The women who bought the world [Nostel & Ekaterina]

Mar 7 Jan - 1:17

Mercenaire est un mot si peu agréable. Tu préfères des termes comme "militaire à vendre", "régleur de problème" ou encore "assistant en sécurité et défense". Oui, Opale a une milice, et tu peux la diriger - de très loin - mais ils ne sont pas toujours les plus... compétents. Sans compter que leur indépendance a des avantages, surtout quand il s'agit de "rendre visite" aux autres cités. Ça n'est pas de l'interférence, simplement un test de sécurité. C'est bon pour eux.
Mais la n'est pas la raison de ta recherche de professionnels. Si ton entreprise dispose de sa propre sécurité et de ses experts, quand il s'agit de la Brume ça devient un tout autre sujet.
Il est important de se tester les nouvelles inventions en conditions réelles. Même si tu ne diriges plus forcément sur place, tu prends toujours une partie intégrale sur les préparations et le plan en amont. Une bonne organisation garantit - ou a défaut, favorise - le succès.

"Vous avez un beau palmarès, miss. S'il n'y a pas de mensonge, bien sûr."

Ce qui est le meilleur moyen de se faire rejeter, quand on est un mercenaire. De perdre toute crédibilité. Si elle n'avait aucune compétence remarquable, elle ne serait pas devant toi. Les nazes, tu les envoies à tes sbires. Ton temps est la ressource la plus limitée de l'entreprise.

"Si vous êtes ici, c'est que vous êtes assez informée pour écouter les bons canaux de communications."

Ce qui est un bon signe.

"Quelles sont vos expériences avec la Brume ?"

Pas la peine de tourner autour du pot, c'est inutile. Ça n'est pas comme si elle va s'amuser à se présenter, ou comme si c'est important.

Sam 11 Jan - 20:12

The women who bought the world

Nouvelle employeuse ? en compagnie d'Ekaterina Excelior

Opale était un bon coin pour se réapprovisionner. Plus qu'Aramila, notamment. Ici, les gens ne boudaient pas la technologie. Nostell s'en était rendu compte lors de sa dernière visite. Seule et unique visite, à vrai dire...
Rien n'est éternel. Les cités, les cultes, les contrats. Les employeurs non plus.
En même temps qu'effectuer ses achats - principalement des balles et des couteaux -, elle avait pour objectif de trouver un autre arbre à secouer, rempli de fruits bien juteux. La strigoi s'était donc tournée vers ce qu'elle supposait être une mine d'or, au mieux un filon prometteur. Une entreprise qui avait su tirer son épingle du jeu en cette époque embrumée.
Excelior Motors, des concepteurs de véhicules tout-terrain adaptés aux expéditions dans la Brume.
Avant de leur faire parvenir son CV, l'ex-Ombre - qui n'avait pas mentionné son passé d'espionne et d'assassine à la solde d'une organisation criminelle xandrienne qu'elle avait fini par déserter - s'était bien entendu informée sur ses activités ainsi que sur son histoire.
Rien de bien compliqué pour une fouineuse de son calibre...
Et ensuite ? Ça n'a pas traîné.
L'entreprise en question avait dépêché un émissaire pour la retrouver. Il ne s'était pas écoulé une demi-journée avant que le bonhomme se fut présenté à son hôtel pour la convier à cet entretien.
Un face à face avec la matriarche en personne ? Moi qui m'attendais à obtenir une modeste entrevue avec un simple intermédiaire - dans le style responsable des ressources humaines.
Cela signifiait sans doute qu'on la prenait très au sérieux.
Il y a de quoi se sentir flatter.
Comme à son habitude, elle n'en montrait rien. Un visage fermé au possible où ne transparaissait pas l'ombre d'une vaguelette d'émotion.
Bien droite, installée sur une chaise devant le bureau d'Ekaterina Excelior, Nostell An'mbeidh écoutait et fixait sa congénère sans ciller. Elle n'avait pas bougé d'un millimètre depuis qu'on l'avait conviée à s'asseoir.
La cheffe d'entreprise s'intéressa à son palmarès, à priori très engageant.

- L'on destine les mensonges à nos ennemis, et très rarement à nos amis.

Peut-être un petit peu plus couramment que cela. Nostell, pour des raisons pratiques, préférait le mensonge par omission. La mercenaire ne disait pas toute la vérité, autant pour se protéger des autres que pour les protéger d'elle-même. Une Ombre, à l'origine, n'est pas censée faire bande à part. Généralement, on se fait fort de la supprimer avant de la voir prendre son envol. Engoulevent - de son ancien nom, gagné à force de meurtres et de précieux renseignements glanés - avait été plus maligne que ça ; elle avait éliminé les suppôts chargés de sa surveillance en vue d'obtenir un répit, puis en avait profité pour s'éloigner des radars en rejoignant Aramila. Ses supérieurs n'y avaient vu que du feu - preuve en est sa survie. Comment auraient-ils pu se douter qu'une strigoi, loin d'être à l'aise en terres ensoleillées, éluerait domicile en un pareil endroit ?
L'acclimatation n'a pas été facile.
Comme toute suceuse de sang - quoiqu'elle avait produit beaucoup d'efforts pour parvenir à s'en passer - Nostell ne supportait pas les fortes chaleurs. Oh ! elle avait d'ailleurs déboursé une bonne partie de ses économies, au sein de cette ville, dans un commerce obscur, pour se dégoter un cristal de Tempérance.
Je sais : c'est là ce qu'on appelle un aveu de faiblesse.
Précautionneuse et prudente, la strigoi était parfaitement consciente de ses limites.
Il était temps de revenir au moment présent, soit l'entretien avec la directrice en personne.

- Les bons canaux de communication ont le mérite d'être rentable. En les boudant, je ne serais certainement pas ici devant vous, à l'heure qu'il est.

Plutôt quelques ruelles plus loin, assise sous l'enseigne d'un magasin, avec un gobelet à la main au fond duquel, avec un peu de chance, s'empileraient de misérables piécettes...
Ou bien dans les égouts, à se nourrir exclusivement de sang de rats de la taille d'un chat.
Une situation de décrépitude qu'elle avait connu dans sa prime jeunesse, avec d'autres enfants un peu plus grands qu'elle. Dont un qu'elle avait été contrainte d'affronter à mains nues, qu'elle avait finir par tuer sous les yeux de ses sombres évaluateurs, non sans s'abreuver de son sang chaud à même sa gorge trouée. C'est après s'être ainsi donné en spectacle qu'on l'avait enrôlée de force dans le Berceau des Ombres, avec d'autres monstruosités de sa trempe. Une longue formation au cours de laquelle bon nombre de ses concurrents ont eux aussi péri, comme feu leurs victimes en bas âge.
Comment oublier ? La réponse est cruellement simple : on ne le peut pas.
Malgré tous les meurtres qu'elle avait commis, Nostell avait conservé en mémoire le visage de sa toute première victime. Un gosse famélique. Un orphelin qui n'avait pas pu grandir. Elle arrivait encore à discerner la peur dans ses yeux exorbités, avant qu'ils ne perdent tout leur éclat.
Toute lumière finit par décliner avec le temps.
Un jour viendra son tour.
Un jour de délivrance pour une Ombre révolue ?
Ekaterina Excelior s'intéressait à un passé plus récent que celui d'une enfance gâchée.
Son expérience dans la Brume, donc.

- Par deux fois, je m'y suis confrontée, déclara-t-elle. Jamais seule, ceci dit. Toujours en équipe. Et, si vous voulez vraiment mon avis, seuls les fous et les ignorants se risqueraient à surmonter ce genre de péripéties sans un soutien fiable.

Son premier contact avec la Brume était presque aussi traumatisant que son tout premier homicide.
Même en rameutant ces souvenirs à sa mémoire, Nostell parvenait à soutenir le regard de son interlocutrice.

- Cette équipe et moi, nous avons exploré les anciennes terres de Ciccada, loin au nord de l’Enclave, à des lieues de Dainsbourg. Là bas, la Brume y est, comme vous l'avez deviné, omniprésente. Vous n'en voyez que l'épais manteau mais vous la sentez très bien, qui flotte autour de vous. La Malicieuse, comme on l'appelle, commence alors par vous observer, par vous évaluer. En sa compagnie, il ne faut jamais baisser la garde, car elle a tôt fait de vous envoyer ses forces. Celles-ci paraissent inépuisables - autant que l'est la vie en Uhr. Décapodes, gobelins sauvages, Mères des Morts, jiangshis, incubes, blumeux ou encore gargouilles... autant de créatures qui dépendent du biome où vous vous trouvez. D'intrépides obstacles, disposés à démonter vos précieux véhicules dans l'espoir de dévorer, voire même de posséder, ceux qui ont eu malheur de s'y abriter.

Tous ces monstres qu'elle avait cités, Nostell les avait bel et bien rencontrés. Parfois même combattus. Elle n'était pas entré dans les détails. En deux expéditions, il y en avait pourtant beaucoup - largement de quoi constituer une chanson.

- Les balises électrogènes absorbent la Brume et protègent ceux qui se trouvent dans son halo, mais ne vous y trompez pas : elles ne sont point infaillibles. Entre de mauvaises mains, elles ont vite fait de se briser, laissant alors tout un groupe d'explorateurs sans défense. C'est pourquoi, au milieu de cette équation, les mercenaires comme moi ne sont jamais de trop.

Les moins doués meurent là où les meilleurs subsistent. Nostell n'était certes pas la meilleure mais, pour avoir survécu à ses deux voyages, elle avait gagné sa place parmi les vaillants. Ou, selon ceux qui tiennent vraiment à vivre une existence sans péril, les cerveaux dangereusement embrumés.

Hier à 21:20

La vérité n'est qu'un mensonge plus direct. Il faut toujours vérifier les informations, ne jamais faire entièrement confiance aux autres. Et garder des secrets est plus qu'important. Quant aux amis, ce sont les personnes à surveiller en priorité. Et par exemple, faire une remarque à ce sujet ne serait que lui donner des idées.

"Et vous seriez certainement chez l'un de mes concurrents ou un de mes collègues du conseil."

Après tout, l'argent et le talent n'ont pas d'odeur, c'est ce que tu répètes toujours. Personne ne joue franc jeu. Ca serait stupide et perdre de la puissance.

"Si vous me disiez que vous participez seule à des expéditions, je vous ferez arrêter pour votre propre sécurité."

Ca serait trop d'effort, tu la laisserait crever toute seule, bien évidemment. Mais écoute la, ca t'intéresse. Surement.
Elle doit légèrement oublier à qui elle cause, mais ça reste un bon palmarès. Ce n'est pas parce que tu ne diriges plus des explorations sur place que tu ne restes pas informée. En fait, tu pourras la former. Mais pas une mercenaire avec une intégrité plus que limitée. Les connaissances se vendent à des personnes de confiance.

"C'est bien, certaines choses ne changent pas. Ravie d'entendre que certains incapables continuent de se faire avoir. La sélection naturelle est incroyable, n'est ce pas ?"

Sélection naturelle qui a failli s'occuper de toi. Ou alors elle a compris que tu mérites bien plus que ce triste sort. La chance était de ton côté. Quant aux meilleurs, ils en ressortent. Ce qui ne tue pas rend plus mort. Et on apprend toujours des morts.

"Des mauvaises mains comme les vôtres, n'est ce pas ?"

Tu es prête à le parier. Mais ça n'est pas très important. Au contraire, en être particulièrement consciente signifie être sur ses gardes.

"Mais ce n'est pas d'une simple patrouille ou d'une simple patrouille que je demande. On parle d'exploration. Et d'autres détails que je ne peux vous expliquer qu'une fois que vous signez ce papier."

Que vaut un contrat dans ce bas monde ? Justement.

"Rassurez-vous, ce n'est pas pour vous engager. Mais j'en ai besoin pour continuer. Le seul ordre est de ne jamais discuter de ce que vous allez entendre, sauf avec les personnes autorisées. Pas d'inquiétude, nous vous retrouverons toujours."

C'est une menace tu ne le dissimule pas. A quoi bon ? Elle est maligne.