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Connaissez-vous quelque chose appelé les bonnes manières ? [Ekatereine]

Connaissez-vous quelque chose appelé les bonnes manières ? [Ekatereine] Brandw10
Mar 21 Fév - 11:23
Ce matin-là, Elvira était complètement perdue. En effet, alors qu'elle était sortie pour effectuer sa sortie habituelle, elle avait été abordée par ce qui lui semblait être une patrouille parfaitement ordinaire. Elle ne leur avait donc pas accordé plus d'attention que cela. Jusqu'à ce qu'ils viennent lui parler, et lui demander son nom.

- Elvira Flaccilla ?

- C'est bien moi.

- Veuillez nous suivre.

Il ne lui serait jamais venu à l'idée de désobéir à des hommes armés, aussi s'était-elle exécutée. Néanmoins... Si elle ne désobéissait pas, il était hors de question qu'elle se taise. Elle les avait donc abreuvés de questions, auxquelles elle n'avait reçu aucune réponse. Mise à part l'une d'entre elles :

- Qu'ai-je fait de mal ?

- Aucune idée.

- Mais enfin, si vous arrêtez quelqu'un, vous devez savoir pourquoi, non ?

- Aucune idée. La patronne veut vous voir, on n'en sait pas plus.

- Ah bon ?

Voilà qui était étrange. Si on voulait la voir, on savait où la trouver, normalement... D'un autre côté, elle ne pensait pas être connue à Opale. À moins que cette personne ne veuille faire étalage de sa richesse, en lui envoyant un message voulant dire quelque chose comme "vous voyez ? J'ai les moyens d'employer des soldats pour des tâches insignifiantes !" Quel comportement immature ! En effet, il serait peut-être une bonne idée qu'elle ait une conversation avec cette fameuse "patronne". Qu'elle lui apprenne que si on voulait forcer l'admiration, ce n'était pas ainsi qu'il fallait s'y prendre.

Alors que la petite troupe semblait arriver à destination, Elvira était prête. Prête à lui dire sa façon de penser. Mais tout en subtilité, afin de ne pas alarmer les gardes. De toutes façons, elle ne voulait aucun mal à cette dame. Bien au contraire, elle voulait l'aider.
Mer 22 Fév - 21:57
Qui étaient-ils ?  Des larbins, au nombre de quatre, sortis au détour d'une ruelle pour retrouver celle qu'on leur avait jappé d'apporter à leur maîtresse.  Quatre strigois de fond de ruelle, qui espéraient que leurs actions parviendraient les élever dans la noblesse Excelior, mais trop stupides pour comprendre que servir un nouveau maître c'était simplement rester un pion sur l'échiquier de la Splendide.  Promis à des bourses d'astras bien rondes, ils accompliraient leur escorte sans poser de questions.

Elvira était donc accompagnée par quatre badauds ayant emprunté l'uniforme des gardes, mais dont les insignes en avaient été arrachées.  Cols ouverts et casquettes de travers, l'un mâchait un cure-dent avec la teigne du bagarreur, un autre sursautait à chacune des interractions entre leur cible et leur chef.  À la tête du groupe se trouvait un strigoi aux longs cheveux blonds et léchés jusqu'à sa nuque, le regard azur avec un semblant d'intelligence.  Il ricanait et se frottait les jointures d'appréhension, se questionnant sur quelle prostituée pourrait-il s'abreuver ce soir, son salaire en poche.

Ainsi, le belle expatriée se fit menée vers les quartiers de la Patronne.  Mais contrairement à ses habitudes, Ekaterina IV recevrait la strigoise quasi-triplement centenaire dans un immeuble désaffecté de la vieille Opale, ces bas-quartiers où l'illumination au Myste peinait à en chasser les ombres les plus tenaces.  Au détour de loques humaines qui vendaient leur sang gâté au premier passant venu, les gardes d'Elvira affinèrent leur position autour au cas où elle serait tentée de prendre la fuite.  Puis ils toquèrent sur une lourde porte en fer, qui descendait dans une cave anonyme.  Une visière s'ouvrit dans un fracas de métal rouillé et après que la paire d'yeux derrière eut fini de toiser les formes de la nouvelle d'un regard alléchant, l'obstacle s'entrebâilla pour les laisser passer.

Dans le sous-sol, illuminé par des lanternes à la graisse plutôt qu'au super-fluide qui alimentaient les lampadaires des grandes rues, le plafond en briques montait en cloche.  L'air vicié transportait l'odeur franche des égouts et dans une alcôve à l'opposée des marches au-haut desquelles Elvira avait passé la porte en fer, s'imbriquait une autre ouverture duquel l'écho de l'afflux hydrique des sous-terrains d'Opale résonnait en réverbérations contre les murs et piliers aux angles pointus.  On referma prudemment la porte derrière le groupe et sortant des ombres, la figure de celle qui les avait convié apparue enfin.

Ekaterina IV empruntait parfois les sous-terrains construits par feu son père, devant supporter les pires odeurs mais appréciant pouvoir rejoindre différents points sous la Splendide à l'insu de tous.  Ses subalternes, ceux qui couraient les rues la nuit pour réapprovisionner ses poches de sang frais (celles qu'elle ouvrait une fois certaine d'être seule, son verre dirigé vers la lune), connaissaient toutes les entrées et sorties des tunnels Excelior.  Malgré qu'il fut un parfait imbécile, feu son père avait laissé un héritage substantiel à sa progéniture, et la Conseillère userait de ce don à bon escient (et non pas pour fuir quand viendrait la Brume...)

Se détachant du mur froid et poussiéreux auquel elle s'était adossée, son bras mécanique souleva la lanterne pour faire apparaître le regard inhumain de la chasseresse.  Ses yeux pourpres sur fond d'abysse pourfendit les plates excuses que le chef de bande tenta d'énoncer pour excuser leur retard, puis sans une parole, Ekaterina IV les remercia d'un mouvement du menton.  Le feu de la lanterne vacillait sous le regard dur de la matriarche et les reflets qui dansaient sur sa prothèse ajoutaient à son sinistre.  Elle toisa d'abord longuement la vieille Elvira, comme le ferait l'esclavagiste devant une nouvelle marchandise, avant de finalement prendre la parole de son ton le plus froid.

Je dois dire, vous avez tous les avantages pour garder entre vos mailles ces humains stupides...  Lorsque j'ai compris les tares de votre famille, l'ingéniosité gaspillée à s'accoutumer de vils mariages pour vous sustenter, j'ai ricané : il est temps que les strigois xandriens apprennent l'étiquette !  Mais dîtes-moi, dame Elvira, pourquoi diable vous perdre dans les rues de l'Éveillée alors que vous possédez à vos côtés le parfait sac à sang ?
Jeu 23 Fév - 11:04
Que se tramait-il ? Quel était cet endroit ? Elle s'était plutôt attendue à une femme noble, un peu hautaine, vivant dans les beaux quartiers... Ce qui n'était clairement pas le cas. Elle soupira. Visiblement, elle était tombée dans un piège. Mais, une fois de plus, elle n'osa pas esquisser le moindre geste d'insubordination. Après tout, ces gardes étaient probablement bien plus forts et mieux entraînés qu'elle... Quoi qu'elle pense, elle ne pouvait désormais plus faire marche arrière. De plus, elle doutait qu'une tentative de les distraire soit couronnée de succès. Alors, elle se contenta de continuer à suivre leurs pas. Après tout, cette "patronne" voulait lui parler, rien de plus, n'est-ce pas ? Ce qui signifierait que, normalement, elle ne risquait rien... Et elle resterait docile, afin d'augmenter ses chances de sortir de ce lieu en un seul morceau.

Néanmoins, cela ne l'empêcha pas de se sentir soulagée lorsque les hommes furent congédiés. Enfin. Enfin, elle pouvait parler... Attendez. Que croyait-elle faire, en insultant ainsi sa famille, et, surtout, les humains ? Elle n'aimait pas sa famille, et ne pouvait donc pas lui en vouloir de les dénigrer, du moins, tant que cela restait en privé. Mais les humains ? Stupides ?

- Nous ne connaissons visiblement pas les mêmes humains. D'ailleurs... D'où tenez-vous ces informations ? Ne me dites pas que le masque est si fragile...

Et mince. Elle venait d'admettre que tout ce que cette femme venait de dire était vrai. Après tout, qu'est-ce qui l'aurait empêchée de jouer les ingénues, en accusant son informateur de lui mentir ? Cela lui aurait certainement permis d'en savoir plus sur cette femme et les tentacules qu'elle devait avoir à sa disposition à travers la ville. Mais elle avait gâché cette chance. Tant pis. À présent, il lui fallait jouer cartes sur table.

- Excusez-moi ? Vous voudriez peut-être que je reste bien sagement chez moi, à faire ce que ma famille attend de moi ? Certes, j'ai dû venir jusqu'ici, mais il est hors de question que je reste enchaînée à ces principes, même si loin d'eux ! Et puis... Quel mal y a-t-il à se promener ?

Néanmoins... Elle le revoyait lui déconseiller de sortir seule. Mouais. Il lui fallait impérativement effacer ce souvenir de sa mémoire. Elle sortirait seule si elle le voulait. De toutes façons, elle ne comptait pas rester longtemps à Opale. Juste le temps de trouver un moyen de transport sûr, qui ne tomberait pas en panne en plein trajet... Cette quête risquait de durer, mais peu importait. Elle était patiente... Il fallait simplement que cette durée ne dépasse pas celle d'une vie humaine. Si sa soeur mourait de vieillesse avant qu'Elvira n'aie pu la rejoindre, sa quête n'aurait plus aucun sens.
Dim 12 Mar - 22:42
La belle strigoise, invitée forcée de l'Oligarque, ne démentit pas les propos d'Ekaterina IV, qui écoutait le regard brillant sous la flamme vacillante de sa lanterne. Une moue fermée marquait les traits de la matriarche Excelior, mais lorsqu'Elvira entama la conversation de plus belle, exposant son ennui d'être aux services de ses aînés, une idée naquit dans l'esprit aiguisé de la strigoise d'affaires et la Quatrième sourcilla, brisant ce masque agacé jusqu'alors ininterrompu.
D'abord éloignée de son aînée, la jeune Ekaterina IV s'approcha d'un pas assuré, bombant la poitrine et allongeant sa stature. Le sourire faussement attendri par les plaintes de la belle xandrienne, la patronne de Motors Excelior enchaîna :

Ha! ma belle dame, jouerez-vous l'ingénue encore bien longtemps ? Vos coutumes d'outre frontière ne possèdent-elles pas la politesse de demander la permission avant de s'abreuver dans un territoire qui n'est pas le vôtre ? Nous ne sommes point en Xandrie, belle Elvira ; Opale se tient fière de ses valeurs, et nul sac-à-sang n'a le droit de prêter ses artères au premier strigoi venu, encore moins si celle-ci représente notre noblesse cousine. Vous savez, il ne m'a pas été bien difficile de récolter les quelques informations sur votre identité, et disons qu'un nouvel invité en nos murs possédant votre statut ne peut être ignoré des les registres de l'Intérieur...

Ekaterina IV abaissa sa lanterne au niveau de sa taille, adoptant une posture autoritaire. Lentement, elle présenta ses jointures comme la plus noble des reines et se présenta : « Ekaterina IV Excelior. Je me sens magnanime aujourd'hui, aussi je suis prête a oublier vos pas de côté si vous me jurer ne plus ainsi vous perdre dans les dédales de la basse ville. Puis honnêtement, si vous cherchez à vous rassasier, je vous présenterai de bien meilleurs croque-en-bouches ! Ha! je sais comment parfois la faim peut nous tarauder, mais nul besoin de se sustenter de gueux pouilleux ! »

Son expression avait mué en une nouvelle plus amicale ; les sourcils détendus, la mâchoire relâchée, son blanc sourire sans jugement. Toutefois, son regard transperçant celui d'Elvira et la Conseillère n'avait pas baissée sa main, attendant qu'Elvira y pose les lèvres ou lui réponde autrement.

Vous m'excuserez mon franc parler, mais si le carcan de vos traditions familiales vous affecte autant, pourquoi ne pas retourner en Xandrie ? N'êtes-vous pas l'héritière de votre famille ?
Lun 13 Mar - 11:40
Demander la permission ? Mais de quoi se mêlait-elle, d'abord ? Et puis, il était vrai qu'elle l'avait demandée, cette permission. Mais au principal concerné, pas à.. À qui, d'abord ? On ne lui avait pas dit qu'il fallait rendre des comptes... Sans compter qu'elle aurait probablement refusé de s'y soumettre, mais là était un autre sujet.

- Je ne vais pas tenter de mentir, j'ignorais qu'il fallait rendre des comptes. À qui et pourquoi ? Monsieur était d'accord, et de toutes manières, c'est l'un des raisons de cette "union"... Je ne demande qu'à retourner à Xandrie, vous savez. Alors... Peut-être que vous pourriez m'aider, si vous voulez tant que je m'en aille. Savez-vous qui pourrait me fournir un véhicule résistant ? Ma dernière tentative a été amputée par un problème de moteur.

Et elle en voulait encore au chef de convoi. Elle l'avait payé, et généreusement, pour qu'il l'amène à Xandrie ! Et il avait échoué. Heureusement qu'elle avait été trop occupée pour lui réclamer le remboursement de la moitié de ses frais, puisqu'il avait effectué la moitié du service demandé...

Elle fut sortie de ses pensées par la présentation de la dame. Comment dire qu'elle s'en moquait ? Tout ce qu'elle voulait, c'était terminer cette conversation au plus vite pour retourner en des lieux lui étant plus familiers.

- J'imagine que je n'ai pas à me présenter, n'est-ce pas, puisque vous savez déjà tout de moi ? Et permettez-moi de vous détromper : je ne fréquente pas la basse-ville. Je ne sais pas ce que vos subordonnés vous ont dit, mais visiblement, soit ils vous ont menti, soit ils ne savent pas regarder autour d'eux. Je ne vous dois donc aucune promesse. D'ailleurs, si vous me connaissiez si bien, vous devriez savoir que j'ai horreur de me soumettre à quelque règle que ce soit.

L'héritière de sa famille ? Ah, bonne idée, dis donc. Parlons-en !

- L'héritière de ma famille ? Laissez-moi rire. Je les soupçonne de m'avoir envoyée ici pour se débarrasser de moi. Très honnêtement, je pense que je n'existe plus pour ma famille... Et c'est bien pour cela que je suis déterminée à retourner les voir ! Libre à vous de m'aider ou de faire comme si cette rencontre n'avait jamais eu lieu. Je ne vous connais pas, je ne vous veux pas de mal, restons-en là, voulez-vous ?

Sur ces mots, elle commença à s'éloigner, se dirigeant très clairement vers la porte. Madame voulait parler ? Bien, elles avaient parlé. Et Elvira n'avait rien de plus à lui dire.