Mar 29 Aoû - 1:52

Dramma Giocoso
Lugrilen 1900 - Opale, la Cité aux Mille Lumières.
La Cité aux Mille Lumières n'a jamais aussi bien porté son nom que cette nuit. La place de l'Opéra, qui tient son nom de l'Opéra susnommé, brille de mille feux ce soir. L'éclairage public se veut coloré et les reflets de ces douces lumières sur les dalles de pierres humides donnent l'impression de marcher sur un arc-en-ciel liquide, porté par la pierre blanche et régulièrement rainurée pour ne pas être glissante. Un spectacle de lumières pour nous mettre dans l'ambiance de la grande première de la toute nouvelle représentation de, je ne sais quel spectacle dans cet Opéra.
C'est un soir où il y aura beaucoup de monde et beaucoup d'obscurité. Je ne goute habituellement pas aux soirées mondaines et aux Opéras chantants. Et je goute encore moins aux endroits surpeuplés. Mais ce soir, c'est exactement ce qu'il me faut, et cela, pour une raison toute simple : ce soir, je chasse. Le "Fantôme de l'Opéra", comme les canards boiteux que l'on nomme "journaux quotidiens" l'appellent, serait de sortie ce soir. Du moins, si on en croit son mode opératoire. Un assassin semblant mystérieux et tuant de manière aléatoire, mais toujours autour de la zone de l'Opéra. Il devrait avoir du mal à résister lors d'une aussi grande première.
Le souci, quand on chasse proche d'un milieu culturel aussi huppé qu'un Opéra, c'est que nos victimes sont rarement des rebus sans famille que personne ne va pleurer et aujourd'hui, ce Fantôme de l'Opéra a une prime sur sa tête suite à ses dernières pérégrinations nocturnes. Je suis donc sur cette place, observant discrètement la foule pour essayer de repérer les victimes potentielles s'éloignant de la foule dans les ruelles obscures. J'observe ces personnes qui pourront servir d'appât pour que je puisse attaquer leur agresseur et mettre la main sur cette prime vivante.
S'il y a une chose qui ne change pas, même en presque deux mille ans, c'est bien le faste et le clinquant de la bourgeoisie, en contraste malsain avec la discrétion morne et grise des basses castes. Les noms changent. Nos bourgeois s'appellent familles et nos basses castes sont désormais appelées le peuple. Un peuple devant composé avec une Pègre toujours aussi présente malgré les milliers d'années. Mais les habitudes restent et il m'est facile de suivre des yeux les bourgeoises dans leurs robes brillantes se perdant dans les ruelles sombres et étant suivies assez rapidement par un malfrat habillé aussi sombrement que le sol qu'il foule silencieusement.
Evelyne : Tu sembles les vomir maintenant. Pourtant, tu étais l'un d'entre eux avant. Un nanti devenu un vulgaire mercenaire.
Ethern : Silence, Evelyne. Tu n'es même pas ici.
Evelyne : Tu as vu cette femme à la robe verte et au cou couvert d'émeraudes. Et cet homme sombre qui lui a discrètement emboité le pas dans la rue, loin de tout témoins et dissimulant à peine son couteau. Tu vas aller la sauver ?
Ethern : c'est ce que les héros font.
Evelyne : Tu n'es plus un héros, Ethern.
Ethern : Et toi, tu n'es qu'une voix dans ma tête.
Je soupire tandis que je me laisse tomber au sol, silencieusement. Je me dirige tout aussi discrètement vers la ruelle sombre abritant actuellement la femme à la robe verte. Une petite bourgeoise à l'embonpoint évident, frisant la cinquantaine et au regard paniqué à la vue de la lame la menaçant. L'homme me tournant le dos ne m'a pas vu et je peux l'entendre proférer ses menaces. Malheureusement pour moi, il vient de prouver qu'il n'était pas celui que je cherchais.
Bandit : File-moi ton collier, la vieille. Et tout ce que tu as d'autre et en silence sinon je te troue la peau.
Il me faut quelque chose en métal, quelque chose de dur et quelque chose de solide. Dans les quartiers huppés, ce n'est ni les éclairages en métaux, ni les pavés de pierre qui manquent. Et pas de chance pour notre voleur de bas étages, mais suite à la rencontre inopinée entre son crâne et un pavé de pierre désormais plus rouge que blanc, celui-ci a décidé de laisser son vol à la tire de côté et s'est soudainement mis à faire une sieste à même le sol.
Femme : Merci mon brave. Je ne.
Ethern: De rien. Ce n'est pas celui que je cherche.
Je rejoins mon poste de vigie, mon rebord de pierres surélevé faisant face à l'Opéra, avant qu'un esclandre n'apparaisse. Pour le moment, les seules agitations sont celles des personnes sortant de l'Opéra et de cette femme à la robe verte, courant vers un endroit sûr et lumineux. Il me faut être vigilant pour repérer ma prime.
Evelyne : Tu as raté ton coup. Ethern.
Un groupe semble sortir du bâtiment. Une famille – riche – et sans doute importante. Mon regard se porte sur eux actuellement, surveillant que personne ne s'égare seul dans une ruelle sombre.

EDIT je changerais le code pour les dialogues dans la journée.