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Tiphaine Sterling

Tiphaine Sterling Brandw10
Jeu 22 Déc - 17:28

Tiphaine Sterling

Aramila / Citoyenne

26 ans / 12 février 1874
Humaine / Féminin
Quelque part en mer, entre l'Antégriffe et les côtes de Rheel
Bisexuelle / Elle
Vigie et premier lieutenant
Becka Bones, par Bob Kehl

Description

On ne sait pas ce que cachent les vagues les plus violentes à l'approche du littoral. Ce qu'elles transportent sous leur tonitruant roulis, avec leurs faux airs de tempête qu'elles traînent depuis l'origine même des mers qu'elles arpentent. Qui peut dire aujourd'hui savoir ce qui naît de l'écume ? Ce qui émerge du fracas, de la mousse, du combat de l'eau et de la terre ? Les conteurs, oui. Les affabulateurs, les intrépides, les guerriers, les gens qu'on croit stupides. Et elle.

C'est vrai, à bien la regarder, on pourrait la croire enfant de la houle. C'est sa peau, sans doute, qui rappelle l'étrange doré passé du sable sous l'eau qui se retire. Ce scintillement discret, révélé par un soleil qui ne l'est pas tant. Ou bien est-ce les flots déchaînés de ses yeux bleu gris ? On en devine des naufrages là où il est facile de se noyer. Et partout sur ce corps le sel s'est fait une place. Il s'est déposé, sur le saillant de ses coudes, au sommet de ses omoplates, partout sur ses bijoux abîmés, voilant à peine ce que le soleil brûlant d'Aramila a enfanté avec les flots de la mer de l'est.

Elle a l'élégance de ceux qui n'en veulent pas. Un visage fondu dans le miel, doux et sirupeux, un corps taillé dans le vif, au marteau, au burin et au cagnard, celui-là qui cogne sur les côtes aramilaines où elle a grandi. Ses muscles fins sont aussi noueux que son verbe est écorché. Elle en a tiré des cordages, elle en a vu des naufrages. C'est un charme comme on aimerait en porter autour du cou.

Dans les auberges qui l'accueillent, on peut l'entendre gronder ses histoires, les faire chanter au fond des verres, chaque soir. Elle parle, rigole, joue et chante de concert. Elle a des amis dans chaque port et ses ennemis la voient rarement deux fois. Elle ne se tait que quand elle dort et semble toujours de bonne foi. À bord elle fait la loi, mais la bonne, celle qui veut qu'on vive, sinon en harmonie, au moins unis. Et quand ses ordres ne suffisent pas, elle a toujours pour convaincre son sourire, ou, dans le pire des cas, son regard aux faux airs de tempête, qu'elle traîne depuis l'origine même des mers qu'elle arpente.

Habiletés et pouvoirs

Dans son sillon, elle laisse souvent bien des choses. Quand elle quitte une auberge, on s'en souvient généralement pour ses blagues – qui ne sont pourtant que rarement d'une grande finesse – ses histoires embrumées et sa capacité à rester – ou à paraître – sobre après bien des choppes vidées. Dans tous les troquets on attend l'arrivée du Naufrageur car elle est bien souvent synonyme de soirées mémorables.

Aux côtés de son large ceinturon pendent souvent une lame et un fusil. Tous deux semblent plus vieux que leur propriétaire actuel et ils ont probablement connu bien des batailles avant de s'échouer à ses hanches. Le plus souvent, ils n'ont pour mission que de dissuader celles et ceux qui posent les yeux dessus. Mais elle n'a jamais hésité à se servir de l'un ou de l'autre. Formée au combat par le maître d'armes de son équipage, Camillo Destreza, elle jouit de sa souplesse au corps à corps et de sa vue perçante de vigie pour faire feu sur ses cibles éloignées.

En mer, elle jouit de l'autorité incombant à son poste et tâche de ne jamais en abuser. Franche, loyale et déterminée, elle ne craint finalement que peu de choses. Et même pour celles-ci, sa fierté l'empêche bien souvent de l'admettre. Plus sensible qu'elle ne l'avouera jamais, elle tremble à l'idée d'être seule, plus encore quand le Naufrageur s'enfonce dans la Brume et qu'elle se sent épiée, déshabillée, jusqu'à l'os, par des yeux qui n'en sont pas. Que peut la mer, même déchaînée, face à l'invisible ?

Biographie

Elle a grandi face à la mer sans connaître la sienne. C'est l'apanage des enfants de marin : apprendre à faire avec malgré beaucoup de sans. Sans attaches, sans foyer, sans histoires ni identités. Son père ne lui a jamais épargné la vérité. Sa vie avait coûté celle de Zeho. Une belle femme, disait-on, rencontrée sous l'ombre d'un palmier de l'Antégriffe. Le bleu profond de ses yeux tranchait avec l'ocre de son corps trop sec. Comme deux oasis verdoyants au milieu du désert. Elle a marié un marin au petit matin. Et le soir, déjà, elle savait que la vie sur les flots la tuerait. Mais par amour, elle a vogué, au creux de son cœur à lui. Et par passion, ils ont enfanté. Peut-être Raphalos l'a-t-elle cherchée sans la trouver, peut-être l'a-t-elle simplement ignorée. Toujours est-il que pour faire naître, Zeho dût disparaître. Et laisser à Keslos le soin d'élever le petit être. Tiphaine est née le 12 février. Raphalos n'était peut-être pas si loin.

Keslos n'aurait jamais du devenir père. C'était un homme droit, certes, mais son cœur appartenait au vent. Et quand entre lui et son enfant il a dû choisir, c'est vers le premier qu'il a décidé de fuir. Tiphaine a grandi face aux côtes de Rheel, dans le village d'Alifa, à la pointe de l'Antégriffe. À l'ombre des toiles colorées tendues entre deux arbres, les femmes se relayaient pour l'allaiter, la coiffer, l'éduquer. Le désert avait déversé sur Orimar toute sa colère, et ici on pouvait vivre presque normalement. La savane était dense, le gibier abondant et certaines espèces de poissons endémiques à la région avaient même fait d'Alifa un petit port commercial dans lequel mouillaient quelques barques et quelques navires marchands de Xandrie. Bien sûr, nombre d'habitants ignoraient tout des richesses du monde et les quelques ressources qu'ils trouvaient ici leur suffisaient à vivre, si ce n'est comme des rois, au moins décemment.

Tiphaine ne quittait jamais le village, sinon pour accompagner un quelconque « cousin » à la pêche. Les dix premières années de sa vie, elle les a passées entre les habitations clairsemées à la terre trop cuite, les pontons branlants du port et le sanctuaire des Douze, simple clairière sableuse où le soleil perçait la canopée basse de la savane du matin au coucher. Keslos l'avait confié à la tante de Zeho, une vieille femme plus chaleureuse encore que le soleil. Était-ce par chagrin ou pour ménager la petite Tiphaine, toujours est-il qu'elle ne parlait jamais de Zeho. Tiphaine s'endormait chaque soir au son de son rire tonitruant qui ponctuait les discussions animées de toutes les « tatas » réunies dans la pièce principale. Elle aimait cette femme, ses mains qui nouaient ses cheveux, ses bijoux grotesques et ses conseils précieux.

Plus étonnamment, Tiphaine aimait son père. À chacun de ses départs, elle attendait son retour. Elle guettait sur le port que le Quenob montre le bout de ses voiles, que Keslos en descende, qu'il en décharge des histoires, des présents ou de simples sourires forcés. Elle ne voyait pas alors que chacun de ses voyages le rendait plus éreinté, émaciait son visage au point de le déformer, faisait crouler ses épaules sous un poids invisible. Elle ne voyait que son père, l'aventurier, l'image même de la vie qu'elle rêvait de mener. Jamais n'était-elle plus heureuse que lorsqu'il l'amenait avec elle à bord, qu'il la laissait tirer sur les cordages, qu'il lui apprenait l'art des nœuds, le nom des choses, le sens des vents. Elle essayait de le cacher, mais le reste de l'équipage la faisait trembler de peur. Elle ignorait le véritable but de ces hommes, ce que cachaient leur rires gras et leurs messes basses. Elle l'ignore encore aujourd'hui.

C'était un jour comme tous les autres. Les Deux Griffes projetaient leurs ombres parallèles sur Alifa. Ses pieds troublaient la quiétude de l'eau au bout du ponton. Une main se posa sur son épaule.

- Tata ?
- Rentre avec moi, tu veux ?

Un étranger était arrivé. Par la terre. C'était déjà troublant. Il portait avec lui ce qui restait d'une figure de proue. Elle la reconnut immédiatement. C'était celle du Quenob. Le reste n'était qu'une suite de mots, un typhon confus, où se mélangeait une histoire de naufrage et la soudaine réalisation d'une solitude immense. Personne n'avait survécu sauf le capitaine. Kesnos était mort et la mer n'avait même pas eu la décence de recracher son corps. Rien ne sembla consoler Tiphaine. Ni les mots, ni les Douze. Elle supplia l'étranger de lui en dire plus. Mais elle n'en tira presque rien. L'épave du Quenob gisait, disait-il, sur la côté de Rheel, cette gigantesque bande de dunes blanches fracassée par les flots où gisaient les squelettes boisées de bien des navires.

Elle attendit une nuit sans lune et elle partit. Personne ne put la rattraper. Elle avait assez de fruits mûrs dans son sac et d'eau dans ses gourdes. Le désert ne l'effrayait pas. Elle était plus ignorante qu'intrépide. Mais elle parvint à ses fins, malgré tout. Elle faillit y laisser sa peau, et sans l'intervention d'un groupe de nomades, son corps reposerait aujourd'hui au milieu des dunes. Il n'y avait rien autour de l'épave du Quenob. Rien que la rencontre brutale de l'eau et du sable. Rien que ce violent tableau bleu jaune. Mais quelqu'un était là. Au creux du bateau fantôme. Elle le reconnaissait sans mal.

- Capit... Capitaine.. ?

Le tesson de bouteille la heurta en pleine tempe. Son oreille droite siffla, elle perdit l'équilibre. Elle n'y voyait rien, rien d'autre que ce que laissait entrevoir un maigre rayon de soleil qui s'aventurait entre les planches vermoulues. Il était là, avachi, presque fondu dans la coque du navire qui était autrefois le sien. Elle sentait le sang couler le long de sa joue, jusque sur la ligne de sa mâchoire.

- Qu... Capitain c'est... Moi, Toph', la fille de Kesnos. D'Afila, vous savez.. ? Je... Ils m'ont dit qu'il était mort, mais c'est pas vrai, hein ?

Elle ne le vit pas se lever. Il était encore vif pour une épave. Il réapparut juste sous ses yeux. Son haleine chaude et moite lui inonda le visage. Il la saisit par le col, fronça les sourcils, comme pour mieux la voir. Puis il se mit à rire. Un rire qui aurait pu ébranler les fondations même du monde.

- Ooh, si. Si, il est mort. Je l'ai vu mourir. Comme tous les autres. Déchiqueté. Avalé. Je ne sais même pas s'il a eu le temps de crier, en fait. Et il faudrait que tu meurs aussi, à mon avis. Le monde n'a rien à offrir aux jolies gueules.

Il balança son petit corps contre le fond de l'épave. Sa tête heurta le coin d'une planche brisée et elle s'évanouit, hantée par le rire gras du fou qui gisait à sa place quelques instants plus tôt. À son réveil, il avait disparu. Elle était seule, et sa tête lui faisait un mal de chien. Que pouvait-elle faire maintenant, si ce n'était rentrer chez elle ? La chaleur imprimait le sang au plus profond de sa chaire. Ses croûtes la démangeaient. Le crépuscule de sa vie d'enfant ne laissait rien envisager de bon pour l'aube de sa vie d'adulte.

Elle parvint pourtant à grandir, enfouissant au plus profond d'elle ses trésors piégés. De retour à Afila, elle commença à manifester de plus en plus d'intérêt pour la mer et ceux qui l'explorent, au grand dam de Tata. Des barques de pêcheurs aux navires marchands, il n'y a qu'un pas qu'elle franchit aisément. D'équipage en équipage, elle se fit un nom qui la précéda dans bien des cités. Jusqu'à ce qu'elle croise, de nouveau, dix ans plus tard, le capitaine Lawrence. Le choc la laissa pantoise. Lui ne la reconnut pas. Elle monta à bord du Naufrageur avec la ferme intention de se rappeler à son bon souvenir.

Mais les jours ont passés et les mystères demeurent cachés. Souvent, Tiphaine oublie même sa quête, comme si tout n'avait été qu'un cauchemar. Ce capitaine ne peut être l'homme qui vit, caché au fond de son enfance. Elle pourrait en parler à Rosarque mais, à quoi bon ? Pourrait-il la sauver, le soir, quand, une fois la porte de sa cabine fermée, elle pleure ? Pourrait-il ramener à sa vie tout ce qui lui a toujours manqué ? Comprendrait-il qu'elle tremble inexplicablement quand la brume l'enveloppe ? La croirait-il seulement ? Non, probablement pas. Elle est seule. Seule avec ses faux airs de tempête.
L'essentiel est visible avec les yeux. / Il faut juste bien regarder

Je suis intermittent du spectacle, je consacre beaucoup de mon temps libre à l'écriture et je suis très heureux de retrouver un forum dans lequel m'investir.



Dernière édition par Tiphaine Sterling le Jeu 22 Déc - 18:06, édité 1 fois
Jeu 22 Déc - 17:54
Bienvenue à toi, Tiphaine !

C'est avec beaucoup de plaisir que je découvre la façon dont tu t'es approprié le personnage. Je dois dire que je trouve le résultat fabuleux. C'est très beau, très maîtrisé : je suis simplement bluffé.

La façon dont tu as choisi de recréer la rencontre m'a un petit peu donné envie de me distribuer quelques généreuses paires de gifles pour avoir eu une idée aussi cruelle. C'est très très dur... mais Lawrence était effectivement devenu un tel animal.

Honnêtement, je ne puis qu'espérer que je serais à la hauteur de nos aventures, et je te dis à très bientôt sur le pont du Naufrageur ! (Ou du Mireille, si on commence par l'event... s'pas trop la même ambiance, tu verras.)

Encore une fois, un très grand bravo à toi.
Tu as fait très fort.
Jeu 22 Déc - 18:04
Bienvenue !!

Quelle belle interprétation du personnage que voilà, je rejoins l'avis du Capitaine ; on a bien envie de s'asseoir à sa table pour l'entendre raconter ses histoires Tiphaine Sterling 1f499 Hâte de voir ta vigie sur le pont ! (et pi c'est joliment écrit)

Et j'espère que la reprise du RP sera la bonne par ici ! Tiphaine Sterling 2728
Ven 23 Déc - 19:09

J’ai été emportée par les flots…

… d’une histoire qui laisse des étoiles dans son sillage.

Par où commencer ! Le style magnifique qui nous entraîne dans le récit ? La façon brillante dont tu as su exploiter non seulement un prédéfini, mais les éléments du lore, particulièrement ton usage de la géographie ? Voir les annexes être utilisées à bon usage fait plaisir à voir et tu as su créer tout un univers d’impressions et d’images pour cette petite péninsule autrement oubliée : en écrivant cette fiche, tu as contribué à donner vie à Uhr. La lecture fut agréable, fluide, le personnage est terriblement attachant. Rien à redire ! J’ai simplement hâte de voir les aventures de Tiphaine, ses futures interactions avec le Capitaine Lawrence, et lire tes mots à nouveau. Sois la bienvenue, moussaillon !

Rang : Citoyen
Pouvoir / Arme :  Fusil
Affinité : 5 PA
Astra : +200 Astra

La suite logique

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