Astrebrume

Alexia Oniarth a écrit:

Impact

Pour une fois, Alexia n'était pas occupée à soigner quelqu'un à l'article de la mort. Elle n'était même pas là en tant que médecin, mais simplement comme voyageuse. Depuis plusieurs semaines, elle errait au gré de ses envies, et ses pas l'avaient finalement menée jusqu'à son village natal. Son maître, ravi de la revoir, l'accueillit chaleureusement, bien qu'un peu surpris de la retrouver si rapidement. Avec un sourire coupable, la renarde l'avait enlacé tendrement, confessant qu'il était parfois difficile de couper le cordon qui nous lie à nos racines.

La joie d'Alexia fut immense en découvrant que, malgré ses mois d'absence, son maître avait conservé sa petite chambre en parfait état. Elle se laissa envahir par les souvenirs de son enfance et de son adolescence, allongée confortablement sur le lit étroit où elle avait grandi, une douce mélancolie l'enveloppant.

Elle passa plusieurs jours auprès de lui, savourant chaque instant de leur complicité. Ils échangèrent de longues conversations, Alexia racontant les nombreuses vies qu'elle avait sauvées et l'accueil chaleureux des habitants des villages qu'elle avait traversés. Son maître, silencieux, écoutait avec attention, ses yeux débordant d'une tendresse paternelle qu'il ne s'était jamais retenu de lui montrer. Ce temps de repos, bien que court, permit à Alexia de retrouver des forces. Au bout d'une semaine, elle quitta le village avec un grand sourire, prête à affronter de nouveau le monde. Elle savait qu'elle reviendrait toujours ici. Ce village, ce foyer, était gravé en elle.

Elle rejoignit une caravane qui se rendait à Xandrie, s'installant à l'arrière d’un chariot. Le vent caressait son visage tandis qu’elle se laissait porter, contemplative. Après plusieurs heures de voyage, ils firent halte dans un petit village en périphérie de la grande cité. Alexia fut saisie par la vision des imposantes murailles de Xandrie, visibles à l'horizon. Majestueuses et intimidantes, elles se dressaient comme une barrière entre le monde rural qu’elle connaissait et l’inconnu qu’elle s’apprêtait à découvrir.

Avec l'argent qu'elle avait soigneusement économisé, Alexia loua une chambre dans une auberge située au centre du village. Elle s'accorda un dernier jour de repos avant de reprendre son périple. Du moins, c'était son intention, jusqu'à ce qu'un bruit étrange et inquiétant vienne troubler le calme.

Cela ressemblait au sifflement furieux d'un serpent géant. Intriguée et légèrement angoissée, Alexia sortit précipitamment de sa chambre et de l’auberge. Comme les autres villageois, elle leva les yeux vers le ciel, pétrifiée. Une masse argentée descendait rapidement, telle une étoile filante prête à s'écraser sur terre. Alors que la panique gagnait la foule et que beaucoup fuyaient, Alexia resta figée, incapable de bouger. Ses jambes refusaient de la porter, et son cœur battait à tout rompre.

Le choc fut violent. Un fracas assourdissant ébranla le sol, suivi du tremblement de quelques maisons proches. Tandis que les villageois se barricadaient dans leurs demeures, Alexia, tremblante, regardait fixement le cratère formé par l'impact. Elle distingua une silhouette humanoïde : deux bras, deux jambes, une tête. Curieuse malgré sa peur, elle s'approcha à pas lents.

Sa gorge se serra lorsqu'elle aperçut la forme de plus près. Ce n’était pas un homme, du moins pas comme elle en avait connu. Son corps était entièrement constitué d'acier et d'autres matériaux qu'elle ne pouvait identifier. Sa tête ressemblait davantage à un canon d'arme qu'à un visage humain. La créature ressemblait à une étrange fusion entre une machine et un être vivant.

Malgré son appréhension, Alexia s'accroupit près du cratère, ignorant les murmures incrédules des villageois qui l'observaient de loin. Elle examina la créature, cherchant en vain une ouverture ou un mécanisme pour retirer ce qu’elle pensait être une armure. N'y trouvant rien, elle finit par secouer doucement la chose.

— Vous m'entendez ? Vous... vous êtes vivant ?

Sa voix était faible, incertaine, mais c’était tout ce qu’elle parvint à dire. C'était la première fois qu’elle rencontrait un androïde, une créature dont elle ignorait jusqu'à l’existence. En réalité, cela n’était pas surprenant : son éducation et son isolement dans les campagnes profondes ne l'avaient jamais préparée à ce genre de découverte. Son maître, aussi bienveillant soit-il, ne lui avait jamais parlé de ces "êtres" capables de penser et de parler comme les humains.

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Alexia Oniarth a écrit:

Découverte

Alexia observait avec une appréhension mêlée de curiosité la créature d’acier, inerte, qui gisait devant elle. Elle n’osait bouger, se demandant si cette étrange entité était encore "vivante" – si tant est qu’on pouvait qualifier une chose pareille de vivante. Alors qu’elle s’apprêtait à se relever, un mouvement furtif lui glaça le sang. Les doigts métalliques de la créature s’animèrent soudain, s’articulant avec une lenteur mécanique.

Elle réprima un cri de surprise lorsque l’entité se redressa dans un grincement sinistre, semblant peiner sous le poids de ses propres dégâts. Bien que cabossée, elle tenait encore debout, contre toute attente. Alexia, éberluée, ne pouvait que se demander comment une telle chute n’avait pas réduit cette chose en pièces.

Cependant, ce fut son dialecte étrange qui la troubla davantage. La voix qui émanait du canon en guise de tête était déconcertante – impersonnelle, sans le moindre mouvement de lèvres. Cette étrangeté lui donna la chair de poule, mais elle comprit rapidement ce qu’il cherchait à savoir.

— Oh, euh... N... Non. Personne n’a été blessé, mais... mais vous auriez pu tomber sur une maison…

L’entité ne répondit pas immédiatement, et déjà les villageois, alarmés par le vacarme, sortaient de leurs habitations. Certains étaient simplement curieux, d’autres manifestaient clairement leur mécontentement d’avoir été ainsi effrayés. Alexia, toujours méfiante, se redressa lentement, tapotant sa robe pour en retirer la poussière qui s’y était accrochée lorsqu’elle avait posé un genou au sol.

— Je ne crois pas que vous trouverez un ingénieur ici. Peut-être un forgeron... mais je ne suis pas d’ici, alors je ne saurais le dire avec certitude. Par contre, Xandrie n’est pas très loin. Là-bas, vous pourriez sans doute trouver de l’aide.

La créature se redressa finalement de toute sa hauteur, imposante et presque irréelle. Ses doigts métalliques, d’une précision effrayante, se tendirent vers Alexia, et de sa voix froide et mécanique, elle prononça un mot avec clarté : MORD3941.

Était-ce... son nom ? Une désignation étrange, certes, mais pourquoi pas ? Peut-être était-ce ainsi que l’on nommait les êtres comme lui. Alexia, bien que troublée, sentit une vague de curiosité prendre le pas sur sa crainte. Elle tendit timidement la main pour serrer celle de l’androïde, notant la froideur et la rigidité du métal contre sa paume.

— Je suis Alexia… Enchantée…

Elle retira rapidement sa main et fit un pas en arrière, continuant à observer cette étrange créature avec prudence. Ses yeux améthyste parcouraient la surface cabossée et marquée du corps métallique, cherchant des indices sur ce qu’elle avait sous les yeux.

Après un moment d’hésitation, elle finit par demander, sa voix trahissant un mélange de curiosité sincère et de nervosité :

— Pardon, mais... vous… vous êtes quoi, exactement ? Euh, Mord ? Je n’ai jamais vu quelque chose comme vous. Et... pourquoi êtes-vous tombé du ciel ?

Parmi l’avalanche de questions qui envahissait son esprit, celles-ci furent les seules à franchir ses lèvres. Qui était-il – ou quoi était-il ? Pourquoi s’écraser ainsi sur leur paisible village ? Ces interrogations, naïves peut-être, reflétaient l’innocence d’une jeune renarde venue d’un village reculé. Mais elle n’y pouvait rien : elle voulait comprendre. Peut-être qu’en obtenant des réponses, elle réussirait à calmer l’inquiétude sourde qui la tenaillait.

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Alexia Oniarth a écrit:

Découverte mutuelle

Alexia laissa peu à peu sa méfiance s’effacer, ses épaules jusque-là crispées se relâchant en présence de l’automate. Celui-ci, malgré sa nature intrigante, répondait à ses questions sans la moindre hostilité. La jeune renarde, d’une nature douce mais empreinte de prudence, avait toujours eu besoin de temps pour apprivoiser les situations nouvelles, surtout celles qui brisaient le moule de son quotidien. Ce voyage, entrepris pour sortir de son cocon protecteur et s’ouvrir au vaste monde, était une aventure aussi exaltante qu’éprouvante. Chaque jour la confrontait à des expériences qu’elle n’aurait jamais imaginées vivre dans son village reculé.

Ce n’était pas toujours une promenade de santé. Elle se souvenait des nuits où elle s’endormait, l’estomac noué par l’inquiétude, guettant les bruits suspects dans l’obscurité. Pourtant, jusqu’ici, elle avait tenu bon, évitant de céder à la violence ou au désespoir. Chaque obstacle surmonté la rendait plus forte, même si les cicatrices invisibles de la peur restaient gravées en elle.

Elle écouta attentivement Mord parler de ce qu’il était. Un automate, donc. Ce mot réveilla un souvenir enfoui, une leçon lointaine de son maître. Les automates, avait-il expliqué, étaient des êtres artificiels, forgés par des mains humaines et dotés d’une conscience façonnée par l’ingéniosité mécanique. Ils imitaient la vie de manière troublante, mais restaient des machines, incapables de ressentir les émotions qui animaient les vivants. Une lueur d’appréhension traversa ses yeux, mais elle la repoussa rapidement. Mord, après tout, n’avait montré aucune hostilité.

— Je vois… murmura-t-elle, un brin songeuse. L’important, c’est que vous soyez en un seul morceau. Ce genre de chose ne doit pas être agréable, même pour quelqu’un comme vous.

Elle s’interrompit, incertaine. Pouvait-il seulement ressentir la douleur ou la peur ? Son enveloppe de métal semblait indifférente aux blessures, mais elle se surprit à s’interroger sur la complexité de son esprit. Mord leva alors son totem, révélant qu’il venait de Xandrie. À cette mention, un sourire doux et sincère effleura les lèvres d’Alexia. Elle désigna le sabre qui pendait à sa ceinture, décoré du symbole de l’armée de Xandrie.

— Je n’ai jamais eu l’occasion de m’y rendre, mais mon maître en est originaire, dit-elle d’une voix empreinte de nostalgie. Il m’a souvent parlé de Xandrie, toujours avec respect, bien que teinté d’une certaine réserve. Alors, vous y avez été… construit ?

Le mot lui sembla étrange à prononcer, presque froid, mais elle n’en voyait pas d’autre. Mord n’avait pas grandi comme elle l’entendait ; il était une création de cette cité fascinante. Son regard s’attarda un instant sur lui, cherchant des indices sur ses origines dans l’étrange mélange de métal et de mystère qu’il incarnait. Mais ses pensées furent interrompues par sa remarque concernant son apparente nervosité. Alexia se figea légèrement, une pointe de gêne lui traversant l’esprit. Était-elle si transparente ? Elle détourna brièvement les yeux, comme pour reprendre contenance, avant de se retourner vers lui avec une détermination hésitante.

— Je loue une chambre à l’auberge, dit-elle doucement, presque comme une offre fragile. Si vous le souhaitez, je peux vous y accueillir cette nuit. Peut-être pourrais-je même vous être utile, qui sait… Demain, le convoi repartira pour Xandrie. Vous pourriez faire route avec eux. Qu’en pensez-vous, Mord ?

Elle hésita, mais son ton trahissait une sincérité désarmante. Même si elle ne savait pas si un automate pouvait vraiment avoir besoin d’aide, elle estimait que toute forme de vie, naturelle ou non, méritait un geste de bonté. Les paroles de son maître résonnaient encore en elle : "Chaque vie a sa valeur, Alexia, même celles que l’on ne comprend pas immédiatement." Ces mots guidaient ses actions, et elle choisit de s’y accrocher à cet instant.

Codage by Littleelda from Never Utopia