Mer 16 Aoû - 14:13
Horace observait les nuages lui faisant face, peu avant que le Zeppelin ne le traverse. Les deux mains campées sur l’une des balustrades finement ouvragée du Zepp, le fils Dolls inspira profondément, avant d’expirer une traînée de fumée grisâtre, tirant plus que nécessaire sur la clope logé dans son bec. « La rapière », c’était ainsi que le zeppelin avait et nommés par son capitaine. Une appellation qu’Horace n’approuvait pas véritablement, trouvant que le nom manquait de panache, n’inspirant rien de plus qu’une lame d’acier, et non quelque chose de plus romanesque, poussant à l’aventure et à la prise de risque. Le capitaine, déjà pas bien populaire auprès de ses hommes, sa cote prenant une pente dangereuse suite à des décisions… contestable.
« P’tain d’vue. »
Horace s’était retrouvé dans cet équipage un peu par hasard, se retrouvant à naviguer sous les ordres d’Aymeric le sanglant. Banal comme description. Aymeric avait gagné ses lettres de noblesses durant une jeunesse sulfureuse, l’on racontait de lui bien des actes poussant à questionner la nature humaine, rendant bien plus complexe la réponse à la problématique de l’homme différent de la bête. Mais, ce qui était évoqué datait d’un temps ancien, Aymeric n’était désormais plus que l’ombre de lui-même. Un vieillard décrépi aux mains tremblantes à qui l’on prêtait de la démence. Ce n’était que par respect pour son passé glorieux que l’équipage n’avait pas suspendu l’ancien au bout d’une corde. Toutefois, dans un univers aussi impitoyable, le respect ne préservait pas éternellement, et la faiblesse de la tête du serpent allait bientôt lui valoir d’être tranchée.
Le dernier Dolls trifouilla dans l’une de ses poches pour dégainer une boussole abîmée par le passage des saisons. Son acier avait été rogné par les intempéries et les frottements répétés. Le jeune homme l’ouvrit délicatement, ses iris suivant la direction affichés avant de la refermer délicatement. Le blondinet pivota en direction des bruits de pas dans son dos. L’un des membres de l’équipage, Larry, un roux robuste ne dépassant pas le mètre soixante le rejoignit. Torse-nu malgré la fraîcheur des vents, les tatouages recouvrant son corps, Larry tenait plus du nain que de l’humain. La colline de muscle interpella l’épouvantail fumeur.
« J’crois qu’on a un souci.
-De ?
-Les rations. Un ou plusieurs gars tapé dedans. Depuis qu’on à décollé, l’cuistot rationne, et il vient d’me dire qu’y a un souci dans le compte. J’v’nais te prévenir avant d’aller voir l’cap et..
-Pas b’soin, on va régler ça ent'nous.
-J’te suis Béliard. J’ai dit à Antoine et Marc d’nous rejoindre au cas où. »
Horace acquiesça. Béliard Vril, c’était l’identité qu’avait revêtit le fils Dolls avant de s’engager dans la profession de contrebandier. Depuis les tragiques accidents et le remplacement de son cœur par une machine, Horace avait pris l’initiative d’enfermer au plus profond de son être celui qu’il était auparavant, pour laisser place à personnage aux ambitions drastiquement différentes, une personnalité plus à même d’obtenir ce que son ancien cœur réclamait.
Le désormais nommé Béliard suivi Larry, les deux entamant la route vers les provisions. Sur le chemin, des regards complices s’échangèrent entre les mutins, regards qu’Horace rendait. Le duo, rapidement rejoint par des renforts, dévala les escaliers les menant à la cale. Les marchés de l’escalier grincèrent, secouent l’épaisse poussière accumulée depuis des dizaines d’année dans cette cale rarement nettoyée. Un autre manquement grave de la part du capitaine. Après une poignée de secondes, la troupaille se trouve dans l’encablure les menant à la cuisine. La chef au chef surmonté d’une toque miteuse les foudroya du regard. Cette demoiselle aussi superbe que bonne cuisinière fit sourire la bande de loustics totalement sous son charme par sa simple présence. Cependant, ce furent des éclairs qu’elle cracha.
« Je sais pas qui est l’fumier qui vient se servir ici, mais vous avez intérêt à m’le trouver rapidement ou ça va être du rat pour tout le monde !
-Bien sûr m’dame.
-Au boulot bande de fainéants ! »
Horace, ou Béliard, au choix, prit la tête du cortège, les enquêteurs réfléchissant à haute voix alors qu’ils arpentaient les dortoirs sommaires.
« J’vois pas qui peut avoir fait l’coup, on n'a pas de nouveau et c’est jamais arrivé.
-Mouais. On à embarqué des voyageurs ?
-Même pas. Ou du moins j’suis pas au courant.
-On doit avoir des clandestins.
-Les fils de putes. Ils… »
Une main suspendue devant sa trogne fit se stopper Larry en pleins laïus. Cette même main, appartenant à Horace, pointa le plancher. Entre les rainures de celui-ci, des miettes. Or, une consigne claire régit les dortoirs, dont l’interdiction d'y manger quoi que ce fut. Chaque membre de l’équipage obéissait scrupuleusement à cette loi… L’index de Béliard se posa sur ses propres lèvres, intimant le silence. Doucement, à pas de loup, les enquêteurs se mirent à suivre la piste… Pareils à des loups tentant de débusquer leur gibier, la meute progressait pour finalement arriver devant un amas de tonneaux anormalement décalé du mur en bois. Cachette ingénieuse. Ce fut Larry qui s’en approcha, plongeant son bras derrière pour agripper une nuque maigrichonne, balançant ensuite le gamin sur le sol. Prostrés, amaigris, le clandestin devait à peine à voir la vingtaine. Les ongles rongés jusqu’au sang, la moue apeurer et les mains plaquer sur son visage en prévisions d’une pluie de coups.
« Pitié ! Pitié ! Je n’avais pas le choix, j’étais poursuivi et…
-Ferme la. Tu es tout seul ? Raconte pas de bobard, on va fouiller le navire. Si tu nous mens, on t’pend. »
Grognait Marc. Le clandestin, du nom de Matthieu, marqua une hésitation avant d’abdiquer, la peur comme la faim lui tenaillant les tripes.
« Non… j’ai vu quelqu’un d’autre… je ne le connais pas je l’ai juste aperçu.. Pitié ne me faites pas de mal. »
Le reste de la bande soupira alors qu’Horace massait ses tempes. Voilà un contretemps fort désagréable et un imprévu épineux à gérer. Les regards de ses compagnons convergèrent vers le dernier Dolls, en pleine réflexion. Le pirate se racla la gorge avant de pousser le ton, histoire d’être facilement audible aux alentours.
« Écoute, deuxième passager clandestin, s’tu sors, tu finis pas par-dessus bord. On n'est pas des monstres, vous risquez pas grand-chose, on vous f’ra faire le boulot d’mousse. Aller, sort d’ta planque, parce que si on doit t’chercher, c’va très mal aller. Ni moi ni mes gars te f’ront d’mal, parole d’marin. »
La bande de loustics resta ensuite silencieuse, guettant une réponse ou une venue. Le premier clandestin demeurait au sol, sanglotant sans oser ne serait ce que respirer trop fort, de crainte de s’attirer les foudres de l’équipage présent. La parole du fils Dolls valait elle quelque chose ? Une seule façon de le savoir…
« P’tain d’vue. »
Horace s’était retrouvé dans cet équipage un peu par hasard, se retrouvant à naviguer sous les ordres d’Aymeric le sanglant. Banal comme description. Aymeric avait gagné ses lettres de noblesses durant une jeunesse sulfureuse, l’on racontait de lui bien des actes poussant à questionner la nature humaine, rendant bien plus complexe la réponse à la problématique de l’homme différent de la bête. Mais, ce qui était évoqué datait d’un temps ancien, Aymeric n’était désormais plus que l’ombre de lui-même. Un vieillard décrépi aux mains tremblantes à qui l’on prêtait de la démence. Ce n’était que par respect pour son passé glorieux que l’équipage n’avait pas suspendu l’ancien au bout d’une corde. Toutefois, dans un univers aussi impitoyable, le respect ne préservait pas éternellement, et la faiblesse de la tête du serpent allait bientôt lui valoir d’être tranchée.
Le dernier Dolls trifouilla dans l’une de ses poches pour dégainer une boussole abîmée par le passage des saisons. Son acier avait été rogné par les intempéries et les frottements répétés. Le jeune homme l’ouvrit délicatement, ses iris suivant la direction affichés avant de la refermer délicatement. Le blondinet pivota en direction des bruits de pas dans son dos. L’un des membres de l’équipage, Larry, un roux robuste ne dépassant pas le mètre soixante le rejoignit. Torse-nu malgré la fraîcheur des vents, les tatouages recouvrant son corps, Larry tenait plus du nain que de l’humain. La colline de muscle interpella l’épouvantail fumeur.
« J’crois qu’on a un souci.
-De ?
-Les rations. Un ou plusieurs gars tapé dedans. Depuis qu’on à décollé, l’cuistot rationne, et il vient d’me dire qu’y a un souci dans le compte. J’v’nais te prévenir avant d’aller voir l’cap et..
-Pas b’soin, on va régler ça ent'nous.
-J’te suis Béliard. J’ai dit à Antoine et Marc d’nous rejoindre au cas où. »
Horace acquiesça. Béliard Vril, c’était l’identité qu’avait revêtit le fils Dolls avant de s’engager dans la profession de contrebandier. Depuis les tragiques accidents et le remplacement de son cœur par une machine, Horace avait pris l’initiative d’enfermer au plus profond de son être celui qu’il était auparavant, pour laisser place à personnage aux ambitions drastiquement différentes, une personnalité plus à même d’obtenir ce que son ancien cœur réclamait.
Le désormais nommé Béliard suivi Larry, les deux entamant la route vers les provisions. Sur le chemin, des regards complices s’échangèrent entre les mutins, regards qu’Horace rendait. Le duo, rapidement rejoint par des renforts, dévala les escaliers les menant à la cale. Les marchés de l’escalier grincèrent, secouent l’épaisse poussière accumulée depuis des dizaines d’année dans cette cale rarement nettoyée. Un autre manquement grave de la part du capitaine. Après une poignée de secondes, la troupaille se trouve dans l’encablure les menant à la cuisine. La chef au chef surmonté d’une toque miteuse les foudroya du regard. Cette demoiselle aussi superbe que bonne cuisinière fit sourire la bande de loustics totalement sous son charme par sa simple présence. Cependant, ce furent des éclairs qu’elle cracha.
« Je sais pas qui est l’fumier qui vient se servir ici, mais vous avez intérêt à m’le trouver rapidement ou ça va être du rat pour tout le monde !
-Bien sûr m’dame.
-Au boulot bande de fainéants ! »
Horace, ou Béliard, au choix, prit la tête du cortège, les enquêteurs réfléchissant à haute voix alors qu’ils arpentaient les dortoirs sommaires.
« J’vois pas qui peut avoir fait l’coup, on n'a pas de nouveau et c’est jamais arrivé.
-Mouais. On à embarqué des voyageurs ?
-Même pas. Ou du moins j’suis pas au courant.
-On doit avoir des clandestins.
-Les fils de putes. Ils… »
Une main suspendue devant sa trogne fit se stopper Larry en pleins laïus. Cette même main, appartenant à Horace, pointa le plancher. Entre les rainures de celui-ci, des miettes. Or, une consigne claire régit les dortoirs, dont l’interdiction d'y manger quoi que ce fut. Chaque membre de l’équipage obéissait scrupuleusement à cette loi… L’index de Béliard se posa sur ses propres lèvres, intimant le silence. Doucement, à pas de loup, les enquêteurs se mirent à suivre la piste… Pareils à des loups tentant de débusquer leur gibier, la meute progressait pour finalement arriver devant un amas de tonneaux anormalement décalé du mur en bois. Cachette ingénieuse. Ce fut Larry qui s’en approcha, plongeant son bras derrière pour agripper une nuque maigrichonne, balançant ensuite le gamin sur le sol. Prostrés, amaigris, le clandestin devait à peine à voir la vingtaine. Les ongles rongés jusqu’au sang, la moue apeurer et les mains plaquer sur son visage en prévisions d’une pluie de coups.
« Pitié ! Pitié ! Je n’avais pas le choix, j’étais poursuivi et…
-Ferme la. Tu es tout seul ? Raconte pas de bobard, on va fouiller le navire. Si tu nous mens, on t’pend. »
Grognait Marc. Le clandestin, du nom de Matthieu, marqua une hésitation avant d’abdiquer, la peur comme la faim lui tenaillant les tripes.
« Non… j’ai vu quelqu’un d’autre… je ne le connais pas je l’ai juste aperçu.. Pitié ne me faites pas de mal. »
Le reste de la bande soupira alors qu’Horace massait ses tempes. Voilà un contretemps fort désagréable et un imprévu épineux à gérer. Les regards de ses compagnons convergèrent vers le dernier Dolls, en pleine réflexion. Le pirate se racla la gorge avant de pousser le ton, histoire d’être facilement audible aux alentours.
« Écoute, deuxième passager clandestin, s’tu sors, tu finis pas par-dessus bord. On n'est pas des monstres, vous risquez pas grand-chose, on vous f’ra faire le boulot d’mousse. Aller, sort d’ta planque, parce que si on doit t’chercher, c’va très mal aller. Ni moi ni mes gars te f’ront d’mal, parole d’marin. »
La bande de loustics resta ensuite silencieuse, guettant une réponse ou une venue. Le premier clandestin demeurait au sol, sanglotant sans oser ne serait ce que respirer trop fort, de crainte de s’attirer les foudres de l’équipage présent. La parole du fils Dolls valait elle quelque chose ? Une seule façon de le savoir…