Mer 12 Avr - 13:50
Délia Vaulne
Opale / Noble (ou pas)
- Début de la vingtaine / Date de naissance inconnue
- Zoanthrope / Féminin
- Lieu de naissance inconnu
- Hétérosexuelle / Elle
- Usurpatrice
- Ciri / The Witcher
Description
J'aime le contact de la soie entre mes doigts fins. J'apprécie sa caresse sur ma peau pâle, la fluidité de son tissu, sa douceur satinée. J'aime le reflet que me renvoie désormais le miroir. Ce mirage devenu réalité qui me dessine humaine dans l'ovale cerclé de métal précieux. J'aime mon visage. Mes lèvres charnues et joliment formées, mon nez droit et élégant, les pommettes qui le surplombent pour souligner mon regard.
J'aime mes yeux. La courbe effilée de mes sourcils et la ligne fournie de mes longs cils noirs qui papillonnent pour mimer mon émoi. J'aime m'entendre rire et jouer la comédie en m'inspirant de leurs gestes. Il me plaît d'ainsi les tromper pour saisir le fil de leurs propres mensonges. Je le fais sans honte, sans fard et avec une aisance surprenante. J'ai appris d'eux. Je les copie. Je les singe. Je m'approprie leurs mots et leurs manières. J'ai eu le temps de les observer. Les riches et les puissants qui se pavanaient autour de mon arène. Ces hommes et ces femmes du Monde qui, le temps d'un soir, n'avaient d'yeux que pour moi.
Je me suis battue pour eux. Pour leur plaisir, pour les entendre crier mon nom et pour les voir exulter quand mes griffes et mes crocs déchiquetaient la chair d'un concurrent. Je me suis battue pour eux, mais également pour ma vie. La loi de l'arène l'exigeait et je n'avais d'autre choix. Mes blessures ? Mmmh... Comment les oublier alors que mon corps a conservé leur souvenir gravé dans ma chair ? Là, au creux de mon épaule, la marque laissée par la corne d'un buffle. Ici, sur mon flanc et un peu plus bas sur ma cuisse, les cicatrices léguées par la patte d'un ours. Mon visage, en revanche, a été épargné. Reste que la douleur endurée a terni mon regard.
Mes yeux... Un jour pourraient-ils me trahir. Leur éclat a été gâché par l'épreuve, mais leur couleur mauve demeure inhabituelle. Incongrue, chuchoteront-ils dans mon dos. Exceptionnelle, affirmeront-ils en ma présence. Ils l'ont déjà fait, mais sûrement ne se souviennent-ils plus. Qui donc se peut imaginer la lionne tapie au creux de mon ventre ? Qui donc se peut croire l'animal féroce caché sous le masque apparent de mon innocence ?
Revêtue des plus belles étoffes, ils me voient telle que je me suis rêvée des années durant ; à leur image. Peut-être me pensent-ils alors fragile. Il est vrai que je ne suis pas bien grande. Cependant, si j'ai l'air délicat, ma silhouette se gaine encore d'une fine musculature. Et mon corps, affûté par les duels et endurci par des années d'encagement, continue de se mouvoir avec l'aisance d'un prédateur. Je le sens et je le ressens, le fauve affamé. Ce monstre lové au creux de mes entrailles. J'entends son appel. Il voudrait que j'y cède, mais je m'y refuse. Je ne suis plus cet animal.
Mes cheveux, d'un blond ivoirin, se font pourtant témoins de sa présence. Tout comme mes yeux, ils sont la mémoire d'une époque révolue. Je les porte longs, comme l'exige la mode au sein de la belle société, mais je les coiffe sans doute avec trop de hargne. C'est que je me souviens de la paille et du sang coagulé qui souillaient alors mon pelage. Je ne supporte plus d'être sale. Comme je ne supporte plus ni l'odeur du foin, ni celle du sang. Mon esprit, sans doute, les assimile à l'arène et j'en viens à perdre pied dès lors que mon nez s'imprègne de leurs effluences.
La métamorphose est un processus compliqué et j'ai vécu la majeure partie de ma vie sous ma forme animale. Ainsi la bête constamment se rappelle à mon souvenir et j'admets qu'elle ne se trouve jamais loin. Parfois se dévoile-t-elle dans la fluidité de mes gestes. Quelques fois se montre-t-elle dans le vif de mes réactions. Imprévisible, toujours, quand sa faim réveillée et nourrie de souffrances réclame vengeance.
J'aime le contact de la soie entre mes doigts fins... J'apprécie sa caresse sur ma peau pâle, la fluidité de son tissu, sa douceur satinée.... J'aime le reflet que me renvoie désormais le miroir... Ce mirage devenu réalité qui me dessine humaine dans l'ovale cerclé de métal précieux... Mais je connais le monstre qui se cache derrière ces mensonges.
J'aime mes yeux. La courbe effilée de mes sourcils et la ligne fournie de mes longs cils noirs qui papillonnent pour mimer mon émoi. J'aime m'entendre rire et jouer la comédie en m'inspirant de leurs gestes. Il me plaît d'ainsi les tromper pour saisir le fil de leurs propres mensonges. Je le fais sans honte, sans fard et avec une aisance surprenante. J'ai appris d'eux. Je les copie. Je les singe. Je m'approprie leurs mots et leurs manières. J'ai eu le temps de les observer. Les riches et les puissants qui se pavanaient autour de mon arène. Ces hommes et ces femmes du Monde qui, le temps d'un soir, n'avaient d'yeux que pour moi.
Je me suis battue pour eux. Pour leur plaisir, pour les entendre crier mon nom et pour les voir exulter quand mes griffes et mes crocs déchiquetaient la chair d'un concurrent. Je me suis battue pour eux, mais également pour ma vie. La loi de l'arène l'exigeait et je n'avais d'autre choix. Mes blessures ? Mmmh... Comment les oublier alors que mon corps a conservé leur souvenir gravé dans ma chair ? Là, au creux de mon épaule, la marque laissée par la corne d'un buffle. Ici, sur mon flanc et un peu plus bas sur ma cuisse, les cicatrices léguées par la patte d'un ours. Mon visage, en revanche, a été épargné. Reste que la douleur endurée a terni mon regard.
Mes yeux... Un jour pourraient-ils me trahir. Leur éclat a été gâché par l'épreuve, mais leur couleur mauve demeure inhabituelle. Incongrue, chuchoteront-ils dans mon dos. Exceptionnelle, affirmeront-ils en ma présence. Ils l'ont déjà fait, mais sûrement ne se souviennent-ils plus. Qui donc se peut imaginer la lionne tapie au creux de mon ventre ? Qui donc se peut croire l'animal féroce caché sous le masque apparent de mon innocence ?
Revêtue des plus belles étoffes, ils me voient telle que je me suis rêvée des années durant ; à leur image. Peut-être me pensent-ils alors fragile. Il est vrai que je ne suis pas bien grande. Cependant, si j'ai l'air délicat, ma silhouette se gaine encore d'une fine musculature. Et mon corps, affûté par les duels et endurci par des années d'encagement, continue de se mouvoir avec l'aisance d'un prédateur. Je le sens et je le ressens, le fauve affamé. Ce monstre lové au creux de mes entrailles. J'entends son appel. Il voudrait que j'y cède, mais je m'y refuse. Je ne suis plus cet animal.
Mes cheveux, d'un blond ivoirin, se font pourtant témoins de sa présence. Tout comme mes yeux, ils sont la mémoire d'une époque révolue. Je les porte longs, comme l'exige la mode au sein de la belle société, mais je les coiffe sans doute avec trop de hargne. C'est que je me souviens de la paille et du sang coagulé qui souillaient alors mon pelage. Je ne supporte plus d'être sale. Comme je ne supporte plus ni l'odeur du foin, ni celle du sang. Mon esprit, sans doute, les assimile à l'arène et j'en viens à perdre pied dès lors que mon nez s'imprègne de leurs effluences.
La métamorphose est un processus compliqué et j'ai vécu la majeure partie de ma vie sous ma forme animale. Ainsi la bête constamment se rappelle à mon souvenir et j'admets qu'elle ne se trouve jamais loin. Parfois se dévoile-t-elle dans la fluidité de mes gestes. Quelques fois se montre-t-elle dans le vif de mes réactions. Imprévisible, toujours, quand sa faim réveillée et nourrie de souffrances réclame vengeance.
J'aime le contact de la soie entre mes doigts fins... J'apprécie sa caresse sur ma peau pâle, la fluidité de son tissu, sa douceur satinée.... J'aime le reflet que me renvoie désormais le miroir... Ce mirage devenu réalité qui me dessine humaine dans l'ovale cerclé de métal précieux... Mais je connais le monstre qui se cache derrière ces mensonges.
Habiletés et pouvoirs
Derrière la haute surface vitrée de ma cage, je les vois. Ils m'observent, inconscients de ce que leurs regards m'inspirent. Indifférents et lâches quand mon corps malmené heurte les parois de l'arène. Assoiffés et insatiables, ils savourent chacune de mes souffrances, mais ne s'en trouvent jamais repus. Leur folie n'a pas de limite et leur faim demeure insatisfaite. Même lorsque mes os se brisent et que mon sang souille le sol. Même lorsque mon adversaire s'effondre. Même quand il rend son dernier souffle. Plus, ils en veulent toujours plus. Les Hommes... Ceux-là tout du moins...
Ils se veulent ignorer la souffrance pour succomber à leurs vices. Parieurs inarrêtables, flambeurs déraisonnables ou simples voyeurs, leur faiblesse s'affiche dans ce qu'ils ont de bassesse. Le comprennent-ils seulement ? Sans doute ne s'imaginent-ils pas la raison et l'esprit lucide de l'animal qu'ils encouragent ou fustigent. Certainement n'ont-ils pas conscience, ni de sa raison, ni de sa pensée humaine.
Qui peut leur en vouloir ? Ils ne voient jamais que la bête. Celle qui dans l'arène devient monstre. La lionne enragée par la haine, ses pattes larges et puissantes, sa mâchoire impressionnante, et ses coups meurtriers. Celle dont le pelage immaculé se colore du sang de ses adversaires. Celle que leurs cris galvanisent, mais qu'ils ont osé rebaptiser pour n'avoir pas à se souvenir de son nom. La Magnifique... Cette glorieuse prédatrice au corps sculpté pour la chasse. Ce fauve déchaîné, mais à jamais asservi.
Non, ils ne se doutent de rien. Comment le pourraient-ils ? Mon propriétaire a toujours veillé à me cacher. Et puisqu'ils ne m'ont connu qu'animal, ils n'ont jamais su ni la honte, ni le dégoût sertis dans mon coeur. Ils n'ont jamais vu et ils n'ont jamais cru, ni en mes regrets, ni en mes remords. Pourtant, la femme qui depuis toujours se terre dans les entrailles de la bête, celle que la lionne musèle dans ses rugissements, cette femme-là sait. Elle sait ce que leurs cris et leurs encouragement ont créé. Elle connait le monstre né de leur indifférente cupidité. Elle le connaît et elle le craint. Ce monstre... Il est affamé et indomptable. Aussi insatiable qu'ils l'ont été.
Derrière la haute surface vitrée de ma cage, je les vois... Ils m'observent.... Inconscients de ce que leurs regards m'inspirent... Indifférents et lâches quand mon corps malmené heurte les parois de l'arène... Mais je sais leurs vices et je connais le monstre qui viendra frapper à leur porte. Il est avide de Justice et réclame vengeance.
Ils se veulent ignorer la souffrance pour succomber à leurs vices. Parieurs inarrêtables, flambeurs déraisonnables ou simples voyeurs, leur faiblesse s'affiche dans ce qu'ils ont de bassesse. Le comprennent-ils seulement ? Sans doute ne s'imaginent-ils pas la raison et l'esprit lucide de l'animal qu'ils encouragent ou fustigent. Certainement n'ont-ils pas conscience, ni de sa raison, ni de sa pensée humaine.
Qui peut leur en vouloir ? Ils ne voient jamais que la bête. Celle qui dans l'arène devient monstre. La lionne enragée par la haine, ses pattes larges et puissantes, sa mâchoire impressionnante, et ses coups meurtriers. Celle dont le pelage immaculé se colore du sang de ses adversaires. Celle que leurs cris galvanisent, mais qu'ils ont osé rebaptiser pour n'avoir pas à se souvenir de son nom. La Magnifique... Cette glorieuse prédatrice au corps sculpté pour la chasse. Ce fauve déchaîné, mais à jamais asservi.
Non, ils ne se doutent de rien. Comment le pourraient-ils ? Mon propriétaire a toujours veillé à me cacher. Et puisqu'ils ne m'ont connu qu'animal, ils n'ont jamais su ni la honte, ni le dégoût sertis dans mon coeur. Ils n'ont jamais vu et ils n'ont jamais cru, ni en mes regrets, ni en mes remords. Pourtant, la femme qui depuis toujours se terre dans les entrailles de la bête, celle que la lionne musèle dans ses rugissements, cette femme-là sait. Elle sait ce que leurs cris et leurs encouragement ont créé. Elle connait le monstre né de leur indifférente cupidité. Elle le connaît et elle le craint. Ce monstre... Il est affamé et indomptable. Aussi insatiable qu'ils l'ont été.
Derrière la haute surface vitrée de ma cage, je les vois... Ils m'observent.... Inconscients de ce que leurs regards m'inspirent... Indifférents et lâches quand mon corps malmené heurte les parois de l'arène... Mais je sais leurs vices et je connais le monstre qui viendra frapper à leur porte. Il est avide de Justice et réclame vengeance.
Biographie
"Non Viggo. Je ne suis pas intéressé, ni par tes perruches, ni non plus par ce sac à puces que tu oses appeler loup. Je cherche de l'exceptionnel. Du jamais vu. Du merveilleux et peut-être même du monstrueux. Mais tu n'as rien de tout cela.
- Aaaaaaah ! Mon Seigneur ! Si ! J'ai ce que vous cherchez, mais... Le prix n'est pas le même.
- Le prix n'a jamais été un problème Viggo !
- Il est vrai, Mon Seigneur, il est vrai. Venez donc avec moi dans ce cas. J'ai quelque chose à vous montrer. Quelque chose qui devrait vous plaire."
À l'époque, la lumière avait aveuglé mes yeux et je me souviens encore avoir craché en direction de la porte qui s'était ouverte. J'étais jeune, très jeune et j'avais le physique malingre des enfants mal nourris. Derrière les barreaux de la cage minuscule qui faisait alors mon monde, j'avais l'allure misérable d'une souillon maltraitée. Cheveux emmêlés, vêtements déchirés, mes geôliers ne faisaient pas grand cas de moi. Je n'étais rien pour eux, mais je devais finalement faire leur fortune.
"Tu te moques de moi Viggo ? Tu me fais perdre mon temps !
- Mon Seigneur, attendez. Attendez et regardez.
- Hmm ?
- Aziz ! Aziz, fight !"
Je connaissais cet appel, ce cri et son exigence. Tous mes muscles s'étaient déjà contractés pour encaisser le choc. Mais je me rappelle encore de la douleur éprouvée. Je me souviens du tranchant de la lame qui, à travers la cage, était venue blesser ma cuisse. J'ai en mémoire le regard que mon futur propriétaire avait alors posé sur moi. Son sourire, quand mes cris de souffrance s'étaient mués en feulement et sa satisfaction affichée, alors qu'il me contemplait sous ma forme animale. Son verdict n'avait pas tardé à tomber.
"Je la prends."
- Aaaaaaah ! Mon Seigneur ! Si ! J'ai ce que vous cherchez, mais... Le prix n'est pas le même.
- Le prix n'a jamais été un problème Viggo !
- Il est vrai, Mon Seigneur, il est vrai. Venez donc avec moi dans ce cas. J'ai quelque chose à vous montrer. Quelque chose qui devrait vous plaire."
À l'époque, la lumière avait aveuglé mes yeux et je me souviens encore avoir craché en direction de la porte qui s'était ouverte. J'étais jeune, très jeune et j'avais le physique malingre des enfants mal nourris. Derrière les barreaux de la cage minuscule qui faisait alors mon monde, j'avais l'allure misérable d'une souillon maltraitée. Cheveux emmêlés, vêtements déchirés, mes geôliers ne faisaient pas grand cas de moi. Je n'étais rien pour eux, mais je devais finalement faire leur fortune.
"Tu te moques de moi Viggo ? Tu me fais perdre mon temps !
- Mon Seigneur, attendez. Attendez et regardez.
- Hmm ?
- Aziz ! Aziz, fight !"
Je connaissais cet appel, ce cri et son exigence. Tous mes muscles s'étaient déjà contractés pour encaisser le choc. Mais je me rappelle encore de la douleur éprouvée. Je me souviens du tranchant de la lame qui, à travers la cage, était venue blesser ma cuisse. J'ai en mémoire le regard que mon futur propriétaire avait alors posé sur moi. Son sourire, quand mes cris de souffrance s'étaient mués en feulement et sa satisfaction affichée, alors qu'il me contemplait sous ma forme animale. Son verdict n'avait pas tardé à tomber.
"Je la prends."
*****
"Là, ici tu seras bien."
Une autre cage, plus grande, plus propre, mais une cage encore. Je me souviens pourtant avoir apprécié son confort. Derrière la vitre venue remplacer les barreaux qui m'avaient retenue prisonnière, je découvrais un autre monde. Un monde plus vaste et plus lumineux. Un monde plus abouti, plus dense et plus mouvant. Un monde qui, comme le précédent, ne voulait pas de moi, mais dans lequel on entendait m'exhiber.
Mon nouveau propriétaire était riche. Riche et exigeant. Exigeant et sévère. Il me battait, bien sûr. Pour mon bien évidemment et pour que j'apprenne à ne jamais lui désobéir. Docile, il m'a rendue docile. Il m'a traitée et dressée comme un animal. Comme ça chose. Mais il m'a également aimée. Différemment, sans doute, de ce à quoi j'aurais pu prétendre si j'avais été seulement humaine, mais suffisamment pour prendre soin de moi. Pour m'éduquer et m'apprendre à lire. Pour m'enseigner et me dire les règles indispensables à ma survie. Et lorsque je fus prête, il m'offrit un nom.
Fallait-il alors que je m'illusionne ? Je l'ai considéré comme un père. Un père quelques fois cruel, mais un père malgré tout. Il était, à n'en pas douter, ce qui pour moi s'en rapprochait le plus. Étrange manière de considérer son geôlier. Drôle de façon de cautionner ses sévices. Cependant, je me souviens de ces moments où sa main glissait dans ma fourrure et où ses doigts pinçaient mes oreilles.
"Brave fille."
C'est ainsi qu'il m'appelait alors.
Une autre cage, plus grande, plus propre, mais une cage encore. Je me souviens pourtant avoir apprécié son confort. Derrière la vitre venue remplacer les barreaux qui m'avaient retenue prisonnière, je découvrais un autre monde. Un monde plus vaste et plus lumineux. Un monde plus abouti, plus dense et plus mouvant. Un monde qui, comme le précédent, ne voulait pas de moi, mais dans lequel on entendait m'exhiber.
Mon nouveau propriétaire était riche. Riche et exigeant. Exigeant et sévère. Il me battait, bien sûr. Pour mon bien évidemment et pour que j'apprenne à ne jamais lui désobéir. Docile, il m'a rendue docile. Il m'a traitée et dressée comme un animal. Comme ça chose. Mais il m'a également aimée. Différemment, sans doute, de ce à quoi j'aurais pu prétendre si j'avais été seulement humaine, mais suffisamment pour prendre soin de moi. Pour m'éduquer et m'apprendre à lire. Pour m'enseigner et me dire les règles indispensables à ma survie. Et lorsque je fus prête, il m'offrit un nom.
Fallait-il alors que je m'illusionne ? Je l'ai considéré comme un père. Un père quelques fois cruel, mais un père malgré tout. Il était, à n'en pas douter, ce qui pour moi s'en rapprochait le plus. Étrange manière de considérer son geôlier. Drôle de façon de cautionner ses sévices. Cependant, je me souviens de ces moments où sa main glissait dans ma fourrure et où ses doigts pinçaient mes oreilles.
"Brave fille."
C'est ainsi qu'il m'appelait alors.
*****
"La cote actuelle est de cinq contre un.
- Cinq contre... ? Qu'est-ce qu'elle affronte ? Un dragon ?
- Deux ours."
- Cinq contre... ? Qu'est-ce qu'elle affronte ? Un dragon ?
- Deux ours."
La foule exulte. L'un de mes adversaires est tombé. Il agonise alors que son compagnon enrage. Les spectateurs sont devenus fous. J'entends leurs cris à présent hystériques. Ils se pressent contre les grilles de l'arène. Parfois même ils grimpent le long des poutres de soutènement pour mieux voir le combat et ses mises à mort. Je suis blessée. Sévèrement. Mon sang s'est mêlé à celui de mes opposants pour tâcher mon pelage normalement immaculé. Je suis fatiguée aussi, tellement fatiguée. J'ai sur ma langue le gout ferreux du sang. Mes oreilles bourdonnent. Mes yeux se ferment.
C'est alors que je m'efface et qu'il s'éveille. Lui, le monstre, l'animal qui pour survivre ne connaît aucune limite. Le public l'appelle. Il l'espère même. Et les bruits de l'arène l'électrisent. Ils l'aiguillonnent et le grisent. Ainsi il s'émancipe et me brise. Lentement, il se faufile, tandis que je ne vois plus qu'à travers ses yeux. Prédateur revenu à l'état sauvage, il se place et patiente. Ses pattes s'enfoncent dans le sable. Il grogne. Il feule. Sa tête s'abaisse. Il est prêt. Vaincre ou mourir. Tuer ou être tué. Les lois de l'arène sont simples et les véritables monstres n'y meurent jamais.
*****
"Par ici ! Il y a quelqu'un ici !"
La terre a tremblé. J'ai entendu les cris de panique à l'extérieur, les courses folles et les appels à l'aide. J'ai vu les meubles s'effondrer à l'intérieur, les fenêtres se briser et les murs se fissurer. Ensevelie sous la poussière et les gravats, j'ai imaginé mon corps prisonnier des décombres. Combien de temps suis-je restée ainsi ? Assommée par le poids de la bâtisse qui me recouvrait, j'ai perdu la notion du temps. Tout s'est passé si vite. Je me rejouais pourtant la scène au ralenti et ma rappelait la présence de mon propriétaire. Il ne devait pas être loin. Machinalement, mes doigts ont gratté la pierre. Mes doigts... Qu'avais-je donc fait de mes griffes ?
"Les Esprits soient loués... Elle respire !"
Des mains m'ont agrippée vigoureusement et l'air est revenu. Froid, j'ai froid. Un frisson parcourt mon échine, avant qu'une couverture ne soit déposée sur mes épaules. Une couverture ?... Pourquoi ne portais-je pas ma fourrure ?
"Là, ça va aller Mademoiselle. Ne vous inquiétez pas."
Mademoiselle...? Un peu plus loin, un corps gît sur le sol. Un corps sans vie duquel mon regard ne parvient pas à se détacher.
"C'est Edgar Vaulne. Il n'a pas survécu."
Le choc est terrible. Je me redresse et hurle alors que des bras solides viennent m'enserrer. En vérité, j'ignore pourquoi je réagis ainsi, mais cela ajoute à la confusion.
"Vous le connaissiez ? Vous êtes sa fille peut-être ?"
L'espace d'un instant j'hésite, mais je finis par acquiescer.
"Délia. Je m'appelle Délia Vaulne."
La terre a tremblé. J'ai entendu les cris de panique à l'extérieur, les courses folles et les appels à l'aide. J'ai vu les meubles s'effondrer à l'intérieur, les fenêtres se briser et les murs se fissurer. Ensevelie sous la poussière et les gravats, j'ai imaginé mon corps prisonnier des décombres. Combien de temps suis-je restée ainsi ? Assommée par le poids de la bâtisse qui me recouvrait, j'ai perdu la notion du temps. Tout s'est passé si vite. Je me rejouais pourtant la scène au ralenti et ma rappelait la présence de mon propriétaire. Il ne devait pas être loin. Machinalement, mes doigts ont gratté la pierre. Mes doigts... Qu'avais-je donc fait de mes griffes ?
"Les Esprits soient loués... Elle respire !"
Des mains m'ont agrippée vigoureusement et l'air est revenu. Froid, j'ai froid. Un frisson parcourt mon échine, avant qu'une couverture ne soit déposée sur mes épaules. Une couverture ?... Pourquoi ne portais-je pas ma fourrure ?
"Là, ça va aller Mademoiselle. Ne vous inquiétez pas."
Mademoiselle...? Un peu plus loin, un corps gît sur le sol. Un corps sans vie duquel mon regard ne parvient pas à se détacher.
"C'est Edgar Vaulne. Il n'a pas survécu."
Le choc est terrible. Je me redresse et hurle alors que des bras solides viennent m'enserrer. En vérité, j'ignore pourquoi je réagis ainsi, mais cela ajoute à la confusion.
"Vous le connaissiez ? Vous êtes sa fille peut-être ?"
L'espace d'un instant j'hésite, mais je finis par acquiescer.
"Délia. Je m'appelle Délia Vaulne."
*****
"Delia ? Pensez-vous vous joindre à nous pour le bal ?
- Oh oui Delia ! Venez donc avec nous. La soirée promet d'être inoubliable.
- Allons, allons mesdemoiselles. Rappelez-vous que notre invitée à besoin de repos.
- Non. Ca ira. Je vous accompagne."
Trois semaines s'étaient écoulées depuis le tremblement de terre qui avait secoué Opale. Trois semaines seulement... J'avais pourtant l'impression d'avoir déjà vécu une vie entière durant ce très court laps de temps. Alors que je m'attendais à être rapidement démasquée, je me retrouvais finalement accueillie par une noble famille de la cité. Des amis de mon père, ils l'affirmaient. Des gens de bien, assurément désintéressés, qui m'avait reconnue - cela aussi ils l'affirmaient - tandis que je prétendais ne plus me souvenir de rien. Amnésique. Le diagnostique posé par le médecin qui m'avait auscultée nous arrangeait tous. Moi, pour n'avoir pas à justifier da ma filiation. Mes bienfaiteurs, pour n'avoir pas à rembourser mes redevables donations.
L'accord tacite ainsi conclu m'amena à découvrir l'envers d'un décor que je n'avais pu contempler qu'à travers la vitre de mon ancienne cage. Aux lois de l'arène, se substituèrent les règles de l'Etiquette. Aux cris et aux coups, succédèrent la musique, et les danses. Sourires et révérences, apparences et faux-semblants. Les combats s'armaient ici de bienséance et de bons mots. Ils se voulaient silencieux et latents, mais comme au coeur de l'arène, ils ne pouvaient qu'être meurtriers.
- Oh oui Delia ! Venez donc avec nous. La soirée promet d'être inoubliable.
- Allons, allons mesdemoiselles. Rappelez-vous que notre invitée à besoin de repos.
- Non. Ca ira. Je vous accompagne."
Trois semaines s'étaient écoulées depuis le tremblement de terre qui avait secoué Opale. Trois semaines seulement... J'avais pourtant l'impression d'avoir déjà vécu une vie entière durant ce très court laps de temps. Alors que je m'attendais à être rapidement démasquée, je me retrouvais finalement accueillie par une noble famille de la cité. Des amis de mon père, ils l'affirmaient. Des gens de bien, assurément désintéressés, qui m'avait reconnue - cela aussi ils l'affirmaient - tandis que je prétendais ne plus me souvenir de rien. Amnésique. Le diagnostique posé par le médecin qui m'avait auscultée nous arrangeait tous. Moi, pour n'avoir pas à justifier da ma filiation. Mes bienfaiteurs, pour n'avoir pas à rembourser mes redevables donations.
L'accord tacite ainsi conclu m'amena à découvrir l'envers d'un décor que je n'avais pu contempler qu'à travers la vitre de mon ancienne cage. Aux lois de l'arène, se substituèrent les règles de l'Etiquette. Aux cris et aux coups, succédèrent la musique, et les danses. Sourires et révérences, apparences et faux-semblants. Les combats s'armaient ici de bienséance et de bons mots. Ils se voulaient silencieux et latents, mais comme au coeur de l'arène, ils ne pouvaient qu'être meurtriers.
BOOM(ER) ! / Elle.
Gorille, Baba Yaga, Soirée mousse, Guitare, Jeux de mots, Humour fatal et fatales pizzas.
Dernière édition par Constance Vaulne le Dim 16 Avr - 21:23, édité 27 fois