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La prise d'otage de mes rêves

La prise d'otage de mes rêves Brandw10
Dim 27 Nov - 22:57
Qu'il est charmant de se faire prendre en otage par des humains de bon matin ! Oui, le réveil fut mouvementé, et Zvintoch le 19ème n'avait alors pas achevé convenablement sa phase de sommeil paradoxal et le rêve qui allait avec -un rêve parlant des Boyaux non réels qu'on trouve en les Abysses, là où l'océan s'arrête et où démarre l'Autre Monde.

Le réveil fut mouvementé, donc, et les soeurs de Zvintoch n'avaient pas su contenir la horde de bandits qui leur étaient tombés dessus, quelle honte ! L'Ambassadeur avait du négocier avec les bandits pour leur faire comprendre que ses soeurs étaient aussi précieuses que lui en tant qu'otage, usant de son habile baratin pour mener en bateau les cerveaux cupides et peu éduqués des humains sauvages.

Otage oui, car Otage était le bon Zvintoch, désormais, et les bandits l'avaient informé de leur intention de contacter Aramila pour l'échanger lui et ses soeurs contre une généreuse rançon. Excité comme une puce, le Prince leur avait répondu qu'il était ravi d'être ainsi menacé, que c'était une expérience rare, instructive et tout à fait exotique. Les premiers jours, l'enthousiasme de Zvintoch les avaient étonnés et avait piqué leur méfiance. Se rendant ensuite compte de la sincérité de l'Ambassadeur, ils ont commencé à simplement le prendre pour un simplet, à qui on pouvait manquer de respect sans craindre de représailles, et qu'on pouvait dégrader en lui offrant la geôle la plus répugnante et mal éclairée du camp, une cage étroite et odorante dans une hutte reconvertie.

Quant aux soeurs de Zvintoch, enchaînées de la tête aux pieds, elles étaient parquées à l'autre bout du camp, dans un logis tout aussi insalubre constitué d'un puits très profond au fond duquel elles ne risquaient plus de tuer de la racaille !

Zvintoch le 19ème a évidemment conscience de la situation dégradante dans laquelle ces filous l'ont plongé ! Il la prend avec grande philosophie, et comme à son habitude, voit  le paradis au milieu de l'enfer : les bandits lui offrent un formidable cadre sociologique à étudier, et il peut, en attendant sa libération par Aramila, en apprendre plus sur l'Humain et les vices de l'Humain.

Il passe ainsi ses longues journées, chaudes et moites, terré au fond de sa cage, à circuler dans son labyrinthe cérébral, cherchant à décortiquer sa situation, en tirer le plus d'enseignements possibles. Malheureusement, son cerveau mal nourri ne produisait que des réflexions de piètre profondeur.

Voici une occasion de s'immerger dans une existence plus rudimentaire, pense souvent Zvintoch en sa langue natale,
Ces bandits sont des humains des grands chemins, des bêtes qui se vautrent dans la boue, vivent de larcins, et commettent des atrocités par pauvreté et bêtise, car trop mal nés ! Ils sont aux humains ce que les nagas sont aux tritons.

Une occasion rêvée d'en découvrir plus sur les marginaux répugnés par les humains ! J'espère que les aramiliens ne les tueront pas tous, et m'en garderont quelques uns au frais pour que je puisse, plus amplement, discuter avec eux de leurs moeurs, et de la signification de ces horribles tatouages dont leurs corps sont bariolés !


Son cerveau était mal nourri : il avait faim de nutriments et de sucres, oui, mais aussi de relations sociales.

Car Zvintoch n'a que peu l'occasion de discuter avec ses ravisseurs... Une semaine qu'il est là, et les seuls contacts sociaux qu'il a avec ses hôtes se résument à des brimades de leur part, de douteux morceaux de viande qu'ils jettent dans sa cellule, et des dessins très personnalisés que le bon Zvintoch le 19ème leur offre, non pas parce qu'ils ont la fibre artistique, mais parce qu'il faut bien prouver à Aramila que les otages sont encore vivants.

Ainsi, si l'Ambassadeur devait se plaindre d'un aspect de son séjour, ça ne serait ni de la nourriture infecte ni des conditions de détention infâmantes, mais bien du manque de contact social. Lui qui a l'amour de la diplomatie gravée à même ses gènes, imaginez comme sa langue le démange, comme il aimerait disserter des jours de politique et de sociologie, comme il aimerait rencontrer un interlocuteur qui briserait cette insupportable solitude qui l'enferme bien plus que cette cage en fer !

Et quelle joie, indicible joie dégouline dans sa moelle cérébrale, lorsqu'il aperçoit en cette belle après-midi, ses geôliers patauds lui apporter un étrange compagnon clopinant !

« Vous avez invité un autre otage parmi nous, braves gens ! Que c'est aimable ! »

Zvintoch le 19ème détaille son nouveau compagnon de chambré : un humain, grand, au regard paisible et profond, crasseux et pauvrement coiffé, habillé comme un paysan mais sculpté comme un guerrier. On jurerait avoir affaire à un autre humain sauvage, mais dans une version bien plus maligne et éveillée. Tandis que le nouvel arrivant se fait bousculer dans la cage, se rattrapant sur ses coudes ; Zvintoch lui adresse son plus radieux sourire, exposant sa dentition toujours limée et lavée avec soin :

« Soyez le bienvenue ! »

Puis dans un crissement sourd, la cage se referme. Puis ces goujats de bandits repartent, gratouillant leurs fessiers et marmonnant quelques grossièretés. Et qu'en est-il du colocataire ? Eh bien, il est néophyte en matière de biologie humaine, mais l'avisé Zvintoch le 19ème connaît la signification des hématomes ! Et il sait que sous leur viande molle, les humains cachent des os tout-à-fait friables, qu'un ou deux coups suffisamment violents peuvent suffire à réduire en miettes.

Ces mufles ont du violenter ce malheureux homme ! Intrigué, et en manque terminal de relations sociales, Zvintoch s'empresse de s'enquérir de son état exact...

« Tout va bien ? Vos os ne sont pas trop fêlés ? Avez vous perdu une dangereuse quantité de sang ? En cas d'évanouissement, m'autorisez-vous à pratiquer le bouche à bouche ?  »
Sam 10 Déc - 16:15


Le sage et l'explorateur ethnique

L'être suprême peut-il venir au sein d'un triton ?



Il y a des jours où Ben béni le soleil masquant de sa puissante lumière les vantardes étoiles de la nuit, et il y a des nuits où Ben béni la chance qu'il a de se vanter envers les étoiles, car il s'est grandi sans elles. Il traverse les landes, rencontres des nomades dont certains sont aussi en quête de vérité. Plus insolite encore, il lui arrive de rencontrer de nombreux noble ayant choisi l'ermitage pour un temps. Ce sont ses dernières rencontres qui lui ont enseigné le plus de chose, car il put profiter du savoir et des connaissances de ses interlocuteurs ainsi qu'analyser leur sagesse.
Ils débattaient ensemble de la civilisation, de ce qui différentie le Hommes des autres espèces, et se surprit à voir même les plus religieux remettre en question leur supériorité face aux peuples animaux en se demandant si se rassembler autour de divinité commune, comme la nature le serait pour le règne animal, ne serait pas un frein à leur propre évolution.

Mais il y a des jours où le soleil ne devrait pas se lever et ne pas éclairer les bêtes qui arpentent la terre. Des bêtes oui, c'était bien le terme adéquat pour parler de ses êtres qui venaient de la capturer. Des êtres qui mériteraient le titre mandenihilisme, si l'on devait se rattacher au mot des Uhriens.
Il choisit ce terme exprès en écho à une histoire assez intéressante qu'il a entendu au cours de ses errances. Ce Mandebrume. Ils en parlent, beaucoup, mais sans savoir ce dont il s'agit. Un dieu sauveur, qui doit venir afin que le monde soit sauvé d'un mauvais sort à venir.
Mais ce mauvais sort n'est-il pas déjà là ? Voyez ses bêtes, ces convois d'hommes, de femmes et d'enfants. Voyez proxénètes qui pourraient consommer avant l'heure leur marchandise humaine. N'est-ce pas une malédiction pour la terre que de tels parasites la foulent ? Le Mandebrume daignerait nous sauver de cela ?
Voilà pourquoi il parle de Mandenihilisme. Dans les cas où le dieu sauveur devait arriver parmi les hommes sans connaître son destin, Ben lui en offrira un. En désignant ses ennemis de cette façon, il pourra peut-être influer sa destinée pour que la terre appartienne un jour à l'être suprême.

Mais avant, il aurait peut-être valu qu'il est le pouvoir de montré l'exemple et d'éliminer ses bêtes. Peut-être avait-il été trop confiant en tentant d'attaquer un bandit qui semblait isoler alors que ses compagnons était juste derrière lui.
Une sottise qui lui a coûté cher. Car, en plus de n'avoir servi à rien, cela fait maintenant trois jours qu'il est enfermé dans une cellule.
Enfermer et mal nourris depuis trois, mais sa volonté n'a pas faiblit. Il tenta le dialogue maintes fois avec ses geôliers, mais ils étaient tous trop simple d'esprit sans ces précieuses qualités des simple d'esprit que l'on nomme curiosité et fascination face à un savoir supérieur.
Ben n'a donc aucun savoir à enseigner en ces lieux et ces lieux n'ont rien à lui apprendre. Ce qui veut tout simplement dire qu'il est temps pour lui de se retirer.
Trouver comment s'échapper devient alors la première de ses pensées.

Un matin, alors que Ben se réveillait à peine, un jeune homme lui ouvrit sa cellule. Il faisait partie de cette troupe de bêtes, mais une certaine culpabilité se lisait sur son visage.
De la culpabilité envers les atrocités que commettait nuit et jour ses confrères dans leur camp. Des atrocités qu'il était tout simplement incapable d'empêcher, trop faible pour cela.

- Je dois... vous faire changer de cellule, prononça-t-il fébrilement.


Plus il s'approchait, plus l'expression de tristesse et d'horreur sur son visage devenait visible.
Ben Sirah reconnut alors très rapidement l'esprit influençable de ce jeune homme en proie à de terribles doutes. Il sera donc facile de lui faire naître une nouvelle conscience. Autrement dit, il est bien plus prêt à accueillir sa pensée que ses autres collègues.
Le jeune homme prit son courage à deux mains et s'approcha de Ben pour l'empoigner et l'emmener.
Mais Ben se releva d'un geste vif et les deux hommes se retrouvèrent face à face. Le vagabond était bien plus grand, plus impressionnant. Pourtant, il tendit les deux poignets liés devant lui, prêts à se faire emmener, mais le fixa d'un regard voulant dire "As-tu le cran de le faire ?". Le jeune homme l'emmena alors tièdement.

Sur le chemin Ben en profita pour lui demander

- Est-ce vraiment ainsi que tu souhaites vivre ?

Le jeune homme ne fit pas attention. De nombreuses personnes lui avaient déjà fait des sermons de ce genre, les femmes prisonnières en particulier. Le traitant de lâche et parfois de monstre pour laisser toutes ces horreurs se commettre.
Mais Ben choisi une autre direction. Il ne parla pas à la culpabilité et à son désir de rédemption, mais à sa fierté et son indignité.

- Tu devrais avoir honte de faire partie de ces gens. Non pas, car tu alimentes un mal des plus sordide, mais parce que c'est ta propre personne qui se voit rabaisser par ces vers de terre qui ne mériterait que de subir ton courroux. Tu ne peux pas les laisser exister plus longtemps. Ils entachent ta dignité, ton honneur, la puissance de ta volonté et l'exaltation de tes valeurs. Tu dois les faire disparaître de la surface de la terre et afin de préparer cette dernière à devenir un royaume où ils n'auront plus leur place !


À la fin de son discours, ils venaient tous les deux d'atteindre la nouvelle cellule où une étrange créature marine s'enjaillait déjà de recevoir de la visite. Le jeune se figea pendant de longues minutes, repensant à chacune de ses paroles, l'œil tremblant et l'âme troublée.
Puis il fit une chose étrange : il ouvrit la cellule, le fit entrer. Puis lui délia les cordes qui attachaient ses poignets.

Le jeune homme dit à Ben.
- Faîte semblant d'avoir les mains liées.


Ce a quoi le vagabond répondit.
- Si tu possèdes un dieu alors ordonne-lui l'incertitude qui t'accable. C'est grâce à ce sentiment que tu te grandiras.

Le jeune homme referma la cellule, toujours troublé. Et s'en alla.

Ben le regarda partir avant de se faire interrompre par cette créature qui semblait se soucier de son état de santé d'une manière étrangement intéressante. Comme s'il avait étudié depuis peu le fonctionnement du corps humain. Le vagabond choisi alors de lui répondre alors comme s'il lui enseignait son fonctionnement.

- Pour ce qui est du bouche à bouche, je préférerais éviter, dit-il en s'asseyant, en revanche si vous avez de quoi manger, j'en serais ravi ! Un corps humain aussi, bien battis, soit-il, ne peut survivre bien longtemps sans alimentation.


Maintenant, qu'il y pense, sa présence allait peut-être lui permettre de répondre à une question qui le hante depuis des années maintenant. Une question qui concerne directement toute la philosophie qu'il s'est créée depuis l'enfance.


(c)LOKIA
Ven 23 Déc - 16:42
« De quoi manger ? Voyons voir. »

Le bon Zvintoch le 19ème, de par son anatomie tritonne et ses origines abyssales, était tout à fait habitué à consommer peu de nutriments. Il calculait ses apports caloriques au milligrammes près, comme le veut la tradition de la cuisine des profondeurs ; et lorsque se présentait un excédant, il le conservait soigneusement dans ses poches afin de compléter la ration du lendemain. Vois-tu, affamer un prince des profondeurs serait un crime odieux, si ça n'était pas physiquement quasiment impossible.

« Que diriez vous de cet agrégat de farine et d'eau ? » demande Zvintoch, en présentant à son nouveau colocataire une miche de pain presque entière, sortie de l'intérieur de sa veste. Ses ravisseurs étaient fort heureusement généreux en ce qui concernait son alimentation : deux morceaux de pain et quatre bols d'eau par jour, quel festin !

Et en le remerciant chaleureusement, voici l'humain rustique qui attrape le pain et le savoure goulument. Lui bien sûr, et son anatomie moins optimisée, il a besoin de trois repas par jour, c'est ainsi. Et c'est inquiétant, car ces barbares ne comptent surement pas s'embêter à satisfaire ses besoins quotidiens en nutriments. Eh bien, oui, regarde le... Si pauvrement habillé, si misérable, si rachitique, ce ne sont pas ces scélérats qui l'ont mis dans cet état-là... Le bon Zvintoch se doute bien qu'il n'a pas affaire à un bien-né.

C'est un vagabond, un mendiant ? pense-t-il en sa langue natale, Mais pourtant, il a le regard de l'un de ces intellectuels que l'on rencontre ici et là dans les grandes cités humaines.

Quel curieux mélange. Difficile de déduire de son apparence sa fonction précise dans la société humaine...


Il présente un mélange de traits trop... discordants ! Et Zvintoch l'a bien entendu s'exprimer : un verbal courtois, raffiné et cohérent, un verbal qui n'a rien à voir avec la bouillie verbale servie par ses ravisseurs depuis une semaine. C'est intriguant, TELLEMENT intriguant, après avoir passé une semaine dans l'isolement le plus complet, cet humain est le pic de curiosité dont le Prince Triton avait besoin pour revenir à la vie ! Demandons lui donc de raconter son histoire, tandis qu'il ravage son morceau de pain.

Mais évidemment pas sans avoir préalablement décliné son propre statut !

« Permettez moi de me présenter. Je me nomme Zvintoch le 19ème Tzalvalz'Vorgul, 19ème fils de l'impératrice Chterl la 41ème Tzalvalz'Vorgul . Prince et Ambassadeur de l'Empire Triton, en mission pour décortiquer les ficelles de la société humaine et rapprocher le peuple des Abysses de ceux de la Surface ! »

Sur un ton enjoué qui contraste avec la misère ambiante, Zvintoch étale ainsi son identité et la valeur de la mission, laissant à son interlocuteur peu d'espace pour s'insérer dans son torrent de parole.

« Ces messieurs m'ont capturé tandis que j'étais en mission diplomatique aux alentours de la chaleureuse Aramila, et mes gardes du corps, incompétentes en l'occurrence, n'ont pas su me préserver de leur cupidité. Me voici retenu en otage, en attente que ma rançon soit payée par les autorités aramiliennes. Quel périple ! Ce séjour s'est montré moins instructif que je l'aurais espéré, vous aurez remarqué que nos hôtes sont à la fois peu loquaces et réellement très idiots, en plus d'être promis à l'extermination si les miens découvrent ma situation et décident de me libérer par eux-mêmes ! Hahaha, nous verrons bien ! »

Et le torrent de parole soudainement s'apaise, car la curiosité de Zvintoch reprend le dessus. Maintenant qu'il a mis son interlocuteur au courant de son statut et de son contexte, il va ADORER l'écouter exposer les siens.

« Pardonnez moi ! J'aime beaucoup parler, c'est dans ma nature, mais j'aime encore plus écouter. Comment vous êtes vous retrouvé dans cette cage ? »

Et le bon Zvintoch le 19ème tend avec impatience son appendice auditif. Il espère, désespèrement peut-être, que cet étrange vagabond dans sa toge se montre aussi bavard que lui. Car sans relations sociales enrichissantes, un Ambassadeur Triton dépérit, possiblement jusqu'à la léthargie ; c'est la seule manière de l'affamer.