Mer 4 Déc - 19:06
Plante-moi si tu peux
Mise en bouche
A chaque nouveau pas, elle avait la sensation de s’enfoncer un peu plus dans la boue. Le sol de ce sentier éloigné n’était que terre battue et visqueuse, accompagnant ses pieds d’une symphonie de “splosh” humide. Le froid mordant transformait le moindre souffle en buée dense et argentée. Son manteau de fourrure blanche ne parvenait pas à bien contenir le frimas - il ne faisait heureusement pas froid au point de geler, mais suffisamment pour qu’elle ne puisse s’en passer.
Quel bourbier.
Voilà deux semaines qu’elle était sur la route, petite pivoine des salons, l’héritière Fà que l’on voyait plus facilement danseuse que aventurière. Une façade? Certainement pas: elle était tout de la princesse, et rien du soldat.
Et pourtant… Au commencement de cette nouvelle aventure, dans le cœur du manoir qui servait autant de nid à sa famille de vipères que de vitrines à ses sombres transactions, elle et Hong-Lan, son père, avaient fait le tour des réserves de leur famille. Fioles après fioles de liquides, de poudres, de pétales et de ronces. Séchées, cueillies, bouillies, fanées, macérées, broyées. Des glandes. Des crocs. Des griffes. Parfois, des spécimens entiers sont conservés dans du formol. Un cabinet de curiosité que seuls leurs yeux pouvaient voir, palais interdits des plus obscurs substances.
Et dans ces rangées profanes, un nom, un mystère: le cœur d’épine. Mystère agricole, botanique oubliée… Une légende avant d’être une réalité.
Mais un mystère qui peut rapporter gros… Experts en poisons, n’étaient-ils pas une lignée forgée dans l’arsenic, coulée dans le cyanure? Ses yeux avaient déjà le reflets du mercure. Le cœur d’épine n’était qu’un échos dans les lignes des experts, un nom légendaire murmuré par quelques aventuriers et quelques témoins, rares et rescapés, de la furie de ses ronces. Et ce qu’on en racontait faisait froid dans le dos: des boutons de rose, les bras perclus d’épines, s’acharnant sur les hardis qui osaient s'attarder un peu trop sur son territoire. Essaim intelligent, esprit de ruche? Déjà, les hypothèses s’alignaient sans trouver de réponses. Hong-Lan passa l’étagère vide sans plus d’attention. Mais pas elle.
Petite pivoine des salons, tu es bien délicate, mais ce n’est que pour mieux cacher ton avidité. Tu ne t’arrêteras qu’après avoir dompté le monde entier.
Ainsi s’était-elle préparée à partir à l'assaut de cette créature de légende. Sa seule erreur? Partir seule. Et aujourd’hui, sous son manteau et son ombrelle, à quelques mètres de la Brume, à quelques mètres du Bois Rouge, elle le regrettait amèrement.
Hu-Gong, ralentit. Demanda-t-elle avec une douceur crispante, le venin coulant sous ses mots de miel.
Presque immédiatement, un mouvement dans les fourrés alentours cessa brusquement, et les buissons s’écartèrent presque aussitôt pour révéler le corps musclé et membraneux d’un venigon, les pattes dehors et la collerette lumineuse, et dans la gueule, un lapin dont la nuque était jonchée de sang.
Tu fais bien de manger maintenant, dans quelques mètres, on ne sait pas ce qu’on trouvera. Contrairement aux apparences, la créature n’était pas belliqueuse: et pour cause, le reptile était un des précieux familiers de la Dame. Le premier? Une salamandre dorée lovée dans son cou. Le vénérable Huang-Long aux écailles d’or n’était pas très actif, mais c’était pour mieux cacher son caractère capricieux.
N’était-ce pas un trait de famille? Nos trois personnages étaient davantage reptiles qu’autre chose.
Lan-Lan contempla alors la route, sa carte dans les mains, un gribouillis qu’un local avertis avait dessiné pour elle. Prétendument, un Cœur d'Épines se trouvait plus loin, sur cette route, loin, très loin dans la Brume. C’était bien sa veine… Nous repartons. Hu-Gong, mange vite. Ordonna-t-elle avant de repartir. La route était encore longue.
Qu’est-ce qu’il ne fallait pas faire pour la science… des poisons?
Quel bourbier.
Voilà deux semaines qu’elle était sur la route, petite pivoine des salons, l’héritière Fà que l’on voyait plus facilement danseuse que aventurière. Une façade? Certainement pas: elle était tout de la princesse, et rien du soldat.
Et pourtant… Au commencement de cette nouvelle aventure, dans le cœur du manoir qui servait autant de nid à sa famille de vipères que de vitrines à ses sombres transactions, elle et Hong-Lan, son père, avaient fait le tour des réserves de leur famille. Fioles après fioles de liquides, de poudres, de pétales et de ronces. Séchées, cueillies, bouillies, fanées, macérées, broyées. Des glandes. Des crocs. Des griffes. Parfois, des spécimens entiers sont conservés dans du formol. Un cabinet de curiosité que seuls leurs yeux pouvaient voir, palais interdits des plus obscurs substances.
Et dans ces rangées profanes, un nom, un mystère: le cœur d’épine. Mystère agricole, botanique oubliée… Une légende avant d’être une réalité.
Mais un mystère qui peut rapporter gros… Experts en poisons, n’étaient-ils pas une lignée forgée dans l’arsenic, coulée dans le cyanure? Ses yeux avaient déjà le reflets du mercure. Le cœur d’épine n’était qu’un échos dans les lignes des experts, un nom légendaire murmuré par quelques aventuriers et quelques témoins, rares et rescapés, de la furie de ses ronces. Et ce qu’on en racontait faisait froid dans le dos: des boutons de rose, les bras perclus d’épines, s’acharnant sur les hardis qui osaient s'attarder un peu trop sur son territoire. Essaim intelligent, esprit de ruche? Déjà, les hypothèses s’alignaient sans trouver de réponses. Hong-Lan passa l’étagère vide sans plus d’attention. Mais pas elle.
Petite pivoine des salons, tu es bien délicate, mais ce n’est que pour mieux cacher ton avidité. Tu ne t’arrêteras qu’après avoir dompté le monde entier.
Ainsi s’était-elle préparée à partir à l'assaut de cette créature de légende. Sa seule erreur? Partir seule. Et aujourd’hui, sous son manteau et son ombrelle, à quelques mètres de la Brume, à quelques mètres du Bois Rouge, elle le regrettait amèrement.
Hu-Gong, ralentit. Demanda-t-elle avec une douceur crispante, le venin coulant sous ses mots de miel.
Presque immédiatement, un mouvement dans les fourrés alentours cessa brusquement, et les buissons s’écartèrent presque aussitôt pour révéler le corps musclé et membraneux d’un venigon, les pattes dehors et la collerette lumineuse, et dans la gueule, un lapin dont la nuque était jonchée de sang.
Tu fais bien de manger maintenant, dans quelques mètres, on ne sait pas ce qu’on trouvera. Contrairement aux apparences, la créature n’était pas belliqueuse: et pour cause, le reptile était un des précieux familiers de la Dame. Le premier? Une salamandre dorée lovée dans son cou. Le vénérable Huang-Long aux écailles d’or n’était pas très actif, mais c’était pour mieux cacher son caractère capricieux.
N’était-ce pas un trait de famille? Nos trois personnages étaient davantage reptiles qu’autre chose.
Lan-Lan contempla alors la route, sa carte dans les mains, un gribouillis qu’un local avertis avait dessiné pour elle. Prétendument, un Cœur d'Épines se trouvait plus loin, sur cette route, loin, très loin dans la Brume. C’était bien sa veine… Nous repartons. Hu-Gong, mange vite. Ordonna-t-elle avant de repartir. La route était encore longue.
Qu’est-ce qu’il ne fallait pas faire pour la science… des poisons?
Dernière édition par Lan-Lan Fà le Mar 17 Déc - 11:28, édité 1 fois
Mar 10 Déc - 11:59
Il ne m’a pas fallu longtemps pour comprendre les imbrications et faux-semblants du Conservatoire vis-à-vis de ces expéditions.
Bien que poussées par le nouveau directeur Hari Ngozi, les membres du Conservatoire restent timides lorsqu'il faut se mouiller les pieds et se salir les mains dans la boue.
En effet, la plupart des scientifiques restent des rats de laboratoire mal à l'aise hors de leurs murs et de leurs sièges à l'abri d'Andoria. La majorité ne cherchent qu'à faire apparaître leurs noms dans les papiers gris afin de gagner une place rapide de biologiste. Titre leur allouant une place bien au chaud loin des investigations de terrains. Peu nombreux sont les chercheurs ayant gardé cette âme des premiers jours pour laquelle l'organisation à été créée.
État de fait que je déplore mais qui a ses avantages. Le premier étant la facilité pour trouver une place lors des expéditions. La seconde m’octroyant un avis positif de mes supérieurs.
Quoiqu'il en soit, pour l'heure, il n'est pas question de réformer cette institution. Je n'en ai pas les moyens à défaut de l'envie.
Pour l'heure, je marche avec ma sacoche en cuir à la main, devancée par deux autres chercheurs avec lesquels les expéditions sont devenues monnaie courante. Tout devant, Camille, une lame à la main, réflexe d’une courte carrière de patrouilleur, sa tenue kaki ne laisse entrevoir qu'un regard vert. Ayant toujours eu un penchant pour la terre, il s'est vite retranché sur une carrière dans le Conservatoire et guide aujourd'hui le trio. Au centre, Maxine, portée sur le règne animal, sa chevelure rouge cascade sur ses épaules tandis que son regard observe le moindre indice. Elle affirme pouvoir reconnaître et différencier la trace de n'importe quelle espèce connue. Camille et moi-même pouvons le confirmer. Son expertise nous ayant déjà évité des rencontres d'infortune.
Cela fait plusieurs jours que nous avons quitté les sentiers connus du Bois Rouge. Plusieurs jours que nous marchons en direction du seul spécimen connu de cette espèce à mi-chemin entre l'animal et le végétal. Plusieurs jours que mes compagnons me bassinent sur la dangerosité de mon choix : le Cœur d'Épines. Même le jury de validation a hésité à foutre leur pauvre tampon à ma requête. Trop dangereux. Trop rare. Trop inconnu. Trop… C'est bien pour cela que l'on fait ce métier non !? Lever le voile sur les secrets de la brume et du monde qui nous entoure. Et, tandis que je me remémore cette scène déplorable de la part du comité, Camille lève le poing. Maxine se place à sa droite et moi de l'autre. En face de nous, les buissons s'animent. J'observe avant de chuchoter un “non” à leurs oreilles. Ici, ce n'est pas de mon ressort. Face à nous, le talus n'est qu'un amas de fougères, de forsythia au jaune vif et de buis. L'examen de la rousse se fait attendre. Le mouvement, dans la végétation, s'intensifie jusqu'à qu'une patte en ressorte. Cette dernière est rapidement suivie d'une sorte d'aile et d'un corps couvert d'écailles à la tête draconienne.
-Oh merde. Un venigon au poison mortel. Cela dit c'est étrange. Il est très loin de chez lui et vivent en meute généralement… Restez sur vos gardes, il y en a peut-être d'autres.
-On fait quoi alors Max’?
-On recule doucement sans mouvement brusque. S'il est tout seul, il ne nous attaquera pas…
-Sauf que là ça bouge encore dans les fourrés Maxine…
-Merde… On devrait pas en croiser ici pourtant !
Mar 17 Déc - 11:30
Plante-moi si tu peux
Mise en bouche
Les heures s’égrainaient, avec elles la sensation grandissante que les bois se refermaient sur elle. La Brume veillait sur son épaule, compagne mutique et malicieuse, ennemie vorace. Elle sentait qu’à chaque pas, elle voulait l’abattre un peu plus.
Heureusement pour elle, sa balise lui permettait de s’offrir un petit répit. Mais pas assez de réconfort pour taire le murmure incessant contre son oreille, celui de se jeter dans la bouche du loup.
Maudite témérité - c’est dans ces instants qu’elle aurait largement préféré hériter d’un trait de caractère plus conciliant. La raison, la lâcheté peut-être. Malheureusement pour elle, c’était davantage une chaotique impulsivité qui coulait dans ces veines, un esprit d’initiative risqué qui n’avait pas manqué de la mettre en péril par le passé et qui ne manquerait pas de lui faire de nouveau défaut à l’avenir.
Alors que la Fà rongeait ses pensées comme un os trop épais, ses dragons profitaient de la marche comme si c’était un chemin de santé. Huang-Long avait quitté son cou pour se dégourdir les écailles, flottant habilement dans l’air embrumé, tandis que Hu-Gong avait comme toujours échappé à tout contrôle pour aller chasser quelques lapins, rongeurs ou chèvres - même si son autorité sur la créature laissait à désiré, la loyauté de celle-ci, elle, n’était plus à prouver. Sur un même pied, se disait-elle. Aucun contrôle ne les liait: seulement une collaboration égale, un profond respect, et un même dessein.
Seulement, contrairement à ses attentes, ce ne fut pas le cri d’une chèvre qui déchira les bois. A la place… Une supplique bien humaine.
Et comme la colombe revenant de la terre promise, Huang-Long se faufila à son tour pour flotter un instant devant ses yeux, avant de s’accrocher fièrement à son cou comme un collier. La vénérable salamandre en avait vu d’autres, dans sa longue existence. Fidèle compagnon des Fà depuis bien des siècles, il n’avait guère la patience de supporter le mauvais caractère du nouveau venu, et tout dans son attitude trahissait un profond agacement. Elle l’entendait siffler contre son oreille, tant pour l’alerter d’un danger proche, que pour se plaindre de ce rustre de dragon sans manières, sinon celles de l’estomac.
Ces voix étaient de bonne augure - cependant. Rapidement, Lan-Lan redressa ses épaules et empoigna son ombrelle. Si elle pouvait trouver un groupe à embobiner, ce n’était pas plus mal. La solitude lui pesait, et ne lui permettrait pas d’aller bien loin dans ces conditions. Même aussi venimeusement entourée.
Sans s’annoncer, sa main écarta les quelques branches qui la séparait de son familier : celui-ci était en position de défense, toutes écailles et membranes dehors, ses antennes lumineuses flashant de longues bandes vertes en signe d’alerte.
Mais pas de proie face à lui - trois personnes, l’air menacé, et pourtant alertes et calmes malgré leur adversaire. Ils connaissent l’espèce, donc? Intéressant.. De simples promeneurs auraient pris leurs jambes à leur cou depuis longtemps. Grossière erreur quand on connaît le caractère dominant et territorial de la bête qui se serait empressé de leur courir après. Eux, en revanche, s’étaient regroupé et faisaient face.
Des connaisseurs, donc.
Hu-Gong… Que nous as-tu trouvé là? Maugréa-t-elle avec une douceur toute mielleuse vers l’animal.
Le dragon ne prit pas la peine de se retourner vers elle, mais indiqua par sa posture qu’il baissait légèrement sa garde. Il n’était pas fou - en sa présence, il n’attaquerait que si elle le lui demandait.
Toutes mes excuses, il est encore un peu… Sauvage. Sans plus de façon, elle s’avança vers le groupe, les détaillant rapidement - un grand trapu, une rousse flamboyante, et un petit bout de femme à la coiffure échevelée. Mais il n’est pas méchant.
Lan-Lan regarda un instant leurs affaires, devinant à leur matériel qu’il s’agissait effectivement d’explorateurs, au moins. Et rapidement, elle compris que contrairement à eux, elle devait faire particulièrement tâche dans ce décors. Poudrée, parfumée comme pour un gala, recouverte de bijoux… Elle avait l’habitude de soigner son apparence, mais selon le contexte, cela pouvait interroger. Aussi devait-elle prendre les devants, rapidement.
Il est mon principal gardien, ici. J’ai bien peur de m’être perdue dans ce labyrinthe, voyez-vous. Elle avança vers le groupe une main bien diplomate. Lan-Lan Fà, des monétaristes de Xandrie. Vous êtes?
Sa carte d’identité semblait courte, mais l’évocation des plus grands courtiers de sa faction ne pouvaient que délier certaines langues. En excellent terme avec l’Alliance, quoiqu’un peu moins avec les explorateurs, pour les quelques concurrences qu’ils représentaient, elle espérait pouvoir ainsi gagner un peu de temps et de précieux indices sur cette rencontre - d’autant plus dans ce contexte ou le nombre valait mieux que la solitude.Au moins le temps de se faire une petite place avec eux… Jusqu’au Coeur d’épines.
Heureusement pour elle, sa balise lui permettait de s’offrir un petit répit. Mais pas assez de réconfort pour taire le murmure incessant contre son oreille, celui de se jeter dans la bouche du loup.
Maudite témérité - c’est dans ces instants qu’elle aurait largement préféré hériter d’un trait de caractère plus conciliant. La raison, la lâcheté peut-être. Malheureusement pour elle, c’était davantage une chaotique impulsivité qui coulait dans ces veines, un esprit d’initiative risqué qui n’avait pas manqué de la mettre en péril par le passé et qui ne manquerait pas de lui faire de nouveau défaut à l’avenir.
Alors que la Fà rongeait ses pensées comme un os trop épais, ses dragons profitaient de la marche comme si c’était un chemin de santé. Huang-Long avait quitté son cou pour se dégourdir les écailles, flottant habilement dans l’air embrumé, tandis que Hu-Gong avait comme toujours échappé à tout contrôle pour aller chasser quelques lapins, rongeurs ou chèvres - même si son autorité sur la créature laissait à désiré, la loyauté de celle-ci, elle, n’était plus à prouver. Sur un même pied, se disait-elle. Aucun contrôle ne les liait: seulement une collaboration égale, un profond respect, et un même dessein.
Seulement, contrairement à ses attentes, ce ne fut pas le cri d’une chèvre qui déchira les bois. A la place… Une supplique bien humaine.
Et comme la colombe revenant de la terre promise, Huang-Long se faufila à son tour pour flotter un instant devant ses yeux, avant de s’accrocher fièrement à son cou comme un collier. La vénérable salamandre en avait vu d’autres, dans sa longue existence. Fidèle compagnon des Fà depuis bien des siècles, il n’avait guère la patience de supporter le mauvais caractère du nouveau venu, et tout dans son attitude trahissait un profond agacement. Elle l’entendait siffler contre son oreille, tant pour l’alerter d’un danger proche, que pour se plaindre de ce rustre de dragon sans manières, sinon celles de l’estomac.
Ces voix étaient de bonne augure - cependant. Rapidement, Lan-Lan redressa ses épaules et empoigna son ombrelle. Si elle pouvait trouver un groupe à embobiner, ce n’était pas plus mal. La solitude lui pesait, et ne lui permettrait pas d’aller bien loin dans ces conditions. Même aussi venimeusement entourée.
Sans s’annoncer, sa main écarta les quelques branches qui la séparait de son familier : celui-ci était en position de défense, toutes écailles et membranes dehors, ses antennes lumineuses flashant de longues bandes vertes en signe d’alerte.
Mais pas de proie face à lui - trois personnes, l’air menacé, et pourtant alertes et calmes malgré leur adversaire. Ils connaissent l’espèce, donc? Intéressant.. De simples promeneurs auraient pris leurs jambes à leur cou depuis longtemps. Grossière erreur quand on connaît le caractère dominant et territorial de la bête qui se serait empressé de leur courir après. Eux, en revanche, s’étaient regroupé et faisaient face.
Des connaisseurs, donc.
Hu-Gong… Que nous as-tu trouvé là? Maugréa-t-elle avec une douceur toute mielleuse vers l’animal.
Le dragon ne prit pas la peine de se retourner vers elle, mais indiqua par sa posture qu’il baissait légèrement sa garde. Il n’était pas fou - en sa présence, il n’attaquerait que si elle le lui demandait.
Toutes mes excuses, il est encore un peu… Sauvage. Sans plus de façon, elle s’avança vers le groupe, les détaillant rapidement - un grand trapu, une rousse flamboyante, et un petit bout de femme à la coiffure échevelée. Mais il n’est pas méchant.
Lan-Lan regarda un instant leurs affaires, devinant à leur matériel qu’il s’agissait effectivement d’explorateurs, au moins. Et rapidement, elle compris que contrairement à eux, elle devait faire particulièrement tâche dans ce décors. Poudrée, parfumée comme pour un gala, recouverte de bijoux… Elle avait l’habitude de soigner son apparence, mais selon le contexte, cela pouvait interroger. Aussi devait-elle prendre les devants, rapidement.
Il est mon principal gardien, ici. J’ai bien peur de m’être perdue dans ce labyrinthe, voyez-vous. Elle avança vers le groupe une main bien diplomate. Lan-Lan Fà, des monétaristes de Xandrie. Vous êtes?
Sa carte d’identité semblait courte, mais l’évocation des plus grands courtiers de sa faction ne pouvaient que délier certaines langues. En excellent terme avec l’Alliance, quoiqu’un peu moins avec les explorateurs, pour les quelques concurrences qu’ils représentaient, elle espérait pouvoir ainsi gagner un peu de temps et de précieux indices sur cette rencontre - d’autant plus dans ce contexte ou le nombre valait mieux que la solitude.Au moins le temps de se faire une petite place avec eux… Jusqu’au Coeur d’épines.
Jeu 19 Déc - 15:07
Quant à moi, je reste sur mes gardes. Oscillant entre la jeune femme et son animal. Il y a un trop plein de couleurs, de motifs, de tape à l'œil, de… Comment expliquer ça ?... De “regardez-moi, je suis là”. Et ça, je m'en méfie. Les exemples sont nombreux, trop, dans la nature. Les couleurs vives, une stratégie bien connue mise en place pour prévenir d'un potentiel risque toxique. Est-ce le cas ou une appropriation défensive ? Tout reste à prouver…
-... Lan-Lan Fà, des monétaristes de Xandrie. Vous êtes?
La réaction du trio est à l'initiative de Camille, le meneur de marche. Sa posture change et je remarque que ses épaules se détendent. Sa main se tend et empoigne celle de l'inconnue, à mes yeux, malgré son énonciation. Ma langue claque contre mes dents et se fait entendre de mes comparses. Si elle m'a entendu, je ne m'en cache pas. Mes yeux la fixent et mon être reste froid, ce certificat de naissance orale pourrait être un faux…
Camille: Exc… Excusez mon amie, elle n'est pas très… sociable aux premiers abords. Pour ma part, ravi de vous rencontrer. Camille, nous sommes des chercheurs du Conservatoire. Voici Maxine, spécialiste animalière. Elle secoue la main sans détacher son regard du cou de Lan-Lan. -Et la dernière s'appelle Willow. Que faîtes vous dans un lieu pareil loin de chez vous ?
- Du conservatoire? Comme c'est intéressant. Elle serre la main de mes compagnons sans pour autant s'approcher de moi, ce qui n'est pas pour me déplaire. J'ai même le sentiment que, quelque part, nous ne sommes pas si différentes malgré nos manières de faire opposées.
-Les rumeurs d'une plante rare m'ont mené jusqu'ici - je fais du repérage pour ma guilde. Il n'est pas de mauvaises affaires, pour nous.
Je reste sceptique quant à la réponse et l'attitude de Lan-Lan, si cela est bien son vrai nom. - On a pas le temps de blablater, faut trouver le cœur… J'imagine que tu es aussi là pour ça.
Maxine: - Oh ! Bien sûr ! Si c'est le cas, c'est une formidable nouvelle ! J'ai tellement de questions à vous poser sur votre Venigon et votre salamandre.
Camille: - Vous n'avez qu'à vous joindre à nous. Par ici, le nombre est une force.
- Et lui donner le cœur d'épines sur un plateau pendant qu'on y est…
Maxine: - Arrête de faire ta tête Willow !... Pas de mais, c'est décidé. Vous venez avec nous !... Comment s'appellent vos animaux de compagnie ? C'est une vraie Salamandre immortelle ? Magnifique ! Je peux prendre des notes ?... Depuis combien de temps est-elle dans votre famille ?... Et voilà la rousse qui, je ne peux la blâmer, entame un presque monologue d’interrogations envers la nouvelle recrue. Devançant les deux femmes, je reste aux aguets d'une nouvelle rencontre tout en écoutant d'une oreille les réponses de Lan-Lan. C'est souvent dans les conversations anodines que l'on se laisse aller et que des informations, à première vue minime, sont volées.
Après plusieurs heures de route, Camille nous montre du doigt un talus. D'après la carte, et les informations récoltées pour l'expédition, l'objectif se trouverait en contrebas de ce dernier obstacle. Excitée à l'idée d'en apprendre plus, je devance la petite troupe et grimpe rapidement la butte.
Derrière, le spectacle est magnifique. Le talus, surmonté d'arbres, buissons et haies en tout genre, encercle une clairière baignée dans la lumière. Au fond de la cuvette, un réseau dense de ronces et d'épines s'entremêlent et se reposent les unes sur les autres. Tandis qu'en son centre trône un bouton endormi rouge vermeille identique au rouge sanglant d’un couché de soleil.
Je souris de plaisir à la vue de ce spectacle naturel.
Maxine: - Ça faisait longtemps…
Camille: - Tu sais bien qu'elle n'aime que les plantes.
Maxine: -Les plantes et nous !
- On a du travail les… amis.
Maxine: - Ouf ! La revoilà.
Les deux chercheurs rient de cette blague récurrente à mon encontre tandis que je reste à admirer le miracle de l'évolution qui s'étale sous nos yeux.
Ven 10 Jan - 9:38
Plante-moi si tu peux
Mise en bouche
Les échanges allaient bon train, il fallait bien rendre à ce groupe sa sociabilité. D’abord, il y avait Maxine, tigresse avide, qui lui posaient questions après questions, buvaient ses paroles comme un gouffre. A chacune, elle donnait le strict minimum, dorant les détails, les décorant avec de petites anecdotes amusantes, juste ce qu’il faut pour garder l’attention de la rouquine sur les animaux, et pas le fond du tableau. Pourquoi ces reptiles? Quelle famille? Non, le plus important était comment, ce qu’ils mangeaient, leur environnement, leur tempérament…
Ensuite, il y avait Camille. Sans doute le chef, bien que les vraies positions de cette charmante troupe lui échappaient encore. Le grand gaillard aux cicatrices discrètes. Sans doute les témoins secrets d’anciennes expéditions. Sa présence et celles de ces marques indiquaient une certaine habileté - tant mieux, pour ce qu’elle savait de la légendaire plante, mieux valait s’armer de compagnons efficaces.
Et finalement, il y avait Willow. De temps en temps, la belladone laissait couler sur elle un regard amusé, traînant ses améthystes sur cette dame toute de gris. Comme si la créature était une figure de suie, qu’une bourrasque suffirait à dissiper aux vents. Son expérience lui avait appris que les plus fragile en apparence cachaient les forces les plus profondes et les plus vicieuses. Que cachait-elle, diamant anthracite? A part un mauvais caractère et une langue économe? Il lui semblait la voir rôder discrètement, écouter sagement les questions qu’on lui posait. Petites oreilles curieuses, donc…
C’était elle qu’elle devrait charmer le plus. Si les deux premiers étaient tombés dans sa poche, séduits par ses dragons et ses couleurs chaudes, c’est l’esprit gris qu’elle devrait tenter d'attirer, doucement, dans ses filets.
Même si l’exercice s’avérait déjà délicat. La dite cendrée semblait hermétique à tout: questions, demandes. Son groupe semblait heureusement lui indiquer que ça n’avait rien à voir avec son arrivée, mais qu’au contraire, c’était son caractère habituel. Elle était donc particulièrement fermée… Curieux. Même si quelque part, elle n’était pas surprise: le Conservatoire accueillait des profiles variés, et pour des scientifiques parés à l’étude du vivant, il n’était pas impossible qu’il se cache parmi eux quelques misanthropes.
Au bout de quelques heures, ils finirent par arriver à destination, un talus qui marquait la frontière naturelle avec le cœur d’épines.
Oh.
Curieux…
Là, dans son cou: elle sentit son cœur s’emballer.
Huang-Long se décrocha de sa loge, charmante salamandre dorée qui se décollait immédiatement de la nuque charmante pour commencer à voler autour d’elle. De loin, on croirait qu’il se dégourdisse les jambes. Mais en réalité, il sondait davantage les environs. D’un signal banal, il s’agissait en fait d’une alarme: ils n’étaient plus en sécurité. Le cœur n’était pas une plante ordinaire, ni même une des espèces venimeuses qu’elle cherchait habituellement, mais une créature vorace. Dangeureuse; Mortelle.
Willow les dépassa alors tous et escalada quatre à quatre la motte, provoquant au passage l’hilarité de ses compagnons - habitués à sa désinvolture, ils en riaient de bon cœur. Mais Lan-Lan était ailleurs, aux aguets: les yeux grands ouverts courant sur l’horizon de terre, cette frontière naturelle pour séparer le monde de cet ennemi. La Brume n’aidait en rien son sentiment de méfiance, une impression croissante qu’il fallait fuir. Fuir? Oh, non, ce n’est pas Fà. Bien sûr qu’elle se jetterait dans le danger les deux pieds joints. Mais il y a l’art et la manière de jouer les casse-cous. Surtout face à un ennemi dont on ne connaissait rien. Ignorant les éclats de rire de Camille et Maxine, elle se lança à son tour dans l’escalade de la motte.
Impressionnant… Lâcha-t-elle face à l’entrelacs infinis de ronces.
Par centaines, des lianes hérissées d’épines formaient un labyrinthe, un tapis écorcheur sur cette plaine à moitié morte. Un point coloré attirait inlassablement le regard, une rose rouge et solitaire au milieu de cette peinture d’écorce et de veines émeraudes.
Une énigme de la nature. Une énigme mortelle.
C’est un piège. Dit elle simplement. Elle regardait le bouton de rose avec une lassitude toute poudrée. Trop d’espèces carnivores, qu’elles soient animales ou végétales, attiraient vers elles leurs proies via de petits leurres. Par le parfum, la forme, la couleur… J’en mettrais ma main à couper: si nous avançons trop vite, nous allons au devant d’un grave danger.
Malgré son air de poupée de salon, une tension dans le fond de sa voix trahissait la gravité de ses paroles. Elle ne disait pas ça en l’air, mais espérait bien que Willow l'air entendu. Elle avait l’air trop excitée, trop heureuse: à être trop galvanisée, on meurt sans raisons.
Assez spontanément, Lan-Lan repéra une roche non loin, en bord de pente, assez grosse pour peser quelques kilos, au moins autant qu’un lapon bien portant. Rapidement, elle poussa dessus avec le bout de son pied: l’exercice n'était pas des plus facile pour sa composition, mais la roche finit par dévaler la pente et tomber en plein cœur des ronces. Immédiatement, comme des serpents, elles s’enroulèrent autour de la victime. Les ronces étaient animées…
Il ne faut pas s’approcher sans un plan… murmura-t-elle sobrement. Elle ne comptait pas mourir ici.
Alors qu’elle se retournait vers le groupe, elle ne remarqua pas immédiatement l’onde imperceptible qui traversait tout le coeur. L’appel silencieux de ses gardiens. Le réveil des épines.
L’appel des boutons de roses.
Ensuite, il y avait Camille. Sans doute le chef, bien que les vraies positions de cette charmante troupe lui échappaient encore. Le grand gaillard aux cicatrices discrètes. Sans doute les témoins secrets d’anciennes expéditions. Sa présence et celles de ces marques indiquaient une certaine habileté - tant mieux, pour ce qu’elle savait de la légendaire plante, mieux valait s’armer de compagnons efficaces.
Et finalement, il y avait Willow. De temps en temps, la belladone laissait couler sur elle un regard amusé, traînant ses améthystes sur cette dame toute de gris. Comme si la créature était une figure de suie, qu’une bourrasque suffirait à dissiper aux vents. Son expérience lui avait appris que les plus fragile en apparence cachaient les forces les plus profondes et les plus vicieuses. Que cachait-elle, diamant anthracite? A part un mauvais caractère et une langue économe? Il lui semblait la voir rôder discrètement, écouter sagement les questions qu’on lui posait. Petites oreilles curieuses, donc…
C’était elle qu’elle devrait charmer le plus. Si les deux premiers étaient tombés dans sa poche, séduits par ses dragons et ses couleurs chaudes, c’est l’esprit gris qu’elle devrait tenter d'attirer, doucement, dans ses filets.
Même si l’exercice s’avérait déjà délicat. La dite cendrée semblait hermétique à tout: questions, demandes. Son groupe semblait heureusement lui indiquer que ça n’avait rien à voir avec son arrivée, mais qu’au contraire, c’était son caractère habituel. Elle était donc particulièrement fermée… Curieux. Même si quelque part, elle n’était pas surprise: le Conservatoire accueillait des profiles variés, et pour des scientifiques parés à l’étude du vivant, il n’était pas impossible qu’il se cache parmi eux quelques misanthropes.
Au bout de quelques heures, ils finirent par arriver à destination, un talus qui marquait la frontière naturelle avec le cœur d’épines.
Oh.
Curieux…
Là, dans son cou: elle sentit son cœur s’emballer.
Huang-Long se décrocha de sa loge, charmante salamandre dorée qui se décollait immédiatement de la nuque charmante pour commencer à voler autour d’elle. De loin, on croirait qu’il se dégourdisse les jambes. Mais en réalité, il sondait davantage les environs. D’un signal banal, il s’agissait en fait d’une alarme: ils n’étaient plus en sécurité. Le cœur n’était pas une plante ordinaire, ni même une des espèces venimeuses qu’elle cherchait habituellement, mais une créature vorace. Dangeureuse; Mortelle.
Willow les dépassa alors tous et escalada quatre à quatre la motte, provoquant au passage l’hilarité de ses compagnons - habitués à sa désinvolture, ils en riaient de bon cœur. Mais Lan-Lan était ailleurs, aux aguets: les yeux grands ouverts courant sur l’horizon de terre, cette frontière naturelle pour séparer le monde de cet ennemi. La Brume n’aidait en rien son sentiment de méfiance, une impression croissante qu’il fallait fuir. Fuir? Oh, non, ce n’est pas Fà. Bien sûr qu’elle se jetterait dans le danger les deux pieds joints. Mais il y a l’art et la manière de jouer les casse-cous. Surtout face à un ennemi dont on ne connaissait rien. Ignorant les éclats de rire de Camille et Maxine, elle se lança à son tour dans l’escalade de la motte.
Impressionnant… Lâcha-t-elle face à l’entrelacs infinis de ronces.
Par centaines, des lianes hérissées d’épines formaient un labyrinthe, un tapis écorcheur sur cette plaine à moitié morte. Un point coloré attirait inlassablement le regard, une rose rouge et solitaire au milieu de cette peinture d’écorce et de veines émeraudes.
Une énigme de la nature. Une énigme mortelle.
C’est un piège. Dit elle simplement. Elle regardait le bouton de rose avec une lassitude toute poudrée. Trop d’espèces carnivores, qu’elles soient animales ou végétales, attiraient vers elles leurs proies via de petits leurres. Par le parfum, la forme, la couleur… J’en mettrais ma main à couper: si nous avançons trop vite, nous allons au devant d’un grave danger.
Malgré son air de poupée de salon, une tension dans le fond de sa voix trahissait la gravité de ses paroles. Elle ne disait pas ça en l’air, mais espérait bien que Willow l'air entendu. Elle avait l’air trop excitée, trop heureuse: à être trop galvanisée, on meurt sans raisons.
Assez spontanément, Lan-Lan repéra une roche non loin, en bord de pente, assez grosse pour peser quelques kilos, au moins autant qu’un lapon bien portant. Rapidement, elle poussa dessus avec le bout de son pied: l’exercice n'était pas des plus facile pour sa composition, mais la roche finit par dévaler la pente et tomber en plein cœur des ronces. Immédiatement, comme des serpents, elles s’enroulèrent autour de la victime. Les ronces étaient animées…
Il ne faut pas s’approcher sans un plan… murmura-t-elle sobrement. Elle ne comptait pas mourir ici.
Alors qu’elle se retournait vers le groupe, elle ne remarqua pas immédiatement l’onde imperceptible qui traversait tout le coeur. L’appel silencieux de ses gardiens. Le réveil des épines.
L’appel des boutons de roses.
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