Sam 11 Fév - 3:27
Ozwald Ellemire
Contade / Vagabonde
- 28 / 1872
- Humain, Portebrume / Non-binaire
- Dans un trou paumé, au milieu des landes, quelque part entre les cuisses de sa mère, au fond de la chambre à coucher d'une des fermes de son petit village.
Par terre, mais elle est pas sûre, parce que bah, elle se souvient pas vraiment. - Pansexuelle, demi. / Elle, sa.
- Ex-bodygard, présentement au chômage.
- Feat Nikaido, from Dorohedoro
Description
Elle ressemble à ce bébé surdimensionné, aux muscles et aux seins trop développés.
Pas très grande, c'est en largeur d'épaule qu'elle dépasse son père et celui du voisin. C'est en force et en rigueur qu'elle se démarque, certainement pas avec son cerveau. Depuis qu'elle est en ville, après tout, elle illustre pour les riches cette caricature effrontée des paysans illettrés.
Ouais. Ozwald est un peu bête.
Avec sa face d'idiote trop heureuse et ses yeux trop grands ouverts, elle a l'air débile et on lui a trop souvent dit. Mais ça ne rentre pas, ça ne change pas, et elle n'a jamais appris à développer ces expressions qui ferait d'elle une beauté. Elle a le charisme, mais pas le mode d'utilisation, et rudimentaire dans ses moyens de communication, il n'y a pas de charme dans sa brutalité joviale. Des sourires, des sourires à tous les goûts, au point qu'ils se sont mis à tous se ressembler, c'est devenu un réflexe sur sa gueule de poupon, de voir s'étirer sa grande bouche.
Grande bouche, grandes dents, grand coeur, on lui fait confiance malgré tout. À défaut d'être sophistiquée, elle est viable. Pour soulever les poids, pour s'occuper des gamins, pour ramasser les pots cassés, elle a le dos large. Ça lui convient. Avec ses mains sèches, avec ses joues rouges, avec ses cheveux emmêlés, elle est construite pour le froid, les efforts et la difficulté.
On lui dit depuis qu'elle est petite, elle est un boeuf, après tout. Gentille, docile, nécessaire. Naturellement qu'on l'exploite un peu, -pour son dos, pour ses cuisses musclées, pour cette force et pour son caractère-, mais elle s'en fout. Tant que ça paie, tant qu'elle mange, elle s'en fout. Elle n'a pas eu les moeurs assez développés dans son petit village, là d'où elle vient, pour penser qu'on lui demanderait jamais autre chose que de l'utilité. Il faut comprendre par là qu'elle n'a jamais été vue, -ni par elle ni par les autres-, comme un trou. C'est jamais arrivé par chez elle, après tout. Pas dans une communauté matriarchale de cinquante péquenots. Pas quand les femmes et les mères sont trop aimées, trop respectées dans une communauté basée sur la notion de survie. Elle, bien sûr, elle a grandi en se sentant un peu différente, -les autres filles ne se faisaient jamais vraiment appeler des boeufs, par exemple-,mais pas assez pour penser qu'elle n'aurait jamais de mari, ou d'enfant. Juste que ça n'a jamais occupé de place prédominante dans son existence.
Ozwald, au final, c'est un amas de mouvements sur un complexe de nerfs et de muscles, et ça se déplace avec l'aisance tranquille de ceux qui n'ont pas de complexe. Elle n'en a pas. Au pire, elle peut chouiner sur le fait qu'elle a la gueule trop ronde, trop bébé, mais dans le fond, ça ne la dérange même pas.
Elle sait qu'elle est cool.
Pas très grande, c'est en largeur d'épaule qu'elle dépasse son père et celui du voisin. C'est en force et en rigueur qu'elle se démarque, certainement pas avec son cerveau. Depuis qu'elle est en ville, après tout, elle illustre pour les riches cette caricature effrontée des paysans illettrés.
Ouais. Ozwald est un peu bête.
Avec sa face d'idiote trop heureuse et ses yeux trop grands ouverts, elle a l'air débile et on lui a trop souvent dit. Mais ça ne rentre pas, ça ne change pas, et elle n'a jamais appris à développer ces expressions qui ferait d'elle une beauté. Elle a le charisme, mais pas le mode d'utilisation, et rudimentaire dans ses moyens de communication, il n'y a pas de charme dans sa brutalité joviale. Des sourires, des sourires à tous les goûts, au point qu'ils se sont mis à tous se ressembler, c'est devenu un réflexe sur sa gueule de poupon, de voir s'étirer sa grande bouche.
Grande bouche, grandes dents, grand coeur, on lui fait confiance malgré tout. À défaut d'être sophistiquée, elle est viable. Pour soulever les poids, pour s'occuper des gamins, pour ramasser les pots cassés, elle a le dos large. Ça lui convient. Avec ses mains sèches, avec ses joues rouges, avec ses cheveux emmêlés, elle est construite pour le froid, les efforts et la difficulté.
On lui dit depuis qu'elle est petite, elle est un boeuf, après tout. Gentille, docile, nécessaire. Naturellement qu'on l'exploite un peu, -pour son dos, pour ses cuisses musclées, pour cette force et pour son caractère-, mais elle s'en fout. Tant que ça paie, tant qu'elle mange, elle s'en fout. Elle n'a pas eu les moeurs assez développés dans son petit village, là d'où elle vient, pour penser qu'on lui demanderait jamais autre chose que de l'utilité. Il faut comprendre par là qu'elle n'a jamais été vue, -ni par elle ni par les autres-, comme un trou. C'est jamais arrivé par chez elle, après tout. Pas dans une communauté matriarchale de cinquante péquenots. Pas quand les femmes et les mères sont trop aimées, trop respectées dans une communauté basée sur la notion de survie. Elle, bien sûr, elle a grandi en se sentant un peu différente, -les autres filles ne se faisaient jamais vraiment appeler des boeufs, par exemple-,mais pas assez pour penser qu'elle n'aurait jamais de mari, ou d'enfant. Juste que ça n'a jamais occupé de place prédominante dans son existence.
Ozwald, au final, c'est un amas de mouvements sur un complexe de nerfs et de muscles, et ça se déplace avec l'aisance tranquille de ceux qui n'ont pas de complexe. Elle n'en a pas. Au pire, elle peut chouiner sur le fait qu'elle a la gueule trop ronde, trop bébé, mais dans le fond, ça ne la dérange même pas.
Elle sait qu'elle est cool.
Habiletés et pouvoirs
Insensibilité. - pouvoir physique. Forme vivifiée.
Biographie
Ça a commencé avec un sourire qui a mis le scientifique à l'aise.
Tout était facile, le paiement avait été effectué d'avance et le scientifique, un binoclard rageux, mais trop heureux de pouvoir se payer un garde du corps pas trop cher, lui avait mis entre les mains un joli petit sac remplis d'astras.
Putain de merde, elle avait dit en gloussant. Putain de merde, parce qu'elle ne s'était jamais retrouvé avec autant d'argent entre les mains, et ça avait fait hausser un sourcil très mécontent au binoclard , - le professeur Gil de Velmond, d'Epsistopelis, sapiarque spécialisé dans le domaine de blablabla de raffinement de la Myste de blablabla-, un peu à cheval sur son langage. Il l'avait regardé encore une fois, un peu hésitant à cause de son mètre soixante, mais elle avait sourit, et en tapotant son biceps, l'avait rassuré.
"V's'inquietez de rien, Monsieur le professeur. Je l'ai fait quinze fois le trajet. Vous êtes en sécurité avec moi."
En pratique, c'était un mensonge.
Mais en théorie, dans les faits, c'est presque vrai. Dans la pratique, elle est née à une vingtaine de kilomètres, dans les landes, près de la mer des Brumes. Enfant, elle avait couru avec les autres gamins, sur les parois des crêtes montagneuses qui bordent cette zone à laquelle les adultes les prévenaient de ne pas aller se perdre.
Et puis son père, son père qui venait d'ailleurs, de plus loin, lui avait parlé, au moins un millier de fois, de ces procédés électriques que les explorateurs utilisaient, lors des expéditions. Son père avait fait parti de ces types-là, autrefois. Et elle avait tout appris, tout retenu.
Alors quand ce type lui avait dit qu'il cherchait un guide, bien sûr qu'elle s'était proposé.
Après tout, c'est pour ça qu'elle avait quitté son village de base. Pour aller faire des choses, pour aller courir au delà des limites, au delà de l'horizon, pour voir plus grand.
Alors c'est un mensonge, quand elle assure avec aisance que le type est en sécurité. Mais lorsqu'elle a la monnaie entre les doigts, la culpabilité n'existe plus, n'existe pas.
Tout ce qui compte, c'est le lendemain, c'est avancer, c'est l'exploration et la repousse de limite.
Le trajet commence facilement. Sur les quinze premiers jours, c'est facile. Le professeur manque de stamina, mais son gosse, Masha, qu'il traîne avec lui, est une compagnie confortable. Le gosse ne parle pas, ne se plaint pas, ne perd pas le rythme, ne se fatigue pas. Elle est surprise, naturellement, elle lui demande d'où il vient, comment il a été éduqué, s'il est habitué à beaucoup marcher, comme ça, et ça fait rire de Velmond.
"C'est un automate."
On en est rendu au treizième ou quatorzième jour et elle est choquée. Pas possible. Elle ne s'en est jamais rendu compte. Okay, il avait l'air un peu bizarre, à jamais manger, à jamais boire, mais, elle sait pas, elle jugeait pas, elle pensait juste que, vu qu'ils venaient de la ville, y'avait un courant de pensée ou quelque chose qui expliquait ça. Genre, une religion, une même qu'il avait une condition. Ça la rend un peu frustrée, elle est vexée, ça amuse beaucoup le professeur.
Elle, elle lui dit tout un tas de trucs. Chaque soir, près du wagon de la caravane qu'il a loué, avec le cheval, elle allume le feu, elle lui parle de tout ce qu'il ne connait pas. Et Gil ne connait pas grand'chose d'ici. Grandir en Contade, avec une mère mystique et un père idéalisé par la moitié du village. Médecin, qu'elle explique. Mais surtout doué en pêche, et à la sculpture de bois.
Elle raconte son enfance sans problème, elle raconte les moutons et les marmots qui courent dans les prés, l'organisation communautaire et les petites fêtes pour les naissances comme pour les morts. Elle raconte ses moments préférés, auprès de sa mère qui lui parle des Esprits, qui lui parle des dieux, et son père, un peu timide auprès des gens, qui porte des petites lunettes et lui fait découvrir les plantes. Elle raconte cette journée estivale, passée en compagnie de la plus jolie fille, Maer, et comment celle-ci, deux ans plus tard, se marie au cousin de son voisin.
Elle raconte les arbres et la tonte des moutons, elle raconte l'accident de ses cheveux mal coupés une fois, elle raconte son poignet fracturés le jour où elle se pète la gueule en essayant de grimper derrière un bouquetin. Et Gil de Velmond devient plus doux, Gil de Velmond se met doucement à lui parler de son propre partenaire, de son enfance et adolescence à Xandrie, des efforts effectués par les familles immigrantes comme la sienne. Gil de Velmond lui parle de l'injustice du monde et des conflits des grandes capitales. Il lui parle de la réalité, de la sienne, de celle d'un homme qui se bat depuis quarante cinq ans pour être accepté par ses pairs, pour être respectés. Il lui parle de ses projets, de ses ambitions.
Il lui parle de ses rêves.
"Tu sais, je crois qu'il y a un lien entre les étoiles, la planète, et la Brume."
Ce soir-là, il lui explique comment toutes les données de ses recherches sont enregistrées dans le cerveau fascinant de Masha, le gosse automate qu'il a créé à l'image de son partenaire mort du cancer, quatre ans plus tôt. Un enfant pour eux deux, il lui explique. Un rêve qu'il ne se résout pas encore à enterrer. Et Ozwald trouve ça un peu triste, mais elle comprend. Il lui a mis des étoiles dans le cerveau, à cet automate au regard froid. Il a des étoiles, des idées de brumes, et des secrets de la planète dans le cerveau.
C'est ce soir-là qu'ils sont attaqués par les créatures.
(...)
Masha, debout près d'elle, est silencieux.
L'épaule déboitée, la lèvre explosée, elle appelle le nom de Gil. En pressant sur sa poitrine, en répétant ce rythme avec lequel son père a une fois ressuscité un des gamins noyés, elle appelle son nom. La chose en elle murmure trop fort, et ça gueule un vacarme sous son crâne.
Tais-toi, tais-toi, tais-toi-
Elle l'a tiré, elle l'a traîné, en le sortant de ce territoire de brume, en l'arrachant des griffes de la créature qui l'avait happé.
"Gil, allez, bordel, allez-"
Masha se détourne. Masha commence à marcher. Elle gueule son nom, elle lui dit de ne pas bouger, de rester où il est. Alors lentement, l'automate s'arrête.
"Il est mort."
On ne peut pas réanimer quelqu'un qui n'a plus de cage thoracique.
Et Ozwald pleure. Ozwald pleure, les mains en sang.
(...)
Le trajet est silencieux. Elle ne sait pas si c'est un aller, si c'est un retour, ni où ils vont. Masha tient sa main, Masha ne parle pas.
Ils l'ont enterrés sous un arbre, de nuit. À un endroit où on voyait bien les étoiles.
Et maintenant, Ozwald ne sait plus trop ce qu'elle fait, ni où elle va.
Il y a cette présence sous sa peau, dans ses os, qui lui dit que ce n'est pas grave. Que bientôt, quand son temps sera épuisé, elle pourra revenir ici. Elle pourra revenir là où elle a échoué.
Mais en attendant, elle va s'assurer que Masha et ce qu'il a dans la tête, les théories et les calculs au sujet de la Brume et des étoiles et des planètes, tous les rêves et les espoirs de Gil enterré, elle va s'assurer que ça vive et que ça soit bien utilisé.
Elle est bête, et c'est injuste que ce soit un génie qui ait été tué. Mais elle est forte.
Alors elle va faire ce qui est nécessaire pour que Gil ne soit pas oublié.
Tout était facile, le paiement avait été effectué d'avance et le scientifique, un binoclard rageux, mais trop heureux de pouvoir se payer un garde du corps pas trop cher, lui avait mis entre les mains un joli petit sac remplis d'astras.
Putain de merde, elle avait dit en gloussant. Putain de merde, parce qu'elle ne s'était jamais retrouvé avec autant d'argent entre les mains, et ça avait fait hausser un sourcil très mécontent au binoclard , - le professeur Gil de Velmond, d'Epsistopelis, sapiarque spécialisé dans le domaine de blablabla de raffinement de la Myste de blablabla-, un peu à cheval sur son langage. Il l'avait regardé encore une fois, un peu hésitant à cause de son mètre soixante, mais elle avait sourit, et en tapotant son biceps, l'avait rassuré.
"V's'inquietez de rien, Monsieur le professeur. Je l'ai fait quinze fois le trajet. Vous êtes en sécurité avec moi."
En pratique, c'était un mensonge.
Mais en théorie, dans les faits, c'est presque vrai. Dans la pratique, elle est née à une vingtaine de kilomètres, dans les landes, près de la mer des Brumes. Enfant, elle avait couru avec les autres gamins, sur les parois des crêtes montagneuses qui bordent cette zone à laquelle les adultes les prévenaient de ne pas aller se perdre.
Et puis son père, son père qui venait d'ailleurs, de plus loin, lui avait parlé, au moins un millier de fois, de ces procédés électriques que les explorateurs utilisaient, lors des expéditions. Son père avait fait parti de ces types-là, autrefois. Et elle avait tout appris, tout retenu.
Alors quand ce type lui avait dit qu'il cherchait un guide, bien sûr qu'elle s'était proposé.
Après tout, c'est pour ça qu'elle avait quitté son village de base. Pour aller faire des choses, pour aller courir au delà des limites, au delà de l'horizon, pour voir plus grand.
Alors c'est un mensonge, quand elle assure avec aisance que le type est en sécurité. Mais lorsqu'elle a la monnaie entre les doigts, la culpabilité n'existe plus, n'existe pas.
Tout ce qui compte, c'est le lendemain, c'est avancer, c'est l'exploration et la repousse de limite.
Le trajet commence facilement. Sur les quinze premiers jours, c'est facile. Le professeur manque de stamina, mais son gosse, Masha, qu'il traîne avec lui, est une compagnie confortable. Le gosse ne parle pas, ne se plaint pas, ne perd pas le rythme, ne se fatigue pas. Elle est surprise, naturellement, elle lui demande d'où il vient, comment il a été éduqué, s'il est habitué à beaucoup marcher, comme ça, et ça fait rire de Velmond.
"C'est un automate."
On en est rendu au treizième ou quatorzième jour et elle est choquée. Pas possible. Elle ne s'en est jamais rendu compte. Okay, il avait l'air un peu bizarre, à jamais manger, à jamais boire, mais, elle sait pas, elle jugeait pas, elle pensait juste que, vu qu'ils venaient de la ville, y'avait un courant de pensée ou quelque chose qui expliquait ça. Genre, une religion, une même qu'il avait une condition. Ça la rend un peu frustrée, elle est vexée, ça amuse beaucoup le professeur.
Elle, elle lui dit tout un tas de trucs. Chaque soir, près du wagon de la caravane qu'il a loué, avec le cheval, elle allume le feu, elle lui parle de tout ce qu'il ne connait pas. Et Gil ne connait pas grand'chose d'ici. Grandir en Contade, avec une mère mystique et un père idéalisé par la moitié du village. Médecin, qu'elle explique. Mais surtout doué en pêche, et à la sculpture de bois.
Elle raconte son enfance sans problème, elle raconte les moutons et les marmots qui courent dans les prés, l'organisation communautaire et les petites fêtes pour les naissances comme pour les morts. Elle raconte ses moments préférés, auprès de sa mère qui lui parle des Esprits, qui lui parle des dieux, et son père, un peu timide auprès des gens, qui porte des petites lunettes et lui fait découvrir les plantes. Elle raconte cette journée estivale, passée en compagnie de la plus jolie fille, Maer, et comment celle-ci, deux ans plus tard, se marie au cousin de son voisin.
Elle raconte les arbres et la tonte des moutons, elle raconte l'accident de ses cheveux mal coupés une fois, elle raconte son poignet fracturés le jour où elle se pète la gueule en essayant de grimper derrière un bouquetin. Et Gil de Velmond devient plus doux, Gil de Velmond se met doucement à lui parler de son propre partenaire, de son enfance et adolescence à Xandrie, des efforts effectués par les familles immigrantes comme la sienne. Gil de Velmond lui parle de l'injustice du monde et des conflits des grandes capitales. Il lui parle de la réalité, de la sienne, de celle d'un homme qui se bat depuis quarante cinq ans pour être accepté par ses pairs, pour être respectés. Il lui parle de ses projets, de ses ambitions.
Il lui parle de ses rêves.
"Tu sais, je crois qu'il y a un lien entre les étoiles, la planète, et la Brume."
Ce soir-là, il lui explique comment toutes les données de ses recherches sont enregistrées dans le cerveau fascinant de Masha, le gosse automate qu'il a créé à l'image de son partenaire mort du cancer, quatre ans plus tôt. Un enfant pour eux deux, il lui explique. Un rêve qu'il ne se résout pas encore à enterrer. Et Ozwald trouve ça un peu triste, mais elle comprend. Il lui a mis des étoiles dans le cerveau, à cet automate au regard froid. Il a des étoiles, des idées de brumes, et des secrets de la planète dans le cerveau.
C'est ce soir-là qu'ils sont attaqués par les créatures.
(...)
Masha, debout près d'elle, est silencieux.
L'épaule déboitée, la lèvre explosée, elle appelle le nom de Gil. En pressant sur sa poitrine, en répétant ce rythme avec lequel son père a une fois ressuscité un des gamins noyés, elle appelle son nom. La chose en elle murmure trop fort, et ça gueule un vacarme sous son crâne.
Tais-toi, tais-toi, tais-toi-
Elle l'a tiré, elle l'a traîné, en le sortant de ce territoire de brume, en l'arrachant des griffes de la créature qui l'avait happé.
"Gil, allez, bordel, allez-"
Masha se détourne. Masha commence à marcher. Elle gueule son nom, elle lui dit de ne pas bouger, de rester où il est. Alors lentement, l'automate s'arrête.
"Il est mort."
On ne peut pas réanimer quelqu'un qui n'a plus de cage thoracique.
Et Ozwald pleure. Ozwald pleure, les mains en sang.
(...)
Le trajet est silencieux. Elle ne sait pas si c'est un aller, si c'est un retour, ni où ils vont. Masha tient sa main, Masha ne parle pas.
Ils l'ont enterrés sous un arbre, de nuit. À un endroit où on voyait bien les étoiles.
Et maintenant, Ozwald ne sait plus trop ce qu'elle fait, ni où elle va.
Il y a cette présence sous sa peau, dans ses os, qui lui dit que ce n'est pas grave. Que bientôt, quand son temps sera épuisé, elle pourra revenir ici. Elle pourra revenir là où elle a échoué.
Mais en attendant, elle va s'assurer que Masha et ce qu'il a dans la tête, les théories et les calculs au sujet de la Brume et des étoiles et des planètes, tous les rêves et les espoirs de Gil enterré, elle va s'assurer que ça vive et que ça soit bien utilisé.
Elle est bête, et c'est injuste que ce soit un génie qui ait été tué. Mais elle est forte.
Alors elle va faire ce qui est nécessaire pour que Gil ne soit pas oublié.
Je suis tired./ elle, iel, they, them.
Off, 27, Montréal.
Dernière édition par Ozwald Ellemire le Jeu 23 Fév - 20:35, édité 11 fois