que les deux autres les rejoindraient... s’ils parvenaient à traverser ce à quoi ils étaient confrontés. À moins que ces deux-là soient toujours dans le hall... Quelle importance ? Il n’avait aucun moyen d’y retourner.  

Qu’en penses-tu ? lui demanda-t-il ensuite sans plus de précision, ignorant le gamin. On continue ?

Maël désigna la tour, seul élément qui semblait pertinent dans ce décor irréel. L’idée de plonger dans le miroitement d’où venait l’enfant ne lui effleura même pas l’esprit. À quoi bon retourner en arrière et prendre le risque de demeurer prisonnier d’un autre temps ? À quoi bon venir en aide à un gamin qui n’était sans doute même pas réel ? Malgré sa question, il n’attendait pas vraiment de réponse. Peu importe ce qu’en penserait Nimrod, son seul objectif était de comprendre comment ce lieu fonctionnait, et bien entendu, comment en sortir. Et il sentait que pour cela, il devait continuer.  
Sam 7 Sep - 22:52
Ah, voilà.

Cacher à quel point il tenait difficilement debout relevait du miracle, mais il ne pouvait se permettre d'avoir l'air faible. Pas devant ses compagnons de voyage. Il avait cahoté dans quelques couloirs sombres et puant la moisissure, avant de faire la rencontre de l'ange. À nouveau, ils se dévisageaient, ne sachant réellement comment se comporter ; Nimrod avait une petite idée, mais cela demanderait de l'énergie et une certaine dose de malice.

« - Tu... » commença-t-il, avant d'être interrompu par l'intervention quasi-divine d'un bloc de chair comme tombé du plafond. Il s'écroula mollement sur le sol, dans un couinement ridicule. Lui avait-on caché un invité supplémentaire à ajouter à sa liste ?

L'endroit était sale, mais pas suffisamment sec pour qu'un nuage de poussière s'élève et leur cache la vue : c'était un enfant. Ses vêtements, eux, étaient sablonneux et révélaient peut-être de précieux détails sur son origine, au même titre que son teint hâlé. Il était littéralement vêtu de chiffons. Mais déjà le prince en guenilles se redressait pour les dévisager à son tour. Un silence pesant suinta alors le secret de Polichinelle : qui oserait poser la question en premier ?

Nimrod, lui, économisa ses forces. Il se fichait éperdument du gamin ; il était même rassuré de ne pas avoir vu apparaître son poursuivant, là, au moment où cela aurait été le moins opportun. Il put donc profiter de quelques minutes supplémentaires pour souffler, las. Était-il seulement en état de réaliser son second métier ? Peut-être pas pour aujourd'hui, pas sans quelques soins. Maël était aussi suspicieux qu'à leur première rencontre, mais pas davantage averti. C'est vrai : il n'était pas là au moment où le strigoi avait pris la vie de la petite ingénue. Bon signe, presque une invitation à recommencer avant que l'opportunité se dérobe à lui.

Pour le moment, son regard était absorbé par la fenêtre qui avait craché le garçon, ouverte à mi-hauteur d'un des murs de la salle. Il ne tombait pas véritablement du ciel, mais c'était à une distance suffisante pour empêcher le petit groupe d'y accéder sans se faire la courte échelle. Ce qui inquiétait le plus Nimrod, c'était ce qui pourrait encore en sortir.

« - On doit bouger. »

Il grinça des dents en remuant sa jambe atrophiée pour se mettre en branle. Le mur l'aidait à tenir debout, du bout des doigts de son bras valide : il ne faisait pas même confiance à ces vieilles pierres.

Tant pis pour l'oiseau, se dit-il, alors qu'il s'engouffrait dans un autre de ces corridors à l'autre bout de la salle, poussant nonchalamment la porte en bois rongé par les termites qui fermait l'accès. Elle céda immédiatement, brisée dans sa largeur et il tenta de balayer les restes avec son unique coude, puis son épaule pour ultimement se dégager de l'autre côté. Il espérait secrètement être suivi, mais ne se retourna pas pour vérifier cependant, tant l'effort lui coûtait. À présent il n'avait qu'un seul objectif en tête : avancer.

De l'autre côté, l'obscurité l'enveloppa.
Lun 23 Sep - 0:31
Le Patrouilleur dut être repris à plusieurs fois. Des acouphènes nimbaient se conscience et ce ne fut que lorsque l'enfant s'approcha trop près de lui qu'il la remarqua. Elle tira sa tunique, le fit sortir de sa douleur et l'image d'un visage de poupée ne fit qu'accentuer la douleur de sa perte. Il frémit, chercha ses mots parmi les illusions mais les déflagrations de la guerre étaient trop réelles. Sa psyché ne tenait plus qu'à un fil et la Brume jouait avec ses sens pour le perdre. Alors il fit ce qu'il faisait toujours. Mura son esprit, réduisit son champ de vision et se releva. Il tituba, se demanda comment il pourrait porter une épée avec ses mains dans cet état, maintenant que l'adrénaline qui le portait était retombée. Il regarda autour de lui, se rappela vaguement les morts qu'il avait laissé dans son sillage puis, à nouveau, ferma son esprit au doute. L'Errance n'était jamais loin. Il la percevait qui rôdait, cette dualité Malicieuse qui tenait de le faire chavirer, comme une autre créature qui arborait sa pensée et ses doutes pour le faire céder. Mais il le savait depuis longtemps : elle n'était qu'une idée, qu'une sensation.

- Le trou. murmura-t-il, le nez froncé. Il offrit un hochement du menton à l'enfant.

Ses yeux rougis et bouffis étaient cerclé de poussière et de charbon. Son visage strié des coups échangés. Ses yeux océan offraient un contraste glacial à son allure dépenaillé. Le Patrouilleur se redressa et carra les épaules. Il dégaina son épée courte avec un râle de souffrance puis entreprit de découper un pan de sa cape. Il entoura sa main et attacha l'arme autour pour soutenir ses doigts. Ryker s'avança, chaque mot pétri d'aiguilles dans sa bouche.

- Reste là. lui ordonna-t-il dans un aramilan approximatif.

A l'abri voulut-il dire, mais un regard autour de lui suffit à percevoir l'ironie de son propos. Cela aurait pu être une illusion, cela aurait pu être un nouveau tour. Quelque chose perdu dans le temps et l'espace, quelque chose qui ne comptait pas. Accepter cette fatalité reviendrait à laisser sa carapace se fendre et s'exposer à sa propre fragilité. Cela, le Patrouilleur ne le pouvait pas. Il était le rempart dans la Brume, le marcheur dans la nuit. Il avait dévoué sa vie à la protection d'autrui. C'était ce qui lui avait permis de rester humain. De ne pas devenir fou, là-bas. Il frémit de nouveau lorsqu'il poussa la porte de l'église. Elle grinçait sur ses gonds, à peine retenue par une charnière qui baillait dans la pierre. Les murs avaient été soufflés par des explosions mais la nef semblait encore intacte. Mis ça part, la Chose. Au-dessus de l'autel, dans une mimique parfaite d'un symbole païen écoeurant, trônait un ovale translucide aux bords irisés. Son coeur était de sang et irradiait des dizaines de couleurs pour ternir l'image qui se dessinait derrière. Le trou brillait, en effet.

- Si tu as ... peur. Appelle : Ryker. Hurle. lui dit-il, avant de s'avancer vers le trou. Mais ne viens pas. Jamais. Cache-toi.

C'était rugueux, imprécis mais sa diction était suffisamment claire pour que l'enfant le comprenne. Le Patrouilleur s'avança ensuite pour passer l'ouverture qui s'anima autour d'un décor lugubre à l'instant où il en passa le pas. Il se sentit rappelé par la gravité et s'effondra avec lourdeur au sol, un genou à terre. Il grommela de douleur, son épée courte plantée en terre pour le soutenir, puis se releva. Il ravala sa salive et inspira pour faire le vide. Il ne savait ce qu'il avait promis à cette enfant, sinon que cela était risible de s'attacher à une telle lueur. Il traversait des phénomènes inconnus, se voyait transporté dans une myriades de possibles - si tentaient ils existaient - mais la perspective de sauver une âme ... alors qu'il en avait occis cinq ... Il secoua sa tête pour chasser ces pensées parasites. Tous mourraient autour de lui, alors pourquoi un enfant ? Il savait qu'Elle jouait avec lui. Mais ... mais ...

Le Patrouilleur remarqua une tâche un peu plus sombre sur le sol. Il fronça les sourcils, se baissa. Essuya sa main avant d'y tremper l'index. Il porta à ses narines les gouttes froides, à peine coagulées. L'odeur du sang. Il avança, suivit la piste pour trouver des traces dans la poussière, de la terre éparpillée et du sang en plus grande quantité. Pas de corps. Une attaque ? Ou ... ou pouvait-il espérer avoir retrouvé la piste de Nimrod ? Non. Il chassa cette idée imbécile de sa tête. L'enfant, très certainement. Il se pencha pour tenter de distinguer des traces de pas, tandis qu'une faille s'ouvrit à quelques mètres de lui. Puis se ferma. Une autre, encore une. Il leva les yeux, observa où il se trouvait. Le lieu clignotait dans tous les sens et à nouveau, il sentit sa peau frémir. Quelque chose hérissait les poils de sa colonne vertébrale, glaçait ses entrailles. Il laissa ses doigts fureter sur la terre avant de se redresser et de contempler le paysage qui se dressait devant lui. Un pont et une tour. Du gamin, aucune trace. Si tentait était que sa soeur ait existé ? Mais il y avait du sang, et des traces qui menaient dans cette direction. Des traces de plusieurs individus. Le pont, donc ? Tout cela ne lui disait rien qui vaille ... c'était une vision d'horreur que ces trous qui illuminaient de leurs éclats la tour aux contours informes.

Il avança donc vers la tour lorsqu'une étrange trace attira son regard, à hauteur d'homme. Trainée rouge, d'un bras maculé sur une pierre. Il s'approcha, observa. Taille adulte. Des traces de pas dans ... une autre direction. Il se retourna. Une porte brisée barrait le passage vers un corridor. Ce qui était étrange c'était que les trainées dans la poussière semblaient se diriger vers là-bas. Plusieurs, à nouveau. Et là, un peu après, des traces un peu plus petites à mesure qu'il s'approchait du corridor. Un endroit moins arpenté ? Quelqu'un était passé par là, ou plusieurs personnes. L'enfant aussi, très certainement. Il observa le pont, la Tour. Pourquoi cette direction ? Le Patrouilleur serra les dents. Il n'aurait su dire si l'enfant avait eu peur, ou à quoi appartenaient ses traces mais il était certain d'une chose : la porte avait été détruite récemment. Le gamin était passé par là. Si son instinct lui dictait de partir en direction de la tour, d'abandonner le gamin qui n'était certainement qu'une illusion, son coeur était ailleurs. Le Patrouilleur serra ses doigts gourds autour du pommeau de sa lame. Il n'existait rien d'autre que son but, que son objectif. Il inspira. Expira.

- Ca, et la perspective d'éviscérer Nimrod quand je sortirai d'ici.
Jeu 26 Sep - 12:26

D’un groupe, vous n’en avez que le contours. En réalité, trois individualités, vous êtes destinés à vous poursuivre et vous détester. Les masques se fissurent vite, très vite, tombent dans la poussière. Vos vrais visages trop vite découverts - dans ce monde à la croisée de l’espace et du temps.

Morcelés - Maël s’élance sur le chemin déployé à ses pieds. Pas de questions, on fonce: le pont indique la tour, il n’y a pas d’autres chemins. Qu’importe que Nimrod saigne à profusion: deux temps, trois mouvements, la blessure est colmatée comme un trou dans un mur. Ryker, survivant du désert, arrive sur une scène de crime, avec un crime au fond de l’esprit qui n’attend qu’une opportunité.

Mais un oeil omniprésent vous guette. Il ne vous a jamais vraiment quitté.

Dans les airs, vibrante monstruosité, flotte l’incarnation d’un chaos qui se déploie à travers le temps et l’espace. Titanesque ver, vous percevez, tous les trois, les légères fissures dans la fabrique du réel qui vous enveloppe. Dans ces fissures, vous devinez son oeil. Il est braqué sur vous.
Vous êtes sur son territoire.
Vous n’avez rien à y faire.
Disparaissez.

A vos pieds, un miroitement inévitable, vous plongez tous les trois dans les ténèbres. Téléportés de force, le monstre vous a piégé, vous emportant implacablement.

Vous ouvrez les yeux mais pendant un instant: vous ne voyez rien. Après quelques secondes d’ajustement pour vos prunelles, et vous finissez par percevoir le clair obscur intimiste de quelques torchères qui éclairent le sous-sol ou la cave dans laquelle vous avez atterri. Vous n’êtes pas seuls: non. Vous êtes avec une vraie petite foule. La lumière ne vous permet pas de bien les détailler, mais vous remarquez seulement leurs oreilles longues, pointues tournées vers le plafond: ils sont tous sur le sol, en prière. Au centre de la pièce, un homme face à un autel brandit une pierre massive, un cristal translucide, comme une relique. Un mot à ses lèvres: Orzad.

Vous avez tous les trois atterris sur les extérieurs de ce tableau, la pièce en carré vous permet rapidement de vous retrouvez, au moins par le regard: à des emplacements différents, vous êtes les seuls debout. Les seuls à ne pas adorer. Les seuls à avoir les yeux fixés sur autre chose que la foi.

Puis un quatrième regard s’impose également dans cette impasse Mexicaine: le prêtre, lui aussi, vous a vu.